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Unité nationale et libertés, par Gérard Leclerc.

© Fred de Noyelle / Godong

À l’heure du danger, est-ce le strict alignement sur la puissance publique qui s’impose ? À moins que la résistance soit aussi un devoir impérieux avec la conscience non amoindrie de son libre arbitre ? Une parole responsable est toujours possible.

gerard leclerc.jpgLe terme d’unité nationale est-il le plus approprié aujourd’hui, alors qu’il faut faire face à un défi qui devrait concentrer tout le pays dans une lutte commune ? Les esprits demeurent divisés à ce sujet, et j’entends, ici et là, de véritables philippiques à l’encontre du président de la République et de son gouvernement. C’est à tel point que certains vont jusqu’à déposer plainte contre les ministres en exercice. Ce qui pose d’ailleurs un sérieux problème en soi, sur le terrain légal. Dans Le Monde, le professeur Jérome Beaud, spécialiste en droit public, est d’avis que la censure du pouvoir n’est pas d’ordre judiciaire et relève du contrôle parlementaire. En dépit du fonctionnement défectueux du Parlement, ce travail de contrôle est effectif. Ne devrait-il pas amener, par la pertinence de ses critiques, à des corrections nécessaires de l’action gouvernementale ?

Par ailleurs au-delà du parlement, la parole demeure libre, même si l’on s’interroge sur certaines caractéristiques du confinement. Le professeur Joshua Mitchell, de Washington, va assez loin dans ce sens, lorsqu’il déclare au Figaro : « Ce qui est remarquable est la rapidité avec laquelle nous avons volontairement abandonné toute nos libertés, afin d’empêcher la mort d’entrer dans les maisons. » C’est une autre dimension de la crise actuelle qui n’est pas à sous-estimer, mais qui intervient dans une conjoncture complexe. Comment maintenir notre libre-arbitre et nos libertés concrètes, lorsque l’on est sommé de se plier rigoureusement aux instructions de la puissance publique ?

Quelques politiques ont insisté sur une exigence d’unité sans manquer à la nécessaire lucidité. Si le pays se déchirait, il y aurait lieu de redouter une moindre résistance à la pandémie. Mais la discussion argumentée peut aussi faire évoluer le gouvernement. Ainsi, le président de la République a fini par admettre la possibilité de venir visiter les parents dans les maisons de retraite. Des parents qui souffrent de leur solitude inhumaine. Certains, d’ailleurs, en meurent de détresse. Il fallait vraiment rompre cette barrière insupportable, dans des conditions précises. Ne pourrait-on pas aussi abandonner cet affreux acronyme d’Ehpad, pour revenir à la « maison de retraite » que l’on souhaite la plus accueillante possible ?

Chronique diffusée sur Radio Notre-Dame le 22 avril 2020.

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