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Les mots bleus…, par Christian Rol (écrivain).

Christophe est mort et mon enfance aussi. La première et dernière fois où je l’ai aperçu, c’était au début des années 60 alors que je devais avoir 4 ans. Nous vivions en face du Palais de la Mutualité et ce jour là, il entrait par les portes accédant aux coulisses. Un de mes grands frères me dit : « regarde, c’est Christophe, celui qui chante « Les marionnettes ».

Pour moi, Christophe, comme Françoise Hardy, Dutronc, Nino Ferrer et tous les autres yéyés de cette période, c’est l’enfance, le bonheur et l’avenir qui s’ouvre comme une promesse. Ma vie c’était maman, Gros Nounours à la télé, Thierry La Fronde et ces vedettes qui enchantaient le quotidien de ces sixties en noir & blanc.

Toute cette génération qu’on croyait éternellement jeune nous ressemblait. Le talent en plus. Ils étaient comme nous de cette classe moyenne laborieuse, saine et franche, pas intellos pour un sou. Les lendemains de mai 68 et ses bourgeois « contestataires » n’avaient pas encore détrôné l’innocence et la fraîcheur des tubes de l’été.

Après, dans les 70’s, on n’osait pas dire qu’on adorait les mélopées de la variété française. Ce registre, c’était pour les « autres ». Pour s’en démarquer, il fallait se réfugier dans des répertoires obscurs et branchouilles alors qu’un Christophe avait l’oreille même des anglo-saxons ; comme Françoise d’ailleurs. « Les mots bleus » – sublime ! – c’était un peu le Pink Floyd des fêtes foraines, du white trash comme on ne disait pas encore. Et pourtant, quand on écoute « Signorita » ou « Les paradis perdus », on se dit que la chanson française n’a pas toujours été nulle.
Vers la fin des 70’s, Christophe revient dans les transistors avec son premier succès « Aline », en pleine période « revival ».

Arpèges langoureux, violons sirupeux et cette voix presque habitée. Ce slow à l’ancienne que je n’ai jamais pris au second degré en ricanant, a pour moi une résonance particulière puisqu’il est éternellement lié à cette fille, Christine, qui fut l’un des plus grands – et les plus douloureux – amours de ma vie. Aline et Christine, c’est pareil : Le bonheur, le plaisir et… patatras !

Christophe a sublimé un instant de ma vie et lorsque j’entends les premiers accords de cet hymne aux amours adolescentes, alors une jeune fille blonde aux seins insolents me sourit par delà la mort…

Commentaires

  • Superbe chronique, encore une partie de notre jeunesse qui disparait

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