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Bernanos.............. La servilité, par Frederic Poretti-Winkler.

« Oui, pourvu qu'ils restent libres ! Non, s'ils souffrent que vous brisiez, par une mesure inouïe, le pacte national, car dès que vous aurez fait, par simple décret, des millions de Français soldats, il sera démontré que vous disposez souverainement des personnes et des biens de tous, qu'il n'y a pas de droit au-dessus du vôtre, et dès lors où s'arrêteront vos usurpations ? N'en arriverez-vous pas à prétendre décider du juste et de l'injuste, du Mal il et du Bien ? S'il en était ainsi un jour, que serais-je ? Vous auriez fait de cette vieille Chrétienté une espèce de Tyrannie analogue à celle des Barbares d'Orient…

frédéric winkler.jpgMais l'Etat rival, tôt ou tard, fera la même chose que vous, et l’exception deviendra la règle, au consentement de tous, car je connais les hommes, moi qui suis une Patrie d'hommes. Ils trouvent la liberté belle, ils l'aiment, mais ils sont toujours prêts à lui préférer la servitude qu'ils méprisent, exactement comme ils trompent leur femme avec des gourgandines. Le vice de la servitude va aussi profond dans l'homme que celui de la luxure, et peut-être que les deux ne font qu'un. Peut-être sont-ils une expression différente et conjointe de ce principe de désespoir qui porte l'homme à se dégrader, à s’avilir, comme pour se venger de lui-même, se venger de son âme immortelle. La mesure que vous me proposez d’approuver ouvrira une brèche énorme au flanc de la Cité Chrétienne. Toutes les libertés, une à une, s'en iront par-là, car elles tiennent toutes les unes aux autres, elles sont liées les unes aux autres comme les grains du chapelet. Un jour viendra où il vous sera devenu impossible d'appeler le peuple à la guerre pour la défense de sa liberté contre l'envahisseur, car il n'aura plus de liberté, votre formule
ne signifiera donc plus rien… » (La France contre les robots)
« On ne comprend absolument rien à la civilisation moderne si l’on n’admet pas d’abord qu’elle est une conspiration contre la vie intérieure. Hélas ! La liberté n’est pourtant qu’en vous, imbéciles ! »
Le siècle des machines est celui de l’inhumanité : « l’angoisse s’est substitué à la foi ». « L’homme moderne est, avant toute chose, un déséquilibré, un anormal, et que cet homme ne pourra se sauver qu’en rompant avec la pseudo-civilisation qui détruit ses facultés supérieures. On s’obstine à ne dénoncer que les effets, sans vouloir remonter aux causes (Paul Sérant, Les dissidents de l’Action française) : « Avant d’oser parler de justice sociale, commencez donc par refaire une société, imbéciles ! » (La liberté, pour quoi faire ?). L’Etat moderne devient un « prodigieux instrument de contrainte et d’asservissement » à la fois tentaculaire, malfaisant, parasite même, vivant sur une masse d’individus que l’on rend anonyme et irresponsable : « mi-usurier, mi-policier, dont l’œil est dans toutes les serrures et la main dans toutes les poches », disposera bientôt, sans entraves, des libertés et des biens des citoyens. Il est devenu « un monstre », il a des besoins de montre, les monstres ne discutent pas, ils croissent, et leur croissance est leur seule loi. Ces organisations colossales qui ne sont plus à l’échelle humaine et qui se chargent de tout, assument tout, n’ont plus rien de politique » ». Il surveille nos vies comme nos consciences, contrôle nos besoins comme nos biens, limite notre liberté et demain ? Sera-t-il ce monstre dont la croissance sans limites tuera toute vie ?
« Le citoyen moyen des démocraties s’attache encore désespérément à l’idée que, le cauchemar dissipé, il se réveillera dans le monde qu’il a connu jadis et qu’il pourra y jouir tranquillement de l’espèce de liberté qui lui paraît la plus précieuse – celle du commerce. En attendant, il spécule tant qu’il peut sur la hausse… » (Le chemin de la croix des âmes). Il va jusqu’à dire, plus loin que lorsque les dictateurs seront pendus, qu’on n’oublie pas d’y mettre à côté les grands spéculateurs internationaux : « …et qui pour vendre un peu plus longtemps aux dictatures leur houille, leur acier, leur pétrole, ont failli perdre le monde »
Et puis, que peut comprendre un homme sortit de la matrice sociétale actuelle, conformiste et aseptisée. Cet homme actuel est formaté aux besoins d’une société matérialiste dont il accepte par résignation les menottes dorées. Que comprend-il encore de nos temps classiques, de nos temps médiévaux de grande lumière, où libres nous vivions. Peut-être étions-nous soumis à des disgrâces, des épidémies comme des inégalités multiples, mais quelle vie communautaire c’était alors. Que comprend encore cet homme aux lignes de Molière et de Racine, aux courbes de la Cathédrale de Chartres, comme à la grâce de Versailles. Est-il encore capable de frissonner aux dentelles des remparts de quelques murs transpirant l’histoire. Peut il apprécier l’éclosion d’une fleur comme le passage des nuages moutonnés aux couleurs arc-en-ciel. Peut-il encore apprécier la fraîcheur des sources sous les clairières, où chantent encore quelques elfes, naissant de notre subconscient imaginaire ? Il faudra un jour choisir le chemin de la vie où s’enfoncer dans celui destructeur de la technique. N’oublions jamais, comme le disait Bernanos, que nous avons le choix et c’est nous qui faisons l’histoire !
Des monstres bureaucratiques menant une économie sans quartier, pour des masses sous tutelle de l’Etat. Un Etat caché sous des apparences libertaires impose des dictatures économiques donnant un : « idéal de réformes sociales destinées à assurer le confort des masses sous la tutelle croissante de l’Etat… Or chaque « victoire de l’égalité » est d’abord et avant tout une victoire pour l’Etat au détriment de la société. Quant aux masses, ces immenses agrégats d’individus désocialisés et impuissants, elles ne peuvent que se donner à des tyrans, ces derniers n’étant précisément que leur sublimation. A ces divers titres, les Etats démocratiques ne sont donc que des Etats totalitaires en pleine genèse et il est aussi ridicule de les opposer d’une manière tranchée que d’opposer le « têtard à la grenouille… » ». Selon Bernanos c’est une victoire de l’Etat sur la société. Les familles comme les individus ne sont plus que des masses « désocialisées », sans pouvoir, se livrant au bon vouloir de tyrans, les manipulant et les emmenant vers des sociétés concentrationnaires : « les régimes totalitaires n’avaient fait que parcourir en peu d’années le même chemin que les démocraties réalistes et matérialistes devaient parcourir en un siècle ou deux ». L’Etat républicain a réussi à supprimer la société d’Ancien régime, aidé d’ailleurs du Code civil, destructeur des familles : « Mon frère, je veux avoir à Paris cent familles, toutes s’étant élevées avec le trône et restant seules considérables, puisque ce sont des fidéicommis et que ce qui ne sera pas à elle va se dissocier par l’effet du Code civil. Etablissez le Code civil à Naples ; tout ce qui ne vous est pas attaché va se détruire en peu d’années et ce que vous voulez conserver se consolidera (grâce a l’institution des majorats). Voilà le grand avantage du Code civil. Il faut établir le Code civil chez vous. Il consolidera votre puissance puisque par lui, tout ce qui n’est pas fidéicommis tombe et il ne reste plus de grandes maisons que celles que vous érigerez en fiefs. C'est ce qui m’a fait prêcher un Code civil et m’a porté à l’établir » (Lettre de Napoléon Bonaparte à son frère Joseph). La société qui survit aujourd’hui n’est plus qu’une poussière d’individu, bref celle-ci est dans un état de décomposition et l’Etat qui reste par conséquent est omnipotent. L’Etat prend ainsi tous les pouvoirs qui jadis, constituaient la société civile. L’égalitarisme a tout nivelé ce qui, hier en était l’ossature : privilèges, corps, traditions, autorités, hiérarchie, droits. Bernanos s’insurge contre l’Etat qui a détruit la vie sociétale, composée de « l’ensemble des groupements particuliers qui la composent et se font assez rigoureusement équilibre ». Bref l’Etat moderne est un cancer et la société « un corps en train de pourrir. L’armature se fera de plus en plus rigide, prendra de plus en plus de place à mesure que le corps en occupera moins, jusqu’au jour où l’appareil orthopédique se sera tout à fait substitué au corps réduit à rien ». La destruction des corps intermédiaires, voulu par la Révolution, une certaine nuit du 04 aout et officialisé par l’Empire, entraîna l’horrible souffrance ouvrière du XIXe siècle. Ces corps protégeaient l’individu comme les familles dans l’évolution technique d’alors, désormais le progrès technologique, sans contrôle, est un des meilleurs instruments de massification pour l’asservissement progressif des peuples. La technique est aussi pour Bernanos, devenue trop présente, envahissante. L’Etat totalitaire « est moins une cause qu’un symbole, ce n’est pas lui qui détruit la liberté, il s’organise sur ses ruines ».
Le système repose sur une fausse conception de l’homme. Pour le comprendre, il suffit de revenir sur les thèses rousseauistes, comme celles des « Lumières », qui engendreront celles du marxisme, par réaction, faisant de l’homme un « animal perfectionné ». Cette conception entraîne tous les abus possibles, comme les massacres et populicides. Ce n’est pas pour rien que selon l’historien juif Israël ELDAD : « La dernière pierre que l’on arracha à la Bastille servit de première pierre aux chambres à gaz d’Auschwitz. » Il appellera donc à une révolution « totale », spirituelle et élitiste contre la « religion du progrès », idée de « vieux acceptants » : « ce pitoyable alibi « d’hommes dévalués… préférant se venger sur l’histoire de leur dévaluation », idée qui justifie depuis deux siècles la résignation des imbéciles ». A cela Bernanos déclare que l’on ne subit pas l’histoire mais on la fait !
F. PORETTI-Winkler (http://boutique-royaliste.fr/index.php…) à suivre..

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