UA-147560259-1

Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

La guerre au patriarcat ?, par Gérard Leclerc.

Est-il vrai, comme l’écrit Franck Ferrand dans Le Figaro, que ce qui nous menace aujourd’hui c’est moins la pandémie du coronavirus que celle de l’information à son propos ? Qu’il y ait saturation avec cette mobilisation et cette surenchère continues dans les médias, j’en serais assez d’accord. C’est pourquoi je préfère m’abstenir sur le sujet, ne voyant d’ailleurs pas en quoi je pourrais y apporter mon petit plus. En revanche, j’ai fort envie de poursuivre la réflexion engagée hier à propos de la journée internationale des femmes, car j’ai beaucoup de mal à supporter la violence verbale et morale à laquelle elle a donné lieu. Les textes que je lis à son sujet sont littéralement des textes de guerre. Guerre au patriarcat, qui est forcément totale, qui se doit de mobiliser toutes les énergies féminines.

gerard leclerc.jpgLa romancière Virginie Despentes a publié dans Libération du 1er mars une tribune qui est brandie par beaucoup de militantes comme un manifeste, précisément contre le patriarcat, défini comme une culture de l’abaissement et de l’humiliation des femmes. Et l’on insiste : cette culture englobe absolument tout, elle n’épargne aucun secteur du champ de la vie sociale, qu’il concerne le travail, la famille, la sexualité, la politique, le cinéma… Il n’y aurait donc aucun espace possible de respiration. Dans une situation de guerre, il n’y a de riposte que dans la guerre. Je me frotte quand même un peu les yeux, et j’ai la faiblesse de penser que le monde dans lequel j’évolue est plutôt sensiblement différent. Dans notre famille, l’élément féminin prédomine et je n’ai pas l’impression qu’il soit abaissé ou humilié.

J’ai dit hier que je reconnaissais une réelle légitimité au féminisme et à certaines de ses conquêtes. Mais l’allure qu’il prend en ce moment me déplaît souverainement. Et je ne le dis pas par morgue masculine mais par respect pour les femmes. Que gagneront-elles dans cette lutte des sexes ? Il faudrait tout un essai pour s’expliquer et je dois me contenter, in fine, d’une seule remarque. Un mot manque cruellement dans toute la rhétorique actuelle, c’est le mot amour. Je sais qu’il peut être d’un usage délicat. Pourtant lorsqu’il s’absente, la sexualité, par exemple, devient le champ clos de toutes les déceptions, et elle est définitivement compromise par les traumatismes qui en font le lieu de la déliaison, du dégoût et de la rancune. Donc de fait, du seul combat, sans possibilité d’en émerger.

Chronique diffusée sur Radio Notre-Dame le 10 mars 2020.

Écrire un commentaire

NB : Les commentaires de ce blog sont modérés.

Optionnel