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La mission de la Croix-Rouge, par Gérard Leclerc.

J’abordais hier la question épineuse d’un conflit de devoirs entre Realpolitik et urgence humanitaire. C’était à propos du chantage de la Turquie pressant une foule de réfugiés aux frontières de l’Europe. Je me contentais d’exposer les termes d’un dilemme, sans apporter de véritable réponse. On serait fondé à me le reprocher si je donnais le sentiment d’une impossibilité pratique. Face à l’inéluctable, au rapport de forces, il n’y aurait aucune échappatoire. En l’espèce, il faudrait se résoudre à abandonner ces pauvres gens, livrés à la cruauté d’une situation sans remèdes immédiats. Mais alors, le pape parlerait en leur faveur dans le vide, en pur idéaliste n’exprimant que des vœux pieux ? Il se trouve que l’éditorialiste du Monde aborde après moi cette même difficulté, dont il ne fait pas une aporie, c’est-à-dire un problème sans issue : « Plutôt que de céder à une quelconque panique, écrit-il, l’Union européenne doit faire montre à la fois de solidarité, de fermeté, de réalisme et d’humanité. »

gerard leclerc.jpgEn fait d’humanité, il s’agirait de prendre sa part dans l’accueil des réfugiés. Le principe d’un droit d’asile ne saurait être éludé. Mais comment pourrait-il s’appliquer ? Dans quelles proportions ? Sur quels territoires ? Nous sommes réduits là aux conjonctures en pointillés et n’avons guère avancé. Ce n’est sans doute pas une raison pour désespérer, tout en sachant que face à la guerre et aux catastrophes qu’elle engendre, l’action humanitaire peine à se déployer. Mais tout de même, c’est en raison des horreurs de la Première Guerre mondiale qu’a pu se révéler une institution comme la Croix-Rouge, mobilisant ainsi 68000 infirmières, créant près des 1500 hôpitaux auxiliaires, une quantité d’infirmeries et de cantines pour le soin des soldats malades et blessés. Le fondateur de la Croix-Rouge, Henry Dunant, n’avait pas hésité devant l’ampleur de la tache : « Avec le temps, prophétisait-il, notre œuvre trouvera des applications de tous genres et des développements aussi précieux qu’inattendus. »

N’est-ce pas ce qu’on pourrait espérer comme genre d’initiatives en faveur des millions de migrants chassés du territoire syrien en guerre et ceux réfugiés en Turquie ? Il ne faut pas oublier non plus les démarches de la diplomatie comme recours, même s’ils sont incertains. L’Église, de son côté, n’a-t-elle pas tenté ce recours pendant la Première Guerre mondiale et ne se considère-t-elle pas aujourd’hui, selon le propos du pape François, comme un hôpital de campagne ?

Chronique diffusée sur Radio Notre-Dame le 5 mars 2020.

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