Joseph Thouvenel : « Retraites : qu’on arrête de nous baratiner ! »
Le Premier ministre a dévoilé ce mercredi son projet de réforme des retraites. Un projet flou et trompeur pour Joseph Thouvenel, secrétaire confédéral de la CFTC.
Les annonces d’Édouard Philippe vous rassurent-elles ?
Cela fait 18 mois que le gouvernement travaille sur cette réforme non sans cacophonie ni flou. Si les annonces du Premier ministre ont précisé quelques points, le gouvernement reste dans la dissimulation.
Laquelle ?
Lorsqu’il annonce qu’il ne touchera pas à l’âge du départ à la retraite mais qu’en même temps qu’il annonce un âge pivot (64 ans), c’est de la dissimulation. Pour avoir une retraite à taux plein, l’âge de départ sera de 64 ans et non de 62 ans. Je ne parle pas là du fond, mais de la méthode. Elle est très mauvaise. De même lorsqu’il dit que tout le monde sera gagnant, ce n’est pas vrai. Pour les salariés du privé la pension de base se calcule sur les vingt-cinq meilleures années, avec la réforme elle se calculera sur les 42 années de travail. Il y aura donc mécaniquement une baisse de pension. Mais celles qui s’en sortent le plus mal sont les mères de famille qui éduquent leurs enfants. Celle qui se sont arrêtées pour prendre un congé parental, auront un trou dans leur carrière et devront travailler plus longtemps puisque le calcul ne se fera plus sur les 25 meilleurs années. Dire le contraire est faux !
L’alignement des régimes spéciaux sur ceux du privé semble être juste ?
Les régimes spéciaux doivent être réformés car déficitaires. Mais c’est de la responsabilité du patron donc de l’État. Or Edouard Philippe annonce que ce sont les partenaires sociaux qui devront négocier. Il refile la patate chaude au privé ! Le gouvernement a annoncé un système de retraites déficitaires en 2025 entre 7 et 17 milliards. J’ai connu Bercy plus efficient… Les réserves du privé sont de 71 milliards d’euros, le gouvernement veut mettre la main dessus. Il demande au privé de gérer un trou budgétaire qu’ils n’ont pas su gérer, et ce déficit va s’agrandir puisqu’il y aura moins de salariés SNCF, donc moins de cotisants et plus de retraités. Ils annoncent vouloir mettre en place un régime plus clair, plus transparent et plus juste, mais demandent d’attendre 17 ans pour le mettre en place. Pourquoi ? Quand c’est flou, il y a un loup.
Édouard Philippe a annoncé une cotisation de solidarité en plus pour les hauts revenus. Qu’en pensez-vous ?
Le gouvernement annonce depuis longtemps qu’il n’y aura plus de nouvel impôt et là il annonce une nouvelle taxe sur le travail. C’est peut-être marginal, mais le principe m’agace profondément. On sait comment cela se passe. On commence sur les hauts revenus puis ensuite on l’élargit. Qu’on arrête de nous baratiner ! On ment sur le montant des pensions, l’âge de la retraite, les femmes… Nous devrions avoir confiance dans le politique même lorsque nous sommes en désaccord :or, ce que fait le gouvernement actuellement sape la confiance des français et accentue les colères.
Il manque une partie fondamentale dans les annonces faites par Edouard Philippe : la politique familiale. Comment pouvons-nous traiter le problème de retraites sur la durée sans traiter le problème de la politique familiale ? Les deux sont liés. Le Premier ministre a commencé son discours en se référant au Conseil National de la Résistance, décrivant son projet comme étant « fidèle, dans son esprit, à celui imaginé dans l’après-guerre ». Mais eux avaient commencé par une politique familiale pro-active. Nos gouvernant la détricotent depuis des années, et je n’ai rien entendu de la part d’Édouard Philippe sur ce sujet. Peut-être que certains préfèrent un pays de vieux à un pays de jeunes dynamiques, qui crient et qui se manifestent….
Commentaires
Toutes les réformes et en particulier celles des retraites,sont un moyen pour nos législateurs de justifier leur mandat. Depuis plusieurs décennies les Français donnent la moitié de leur salaire pour assurer leur vieux jours. Et pourtant ils ne récoltent rien ou presque de ce qu'ils ont cotisé. C'est bien une arnaque d'État.