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La liberté de l’homme intérieur par Gérard Leclerc

L’Église catholique est mise sévèrement en procès, en ce moment. Livres, films, documents pleuvent, accusant prêtres et communautés d’abus de toutes sortes. Malheureusement, les faits allégués sont souvent réels et imposent de sérieuses révisions de la part de l’institution. Pourtant la plupart des chrétiens ont vécu de toutes autres réalités et sont tributaires de la liberté de l’homme intérieur.

13584804_1050497325039319_7100176010205014433_o.jpgL’époque ne nous est guère agréable, à nous autres catholiques. Les coups pleuvent d’un peu partout. Des livres, des films, des documents mettent en accusation non seulement les abus sexuels sur les enfants, mais des abus spirituels dont ont été victimes des jeunes gens de la part de prêtres qui ont usurpé leur autorité pour brimer les consciences, en produisant de sérieux dégâts psychologiques. Les communautés charismatiques sont particulièrement visées. Un ouvrage ouvre le procès « des officines et des groupuscules » s’attachant à guérir les homosexuels au prix de conversion forcées. Personnellement, je me suis toujours méfié de ce type de thérapies, craignant qu’elles ne créent plus de drames que de délivrances. En tout état de cause, la conversion ne saurait résulter de manipulations ou d’emprises extérieures. Elle n’est du ressort que de la personne accédant librement à son évolution intérieure.

Par ailleurs, les abus psychologiques ne sont pas que du ressort de l’institution ecclésiale. L’intelligentsia révère des figures, célébrées comme initiatrices de liberté, et qui ont profité de leur magistère intellectuel pour abuser leurs élèves. Mais elles sont indemnes de tout procès, même lorsque des témoignages ont mis en évidence leurs procédés de captation. Ce n’est d’évidence pas une excuse pour ce qui s’est déroulé dans certains structures d’Église, où la responsabilité des ministres est d’un ordre supérieur. Mais la question qui nous est posée dans le cadre ecclésial est de savoir s’il s’agit d’abus structurels, c’est-à-dire inhérents à la direction spirituelle et aux habitus mentaux et dogmatiques du catholicisme.

Je n’en crois rien pour ma part, non à cause d’une foi aveugle dans les vertus de l’Église, mais du fait d’une longue expérience personnelle. C’est exactement le contraire que j’ai vécu, n’ayant jamais subi l’emprise des gourous et une quelconque dictature intellectuelle. Et puisque l’on parle beaucoup de films à charge contre l’Église, j’en distinguerai un autre qui plaide en faveur de la liberté supérieure des enfants de Dieu et la constitution de ce que saint Paul appelait « l’homme intérieur ». Allez voir le merveilleux film Une vie cachée de Terrence Malick et vous verrez ce qu’est cette liberté incarnée par le héros, le bienheureux Franz Jägerstätter, dressé seul contre le nazisme, à cause de sa stature spirituelle.

Chronique diffusée sur Radio Notre-Dame le 11 décembre 2019

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