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Défense : 17 députés se mobilisent pour Photonis et Latécoère, susceptibles de passer sous pavillon américain par Laurent Lagneau

Propriété de la société d’investissement française Ardian, le groupe Photonis a récemment été mis en vente, alors qu’il fait partie des entreprises stratégiques pour le ministère des Armées.

Ayant pris une longueur d’avance sur ses concurrents dans le domaine de la vision nocturne, avec sa caméra CMOS Kameleon, qui permet de filmer en couleur pendant la nuit, Photonis développe également des tubes de puissance pour les communications militaire ainsi que des composants pour le laser Megajoule [composante du programme « Simulation » de la dissuasion nucléaire], les satellites et les sous-marins nucléaires. Autant de bonnes raisons pour que les États-Unis s’y intéressent…

Quant à l’équipementier aéronautique Latécoère, il fait l’objet d’une OPA [offre publique d’achat] lancée par la société d’investissement américaine Searchlight Capital Partners, laquelle s’est engagée à acquérir au prix de 3,85 euros par action la totalité des 70.120.791 titres qu’il ne détient pas encore [soit 73,95% du capital]. L’annonce de cette opération a d’ailleurs fait décoller la valeur boursière du groupe toulousain [+32% le 1er juillet 2019]. Et, visiblement, à lire les conseils de certains titres de la presse financière, les actionnaires actuels auraient intérêt à vendre.

« Au regard d’un historique de performances décevantes, la porte de sortie offerte par Searchlight a été jugée honorable. En effet, le prix proposé valorise Latécoère à 13 fois le résultat opérationnel prévu pour l’exercice en cours, soit 37% de plus que son concurrent américain Spirit, pourtant beaucoup plus dynamique et rentable que le français, alors que contrairement au reste du secteur, le titre reste ainsi bien éloigné de son sommet absolu, touché le 30 janvier 2006, à 40,20 euros », fait ainsi valoir Le Revenu.

Seulement, Latécoère est développé une innovation qui, appelée LiFi, « permet une expérience de connectivité à bord d’un avion supérieure en termes de bande passante, de latence et de stabilité », sans interférence avec les équipements sensibles présents à bord. « Le LiFi permet également de réduire le câblage et, associée à une mise à niveau de l’infrastructure vers des solutions en fibre optique à faible poids, il réduira le poids et la consommation en carburant de l’avion », précise Latécoère. Cette technologie est en outre 100 fois plus rapide que l’actuel WiFi…

D’où l’appel transpartisan lancé par 17 députés [*] au Premier ministre, Édouard Philippe.

« Considérant que Photonis relève de la procédure de contrôle des investissements étrangers en France [IEF] et du 10° de l’article R 153-2 du Code monétaire et financier, cette opération est soumise à autorisation préalable. En outre, l’article R 153-9 autorise le gouvernement à assortir une éventuelle cession de conditions visant à préserver nos intérêts nationaux », font valoir les parlementaires, avant de faire observer que les capteurs ont été « expressément identifiés comme faisant partie d’un domaine « à maîtriser souverainement » par la Revue de Défense et de Sécurité nationale publiée en 2017.

S’agissant de Latécoére, ces députés ont également estimé que son cas « relève de la procédure de contrôle IEF et du 7° de l’article R 153-2 du Code monétaire et financier. » Et l’OPA dont l’équipentier aéronautique fait l’objet soulève de « nombreuses questions pour la préservation du savoir-faire de la base industrielle et technnologique de défense française au moment même où l’on défend le concept d’autonomie stratégique européenne face à l’extra-territorialité du droit américain et la règlementation ITAR« , plaident-ils.

« Notre autonomie stratégique repose sur notre aptitude à maîtriser des compétences scientifiques, technologiques et industrielles clés », insistent les parlementaires, avant de demander au Premier ministre les mesures qu’il entendait prendre.

Lors d’une audition au Sénat, le Délégué général pour l’armement, Joël Barre, avait rappelé les dispositions prévues par le décret dit « Montebourg » [décret n° 2014-479 du 14 mai 2014, « relatif aux investissements étrangers soumis à autorisation préalable », ndlr] ainsi que celles définies par le Code monétaire et financier.

Cependant, avait précisé M. Barre, « nous avons demandé à deux maîtres d’oeuvre compétents en matière d’optronique, Thales et Safran, de se pencher sur le dossier ». En cas d’entente de ces deux industriels, l’affaire serait réglée. Dans le cas contraire, « nous appliquerons la réglementation en vigueur », avait-il assuré.

Le cas de Latécoère est plus délicat. On sait seulement que le gouvernement a demandé au fonds français Tikehau d’augmenter sa participation au sein du capital de l’équipementier aéronautique. Pour que Searchlight Capital Partners puisse aller au bout de son projet, il devra composer composer avec un investisseur français agréé par l’État.

[*] Pour la LREM : Jean-Charles Larsonneur, Didier Baichère, Jean-Jacques Bridey, Christophe Blanchet, Pascale Fontenel-Personne, Fabien Gouttefarde, Christophe Lejeune, Jacques Marilossian, Monica Michel, Natalia Pouzyreff , Stéphane Trompille et Pierre Venteau; Pour UDI, Agir, Indépendants : Olivier Becht et Jean-Christophe Lagarde; Pour LR : François Cornut-Gentille et Jean-Jacques Ferrara; Pour LFI : Bastien Lachaud.

* Article consultable sur opex360.com

 

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https://www.actionfrancaise.net/2019/11/29/et-maintenant-latecoere/

 

Commentaires

  • Je viens de voir l'information concernant l'actionnariat, beaucoup d'actionnaires risquent de voir leur intérêt avant l'intérêt NATIONAL. Espérons que l'Etat va réagir et empêcher la disparition de LATECOERE

  • La réaction d'Edouard Philippe sera la pierre de touche de son intelligence en matière de R&D.

    L'autre solution serait du modèle "Montebourg" : préempter les sociétés à l'encan (nationalisation temporaire) le temps de boucler un tour de table de repreneurs français ; mais pour cela, il faut du disponible et les pouvoirs français engagent déjà le peu qu'il leur reste dans des foutaises sociétales et la survie du mammouth étatique.

    Jusqu'ici le secteur défense n'était pas compris dans l'enceinte des emmerdements gouvernementaux qui sont déjà nombreux. Sera-ce la goutte qui fera déborder le vase ?

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