Le grand retour de la race
Martin Luther King
Par Mathieu Bock-Côté
Cette tribune [29.11] de Mathieu Bock-Côté sur son blogue du Journal de Montréal traite du fallacieux antiracisme qui ne fait que dissimuler un racisme antiblanc. LFAR
Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, l’Occident, traumatisé par les horreurs du nazisme, a entrepris de neutraliser toute référence à la race dans les rapports sociaux.
La lutte contre le racisme est devenue un principe de civilisation. C’est en son nom que les États-Unis ont combattu la ségrégation et que le monde occidental s’est mobilisé contre l’apartheid en Afrique du Sud.
La discrimination raciale était devenue moralement insoutenable.
Antiracisme
On constate, aujourd’hui, que ce bel idéal se décompose sous nos yeux.
Partout en Occident, la race est de retour. On trie les individus selon la couleur de leur peau. Dans les publicités, dans les concours, dans les administrations, dans les spectacles, on distingue entre les Noirs, les Blancs, les Asiatiques, les Latinos et ainsi de suite.
Mais cette offensive racialiste, à la grande surprise de plusieurs, se réclame de l’antiracisme. C’est un antiracisme qui se dit de gauche, alors on lui pardonne tout. Le progressisme justifie encore une fois bien des sottises.
Cet antiracisme qui domine la vie universitaire et médiatique n’est qu’une fraude intellectuelle et nous impose un jargon débile avec des mots comme « racisés », « appropriation culturelle » et « racisme systémique » avec lesquels il pratique l’intimidation idéologique.
On a encore vu cet antiracisme à l’œuvre ces derniers jours avec la protestation de certains groupes contre la présence insuffisante des « minorités visibles » au conseil municipal et au conseil exécutif de Montréal.
En gros, on ne s’intéresse pas à la valeur individuelle de chaque élu. On l’enferme dans son origine raciale et on le transforme en échantillon représentatif d’un groupe ethnique.
On le voit aussi avec la discrimination positive qui pousse à embaucher quelqu’un selon son origine plutôt que selon sa compétence.
Il y a quelque chose de loufoque à imposer une telle grille de lecture au Québec.
Mais on pousse cette passion racialiste encore plus loin.
En France, ces derniers jours, on a beaucoup parlé de l’initiative d’un syndicat qui a organisé des ateliers racialement « non mixtes ». Traduisons : ceux qu’on appelle les Blancs en sont exclus. De telles activités sont de plus en plus fréquentes.
Heureusement, chez nos cousins, cette discrimination fait clairement scandale.
Si nous avions le sens des mots, on parlerait tout simplement de racisme antiblanc et de haine des Blancs. Et on constatera que ce racisme-là est non seulement toléré, mais encouragé.
Salauds de blancs !
On y voit même une stratégie de libération contre l’oppresseur. Contre les Blancs, vous pouvez tout dire tout en exigeant qu’ils se taisent.
Pire : ceux qui ne se soumettent pas à cette vision du monde sont accusés de racisme !
Revenons sur terre. Peut-on vraiment fondre dans une même catégorie les Norvégiens, les Allemands, les Russes, les Lettons, les Québécois et les Canadiens anglais ? Doit-on faire de même avec les Kenyans, les Haïtiens, les Sénégalais ?
Cet antiracisme de contrebande vient abolir les individus, les cultures, les peuples et les civilisations : il ne voit sur terre que des races en lutte entre elles.
C’est un délire toxique à combattre. •
Mathieu Bock-Côté est docteur en sociologie, chargé de cours aux HEC à Montréal et chroniqueur au Journal de Montréal et à Radio-Canada. Ses travaux portent principalement sur le multiculturalisme, les mutations de la démocratie contemporaine et la question nationale québécoise. Il est l'auteur d'Exercices politiques (VLB éditeur, 2013), de Fin de cycle: aux origines du malaise politique québécois (Boréal, 2012) de La dénationalisation tranquille (Boréal, 2007), de Le multiculturalisme comme religion politique (éd. du Cerf, 2016) et de Le Nouveau Régime (Boréal, 2017).
Commentaires
Au grand bal de l'unification- indifférenciation marxiste fondé sur la disparition des classes sociales au sein du projet pour le grand soir, qui a sombré lamentablement dans l'inexistence des idées anti humaines, les rescapés de cet ordre idéologique malsain, ont repris la vulgate communiste en la transposant sur les races, recherchant ainsi un sauvetage conceptuel dans la pureté des exigences de l'unicité, soi-disant rédemptrice, de la fin des inégalités sociales et historiques. Se comportant comme des boules de velcros idéologiques les thuriféraires de la gauche hystérique, ont amplifié toutes les dérives mentales et langagières des marginaux du système, propres à dissoudre les liens sociaux tant détestés par eux de la religion, de la famille, du travail, et des Institutions, en les encourageant par une imagination fertile produisant de nouveaux mots, et la reconversion de vieux concepts en machines à dérision, au service du moindre effort pour la réalisation de leur déconstruction. Tout y est passé, l’Ecole où apprendre n’était plus utile, car fabriquer des incultes permet de les endoctriner plus facilement, puisqu’ils ne peuvent plus se rappeler les échecs de ce qu’on veut leur apprendre, la Justice, dans laquelle dénoncer le bourgeois - grand et petit - devenait plus important que de punir le coupable renommé victime d’une société dite oppressive, la Police physiquement armée, mais juridiquement désarmée, et administrativement submergée, les Forces Armées réduites à la portion congrue qu’on accorde aux variables d’ajustement, et la revendication sociale insatiable, insondable, sans cesse réinventée, en expansion, et jamais comblée. Cette volonté de mort pour la société démocratique a trouvé, grâce aux media, dans l’image fantasmée du Tiers monde, le support recherché pour une accusation permanente du passé, par la revendication mémorielle auto-punitrice, dont la richesse étalée du consumérisme ambiant par la publicité, sert par opposition sémantique, de carburant à la culpabilisation permanente, seule propre à perfuser le message d’un nouveau partage social, inter et extra territorial, de nature à parachever l’œuvre de destruction chère aux boules de velcros. Sans être un véritable plan, mais plutôt un complot par osmose, la réalisation de ces objectifs se fait sous les yeux du citoyen qui peu à peu se décillent avec un certain effarement, car la destruction se rapproche aujourd’hui de sa sphère privée, par les exigences idéo-théologiques d’entrants dont les idées sont peu ou pas compatibles avec le système de pensée en vigueur dans la société. Comme on dit dans les séries, fin de la saison 1, la saison 2 promet d’être palpitante avec le retour, pour l’instant encore trop limité et encore timide de la Raison, que des intellectuels comme Bock-Coté réaffirment nouvellement avec toujours plus de cohérence et de vigueur, balayant d’un revers les billevesées idéologiques des tordeurs de langage, se souvenant avec acuité que depuis Hegel nous savons que les sociétés et les civilisations sont mortelles.