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Al-Qaryatayn, ville martyre

L'armée syrienne reprend Qaryatayn

 

Par Antoine de Lacoste

 

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L'armée syrienne vient de reprendre la petite ville d'Al-Qaryatayn à Daesh, ville que les islamistes avaient reconquise le 1er octobre dernier.

Ce n'est pas la première fois que cette localité change de mains, mais s'il est nécessaire de parler d'elle, c'est qu'elle est un symbole de ce que vivent les chrétiens soumis à la barbarie islamiste.

Qaryatayn est située à un endroit stratégique entre Damas et Palmyre. C'est pourquoi c'est une ville très ancienne, dont les thermes étaient réputés à l'époque romaine. Elle est mentionnée au XIIè siècle comme étant une ville entièrement chrétienne.

Son déclin économique commence au XIXè siècle, avec le développement des transports qui réduit son rôle d'étape nécessaire entre le désert et les grandes villes de l'ouest syrien.

Lorsque la guerre éclate en 2011, Qaryatayn compte 15 000 habitants dont 2000 chrétiens (1500 syriaques orthodoxes et 500 syriaques catholiques). Le monastère de Mar Elian (qui signifie Saint Julien l'Ancien) est le centre de la vie chrétienne de la ville. Dirigé par un prêtre exceptionnel, Jacques Mourad, il va servir de refuge à de nombreux chrétiens qui fuient les combats et les exactions islamistes.

Mais au printemps 2015, après la prise de Palmyre par Daesh, un commando islamiste pénètre dans le monastère et enlève le Père Mourad ainsi que son diacre, Boutros. Ils sont emprisonnés près de Palmyre, enchaînés à un mur et attendent la mort en priant.

Le 4 août 2015, Daesh prend Qaryatayn et déportent les chrétiens, près de Palmyre également.

Un événement étrange va alors se produire : un chef islamiste entre dans la sordide cellule de Mourad et Boutros et les conduit auprès de leurs ouailles enfermées non loin de là. Il aura ce commentaire laconique : « ils nous cassent les oreilles à vous réclamer toute la journée ». Mystérieuse mansuétude...

Mais elle se paiera chère ensuite. Le 21 août, les bulldozers de Daesh rasent le monastère. Fondé au VIè siècle, il abritait le corps de Saint Julien. Pour faire bonne mesure, le cimetière chrétien est également rasé. Les paroissiens prisonniers sont ensuite déportés, vers Raqqa pour la plupart ; on ne sait pas ce qu'ils sont devenus.

Quant à Jacques Mourad et Boutros, ils sont frappés tous les jours, subissent des simulacres d'égorgement et des pressions incessantes pour se convertir à l'islam. Finalement, ils vont subir une terrible flagellation. S'encourageant mutuellement et se réjouissant de souffrir comme le Christ, ils tiendront et ne céderont rien.

En octobre, à la suite de mystérieuses tractations dont l'orient a le secret, ils sont, à leur grande surprise, libérés.

Puis, en avril 2016, l'armée syrienne reprend Qaryatayn. Trop tard hélas pour la communauté chrétienne qui a totalement disparu.

Le 1er octobre, alors que l'armée a lancé sa grande offensive vers l'est (l'Euphrate, Deir-ez-Zor et la frontière iraquienne), Daesh multiplie les coups de main dans son dos et reprend plusieurs localités près de Homs, dont la pauvre Qaryatayn. Cela ne durera guère cette fois,  car si les islamistes peuvent encore réaliser des conquêtes ponctuelles, ils ne sont plus assez forts pour tenir des villes.

Aujourd'hui, Qaryatayn est de nouveau  libre, mais quinze siècles d'histoire chrétienne ont été anéantis.

Tout cela s'est fait dans une indifférence à peu près générale, mais aussi avec la complicité active des dirigeants occidentaux, France et Etats-Unis en tête, pour qui Bachar était l'ennemi à abattre : « l'homme qui tue son propre peuple » pour reprendre le slogan stupide des médias.

Les chrétiens de Qaryatayn ont sans doute une vision des choses légèrement différente, s'ils sont encore vivants...  

Retrouvez l'ensemble des chroniques syriennes d'Antoine de Lacoste dans notre catégorie Actualité Monde

Commentaires

  • Honte à nos dirigeants occidentaux . Un dégout total envers ces gens qui nous dirigent .

  • En trois mots tout est dit et excellemment . Mais que le sermon démocratico- terroriste fut long et la coupe bien amère pour ce peuple qui vivait en paix , assez prospère pour que ses ressortissants puissent rester au pays ( pas comme partie du Maghreb avec tout son pétrole et sa misère )
    Sept ans de conflit , des centaines de milliers de morts , des multitudes de réfugiés sur les routes ( pas tous syriens si l' on en juge de l'aspect ... ) .
    L' hypocrisie dans tous ses états : on se sert de " bons " terroristes " qui - font du bon boulot- puis on déclenche les grandes orgues de la compassion pour ouvrir les portes de la " riche " Europe .
    " n'écoutez pas ce qu'ils disent regardez ce qu'ils font "

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