Renaud Camus : « Le réensauvagement de l’espèce est en marche »
Intéressant entretien donné par Renaud Camus à Boulevard Voltaire [3.02.2016]. On pourrait en discuter tel ou tel détail, mais non l'esprit et le fond avec lesquels nous ne pouvons qu'être d'accord. Renaud Camus a particulièrement raison, nous semble-t-il, de ne pas faire porter notre déclin identitaire sur les seuls phénomènes migratoires mais aussi sur ce qu'il appelle la Grande Déculturation qui nous affecte concurremment. LFAR
L’ONU vient de publier un rapport sur les « migrations de remplacement ». Selon l’Organisation, « le concept de migration de remplacement correspond à la migration internationale dont un pays aurait besoin pour éviter le déclin et le vieillissement de la population qui résultent des taux bas de fécondité et de mortalité ». Cela rejoint votre idée de « Grand Remplacement » ?
Ce rapport n’est pas le premier. Il y a très longtemps que l’ONU et ses commissions tournent autour du concept de remplacement, ce qui évidemment me fait bien rire, mais jaune, alors que je me fais traiter, y compris par certains de nos amis, de complotiste et d’illuminé. Le point de vue de l’ONU empile deux aberrations, dont la première est au moins une grave erreur d’appréciation et la seconde une monstruosité morale.
La première est la conviction qu’il faut enrayer le déclin démographique des populations et le vieillissement qui l’accompagne nécessairement. Or, l’un et l’autre, surtout le premier, sont la sagesse même. Toutes les politiques écologiques qui prétendent sauver la Terre sans tenir compte de la désastreuse explosion démographique sont un vain et ruineux bavardage. Les peuples les plus développés, dans leur tréfonds, sont bien conscients de cette donnée-là et évolueraient naturellement, si l’immigration d’abord, l’invasion migratoire ensuite, n’intervenaient pas, vers une décroissance démographique naturelle et modérée, parfaitement raisonnable, et qui ne menacerait en rien leur existence, d’autant qu’eux-mêmes n’ont jamais été si nombreux. Cette légère décroissance entraînerait, c’est vrai, un inévitable vieillissement de la population, auquel on a parfaitement les moyens de faire face, qui n’implique en rien le moindre empêchement de faire des enfants ou la disparition de la jeunesse mais qui pourrait, n’était la Grande Déculturation, être l’occasion d’un progrès de la vie de l’esprit.
Le problème de la planète n’est pas du tout la dénatalité relative de l’Europe : il est la surnatalité explosive et catastrophique de l’Afrique.
Quant à la monstruosité morale et culturelle, morale parce que d’abord culturelle, elle tient évidemment à ce que j’appelle le remplacisme, le totalitarisme post-industriel et financiariste, pan-économiste, rival et souvent complice de l’islamisme : pour lui, la matière humaine indifférenciée est indéfiniment échangeable avec elle-même, remplaçable à merci. Faut-il souligner qu’il ne saurait y avoir de dignité de l’espèce qu’en la constitution permanente d’hommes et de femmes irremplaçables ? Dès lors que l’homme est remplaçable par l’homme, il l’est aussi par la bête, et réciproquement, par la machine et par la chose. Le remplacisme est une chosification du vivant.
Dans ses conclusions, l’ONU donne des chiffres, mais n’aborde pas les conséquences culturelles d’une telle migration. Or, n’est-ce pas le plus important ?
Évidemment, mais culturel n’est pas assez dire. Ontologique serait plus vrai. Le remplacisme est un tout.
À Cologne, en prévision du carnaval, l’Allemagne met en place une politique intensive d’information et distribue quantités de tracts et autres notices invitant les réfugiés à « ne pas violer les femmes, à ne pas boire d’alcool ni uriner en public ». Pensez-vous que cela puisse être efficace ?
On nous expliquait déjà qu’il était vilain d’abandonner son chien avant les vacances. Demain, on nous rappellera qu’étrangler ses vieux parents ne se fait pas du tout. Le réensauvagement de l’espèce est en marche.
Comment analysez-vous le fait que politiques, médias puis organisations féministes aient tenté de cacher les événements de la Saint-Sylvestre pour les premiers, et qu’elles aient été si lentes à réagir pour les secondes ?
Le remplacisme est un tout, je le répète, et entre autres choses une fabrique de l’ersatz, du faux, du mensonge et, non pas du silence, certes, mais de l’assourdissement : tout pour que la vérité n’affleure pas, et d’abord celle du Grand Remplacement et de sa vraie nature. •
Commentaires
Votre point de vue est intéressant. Bravo.
Il devrait être évident pour tout le monde que la première source de pollution et de dégradation de la planète est l'explosion démographique, actuellement celle de l'Afrique et de la plupart des pays dits du Sud. Et comme par hasard, c'est l'Europe qui en est à l'origine : en apportant les soins de santé au reste du monde, à des populations qui par tradition, faisaient beaucoup d'enfants pour compenser la mortalité infantile, on a eu une action humanitaire certes moralement positive et irréprochable. Mais on n'a pas su convaincre ces populations que - leurs enfants mourant moins, il n'était plus nécessaire d'en faire autant. Le résultat est cette bombe démographique qui bientôt nous tuera !
Mais tout cela n'est pas politiquement correct à dire, donc on se bouche les yeux et on favorise la migration internationale, comme le font les Nations-Unies, ou supposées telles.
Un grand professeur de russe de nos amis, traducteur de Pasternak, érudit, intervenant à l’occasion du souvenir de J. F. Mattei, et par pur hasard de dates, peu après l’attentat contre la rédaction d’un torchon dont j’ai oublié le nom, nous a dressé le bilan suivant, en marge de l’ouvrage du professeur Mattei « L’Homme dévasté »
- nous assistons au retour de la barbarie et donc des siècles de civilisation sont pulvérisés, piétinés.
- les foules de chrysalides convoquées par voie de media à venir se dandiner pendant des heures sans bouger, ont participé à une bouffonnerie et à une jobardise ; hélas certainement prêtes à réitérer.
Renaud Camus est dans le droit fil de ces remarques. L’ensauvagement est évident dans le vocabulaire ordurier quotidiennement employé sur le petit écran et à la radio.