Société • Après les Bronzés, les migrants font du ski
par Aristide Leucate
Une tribune dérangeante sur la dessiccation de l'âme française ...
Vous avez sûrement aimé (ou tout au moins vu) Les bronzés font du ski, vous savez, cette comédie bien française, écrite et interprétée par la troupe du Splendid et réalisée en 1979 par Patrice Leconte. On y narrait les tribulations nombrilo-intimistes d’un groupe d’amis venus dans les alpages affublés de leurs médiocres états d’âme crypto-existentiels pour y passer quelques vacances pas forcément reposantes, ce qui fait tout le comique du film.
Vous en voulez encore ? Non pas une énième resucée de ce comique troupier qui, finalement, hormis certaines scènes d’anthologie, a plutôt mal vieilli. Mais plutôt une version, disons plus… exotique, résolument moderne, tellement dans le vent, si conforme au politiquement correct ambiant.
Cela se passe à Serre Chevalier, dans les Hautes-Alpes. L’on peut y voir, sur des pistes enneigées et baignées de ce doux soleil si caractéristique des Alpes du Sud, des Érythréens, Somaliens et autres Soudanais s’ébrouer bruyamment, chuter joyeusement, s’interpeller en swahili ou en arabe pour, sans nul doute, vanter leurs exploits de fondeurs débutants.
Non, vous ne rêvez pas ! Ces braves gens, arrivés fraîchement dans nos contrées, via l’Allemagne de Mutter Merkel, tentent un stage d’intégration accéléré, sous le regard sirupeux de nos belles âmes progressistes.
Combien de nos compatriotes dont les enfants rêveraient de connaître les plaisirs sains de la montagne mais qui, à défaut, doivent se contenter des souvenirs de privilégiés échangés dans les cours d’école ?
Ces populations qui tentent, vainement, d’apprendre notre langue, ne connaissant rien de nos us et coutumes, de notre culture, de nos traditions, voire de nos institutions, sont, sans préalable, plongées dans le bain des délices indus de l’industrie occidentale du loisir de masse. Avant même d’avoir eu le temps de mériter, par le travail ou un effort reconnu, cette récompense qui leur tombe gratuitement du ciel généreux de nos largesses contrites.
Tout ce théâtre révoltant se joue, non pas tant dans l’indifférence générale que dans l’ignorance savamment entretenue par la classe politico-médiatique jouant la corde de l’autoculpabilisation. Qu’un seul de nos compatriotes s’essaye, publiquement, devant son maire, son député ou son conseiller départemental, à une observation étonnée devant cette incongruité et il sera poliment – mais fermement – rabroué.
Pendant ce temps, les migrants peuvent skier tranquilles. Ne reste alors plus qu’à l’indigénat de souche à se retourner mélancoliquement sur son passé. Car, à bien y réfléchir, ils étaient plutôt sympas, les Bronzés et leurs plaisantes élucubrations ; mais n’ont-ils pas aussi contribué, avec d’autres non moins dénués de talent (Coluche, Le Luron, Renaud, etc.) à instiller un corrosif poison de dérision qui a fini par ronger, jusqu’à la dessiccation, l’âme française ? •
Aristide Leucate (Boulevard Voltaire)