« Angela Merkel aura le prix Nobel de la paix ! »
par Aristide Leucate
Le prix Nobel de la paix pourrait être attribué vendredi prochain à Angela Merkel « pour son attitude responsable dans les crises migratoire et ukrainienne ». La suite de l'histoire dira si l'accueil de centaines de milliers de migrants en Europe, suivis, sans-doute par beaucoup d'autres, peut-être des millions, favorisera ou au contraire détruira la paix sur notre continent. Aristide Leucate commente ici avec pertinence ces perspectives contradictoires. « Attitude responsable » ? Il y a de bonnes raisons d'en douter. LFAR
Le prix Nobel, c’est un peu comme le cirque Zavatta : un grand barnum où, annuellement, l’on applaudit les prouesses quasi miraculeuses des impétrants, les uns pour avoir trouvé l’anti-accord absolu en littérature, les autres pour avoir mis au jour le énième secret du nombre d’or, et certains pour leur redécouverte, jamais tarie, de la pierre philosophale en économie politique.
Et puis il y a le clou du spectacle mondialisé : le prix Nobel de la paix par lequel le récipiendaire est distingué pour son action en faveur du bien toujours évaluée à l’aune des inaltérables droits de l’homme.
Martin Luther King, Obama, Mandela, Mère Teresa ou encore le GIEC (groupe intergouvernemental d’experts sur l’évolution du climat) comptent parmi les nombreux lauréats.
Cette prestigieuse cohorte sera-t-elle bientôt rejointe par la chancelière Angela Merkel ? Outre-Rhin, les pronostics vont bon train et agitent frénétiquement le petit landerneau médiatique qui se pâme à cette perspective de canonisation universelle. L’institut Nobel vaut bien, à cet égard, tous les papes du Vatican !
« Angela Merkel aura le prix Nobel de la paix », lance, péremptoire, Kristian Berg Harpviken, directeur de l’Institut de recherche sur la paix d’Oslo. La raison ? De même que le Christ appelait à laisser venir à lui les petits enfants, Sœur Angela (au prénom si, décidément, prédestiné) a magnifiquement et généreusement ouvert grand les portes de Brandebourg et de la Prusse tout entière aux « migrants », ces saints innocents de l’humanité martyrisée.
La propagande humanitariste joue à plein. Après la photo tronquée du petit Aylan, voici le prix truqué décerné à l’un des plus grands fossoyeurs de la civilisation européenne. L’institut Nobel ne déroge pas à la vocation qui est la sienne de promouvoir les pires agents dissolvants de l’identité des peuples et des nations, de Wilson à Ferdinand Buisson ou René Cassin à… l’Union européenne (2012).
Défendre la paix, oui, mais laquelle ? Car, à l’instar de la liberté ou des « valeurs de la République », autres incantations vides, combien de crimes, de génocides et de guerres commis au nom de ses glorieux étendards ? La Vendée, Dresde, Hiroshima, Sarajevo, l’Irak, la Libye… et aussi Lampedusa, Lesbos, Schengen, autant de fourriers infernaux de ces folles utopies dont la Révolution française est la sinistre matrice.
Au royaume des aveugles, les borgnes sont rois et Angela Merkel peut bien, alors, s’enorgueillir de réaliser le vœu du philosophe de Königsberg qui, dans son Essai philosophique sur la paix perpétuelle (1795), exhortait le « genre humain [à] se rapprocher indéfiniment d’une constitution cosmopolistique ». Ce faisant, Kant reconnaissait le droit apatride qu’« ont tous les hommes de demander aux étrangers d’entrer en société avec eux ; droit fondé sur la possession commune de la surface de la terre, dont la forme sphérique oblige les hommes à se supporter les uns à côté des autres, parce qu’ils ne sauraient s’y disperser à l’infini, et qu’originairement, l’un n’a pas plus de droit que l’autre à une contrée déterminée ». Le nomadisme préhistorique renaissait de ses cendres. •
Docteur en droit, journaliste et essayiste (Boulevard Voltaire)
Commentaires
Angela Merkel vient de l'Est et a donc connu l'isolement et la séparation. Il semble donc normal qu'elle ait ce grand coeur de mère pour accueillir ceux qui fuient ce bourreau qu'est Assad et dont on ne dira jamais assez qu'il est le grand responsable de cet exode, comme Hitler l'a été pour les juifs. Vous avez raison de parler d'image truquée : toute personne bien pensante ne peut imaginer qu'un jeune enfant rejeté par les flots soit si propre et si bien "posé" et il est d'autres photos tout aussi mensongères. Angela mérite hautement ce Prix Nobel de la Paix et ne jetez pas l'anathème sur la valeur de ce prix. Notre société a besoin de signes de reconnaissance pour savoir où elle va, alors qu'elle est en train de perdre tous ses repères et que notre civilisation est en grand danger. Ce prix représente quelque part un rempart à l'indifférence. N'est pas lauréat qui veut et si elle l'obtient, ce ne sera que justice pour son travail exemplaire. En tant qu'Allemande, elle connait les règles du jeu et sait appliquer de vrais plans pour accueillir, former, éduquer, insérer dans la société. Ce qui n'est pas le cas de notre pauvre France, dirigée par un incapable, tellement incompétent qu'il fait pitié et dont tout le monde se moque ici et ailleurs. Mme Merkel impose le respect par tout ce qu'elle est et insuffle et ses bons rapports avec Poutine lui permettent d'obtenir bien des résultats. J'espère de tout coeur qu'elle aura ce Prix. Que l'Institut Nobel n'ait pas toujours fait les bons choix, c'est une lapalissade. Mais nobody is perfect !
Je ne suis pas certain que l'Allemagne réussira à imposer ses idées à ces gens ... Le ministre de l'intérieur Allemand n'a t'il pas dit il y a deux jours à la télé qu'il était déçu de ces gens qui commencent à critiquer le logement la nourriture etc...........
Simple : ils s'adaptent ou ils partent, ils travaillent et font des enfants, c'est tout ce que l'Allemagne leur demande,
Mais bien-sûr, Sabbatini, vous avez bien raison d'être sceptique. Merkel a commis une folle sottise en appelant 800 000 migrants à venir en Europe. Il en viendra des millions. Le prix Nobel de la Paix à Merkel c'est une foutaise. En Allemagne même, une forte réaction monte en ce moment. Arrêtons le conformisme béta !
La chancelière Merkel n'est pas infaillible, mais ce qu'il faut signaler surtout c'est l'autonomie de décision de l'Allemagne qui, concernant les collatéraux, se fout du tiers comme du quart. Et de la France hollandienne en premier !
Germania farà da sè !
Les andouilles suivront !
La formule italienne que vous utilisez, applicable à la réalisation de l'unité de l'Italie, ne me semble pas avoir grand rapport avec la situation actuelle de l'Allemagne. A moins que vous ne vouliez dire que cette nation, déjà constituée, souhaite compléter son unité par élargissement de ses frontières au détriment du territoire de ses voisins. Mais je ne crois pas que cette question soit déjà redevenue d'actualité. Cela viendra peut-être. Mais pas pour l'instant.
Vous voulez sans-doute dire que l'Allemagne fera par elle-même sa politique migratoire. Fort bien. Dans ce cas qu'elle laisse les autres Etats européens en faire autant. Finis les quotas. Finis les grands principes universels, obligations morales et autres dispositifs contraignants.
Les andouilles suivront quand même parce que ce sont des andouilles. Au moins n'y seront-ils obligés qu'à raison de leur nature ainsi nommée.
Je ne voulais pas dire plus que la Chancellerie commande pour elle-même et ne demande l'avis d'aucun de ses voisins, comme l'Italie de jadis fatiguée de tous ses conseilleurs étrangers. Il n'y a aucun soupçon irrédentiste teuton de ma part, même si le territoire de la RDA était désigné en Allemagne par "Mittel Deutschland" quand j'y vivais :)