UA-147560259-1

Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

En réponse à Alan Broc, sur Frédéric Mistral, ses opinions politiques etc...

Alan Broc a son opinion, ce qui est son droit, et il l'exprime dans les Commentaires de notre quotidien, ce qui nous convient parfaitement : nous l'avons toujours dit, et c'est une occasion supplémentaire de le prouver par l'exemple, non seulement nous acceptons la contradiction - dans les Commentaires librement ouverts, sans être "modérés", de ce quotidien... - mais nous en sommes demandeurs, car cela est stimulant pour tout le monde.

Donc, Alan Broc a bien fait de donner son avis, et il nous permettra seulement de lui répondre que nous ne le partageons nullement, et même que nous pensons exactement le contraire...

"Luc" ayant déjà débattu de son côté, nous renverrons Alan Broc a deux photos de notre Album Maîtres et témoins (III) : Léon Daudet , dans lesquelles Daudet -qui a connu et fréquenté Mistral - ne laisse aucun doute sur le sujet :

1. La première, Royalisme et Mistralisme dans laquelle Daudet écrit (dans "Vers le Roi", page 53) :

"...La nécessité de la décentralisation administrative est un des premiers jalons posés par Maurras, avec la démonstration, jamais réfutée, que seule la monarchie - ne reposant pas sur le pouvoir électif - pourra opérer cette réforme indispensable.
Le maurrassisme, par ce biais, rejoint le mistralisme et le Félibrige.
Aussi le grand Mistral fut-il, dès le début, attaché à notre journal, intéressé par notre propagande, et ne nous ménagea-t-il pas ses précieux encouragements intellectuels.
Il ne pouvait, comme Lemaître, adhérer publiquement à notre mouvement, sans compromettre l'oeuvre magnifique de la renaissance provençale, qu'il avait lui-même entreprise, à laquelle il consacra sa vie et qui avait besoin, pour durer, de la bienveillance, ou, au moins, de la neutralité des pouvoirs publics..." 

2. La seconde, bien que plus anecdotique, montrant la réalité des liens qui unissaient Mistral à Daudet (et, à travers lui, à l'Action française...) Souper avec Mistral à Montmartre, dans laquelle Daudet écrit (dans
"Paris vécu", Première série, rive droite, page 209) :

"...Une année, vers 1890 (Mistral, né en 1830, a alors 60 ans, ndlr), Frédéric Mistral, descendu à Paris chez Mariéton, nous demanda de le mener dans un restaurant montmartrois, à l'heure du souper.
Nous le conduisîmes dans un établissement relativement - oh très relativement - correct, des environs de la place Blanche.
Nous prîmes une table à part; mais la présence de ce monsieur âgé, de manières polies et fort beau, sous son chapeau gris "buffalo" avait naturellement fait sensation...
"Eh bien ma chère, veux-tu que je te dise... Oh moi, ma chère... Mais demande donc aux deux autres... J'ai déjà vu ça quelque part..."
En sortant, j'interrogeai Mistral sur ce qui l'avait le plus frappé. Il répondit :
"L'enfantillage. Ce sont de petites filles dégradées."
Je lui dis aussi ce que je pensais des poètes montmartrois, mais je vis qu'ils étaient loin de sa sympathie artistique; et pourtant, il admirait Henri Heine, mais peu Verlaine..."

3. Enfin, en ce qui concerne la visite de Poincaré à Mistral, le 14 octobre 1913, nous dirons juste ceci à Alan Broc : Poincaré, effrayé par l'arrivée imminente d'une guerre que l'on aurait pu éviter, mais que le Système n'avait ni su ni pu éviter, était parti à Madrid pour s'assurer de la bienveillante neutralité du roi d'Espagne et de l'opinion espagnole, et, à son retour, il fit un crochet par la Provence pour s'assurer du bienveillant appui du "monument" qu'était Mistral, avec son influence... Aucun rapport, donc, avec un prétendu "républicanisme" de Mistral là-dedans, mais le simple désir d'un Président de réaliser autant que possible l'unité nationale devant une tragédie qui arrivait. 

Mistral se savait proche de sa fin (il devait mourir cinq mois plus tard, le 25 mars 1914) : il n'allait pas refuser de recevoir le président, et, lui qui n'avait jamais opposé la petite patrie à la grande - c'est-à-dire la Provence à la France - il n'allait pas refuser cette Union sacrée que le Président s'efforçait de bâtir, et que ses amis de l'Action française devaient adopter comme ligne de conduite sitôt la catastrophe survenue...

Les commentaires sont fermés.