Souper avec Mistral à Montmartre...
De "Paris vécu", Première série, rive droite, page 209 :
"...Une année, vers 1890 (Mistral, né en 1830, a alors 60 ans, ndlr), Frédéric Mistral, descendu à Paris chez Mariéton, nous demanda de le mener dans un restaurant montmartrois, à l'heure du souper.
Nous le conduisîmes dans un établissement relativement - oh très relativement - correct, des environs de la place Blanche.
Nous prîmes une table à part; mais la présence de ce monsieur âgé, de manières polies et fort beau, sous son chapeau gris "buffalo" avait naturellement fait sensation...
"Eh bien ma chère, veux-tu que je te dise... Oh moi, ma chère... Mais demande donc aux deux autres... J'ai déjà vu ça quelque part..."
En sortant, j'interrogeai Mistral sur ce qui l'avait le plus frappé. Il répondit :
"L'enfantillage. Ce sont de petites filles dégradées."
Je lui dis aussi ce que je pensais des poètes montmartrois, mais je vis qu'ils étaient loins de sa sympathie artistique; et pourtant, il admirait Henri Heine, mais peu Verlaine..."