UA-147560259-1

Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Illusions d’optique ? par Louis-Joseph Delanglade

bamako,mali,hollande,tombouctouDans son discours de Bamako, M. Hollande a dit qu’il n’entendait pratiquer aucune ingérence dans la politique intérieure malienne, les problèmes politiques de la France lui paraissant suffisants.  

C’est un fait qu’ici il reste d’abord le candidat socialiste élu, c’est-à-dire le représentant d’une faction, porté au pouvoir par le jeu « démocratique » d’une élection, dont on sait bien que les résultats sont en grande partie fonction du type de scrutin et que le vainqueur, le plus souvent, divise autant qu’il ne rassemble

 

Or il semblerait que le bon sens populaire ne se satisfasse pas vraiment de cette situation. Le Monde a ainsi publié récemment un sondage (Cevipof, Ipsos) d’après lequel 87% des Français pensent que « le pays a besoin d’un vrai chef pour mettre de l’ordre ». Le pourcentage est éloquent et a de quoi déranger, voire inquiéter, le microcosme parisien de la pensée unique. C’est ainsi que M. Thomas Legrand dans son éditorial insidieusement titré « illusions d’optique » (France Inter, vendredi 1er février, 7h45) tente un véritable détournement de signification.

 

L’éditorialiste rappelle d’abord l’élection par ces mêmes Français du mou « Flamby », antithèse de ce « chef » prétendument souhaité par le pays – feignant d’ignorer qu’avec dix millions de suffrages au premier tour, et dix-huit millions au second, le vainqueur socialiste reste loin des 87% du sondage ! Puis, se substituant sans vergogne aux Français, dans un irrépressible mépris d’intellectuel parisien pour le bon peuple qui décidément ne comprend rien, il ajoute que l’autorité souhaitée doit être « une autorité forte, certes, mais arbitrale, bienveillante et exemplaire » (faisant grâce aux auditeurs de l’adjectif « normale »).Et de conclure, par une pirouette osée, que les Français rejettent en fait « la vieille acception du mot autorité » [c’est-à-dire, d’après notre dictionnaire le « droit ou pouvoir de commander »] et aspirent en réalité à cette démocratie participative dont Mme Royal a donné l’idée au cours de sa campagne de 2007 ! Il faudrait donc comprendre que le sondage dit le contraire de ce qu’il dit…

 

Ce que M. Thomas Legrand nie, c’est la profonde aspiration populaire pour des institutions où les factions politiciennes et parlementaires ne parasitent pas l’exercice du pouvoir. Quand il a engagé la France au Mali, M. Hollande a agi en chef des armées : cela a été possible parce que, au moins dans ce domaine, les institutions actuelles le lui permettent. Mais jusqu’à quand ? De droite à gauche, ils sont nombreux à rêver d’un retour au parlementarisme et à souhaiter, en attendant, un affaiblissement de l’Etat. Celui-ci, si imparfait qu’il soit, reste pourtant le meilleur garant de la pérennité nationale.

Commentaires

  • Il ne faudrait pas confondre autorité et pouvoir, bien que
    l'autorité induise nécessairement du pouvoir.
    L'autorité relève davantage du Chef de l' Etat, elle peut
    s'exercer dans les domaines qui lui sont "réservés" ou pour
    lesquels il est le garant (défense, politique étrangère,
    administration intérieure, justice), que l'on qualifierait de
    "régaliens".

    Le pouvoir, en tant que pouvoir gouvernemental, directement
    responsable devant le Parlement, devrait relever davantage
    du Chef du gouvernement ou 1er ministre, tempéré
    cependant, par la fonction arbitrale et médiatrice du Chef de
    l'Etat.

    Pour cela, seule une monarchie parlementaire dotée de
    réelles prérogatives, peut sortir nos institutions de l'ambiguïté,
    en se substituant à la monarchie républicaine actuelle,
    caricaturale, et de plus en plus de type bonapartiste.

Les commentaires sont fermés.