France, Suisse: la comparaison impossible.....
Deux rangées d'arbres seront-elles arrachées au bord du Léman, à Genève ? Pascal Lamy, directeur de l'OMC (Organisation Mondiale du Commerce)souhaite en effet agrandir son siège, mais son projet rencontre de nombreuses oppositions parmi les défenseurs de l'environnement, et suscite même, si l'on en croit les journaux, une furieuse polémique.
Que va-t-il donc se passer ? Ceci.....
Puisque problème il y a, le Canton de Genève a décidé d'organiser une votation le 27 septembre prochain. Le peuple tranchera donc, souverainement.
Voilà qui devrait nous faire réfléchir. Car, au-delà de ce qui pourrait sembler n'être qu'une anecdote un peu courte, se cache en réalité un problème de fond. Si l'on compare, très vite et en très gros, la cas de la France et celui de la Suisse, on pourrait être tenté de répondre que les deux pays jouissent du même système de base, et pratiquent tous les deux et la république, et la démocratie. Est-ce si sûr ? Que la Suisse soit en république et en démocratie, la chose semble en effet établie, et la votation du Canton de Genève -pour anecdotique qu'elle puisse paraître à des esprits superficiels- vient en fait nous le rappeler : là-bas, dans cet heureux pays, le peuple souverain conserve le pouvoir puisque, ce pouvoir une fois délégué à des députés, le peuple conserve toujours la possibilité de revenir sur une décision de ses mandants et de l'annuler. Sans aboutir à la perfection totale -qui n'est de toutes façons pas de ce monde- les Suisses vont donc très loin, le plus loin possible peut-être, dans la voie de la république et de la démocratie.
Et ils nous donnent une belle leçon. Car ici, en France, nous sommes peut-être en république (encore s'agit-il d'une république idéologique, ce qui change tout, et corrompt tout....), mais nous ne sommes certainement pas en démocratie. Une fois que nous avons laissé tomber notre bulletin dans l'urne, liberté en grande partie illusoire, qui dure quelques fractions de secondes, les députés ou les mandants peuvent bien oublier leurs promesses par la suite, ou faire le contraire de ce qu'ils avaient dit, nous n'avons plus aucun moyen de conserver le contrôle de leurs actes, prérogative fondamentale qu'ont gardée nos voisins suisses.
Certes, il ne serait pas concevable d'imaginer copier et calquer, au détail près, les institutions suisses sur les françaises. Mais, tout de même ! On nous avait promis monts et merveilles, avec la grande Révolution, mais on n'a ni monts (1) ni merveilles: la seule chose qui pourrait s'approcher des votations, c'est-à-dire le référendum d'initiative populaire, c'est le monstre du Loch Ness, version Pays Légal: on en parle, on en parle, mais pour le voir apparaître....
Il est clair que nos voisins sont mieux lotis que nous, question Institutions.
Là aussi : tout ça, pour ça ?
(1) : sauf un mont de déficit, pour l'instant de 109 milliards, mais jusqu'où ne descendra-t-il pas, pour reprendre en l'inversant la devise de Fouquet ?)