Inexorablement liés par la même chaîne, jusqu’à leur double trépas final, Marie-Georges et Olivier…
Chronique d’une mort annoncée : l’une veut changer sans se perdre ; l’autre va se perdre parce qu’il ne veut pas changer……
L’une (Marie-Georges ) veut « changer sans se perdre » : c’est ce qu’elle a déclaré à Vieux-Boucau (dans les Landes) à l’occasion de l’université d’été du PCF. « Le Parti doit changer sans se perdre, sans se dénaturer, pour devenir un grand parti ouvert, rassembleur, porteur d’un projet moderne et audacieux. »
On passera très rapidement, par charité, sur le fait que cette phrase est le type même de la phrase qui ne veut strictement rien dire (en langage courant : bateau...) Changer sans se perdre ? Mais Clémenceau n’a-t-il pas dit (et, de fait, il a raison…) que la révolution était un bloc ? Regardez ce qui est arrivé à Gorbatchev, lorsqu’il a tenté de réformer l'URSS de l’intérieur, mais sans renoncer à elle ni au système qui l’avait généré : il n’a réussi qu’a accélérer la chute, de toutes façons inéluctable, de la-dite URSS. Comment Marie-Georges pourrait-elle changer, ou faire changer, un parti tout entier basé sur une idéologie ? Une idéologie c'est une construction intellectuelle; si vous enlevez un point, un seul, tout s’effondre ; la logique interne n’est plus respectée ; l’ensemble ne tient plus ; or son idéologie, à Marie-Georges, elle s’est effondrée lamentablement, aussi bien à Moscou et dans l’empire est-européen du marxisme qu’à Pékin ; et Marie Georges ne le voit pas, ou ne veut pas le voir.....
L’autre (Olivier) ne veut surtout pas changer. « Ce qu’il nous faut, c’est une bonne vieille révolution ! », a-t-il proclamé, sans crainte d’apparaître pour un dinosaure lors du congrès destiné à préparer son NPA (Nouveau parti anticapitaliste). Mais lui aussi refuse de voir qu’elle s’est effondrée, son idéologie...
Dans l'opéra Carmen, l'ensorceleuse bohémienne cherche à faire comprendre à Don José qu'il est trop tard pour revenir en arrière, maintenant qu'il a tout abandonné pour elle; et qu'ils sont entraînés l'un et l'autre, inexorablement, vers le drame final : "... Et la chaîne qui nous lie nous liera jusqu’au trépas !..." chante-t-elle à son amoureux qui, mais un peu tard, se rend compte de son erreur....
C'est la même chaîne qui lie Marie Georges et Olivier. Tous les deux, mais aussi les socialistes, ont lié leur destin à une idéologie : l'idéologie révolutionnaire. Avec des nuances, certains plus exaltés ou plus extrêmistes; d'autres plus utopiques; mais il n'y a entre eux que des différences de degré -et pas de nature...- dans leur affiliation à la même idéologie. Celle-ci étant morte en direct, sous nos yeux, il est évidemment fatal que tous en soient atteints et en recoivent le contre coup.....
Voilà pourquoi, qu'ils cherchent à changer comme l'une, ou à ne pas changer, comme l'autre, cela ne changera rien au fond : leurs manoeuvres n'arrêteront pas le cours des choses. Ils sont morts, politiquement s'entend, condamnés par l'histoire. Quelle dérision ! Les voilà sortis de l'Histoire, balayés par elle, ces révolutionnaires qui ont tant usé et abusé de cette expression : le sens de l'Histoire.....