UA-147560259-1

Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Rechercher : Rémi Hugues. histoire & action française. Rétrospective : 2018 année Maurras

  • Histoire & Action Française • Rétrospective : 2018 année Maurras [1]

    Par Rémi Hugues

    saint_augustin visuel.jpgAu moment où s'achève l'année du cent-cinquantenaire de Charles Maurras, Rémi Hugues nous propose une série de quatre articles - à venir les jours suivants, « Rétrospective : 2018 année Maurras ». Notre collaborateur et confrère y évoque différents aspects ou moments importants de la vie et l'oeuvre de Charles Maurras à travers les écrits fort contestables de Michel Winock, l'un des historiens organiques de la République française du XXIe siècle, « une figure dʼautorité. » Bonne lecture !  LFAR    

    Photo.png

    Avant-propos ...

    Alors que la nuit de la saint-Sylvestre approche, où une fois de plus nos forces de l'ordre vont probablement être mises a rude épreuve, c'est le moment de jeter un oeil sur le rétroviseur. De quoi l'année 2018 a-t-elle été le nom ?

    Elle a commencé par une polémique déclenchée par le ministère de la Culture qui a décidé de mettre Charles Maurras dans la liste des commémorations officielles des personnalités ayant marqué l'histoire de France avant de se raviser.

    2018-world-cup-final-french-4635-diaporama.jpgA son mitan, s'est produite une vague nationaliste de grande ampleur, rappelant quelque peu l'euphorie qui gagna la France un autre été, celui de la mobilisation de 1914. Visages grimés aux couleurs de la patrie, Marseillaises entonnées a tout va et nombre pléthorique de drapeaux déployés, aux fenêtres des voitures en marche ou des logements... tel est ce que l'on a pu observer après la victoire de la France lors de la coupe du monde de football en Russie.

    325225350.jpgCe sentiment d'unité nationale a muté au moment de l'automne en une fièvre saine de contestation radicale du Pouvoir. Après les célébrations du centenaire du dénouement de la Grande Guerre, dont l'issue favorable pour notre pays doit en grande partie à l'énergie, au courage et à la probité de Maurras et des siens, le Pays Réel a initié un mouvement extraordinaire de révolte contre le Pays Légal, cette bancocratie cosmopolite que Macron représente avec une morgue typique des golden boys de la City et de Wall Street.

    Indéniablement ce Mai 1968 inversé, où cette fois c'est la périphérie (les provinces) qui donne le LA au centre (Paris), est pour tout défenseur du Pays Réel une divine surprise.

    2018, soit 150 années après la naissance du Maître de Martigues, a été l'année Maurras.  (A suivre)  

    A lire de Rémi Hugues Mai 68 contre lui-même ...
    (Cliquer sur l'image)

    Couverture_livreM68.png

  • Histoire & Action Française • Rétrospective : 2018 année Maurras [2]

    Par Rémi Hugues

    saint_augustin visuel.jpgAu moment où s'achève l'année du cent-cinquantenaire de Charles Maurras, Rémi Hugues nous propose une série de quatre articles - à venir les jours suivants, « Rétrospective : 2018 année Maurras »Notre collaborateur et confrère y évoque différents aspects ou moments importants de la vie et l'oeuvre de Charles Maurras à travers les écrits fort contestables de Michel Winock, l'un des historiens organiques de la République française du XXIe siècle, « une figure dʼautorité. » Bonne lecture !  LFAR    

    Photo.png

    In Winock veritas ?

    Dans le milieu des historiens organiques de la République française du XXIe siècle, Michel Winock est une figure dʼautorité[1]. Fort de son statut de conseiller auprès de la rédaction du mensuel LʼHistoire, il sʼest donné la peine dans le numéro de juin 2018 dʼexprimer son point de vue expert à la piétaille qui nʼy comprend rien – nous les gueux sans doctorat ni agrégation – sur le cas Charles Maurras, qui depuis quelque temps a reçu un nouveau sobriquet : « M le Maudit ». 

    41qLB-P4F4L._AC_US218_.jpgIl est vrai que Michel Winock (photo) sʼest spécialisé dans lʼétude des figures « réactionnaires » (pour reprendre le vocable du libéral Benjamin Constant[2], vocable si cher aux socialo-communistes) de lʼhistoire littéraire de notre pays, comme Léon Bloy. Visiblement, Winock est attiré par les plumes talentueuses ! Confondant analyse historique et jugement moral, il se plaît dans le rôle de parangon de vertu républicaine, livrant les bons et les mauvais points. Untel a bien agi en 1789, un autre sʼest très mal comporté pendant la Commune, lʼattitude de celui-là fut indigne dans les années 1930 et 1940, heures les plus sombres de la doxa médiatique. 

    Il se garde bien en revanche dʼinsister sur le génocide de 1793-1794 commis par les révolutionnaires en Vendée, contribuant à lʼindigne « mémoricide » perpétré par lʼÉcole républicaine. Quelle horreur ce serait de salir lʼimage de Marianne : le professeur Winock profite des prébendes depuis tant dʼannées ! Quoi de plus ignoble que de blâmer la République !       

    En synthétisant la bien-pensance contemporaine relative à la représentation des faits historiques, Winock joue le rôle de guide des âmes en peine qui pourraient être troublées par les sirènes du populisme, du chauvinisme ou du passéisme, les pires maux de ce siècle à en croire la caste « ripoublicaine » qui nous gouverne. 

    Degradation_alfred_dreyfus.jpgComme le suggèrent le titre de lʼarticle puis son contenu, ce qui obnubile Winock chez Maurras cʼest son rapport à la question juive et à Adolf Hitler. En choisissant « La revanche de Dreyfus ? » comme titre, il fait un clin d’œil à la saillie que prononça Maurras en apprenant sa condamnation à l’indignité nationale et à la détention à vie pour intelligence avec lʼennemi en 1945 : « cʼest la revanche de Dreyfus ! » 

    Winock se fourvoie dans le réflexe pavlovien, en vogue chez les penseurs stipendiés, de la reductio ad hitlerum. Une autre historien, lʼAméricain dʼorigine russe Yuri Slezkine, commente cet état de fait en ces termes : à partir des années 1970 « lʼHolocauste devint tout à la fois lʼépisode central de lʼhistoire juive et de celle de lʼhumanité et un concept religieux transcendant concernant un événement réputé incomparable, incompréhensible et irreprésentable. »[3] Et Adolf Hitler de représenter le Mal pris comme un principe transcendant. « La conséquence la plus profonde de la Seconde Guerre mondiale a été la naissance dʼun nouvel absolu moral, celui du nazisme comme mal universel. »[4] 

    Du haut de sa science Winock édicte une fatwa, dʼoù Maurras sort plutôt sacrilège quʼen odeur de sainteté. Cʼest le moins que lʼon puisse dire. Mais à délaisser la raison au profit de la morale, lʼon risque de se commettre en imprécisions, inexactitudes, inepties. 

    Commençons par ce qui est dʼordre factuel. Winock écrit que Maurras aurait « défrayé la chronique au mois dʼavril 2018 ». Or cʼest quelques mois plus tôt, en janvier, que la polémique a éclaté lorsque le ministère de la Culture de Madame Nyssen a publié le cahier des commémorations officielles de lʼannée 2018, où le nom de « M le maudit » apparaissait, avant de le retirer, sous la pression des Valls et consorts. Mis à part les intimidations de la gauche contre les organisateurs dʼun colloque qui sʼest tenu à Marseille le 21 avril[5] – affaire relayée par quelques titres de presse comme La Provence ou La Croix –, rien dʼautre de retentissant ne sʼest passé au sujet de Maurras en avril. 

    Outre sʼemmêler les pinceaux dans les dates – un comble pour un historien –, Winock sʼembrouille quant aux notions « nationalisme », « nationalisme intégral » et « conservatisme ». Il se montre incapable de définir rigoureusement ces termes. Pour lui ils sont équivalents. Alors que le nationalisme, concept originellement de gauche, peut être aussi bien progressiste que traditionaliste, renvoyer tant au jacobinisme des Robespierre, Thorez, Chevènement ou Mélenchon (ce dernier a axé sa campagne présidentielle de 2017 autour de la défense de la souveraineté française contre les diktats de lʼUnion européenne) quʼau catholicisme des Barruel, Barrès, de Villiers ou Jean-Marie Le Pen. Cʼest pourquoi Maurras insistait pour que le nationalisme soit intégral, c’est-à-dire monarchique : un nationalisme conséquent ne pouvant à ses yeux que vouloir perpétuer lʼhéritage glorieux de la France, dʼessence catholique et royale, eu égard à sa fondation par un roi converti au christianisme et à son attribut, dont elle sʼenorgueillit jusquʼen 1789, de « fille aînée de lʼÉglise ». 

    Mariage-gay-Taubira-enflamme-l-Assemblee.jpgEn outre, cʼest une erreur dʼidentifier le nationalisme intégral de Maurras à un conservatisme, idéologie qui vient dʼAngleterre (des Tories) et qui est donc étrangère à notre culture politique. Même si, aujourd’hui, un certain courant intellectuel plutôt traditionaliste et largement  antimoderne,  lui donne un sens nouveau, en France et ailleurs. Comment est-il possible de sʼattacher à vouloir conserver des mœurs et un droit positif qui, du fait du changement social, évoluent constamment ? En 2010 si je suis conservateur je suis contre le mariage pour les homosexuels. En 2018 en tant que conservateur je suis favorable au maintien de lʼexistant, au statut quo, donc à la loi Taubira qui accorde aux homosexuels le droit de sa marier. 

    Pour Winock toutes ces idéologies sont anathèmes, il nʼy a donc pas lieu dʼen saisir les subtilités. (A suivre)  

     
     [1]  Michel Winock a écrit notamment La Belle Époque et 1789, Lʼannée sans pareille, publiés chez Perrin. Il a également contribué à la rédaction, sous la direction de Serge Berstein, de lʼouvrage collectif Les cultures politiques en France, paru au Seuil. En 2008, son livre La fièvre hexagonale était au programme du concours dʼentrée à lʼInstitut dʼétudes politiques de Grenoble. Régulièrement invité sur les plateaux de télévision et dans les studios des stations de radio, il est incontestablement membre de cet aréopage dʼexperts du régime quʼil est de coutume dʼappeler fonctionnaires de la technocratie. 
    [2]  En 1797 Benjamin Constant publie le volume Des réactions politiques, où pour la première fois est utilisé cet adjectif de « réactionnaire » promis à un bel avenir. Le plus surprenant cʼest quʼaujourdʼhui il est tout particulièrement prisé par les « antilibéraux », trotskystes, P.C.F. et France insoumise.
    [3]  Le siècle juif, Paris, La Découverte, 2009, p. 388.
    [4]  Ibid., p. 389.
    [5]  Organisé par le blog « Lafautearousseau », son lieu initial, occupé par un ordre monastique, dut être changé à la dernière minute sous la pression dʼune poignée dʼhurluberlus allant du parti socialiste à un fantasque « front unitaire antifasciste ». Ces derniers ayant menacé de mettre à sac le couvent, la police prit les choses très au sérieux, avertissant les religieux quʼil serait plus sage de tout annuler. Une salle de conférence sise dans un hôtel fut trouvée en hâte pour que le colloque, célébrant le cent-cinquantième anniversaire de la naissance de Charles Maurras et visant à présenter sa pensée à une jeune génération attirée par le nationalisme mais connaissant de façon imprécise la doctrine du « nationalisme intégral », puisse bien avoir lieu. 
     
    A lire de Rémi Hugues Mai 68 contre lui-même ...
    (Cliquer sur l'image)

    Couverture_livreM68.png

  • Rétrospective : 2018 année Maurras [5]

    Par Rémi Hugues

    saint_augustin visuel.jpgAu moment où s'achève l'année du cent-cinquantenaire de Charles Maurras, Rémi Hugues nous a proposé une série d'articles - qui se termine aujourd'hui : « Rétrospective : 2018 année Maurras »Notre collaborateur et confrère y évoque différents aspects ou moments importants de la vie et de l'oeuvre de Charles Maurras à travers les écrits fort contestables de Michel Winock, l'un des historiens organiques de la République française du XXIe siècle, « une figure dʼautorité. » Bonne lecture !  LFAR    

    Photo.png

    In Winock veritas ?

    Le principe commun entre le cosmopolitisme et le communisme est en particulier lʼaspiration à la disparition des frontières nationales, projet aujourdʼhui en voie de finalisation – quoique puissamment contrecarré ces temps-ci -  et qui relie le maître à penser des pères de la IIIème République, Emmanuel Kant, à Karl Marx, le chef de file intellectuel de Lénine et des autres bolcheviks qui, suite à la Révolution dʼOctobre, instaurèrent en lieu et place de lʼimmémoriale Russie des tsars et des popes, lʼUnion Soviétique, véritable enfer sur terre qui proclamait urbi et orbi quʼil était un paradis plus glorieux encore que lʼÉden des temps reculés. 

    721.jpgAprès que la Première Guerre mondiale permit au communisme de prendre racine sur le sol glacial du peuple slave, lʼon peut remarquer, en revenant en France, que le P.C.F. réalisa le meilleur score de son histoire dans lʼimmédiate après-guerre. Il obtient 28 % des voix aux élections législatives de novembre 1946, devenant le premier parti de France. 

    Maurras avait ainsi parfaitement raison de dénoncer ce danger, quelque temps avant la grande boucherie de 1939-1945. De vouloir empêcher quʼadvienne le pire ; la guerre, ce monstrueux bain de sang, est le pire de tout : cʼest la sagesse politique même. Apparemment pas pour Winock, qui condamne le discernement de Maurras dont le leitmotiv à la fin des années 1930 était « dʼabord pas la guerre ! », mais qui lui reproche en même temps dʼêtre un haineux, un violent. Logique aristotélicienne, où diable es-tu passée ?     

    La ligne définie par Maurras était strictement défensive : prévenir une agression venue de lʼextérieur en augmentant massivement le budget militaire. Il en appelait à la fin de la République et à sa substitution par un régime « capable dʼarmer », de protéger la France face à la menace hitlérienne. 

    Ce que Winock interprète spécieusement comme de lʼanti-patriotisme. Il accuse carrément  la pensée de Maurras dʼêtre « nuisible à la cause nationale quʼelle est censée défendre ». Voir dans le régime de Vichy mis en place par Pétain une « divine surprise » relèverait pour lʼhistorien de lʼacte de haute trahison. Maurras, pourtant affublé du titre de « germanophobe » par Winock, aurait-il fait preuve de couardise en se soumettant censément à lʼAllemagne victorieuse ? Lui au moins a accepté de vivre lʼhumiliation de près. Il est resté dans sa patrie défaite. Quand de Gaulle est parti pour Londres. 

    Qui, honnêtement, est le plus courageux des deux ? Lʼacte le plus courageux nʼétait-il pas de vivre à lʼintérieur de son pays, en dépit de lʼOccupation ? Ne consistait-il pas à se ranger du côté de ce régime nouveau qui sʼefforçait de maintenir la grandeur de la France ? En réalité Maurras fit preuve de bravoure patriotique. Il aurait pu se réfugier à lʼétranger. 

    Cependant pour Winock lʼÉtat français du Maréchal Pétain est à vouer aux gémonies car il manifestait une hostilité sans pareille contre « les Juifs, les francs-maçons, les communistes et les gaullistes ». Lʼhostilité en soi nʼest pas un crime, comme en attestent les campagnes actuelles qui sʼen prennent aux supposés « conspirationnistes », accusés de « semer la haine » sur internet. 

    blog -pacte gernano-sovietique-Staline-Ribentrop-23 aout 1939.jpgLes communistes avaient bien pactisé avec lʼAllemagne nazie, lors du pacte Ribbentrop-Molotov, qui fut approuvé par le P.C.F. en septembre 1939. Au sujet des Juifs, Winock a-t-il oublié que Pétain avait parmi ses conseillers Emmanuel Berl, lʼinventeur de la célèbre formule « La terre ne ment pas », qui était de confession juive ? Enfin, reprocher à Vichy d’être dirigé contre les gaullistes relève pour le moins dʼune appréciation téléologique. Cʼest faire de lʼhistoire « rétrospective ». À lʼépoque nul ne pouvait présager de lʼimportance à venir de la personne du Général de Gaulle. Il était combattu en tant que sous-fifre des Britanniques. Pour Pétain et les ronds-de-cuir de lʼÉtat français siégeant à Vichy, il nʼétait quʼun point de détail, un pion au sein de lʼappareil militaire du Royaume-Uni, un officier parmi dʼautres de Sa Majesté. Rien de plus. 

    5.jpgOn a presque, en outre, lʼimpression que pour Winock Hitler et Pétain sont interchangeables. Ce quʼil est capital de rappeler, cʼest que ce dernier reçut son pouvoir non dʼHitler mais de la chambre des députés élue en 1936 – celle du Front populaire (photo) –. Le Maréchal dut assumer un rapport de force qui lui avait été imposé. Il nʼétait pas le responsable de la défaite. En aucun cas il nʼétait le thuriféraire dʼHitler. De même que Maurras, il percevait la défaite comme une terrible humiliation. Mais ce nʼest pas pour autant quʼil envisagea de partir au loin afin dʼéchapper aux épreuves auxquelles faisait face sa chère nation. Pétain comme Maurras ont agi en patriotes. 

    XVM8a31eda0-c178-11e8-ad1e-60c1e544ba7a-300x200.jpgCe quʼil y a, pour finir, de plus surprenant dans lʼarticle de Michel Winock, cʼest quʼil accuse Maurras de faire preuve de pacifisme. Empêtré par un discours qui fleure bon lʼanti-maurrassisme primaire, Winock se révèle en creux « polémophile », littéralement qui aime la guerre, cʼest-à-dire apologète de la guerre en tant que telle. Oui, Maurras eut raison de mettre en une de son journal Action française, après les accords de Munich (photo), « à bas la guerre ». Oui, la guerre, lʼacte politique le plus extrême et radical, est un fléau, l’ultima ratio, que lʼon ait à combattre Staline, Hitler, Nasser, Bachar al-Assad, Daech ou le roi dʼAngleterre. 

    Paradoxalement, Winock, en justifiant quʼon puisse trouver de bonnes raisons de faire la guerre (en se référant à 1939 il légitime la moins justifiable des guerres, la guerre offensive), se positionne sur la même ligne que Hitler, qui, sʼappuyant sur les théorèmes méphistophéliques du darwinisme social, lʼexaltait. À force de se vouloir lʼopposant diamétral de Maurras, Winock en à arrive à épouser le bellicisme hitlérien, nous priant de croire avec lui quʼil y aurait dans une guerre que l’on avait toutes chances de perdre quelque vertu. 

    Et lʼingénu de se dire distraitement quʼil est décisif de savoir prendre sa retraite au moment opportun, une fois carrière accomplie. Car un historien nʼest pas comme le vin, il ne se bonifie pas forcément avec lʼâge. (FIN)  

    A lire de Rémi Hugues Mai 68 contre lui-même ...
    (Cliquer sur l'image)

    Couverture_livreM68.png

  • Rétrospective : 2018 année Maurras [4]

    1914, l'Union Sacrée

    Par Rémi Hugues

    saint_augustin visuel.jpgAu moment où s'achève l'année du cent-cinquantenaire de Charles Maurras, Rémi Hugues nous propose une série de quatre articles - à venir les jours suivants, « Rétrospective : 2018 année Maurras »Notre collaborateur et confrère y évoque différents aspects ou moments importants de la vie et l'oeuvre de Charles Maurras à travers les écrits fort contestables de Michel Winock, l'un des historiens organiques de la République française du XXIe siècle, « une figure dʼautorité. » Bonne lecture !  LFAR    

    Photo.png

    In Winock veritas ?

    Concernant la pensée de Charles Maurras il sʼagirait plutôt de la qualifier de « judéocritique », ou si lʼon veut être « winockien » dʼanti-judaïque, cʼest-à-dire que sa pensée sʼefforce de réfuter rationnellement un système de valeurs ; quʼelle repose sur des considérations dʼordre théologico-politique au lieu dʼêtre fondée sur le racial ; quʼelle réfute non lʼessence des Juifs mais la conscience juive, bien quʼil existât des nuances à lʼintérieur de celle-ci, il suffit de se rappeler les confrontations violentes qui opposèrent, dans lʼEurope centrale et orientale des XVIe et XVIIe siècles, les sabbato-franckistes (qui donnèrent par la suite naissance aux Haskalah) au rabbinat régissant les shttetel du Yiddishland et les kehalim de lʼEmpire russe. 

    On retrouve ce primat accordé au prisme racial chez lʼhistorien libéral Augustin Thierry, qui voyait dans la Révolution française une revanche de la race gallo-romaine sur la race franque qui lʼaurait asservie à partir du baptême de Clovis. 

    Indéniablement, en réduisant la personne de Maurras en un chantre coupable de lʼantisémitisme dʼÉtat que connut lʼEurope à partir du deuxième tiers du XXe siècle, Michel Winock fait état de ses obsessions. Ça crève les yeux : il éprouve une passion pour la Seconde Guerre mondiale. Il le fait ressentir pratiquement à chaque ligne. Il se sert de cette période pour tenter de convaincre son lecteur quʼil est un devoir sacré dʼêtre anti-Maurras. Car le vrai anti-Maurras, ce nʼest pas de Gaulle, cʼest Winock. 

    Lʼhistorien cherche à le pousser dans ses retranchements. Pourquoi pas ? Cʼest de bonne guerre. Cʼest même ce quʼil y a de plus sain. Rien nʼest plus légitime que dʼessayer de mettre Maurras devant ses contradictions. Même dans les rangs de lʼAction Française il nʼest point lʼobjet dʼidolâtrie. Critiquer Maurras ne relève en rien du blasphème, du crime de lèse-majesté. 

    Le plus affligeant cʼest que Winock, aveuglé par ses passions, nʼest pas en mesure de disposer de suffisamment de facultés cognitives pour élaborer une critique pertinente de Maurras, une critique « interne », dans le sens où seule une critique interne est performative car elle sʼappuie non pas sur un jugement de valeurs mais sur la mise en évidence dʼun dysfonctionnement de la logique interne dʼun raisonnement. La critique, « externe », développée par Winock contre Maurras reste par conséquent inefficace, superficielle, et finalement vaine. 

    CCQn2bRWAAE78_w.jpgCar il est évidemment possible de dire que chez Maurras il y eut des erreurs qui ont été commises, par exemple en sʼattachant à évaluer lʼadéquation entre ses intentions et ses actes. Lui lʼanti-républicain rabique nʼa-t-il pas rallié la République ? Ne lʼa-t-il pas rejointe durant lʼété 1914 ? Nʼa-t-il pas fait partie de lʼUnion Sacrée, cette vaste coalition de partis politiques majoritairement républicains, qui en appela à la mobilisation générale pour le salut de la Patrie républicaine, face à une Allemagne ambitieuse et conquérante ? Au nom du « compromis nationaliste » nʼa-t-il pas trahi ses convictions les plus profondes ? Nʼa-t-il pas pactisé avec lʼennemi républicain, nʼa-t-il pas légitimé que fussent envoyés au casse-pipe ces paysans, ces ouvriers, ces artisans, ces commerçants, cette force vive de la Nation France ? Ce sont des questions qui méritent étude et réponses. 

    Mais comme Winock estime que seule la Deuxième Guerre mondiale est digne dʼintérêt, il se cantonne à celle-ci, au détriment de la « Grande Guerre », qui pourtant fut dʼune importance déterminante. Quand on substitue à la raison la morale, lʼon risque dʼaccroître lʼindigence de son propos[1]. 

    640_louis-ferdinand_celinegettyimages-109885482.jpgLe raisonnement de Winock ressemble plus à celui dʼun « prêtre rouge » quʼà un clerc guidé par les seules lumières de la science. Un prêtre qui, contrairement au curé exhortant ses fidèles à pratiquer lʼamour plutôt que la guerre, tend à justifier le bellicisme. Il reproche ainsi à Maurras dʼavoir voulu éviter à tout prix la guerre lorsquʼil écrit que « Maurras et les siens sʼemploient à expliquer quʼil faut éviter la guerre, parce que ce sont les Juifs et les communistes qui la veulent, pour prendre le pouvoir ». Cʼest peu ou prou une thèse partagée par Louis-Ferdinand Céline dans sa satire, publiée dans les années 1930, Bagatelles pour un massacre. Thèse condamnable sʼil en est pour les beaux esprits de la « rien-pensance ». 

    ob_9f4941_donald-trump-and-jerusalem-888658.jpgUn dynamisme dialectique caractérise les effets des deux Guerres mondiales : triomphe du cosmopolitisme, dʼune part, avec la création de la Société des Nations après la 1ère, puis lʼOrganisation des Nations unies après la 2ème et cristallisation politique du sionisme dʼautre part, avec la déclaration Balfour (1917) et la naissance de lʼÉtat dʼIsraël (1948). Cosmopolitisme et sionisme vont de pair : ils signifient, en bout de course, lʼavènement de Jérusalem comme capitale dʼun monde réuni autour dʼun gouvernement unique. Jérusalem, Sion, comme « cosmo-polis », « ville-monde ». (A suivre)  

    [1]  Comme le souligne le marxiste « orthodoxe » Karl Kautsky, dans Éthique et conception matérialiste de lʼhistoire (1906), « dans la science, lʼidéal moral devient une source dʼerreurs, sʼil se permet de lui prescrire ses fins », cité par Lucien Goldmann, Recherches dialectiques, Paris, Gallimard, 1959, p. 286.
    A lire de Rémi Hugues Mai 68 contre lui-même ...
    (Cliquer sur l'image)

    Couverture_livreM68.png

  • Rétrospective : 2018 année Maurras [3]

    Dédicace de Charles de Gaulle à Charles Marras pour son livre La discorde chez l'ennemi

    Par Rémi Hugues

    saint_augustin visuel.jpgAu moment où s'achève l'année du cent-cinquantenaire de Charles Maurras, Rémi Hugues nous propose une série de quatre articles - à venir les jours suivants, « Rétrospective : 2018 année Maurras »Notre collaborateur et confrère y évoque différents aspects ou moments importants de la vie et l'oeuvre de Charles Maurras à travers les écrits fort contestables de Michel Winock, l'un des historiens organiques de la République française du XXIe siècle, « une figure dʼautorité. » Bonne lecture !  LFAR    

    Photo.png

    In Winock veritas ?

    De la subtilité, Winock en manque cruellement lorsquʼil va jusquʼà défendre la position selon laquelle de Gaulle était lʼ « anti-Maurras », quʼil était « aux antipodes de Maurras ». Il est indiscutable que lʼidiosyncrasie gaullienne était imprégnée de lʼesprit de Maurras. Il faudrait que Winock réécoute sa conférence de presse du 27 novembre 1967, largement consacrée à lʼactualité internationale, aux États-Unis et à Israël notamment. Certes, de Gaulle était un maurrassien critique, de raison, pas un maurrassien béat. 

    En vérité lʼ « intelloʼ de Martigues » avait imprimé sa marque dans lʼâme jeune du natif de Lille. La socialisation politique primaire de De Gaulle sʼétait faite sous le signe de Maurras : son père, « Henri, lisait LʼAction française […]. Il était royaliste de cœur, et le jeune Charles a été éduqué dans un milieu habité par la nostalgie de la royauté. » 

    hqdefault.jpgEt pour preuve : de Gaulle a parfaitement retenu la leçon de son maître à penser à propos des quatre états confédérés quand il dit à Alain Peyrfefitte que la franc-maçonnerie fait office de quatrième colonne, un parti de lʼétranger, inféodé à la perfide Albion : « Sénat, Club Jean-Moulin, francs-maçons, tout se tient. Ces gens-là cherchent à me mettre des sabots aux pieds. On mʼassure que la moitié des sénateurs, de la gauche à la droite, sont franc-maçons. On mʼen dit autant des magistrats, quʼils soient du siège ou du parquet. Ça expliquerait bien des choses. Ces gens-là nʼaiment pas la France, ils préfèrent les Anglo-Saxons. »[1] On dirait du Maurras dans le texte. 

    Négateur du réel, Winock préfère voir en de Gaulle un épigone de Charles Péguy, un grand littérateur nʼayant en revanche jamais développé une doctrine politique cohérente sʼarticulant autour de concepts originaux, structurants et fondamentaux, à la différence de la pensée de Maurras, dont la dichotomie pays légal / pays réel, par exemple, est encore utilisée aujourdʼhui, notamment par les publicistes de la presse écrite ou même de la radio et de la télévision. Est-il quelquʼun qui a retenu une quelconque doctrine politique de Péguy, lui qui commença socialiste avant de se tourner vers le catholicisme ? Péguy ne s’est jamais voulu et nʼa jamais été à la tête dʼune organisation politique. 

    2784291594.jpgLʼanalyse de Winock révèle ici ses limites : il montre quʼil nʼa guère compris que le politique est dʼabord une somme dʼinteractions sociales, de relations humaines (quʼelles soient dʼamitié ou dʼinimitié[2]), soit quelque chose de bassement concret, avant dʼêtre des idées abstraites empilées dans des livres. Faire de De Gaulle lʼépigone de Péguy (photo) pour l’opposer à Maurras, quelle ineptie ! Plus énorme encore est celle dʼériger de Gaulle en anti-Maurras ; par ce truchement Winock réhabilite la formule maurrassienne très controversée dʼ « anti-France ». Sʼil est valide du point de vue épistémologique de se servir du préfixe « anti » pour exprimer une opposition radicale, pourquoi le serait-il pour Maurras et ne le serait-il pas pour la France ? 

    Ce manque de rigueur sémantique est le trait marquant de lʼarticle de Winock. Il utilise, si lʼon peut dire, des mots sans en mesurer le poids. Jetant aux orties Aristote qui signale que si « on ne posait de limite et quʼon prétendît quʼil y eût une infinité de significations, il est manifeste quʼil ne pourrait y avoir aucun logos. En effet, ne pas signifier une chose unique, cʼest ne rien signifier du tout », il sʼaffranchit du respect du sens strict des mots. 

    Prenons celui dʼantisémitisme. Maurras est victime de la présomption de culpabilité dʼen être un. Pour Winock, cʼest un fait avéré. On est dans lʼordre du préjugé : nul besoin de chercher à le démontrer. Lʼhistoire a tranché : Maurras est à bannir car il a rejoint le rang des antisémites notoires. 

    17639964-22082748.jpgOr cʼest mal connaître la généalogie de la question juive. Lʼantisémitisme présuppose lʼexistence de races distinctes, ce qui dans la modernité, comme le souligne Hannah Arendt (photo) dans le passage qui suit, a été introduit par des Juifs. 

    « Cʼest alors que, sans aucune intervention extérieure, les Juifs commencèrent à penser que ʽʽce qui séparait les Juifs des nations nʼétait pas fondamentalement une divergence en matière de croyance et de foi, mais une différence de nature profondeʼʼ, et que lʼancienne dichotomie entre Juifs et non-Juifs était ʽʽplus probablement dʼorigine raciale que doctrinaleʼʼ. Ce changement dʼoptique, cette vision nouvelle du caractère étranger du peuple juif, qui devait se généraliser chez les non-Juifs que beaucoup plus tard, à lʼépoque des Lumières, apparaît clairement comme la condition sine qua non de lʼapparition de lʼantisémitisme. Il est important de noter que cette notion sʼest formée dʼabord dans la réflexion des Juifs sur eux-mêmes, et à peu près au moment où la Chrétienté européenne éclata en groupes ethniques qui accéderont plus tard à lʼexistence politique dans le système des États-nations modernes. »[3] 

    Augustine_Confessiones.jpgSe situant à extrême distance de ces Juifs qui théorisèrent la diversité raciale du genre humain, du racialisme en somme qui, dʼaprès Hannah Arendt est une invention juive, Maurras, ce fidèle de lʼÉglise de Rome en vertu non de la foi mais de la raison, entendait rester fidèle à lʼesprit de lʼépître aux Galates de saint Paul qui continuait la parabole christique du Bon Samaritain. 

    Maurras n’entend pas remettre en cause lʼuniversalité, lʼunité radicale de lʼhumanité, telle quʼexprimée par saint Augustin de la manière suivante : « Quel que soit lʼendroit où naît un homme, cʼest-à-dire un être raisonnable et mortel, sʼil possède un corps étrange pour nos sens, par sa forme, sa couleur, ses mouvements, sa voix, quels que soient la force, les éléments et les qualités de sa nature, aucun fidèle ne doit douter quʼil tire son origine du seul premier homme[4] ». (A suivre)  

    [1]  Alain Peyrefitte, Cʼétait de Gaulle, II, Éditions de Fallois / Fayard, 1997, p. 111.
    [2]  Carl Schmitt, dans La notion de politique, avance que la syzygie, autrement dit lʼappariement du couple dʼopposés ami / ennemi est au politique ce que les dichotomies vrai / faux, bien / mal, beau / laid et utile / nuisible sont respectivement à la science, à la morale, à lʼart, et à lʼéconomie.
    [3]  Hannah Arendt, Sur lʼantisémitisme. Les origines du totalitarisme, Paris, Gallimard, 2002, p. 8-9.
    [4]  Saint Augustin, La Cité de Dieu,  II, Paris, Gallimard, 2000, p. 661. 
    A lire de Rémi Hugues Mai 68 contre lui-même ...
    (Cliquer sur l'image)

    Couverture_livreM68.png

  • Maurras en son actualité

     

    Par Axel Tisserand
    2293089609.14.jpgCet article comme les précédents publiés hier jeudi est préparatoire à notre colloque Charles Maurras, l'homme de la politique, qui se tiendra à Marseille samedi 21 avril [voir plus loin].   LFAR

     

    3168848799.jpg

    Il est toujours l’ennemi numéro 1. C’est qu’« ils » savent ou discernent fort bien qu’il est différent des autres. Qu’un Askolovitch s’en prenne à lui dans Le Nouveau Magazine littéraire avec une telle violence révèle, en fait, le refus d’affronter la force de l’intelligence. C’est une défaite de leur pensée à eux et la revanche de Maurras. Au fond, ils ne font que prouver qu’il est plus actuel que jamais. 

    Organisant en 2012 un colloque pour le soixantième anniversaire de sa mort, je soulignais : « L’aversion à l’égard de Maurras est inversement proportionnelle à son éloignement historique. Plus il devient une figure de l’histoire, plus il est honni. Nous sommes passés d’une condamnation de sa doctrine à une damnation de tout ce qu’il représente… ou plutôt de tout ce qu’on lui fait endosser, de ce à quoi on le réduit », en l’occurrence l’antisémitisme. « La pensée de Maurras exprime les ténèbres d’un temps révolu, que les Lumières ont dissipées, mais qui n’attendent qu’une occasion pour recouvrir de nouveau le monde.» (Charles Maurras, soixante ans après, sous la direction d’Axel Tisserand, Questions disputées, Pierre Téqui éditeur, 2013).

    Mais pourquoi tant de haine ?

    En 2018, la situation ne s’est pas améliorée, elle s’est même dégradée. Si le 150e anniversaire de la naissance de Maurras, né le 20 avril 1868, ne peut pas être tu, il a déjà suscité des polémiques qui ne font pas honneur à l’Intelligence française. Peut-être est-ce un des signes de la déchristianisation de nos sociétés européennes que le besoin renaissant de boucs émissaires, dont la logique, selon René Girard, avait été démystifiée par le sacrifice du Christ. Peut-être, aussi, est-ce là le sens profond, ignoré de son auteur lui-même, de cette « revanche de Dreyfus », formule par laquelle Maurras avait accueilli son verdict fin janvier 1945 devant la Cour de justice de Lyon, et qui lui fut tant reprochée… Maurras condamné comme Dreyfus ? C’est-à-dire, l’un comme l’autre nullement concerné par l’objet du procès : une trahison aussi nécessaire qu’impossible ? Mais, pour que la logique du bouc émissaire fonctionne, sa diabolisation n’est-elle pas une condition nécessaire ? Si le « mannequin » Maurras, campé en 1945 par un faussaire professionnel, Verdenal, inculpé de vols, faux et usage de faux et sorti de prison à cette fin, continue d’être aussi nécessaire, c’est parce que la figure de Maurras, institué ennemi intellectuel n° 1 de la modernité, permet de concentrer en elle tout ce que celle-ci rejette ou refuse d’assumer.

    Chaque époque a d’ailleurs les intellectuels qu’elle mérite. En 1952, deux jours seulement après sa mort, André Fontaine écrit dans Le Monde :

    « il y a quelque chose d’insultant pour nous dans le fait que cet homme, en qui rien n’était sordide et qui pour lui-même toute sa vie méprisa l’argent, ait passé ses dernières années enfermé au nom de la liberté. […] Devant cette tombe ouverte, devant le corps d’un homme qui, cinquante ans de sa vie, a honoré les lettres et le génie français, ne serait-il plus possible de tenter d’être juste » ?

    « Idiot complotiste », « déjà un vieux débris de son vivant » à la « pensée imbécile » et à « la langue prétentieuse », qu’on peut résumer à du « verbiage » et des « mots viciés » : oui, chaque époque a bien les intellectuels et les journalistes qu’elle mérite. Quelle chute vertigineuse, par rapport à novembre 1952, voire à mai 68, quand Le Monde publie une double page centrale pour le centième anniversaire de la naissance de Maurras ! Claude Askolovitch n’aurait pas alors osé écrire le dixième de ses éructations, peut-être déjà parce qu’il n’aurait pas osé les penser. Mais même alors, de peur de se déconsidérer définitivement auprès de ses pairs, il n’aurait pas laissé libre cours à une haine aussi vulgaire, aussi désinhibée, ni à l’encontre de Maurras, ni à l’encontre de Michel Déon, dans un magazine, de plus, à prétention intellectuelle, Le Nouveau Magazine littéraire, et récidivé, quelques jours plus tard, sur lepoint.fr. Un intellectuel, à l’époque, savait encore penser, voire s’empêcher, pour reprendre un mot cher au père d’Albert Camus. Du reste, signant sans vergogne ces propos, plus imbéciles qu’insultants, tout en osant – c’est un comble ! – dénoncer « l’injure et la haine librement répandues » comme « le reflet de ce qu’étaient Maurras et ses soudards du verbe », il avoue lui-même : « En réalité, on se fout de Maurras ! » et peut-être Jean-Christophe Buisson, qui préface chez Bouquins la réédition, prévue en avril, de textes du Martégal réunis par Martin Motte, lui a fait beaucoup d’honneur en lui répondant également sur lepoint.fr. Nous ne le ferons pas.

    Une haine révélatrice

    Pourquoi ? Parce que ce discours de haine froide revendiquée – « nous osons le haïr », écrit-il à propos de Michel Déon mort – et « librement répandu » dans la presse, en dit plus sur son auteur et tout une f(r)ange de l’intelligence salariée, et serve des tabous imposés par le discours dominant, analysée avec une prescience étonnante par le jeune Maurras de 1905 dans L’Avenir de l’intelligence, que sur Maurras lui-même, qui ne sert plus qu’à incarner, contre les faits, un fascisme qui a perdu en compréhension ce qu’il a gagné en extension, jusqu’à devenir un concept vide. Déjà le quotidien Libération avait servi début février à ses lecteurs le même cocktail de haine et d’amalgame, des universitaires n’hésitant pas à évoquer la mise à l’index républicain des écrivains d’« extrême droite », le « démon » Maurras compris, afin de protéger de leur influence nécessairement brune les intelligences nécessairement fragiles du vulgum pecus. Et avec cela, Askolovitch l’assure, « il n’y a pas d’inquisition démocratique ».

    Photo-14-386x600.jpgC’est vrai qu’Askolovitch ne demande rien de tel. C’est encore trop intellectuel. Il en reste à l’insulte, confirmant, par sa démesure – Déon aurait dû « passe[r] le reste de son âge à s’excuser, à réparer » le fait d’avoir été le secrétaire de Maurras de 1942 à 1944 à Lyon ! –, que l’hybris rend fou ceux qu’elle saisit, comme le savaient les Grecs. Car Askolovitch, comme Créon, est victime de sa propre haine, dans laquelle la raison ne peut plus avoir d’autre part que celle de tourner à vide – c’est la marque du raisonnement paranoïaque que Créon oppose à Antigone puis à son fils Hémon. Maurras, c’est le mal, Déon, secrétaire de Maurras, a été le secrétaire du Mal. Les haïr n’est pas seulement un droit, cela devient un devoir républicain, surtout pour lutter contre l’islamophobie – ne vous demandez pas ce qu’elle vient faire dans cette galère, Askolovitch l’ignore sans doute lui-même. Un regret ? « que le refus des socialistes parisiens [d’une sépulture à Déon] n’ait pas été exprimé politiquement. Il eût fallu dire qu’un fasciste ne pouvait pas reposer en paix ». Du reste, « ils n’ont aucun titre à notre monde, aucun » – la déshumanisation de l’adversaire est une conséquence de sa diabolisation. Quand on sait les mots admirables de Maurras sur Antigone, Vierge-Mère de l’Ordre, « née pour partager l’amour et non la haine », selon les mots de Sophocle, on se dit que la haine de Créon-Askolovitch et la défaite de la pensée qu’elle traduit sont la revanche de Maurras. Même si le tyran de Thèbes n’avait pas mérité un si pitoyable rejeton.

    Au-delà de « la morale », tout simplement le vrai

    Tout ancien étudiant de Boutang se rappelle que celui-ci, chaque année, trouvait l’occasion d’enseigner à ses étudiants que rien n’est plus « abject » – c’était son adjectif – que de faire honte à autrui. Avoir honte, soit, mais faire honte, ce n’est pas seulement voir la paille dans l’œil de son prochain pour mieux ignorer la poutre dans le sien : non, c’est s’instituer juge suprême des élégances morales. Notre époque, par son moralisme poisseux, a remplacé la dispute sur le Vrai et le Faux par celle sur le Bien et le Mal. De ce bushisme mental, « abject » au sens boutangien du mot, puisque la honte serait l’« apanage » des maurrassiens, Askolovitch est un vecteur assumé. On hésite dès lors à associer son nom à celui d’Alain Finkielkraut, vrai penseur, à la scrupuleuse honnêteté intellectuelle. Aussi ne le ferons-nous pas. Même si, en affirmant, dans Causeur de mars, que Maurras, « à la différence de Barrès […] est insauvable », au fond, il participe, lui aussi, à la diabolisation de Maurras, en le réduisant à son antisémitisme, c’est-à-dire à 1 % de sa pensée, ce qui évite d’avoir à lire les 99 % restants – ceux qui intéressaient Bainville, par exemple, qui ne fut jamais antisémite et déclarait tout devoir à Maurras, fors la vie, notamment son rejet radical du racisme. Maurras n’a d’ailleurs pas attendu le revirement de Barrès pour rendre hommage, en 14-18, dans les colonnes de L’Action Française aux morts juifs pour la France, comme le grand rabbin de Lyon, Abraham Bloch, tué à la bataille de la Marne, ou le ligueur d’AF Pierre David, « héros juif d’Action française » mort pour la France le 1er août 1918. Ni pour accueillir comme ligueurs des Juifs auxquels il ne demandait pas de certificat de baptême. Cela ne justifie en rien l’antisémitisme persistant de Maurras. Cela, en revanche, donne à penser qu’on ne décide pas de « sauver », ou non, un penseur au nom d’une lecture partielle, voire partiale, et d’un manichéisme réducteur.

    Maurras n’est pas « le repoussoir providentiel du progressisme mondialisé », dont Askolovitch est d’ailleurs un porte-parole, ou plutôt il ne le paraît qu’en raison de cette défaite de la pensée dont les polémiques de cet hiver sont une illustration particulièrement frappante. Les Français pourront bientôt de nouveau le lire. Et juger par eux-mêmes. Il faudra que « le camp du Bien » s’y fasse !   

    Illustration ci-dessus (dans le texte) : 1936 – Jubilé littéraire de Charles Maurras. 

    Axel Tisserand

    Lire aussi dans Lafautearousseau ...

    Nouvelle « affaire Maurras » : Pour en finir avec le temps où les Français ne s'aimaient pas ...

    Maurras toujours vivant

    Maurras en vérité

  • Action Française - Histoire • Marseille 25 octobre 1968 : Pierre Debray et Gustave Thibon parlent de Maurras pour son ce

    Gustave Thibon et Pierre Debray

     

    2293089609.14.jpgNous sommes en Provence, en 1968. L'on y commémore le centenaire de Maurras .

    D'abord à Martigues, Chemin de Paradis, sous la conduite de Jacques et Nicole Maurras. De multiples autorités y participent, différentes institutions sont parties prenantes, dont l'Académie française.  

    A Marseille, le 25 octobre 1968, c'est une évocation de Maurras plus militante qui est organisée. Une réunion se tient au Château des Fleurs à l'initiative de l'Union Royaliste Provençale, c'est à dire de l'Action française en Provence, que préside Pierre Chauvet. Les deux orateurs sont Pierre Debray et Gustave Thibon. Le premier apporte à l'école d'Action française de l'époque ses analyses des évolutions de la France contemporaine. Elles actualisent et prolongent la pensée de Maurras. C'est l'une des premières fois où Thibon participe à une manifestation de l'Union Royaliste Provençale. Il devait y prononcer par la suite chaque année de nombreuses conférences et prendre la parole pendant plus de vingt ans au Rassemblement Royaliste de Montmajour puis des Baux de Provence.     

    Le Méridional est alors l'un des deux grands quotidiens régionaux. L'Action Française y a des amis. Le compte-rendu qui suit paru dans Le Méridional est signé de Robert Oberdorff, l'un d'entre eux, le plus proche ...  Document d'histoire de notre mouvement.  LFAR  

     

    debray thibon - Copie (3).jpgGustave Thibon et Pierre Debray ont parlé de «  Maurras toujours présent » 

    Il y avait grand monde au « Château des Fleurs » pour entendre Gustave Thibon et Pierre Debray parler de « Maurras toujours présent », à l'invitation de la section marseil­laise de la Restauration natio­nale. placée, comme on le sait. dans la droite ligne de l'Ac­tion française.

    Après l'entrée en matière de M. Pierre Chauvet, président de l'Union royaliste provençale, heureux de souligner la présence d'une nombreuse jeunesse enthousias­te, Gustave Thibon évoqua le Maurras religieux et poète, cet « éternel blessé du mystère et de la divinité », dont il eut le bonheur immérité d'être l'ami.

     « Avant tout, Maurras était un poète et c'est en poète qu'il s'est jeté à la défense du rem­part par amour de la cathédrale. On l'a dit insensible. Rien ne fut plus faux. N'est-ce pas Maurras qui a dit de l'insensibilité qu'elle était mère des déraisons ? En fait, démontra Gustave Thibon, Maur­ras, « l'homme de la mesure, fut tout le contraire des utopistes idéalistes, des fanatiques de la raison ». Et de conclure, au terme d'un propos cons­tamment émaillé d'abondantes citations ne mémoire : « L'œuvre de Maurras est un témoignage  qui affecte l'homme éternel. Maurras reste un guide pour la jeunesse. Il ap­porte aux jeunes des valeurs qui ne meurent pas et un idéal transcendant leur permettant de rester jeunes toute la vie.

    Les lois du réel

    Apres le philosophe, volon­tiers humoriste, vint le doc­trinaire royaliste en la person­ne de Pierre Debray, journa­liste à l'hebdomadaire « As­pects de la France », qui traita du Maurras politique.

    Gus­tave Thihon s'était élevé con­tre « un certain silence », Pierre Debray proteste con­tre « un certain mensonge » ... On a défiguré totalement l'œuvre et la pensée de Maurras. On a voulu les figer. Rien n'est plus inexact. « Maurras n'a pas trouvé du premier coup sa foi et n'a pas attendu Marcuse ou Cohn-Bendit pour saisir toute la tragédie de la société de consommation »... « S'il a forgé une méthode, l'empirisme organisateur l'a mené au nationalisme intégral ; s'il a construit une si vaste synthèse, c'est parce qu'il a retrouvé les lois du réel, abolit tout présupposé, tout préjugé et a su regarder les choses comme elles étaient. »

    !I a compris que « les peu­ples ne se ressemblaient pas ». Et au bout de ce cheminement, lui qui un temps fut nihiliste, s'est découvert « fils d'un sol, fils d'un peuple », dont la monarchie lui a semblé être le système naturel. C'est pour­quoi le génial fils de Marti­gues, né voici cent ans dans sa Provence bien-aimée, s'est fait royaliste, mais pas roya­liste figé, car « les corps vi­vants se transformant sans cesse dans la continuité », il fut et s’en fit une gloire, « à la fois un homme de conserva­tion et de progrès ».  

    Robert OBERDORFF

    Illustration dans le texte, Le Méridional

    Les deux photos :

    De gauche à droite : MM. Gustave Thibon, Pierre Chauvet, Pierre Debray. 

    Une vue de l'assistance.

  • Histoire & Actualité • Un dossier détonnant Spécial Mai 68 : Retrouvez l'étude de Rémi Hugues pour Lafautearousseau [32

    Aspects de la France, couverture en mai 68, numéro spécial   

     

    2293089609.14.jpgRémy Hugues a rédigé pour les lecteurs de Lafautearousdeau une série d'articles sur Mai 68 dont on commémore partout les cinquante ans.  

    Ces articles sont parus tous les jours de mai et le dernier hier, 1er juin. Ils composent un dossier qui reste intégralement consultable sur le blog. [lien ci-dessous]. 

    1573814046.pngRémi Hugues est beaucoup trop jeune pour avoir vécu Mai 68. Il en traite d'un regard neuf, extérieur, mais documenté et érudit. Avec le recul qui met en lumière les causes profondes et les forces principales plus ou moins dissimulées qui ont produit la révolution de Mai. Dont ceux qui ont été spectateurs ou acteurs dans le camp d'en face - dont nous, à l'Action Française qui avons été alors très actifs - ne furent pas nécessairement conscients. En ce sens, le dossier que Rémi Hugues a réuni vaut à la fois rappel des faits et découverte de ce qui avait pu passer inaperçu de plus ou moins essentiel dans le feu de l'action.

    Rémi Hugues publie Mai 68 contre lui-même.  Nos lecteurs que le sujet intéresse ne manqueront pas de commander cet ouvrage. 

    Retrouvez les articles de cette série en cliquant sur le lien suivant ... 

    1105196841.jpg

    Dossier spécial Mai 68

    L'ouvrage de Rémi Hugues ...

    (Cliquer sur l'image)

    Couverture_livreM68.png

  • Vive Maurras !

    XVM6ccf6ac0-0414-11e8-b81b-18ee966ba3e1.jpg

    La milice de la pensée aura donc eu rapidement gain de cause : Mme Nyssen, ministre de la culture, n’écoutant que son courage, a retiré Maurras du Livre des commémorations nationales de 2018 à peine la polémique a-t-elle commencé à gonfler. 

    La France ne célébrera donc pas officiellement un de ses plus grands écrivains et philosophes politiques. Ne lui en déplaise, Mme Nyssen vient au moins de confirmer une thèse de Maurras : l’incapacité du pays légal à se réformer en sortant de ses ornières. Par cette mesure, il cherche simplement à priver le pays réel de la redécouverte d’un penseur et d’un acteur majeurs de la France du XXe siècle, que toute l’intelligence de l’époque a célébré : Proust, Apollinaire, Cocteau, Kessel, Malraux, De Gaulle ou même Lacan.

    Mais Mme Nyssen a préféré écouter les voix du politiquement correct, de l’antiracisme subventionné et de la libre pensée plutôt que celle de la pensée libre. De l’ancien Premier ministre Manuel Valls, allié pour ce mauvais coup au député de la France I’ “islamo-gauchiste” Alexis Corbière, aux inévitables chiens de garde de SOS Racisme et de la LICRA ou à Frédéric Potier, Délégué interministériel à la Lutte contre le racisme, l’antisémitisme et les haines anti-LGBT (cela ne s’invente pas), le chœur des pleureuses a obtenu du Gouvernement une censure qui n’a qu’un objectif : mutiler la mémoire nationale de celui qui voyait dans le racisme son “plus vieil ennemi intellectuel” ou déclarait en 1934 : « Je le répète : il n’y a pas de plus grand danger national que l’hitlérisme et le soviétisme. À égalité ! Et ces égaux-là sont faits pour s’entendre. La carte le confirme. L’avenir le vérifiera. »

    Parce qu’en macronie on ne fait pas les choses à moitié, Mme Nyssen a également convoqué, comme un magistrat des primo-délinquants pour un rappel à la loi, les membres du Haut-comité qui a présidé au Livre des commémorations, parmi lesquels l’académicienne Danièle Sallenave et les historiens Jean-Noël Jeanneney et Pascal Ory. Iront-ils à repentance ?

    Qu’importe, au fond. Grâce aux censeurs, l’année Maurras est désormais lancée. Et l’Action française peut d’ores et déjà annoncer qu’entre rééditions chez de grands éditeurs, publications et colloques, elle sera riche.  

    Communiqué du Centre Royaliste d'Action Française

  • Et nous, que faisions-nous cette année-là ? Brève histoire des royalistes d'Action Française en Mai 68

    Aspects de la France, couverture, numéro spécial en mai 68

     

    Par Jean-Philippe Chauvin

     

    1262631406.jpg

    Lorsque Mai 68 éclate, les monarchistes d’AF ont, depuis quelques années, retrouvé quelques couleurs au Quartier latin et ailleurs, même si la défaite de « l’Algérie française » dans laquelle le mouvement maurrassien s’est énormément investi n’a pas encore été totalement digérée.

    Les étudiants d’AF disposent d’un mensuel, AF-Université (appelé plus communément AFU), qui répercute leurs campagnes tandis qu’ Aspects de la France, l’hebdomadaire d’Action Française, ronronne un peu, malgré les analyses originales et novatrices de Pierre Debray et l’arrivée de nouvelles et jeunes plumes, comme celle de Gérard Leclerc.

    A Nanterre, Patrice Sicard, militant bien connu du mouvement monarchiste, suit la montée en puissance de l’agitation et d’un certain Cohn-Bendit qui, d’ailleurs, s’en prend nommément à lui en l’accusant (à tort) d’être complice des bombardements américains au Nord-Vietnam et d’être le responsable des étudiants d’AF…

    cohn.jpgLorsque le Quartier latin s’embrase, les royalistes ne restent pas inactifs, même si leurs marges de manœuvre sont plutôt étroites, coincés entre le pouvoir gaulliste et les contestataires, anarchistes ou gauchistes de toutes tendances… A partir du 13 mai, ils organisent des manifestations quotidiennes « contre la subversion » sur les Champs Elysées et dans le quartier de l’Opéra, et ce jusqu’au 20 mai. Durant ces manifestations, préparées dans les locaux d’Aspects de la France (rue Croix-des-petits-champs, à Paris 1er), les jeunes monarchistes, s’ils brandissent des calicots surtout anticommunistes, développent des arguments un peu différents de ceux de leurs aînés, arguments plus « avancés » et très critiques à l’égard de la Société de consommation, déjà dénoncée par leur « maître spirituel » Pierre Debray. Les affrontements avec le groupe d’extrême-droite et européiste « Occident », qui se joint au bout de quelques jours aux manifestations « contre-révolutionnaires » menées par l’AF, sont parfois violents et montrent clairement la dichotomie entre les stratégies et les idées des deux mouvements, même si quelques ententes fort temporaires peuvent se faire dans quelques facultés. Mais les deux mégaphones de ces manifestations parisiennes restent la propriété de l’AF, tenus solidement par Yvan Aumont et un autre jeune militant, parfois Gérard Leclerc qui harangue ses camarades sur le pavé parisien en vantant le « socialisme de Maurras », socialisme pris dans son sens véritable et non pas idéologique. Contre Marx, Maurras !

    Après cette semaine de manifestations, passées malheureusement inaperçues au regard des événements du Quartier latin, les jeunes royalistes retournent dans leurs facultés et lycées, et présentent les idées monarchistes et maurrassiennes à leurs camarades de classe ou d’amphi, malgré les pressions et les provocations gauchistes ou maoïstes. Ainsi, au lycée Berlioz où c’est Patrice Bertin (futur directeur de l’information à « France inter »…) qui organise la « riposte d’AF » en plaçant 5 militants royalistes dans un comité de grève qui compte 11 membres ; ainsi, à la fac de Droit d’Assas où Patrice Sicard tient avec ses amis un stand qui, comme à Sciences-Po, présente un grand portrait de Maurras face à ceux de Lénine et Mao, ce qui fait enrager les gaullistes comme le rapporte un de ceux-ci dans un livre publié ce printemps 2018 ; ainsi, à la Sorbonne, où Pierre Debray présente lui aussi dans un amphi surchauffé les analyses d’AF ; etc. 

    mao maurras.jpgDans le même temps, la presse monarchiste d’AF poursuit sa parution, dans des conditions parfois épiques, et multiplie sa diffusion qui atteint en quelques jours des dizaines de milliers d’exemplaires, assurant une nouvelle visibilité près de publics nouveaux, mais qui laissent là encore, au regard des violences et des tendances et idées dominantes, peu de traces dans la mémoire collective, comme le prouvent les multiples publications récentes, articles ou livres, consacrées à Mai 68 et à ses acteurs.

    Néanmoins et malgré le fait que les royalistes ne soient pas à l’origine des événements, lorsque le mois de Mai s’achèvera, l’AF aura su tirer parti et profit de son expérience et de sa présence en des terrains difficiles, et son université d’été, le Camp Maxime Real del Sarte, annoncera environ 180 participants en juillet 1968, un record jamais égalé depuis. Ce « printemps royaliste », qui fleurit à l’ombre de Mai 68, n’aura pourtant qu’une brève floraison, avant un hiver long qui n’est pas encore totalement passé…   •

    Le blog de Jean-Philippe Chauvin

  • Grandes ”Une” de L'Action française : Charles Maurras élu à l'Académie française...

    (retrouvez notre sélection de "Une" dans notre Catégorie "Grandes "Une" de L'Action française")

    Voici le lien donnant accès au numéro du vendredi 10 juin 1938 :

    https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k767090w

     

    lfar espace.jpg

     

    (tiré de notre Éphéméride du 8 juin)

     

     

    1939 : Charles Maurras est reçu à l'Académie Française par Henry Bordeaux
     
     
    Il y avait été élu le 9 juin 1938.
     
    Il occupa le 16ème fauteuil, celui de Richelieu qu'occuperont après lui le Duc de Lévis Mirepoix, Léopold Sédar Senghor et Valéry Giscard d'Estaing...
     
    maurras academie.jpg
     
    Ci dessus, Charles Maurras en costume d'Académicien (Archives de l'Académie) et, ci dessous, Charles Maurras prononçant son discours (du site Maurras.net)
     
     
    8 juin,descartes,discours de la méthode,louis xvi,louis xvii,marie-antoinette,robespierre,pol pot,hitler,convention,la varende,rois martyrs,maurras
     
     
     
    et
     
     
    À Marseille, on a dignement fêté l'évènement :
     

    1A.png

     
     Dans notre Catégorie Documents pour servir à une histoire de l'URP, le troisième document relate la visite effectuée chez Charles Maurras, dans sa bastide du Chemin de Paradis, à Martigues, lors d'un des deux Camps de Capty, en 1978 et 1979 :
     

                               3. Au Camp de Capty, en 78 et 79 (2/2)...

                                 (suite et fin de la semaine précédente : )

     

    12.jpg

    J'avais prévenu Veziano, alors le gardien de la Maison (qui avait succédé à "l'historique" Vázquez), et celui-ci nous avait sorti le costume d'Académicien : sur la photo ci-dessus, nous sommes dans la chambre de Maurras, vous voyez au mur le bicorne et l'habit, le pantalon était posé à plat sur le lit; et je montre au groupe l'épée d'Académicien de Maurras...

    Pour ma part, originaire de Martigues par mon père (c'est à Martigues que reposent mes parents, dans notre caveau familial du cimetière Saint Joseph, à deux pas de la Maison de Maurras), je m'étais déjà rendu un très grand nombre de fois "chez Charles", comme disait mon grand-père Émile, l'un des neuf fondateurs de la section d'Action française de Martigues, dans les années 1910; mais pour ceux qui n'y étaient jamais venu (comme plusieurs des Bretons) ce fut un vrai moment de grande émotion que de voir cet habit, même si, bien sûr, personne ne s'est permis le moindre geste déplacé : quelques mains ont juste effleuré le pantalon, sur le lit, ou l'habit et le bicorne, sur le mur, pour en apprécier la beauté et la finesse du tissus, et la remarque générale fut celle - mais c'était connu - de la taille modeste de Maurras (physiquement s'entend !...)

    Bien sûr, visite intégrale du Jardin "qui s'est souvenu", de la Maison et tout et tout... et même de l'essentiel de la ville ! Bon moment, belle journée...

     

    Quelques mots sur l'épée de Maurras...

    L'épée d'académicien (détail)

    L'épée d'académicien (détail)

    Elle a été fabriquée, comme celle de Bainville, par Mellerio dits Meller, le plus ancien joaillier du monde.
    Charles Maurras a été élu à l’Académie française le 9 juin 1938.
    Financée par une souscription nationale, son épée lui fut offerte le 4 mars 1939, salle Wagram, par Charles Trochu, président du conseil municipal de Paris.
    Conçue par Maxime Real del Sarte, sa poignée représente Sainte Geneviève protégeant de ses mains un écu fleur de lysé posé à la proue d’une nef d’où se détache le chapiteau de pierre dit « bucrâne » qui orne la terrasse de la maison du Chemin de Paradis.
    Les vagues évoquent la vocation de marin à laquelle Charles Maurras dut renoncer à cause de sa surdité ; elles battent contre un mur de pierres surmonté de « merlons », semblables à ceux du mur grec de Saint Blaise, site archéologique proche de Martigues qui inspira profondément Maurras.
    La bastide du Chemin de Paradis, maison de famille de Charles Maurras, gardée par deux cyprès d’émeraudes, est encadrée par les armes de Provence et de Martigues, et surmontée d’un ciel où brille une Grande Ourse de diamants.
    Sur le revers se trouve le château de Versailles, flanqué des armes de France et de Versailles, et surmonté du bouclier d’Orion.
    Le fourreau de l’épée se termine par une petite amphore grecque.

    Cette épée fut remise le mercredi 19 février 2020 à l'Institut, entre les mains d'Hélène Carrère d'Encausse, par Nicole Maurras :

    https://www.politiquemagazine.fr/culture/le-grand-rire-de-limmortel/

     

    François Davin, Blogmestre

     

    lfar espace.jpg

     

    Pour lire les articles...

    Cliquez sur le lien menant à la "Une" du vendredi 10 juin 1938. En bas de page, une courte "barre de tâches" vous permet d'utiliser le zoom (tout à gauche de la barre) et de changer de page (flèche tout à doite); une fois appuyé sur "zoom", vous aurez, cette fois tout en haut de la page, une autre "barre de tâches" : en cliquant sur le "+", il ne vous restera plus, avec votre souris, qu'à vous promener sur la page, puis passer à la deuxième pour lire la suite... :

    LFAR FLEURS.jpg

  • Histoire • Action Française : Les royalistes sur la Canebière

     

    Le Comité du Vieux Marseille, association de défense du patrimoine, vient de sortir une superbe plaquette de 194 pages sur l’histoire de la Canebière. Parmi celles-ci, quatre pages évoquent l’Action Française à propos de Jeanne d’Arc, surtout dans les années 30. Ces éléments de l’histoire de l’Action Française marseillaise intéressent les lecteurs de Lafautearousseau.

     

    Affiche tract expo CANEBIERE v4.jpgL’importance de Jeanne d’Arc

    Après la Grande Guerre, la droite prit l’habitude de se montrer dans la rue à l’occasion de la fête de Jeanne d’Arc.

    Des hommages avaient commencé, avant 1914, souvent à l’initiative de l’Action Française. Après avoir été béatifiée en 1909, la libératrice d’Orléans fut canonisée le 16 mai 1920. Deux mois plus tard, le 10 juillet, une loi votée par les députés et sénateurs (et toujours en vigueur) instaurait « la fête nationale de Jeanne d’Arc et du patriotisme », le deuxième dimanche du mois de mai.

    Chaque année, pour une journée, le centre-ville et surtout la Canebière furent ainsi occupés par le cortège d’un grand nombre d’associations religieuses et politiques de droite.

    L’exemple du cortège du dimanche 10 mai 1935, tel qu’il est décrit par Le Petit Marseillais, Le Soleil et L’Action Française, montre comment on l’avait organisé et qui furent les participants. En tête, après la fanfare, venaient les porteurs des fleurs offertes par le Comité des Fêtes de Jeanne d’Arc, présidé par Dominique Piazza, le créateur de la carte postale illustrée. Puis, ce fut le tour des jeunes sportifs des patronages et des scouts. La partie catholique se terminait avec les groupes de travailleurs chrétiens, après qu’eurent défilé des délégations d’anciens combattants et d’officiers de réserve. La seconde partie comprenait les « groupements nationaux », c’est-à-dire les partis politiques nationalistes. On aperçut Solidarité française et les Jeunesses Patriotes de Francis d’Azambuja, mais on remarqua surtout le gros des troupes, constitué par les royalistes de l’Action Française. Ils suivaient le commandant Louis Dromard, président de la fédération provençale, et l’amiral Antoine Schwerer, président national de la Ligue d’Action Française, de 1930 à 1936, venu à Marseille assister au Cinquième congrès de la fédération, prévu ce même jour. Parmi les adhérents, se distinguaient les Dames et Jeunes Filles Royalistes, l’Association Marius Plateau (anciens combattants), les étudiants d’AF et les Camelots du Roi (service d’ordre du mouvement). Il faut noter que les Croix de Feu défilèrent de façon indépendante, un peu avant les autres.

    Le cortège démarra à 9 h 30, cours Pierre Puget, passa place de la Préfecture et rue Saint-Ferréol pour déboucher sur la Canebière qu’il remonta jusqu’à l’église des Réformés. Sur le trajet, les façades des immeubles étaient souvent décorées à la gloire de l’héroïne. On déposa des fleurs au pied du monument aux Mobiles, puis, en l’absence des autorités civiles, militaires et religieuses déjà entrées dans l’église Saint-Vincent-de-Paul, il y eut une minute de silence qui s’acheva par le cri de « Vive la France », poussé trois fois par Dominique Piazza ; la foule entonna enfin La Marseillaise et la messe solennelle put commencer. À 11 heures, la Société des Touristes du Midi donna un concert, au kiosque. Les festivités se poursuivirent l’après-midi au jardin zoologique avec un festival de chanteurs. Enfin, à 21 heures, les Marseillais purent profiter d’un feu d’artifice tiré sur la colline Notre-Dame de La Garde. En 1934, des navires de guerre japonais en escale à Marseille donnèrent le ton en braquant leurs puissants projecteurs sur la basilique pour l’illuminer.

    Si un tel déploiement de population donnait une grande impression de puissance il n’empêchait pas les incidents. Ainsi, le 10 mai 1935, à la sortie de la messe, des bagarres se produisirent entre vendeurs de journaux. D’autres, plus importantes, opposèrent, à l’angle du cours Belsunce, communistes et royalistes à la sortie de leur banquet. Dix Camelots du roi furent blessés. Dix ans auparavant, le 9 février 1925, une réunion catholique salle Prat, rue Paradis, avait été attaquée par l’extrême-gauche. La bagarre avait fait deux morts. La mairie de Siméon Flaissières prit prétexte de ce drame pour interdire plusieurs manifestations. Ce fut le cas de l’hommage à Jeanne d’Arc du 9 mai 1926. Les ligues politiques bravèrent l’interdiction sans incident.  (A suivre)

    AF Canebière réformés.jpg

    En 1943, le cortège de Jeanne d'Arc se termina par l’inauguration de la statue de la sainte placée sur le parvis des Réformés. L’oeuvre de Louis Bottinelly avait été financée au moyen d’une souscription lancée par le Comité Jeanne d’Arc en 1941. Le 9 mai 1943, le commandant Dromard, devenu président du comité, remit officiellement, en présence de Mgr Delay, la statue à la ville de Marseille, représentée par Henri Ripert.

  • Olivier Dard à Libération : « Maurras est représentatif de notre histoire »

    Charles Maurras (1868-1952), écrivain, journaliste et homme politique français reçoit son épée d'académicien. Photo «Excelsior». Roger-Viollet

     

    Libération a publié le 2 février l'entretien qui suit, avec Oliver Dard. La présentation qui en est faite, la terminologie employée, les questions posées, sont naturellement  dans l'esprit de ce quotidien. LFAR 

     

    602px-Libération.jpgProfesseur à Paris-Sorbonne, Olivier Dard est spécialiste de l’entre-deux-guerres. Auteur de Charles Maurras : le maître et l’action (Armand Colin, 2013), c’est lui qui a rédigé la notice sur le théoricien de l’Action française, antirépublicain et antisémite, dans le Livre des commémorations nationales 2018. Olivier Dard prévoit également à terme de rééditer Notre avant-guerre, de Brasillach, fusillé à la Libération. 

    Pensez-vous que la République devait officiellement célébrer Maurras ?

    Le Haut Comité des commémorations nationales m’a demandé de rédiger une notice il y a un an. Je pensais qu’il s’agissait d’admettre que Maurras était un personnage important et représentatif de l’histoire française - ce qui est une certitude. Je pense en historien, et quand on est historien, on ne peut rien s’interdire : n’étudier que les gens «acceptables» ce serait s’interdire de comprendre la complexité.

    Rien n’empêche de faire de Maurras un objet de recherche, il s’agit cette fois de le commémorer officiellement…

    Sans doute faudrait-il mieux préciser le sens que le Haut Comité et l’Etat donnent à la notion de «commémoration». Car dans le dictionnaire, le mot renvoie aussi bien à célébrer qu’à rappeler et remémorer. Nous avons en France une mémoire fracturée. Ces fractures ne sont pas nouvelles et se sont aggravées depuis le second conflit mondial si on y ajoute la décolonisation et la fin de la guerre d’Algérie. Ce qui est sûr, c’est que le Haut Comité a décidé d’ajouter le nom de Maurras à la liste des commémorations nationales de 2018 et que la ministre de la Culture a validé ce choix il y a plusieurs mois [avant de se rétracter, ndlr].Maurras n’est pas entré par effraction dans le Livre des commémorations.

    De nombreuses œuvres du théoricien de l’Action française vont être rééditées en avril, et vous-même travaillez sur une republication commentée de Notre avant-guerre, de Brasillach. Quel intérêt ?

    Maurras ne se limite pas à l’antisémitisme, même si son antisémitisme est précoce, profond et constant. C’est un homme de plume très engagé, avant d’être un homme politique. Il a marqué son temps par ses textes esthétiques comme par ses articles polémiques. Je trouve très utile que mes étudiants aient bientôt accès à ses œuvres dans la collection Bouquins (Robert Laffont). Ces quinze dernières années, les archives Maurras ont été versées aux Archives nationales, le Vatican a ouvert les siennes… l’historiographie en a été renouvelée. Quant à Notre avant-guerre de Robert Brasillach, c’est un témoignage qui fait revivre la vie intellectuelle, politique et culturelle de l’époque. C’est à mon sens une source incontournable pour comprendre les années 30. Ce texte a été édité jusque dans les années 80 aux éditions Poche. Il faut le rendre à nouveau disponible, à deux conditions : l’accompagner d’une introduction très fournie et en proposer une édition critique, remettre ce livre en perspective par rapport aux autres écrits de l’auteur dont certains sont beaucoup plus violents et polémiques. Il faut permettre au lecteur de comprendre l’ouvrage. Pour cela, il faut lui faire comprendre la période.

    Il y a tout de même une responsabilité à publier aujourd’hui des œuvres d’auteurs d’extrême droite, qui ont collaboré avec Vichy ou le nazisme…

    La responsabilité éditoriale existe, évidemment, mais le débat est sous-tendu par l’idée, discutable, que la France d’aujourd’hui ressemblerait beaucoup à celle des années 30. Vous ne dissuaderez pas l’antisémite d’aujourd’hui d’être antisémite avec des notes en bas de page. De toute façon, celui-là n’achètera pas ces éditions avec appareillage critique. En revanche, elles peuvent permettre aux personnes désireuses de mieux comprendre ceux qui ont fait cette période de l’histoire. Lire les Décombres de Rebatet, par exemple, est la meilleure manière de se mettre dans la tête d’un collabo. Censurer ces œuvres risque au contraire d’avaliser les thèses complotistes. Ce qui compte c’est la pédagogie et le décryptage. Arrêtons de penser que le public n’est pas mûr.  

    Libération

  • Maurras est mort, vive Maurras ! 

    1AAA.jpg

     
    Nous avons constaté que la dernière demeure de Charles Maurras a été souillée par les « faux antifas mais vrais terroristes » qui, n’écoutant que leur courage et leur bravoure, se sont attaqués à de la pierre et à du marbre. L’histoire ne dit pas si la pierre et le marbre (forcément fascistes !) ont provoqué les courageux militants antifascistes…
     
    Il n’en demeure pas moins que les idiots utiles du système en ont profité pour faire étalage de leurs talents artistiques et pour taguer un subtil « À BAS L’AF ! ».
     
    À la Rédaction, cet atelier peinture niveau maternelle nous a rappelé les projets d’art des valeureux « antifas » à l’époque où l’Action française Marseille détenait son QG rue Navarin. 
     
    Le principe était simple : les antifas décoraient la porte d’entrée, les murs de la rue Navarin de délicates attentions. Les militants royalistes Marseillais découvraient, à leur retour, l’expression artistique « populaire » qui se faisait bien entendu de nuit ; officiellement pour des raisons d’inspiration artistique, officieusement pour ne pas se faire courser dans tout le quartier par les royalistes…
     
    On citera, pêle-mêle, des tags de menaces de mort aux militants, une grenade sur la porte du local, une balle d’AK-47 dans la boîte aux lettres, des slogans antifa ou encore la destruction de la porte du local d’à côté (comprenez les, ils ne sont pas tous capables de faire la différence entre le 12 et le 14 de la rue Navarin). 
     
    Comme dans les aventures d’Asterix et Obélix, les Romains attaquaient systématiquement le village gaulois d’Action française, et comme d’habitude, ce sont les antifas qui nous gratifiaient d’un sprint digne d’Usain Bolt en hurlant ensuite aux « violences fascistes ». 
     
    D’une anecdote à l’autre, on s’est souvenu de l’un de leurs chefs, ayant ses habitudes « en terrasse » déclarer à la presse : « Avec eux, la violence, on a essayé. Ça marche pas… ». 
     
    Il faut croire que les « antifa », déjà champions de 100 mètres, spécialistes d’arts plastiques, ont décidé de mener une action d’éclat tout en ménageant les hommes et le matériel. 
     
    Une tombe ne rend pas les coups, un militant royaliste, si. 
     
    C’est dire la couardise de l’acte…

    1AAAA.jpg

    1AA.jpg

    1A.jpg

  • Histoire • Action Française : Les affrontements des années 30 à Marseille

     

    Le Comité du Vieux Marseille, association de défense du patrimoine, vient de sortir une superbe plaquette de 194 pages sur l’histoire de la Canebière. Parmi celles-ci, quatre pages évoquent l’Action Française à propos de Jeanne d’Arc, surtout dans les années 30. Ces éléments de l’histoire de l’Action Française marseillaise intéressent les lecteurs de Lafautearousseau.

     

    Affiche tract expo CANEBIERE v4.jpgLes affrontements des années 30

    Comme l’ont écrit Roger Duchêne et Jean Contrucci dans leur livre Marseille, la Canebière « est, dans les années 1920-1930, le point focal de Marseille », surtout après sa prolongation en 1927. Dans une ville où l’opposition entre droite et gauche se durcissait, chaque occupation de la célèbre artère était une victoire.

    L’émeute parisienne du 6 février 1934 où, à la suite du scandale politico-financier Stavisky, les ligues d’extrême-droite affrontèrent la police, n’eut pas son équivalent à Marseille. Quatre cents membres de l’Action Française défilèrent ; il y eut quelques affrontements avec des communistes, à la hauteur du cours Saint-Louis, mais le calme se rétablit vite.

    En revanche, la gauche s’organisa pour s’opposer à ce qu’elle considérait comme une tentative de coup d’État fasciste. Pour la première fois, socialistes, communistes et syndicalistes CGT et CGTU, défilèrent ensemble, le matin du 12 février, sur la Canebière, les boulevards de La Madeleine et de Longchamp. L’atmosphère se gâta l’après-midi où des frictions entre policiers et manifestants transformèrent le centre-ville en champ de bataille, peut-être avec l’aide de provocateurs. Une fusillade devant La Bourse fit un mort et plusieurs blessés.

    L’atmosphère s’alourdit de plus en plus, surtout après les élections municipales de 1935, à l’issue desquelles les socialistes d’Henri Tasso battirent les listes de Simon Sabiani.

    Poussés par cette dynamique, les 100 000 partisans de la Gauche unie remontèrent toute la Canebière, le 14 juillet 1936 ; la droite, quant à elle, avait réuni dix fois moins de Marseillais.

    Le 1er mai 1936 enregistra un record de participation pour descendre la célèbre voie. Le cortège traditionnel pour Jeanne d’Arc rassembla cette année-là 8 000 personnes dont 800 royalistes sous la bannière de divers groupements qui remplaçaient la Ligue d’Action Française dissoute le 13 février. Ainsi, le commandant Dromard se retrouva-t-il en tête de l’association Marius Plateau des Anciens combattants royalistes.

    Le Front Populaire remporta les élections des 26 avril et 3 mai 1936 qui furent suivies par un grand mouvement de grève. Le parti de Sabiani s’opposa violemment à lui, le 17 juin. « La Canebière est devenue un champ clos où, par petits groupes, on règle des comptes. Des autodafés de drapeaux rouges sont ponctuées par le feu nourri des armes. Des voitures sont renversées. Les dégâts matériels sont impressionnants » (in Simon Sabiani, par J.-B. Nicolaï).

    Ces incidents n’empêchèrent pas le succès du 14 juillet : 200 000 personnes allèrent du Prado aux Mobiles, d’après Fernand Pauriol (Rouge-Midi – 17 juillet), contre 20 000 dans le défilé des nationaux.

    La fête de Jeanne d’Arc du 8 mai 1937 montra que la droite marseillaise s’était unie contre le « péril rouge ». D’après l’Action Française, sur les « 20 000 patriotes qui défilèrent derrière Eugène Pierre, nouveau président du Comité, Simon Sabiani avec le P.P.F. et Jacques Arnoult avec le P.S.F. (ex-Croix de Feu), étaient présents pour la première fois ».

    Les Marseillais eurent de nombreuses occasions d’arpenter le pavé mais combien étaient-ils réellement ? Les chiffres publiés dans les journaux sont tous sujets à caution. Robert Mencherini, dans Midi rouge, ombres et lumières (éditions Syllepse, 2004), le souligne en citant l’exemple du 1er mai 1938 : dans Rouge-Midi, le journal communiste, la Canebière est noire de monde ; dans Marseille-Matin, le quotidien de Jean Fraissinet, elle est vide.

    Le 14 juillet 1939, on aurait dû fêter le cent-cinquantième anniversaire de la Révolution. La journée fut marquée au contraire par deux défilés marquant la division des Français à la veille de la guerre.  • (Fin)

    AF Canebière.jpg

    1er mai 1936, manifestation de force des syndicats