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Rechercher : Rémi Hugues. histoire & action française. Rétrospective : 2018 année Maurras

  • Les véritables raisons de la mort d’Abdelmalek Droukdal, par Bernard Lugan.

    Source : http://bernardlugan.blogspot.com/

    Abdelmalek Droukdal, le chef d’Al-Quaïda pour toute l’Afrique du Nord et pour la bande sahélienne, l’homme le plus recherché d’Algérie depuis deux décennies, a quitté son sanctuaire de Kabylie avec son état-major pour rejoindre le nord du Mali où l’armée française l’a abattu. Il a été « neutralisé » dans la région de Tessalit, en territoire touareg, ce qui  a son importance.

    bernard lugan.jpgDeux questions se posent :

    1) Pourquoi a-t-il pris ce risque ?

    2) Pourquoi était-il devenu gênant pour les Algériens qui ne pouvaient pas ne pas savoir qu’il avait « bougé » ?

     

    1) Depuis plusieurs semaines, des groupes jihadistes aux obédiences diverses et mouvantes se combattent dans la BSS (Bande sahélo-saharienne). Un conflit ouvert y a même éclaté entre l’EIGS (Etat islamique dans le Grand Sahara), rattaché à Daech, et les groupes se réclamant de la mouvance Al-Qaïda, l’EIGS accusant ces derniers de trahison.

    De fait, les deux principaux chefs ethno-régionaux de la nébuleuse Al-Qaïda, à savoir le Touareg ifora Iyad Ag Ghali et le Peul Ahmadou Koufa, chef de la Katiba Macina, négocient actuellement avec Bamako. 

     

    2) L’Algérie est inquiète de voir que Daech se rapproche dangereusement de ses frontières. Or, comme elle considère le nord de la BSS comme son arrière-cour, elle y a donc toujours « parrainé » les accords de paix. Son homme sur zone est Iyad ag Ghali dont la famille vit en Algérie où il a une maison. Politiquement il présente quatre avantages :
    - Il est touareg ifora.
    - Il est musulman « fondamentaliste ».
    - En plus du soutien touareg, il dispose d’une base de popularité à Bamako avec les fidèles de l’imam Mahmoud Dicko.
    - Et surtout, il est contre l’éclatement du Mali, priorité pour l’Algérie qui ne veut pas d’un Azawad indépendant qui serait un phare pour ses propres Touareg.

     

    La négociation qui se déroule actuellement « discrètement » a pour but de régler deux conflits différents et qui, contrairement à ce qui est trop souvent écrit, ne sont pas à racine islamiste. Il s’agit en effet comme je le montre dans mon livre Les Guerres du Sahel des origines à nos jours, de conflits inscrits dans la nuit des temps, des résurgences ethno-historico-politiques aujourd’hui abritées derrière le paravent islamique. Ces deux conflits qui ont chacun leur propre dynamique sont :
    - Celui du Soum-Macina-Liptako, qui est porté par les Peul, d’où l’importance d’Ahmadou Koufa.
    - Celui du nord Mali, qui est l’actualisation de la traditionnelle contestation touareg, d’où l’importance d’Iyad ag Ghali.


    Or,  Abdelmalek Droukdal qui était opposé à ces négociations, avait décidé ou bien avait été « persuadé » de se rendre sur zone, peut-être pour rétablir un modus vivendi avec Daech. Mais, surtout, pour reprendre en main et imposer son autorité, à la fois à Ahmadou Koufa et à Iyad ag Ghali.


    Il était donc l’obstacle au plan de paix régional visant à isoler les groupes de Daech afin de régler à la fois le problème touareg malien et le problème peul couvrant le sud du Mali ainsi que le nord du Burkina Faso. Voilà pourquoi il est mort.


    La stratégie du saucissonnage des groupes terroristes a donc réussi. Elle prouve deux choses :

     

    1) L’Algérie est rentrée dans le conflit.

    2) Les militaires français qui ont mené l’opération ont appliqué la maxime de Kipling qui est que « Le loup afghan se chasse avec le lévrier d’Afghanistan ». En d’autres termes, et je ne cesse de le dire depuis le début du conflit,  une connaissance fine des populations concernées est indispensable 

     

    Si la stratégie actuelle était couronnée de succès, le retour dans le jeu politique des Touareg ralliés au leadership d’Iyad ag Ghali, et de ceux des Peul suivant Ahmadou Koufa, permettrait de concentrer tous les moyens sur l’EIGS, avec un glissement des opérations vers l’est de la boucle du Niger et de la BSS.


    Le problème va désormais être de savoir si le Fezzan Libyen échappe au général Haftar (voir mon communiqué du 28 mai 2020). Si tel était le cas, la Turquie, notre « bon » et « loyal » allié au sein de l’OTAN, aurait donc un couloir direct permettant à ses services d’aider les combattants de l’EIGS. Il serait alors impératif de reprendre le contrôle physique de la région de Madama afin d’éviter un réensemencement du terrorisme via la Libye.


    Bernard Lugan

  • Humanitaires exécutés au Niger : ce que les politiciens et les médias ne disent pas, par Jean-Michel Lavoizard.

    Source : https://www.bvoltaire.fr/

    Le 9 août dernier, en milieu de journée, au , six membres français de l’ONG française ACTED et deux accompagnateurs nigériens ont été exécutés par surprise par des sauvages à moto, démontrant que, désormais, le danger est partout.

    On a déjà évoqué ici les raisons de l’échec annoncé – et confirmé – de la coalition du G5 Sahel, ainsi que l’inutilité persistante des sommets internationaux. Les mêmes causes produisant les mêmes effets dans un contexte qui empire sans changer de nature, il n’y a aucune raison que s’améliore de soi la sécurité dans la région.

    8.jpgLes terroristes et leurs complices en tirent profit pour étendre leurs capacités de nuisance, leur présence et leur influence le long d’une bande territoriale continue de deux mille kilomètres. Ce « couloir de la mort » relie le au Cameroun en passant par le Burkina Faso, le Niger et le Nigeria ; il s’étend dans leurs onze pays voisins, bases logistiques actuelles, zones d’exactions en devenir. Tout le monde ne semble pas encore en être conscient.

    Sur place, on ne doit pas dépendre des canaux diplomatiques pour évaluer la situation sécuritaire à venir ni de conseils adressés depuis l’étranger sur la base de vagues contacts et rumeurs. Pour éviter les pièges, il est vital de développer sa propre intelligence de situation sur la base d’informations locales fiables, actualisées et contextualisées.

    Or, les discours politiques et médiatiques n’évoquent jamais deux facteurs déterminants dans le développement du terrorisme islamiste au Sahel, pour ne pas froisser des susceptibilités nationales aux conséquences politiques et économiques fâcheuses : la criminalité économique et financière, d’une part ; l’abandon des populations rurales, d’autre part.

    La mauvaise gouvernance et la criminalité économique sont les meilleures alliées du terrorisme.

    Elles sont multiformes, de la simple prévarication à des pratiques mafieuses d’État, comme la fraude publique massive au moratoire de la dette africaine, combinée à celle au Covid-19 – attributions illégales de marchés surfacturés, trafics d’influence, détournements à la source, contrefaçon de produits médicaux et d’équipements sanitaires.

    La criminalité publique, « en col blanc » et privée, isolée et d’opportunité ou en bandes organisées, est de plus en plus sophistiquée, dématérialisée et rentable. S’y ajoute une criminalité croissante de rue au sein de populations urbaines pauvres et sans perspectives. Ainsi se généralisent les fraudes pyramidales, détournements financiers et de stocks, pratiques agressives de concurrence déloyale, trafics de produits volés ou contrefaits, embuscades et braquages.

    Comme ailleurs, la crise sanitaire du Covid-19 n’a pas rendu les comportements plus vertueux. On assiste à une forte recrudescence de comportements criminels et parasites par des profiteurs de crise à tous les niveaux des administrations et des entreprises, « chaîne de destruction de valeur » qui profite en partie aux organisations terroristes islamistes, dont les motivations sont autant crapuleuses que religieuses.

    Par ailleurs, les zones rurales, abandonnées, deviennent de vastes sanctuaires terroristes.

    C’est ce qu’illustre bien un rapport récent et sérieux de l’ONG International Crisis Group (ICG), corroboré par des investigations indépendantes de terrain sur des flux de commerce illicite. Des rivalités communautaires ancestrales autour de maigres ressources, entre agriculteurs sédentaires et éleveurs nomades, sont exacerbées par l’indifférence des gouvernements et par l’impuissance des autorités locales sans moyens ni volonté.

    Ce phénomène rural, sur fond d’accroissement de la population et de la pression foncière, remet en cause des équilibres anciens et fragiles. Les mouvements islamistes absorbent et exploitent ces frustrations pour se répandre par capillarité territoriale, faisant souche pour imposer progressivement la charia.

    Ce n’est donc pas d’argent que les pays africains ont besoin. Contrairement à ce que déclarait, récemment, l’inconséquent directeur général de l’AFD, il est urgent de conditionner les aides et d’en contrôler le véritable usage.

     

    Jean-Michel Lavoizard

     

    Chef d'entreprise

  • Pourquoi Emmanuel Macron s’est emparé du dossier libanais, par Antoine de Lacoste.

    Une des grandes faiblesses du système démocratique, c’est que tout dirigeant élu pense d’abord à une chose : sa réélection. Fort logiquement, le Président Macron a donc un objectif prioritaire : se faire réélire en 2022.

    antoine de lacoste.jpgDe nombreux écueils sont à éviter pour arriver à bon port. Ne pas tenir ses promesses et être battu sans gloire dans la course au deuxième mandat, comme en 2012, ou rater sa rencontre avec le peuple et être hors d’état de se présenter à nouveau, comme François Hollande en 2017.

    Un troisième écueil inquiète davantage Macron : ne pas être qualifié pour le deuxième tour. Le socle électoral de Marine Le Pen semble solide et il suffirait de l’arrivée inopinée d’un troisième larron pour tout remettre en cause. Lionel Jospin, à qui la fonction suprême semblait destinée en 2002, en sait quelque chose.

    Or, après un début virevoltant, les nuages se sont accumulés sur l’Élysée : gilets jaunes, sanitaire puis économique, explosion de l’insécurité enfin. Et l’on ne peut pas dire que la gestion de ces dossiers ait été brillante. La violente répression des manifestations de gilets jaunes (combien de borgnes par LBD tirés en pleine face ?) suivie d’un laisser-aller complet lorsque les casseurs et les Black Blocs sont apparus (où étaient les LBD ?) ont provoqué un profond malaise.

    Ce fut encore pire avec la crise sanitaire et les épisodes grand-guignolesques des masques et des tests. Les Français ont réalisé qu’ils étaient en train de devenir un pays du tiers-monde. Les sommités médicales se succèdent dans les médias, se contredisent tous, ne savent pas grand-chose mais ont de fortes exigences. La dictature sanitaire est toute proche.

    Ce n’est guère mieux sur l’insécurité. Les banlieues de toutes les grandes villes, voire les centres-villes eux-mêmes, sont gangrenés par des trafics impunis et « l’ensauvagement » devient une réalité de plus en plus lourde. Tout le monde le sait mais peu agissent, et en tout cas pas au plus haut niveau où l’on est resté au concept si rassurant des « incivilités ». La situation est extrêmement grave et l’État n’a plus de réponse après des décennies de laxisme.

    Alors, pour donner l’impression qu’on fait quelque chose, on s’inquiète du climat et l’on construit des éoliennes, horribles symboles d’un monde déboussolé.

    Alors, il reste la politique extérieure pour tenter de se donner une stature d’homme d’État. Mais là aussi, le bilan n’est guère brillant.

    L’Europe est totalement en panne et le fameux couple franco-allemand un lointain souvenir. Merkel et Macron n’ont à peu près rien à se dire et cela se voit. Les agressions turques en Méditerranée, en particulier contre une frégate française, ont certes provoqué des protestations indignées de nos dirigeants, mais ils ont été lâchés par leurs partenaires de l’OTAN : huit sur trente ont soutenu la France. Il serait, d’ailleurs, temps de réaliser que l’OTAN n’est que le bras armé des États-Unis et que nous n’avons rien à y faire.

    Alors, le peut être l’occasion de redorer un blason bien terne. Ce pays qui nous est si cher sombre dans le chaos et, sans impulsion extérieure, n’arrivera pas à se réformer. l’a bien compris et multiplie les démarches pour obliger une classe politique corrompue et incompétente à agir ou passer la main.

    Vaste programme que le peuple libanais suit de près et qu’il ne faudra pas décevoir.

  • Pourquoi le prince Jean d’Orléans est-il également appelé, Jean de France ?

    Même si la République est installée en France depuis 150 ans, les Princes de la Maison de France n’en continuent pas moins à porter fièrement les titres qu’étaient portés par la Famille royale du temps de la monarchie. Depuis l’abolition de la monarchie, les Princes de la Maison de France sont revenus au statut de simples « citoyens de la République française », mais ils continuent à porter, tant à l’état civil que sur leurs papiers d’identités, leurs titres d’apanage (ex : Comte de Paris).

    Pourquoi le prince Jean d’Orléans est-il également appelé, Jean de France ?

    Son Altesse Royale le prince Jean de France est appelé selon les règles républicaine actuellement en vigueur en France, Son Altesse Royale le prince Jean d’Orléans. Depuis 1660, « d’Orléans » est en effet le patronyme légal de sa branche. Avant 2019, le prince Jean d’Orléans était fils de France, donc il était de coutume de l’appeler « Jean de France », comme il était de coutume sous l’Ancien Régime pour les fils du roi.

    Depuis le 21 janvier 2019, le prince Jean de France est devenu chef de la maison de France, relevant le 2 février suivant, le titre de comte de Paris. Son nouveau statut de chef de dynastie ne modifie pas son appellation dynastique. Il reste donc « Jean de France », ainsi qu’il est appelé dans L’Almanach de Gotha (qui lui donne comme titre officiel : « Jean (IV), Comte de Paris, Chef de la Maison de France, Prince de France »). Toutefois, selon la pratique dynastique, sa signature a changé. En tant que fils de France, il signait « Jean de France Duc de Vendôme ». Désormais, il ne signe plus que « Jean Comte de Paris ». En effet, le roi de France, et depuis le chef de la maison de France, bien que « de France », ne l’ajoutait pas à leur signature.

    On peut mentionner deux points intéressants : la défunte comtesse de Paris, Isabelle d’Orléans et Bragance, ainsi que Henri VI, dans les tableaux généalogiques présents à la fin de leurs livres, portaient toujours comme titre « Descendance de Henri de France, comte de Paris, et d’Isabelle d’Orléans et Bragance ». Le futur Henri VI d’ailleurs, entre 1926 et 1929, c’est-à-dire, comme dauphin de France avant de recevoir son titre d’apanage de comte de Paris, signait d’un simple « France », ainsi qu’on peut le voir sur la photo suivante :

    12.jpg

    Le prince Henri d’Orléans, Comte de Paris, de jure Henri VI de France

    Le patronymes des enfants de France

    Sous l’Ancien Régime, les enfants de France (appelés fils et filles de France) sont les enfants du Roi, du dauphin de France, du fils aîné du dauphin, du fils aîné du fils aîné du dauphin, etc. Louis XIV donne la définition suivante le 12 Mars 1710 : « branche aînée et héritière présomptive de la Couronne. » Sous l’Ancien Régime, le dauphin de France n’avait d’ailleurs pas de patronyme, mais à compter de la Restauration ce fut celui de « de France ».

    Dans les actes de l’Ancien Régime,  les fils France étaient nommés Très Haut et Très Puissant Prince N. de France, fils de France suivi du titre d’apanage qui leur a été accordé. Aujourd’hui, la titulature d’un enfants de France est : Son Altesse Royale le (la) Prince(sse) N. de France, fils (fille) de France suivi du titre d’apanage.

    Depuis l’Ancien Régime (et cela n’a pas été modifié sous la Restauration), les enfants de France avaient donc le patronyme de « de France ». Si aujourd’hui les fils et les filles de France ont le patronyme d’Orléans dans leur état civil, cette situation changerait, si un prince d’Orléans devait accéder au Trône, le patronyme d’Orléans serait immédiatement abandonné par ces fils et filles de France au profit de celui « de France ».

    C’est la raison pour laquelle, dynastiquement parlant, Son Altesse Royale le prince Jean de France, Comte de Paris,  est appelé « de France » et non « d’Orléans ». ( merci à Matthias Samyn pour le partage)

     

    Les titres et appellations dans la Famille royale de France

    Source : https://www.la-couronne.org/

  • Bridgestone : les cyniques, les naïfs et les incompétents, par Natacha Polony.

    "Soyons lucides : les multinationales choisissent leur implantation une calculatrice en main, en tenant compte des subventions qu'elles pourront capter. Elles aspirent savoir-faire, brevets et trésorerie, et partent sans le moindre compte à rendre. Face à ce cynisme, la naïveté est pire qu'un crime : elle est une preuve d'incompétence."

    Deux millions six cent mille euros d'argent public. C'est ce qu'a touché Bridgestone depuis trois ans. Sans compter le CICE, dont on évalue le montant à 1,8 million d'euros. Et, comme chaque fois, les déclarations scandalisées des élus locaux et nationaux. Comme chaque fois, ceux qui jurent, mais un peu tard, qu'on ne les y prendra plus. Mais quel progrès depuis les airs affligés de Lionel Jospin devant l'usine Michelin ? « L'État ne peut pas tout. » La trahison de la classe ouvrière résumée en une formule par un Premier ministre socialiste.

    "L'État n'est pas un industriel"

    Aujourd'hui, Agnès Pannier-Runacher, ministre déléguée chargée de l'Industrie, déclare, pour écarter l'idée de nationalisations temporaires : « L'État n'est pas un industriel. » C'est curieux, ce gouvernement qui ne parle plus que de souveraineté, qui nomme en grande pompe un haut-commissaire au Plan, mais qui considère avoir clos le débat par ce genre de déclaration. C'est bien dommage, mais on n'y peut rien. D'ailleurs, n'était-ce pas la matrice idéologique du macronisme que de considérer que la « destruction créatrice » chère à Schumpeter devait nous inciter à accepter ce genre de fatalité qui, bien sûr, déboucherait sur la transformation des ouvriers licenciés en informaticiens et créateurs de start-up ? Désormais, le ministre de l'Économie, Bruno Le Maire, en est à « supplier » les multinationales de se montrer fair-play. On reste admiratif devant l'expression d'une telle volonté politique…

    Face à ce cynisme, la naïveté est pire qu'un crime : elle est une preuve d'incompétence.

    Deux questions se posent en fait : que peut-on faire dans le cas présent, et comment faire pour éviter de se retrouver à déplorer chaque nouveau plan de licenciement ? Ceux qui pleurent aujourd'hui trouvaient parfaitement normal de voir l'Europe importer des millions de pneus chinois à bas coût pendant que les États-Unis, sous Barack Obama, que l'on ne qualifiera pas d'ignoble protectionniste, relevaient leurs droits de douane sur les mêmes pneus chinois. Mieux : alors que l'usine de Béthune produit des pneus de milieu de gamme, soumis à cette concurrence, Bridgestone a reçu de l'Union européenne 24 millions d'euros pour implanter une usine ultramoderne de pneus de première monte en Pologne et une somme sans doute équivalente pour une autre usine en Hongrie. L'Union européenne, dont la France est contributeur net, a donc organisé l'abandon de l'usine de Béthune à coups de subventions.

    L'incompétence

    Le temps de la diplomatie culturelle, où Chirac, l'amoureux du Japon, pouvait attirer Toyota à Valenciennes, est révolu. Soyons lucides : les multinationales choisissent leur implantation une calculatrice en main, en tenant compte des subventions qu'elles pourront capter. Elles aspirent savoir-faire, brevets et trésorerie, et partent sans le moindre compte à rendre. Face à ce cynisme, la naïveté est pire qu'un crime : elle est une preuve d'incompétence.

    Réindustrialiser la France ne peut se faire qu'en jouant sur trois leviers. À l'échelle européenne, définir des normes précises, qualitatives et environnementales,qui éviteront la course au bas coût dans laquelle nous serons toujours perdants. À l'échelle française, d'abord imposer des conditions strictes pour toute subvention publique, mais surtout utiliser les marchés publics comme moyen de protéger nos usines et nos savoir-faire. Encore faut-il des politiques décidés et une administration formée. Quant à ceux qui s'effaroucheraient d'un détournement des règles européennes, qu'ils se rassurent : les traités ne sont plus respectés par personne en matière budgétaire. Mieux vaut se montrer mauvaise élève pour imposer un changement que de continuer à subir un système vicié jusqu'à ce que les classes moyennes et populaires victimes de ce système ne finissent par le faire exploser, à coups de vote ou sur des ronds-points.

    Source : https://www.marianne.net/

  • A-t-on le droit de trouver la tenue de Freaky Hoody pas très « républicaine » ?, par Gabrielle Cluzel.

    Avez-vous entendu parler de , cet enseignant qui « dérange » ? Tatoué de la tête aux pieds, et plus encore – même le blanc de ses yeux est désormais couleur d’encre -, cet instituteur de l’Essonne, prénommé dans la vraie vie Sylvain, déplore devant la caméra de « ne plus pouvoir enseigner en maternelle ». La faute à quelques parents mauvais coucheurs dont « [il] n’a pas les enfants en classe ».

    gabrielle cluzel.jpegCar les autres, explique-t-il, ont bien compris qu’il est un bon professeur ; et d’ailleurs, rajoute-t-il, de l’avis de ses élèves, il est même « le plus cool » : las, ses inspecteurs ont envie d’être « tranquilles », et pour ne pas recevoir de plaintes, l’affectent dans le primaire, du CP au CM2. Pas chez les tout-petits.

    En filigrane, on comprend la démonstration : quelques adultes avec des préjugés enquiquinent le monde et veulent écarter un bon enseignant au prétexte fallacieux qu’il n’est pas dans la norme. Et la norme, c’est mal. C’est bourgeois, c’est stigmatisant, c’est hypocrite et ce n’est pas gentil. Et, d’ailleurs, cela n’existe plus, ou plutôt, cela a été retourné comme une chaussette et renvoyé en boomerang, puisque ce sont aujourd’hui les marges qui font aujourd’hui loi et la norme d’hier qui est devenue marge : les adolescents qui n’aiment rien tant que faire partie du groupe le savent bien, la médaille de baptême autour du cou et les allures proprettes de scout versaillais font de vous un marginal, un paria, un bouc émissaire. Les censeurs implacables, les braves gens qui n’aiment pas que l’on suive une autre route qu’eux chantés par Georges Brassens, ont aujourd’hui des cheveux bleus et des piercings un peu partout.

    On comprend mieux pourquoi Jean-Michel Blanquer s’est fait renvoyer dans ses buts quand il a évoqué l’idée de porter à l’école une tenue « normale » : qui es-tu, toi, avec tes allures d’homme de droite complexé au milieu des gens de gauche, comme un premier de la classe qui tente de se faire bien voir des caïds, pour dire ce qu’est la « norme » ?

    Dans cette affaire, les enfants n’ont donc pas le droit d’avoir peur, et les parents de se demander si cette furieuse et radicale passion pour le tatouage ne cache pas, chez ce sympathique monsieur – car lorsqu’il s’exprime, il est plutôt sympathique -, quelque léger déséquilibre. Les yeux dans les yeux, qui confierait sa progéniture sans appréhension à une baby-sitter décorée de la sorte ?

    La vérité est que l’on arrive au bout du bout de la pelote d’interdit d’interdire que l’on déroule depuis plus d’un demi-siècle : les instits sont tatoués jusqu’à faire faire des cauchemars, les élèves débraillés, les députés dépenaillés, les secrétaires d’État en tee-shirt bariolé le 14 juillet, les maires en jeans et pompes-à-Jésus sous leur écharpe devant les mariés, les curés en col roulé, les petits-enfants en baskets et les mains dans les poches à l’enterrement de pépé. Il n’y a plus guère que les employés de grands restaurants en costard-cravate, bien forcés de courber l’échine pour servir des clients mal sapés dont le compte en banque tient lieu d’éducation.

    Alors Jean-Michel Blanquer, ayant compris sa boulette, a tenté l’expression tenue « républicaine ». Immense éclat de rire sur les réseaux sociaux, imaginant aussitôt les lycéennes françaises sans culotte, en bonnet phrygien et le sein à l’air telles une Marianne exemplaire et, a contrario, les écoliers belges ou anglais arborant tiare et diadème dans la cour de récréation, tenue royale oblige !

    Quand on a dynamité la décence, le respect, le savoir-vivre, les mœurs et les codes communs, laissant la porte ouverte au grand n’importe quoi et aussi, in fine, à l’islamisme sur l’air imparable du puisque-maintenant-tout-est-permis-pourquoi-pas-moi, on s’accroche au mot « républicain », comme au radeau de La Méduse, et tant pis si personne n’a la moindre idée de ce que cela peut signifier…

     

    Gabrielle Cluzel

     
    Ecrivain, journaliste
  • Jeanne d’Arc et le Titanic, par Aristide Renou.

    Source : https://www.politiquemagazine.fr/

    La France, dévorée vive par l’État bureaucratique, sous les applaudissements des Français, est-elle capable de se sauver en se réformant ?

    Il est des bilans que l’on doit répugner à tirer. Parce qu’on doit répugner à dire du mal de son pays et de ses compatriotes. Parce qu’en politique le pessimisme tend à être une prophétie autoréalisatrice. Parce que l’autodénigrement est une passion bien française, qui ne produit que de mauvais fruits.

    Pourtant, en dépit de toutes ces raisons pressantes, vient néanmoins un moment où il faut reconnaître notre position, et essayer de déchiffrer le présent. « Où suis-je ? et, Quelle heure est-il ? telle est de nous au monde la question inépuisable », écrit Claudel, et cette question il faut essayer d’y répondre, ne serait-ce que de manière provisoire, même en se défiant de son propre jugement.

    Commençons par le plus simple, par la puissance publique. Le bilan est simple car il est entièrement négatif. Un cinéaste américain – peut-être est-ce John Huston – aimait à raconter la plaisanterie suivante : un metteur en scène, un scénariste et un producteur de cinéma sont perdus dans le désert. La chaleur est atroce, la soif les torture. Soudain, le scénariste découvre, à moitié enfouie dans le sable, une boîte de jus d’orange en conserve. Il la brandit triomphalement et s’écrie : « Regardez ce que j’ai trouvé ! Nous allons pouvoir boire ! » Le metteur en scène s’exclame : « C’est formidable ! Et j’ai justement dans ma poche un ouvre-boîte qui va nous permettre de l’ouvrir ». Alors le producteur, qui était resté en arrière, se met à courir pour les rejoindre et leur crie « Attendez ! Surtout ne faites rien avant que j’aie pissé dedans ! »

    Vous pouvez remplacer le scénariste et le metteur en scène par ces Français ordinaires qui ont tenté d’apporter des solutions pragmatiques aux problèmes de l’heure et le producteur par l’État français : vous aurez une image assez fidèle de notre réalité.

    Imprévoyance, improvisation, indécision et confusion

    Je tiens, de manière générale, la puissance publique pour un mal nécessaire. « Pourquoi donc le gouvernement a-t-il été institué ? Parce que les passions des hommes ne se conformeront pas sans contrainte aux exigences de la raison et de la justice », écrit Publius, l’auteur du Fédéraliste. « Si les hommes étaient des anges, aucun gouvernement ne serait nécessaire. Si des anges gouvernaient des hommes, aucun contrôle externe ou interne sur le gouvernement ne serait nécessaire. » Les hommes ne sont pas des anges (et pas des démons non plus), il en a été ainsi depuis que l’être humain est apparu sur la terre et il en sera ainsi tant qu’il hantera la surface de cette planète. Par conséquent le gouvernement est un mal qu’il faut supporter pour en éviter de plus grands, mais, en ce qui concerne l’État français ici et maintenant, force est de constater que son caractère maléfique est devenu beaucoup plus évident que son caractère nécessaire.

    Imprévoyance, improvisation, indécision et confusion d’un côté, lorsqu’il s’agirait d’être d’une aide quelconque pour les Français, et de l’autre rapidité, efficacité et même allégresse dès lors qu’il s’agit de mettre en branle l’appareil répressif, d’édicter des interdictions et de faire pleuvoir des amendes, voilà le visage que nous a offert la puissance publique depuis le début de l’épidémie.

    Le confinement lui-même n’a jamais eu pour but premier de protéger la population contre le virus mais de protéger le gouvernement contre la population. Le confinement généralisé, c’est le gouvernement qui ouvre le parapluie, qui cherche à couvrir les conséquences de son impéritie en enfermant tout le monde.

    Puisqu’elle a peu à peu renoncé à ses fonctions légitimes et nécessaires de protection des droits naturels des individus et de la communauté nationale, la puissance publique est devenue chez nous presque exclusivement tracassière, moralisatrice, infantilisante, destructrice. Sa seule ambition semble désormais être que rien ne puisse se faire hors de son contrôle et sa nullité avérée n’est qu’une raison supplémentaire de superviser toujours plus étroitement les individus : c’est le seul moyen de se rendre indispensable lorsqu’on ne sert à rien.

    Servilité foncière des Français

    De ce point de vue, il est tout à fait approprié que la levée du confinement ait coïncidé avec l’adoption de la loi Avia. Une loi tyrannique, portée par une Africaine au tempérament tyrannique, et qui prétend policer jusqu’à nos sentiments au nom du « vivre-ensemble » et des « valeurs de la République », quel plus parfait symbole y a-t-il de ce que l’État est devenu en France ?

    Malheureusement, à cette puissance publique maléfique, il ne paraît pas possible d’opposer un peuple vertueux, ou même simplement raisonnable et qui ne demanderait qu’à ce qu’on « cesse de l’emmerder », pour reprendre le souhait formulé un jour par le président Pompidou.

    Car si notre État est devenu despotique, il est juste de reconnaître qu’il l’est devenu à la demande d’une grande partie des Français eux-mêmes, qui sont tout prêts à abandonner leurs libertés si cela leur permet de commander parfois autrui, et qu’il est devenu omniprésent parce que trop de gens attendent tout de lui.

    Si le gouvernement s’est protégé par le confinement c’est aussi parce que, comme l’a confirmé l’épidémie, trop de gens se conduisent comme si les pouvoirs publics leur devaient l’immortalité et les tiennent pour responsables de toutes les morts qui « auraient pu être évitées » avec « plus de moyens », un peu comme les enfants qui se fâchent lorsque leurs parents refusent de leur décrocher la lune parce qu’ils ne veulent pas entendre que leurs parents ne sont pas tout-puissants.

    Avec quelle facilité nous nous sommes laissés enfermer et dépouiller de nos libertés essentielles au nom de notre santé !

    On me dira sans doute qu’en agissant ainsi les Français ont fait preuve de civisme et qu’il se sont souciés de ne pas mettre en danger la vie des plus vulnérables d’entre nous. Peut-être. Pour certains cette explication est probablement la bonne. Mais ce que j’ai lu et entendu depuis deux mois m’incline à penser que les motifs du plus grand nombre ont été beaucoup moins nobles, mélange de peur de la mort et de cette passion bien française pour l’égalité, dont les corollaires sont l’envie et l’exigence que tout le monde souffre, même inutilement, même au détriment de l’intérêt collectif. Force est de constater que l’alacrité du gouvernement pour nous enfermer a bien vite trouvé un allié dans les pulsions dénonciatrices et punitives d’un nombre non négligeable de nos concitoyens. Force est de constater que la communication absurdement anxiogène des pouvoirs publics, destinée à justifier leurs mesures despotiques, n’a eu aucun mal à faire perdre tout sens commun à nombre d’entre nous, et à les persuader que, sans cet enfermement généralisé, les gens tomberaient comme des mouches.

    Il n’est pas jusqu’à ces applaudissements quotidiens destinés, officiellement, à manifester soutien et gratitude aux personnels soignants qui ne m’aient laissé un sentiment très mitigé. La gratitude est une belle chose et nous devons certainement de la reconnaissance aux personnels soignants qui ont fait preuve d’une grande conscience professionnelle durant cette crise sanitaire, mais la gratitude ne devrait pas exclure la lucidité. Se persuader que les soignants auraient fait preuve d’héroïsme en cette circonstance – tels des soldats surgissant de la tranchée pour se jeter sur les mitrailleuses ennemies – revient, me semble-t-il, à exagérer grandement la gravité du danger auquel ils étaient (et sont toujours) exposés et auquel nous sommes nous-mêmes exposés. Peut-être ai-je l’esprit mal tourné, mais ces séances d’applaudissements m’ont surtout semblé manifester, soit de la naïveté, soit un désir de se persuader de la très grande dangerosité de cette épidémie. Applaudir au balcon, n’était-ce pas aussi une manière de s’applaudir soi-même, de faire de son enfermement contraint un combat et de sa passivité imposée une vertu ? N’était-ce pas affirmer implicitement la parfaite légitimité des mesures despotiques prises par le gouvernement ?

    Sans doute cette épidémie a-t-elle été l’occasion de gestes de dévouement, de compassion vraie, de courage même peut-être de la part de certains, mais, collectivement, il ne me semble pas, pour dire le moins, que la France et les Français sortent grandis de cette épreuve, qui a plutôt mis en lumière nos défauts et nos déficiences que nos qualités et nos atouts.

    Quel prix sommes-nous prêts à payer ?

    Quant à l’avenir, je peine à voir ce qui pourrait en sortir de bon. Je ne crois notamment pas que les bonnes leçons seront tirées de ce qui s’est passé.

    On a, par exemple, fait beaucoup de reproches aux Agences Régionales de Santé, reproches certainement justifiés mais qui ne doivent pas nous faire oublier que ces agences n’existent pas par hasard. Ces bureaucraties coûteuses et paralysantes sont la conséquence inévitable de la déresponsabilisation des acteurs de santé dans un système entièrement socialisé comme l’est celui de la France. Étant donné que, dans le système de santé « à la française », les patients n’acquittent pas le coût de leurs soins et que les médecins n’ont pour ainsi dire pas à se soucier du coût de ce qu’ils prescrivent, il est naturel que les dépenses croissent indéfiniment, puisque le désir de vivre est illimité. Il ne reste donc plus qu’à essayer de « réguler » l’ensemble en lui ajoutant des couches successives de bureaucraties qui, conformément à leur nature de bureaucratie, ne parviennent à limiter les dépenses qu’en générant des pénuries et des aberrations.

    Allons-nous sortir de ce cercle infernal ? Allons-nous rendre de la liberté aux médecins et aux patients ? Allons-nous essayer d’introduire un peu de responsabilité individuelle dans un système qui en manque si cruellement ? Il semblerait plutôt que ce soit le contraire qui se dessine, que les Français ressortent de cet épisode épidémique plus attachés que jamais à leur système socialisé qui a pourtant si cruellement montré ses limites et que leur demande quasi unanime soit qu’on accorde simplement « plus de moyens » à l’hôpital public, soit, à peu près, que l’on verse davantage d’eau sur le sable.

    Si notre État est devenu despotique, il l’est devenu à la demande d’une grande partie des Français eux-mêmes.

    Les Français ont été choqués de découvrir l’état de désindustrialisation de leur pays, notre incapacité à produire rapidement et en grande quantité des choses apparemment aussi simples que des masques (y compris de simples masques en tissu !) ou du paracétamol. On parle de mettre fin à cette dangereuse dépendance vis-à-vis de l’étranger, de rapatrier certaines industries, bref on semble redécouvrir que la notion d’indépendance nationale, finalement, a encore quelque pertinence. Tout cela est excellent, mais les industries n’ont pas quitté la France par hasard et elles ne reviendront pas simplement parce que les Français en ont envie. Notre désindustrialisation a des causes objectives : coût du travail (c’est-à-dire poids des cotisations sociales de tous ordres), fiscalité, réglementation… Sommes-nous prêts à toucher à tout cela ? Sommes-nous prêts à desserrer les contraintes que nous faisons peser sur notre appareil productif, et notamment les contraintes « écologiques » ?

    Sommes-nous prêts à poser franchement la question du coût du travail, c’est-à-dire la question du coût et du mode de fonctionnement de notre « État social » ? La bonne réponse est très vraisemblablement : non. Les Français, à mon sens, restent plus que jamais entichés de leur « modèle social » et de la « transition écologique » et refusent de faire le lien entre l’une et l’autre et les maux dont, à juste titre, ils se plaignent. « Dans la dernière période, écrit Pierre Manent, notre régime a connu une corruption qui a affecté toutes les classes : les riches, car il a favorisé la finance et la rente, en particulier immobilière, et a incité la haute technostructure à se détourner de la nation jusqu’à perdre parfois le sens du bien commun ; les pauvres et les modestes, car il a découragé le travail par des prestations sociales indiscriminées. Les fonctions dites régaliennes – armée, sécurité, justice – ont été privées de ressources. Donc, ou bien nous procéderons à la réallocation des ressources en faveur des fonctions régaliennes et de la rémunération du travail, ou nous nous immobiliserons de plus en plus dans l’administration par l’État de ressources de plus en plus rares, tandis que se poursuivra notre étiolement politique et moral. »

    Telle est en effet l’alternative qui s’offre à nous, mais je crains fort que ce soit la seconde branche, celle de l’immobilisation et de l’étiolement, qui soit choisie et que la seule conséquence de cette crise soit d’ouvrir encore un peu plus le robinet de l’endettement pour, surtout, ne toucher à rien de fondamental.

    « Où suis-je ? Et quelle heure est-il ? » À ces questions j’aurais fort envie de répondre que nous sommes dans l’océan Atlantique, la nuit du 14 au 15 avril 1912, et que l’orchestre va bientôt s’arrêter de jouer. Mais les nations ne coulent pas comme les navires. Personne ne peut dire lorsque la voie d’eau est irréparable et le naufrage certain. Un sursaut totalement inattendu, ou un miracle, restent toujours possibles.

    Alors, peut-être sommes-nous au printemps 1424, lorsqu’une jeune fille de treize ans entendait un ange lui raconter la grande pitié qui était au royaume de France.

    Illustration : Une passion française, une valeur républicaine, la servilité

  • Famille d'Orléans Pourquoi le Comte de Paris emmène ses enfants loin de la chapelle royale et de Dreux.

    Le comte de Paris a un rapport charnel avec la chapelle royale. Il fait volontiers lui-même le guide comme en ce mois de juillet 2020. © Agence DREUX

    Source : https://www.lechorepublicain.fr/

    La Fondation Saint-Louis ne peut pas brutalement expulser le Comte de Paris du Domaine de Dreux, où sont ancrées les racines de la royauté française. Mais, à force de coups de canif imposés au quotidien, le conflit à fleurets mouchetés devient insupportable. L’héritier de la couronne de France est aussi un père de famille. " Je veux préserver mes enfants pour pouvoir remettre l’état d’esprit voulu par mon grand-père dans l’institution."

    Le comte de Paris embarque quelques valises dans sa voiture. Il prend la route avec la princesse Philomena et leurs enfants. Direction le Sud. Gaston et ses frères et sœurs laissent derrière eux les poules, les dernières tomates qui mûrissent dans le potager, les grands arbres du parc de la chapelle royale qui abritent leurs jeux d’enfants. La famille d’Orléans met Dreux entre parenthèses. Le comte de Paris a le cœur lourd mais l’âme décidée.

    "Ce n’est ni un exil ni une fuite. Je mets simplement ma famille à l’abri le temps d’assainir la situation."

    Le Comte de Paris

    Une situation délétère depuis le retour du prince Jean et de sa famille sur le domaine des Orléans que n’apprécie guère la fondation Saint-Louis.

    Fondée par le grand-père de l’actuel comte de Paris "pour préserver le patrimoine de la famille d’Orléans", elle gère le domaine de Dreux mais aussi celui d’Amboise (Indre-et-Loire). Elle est propriétaire de la chapelle et de la maison Philidor mais la duchesse de Montpensier et ses enfants, dont le prince Jean, ont un droit d’usage sur la maison.

    Les rapports entre le prince Jean et une partie des représentants de la Fondation ont toujours été tendus. À la mort de son père en janvier 2019, le prince Jean, devenu comte de Paris, devient aussi président d’honneur de la Fondation. À l’époque, il espère que les relations vont s’apaiser.

    Mais la situation ne cesse de se détériorer et la crise du coronavirus n’a fait qu’aggraver les choses.

    "Ils ont profité de cette période pour établir un règlement de quatre pages sous prétexte de sécurité sanitaire. Ce document auquel je ne reconnais aucune valeur juridique n’est en fait qu’une série de mesures nous visant."

    Le Comte de Paris

    Le comte de Paris en donne un exemple : « Une des mesures nous oblige à ne plus rentrer dans le domaine par la porte principale mais à le faire par le chemin de ronde où ils veulent installer un portail électrique : une dépense inutile, absurde et dangereuse puisque le chemin de ronde qui domine des habitations n’est pas fait pour supporter des voitures."

    Le comte de Paris ne se sent plus libre, "épié par une partie du personnel, espionné par des caméras de vidéosurveillance ". Et, plus encore, meurtri par le sort réservé à son épouse et ses enfants.

    "Ils subissent des remarques désobligeantes et des vexations presque quotidiennes. Un jour, c’est une remarque sur le chien, le lendemain, c’est une de leurs poules qui a été écrasée, après c’est le potager qui est rendu inaccessible…"

    Le Comte de Paris

    Il estime que les " quatre personnes qui ont la main sur le conseil d’administration de la Fondation n’aiment pas ce que nous sommes. Ils n’aiment pas le naturel et la liberté des enfants, ils n’aiment pas que nous soyons une famille. Plus on déploie de l’énergie pour arranger les choses, plus cela se dégrade. C’est le phénomène du trou noir qui absorbe votre énergie pour mieux vous détruire ".

    Le comte de Paris préférerait que la Fondation emploie cette énergie à "redynamiser la chapelle royale. Il y a eu jusqu’à 50.000 visiteurs par an à la chapelle, actuellement, ils ne sont plus que 15.000."

    Mettre sa famille à l'abri "à l'image du roi Louis XI"

    Cette mise au vert de sa famille "n’est que temporaire. Je les mets à l’abri pour avoir toute latitude pour remettre la Fondation dans l’état d’esprit qu’avait voulu mon grand-père quand il l’a fondée. Quant à moi, je ne quitte pas Dreux, j’y serai très régulièrement de même que des membres de la famille".

    Le comte de Paris s’inspire "du roi Louis XI qui a mis sa famille à l’abri dans un château pour être là où son devoir l’appelait ". Jean de France estime que son devoir est d’être à Dreux pour veiller sur le domaine où reposent les défunts de la famille d’Orléans et rester proche des Drouais. 

    Valérie Beaudoin

  • Dupond-Moretti ou la justice cul-par-dessus tête !, par Christian Vanneste.

    Liberté et surveillance sont des mots qui s’entrechoquent. Certes, la première ne peut être totale sans conduire à la chienlit, mais la seconde ne peut être excessive sans étouffer la démocratie. Les récents propos du grand “Acquittator” (ou acquitte-à-tort ?) devenu dans la scénographie macronienne “Garde des Sceaux” , ministre de la Justice, “gardienne de nos libertés”, devraient ajouter une inquiétude de plus au tableau déjà chargé de l’actualité.

    christian vanneste.jpgIl déplorait récemment comme une “incohérence totale” que ce soient “les mêmes qui vous disent, lorsqu’il s’agit de voter l’application Stop-Covid qu’elle est liberticide”, qui cependant exigent de restreindre les libertés des terroristes, ou des islamistes qui risqueraient de le devenir. En somme, pour Dupond-Moretti, la liberté des terroristes est aussi importante que celle de tous les citoyens ! La surveillance de ces derniers éventuellement porteurs du Covid serait aussi légitime que la libération des terroristes qui ont purgé leur peine, aussi fondée que le refus d’un “Guantanamo” à la française ! Cette curieuse équivalence, compréhensible chez quelqu’un dont le métier consistait à blanchir les âmes les plus noires, témoigne chez celui qui est devenu le défenseur de l’ordre social, le signe d’une confusion mentale inquiétante, inquiétante au point de l’amener à se rattraper aux branches en insistant lourdement sur la surveillance des terroristes et des “radicalisés”, avant, pendant et après la prison. Pour faire plus sérieux, l’artiste du verbe s’est réfugié dans les chiffres : “170 personnels pénitentiaires affectés au renseignement, 64 condamnés pour terrorisme.” A ces chiffres, on respire, mais le ministre prend ses notes, et précise que les 64 sont les détenus qui vont être libérés dans les mois qui viennent. S’y ajoutent 21 “droits communs” radicalisés, et surtout le dessous de l’iceberg : 504 condamnés pour terrorisme, et 572 “droits communs” radicalisés. Et d’ajouter avec une benoîte assurance, ” naturellement, ils seront suivis de près…” Tiens donc ! Comme pour la dette, le gouvernement a découvert l’infini, cette fois celui du nombre des policiers surveillant d’un côté les rétifs au masque et au confinement, et de l’autre les fichés “S”, les terroristes libérés, et les radicalisés en liberté, poursuivant les premiers jusque dans les églises, et laissant bien sûr les autres à l’abri de leurs quartiers réservés, car à l’impossible nul n’est tenu…. D’ailleurs, le Conseil Constitutionnel a déjà résolu la question et démenti a priori le ministre puisqu’il a censuré en Août dernier la loi « instaurant des mesures de sûreté à l’encontre des auteurs d’infractions terroristes à l’issue de leur peine ». Dans le monde de Dupond-Moretti, il est possible de condamner administrativement tous les Français à des restrictions d’aller et de venir, voire à une quasi assignation à résidence, ou même une incarcération dans l’isolement pour les pensionnaires des Ehpad, mais sous la protection du juge judiciaire, le détenu libéré n’a pas à subir de restriction à sa liberté retrouvée… Un monde merveilleux inspiré doublement par nos amis britanniques : 1984 pour tout le monde et Habeas corpus pour les justiciables !

    La démocratie ne peut s’accommoder des excès de surveillance lorsque ceux-ci débordent les besoins de l’ordre public, du respect de la loi et de la sécurité, lorsqu’ils empiètent sur les libertés personnelles fondamentales liées à l’autonomie de la personne, pour son domicile, sa correspondance, et ses déplacements. Elle peut en revanche tolérer des mesures d’exception à la fois limitées dans le temps, et surtout discriminant nettement les individus en fonction de leur dangerosité subie ou volontaire. La prolongation, l’accentuation, et pour comble l’inversion de ces mesures sont en train de pulvériser notre démocratie. Maurice Duverger avait un jour écrit : “La quantité de liberté que l’Etat laissera aux individus dépend de la force des disciplines intérieures que les individus sont capables de s’imposer à eux-mêmes … Quand on n’est pas maître de soi, il faut bien qu’un autre soit votre maître pour que la société vive”. Cette formule est redoutable car elle pourrait justifier la dictature comme antidote de l’anarchie, mais elle doit plutôt nous appeler à une prise de conscience : ne peut être démocratique qu’une nation dont toute la population partage un certain nombre de règles que les familles et l’éducation transmettent de génération en génération. Ni l’individualisme, ni le séparatisme ne peuvent maintenir la démocratie !

    Source : https://www.christianvanneste.fr/

  • En Français s'il vous plaît !

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    (chronique publiée les lundis, mercredis et vendredis; suggestions et commentaires de lecteurs bienvenus !...)

     

    Aujourd'hui, dans les excellentes rubriques du site de l'Académie française  :

    Recommandation sur les équivalents français du mot coach

    Emprunté à l'anglo-américain, le terme coach, qui dérive lui-même de coche, d'abord utilisé dans le monde du sport pour désigner un entraîneur, s'est progressivement étendu, ainsi que ses dérivés coaching et coacher, au domaine des entreprises pour la formation et le perfectionnement du personnel. Il envahit désormais la sphère privée et s'applique à de multiples sortes de formation et de conseil proposées aux individus et touchant au développement personnel (life coaching).

    Véritable phénomène de mode, le coaching est une profession en pleine évolution et en pleine expansion. Il donne lieu à un diplôme d'université et touche depuis peu à l'administration, dans le cadre de la formation continue.

    Des équivalents français sont déjà recommandés officiellement, notamment dans le domaine du sport : entraîneur, pour coach (JO du 22 septembre 2000), et dans celui de l'économie d'entreprise : mentor et mentorat (JO du 26 mars 2004). Dans les universités, les termes tuteur et tutorat ont reçu consécration, de même que moniteur de santé en médecine.

    L'emploi du terme mentor et de son dérivé mentorat semble bienvenu et doit pouvoir être étendu à plusieurs domaines autres que celui de l'entreprise. En effet, quel que soit le secteur où s'exerce cette activité en vogue, il s'agit d'une prise en charge individuelle ou collective des personnes, suivant des techniques de conseil et d'accompagnement personnalisé, en vue d'améliorer des comportements, de surmonter des difficultés et d'atteindre des objectifs professionnels ou de trouver un épanouissement personnel.

    Toutefois il convient de ne pas se priver de termes traditionnels parfaitement adaptés, comme entraîneur dans le domaine sportif ou répétiteur dans celui du spectacle ou de la musique, et se restreindre à une seule série lexicale, alors que ce champ sémantique est couvert par de nombreux verbes tels accompagner, aider, assister, conseiller, encadrer, entraîner, former, guider, soutenir, suivre…, qui peuvent parfaitement décrire l'activité du coach, de même qu'un seul verbe ne résume pas la fonction de maître ou de tuteur.

    Au Canada, pays touché depuis longtemps par ce phénomène, coaching a pour équivalent assistance professionnelle ou accompagnement professionnel. Au Québec, le terme retenu pour coaching est accompagnement individuel, et accompagner pour coacher.

    En conclusion, la Commission générale recommande d'utiliser les termes d'usage courant déjà implantés dans le domaine du vocabulaire considéré, ou bien si le domaine est général, les termes accompagnement et accompagner, et, dans les cas où le domaine est plus précis, les termes mentor et mentorat.

    Voir le terme entraîneur
    Voir les termes mentor et mentorat dans de le domaine de l'économie
    Voir le terme mentor dans le domaine des arts

  • La famille Lefèvre a un (grand) talent, et en 2020, on peut même dire qu’il est incroyable !, par Gabrielle Cluzel.

    Ce télé-crochet sur M6 s’appelle « La France a un incroyable talent », et le nom, quand on y pense, est déjà finalement assez sympathique : les mots « France » et « talent », de nos jours, sont presque subversifs.

    gabrielle cluzel.jpegDire que je raffole de ces émissions et que je tuerais père et mère pour ne pas en louper une serait exagéré, mais un groupe de finalistes sort du lot et vaut bien que l’on écoute – que l’on subisse, parfois… – les autres candidats (dont on peut saluer le travail, même quand le goût est douteux) et un jury bateleur qui surjoue un peu (beaucoup) sa partition.

    Les Lefèvre sont une famille von Trapp à la française, et quand ils apparaissent sur scène, c’est un moment de grâce suspendu. D’où viennent-ils ? leur demande, lors de la première prestation, le jury. Les six enfants, d’instinct, éludent prudemment la question : « Des coulisses ! » « De région parisienne  ! » « De Versailles », avoue enfin la mère de famille. En quoi cette ville serait-elle plus infamante qu’une autre ? Y dévore-t-on les chatons au petit déjeuner ? Ils font partie de cette catégorie de Français avec laquelle on ne prend pas de gants et que l’on peut railler sans danger. Et le jury, avant de les écouter, ne s’en est pas privé : l’un des membres demande si les enfants sont consentants et s’il ne faut pas appeler la DASS. Aurait-il osé cette boutade avec d’autres familles ? Mais peu importe, il finira – lui aussi – subjugué. Souriants, naturels, les Lefèvre offrent le visage d’une famille tournée vers le beau, qui a su faire fructifier ses talents, portée par un projet commun exaltant et exigeant.

    Le choix des morceaux n’y est pas pour rien : d’inspiration classique, mais pas « anciens ». Lors de leur premier passage, le jury avait cru reconnaître un morceau médiéval dans l’œuvre en latin qu’ils avaient choisie – tirée du « Cantique des cantiques ». C’était pourtant celle d’un Norvégien contemporain, illustrant à merveille la définition de Paul Valéry : « La tradition n’est pas de refaire ce que les autres ont fait, mais de retrouver l’esprit qui a fait ces choses. »

    Le jury a relevé la perfection de l’unisson des voix, comme si elle était le reflet de celui des cœurs. Il a reconnu être parti « moqueur », pour railler les « clichés de Versailles, des cathos, des grandes familles », et avoir trouvé leur prestation « magnifique » au point d’avoir envie de « faire partie de cette famille ». Karine Le Marchand, qui anime l’émission, a même lâché qu’elle aimerait voir sa fille épouser l’un d’entre eux : le bonheur est dans le chant sacré ! Et contre toute attente, les Lefèvre ont su le mettre, sans l’abîmer ni le dévoyer, à la portée de tous pour le rendre… populaire, ce qu’il n’aurait jamais dû cesser d’être. Une gageure pour un public biberonné à des sonorités diamétralement opposées.

    Nul ne sait, à ce propos, si la famille Lefèvre sera sacrée mardi soir ni si, mi-décembre oblige, ils choisiront d’interpréter un chant de revisité, mais en ces temps sombres, ils sont un peu l’étoile du berger célébrée par Sheila, une de ces chansons de variétés « populaires » qui semblaient jadis un peu bébêtes, mais qui ne l’étaient peut-être pas tant que ça.

    Il paraît que pour cette finale – mardi, à 21 h 00 – les téléspectateurs peuvent voter. On va se gêner !

     

    Gabrielle Cluzel

    Ecrivain, journaliste
  • La contre-révolution devient une exigence !, par Christian Vanneste.

    Lorsqu’un pays marche systématiquement sur la tête, favorise tout ce qui le détruit, privilégie ses ennemis et disqualifie ses défenseurs, la solution ne peut plus se faire dans la douceur du passage d’une majorité à l’autre, encore moins dans l’apparent et lâche confort du maintien de celle qui a mis la France dans un tel état, par peur d’un changement trop brutal.

    christian vanneste.jpgEn 2017, les socialistes ont conservé le pouvoir après un bilan désastreux. Plus exactement, la faction “nouvelle-gauche”, favorable aux minorités et plus encline aux réformes sociétales qu’au progrès social, soutenue par l’oligarchie décadente, a pris le pouvoir contre la droite conservatrice et en éliminant le socialisme “historique”. Les quelques arrivistes forcenés, dénués de conviction qui sont venus des Républicains pour troubler l’opinion et renforcer ce pouvoir nocif devront un jour en répondre !

    C’est une exigence de salut public que le macronisme soit chassé du pouvoir ! Son bilan est désastreux sur tous les plans. Seule la complicité des médias et de leurs propriétaires intéressés parvient encore à cacher la triste réalité aux Français. En 2017, on évoquait une grande opération “mains propres”. Quatre ans plus tard les affaires de corruption qui touchent les proches de l’exécutif traînent en longueur, les transgressions sexuelles dévoilées se multiplient dans le milieu des soutiens au régime. Le progressisme sociétal dévoile son vrai visage, ignoble, que la loi “bioéthique”, avec l’allongement du temps de grossesse où l’avortement est possible, institutionnalise. Sur le plan économique, la France s’enfonce dans une impasse, celle des déficits et de la dette, de l’effondrement de notre industrie vendue à l’encan, d’une chute vertigineuse des compétences. La cigale est aujourd’hui condamnée à demander secours auprès de la fourmi sa voisine, c’est-à-dire à vouloir plus d’une Europe, où la France comptera de moins en moins, pour éviter la banqueroute, alors que c’est l’entrée dans l’Euroland avec l’augmentation du coût du travail qui a précipité le décrochage de la France par rapport à l’Allemagne ! Les sinuosités de la dictature sanitaire ont exhibé à la fois l’incompétence de l’oligarchie française, politiciens et haute administration confondus, le recul de notre recherche et de notre production, l’appauvrissement de notre système de santé. L’arrogance seigneuriale, la morgue, aux deux sens du mot, des responsables de la santé ont méprisé et apeuré les Français, dont les protestations et les manifestations, et même les votes ont été noyés dans l’Etat d’urgence.

    Le plus grave se noue dans le régalien. Tandis que des soldats français meurent au Mali faute d’un matériel adapté, les migrants continuent à entrer en nombre dans notre pays dont le gouvernement ne veut pas protéger les frontières par un choix idéologique qui confine à la trahison. Le comble de la forfaiture est atteint lorsque faute de faire respecter la loi on veut interdire, dissoudre, ceux qui demandent qu’on la respecte, qu’on protège nos frontières, qu’on empêche la dissolution de notre nation dans une immigration excessive et inassimilable. Aujourd’hui, on peut attirer des policiers dans un guet-apens, et tenter de les tuer, à Poissy, sans qu’ils tirent, on peut traiter les soldats français de terroristes, on peut injurier la France et les Français, sans risque, mais on ne peut manifester pacifiquement et intelligemment contre l’immigration sans se faire interdire. On laisse un prétendu humoriste accuser Thaïs d’Escuffon de vouloir décapiter les Sarrasins. Mesure-t-on l’abjection du propos ? Non seulement la porte-parole de Génération Identitaire n’a jamais rien dit de semblable, mais la décapitation existe en France : c’est celle précisément que les nouveaux Sarrasins infligent à des Français comme Samuel Paty. On chasse de la télévision Finkielkraut, mais on y laisse Cohn-Bendit et Belattar tandis que Jack Lang continue de se goinfrer à l’Institut du Monde Arabe. Mais, dans quel pays vivons-nous ? Un pays touché par de nombreux virus, mais qui tue ses anticorps au lieu de les protéger et de les faire fructifier !

    Source : https://www.christianvanneste.fr/

  • Culture : pour une fois, Zemmour se trompe !, par Christian Vanneste.

    Zemmour veut supprimer le ministère de la culture. Il tire cette conclusion du désastre de la cérémonie des Cesar où la plus plate vulgarité a piétiné un rite célébrant une exception culturelle française réduite à être le tremplin d’un gauchisme obsessionnel. Faut-il donc jeter le bébé avec l’eau du bain ? Faut-il en revenir à un secrétariat aux Beaux-arts chargé d’entretenir et de transmettre le patrimoine ? 

    christian vanneste.jpgCette proposition est pour le moins décevante de la part de celui dont Mme Le Pen voulait faire son ministre de la culture. C’était d’ailleurs une fort mauvaise idée car si Eric Zemmour ferait un excellent porte-parole pendant quelques semaines, avant que son sens aigu de la critique ne se rebelle contre un rôle de brosse à reluire, il a une vision beaucoup trop réductrice de la culture.

    La culture est l’un des vecteurs du rayonnement de notre pays. Ce devrait être une source d’identité et de fierté nationales, et on comprend mal qu’un patriote, partisan de les “cultiver” l’une et l’autre en ait une conception quelque peu rabougrie dans le territoire étroit du patrimoine. Les deux explications qui viennent à l’esprit sont d’abord un pessimisme foncier, celui du “Suicide français”. Celui-ci est en grande partie fondé mais s’il convient à un éditorialiste, il devient un énorme défaut chez un responsable politique dont les idées doivent soulever l’espoir et non caresser la désespérance. En second lieu, de manière beaucoup plus juste, ce qu’il vise n’est pas tant l’institution, que le microcosme auquel elle correspond. Et on touche là le vrai “mal français”, non pas celui que Peyrefitte avait ciblé, ce dirigisme étatique, cette administration envahissante, cette peur de la liberté appuyée sur l’esprit de méfiance qui entrave chez nous le vrai libéralisme, mais le rôle calamiteux de nos prétendues élites. Il y a longtemps qu’elles sont sclérosées et aussi pontifiantes qu’inefficaces. Ce sont elles qui expliquent “L’Etrange défaite” de 1940 dont parle Marc Bloc. Mais, d’une certaine manière, on pouvait penser que la guerre avait permis le renouvellement, remplacé les hommes, changé les esprits, rétabli le sens de la rigueur et de l’exemplarité chez ceux qui doivent diriger les autres. Le gaullisme était le courant politique qui correspondait à ce renouveau. Il eut mieux valu qu’il s’imposât dès 1944 pour une longue période. Tel n’a pas été le cas. On retiendra toutefois que des créations comme l’ENA, en 1945, ou le ministère de la Culture, en 1959, participaient de cette volonté politique. Il y eut des générations de hauts fonctionnaires qui faisaient du service du pays leur religion. Nos derniers dirigeants témoignent de sa décadence. La France a connu un grand ministre de la culture avec Malraux qui possédait les trois qualités propres à sa mission, d’abord une vaste culture, ensuite être un acteur de celle-ci et enfin nourrir une idée claire de ses objectifs.

    “Rendre accessibles les œuvres capitales de l’humanité et d’abord de la France, au plus grand nombre possible de Français ; assurer la plus vaste audience à notre patrimoine culturel et favoriser la création des œuvres de l’art et de l’esprit qui l’enrichissent”, tels étaient ces objectifs que Malraux avait définis lui-même. Tout y est : en premier lieu, la culture est un patrimoine mais hiérarchisé, avec des oeuvres “capitales” et d’autres qui le sont moins ; il doit y avoir une “préférence nationale” qui fait de l’héritage français celui qu’il faut “d’abord” mettre en valeur ; le public doit être populaire car la transmission de la culture c’est de l’élitisme pour tous, c’est faire accéder les plus pauvres à la connaissance des oeuvres ; enfin la culture n’est ni un musée uniquement, ni surtout un cimetière, il faut qu’elle soit vivante et créatrice. On mesure en relisant ce texte la descente aux enfers de notre pays, symbolisé par l'”autre” ministre, Jack Lang, qui fut en tous points à l’opposé de Malraux, confondant la culture et le divertissement, avec les fêtes de ceci ou de cela, associant à la fois la démagogie de l’égalité des expressions “culturelles”, et le snobisme de la création réduite à la provocation. Une prétendue élite snobe assez méprisante envers le peuple pour le reléguer au plaisir du divertissement vulgaire et assez indigne de son rôle pour favoriser tout ce qui mine et détruit le patrimoine spirituel sans lequel la culture n’a plus d’âme : voilà où cette dérive nous a conduits. Le grand paradoxe réside dans le fait que la gauche a monopolisé la culture dès avant 1968, et qu’elle y règne sans partage depuis 1981, alors que l’idéologie qui l’anime est aux antipodes du but que Malraux assignait à une véritable politique culturelle. C’est de cette caste et de son idéologie qu’il faut libérer notre pays et notre culture !

    Source : https://www.christianvanneste.fr/

  • Macron et les jeunes : grandes manœuvres ou basses manip’ ?, par Marie d'Armagnac.

    qui ouvre un compte TikTok, qui accorde une interview de deux heures à Brut, qui lance un défi aux célèbres youtubeurs (six millions d’abonnés). Jean Castex – dont on croirait, à son allure, qu’il sort tout droit d’une émission de l’ORTF– face à Samuel Étienne sur Twitch, Gabriel Attal qui reçoit le 22 février dernier cinq influenceurs richissimes pour parler de la précarité économique, psychologique et pédagogique des étudiants : la Macronie, sans grande finesse, investit massivement le public « jeune ».

    3.jpgTout d’abord, il est vrai que le jeunisme est une maladie de notre époque, qui n’assume plus ni la sagesse ni les rides héritées du passage du temps, mais où le culte de l’image vire à l’obsession. Et l’hypocrite attention portée à notre jeunesse semi-enfermée depuis un an a tout du passage obligé, de la case à cocher. « Si la jeunesse bénéficie d’un traitement particulier, c’est parce qu’elle morfle grave dans cette crise », s’exclame le député LREM Gilles Le Gendre, 62 ans.

    Mais, surtout, les échéances électorales se rapprochent, et souvenons-nous qu’en 2017, 30 % des moins de 35 ans se sont abstenus au premier tour, et qu’au second tour, 44 % des 18-24 ans et 38 % des 25-34 ans ont voté… pour .

    Vu le bilan catastrophique du quinquennat d’Emmanuel Macron, il y a urgence à jouer de l’entourloupe. Autant de raisons à ce focus mis sur notre jeunesse ces dernières semaines.

    Notre jeunesse, paraît-il, ne s’informe plus auprès des médias traditionnels mais des réseaux sociaux et plates-formes d’influenceurs. À titre d’exemple, l’interview d’Emmanuel Macron sur Brut a été vue par 50 % des 15-34 ans en France, « grâce au déploiement d’un dispositif multiplateforme avec un Facebook live retransmis sur YouTube, Twitter et Twitch, et des stories sur Instagram et TikTok », rapporte Le Point. En langage clair, le renvoi de l’interview d’une plate-forme à l’autre fait que, pour les abonnées à ces réseaux sociaux, il fallait ce soir-là être totalement déconnecté pour échapper à la parole macronienne. À cela s’ajoutent les 6,6 millions de vues sur les chaînes d’info classiques.

    Le 19 février dernier, Emmanuel Macron lançait un défi aux youtubeurs Mcfly et Carlito : faire une vidéo expliquant aux jeunes l’importance des gestes barrières et « récolter » dix millions de vues « pour nous aider à battre le virus ». Les deux compères, bien que se disant lucides sur la grossière arrière-pensée électoraliste d’Emmanuel Macron, acceptent de rentrer dans le jeu, parce que « c’est un sujet hyper important, c’est pour la bonne cause. On veut aider la santé publique à travers les gestes barrières. » La néo-morale covidienne a force de loi et remplace aisément le libre-arbitre. En contrepartie, ils pourront aller à l’Élysée filmer le Président et le soumettre à un concours d’anecdotes.

    On passera sur le degré zéro de la pensée politique inversement proportionnelle à l’habileté en affaires des deux vidéastes, on passera aussi sur les coups de canif supplémentaires à « la stature présidentielle » pourtant si souvent revendiquée.

    Mais on s’arrêtera sur le scandale absolu de ces tentatives répétées de manipulation de la jeunesse. Tout d’abord, cela fonctionne-t-il ?

    Une internaute se déclare « vexée de voir à quel point ils pensent avoir nos voix en utilisant des influenceurs […] on vous voit venir à des kilomètres […] ça peut marcher sur les ados mais pas sur les jeunes en âge de voter ».

    Car il s’agit bien ici d’opportunisme, d’instrumentalisation, de mépris et d’arrogance de la population française en général et de notre jeunesse en particulier.

    Et comme le dit Mathieu Slama, dans Le Figaro, « l’enjeu fondamental […] est la dépolitisation, par le gouvernement, d’absolument tous les sujets politiques, y compris les plus importants, et le recours à la propagande et à l’infantilisation au détriment du débat démocratique ».

     

    Marie d'Armagnac

    Journaliste
    Journaliste et auteur
  • Plongée en Absurdistan : en France, vaut-il mieux être schizophrène-terroriste qu’immigré en règle ?, par Marie Delarue.

    Il y a, dans l’actualité, des nouvelles qui se télescopent et dont on se dit, au premier abord, qu’elles n’ont aucun rapport, et puis, en y regardant de plus près…

    Ce matin, par exemple, je découvre que l’ONU s’alarme de ce qu’un drone armé aurait visé une cible et abattu un soldat « ami » sans instructions.

    2.jpgLe quadcoptère KARGU-2 est « un drone d’attaque mortelle conçu pour les guerres asymétriques et les opérations antiterroristes ». Il a, tout seul, décidé de « chasser une cible humaine ». Ce n’était pas la bonne ? Tant pis, veux pas le savoir !

    J’apprends aussi qu’une autre machine aveugle – l’administration française – a décidé d’expulser du territoire un Algérien de 27 ans, en règle, serveur sur l’une des « terrasses » visées par les attentats du 13 novembre 2013. Précision : il fait partie des victimes indemnisées par le Fonds de garantie des victimes des actes de et autres infractions (FGTI) après le traumatisme subi ce soir-là. Il est resté en poste, dispose d’un CDI, paie ses impôts et trouve ici un réconfort familial puisque ses quatre sœurs habitent aussi en France.

    Pourquoi, alors, lui notifier une OQTF (obligation de quitter le territoire français) assortie d’une interdiction de revenir en France pendant trois ans ? Parce qu’il s’est séparé de sa femme, épousée en 2016, ce qui le prive désormais de son « titre de séjour au titre de sa “vie familiale et privée” »», explique 20 Minutes, qui rapporte la chose. Or, nous dit-on, « une “communauté de vie” doit être justifiée pour les conjoints étrangers bénéficiant de ce type de carte de séjour ».

    Dura lex, sed lex, « la loi est dure, mais c’est la loi », disaient les Anciens. Fort bien. Alors, qu’on l’applique à tous avec la même rigueur.

    La préfecture se justifie : la demande de renouvellement de titre de séjour n’a pas été faite comme il aurait fallu, il eût été préférable de la faire au titre de salarié. Oui, mais voilà, l’avocat dudit salarié dit avoir « insisté pour que la demande de renouvellement se fasse sur un fondement familial, parce que c’était le plus pertinent et le plus protecteur » pour son client. « J’avais que les conséquences de la crise sanitaire liées au Covid-19 dans son secteur d’activité lui soient défavorables dans le cadre de cette démarche. » On le comprend.

    Mais dura lex, sed lex, bis repetita, et l’on ne saurait transiger !

    L’administration manque autant de souplesse que de bon sens. L’avocat fait ainsi remarquer que son client, partie civile dans le dossier des attentats, n’aura « pas le droit d’assister au procès qui doit commencer en septembre ». Manque d’humanité, aussi… sauf quand l’immigré se fait terroriste au couteau et à la petite semaine, auquel cas on se précipite pour lui trouver des circonstances atténuantes et un psychiatre compatissant pour lui éviter la geôle.

    L’évidence s’impose donc : la loi est dure pour ceux qui la respectent. Pour les autres, aucun souci : l’administration et la ne leur courent pas après. Trop dangereux. Mieux vaut, dans la France d’aujourd’hui, être dealer-caillasseur de flics que serveur.

    L’avocat, soulignant que son client est arrivé en France quand il était encore mineur et a toujours été en règle, annonce qu’il va déposer un recours au tribunal administratif de .
    Interpellée, dit qu’elle va demander un « réexamen » de la situation.
    C’est comme ça, en Absurdistan : il faut l’intervention d’un ministre pour réaliser ce qui relève du bon sens le plus élémentaire !

     

    Marie Delarue

    Ecrivain, musicienne, plasticienne