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Rechercher : qu'est-ce que le Système

  • Michel Onfray : psychopathologie du Président (3/3).

    Devant trente-cinq millions de téléspectateurs, un record, le président de la République a excellé dans ce qu’il sait le mieux faire: tenir un double langage, dire une chose et son contraire -comme porter deux alliances...

    Cette fameuse schizophrénie, jadis tenue par les psychiatres pour pathologique, est devenue dans notre époque déconstructionniste une qualité dialectique, un genre de vertu hégélienne -c'est le fameux "en même temps" devenu slogan électoraliste puis, hélas, depuis deux ans, méthode de gouvernement!

    Les thuriféraires du chef de l'État prétendent qu'il disposerait d'une intelligence exceptionnelle, incompréhensible pour le commun des mortels -souvenez-vous des sorties de Gilles Le Gendre et de Richard Ferrand, deux flèches intellectuelles comme chacun aura pu s'en apercevoir. Ce génie que lui prêtent ses courtisans lui permettrait de renvoyer Descartes et le cartésianisme, sinon le plus élémentaire bon sens, aux poubelles de l’Histoire.

    Voilà qui permet de faire exploser en vol le fameux principe de non contradiction, un principe de base de toute rationalité -c'était jadis un enseignement délivré dès les premières heures de classe de philosophie en terminale. Il semble que le Grand Timonier d'Amiens ait sauté la leçon, probablement parce qu'il courrait d'autres lièvres...

    Selon ce principe, une chose ne peut être dite vraie en même temps que son contraire: de fait, on ne peut être à la fois mort et vivant, grand et petit, gros et maigre, crétin et intelligent, blanc et noir, musulman et chrétien, tatoué et sans tatouages, homme et femme -encore que, depuis un certain temps, un homme blanc, barbu, peut, sans se faire rire au nez, dire sur le plateau de Daniel Scheidermann qu'il est une femme de couleur parce qu'il est né au Liban en obtenant les plus plates excuses du journaliste qui ne s'en était pas aperçu... Comme quoi la contamination schizophrénique fait la course en tête avec le virus.

    C'est en vertu de ce paralogisme devenu marque de fabrique présidentielle qu'Emmanuel Macron peut se permettre d’annoncer, en prenant soin de ne jamais utiliser le mot, le confinement de toute la France pour cause de coronavirus.

    Donc: interdit de sortir de chez soi. Sauf quand on sort de chez soi, à savoir: muni d'une déclaration imprimée à partir de son ordinateur -bonjour les anciens sommés de se faire geeks pour l'occasion!

    "La France est en guerre" fut-il dit à plusieurs reprises de façon martiale, il faut donc rester confiné chez soi, mais on peut tout de même effectuer "les trajets nécessaires pour faire un peu d'activité physique". Énième variation sur le thème du "en même temps": restez confinés mais sortez quand même...

    Qui pourrait imaginer qu'en guerre, et la chose fut dite à plusieurs reprises, on puisse sortir de la tranchée pour aller faire un footing sous la mitraille, les obus, en avalant à pleins poumons les gaz de l’ypérite, en courant entre les éclats d'obus, puis rentrer, indemne, à la maison? Emmanuel Macron...

    Dans la foulée, son ministre de l'Intérieur, Christophe Castaner, une autre flèche du carquois présidentiel, annonce clairement: "Le mot d'ordre est clair (sic): restez chez vous!". Ce qui veut donc dire, en toute bonne logique... qu'on ne saurait effectuer "les trajets nécessaires pour faire un peu d'activité physique"!

    On imagine mal que Macron et Castaner ne se soient pas concertés! C'est donc une décision contradictoire à laquelle le chef de l'État nous contraint. Macron, en Dupond D, affirme: "Interdit de sortir, mais on le peut tout de même pour faire du sport"; Castaner, en Dupont T, ajoute: " je dirai même plus, interdit de sortir y compris pour faire du sport". Comprenne qui pourra!

    Bon courage aux forces de l'ordre quand elles devront tenter de faire respecter la loi le carnet de contravention à la main...

    Si l'on voulait tout de même obéir aux deux hommes en même temps, avouons que cette décision de Janus libérerait l'inventivité: nager le dos crawlé dans sa baignoire, faire du cyclisme dans son couloir d'appartement, descendre ses escaliers en ski, faire du parachute en sautant du haut de son armoire, partir en balade en canoë-kayak dans son évier, pratiquer la spéléologie dans la canalisation de ses toilettes, l'escalade en grimpant à ses rideaux, l'équitation en galopant sur son balcon -où l'on constate que le macronisme ouvre des possibles insoupçonnés!  Quelle intelligence inédite en effet...

    On peut également sortir pour des raisons de santé.

    Or, nous croulons sous les prescriptions médicales qui, entre cinq fruits et légumes par jour et pas plus de deux verres d'alcool quotidiens, nous invitent à faire de l'exercice dans le genre dix mille pas par jour: quiconque remplira son formulaire en disant qu'il lui faut marcher, faire du vélo, courir, sera fondé à le faire, donc à sortir de chez lui, sans besoin d'une prescription médicale, puisque les hygiénistes nous bassinent avec ces exhortations chaque jour que Dieu fait depuis des années. Demandez à Michel Cymes, le grand prêtre de cet hygiénisme, flanqué de sa caution scientifique Adriana Karembeu:  il faut bouger pour éliminer -c'est d'ailleurs également la maxime du coronavirus, son impératif catégorique ...

    Je gage qu'en vertu de la logique victimaire, des associations de cardiaques ou de victimes d'AVC (je peux les invoquer, j'ai le titre aux deux, héhé...) se retourneront bientôt contre l'État en le suspectant de vouloir augmenter la mortalité en France par une production massive de crises cardiaques et de congestions cérébrales, comme on disait dans le temps, faute d'exercice physique!

    Donc, le président de la République a dit: restez confinés chez vous sauf quand vous sortirez. Voilà le propos d'un philosophe, d'un sage, d'une intelligence exceptionnelle et d'un conducteur d'hommes. Jupiter, tu m'impressionnes...

    Ce même discours de vingt minutes a mis à jour un second paralogisme. Un toutes les dix minutes, c'est une copie nettement à noter en-dessous de la moyenne...  

    Depuis des semaines, pour contrer les souverainistes avant les élections municipales et, comme toujours, tenter de pousser les feux maastrichtiens, il a été dit, dans une belle formule ciselée par les communicants: "le coronavirus n'a pas de passeport"! C'était une belle image qui appuyait l'idée déjà martelée souventes fois que: "le coronavirus ignore les frontières".

    Dans sa première intervention, le 12 mars, Emmanuel Macron avait appelé à "éviter le repli nationaliste" face au virus qui, avait-il donc dit, "n’a pas de frontières, pas de passeport". Il avait, en même temps, assuré que les fermetures de frontières, "quand elles seront pertinentes", seraient décidées "à l’échelle européenne".

    Le paralogisme était donc déjà dans cette seule phrase: si le coronavirus n'a pas de frontières comment pourrait-il en avoir tout de même? Qu'est-ce qui rend "pertinent", pour utiliser son mot, qu'on les ferme?

    La conclusion s'impose: seule volonté de protéger l'Europe, un souci que ne mériterait pas la France tout juste bonne à crever, s’avérera pertinent...

    La France n'a pas de frontières, mais l'espace Schengen, si; le virus ignore les frontières françaises, mais il connait celles de Schengen; il n'a pas de passeport français, car c'est un vulgaire torchon, mais il possède un passeport européen, un sublime sésame: jamais le cynisme de l'Empire maastrichien qui aspire à détruire les nations pour imposer sa loi n'aura été autant visible.

    Un chef de l'État français qui expose sciemment son peuple et ne prend de mesures contre lui qu'en faveur de l'Europe, voilà le signe de la forfaiture -de la haute trahison si l'on préfère. Comment punit-on ce genre de crime? Le temps voulu, le peuple français saura répondre à cette question*.

    Michel Onfray

    *: A l'heure où je finis ce texte, j'apprends qu'Agnès Buzyn, ministre de la santé démissionnaire en pleine épidémie, et ce afin de remplacer Griveaux mis hors-course dans les municipales de Paris, prétend dans Le Monde qu'elle aurait averti Emmanuel Macron de la dangerosité de la pandémie fin janvier 2019 et qu'il n'en aurait rien fait. Si tel était le cas, la forfaiture et la haute-trahison seraient avérés. A suivre...  

  • Paru sur le site Marcelle, entretien avec celui qui est au cœur des polémiques : Didier Raoult.

    https://marcelle.media/

    Le portait du Pr Didier Raoult paru dans Marcelle il y a une semaine a explosé tous nos compteurs (plus de 100 000 lecteurs). Plus surprenant encore, il n’a donné lieu à aucune polémique. Le chercheur est actuellement au cœur de tous les débats pour la solution thérapeutique qu’il préconise. Hier matin, le Canard Enchaîné titrait même sur les menaces de mort dont il a fait l’objet. D’où cet exercice de questions-réponses auquel le virologue aujourd’hui le plus célèbre de la planète a bien voulu se plier car il connaît bien et depuis longtemps les journalistes qui le questionnent.

    Vous avez fait savoir mardi que vous ne participeriez plus aux réunions du comité scientifique qui conseille nos autorités sur la conduite à tenir face à l’épidémie, pourquoi ?

    Je n’ai pas deux heures à perdre dans des discussions qui ne vont pas à l’essentiel. Ici, nous sommes submergés de travail, nous sommes submergés par les résultats des tests et les données de nos patients. Un tiers de nos 75 lits d’hospitalisation est renouvelé tous les jours, nos équipes sont mobilisées H24… C’est cela qui m’importe, pas les causeries où il ne faut surtout froisser personne.

    Les critiques, les mises en cause, cela vous blesse ?

    Les critiques et les conversations de bar sur les plateaux télé, je m’en fous à un point que vous n’imaginez pas. Ce qui m’ennuie, en revanche, c’est que la France, mon pays, ne suive pas ce qui est raisonnable et prenne du retard parce que des gens qui se pensent importants ne veulent pas se dédire. Moi, je suis serein, je sais comment cela va se terminer.

    C’est ce que certains vous reprochent, de prédire l’avenir.

    Il ne s’agit pas de prémonition mais de savoir. Dans le domaine qui est le mien, je sais ce que je dis, je sais ce que font mes équipes, j’accumule des données – donc du savoir supplémentaire – et je mesure tous les jours l’effet clinique de ce que je préconise. Certains ne veulent pas y croire ? C’est leur problème. Les politiques et leurs décisions, c’est l’Histoire qui les juge. On verra très vite ce qu’il en est pour cette crise. On connaîtra la vérité. Un millier de patients ont été déclaré positifs aux tests que nous avons réalisés. Grâce au suivi de leur traitement, nous disposons d’une somme considérable de données. Nous les compilons. Elles nous donneront bientôt une idée plus précise de l’action de l’hydroxychloroquine.

    Avez-vous ajusté vos indications thérapeutiques ?

    Notre doctrine, c’est de détecter et de traiter le plus en amont. L’hydroxychloroquine fonctionne sur les cas modérés à sévères. Au-delà, quand les patients sont en réanimation, c’est trop tard. Le virus est encore là, mais le malade souffre d’inflammations pulmonaires consécutives.

    Justement, l’essai clinique Discovery va être mené sur des patients très atteints…

    Si on avait envie de prouver que ça ne marche pas, on ne s’y prendrait pas autrement. Il y aura une enquête parlementaire après tout ça, et elle sera sanglante, autant que l’affaire du sang contaminé. Et ce sera pire si le gouvernement décide de refuser l’accès au médicament.

    Mais, même l’Organisation mondiale de la santé (OMS) met en garde contre le traitement que vous préconisez…

    Avant toute chose, je suis médecin. J’ai prêté le serment d’Hippocrate en 1981 et mon devoir depuis, c’est de faire ce qui me paraît le mieux pour les malades, en fonction de mes connaissances et de l’état de la science. C’est ce que je fais depuis 40 ans et ce que je fais en ce moment avec mes équipes : soigner le mieux possible les patients qui se présentent. Cela veut dire les tester, évaluer l’état de ceux qui sont positifs et les traiter avec les thérapies disponibles. Aujourd’hui, il n’y en a qu’une qui a commencé à donner des résultats, c’est l’hydroxychloroquine associée à un antibiotique, l’azithromycine. Toutes les données que nous recueillons depuis que nous avons commencé, il y a un mois, après les premiers essais en Chine, vont dans le même sens. Alors, que ça respecte ou non les procédures scientifiques habituelles… Je suis d’accord avec le Président quand il dit que nous sommes en guerre. Une guerre qui justifie de se battre avec toutes les armes dont nous disposons. En tant que médecins, il est de notre devoir de donner aux malades le meilleur traitement disponible à l’instant T. Le reste, c’est de la littérature.

    Quels mécanismes entreraient en jeu avec l’administration d’hydroxychloroquine ?

    Cette molécule aurait deux effets pour accélérer l’élimination du virus : il modifierait d’abord l’environnement acide de la poche vacuole de la cellule. Ce petit sac de liquide protégé par la membrane sert de nid aux virus. En augmentant son pH (potentiel Hydrogène), l’écosystème tranquille de cet abri est chamboulé et les enzymes, impliquées dans la machinerie cellulaire utilisée par le virus pour se répliquer, sont empêchées d’agir. L’hydroxychloroquine favoriserait également l’apoptose, c’est-à-dire la mort cellulaire programmée, un mécanisme génétique qui protège l’organisme des infections en commandant aux cellules infectées de s’autodétruire. Je vais travailler avec l’expert de renommée mondiale Guido Kroemer, professeur d’immunologie à la faculté de médecine de l’Université de Paris Descartes et directeur de l’unité de recherche « Métabolisme, cancer et immunité », pour approfondir les travaux sur les mécanismes impliqués.

    Sans présager de la publication de vos nouvelles observations, que pouvez-vous dire de l’efficacité de Plaquenil ?

    Ne vous inquiétez pas : ça marche. Et même mieux que ça : on a deux fois moins de victimes d’infections virales cette année, toutes maladies confondues, aucun pic de surmortalité et pas de résistance aux antibiotiques.

    Nombre de vos confrères poussent des cris d’orfraie en évoquant les effets secondaires délétères de la chloroquine…

    Tous les médicaments ont des effets secondaires, surtout lorsque l’on ne respecte pas les posologies. L’aspirine, le paracétamol et l’ibuprofène surdosés, c’est beaucoup plus dangereux que l’hydroxychloroquine aux doses où on les administre. Quant à l’azithromycine, un Américain sur huit s’en voit prescrire au moins une fois chaque année. Si cela tuait les gens ou les rendait plus malades qu’ils ne sont, nous le saurions.

    Vous avez annoncé dimanche que vous testeriez toutes les personnes fébriles qui se présenteraient à l’IHU. On a vu les queues qui se formaient devant chez vous. Que pouvez-vous nous en dire ?

    Depuis lundi, nous avons pratiqué 2 000 tests par jour. Environ 10% des personnes testées étaient positives.

    Que se passe-t-il pour les gens que vous dépistez ?

    Notre protocole est rodé. Nous regardons s’ils ont des signes cliniques de la maladie et nous leur faisons passer un scanner pulmonaire  « low dose » (1), comme le font les Chinois, car une partie des gens contaminés ne présentent pas de signes cliniques évidents de la maladie mais ont des lésions pulmonaires qui s’aggraveront s’ils ne sont pas traités.  C’est à eux que l’on administre ce que nous considérons comme le seul traitement disponible à ce jour.Deux jours après, ils sont invités à venir réaliser un électrocardiogramme. Le risque cardio-vasculaire est l’effet secondaire le plus important. Ce traitement est ambulatoire mais les patients les plus sérieux sont naturellement hospitalisés.

    Qu’est-ce qui, selon vous, empêche de généraliser ces tests et ces examens au scanner à l’ensemble du pays ?

    C’est d’abord une question de volonté politique et de mise en place logistique. Les moyens, nous les avons. Entre les laboratoires d’analyses privés, les laboratoires vétérinaires de très grande qualité que nous possédons, les médecins de ville et les infirmières libérales, tous qualifiés pour faire des prélèvements, ainsi que nos ressources hospitalières, il y a de quoi faire. Ici, nous ne sommes pas des extra-terrestres. Si nous arrivons à faire 2 000 tests par jour à l’IHU de Marseille je ne peux pas croire que la France entière ne soit pas capable de faire comme en Allemagne ou en Corée du Sud. 100 000 tests par jour, c’est ce dont nous aurions besoin et nous en sommes capables. Des tests PCR de base, hors épidémie, nous en faisons 300 000 par an à l’IHU. Quant aux scanners, nous faisons face à Marseille, mais cela sera peut-être plus difficile ailleurs, car notre taux d’équipement en scanners est un des plus faibles des pays de l’OCDE. C’est la conséquence des choix politiques et financiers des 30 dernières années. Les conneries finissent toujours par se payer.

    Comment expliquez-vous que cette stratégie qui a fait ses preuves ailleurs, ne soit toujours pas d’actualité chez nous ?

    En France, malheureusement, avant de se poser la seule question qui vaille, c’est-à-dire « que faut-il faire pour faire face à telle situation ? », on se demande toujours « est-on capables de mettre en place telle ou telle solution ? ». On met la charrue avant les bœufs et ça n’avance pas.

    Le ministre de la Santé vous écoute-t-il ?

    C’est un homme intelligent, mais il a hérité d’une situation très difficile, très désorganisée.

    Que pensez-vous de l’attitude des autorités, politiques et médicales, d’une façon générale ?

    Je me contenterai de citer la maxime attribuée à Sénèque : « Errare humanum est, perseverare diabolicum » (ndlr – L’erreur est humaine, persévérer -dans l’erreur- est diabolique) ♦

     

    (1) Un scanner « low dose » (faible dose en français) permet d’obtenir une image de bonne qualité avec un niveau d’irradiation très faible du patient.

    Par Hervé Vaudoit et Paul Molga

    Journalistes

  • Malédiction chilienne

    Par Mathieu Épinay* 

    Bloc-notes

    Macron sous l’uniforme de Pinochet ! Le photomontage où il siège entre ses ministres Philippe et Castaner en militaires bottés aura fait le tour de la toile, centrifugé par les tentatives de l’Élysée de l’en retirer et par la « main de Moscou » qui l’affichait avec gourmandise sur Sputnik, très lu des Français, honni de Macron.

    En Union européenne, Russia Today et Sputnik sont suivis comme jadis Radio Free Europe l’était en Union soviétique et ça horripile l’Élysée dont chaque bavure policière filmée tourne en boucle sur la planète. Récemment encore, un député, un journaliste, un couple de personnes âgées battus, un handicapé gazé à bout portant, pas bon pour l’image du régime dont l’usage déréglé du « lanceur de balles de défense », 20 éborgnés à vie, 180 blessés à la tête, excusez du peu, commence à émouvoir le Conseil de l’Europe. Macron, à qui il demande des comptes, rétorque implicitement qu’ils ne l’ont pas volé, ce sont des casseurs. Les mutilés apprécieront ! Dans les cités grenobloises en feu, les mutinés rigoleront.

    172958.jpgLa photo originelle de Pinochet dans le rôle du méchant, lunettes noires et mine patibulaire, alimentait jadis une campagne orchestrée par Moscou contre ceux qui avaient débarrassé le Chili du stalinien Allende, un coup d’arrêt sans précédent au communisme qui rongeait alors la planète. 17 ans plus tard, Pinochet était encore plébiscité à 43%, pas assez pour se maintenir, il laissait la place. Macron, qui n’est que l’élu des deux tiers de 43% des inscrits, ressemble plus à Allende. Comme lui, il a pris le pouvoir par un hold-up électoral qui le prive de légitimité représentative, comme lui il a cristallisé contre une « nomenklatura » d’idéologues bornés et profiteurs la vindicte d’un peuple exaspéré qui, en France, s’est affranchi de tutelles partisanes et syndicales disqualifiées par 50 ans de compromissions. Comme lui, il fait tirer sur la foule où le nombre de mutilés augmente chaque samedi. Dieu merci, il n’a pas encore suivi ses soutiens « foulards rouges » et l’ancien ministre-philosophe Luc Ferry qui lui conseillent de tirer à balles réelles sur les Gilets jaunes.

    Photo-bloc-note-3-450x225.jpgMadame Bachelet fut deux fois présidente du Chili après Pinochet. Il l’aurait torturée en 1973, lui laissant en tout cas les mains et les yeux que des Gilets jaunes ont perdus. L’ex-torturée de Pinochet, donc, devenue haut-commissaire des droits de l’homme à l’ONU, demande une enquête sur l’usage excessif de la force par Macron : y aurait-il une malédiction chilienne ?

    Crispation républicaine

    En France la situation reste bien inquiétante, non pas tant à cause de la ténacité d’un peuple méprisé par les incapables qui croient nous gouverner, mais plus par le comportement étrange d’un chef d’État dépassé par la fonction. Il organise un grand débat, comme si la situation relevait d’une thérapie de groupe, il croit encore avoir raison et veut l’expliquer à ces provinciaux rustauds qui ne comprennent rien ! Au passage il s’offre une tribune gratuite pour les européennes. Mais les discours fleuves assénés, manches relevées, à un parterre de maires dociles sélectionnés par des préfets qui ne le sont pas moins (mais c’est leur job) rappellent Castro ou Chavez qui tenaient eux aussi des heures au micro. On en frémit. Pire, Le Point, en délicatesse avec Macron, nous révèle qu’il a réuni les patrons des gros médias à l’Élysée pour réfléchir à un service d’information à la botte du palais et… au service de la vérité, « Pravda » en soviétique. Le silence de plomb des autres invités sur ce rendez-vous en dit long sur leur connivence !

    Photo-bloc-note-2.jpgComme chacun sait, la république qui gouverne mal se défend bien et ses tentatives de discréditer le mouvement portent. L’impunité des black blocs et autres antifas infiltrés avec ou sans gilet jaune dans les manifestations entretient un climat de violence qui inquiète. L’agression verbale de Finkielkraut par des « Gilets jaunes » fait le miel des Échos, de BFM TV et de Macron qui hurle au crime antisémite, organise une marche et en fait même trop au dîner du CRIF où son hôte, le président Kalifat, empoigne avec une fougue troublante le bras de Jupiter. Mais il y a un problème, ce sont des salafistes qui ont agressé Finkielkraut. Plutôt compréhensif avec les Gilets jaunes, il l’a constaté sans ambiguïté.

    Général providentiel

    L’exaspération populaire ne faiblit donc pas. La question urgente est maintenant de savoir comment la France pourra échapper à la tyrannie euro-mondialiste ou à la guerre civile. Que faire de Macron ? La dissolution de la chambre basse que la presse d’argent, tenant l’électeur sous hypnose, lui avait servi sur un plateau après l’Élysée, lui permettrait de sauver son mandat. Il serait muselé par une cohabitation, il n’en fera rien. D’aucuns ont proposé un général à Matignon, nommément Pierre de Villiers. On lui savait, par son frère Philippe, une certaine sympathie pour Macron dont la bourde du 13 juillet 2017 aura tempéré l’ardeur. Après cet affront public, Pierre de Villiers ne pouvait plus rester aux armées. Mais à toute chose malheur est bon puisque l’affaire lui valut deux succès éditoriaux, Servir puis Qu’est-ce qu’un chef ?, la consultation du Boston Consulting Group et la bienveillance étrange des gros médias. De fait, on ne trouve rien dans ses livres qui puisse fâcher le pouvoir sinon de timides réserves sur une armée européenne. La démission de son frère, jadis promis à une belle carrière dans la préfectorale, avait eu plus de gueule.

    portrait-1-506x535.jpgQuoi qu’il en soit, un militaire à Matignon ou un remaniement ministériel ne résoudra rien : le problème, c’est bien Macron et la finance apatride qui l’a placé pour purger la dette et nous étouffer dans l’étau européen. D’ailleurs, l’aptitude au commandement dont Macron est dépourvu n’est pas l’apanage des militaires. La France compte par centaines des cadres expérimentés parfaitement aptes intellectuellement, humainement et moralement à la fonction de chef d’État. Elle a même un Prince qui, en plus de tout cela, en aurait la légitimité sacrale et un soutien populaire qu’on ne soupçonne pas.

    En fait, ce qui est intéressant chez les militaires c’est qu’ils ont des armes. Mais cela ne suffit pas pour déposer un tyran. Peut y contribuer un rejet massif du pouvoir en place, nous y allons, et une situation insurrectionnelle suite à une répression policière meurtrière, nous n’en sommes peut-être pas si loin. Mais la République en a vu d’autres sans en être ébranlée. Elle a même survécu aux deux invasions allemandes qu’elle n’avait su prévenir. En outre, l’armée française, loyale, ne bougera pas plus qu’après le 6 février 34. Il lui faudrait des chefs assez courageux pour une aventure où il y a tout à perdre. Il faudrait qu’elle fasse bloc derrière ces chefs et rien n’est moins sûr : il y a dans le haut commandement des obligés du pouvoir, « bons républicains », maçons de diverses obédiences et bien sûr les « généralles et colonelles » promues par la grâce des quotas comme dans les conseils d’administration. Car notre ministre Florence Parly émascule rageusement les tableaux d’avancement et listes d’aptitude que les conseils supérieurs d’armées lui proposent.

    x18laro-drjiy_0.jpgLes colonels courageux, intelligents et expérimentés dont nous avons besoin attendront ! On saluera à l’occasion le colonel Legrier pour son excellent papier sur notre stratégie en Syrie et les jours d’arrêt qu’il lui coûtera, on vomira celui du journaliste Merchet, de L’Opinion, qui le dénonce comme « catholique » au cas où cela aurait échappé au ministre. Un flicage qui rappelle les heures les plus sombres de la secte laïque. En 1904 il l’aurait fiché : VALM-AM (va à la messe avec missel). ■  

    Mathieu Épinay

    * Collectif de spécialistes des questions de Défense et géopolitique
  • Tradition(s) vivifiante(s) contre Idéologie stérilisante : variations sur le Régionalisme, le Fédéralisme, l'Enracinemen

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    Pas de fédération sans fédérateur; sans Roi fédérateur...

     

    Pour prolonger la vision politico/poétique de Mistral, voici trois courts textes :

    D'abord, de Frédéric Rouvillois, qui présente le "fédéralisme" de Maurras...

    Ensuite, un court extrait de Frédéric Amouretti, tiré de la Déclaration des Félibres fédéralistes de 1892...

    Et, enfin, une courte réflexion de Chateaubriand, qui, on le verra, amène directement à Simone Weil et Albert Camus...

    I. Extrait de "Maurras fédéraliste", par Frédéric Rouvillois (Cahier de l'Herne "Charles Maurras", 2012)

     

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    "Le département est l' "un des pires mécanismes antiphysiques appliqués au corps de la France" (1).

    C'est parce qu' "elle subsiste contre le gré du sol, contre le voeu des intérêts et la nature même des races" que cette circonscription, purement artificielle, "empêche toute grande vie locale de se montrer... (2). Ses seuls effets sont négatifs... (Le département) comprime, il entrave la vie locale et n'y correspond à aucun intérêt réel, il contredit l'histoire, la géographie, mêle les races, brouille les intérêts les plus divers. C'est un rouage à supprimer absolument."

    Plus fondamentalement, poursuit Maurras, il importe de remettre en cause le principe même de l'uniformité administrative : car en définitive, "qu'est-ce donc que (...) la République française dite une et indivisible ? Une folie, et misérable; une sottise, et presque obscène : l'émiettement et la discontinuité française correspondent à cet immense variété de sols et de climats, de villes, de compagnies, d'associations et de moeurs qui composent l'idée réelle de la France physique et mentale, morale et politique..." (2).

    "L'uniformité - s'exclame-t-il - base de la Constitution d'un pays ! Cela revient à commencer par nier la nature de ce pays, avec les diversités nécessaires qu'elle réclame, et à constituer ensuite quelque chose au moyen de cette négation."

    Il faut donc en revenir au réel, à des "organismes d'action vivants", auxquels on rendra le pouvoir d'auto-détermination qui leur revient selon un principe consistant à reconnaître en toute hypothèse "la préséance (...) et la précellence de la plus petite unité".

    "Tout ce que peut la commune doit être fait par la commune seule. C'est après l'épuisement de ses compétences et de ses facilités que (la circonscription supérieure) devra être saisie de son appel au secours."

    Le principe de subsidiarité, car c'est bien de cela dont il s'agit, a donc vocation à déterminer les pouvoirs et à régir les rapports entre les différents niveaux : à la base, la commune, au-dessus, la région, et l'Etat au sommet.

    Ce faisant, ce projet se veut restaurateur d'un ordre naturel : le mot revient sans cesse : il s'agit de "restaurer (...) ces républiques" qui, même prisonnières de "leurs cages départementales" n'ont jamais disparu, dans la mesure où elles correspondent à des réalités intangibles.

    Le projet fédérateur consiste à faire en sorte que la liberté de gérer elles-mêmes leurs propres besoins leur soit enfin "restituée"...

    (1) : C. Maurras, J. Paul-Boncour "Un débat nouveau sur la République et la Décentralisation", Toulouse, Société provinciale d'édition. Bibliothèque de propagande régionaliste, 1905, pages 50/51.
    (2) : Charles Maurras, "L'étang de Berre", Champion, 1920, pages 125/127.

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    II :  Frédéric Amouretti, aux origines du sain fédéralisme...

     

    S’il est vrai que la pensée régionaliste trouva son véritable maître en Charles Maurras, de nombreux auteurs en bâtirent les premières fondations : des plus connus comme Frédéric Mistral à de plus méconnus comme Frédéric Amouretti, ces auteurs ont, apporté les premières pierres essentielles à l’édification de la véritable pensée régionaliste.

    Frédéric Amouretti naquit le 18 juillet 1863 à Toulon, et mourut le 29 août 1903, tout juste âgé de 40 ans...

    Parti à Paris pour décrocher sa licence ès lettre Amouretti rencontra à Paris Frédéric Mistral et fut reçu félibre en 1882. Revenu en Provence, il entama une carrière de journaliste et de publiciste. Dès 1890, à peine âgé de 27 ans, il lança son premier journal avec son ami Bérenger, Le réveil du Provençal : Organe des revendications autonomistes de la Provence.

    Prônant le fédéralisme et luttant résolument contre le jacobinisme républicain, Amouretti écrira, près de 30 ans avant l’Idée de Décentralisation de Maurras :

    "En adoptant le plan de Sieyès, et en découpant la France comme matière inerte en départements tracés arbitrairement sur la carte, la Convention a anéanti ces admirables cadres historiques où les hommes, unis par l’identité des souvenirs, de la langue, des mœurs, des intérêts pouvaient bien s’entendre pour s’occuper de tout ce qui les touchait de près...".

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    Pour Amouretti, au contraire, et pour les "fédéralistes", il faut respecter la liberté des communes reliées entre elles selon "sis enclin istouri, ecounoumi, naturau...", ce qui passe par la suppression des départements au profit des anciennes provinces avec à leur tête "uno assemblado soubeirano, à Bourdèus, Toulouso, à Mount-Pelié, à Marsiho o à-z-Ais". Ces assemblées devant jouir d'une autonomie complète en ce qui concerne l'administration, la justice, l'enseignement, les travaux publics…

    L'engagement régionaliste d'Amouretti se concrétisa davantage avec la Déclaration des Félibres Fédéralistes du 22 février 1892, co-rédigée avec le jeune Charles Maurras, Amouretti pouvant être considéré, à bon droit, comme "lou paire e lou redatour de la declaracioun", les deux amis se lançant donc face à l’ennemi républicain et jacobin.

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    Face aux multiples reproches de séparatisme ou d’anarchisme, Amouretti répondait :

    "Quelle erreur ! C’est l’unitarisme au contraire qui mène la France au séparatisme. La fusion, c'est-à-dire l’anéantissement des nationalités particulières où vivent et se distinguent les citoyens en une nationalité abstraite que l’on ne respire ni ne connaît plus, voilà l’unité. Le fédéralisme au contraire, respectant les diversités ethniques et favorisant le libre développement de chaque région, est le plus grand ennemi du séparatisme en le rendant inutile". 

    Amouretti avait compris que seule la voie monarchique et la présence d'un Roi au sommet de l'Etat pourrait permettre cette fédération :

    "Il faut rétablir les provinces, leur rendre la gestion des intérêts provinciaux, surtout en matière de travaux publics, et rétablir les assemblées provinciales avec une compétence assez étendue pour qu’elles aient des sessions fréquentes, longues, fécondes, de nature à attirer l’attention, le respect, la vue."

     

    III : vu par Chateaubriand, l'enracinement amène à Camus et Simone Weil...

     

    ... et pour l'enracinement

    Un chêne de la forêt de Tronçais...

     

    "La folie du moment est d’arriver à l’unité des peuples et de ne faire qu’un seul homme de l’espèce entière, soit ; mais en acquérant des facultés générales, toute une série de sentiments privés ne périra-t-elle pas ?
    Adieu les douceurs du foyer ; adieu les charmes de la famille ; parmi tous ces êtres blancs, jaunes, noirs, réputés vos compatriotes, vous ne pourriez vous jeter au cou d’un frère.
    N’y avait-il rien dans la vie d’autrefois, rien dans cet espace borné que vous aperceviez de votre fenêtre encadrée de lierre ?
    Au delà de votre horizon vous soupçonniez des pays inconnus dont vous parlait à peine l’oiseau du passage, seul voyageur que vous aviez vu à l’automne.
    C’était bonheur de songer que les collines qui vous environnaient ne disparaîtraient pas à vos yeux ; qu’elles renfermeraient vos amitiés et vos amours ; que le gémissement de la nuit autour de votre asile serait le seul bruit auquel vous vous endormiriez ; que jamais la solitude de votre âme ne serait troublée, que vous y rencontreriez toujours les pensées qui vous y attendent pour reprendre avec vous leur entretien familier.
    Vous saviez où vous étiez né, vous saviez où était votre tombe ; en pénétrant dans la forêt vous pouviez dire :

    Beaux arbres qui m’avez vu naître,
    Bientôt vous me verrez mourir

    (Mémoires d'Outre-tombe)


    "L'enracinement est peut-être le besoin le plus important et le plus méconnu de l'âme humaine. C'est un des plus difficiles à définir. Un être humain a une racine par sa participation réelle, active et naturelle à l'existence d'une collectivité qui conserve vivants certains trésors du passé et certains pressentiments d'avenir. Participation naturelle, c'est-à-dire amenée automatiquement par le lieu, la naissance, la profession, l'entourage. Chaque être humain a besoin d'avoir de multiples racines. Il a besoin de recevoir la presque totalité de sa vie morale, intellectuelle, spirituelle, par l'intermédiaire des milieux dont il fait naturellement partie." (Simone Weil)

      "II me parait impossible d'imaginer pour l'Europe une renaissance qui ne tienne pas compte des exigences que Simone Weil a définies." (Albert Camus)

    lafautearousseau

  • Robert Ménard : « Pour la présidentielle de 2022, il faut un aventurier de droite ! ».

    Source : https://www.bvoltaire.fr/

    Dernièrement, Robert Ménard s’est montré relativement critique vis-à-vis de la candidature de Marine Le Pen à l’élection présidentielle, tout en réaffirmant sa proximité sur de nombreux sujets, tels que « la sécurité, l’immigration et l’identité ».

    Il souhaite « poser des questions » et se pencher sur quelle pourrait être la candidature qui permettrait à son courant politique de gagner en 2022.


    Emmanuel Macron s’est engagé à introduire de la proportionnelle dans les prochaines élections législatives. Est-ce une bonne nouvelle pour nous ? Ce souhait était longuement avancé notamment par le Rassemblement national.

    Dans l’absolu, oui. Quand vous voyez 5 ou 6 élus en tout et pour tout du Rassemblement national comme députés, alors que le Rassemblement national c’est 20 % de l’électorat, il y a une vraie injustice. Spontanément, ma première réaction est de dire qu’il faut de la proportionnelle. En même temps, la proportionnelle est le règne des partis. Ce sont les partis qui décident pour les électeurs et qui seront en tête de liste. On ne vote plus pour quelqu’un, mais on vote pour un parti. Oui, parce que cela introduit un peu de justice, mais il n’en faut pas trop parce que normalement on vote pour des hommes et des femmes de chair et de sang et pas simplement pour le logo d’un parti.

    On a l’impression que votre principal adversaire s’appelle Marine Le Pen. Vous êtes très critique à l’égard de sa candidature aux présidentielles. Vous appelez de vos vœux une candidature alternative. En quoi la présidente du RN n’obtient pas vos suffrages ? Qu’est-ce qu’il ne vous plaît pas chez elle ?

    Vous me posez la question sur le Rassemblement national. Vous pourriez ne pas m’en poser et je vous parlerais d’autre chose. Lorsque tous les journalistes m’interviewent sur le Rassemblement national, je réponds sur le Rassemblement national. Je ne réponds pas contre Marine Le Pen. Simplement, j’essaie de voir comment on peut gagner les prochaines élections. « On » c’est le courant de pensée qu’on représente. Dans ce courant de pensée, il y a évidemment le Rassemblement national. Rien ne peut se faire sans Marine Le Pen et rien ne peut se faire contre Marine Le Pen. Peut-on gagner avec Marine Le Pen ? Pardon de vous dire qu’à cette réponse, si vous êtes sûr de vous et que vous me dites oui, j’applaudis des deux mains. Sauf que je ne suis pas sûr que vous me répondiez oui !
    Moi-même je me demande comment on peut y arriver. Je n’interviens pas contre Marine Le Pen. Je pose les questions que tout le monde a en tête.
    Comme elle est à la droite de la droite, tout le monde a peur. J’essaie de poser de vraies questions.
    On ne peut pas dire à la fois que la France vit une crise importante, économique, sanitaire, identitaire et ne pas se poser la question «  a-t-on aujourd’hui toutes les armes pour gagner ? »
    En 2017, j’ai aidé Marine Le Pen à faire la campagne. Par conséquent, les remarques de certaines personnes, elles peuvent se les garder. Aujourd’hui, je me demande si elle est la bonne candidate. Je me demande si quelqu’un pourrait incarner mieux qu’elle. Aujourd’hui, elle est là. Je suis absolument d’accord sur toute une partie de ses idées, notamment sur les questions d’identité, de sécurité et d’immigration. En revanche, sur d’autres questions, j’ai aussi le droit, on est pas encore dans un régime totalitaire, de critiquer.

    François Lejeune disait dans l’enquête sur Valeurs actuelles qui est sortie dans Le Monde que son courant politique était orphelin. Par commodité, on va dire que vous faites partie de ce camp d’idée. Comment espérer prendre le pouvoir, dans la mesure où il faut un maillage territorial, des élus locaux et un travail de subsidiarité pour prendre le pouvoir. Vraisemblablement, votre camp n’a pas fait ce travail de subsidiarité. Comment gagner des présidentielles lorsqu’on n’a pas commencé à la base ?

    Pardon de vous dire que vous êtes mal placé pour me poser cette question-là. Pour être à la base, j’y suis. Après avoir gagné la mairie avec près de 70 % des voix. Là, on vient de gagner l’agglo. Je pense donc qu’on aura un certain nombre d’élus au niveau du département. Je vous rappelle que tous les élus dans ce département et dans ce coin de France, sont tous des élus proches de moi. Pour le Rassemblement national, c’est le même problème. Est-ce que les élections municipales ont été un succès ? Non ! Louis Aliot a été élu en prenant ses distances avec son propre parti. Allez me trouver une de ses affiches et vous verrez le logo du Rassemblement national.
    On est dans cette configuration-là. Dire cela n’est pas critiquer, mais c’est constater. Personne dans notre courant de pensée n’a un vrai maillage de terrain avec des élus. On pensait en avoir beaucoup plus au niveau municipal, mais on ne les a pas. Bien sûr, ce sera compliqué.
    J’ai repris un mot d’un homme politique de droite qui disait «  peut-être qu’un aventurier de droite pourrait faire l’affaire ». Peut-être que Marine Le Pen deviendra une aventurière de la droite. Elle va peut-être essayer d’écouter d’autres gens que ceux qui la conseillent en ce moment. Elle va peut-être prendre d’autres positions.
    Ce que dit le Rassemblement national ne peut pas réunir une autre partie de la droite. Oui, peut-être que sur les questions de société, elle sera encore plus ferme. On peut rêver ! Aucune porte n’est fermée…
    J’essaie juste d’être utile. Mon utilité est de dire haut et fort un certain nombre de questions que notre camp ne veut pas entendre. C’est un comble pour un camp qui passait sa vie à dire «  je dis haut et fort ce que les autres ne veulent pas dire, mais que les Français pensent ».
    Moi, je dis haut et fort ce que notre courant pense, mais que ses leaders ne veulent pas dire !

    Ce camp a autant de chapelles qu’il a de membres. Ces divisions internes que l’on peut avoir sont-elles surmontables ?

    On ne va pas être la caricature de nous-mêmes. Aujourd’hui, il faut se retrouver autour de quelqu’un. Les Républicains se déchirent. Il faut ouvrir nos portes, respirer, aller voir ailleurs et entendre d’autres gens. C’est juste ce que j’essaie de faire en me le disant peut-être de façon maladroite et un peu provocatrice, mais je ne vais pas me refaire là-dessus.

    Jean-Frédéric Poisson a annoncé qu’il se présentait à l’élection présidentielle. Serait-il plutôt de votre camp ? Seriez-vous prêt à soutenir la candidature de Jean-Frédéric Poisson ?

    Pour tout vous dire, je vais le voir puisqu’il a mal pris cette expression. Ce n’était pas pour moi quelque chose de péjoratif. Il a le courage d’être le premier à dire «  je ne me contente pas de parler de la présidentielle, je fais acte de candidature et je suis en train de me donner les moyens d’être candidat ». Peut-on penser que Jean-Frédéric Poisson peut remporter la présidentielle ? Bien sûr que non ! Ce n’est pas gentil de le dire, mais c’est la stricte vérité. Je ne crois pas que ce soit tout de suite dans l’ordre des choses. Voilà ce que j’ai voulu dire.
    Il ne faut pas éparpiller les choses. Sur l’immense majorité de ce qu’elle dit, je suis évidemment d’accord. À force de se diviser, il ne faudrait pas faire en sorte qu’on ne soit même pas au second tour de la présidentielle. Attention de ne pas jouer avec le feu

     

    Robert Ménard

    Maire de Béziers
    Ancien journaliste. Fondateur de Reporters sans frontières et de Boulevard Voltaire
  • Sur le blog de Marc Rousset : (4/4) heureux comme un clandestin en France, par Paul Tormenen.

    Sources : https://www.polemia.com/

    http://marcrousset.over-blog.com/

    Des droits à foison et des soins gratuits

    La France est la championne des droits sociaux, même pour les clandestins : droit au compte bancaire, aide juridictionnelle, aide sociale à l’enfance, bourses scolaires, prestations sociales, réductions tarifaires dans les transports, droit au logement, etc. : le Groupement d’information et de soutien des immigrés (GISTI) recense dans un document les innombrables droits des « sans-papiers » (24). La « note pratique » de 118 pages regorge de conseils pour « s’aventurer au guichet d’une administration, lorsque l’on est en séjour irrégulier ».

    Une phrase revient comme un leitmotiv pour les différents droits présentés : « Aucune condition de régularité de séjour ne peut être exigée ». Une vraie mine d’informations sur ce que la collectivité permet pour des individus qui se maintiennent illégalement sur le territoire et travaillent souvent clandestinement.Les clandestins ont beau être des délinquants car ils enfreignent la loi, ils sont de plus en plus nombreux, plus de 300 000, à bénéficier de la prise en charge à 100 % des soins médicaux et hospitaliers. Le coût de l’aide médicale d’État avoisine désormais le milliard d’euros (25).

    Une camarilla d’associations subventionnées

    Comme nous le signalions récemment, l’information sur les procédures juridiques que peuvent exercer les clandestins pour rester en France est surabondante. De nombreuses associations souvent subventionnées (Cimade, GISTI, France Terre d’asile, etc.) se sont fait une spécialité de faciliter les démarches des clandestins. L’importance du contentieux porté devant les juridictions administratives en témoigne (26).

    La sanction suprême : la régularisation

    Si le taux de reconduites effectives des clandestins dans leurs pays est dérisoire, on ne peut pas en dire autant de « l’admission exceptionnelle au séjour ». Le gouvernement français permet en effet à des extra-Européens qui ont enfreint les lois en France pendant plusieurs années de bénéficier de ce qui est pudiquement appelé l’« admission exceptionnelle au séjour ». Chaque année, ce sont près de 37 000 clandestins qui se voient délivrer un premier titre de séjour pour ce motif. Parmi eux, le nombre de jeunes venus profiter de l’aide sociale à l’enfance en arrivant mineur en France a triplé de 2010 à 2018. C’est bien une politique de peuplement par des allogènes qui ne dit pas son nom. C’est également un encouragement à frauder les règles d’entrée et de séjour en France et à exercer du travail dissimulé. C’est enfin un formidable appel d’air à l’adresse de tous les aspirants au départ en Afrique et ailleurs.

    Nous soulignions récemment que des organisations internationales « respectables » prévoyaient que le rétablissement progressif des déplacements internationaux entraîne un afflux massif de clandestins (27). La place prise par la Turquie en Libye risque d’accroître encore les possibilités de chantage à l’invasion migratoire de l’Europe organisée par ce pays (28).

    Au vu de ce que nous avons vu précédemment, on ne peut qu’être stupéfait de la conduite du gouvernement qui se prive méthodiquement des outils dont il dispose pour faire respecter la légalité du séjour en France. Cette politique migratoire laxiste, qui admet tacitement l’immigration clandestine, n’est pas tenable, a fortiori dans le contexte actuel. À défaut de changement radical, l’avenir risque d’être plus que jamais marqué par les conflits communautaires et la tiers-mondisation rampante du pays.

    Paul Tormenen

    (1) « Les frontières avec l’Italie et l’Espagne sous pression ». Le Figaro. 19 mars 2018.
    (2) « Frontex : illegal migration into Europe increased dramatically in may ». Voice of Europe. 15 juin 2020.
    (3) « Masques, gants et relance au menu d’une réunion des dirigeants d’Europe centrale ». ABC Bourse. 11 juin 2020.
    (4) « La France va accueillir 750 migrants de Grèce ». InfoMigrants. 26 mai 2020.
    (5) « Malta gives ultimatum to EU with threat to veto Irini commander choice ». Malta today. 20 mai 2020.
    (6) « Bayonne : près de 100 migrants arrivent chaque jour d’Espagne ». La République des Pyrénées. 24 octobre 2018.
    (7) Préfecture de région Île-de-France. Requête « migrants ».
    (8) « Il raconte son périple, de l’Afghanistan à Corbeil-Essonnes, en passant par l’Allemagne ». Le Parisien. 22 août 2017.
    (9) « Emmanuel Macron ne veut plus de migrants dans les rues d’ici la fin de l’année ». Le Monde. 27 juillet 2017.
    (10) Cf. (7).
    (11) « Ce qu’il faut retenir des mesures annoncées par Édouard Philippe ». Ouest-France. 6 novembre 2019.
    (12) « L’entrée, le séjour et le premier accueil des étrangers en France ». Cour des comptes. 31 mars 2020.
    (13) « L’accueil des demandeurs d’asile ». OFII. Consultation le 20 juin 2020.
    (14) « Ce que révèle le rapport confidentiel de la Cour des comptes sur le droit d’asile ». 20 minutes. 13 avril 2015.
    (15) « L’État sommé de rétablir le guichet de l’asile, gelé depuis le début du confinement ». Le Figaro. 23 mars 2020.
    (16) « Le gouvernement veut couper les aides aux migrants “dublinés” ». La Croix. 11 octobre 2019.
    (17) « Des demandeurs d’asile provenant de pays dits “sûrs” : mais qu’est-ce, pour la France, qu’un pays sûr ? ». France Info. 18 septembre 2019.
    (18) « Les mineurs isolés, véritable casse-tête pour les tribunaux ». Le Figaro. 15 septembre 2017.
    (19) « L’abus de droit au service de l’immigration ». Paul Tormenen. Polémia. 11 novembre 2019.
    (20) Cf. (7).
    (21) « Grand remplacement en Europe : la Suisse, en difficulté, tente de résister ». Paul Tormenen. Polémia. 28 septembre 2019.
    (22) « L’offensive des immigrationnistes contre les centres de rétention administrative ». André Posokhow. Polémia. 2 mai 2020.
    (23) « Avec la crise du Covid-19, des éloignements de clandestins limités ». Le Figaro. 31 mai 2020.
    (24) « Sans-papiers, mais pas sans droits ». GISTI. Octobre 2019.
    (25) « Aide médicale d’État : qui en bénéficie ? Quels soins sont pris en charge ? Combien ça coûte ? ». Le Figaro. 23 septembre 2019.

  • Charles Huet : «Le Made in France est une réponse à la désindustrialisation française».

    Source : https://www.billetdefrance.fr/

    Le Made in France revient plus que jamais sur le devant de la scène. Mais qu’en est-il réellement ? Entretien avec Charles Huet, co-créateur de la Carte française, une carte cadeau dédiée au produit Made in France et auteur du Guide des produits Made in emplois (2013).

    4.jpegQu’est-ce que le Made in France ?

    Le code de l’Union européenne définit précisément le “Made in”. Cette définition est issue du Gatt (1947) et des accords de Marrakech (1994). Il fallait attribuer et définir une nationalité à un produit en vue de lui affecter un niveau de droit de douane dans le cadre de ces accords. Cela se règle au niveau européen. Le code des douanes précise pour chaque type de produits le critère à remplir pour pouvoir se prévaloir du Made in France ou du Made in UE. Il y a autant de critères que de produits. Dans plus de 80% des cas, ce sont des doubles critères.

    Le premier critère concerne la transformation et l’assemblage en France : c’est lorsque le produit a changé de code entre ce qui a été acheté par l’entreprise et ce qui a été vendu par l’entreprise après sa transformation. Le deuxième critère est un critère de valeur ajoutée. C’est à dire que plus de 45% de la valeur ajoutée du produit doit être effectué dans le pays dont il revendique le “Made in. Ces deux critères sont cumulatifs. L’origine des différents composants et matières qui rentrent dans la fabrication du produit peut être d’origine variée mais dès lors que l’assemblage est en France, entre le personnel et les machines, vous arrivez systématiquement à 45% de la valeur ajoutée. Pour la mode, c’est l’étape de confection qui est retenue et pour les autres ce sont les dates d’assemblage car tout produit n’est finalement que l’assemblage d’autres sous-produits.

     

    Made in France” est une tournure anglaise. L’expression “Fabriqué en France” ne serait-elle pas plus appropriée ?

    La tournure française est strictement équivalente au niveau légal. C’est la pure traduction de l’un et l’autre. Cette distinction a deux origines : l’une parce que l’anglais est la langue des affaires et l’autre pour une raison historique.

    Le marquage d’origine des produits naît en Grande-Bretagne à la fin du XIXème quand les Allemands commencent à exporter leurs produits manufacturés en Angleterre. Les industriels britanniques ont eu le réflexe bien classique de se plaindre auprès de leur gouvernement de la concurrence déloyale d’industriels étrangers. À la fin du XIXème, la Grande-Bretagne décide de rendre le marquage d’origine obligatoire en imposant un logo Made in Germany sur les produits manufacturés allemands. L’idée est de miser sur la germanophobie britannique. Manque de chance, comme on le verra dans toute l’histoire de la consommation et des échanges internationaux, le consommateur recherche le meilleur rapport qualité/prix. A cette époque, à chaque fois que les Britanniques voient un produit où est inscrit « Made in Germany”, ils s’aperçoivent que c’est un produit très fiable, de très bon rapport qualité/prix. Le marquage donne ainsi naissance au marketing national.

    Cette histoire prouve que le marquage d’origine n’a pas pour effet mécanique de discriminer le produit étranger mais d’informer le consommateur et de faire naître un sentiment par rapport aux attributs et qualité d’un produit d’une certaine origine.

     

    Nous connaissons tous des marques comme Le Slip français, Saint-James, ou encore 1083 qui font la promotion de la production nationale. Peut-on dire que le Made in France se porte bien ?

    Le Made in France ne se porte pas bien sinon on ne serait pas obligé d’en faire la promotion contrairement au Made in Germany qui lui se porte bien. L’appel à soutenir la production nationale est un réflexe de crise. La crise de 2008 a été une étape très importante de désindustrialisation. Le Made in France est un phénomène de réponse à cette crise-là. L’objectif est de réveiller les consommateurs français qui n’en tiennent pas compte. C’est une spécificité très française puisque les Britanniques, Italiens et Américains par exemple sont naturellement plus patriotes dans leur habitude de consommation. Le Made in France est à l’origine de belles histoires et certaines marques se portent très bien comme Saint James, 1083 ou encore le Slip français mais cela varie d’une entreprise à l’autre.

    Au niveau global, on constate deux choses. D’un côté, une forte poussée de cette nécessité de patriotisme et de localisme des consommateurs sur les réseaux sociaux, mais qui a du mal à se concrétiser en acte d’achat concret. De l’autre, on constate une fragilité globale car la France se désindustrialise de manière continue depuis le tournant des années 2000 jusqu’aux alentours de 2016. On a touché le fond de la piscine dans les années 2017-2018 et là avec le coronavirus on est reparti pour un tour.

     

    Une majorité de Français se dit prête à acheter des produits fabriqués en France mais évoquent le prix plus élevé pouvant être un frein à l’achat. Le Made in France est-il cher ?

    Le Made in France n’est pas toujours plus cher. Cela dépend des secteurs et des niveaux de gammes. L’alimentaire et le cosmétique sont deux secteurs dans lesquels la France a une industrie très puissante avec des acteurs qui se positionnent aussi bien dans le luxe que dans l’entrée de gamme. La marque Dop est le shampoing le moins cher du marché et est fabriqué à Rambouillet. Un tiers des marques de distributeurs alimentaires est fabriqué en France.

    En revanche, le Made in France est généralement plus cher dans le secteur de la mode et dans l’équipement. Cela s’explique par les structures de coûts de notre modèle sociale. La France a le record du monde de dépense publique, de prélèvement obligatoire et de réglementation. On le paye. Acheter français est un des rares moments pour le consommateur pour percevoir très concrètement le poids de la fiscalité sur les entreprises dans notre pays. Avec à peine le revenu médian depuis 8 ans, je consomme à 98% du Made in France. C’est aussi une question d’arbitrage de son budget.

    En termes de coût, un aspect important est la qualité et la durabilité des produits. Il faut considérer que l’on n’a pas les moyens du bas de gamme. Acheter chinois, c’est acheter 10 fois alors qu’acheter français, c’est acheter une fois. Il faut sortir de la lobotomie des soldes et du consumérisme, faire de la France périphérique un paradis fiscal pour les entreprises, baisser les impôts … Grâce à cela, nos ingénieurs et entrepreneurs retrouveront naturellement de la compétitivité et proposeront plus de produits.

     

    Depuis plusieurs mois, on observe sur la scène politico-médiatique un retour du souverainisme. Cette volonté de produire en France est-elle une forme de souverainisme ?

    Pour moi le souverainisme est un mot valise. Ce que je sais c’est que nous sommes tous souverains de notre budget.

    Au niveau de la souveraineté européenne, la Cour de justice des Communautés européennes (CJCE) a considéré de manière absurde et infondée que le marquage d’origine des produits dans l’UE ne devait pas être rendu obligatoire par les états. Cela est incompréhensible. Ils ont considéré que cela était un frein à la circulation des biens et des marchandises. L’exemple historique du Made in Germany en Grande Bretagne prouve le contraire car le marquage d’origine obligatoire n’a pas généré de discrimination mais la naissance d’une marque pays. Dans un modèle de marché pur et parfait, il est nécessaire pour son bon fonctionnement qu’une des 5 conditions soit remplie à savoir l’information la plus complète de tous les produits pour le consommateur. L’information complète du produit ne peut être un frein au fonctionnement d’un marché.

    Au niveau de la souveraineté, on a clairement un abus de la CJCE qui est infondé. Dans les années 1980, la France et l’Irlande ont été condamnées pour avoir voulu rendre obligatoire le marquage d’origine.

     

    La relocalisation sur le territoire national est considérée par les entreprises comme difficile car très coûteuse. Est-ce que cette production doit se limiter à une simple volonté entrepreneuriale ou celle-ci doit-elle tendre vers une véritable politique nationale digne de ce nom ?

    Aujourd’hui, il faut comprendre les raisons des délocalisations pour trouver des solutions pour une relocalisation. Les délocalisations sont dues à l’enfer fiscal et à un manque de compétitivité qui a appauvri notre pays et à rendu notre marche intérieur moins dynamique.

    Je veux bien que l’État adopte un rôle stratégique sur l’origine de ces achats stratégiques garant de son autonomie mais il doit réduire la voilure et remettre en question son domaine d’intervention pour se consacrer aux aspects essentiels de souveraineté. Il doit se retirer sur un certain nombre d’autres sujets pour pouvoir réduire la pression fiscale. Pour relocaliser, il faut arrêter la délocalisation qui s’accélère et préserver les usines encore présentes en France. Pour relocaliser, il faut attirer des investisseurs et on ne les attire pas avec de l’ISF ou avec un niveau d’imposition sur la production 5 fois plus élevé que nos voisins européens.

    Je préfère un état paternel, musclé et sec qui s’occupe de peu de choses mais qui frappe fort quand il le faut sur le régalien et sur certains aspects stratégiques en matière économique qu’un état maternel obèse qui s’occupe de tout et qui est complètement impotent.

    Propos recueillis par Charles de Blondin

  • Goldnadel: «La société française peut- elle vivre tout en étant quotidiennement insultée?».

    Gilles-William Goldnadel. JOEL SAGET/AFP

    Assa Traoré, militante antiraciste, a déclenché une nouvelle polémique en déclarant: «Les Noirs et les Arabes ne sont pas en sécurité en France». L’avocat et chroniqueur lui répond.

    Question: un pays, une nation, sa société, peuvent-ils se permettre d’être insultés, systématiquement, obsessionnellement, injustement?

    C’est ce qui se passe aujourd’hui quotidiennement en France. La semaine passée en est encore la triste illustration. Exemples: Assa Traoré a déclaré à Jeune Afrique le 4 février: «Les noirs et les Arabes ne sont pas en sécurité en France». Il s’agit de la dernière antienne à la mode racisée. Elle devient obsessionnelle, car le racisme de la société française serait systémique et sa police criminelle envers les minorités précitées.

    La remarque est non seulement insultante mais surtout monstrueusement fausse. Elle se caractérise par une véritable inversion du réel. Si l’on veut terrasser le mensonge qui monte, il ne faut pas craindre de dire la réalité trop souvent cachée par veulerie intellectuelle et morale pour cause de chantage au racisme.

    Cette vérité, c’est que, parmi les causes de l’insécurité, figurent les ratés d’une immigration massive, trop souvent illégale. À Paris, la première cause de violence est désormais causée par les vrais ou prétendus mineurs migrants illégaux.

    Sans parler des ravages de l’islam radical qui ne sauraient être jugulés, n’en déplaise aux récentes dispositions gouvernementales, que si l’on respecte enfin la loi républicaine sur les flux migratoires.

     

    Certains membres des minorités ont eu heureusement à coeur de rendre justice à la société française. 

     

    Certains membres des minorités ont eu heureusement à coeur de faire litière des accusations grossières contenues dans l’article de Jeune Afrique et de rendre justice à la société française qui, pour être forcément imparfaite, ne ressemble en rien à la caricature qui en est faite: C’est ainsi que l’intellectuel palestinien vivant en France Waleed Al Husseini écrit: «je suis en sécurité en France. Enfin presque en sécurité parce qu’avec tous les islamistes qui me menacent sans jamais être inquiétés… Mais c’est toujours mieux que d’être athée dans le monde arabe musulman ou dans une république islamique d’Afrique.»

    La jeune lycéenne Mila, ciblée, on le sait, par des menaces de mort à répondu ainsi à Assa Traoré: «Les jeunes filles blanches ne sont pas en sécurité non plus (je sais de quoi je parle)»

    La grande pianiste d’origine chinoise Zhang Zhang a interprété cette partition harmonieuse: «C’est gentil à elle de se souvenir de la communauté asiatique de France, qui comme elle l’a dit, ne se sent pas en sécurité en raison de la criminalité croissante qui les vise, mais cette violence anti-asiatique ne vient pas de la police»

    Quant à moi, dans un ordre d’idées assez voisin, je me suis permis d’écrire à Jeune Afrique : «Puisque nous en sommes à nous dire les choses, il ne me semble pas qu’on en soit, Dieu merci, à entrer dans des écoles pour tuer des petits noirs ou arabes. Ilan ou Sarah Halimi n’étaient pas noirs. En revanche leurs assassins Fofana et Traoré venaient d’Afrique…».

    Rarement l’expression «dire son fait» ne trouvait autant sens.

    Comme si cela ne suffisait pas, la nation, la société française étaient également roulées dans la fange cette semaine par voie télévisuelle.

    C’est ainsi que la chanteuse Yseult, ancienne candidate de la Nouvelle Star s’il vous plaît, a morigéné la France face à Catherine Ceylac et Mouloud Achour dans l’émission Clique TV.

    Je cite ses étranges imprécations reçues avec force empathie: «Nous, les personnes faisant partie des minorités, des personnes racisées, on est dans un délire de devoir quelque chose à la France, mais qu’est-ce que l’on doit en fait?».

    Plus loin, et dans un même et curieux esprit comptable, elle estimait que «C’est casse-couilles de devoir en permanence être redevable, d’être dans l’empathie de personnes non racisées et alors que ça devrait être le contraire». Enfin, la «racisée» déclarait avec distinction: «qu’on arrête de leur chier dessus» (aux personnes racisées évidemment).

     

    Cette obsession de s’en prendre au catholicisme n’est pas nouvelle dans un monde où les chrétiens forment la communauté la plus martyrisée. 

     

    Il me faut insister sur le fait que ce délire racialiste légèrement scatologique a été accueilli avec bienveillance. Aucune exégèse particulière n’a été réclamée. Et bien évidemment aucune réserve objectée.

    Ainsi, et puisque nous devons nous-mêmes nous livrer à des interprétations éxégétiques de ces accusations délirantes de représentants autoproclamés de la diversité, la société française blanche et judéo-chrétienne serait consubstantiellement raciste. Elle est seulement elle.

    Bien entendu, ce travail de sape, de destruction systématique d’une société autrefois plus harmonieuse, n’est pas que l’oeuvre de personnes soi-disant racisées. Elles sont accompagnées par leurs alliés subjectifs que j’ai nommés depuis longtemps islamo-gauchistes.

    C’est ainsi que cette semaine, à l’Assemblée encore nationale, le député Insoumis Éric Coquerel, dont chacun se plaît à reconnaître la finesse analytique, croyait devoir tracer une parallèle entre voile islamique et voile de la mariée catholique. Chacun sait en effet que les voiles de mariées catholiques pullulent dans les universités et sur les marchés.

    Cette obsession des avocats de l’islamisme de s’en prendre au catholicisme n’est évidemment pas nouvelle dans un monde où l’on devrait savoir que les chrétiens forment aujourd’hui la communauté la plus martyrisée au monde. Essentiellement par l’islam radical.

    Et puisque le but de cet article est de dire crûment le fait, il sera rappelé que pendant que les militants de Génération Identitaire étaient poursuivis judiciairement pour avoir occupé le chantier d’une mosquée en construction, aucune action n’était entreprise pour réclamer des comptes à ces migrants illégaux qui, précisément soutenus par Éric Coquerel, occupaient la basilique Saint-Denis, où reposent les rois de France. Difficile de montrer plus concrètement l’injuste asymétrie qui habitue les âmes et les esprits.

     

    C’est la nation française que l’on insulte chaque jour chez elle, sans qu’elle ait même l’idée de vouloir se défendre. 

     

    Et pour poursuivre sur ce même terrain asymétrique, il paraîtrait qu’alors que la société occidentale aurait le monopole du racisme, il n’en serait pas de même pour les militants non blancs de l’antiracisme. C’est du moins ce qui se dit obséquieusement au sein de la société médiatique française, des Black Lives Matter. Sauf que, le voile est en train de se déchirer lentement et péniblement.Je ne fais pas seulement allusion aux articles lumineux de Laure Mandeville qui dans les colonnes de ce journal n’a pas hésité à pointer la violence du mouvement précité.

    Voici qu’à son tour, même le Monde s’y met. Tard, il est vrai, après la défaite de Trump, c’est un fait, mais mieux vaut tard que jamais. C’est ainsi que Michel Guerrin, rédacteur au Monde, a publié le 22 janvier un article que j’aurais volontiers signé.

    Je citerai donc l’homme du Monde: «il y a aussi un antisémitisme qui monte dans la communauté noire radicale, pour qui le juif est d’abord un blanc. Le conflit israélo-palestinien et le fait que nombre d’intellectuels juifs se sont opposés au radicalisme identitaire (…) ont joué aussi. Cet antisémitisme est présent dans le puissant mouvement Black Lives Matter qui lutte contre le racisme dont les noirs sont victimes.… Le mouvement parle de «génocide» palestinien, organise des manifestations où l’on a pu entendre «Tuez les juifs!», est proche du leader de Nation of Islam, Louis Farrakhan , qui a fait l’éloge d’Hitler…»

    Ainsi, la société française a tort de se battre la coulpe et d’accepter sans mot dire d’être insultée à longueur de journée.

    Il existe dans l’arsenal judiciaire le délit de diffamation raciale. Il existe également le délit de diffamation à raison de l’appartenance à une nation. Et c’est la nation française que l’on insulte chaque jour chez elle et à toute heure, sans qu’elle ait même l’idée de vouloir se défendre.

    Je peux répondre enfin à la question: «un pays, une nation, sa société, peuvent-ils se permettre d’être insultés systématiquement, obsessionnellement, injustement?». Non.

     

    Gilles-William Goldnadel est avocat et essayiste. Chaque semaine, il décrypte l’actualité pour FigaroVox. Son dernier ouvrage Névroses médiatiques. Le monde est devenu une foule déchaînée est paru chez Plon.

    Source : https://www.lefigaro.fr/vox/

  • Alain de Benoist : « L’assimilation des immigrés n’est ni une bonne ou une mauvaise idée… Elle est juste impossible ! ».

    Le débat sur l’« intégration » des immigrés s’enlise depuis des décennies, ne serait-ce que parce qu’il n’est jamais précisé à quoi il s’agit de s’intégrer : à une nation, à une histoire, à une société, à un marché ? C’est dans ce contexte que certains préfèrent en appeler à l’« ». Il y a deux mois, le magazine Causeur consacrait tout un dossier à cette notion en titrant, en première page : « Assimilez-vous ! » Ça vous inspire quoi ?

    Dans les milieux qui s’inquiètent le plus du flot migratoire, on entend en effet souvent dire que l’assimilation serait la solution miracle : les immigrés deviendraient des « Français comme les autres », et le problème serait résolu. C’est la position défendue avec talent par Causeur, mais aussi par des auteurs comme Vincent Coussedière, qui va faire paraître un Éloge de l’assimilation, ou Raphaël Doan (Le rêve de l’assimilation, de la Grèce antique à nos jours). D’autres objectent que « les immigrés sont inassimilables ». D’autres, encore, refusent l’assimilation parce qu’elle implique nécessairement le métissage. Ces trois positions sont très différentes, et même contradictoires, mais elles ont en commun de considérer que l’assimilation est possible, au moins en théorie, même si certains n’en veulent pas ou considèrent que les immigrés ne jouent pas le jeu.

    L’assimilation est un concept de nature universaliste, hérité de la philosophie des Lumières (le mot se trouve déjà chez Diderot). Il présuppose que les hommes sont fondamentalement tous les mêmes. Pour faire disparaître les communautés, il faut donc amener les individus qui les composent à s’en détacher. C’est en quelque sorte un marché que l’on se propose de passer avec les immigrés : devenez des individus, comportez-vous comme nous et vous serez pleinement reconnus comme des égaux, puisqu’à nos yeux l’égalité suppose la mêmeté.

    Vous vous souvenez de l’apostrophe de Stanislas de Clermont-Tonnerre, en décembre 1789 : « Il faut tout accorder aux Juifs comme individus, il faut tout refuser aux Juifs comme nation ! » (Les Juifs n’ont pas cédé à ce chantage, sans quoi ils auraient dû renoncer à l’endogamie et il n’y aurait plus de communauté juive aujourd’hui.) ne dit pas autre chose quand il affirme que la citoyenneté française reconnaît « l’individu rationnel libre comme étant au-dessus de tout ». Raphaël Doan est très clair sur ce point : « L’assimilation est la pratique qui consiste à exiger de l’étranger qu’il devienne un semblable […] Pour assimiler, il faut pratiquer l’abstraction des origines. » Autrement dit, qu’il cesse d’être un Autre pour devenir le Même. Pour ce faire, il doit oublier ses origines et se convertir. « Émigrer, c’est changer de généalogie », dit Malika Sorel. C’est plus facile à dire qu’à faire. Car s’assimiler aux « valeurs de la République », cela ne veut rien dire. S’assimiler, c’est adopter une culture et une histoire, une sociabilité, un modèle de relations entre les sexes, des codes vestimentaires et culinaires, des modes de vie et de pensée spécifiques. Or, aujourd’hui, les immigrés sont dans leur majorité porteurs de valeurs qui contredisent à angle droit celles des populations d’accueil. Quand on leur propose de négocier leur intégration, on oublie tout simplement que les valeurs ne sont pas négociables (ce qu’une société dominée par la logique de l’intérêt a le plus grand mal à comprendre).

    Et vous, l’assimilation, vous la jugez bonne ou mauvaise ?

    Ni bonne ni mauvaise. J’ai plutôt tendance à la croire impossible. La raison principale est qu’on peut assimiler des individus mais qu’on ne peut pas assimiler des communautés, surtout quand celles-ci représentent 20 à 25 % de la population et que celles-ci sont concentrées – « non parce qu’on les a mis dans des ghettos, mais parce que l’être humain cultive naturellement le voisinage de ceux qui vivent comme lui » (Élisabeth Lévy) – sur des territoires qui favorisent l’émergence de contre-sociétés exclusivement basées sur l’entre-soi. C’est surtout vrai dans un pays comme la France, marquée par le jacobinisme, qui n’a cessé de lutter contre les corps intermédiaires pour ramener la vie politique et sociale à un face-à-face entre l’individu et l’État. Colbert avait déjà déployé de grands efforts pour « franciser » les Indiens d’Amérique. Ce fut évidemment un échec.

    En France, l’assimilation a connu son apogée sous la IIIe République, à une époque où la battait son plein à l’initiative des républicains de gauche alors désireux de faire connaître aux « sauvages » les bienfaits du « progrès ». Mais la IIIe République a aussi été une grande éducatrice : dans les écoles, les « hussards noirs » mettaient un point d’honneur à enseigner l’histoire glorieuse du roman national. Nous n’en sommes plus là. Toutes les institutions (Églises, armée, partis et syndicats) qui facilitaient l’intégration et l’assimilation dans le passé sont en crise. L’Église, les familles, les institutions ne transmettent plus rien. L’école elle-même, où les programmes sont dominés par la , n’a plus rien à transmettre, sinon la honte des crimes du passé.

    L’assimilation implique qu’il y ait une volonté d’assimiler du côté du pouvoir en place et un désir d’être assimilé du côté des nouveaux arrivants. Or, il n’y a plus ni l’une ni l’autre. En décembre dernier, Emmanuel Macron l’a explicitement déclaré à L’Express : « La notion d’assimilation ne correspond plus à ce que nous voulons faire. » On voit mal, d’autre part, quelle attractivité le modèle culturel français peut encore exercer sur des nouveaux venus qui constatent que les autochtones, qu’ils méprisent souvent, quand ils ne les haïssent pas, sont les premiers à ne vouloir rien savoir de leur histoire et à battre leur coulpe pour se faire pardonner d’exister. Dans ce qu’ils voient, qu’est-ce qui peut les séduire ? Les enthousiasmer ? Les pousser à vouloir participer à l’histoire de notre pays ?

    Dernière remarque : dans le modèle assimilationniste, l’assimilation est censée progresser de génération en génération, ce qui peut paraître logique. Or, on s’aperçoit qu’en France, c’est exactement le contraire. Tous les sondages le démontrent : ce sont les immigrés des dernières générations, ceux qui sont nés français et possèdent la nationalité française, qui se sentent le plus étrangers à la France, qui pensent le plus que la charia prime la loi civile et trouvent le plus inacceptable tout « outrage » à leur religion. En août dernier, interrogés sur la proposition « L’islam est-il incompatible avec les valeurs de la société française », 29 % des musulmans répondaient par l’affirmative, tandis chez les moins de 25 ans, cette proportion était de 45 %.

    Un tel débat est-il propre à la France ? Aux pays occidentaux ? Ou bien la question de l’intégration par l’assimilation se retrouve-t-elle un peu partout ?

    Les pays anglo-saxons, n’ayant pas été marqués par le jacobinisme, sont plus hospitaliers aux communautés. Par ailleurs, aux États-Unis, les immigrés n’ont en général aucune animosité envers le pays dans lequel ils cherchent à entrer. La grande majorité d’entre eux, à qui l’on a inculqué le respect des Pères fondateurs, veulent être américains. Le « patriotisme constitutionnel » fait le reste. En Asie, c’est encore différent. La notion d’assimilation y est inconnue, pour la simple raison que la citoyenneté se confond avec l’appartenance ethnique. Pour les deux milliards d’individus qui vivent dans le nord et le nord-est de l’Asie, en particulier dans la zone d’influence confucéenne, on naît citoyen, on ne le devient pas. C’est la raison pour laquelle la et le Japon refusent de faire appel à l’immigration et ne naturalisent qu’au compte-gouttes (les très rares Européens qui ont obtenu la nationalité japonaise ou chinoise ne seront, de toute façon, jamais considérés comme des Japonais ou des Chinois).

    Entretien réalisé par Nicolas Gauthier.

     

    Alain de Benoist

    Intellectuel, philosophe et politologue
     
  • Pour lutter contre l’extrême droite, “les blancs derrière”, par Nesrine Briki.

    Plusieurs personnalités politiques ont assisté à la Marche pour les libertés et contre l'extrême droite, 12 juin 2021, Paris © ISA HARSIN/SIPA Numéro de reportage : 01023672_000044

    Le racisme est-il cousu de fil blanc ?

    Des thèses antiracistes d’un nouveau genre gagnent du terrain, même en France. Ainsi, lors de la « Marche des libertés » le 12 juin, les blancs n’avaient pas leur place en tête de cortège. Aux États-Unis, la « blanchité » n’a pas la cote.

    5.jpgLes Gay Pride d’antan, festives et exubérantes, ne sont désormais qu’un lointain souvenir. Ce week-end, le Collectif Fiertés en Lutte s’était mobilisé à Lyon pour dénoncer les discriminations homophobes et transphobes, mais surtout pour lutter contre les « idées nauséabondes de l’extrême droite ». Or, pendant cette Marche des Fiertés, les personnes de couleur blanche ont été reléguées à l’arrière du cortège, dans une zone dite « en mixité ».

    Dans une vidéo, on voit même un organisateur hurler dans un mégaphone : « Les blancs, allez derrière s’il vous plaît ». Sur Twitter, ce dernier se vante d’avoir « viré les aspirines. » Si pour une personne encore dotée de bon sens, le paradoxe de cette démarche éclate en pleine figure, de nombreux individus appartenant au bord progressiste n’y voient aucun inconvénient, voire la justifient. Mais d’où vient ce « traitement de faveur » accordé aux blancs ? Pourquoi ce racisme décomplexé qui peine à dire à son nom ? La réponse se trouve dans le concept de « blanchité » ou « blanchitude ».

    Qu’est-ce que le concept de blanchité ?

    Traduction française de whiteness, terme paru dans le sillage des études critiques de la race ou postcoloniales, ce néologisme inventé au début des années 2000 par Judith Ezekiel, chercheuse en études féministes, désigne l’hégémonie sociale, culturelle et politique blanche à laquelle seraientt confrontées les minorités ethno-raciales.

    Dans une tribune publiée chez Slate en 2019, Rokhaya Diallo expliquait ce concept : « Sur le plan biologique, il n’existe qu’une seule race mais notre histoire a construit des catégories raciales toujours opérantes aujourd’hui. » Et plus loin : « Nombreux sont les individus originaires d’Asie ou d’Afrique du Nord dont la couleur de peau est identique à celle d’individus d’origine européenne. Pour autant, ils ne sont pas considérés comme des Blancs. Car être blanc·he n’est pas une question de couleur objective mais d’expérience politique. C’est un héritage lié à l’ordonnancement des populations du monde selon une conception hiérarchique. »

    Il est intéressant d’observer ce glissement sémantique ; le passage de la « blancheur » à la « blanchité » traduit un changement de paradigme, la « blancheur » correspond à une caractéristique biologique, tandis que « blanchité » renvoie à une construction socioculturelle, forcément hégémonique. Aussi, il devient plus aisé de la pointer d’un doigt accusateur sans craindre une quelconque accusation de racisme. De là à faire endosser à « l’homme blanc » tous les malheurs du monde, il n’y a qu’un pas.

    Attendez-vous au pire, vous ne serez pas déçus

    Le concept et son expression n’en sont qu’à leurs balbutiements en France, alors que de l’autre côté de l’Atlantique, ils ont pris racine et s’épanouissent de jour en jour.

    Ilhan Omar, députée américaine d’origine somalienne, première femme voilée à siéger au Congrès, peu de temps après son élection, déclarait au sujet de la menace terroriste en 2018: « Je dirais que notre pays devrait craindre davantage les hommes blancs parce qu’ils sont à l’origine de la plupart des décès dans ce pays […] si la peur devait être le moteur des programmes politiques visant à assurer la sécurité des Américains, nous devrions donc surveiller et créer des politiques pour lutter contre la radicalisation des hommes blancs. » Sa relativisation du terrorisme islamique n’a d’égale que son essentialisation caricaturale, il n’est pas question de suprématiste ou de raciste xénophobe, mais d’homme blanc tout court. Celui-ci est rendu responsable et coupable de tous les maux passés, présents et à venir de l’humanité, et s’offre comme un objet/sujet sur lequel la détestation peut facilement se cristalliser.

    Fin mai 2021, Kate Slater, doyenne adjointe de l’université privée Brandeis située non loin de Boston, s’est exprimée sur Instagram, dénonçant avec véhémence la « blanchité ». Elle-même blanche, se définissant comme « spécialiste de la justice raciale », titulaire d’un doctorat en politique éducative de l’Université du New Hampshire, la doyenne adjointe avait affirmé que « tous les Blancs sont racistes » parce qu’ils ont été « conditionnés dans une société » où « la blancheur est la norme ». Face aux commentaires contestant la publication, la doyenne adjointe a continué en essayant de se justifier : « Je ne déteste pas les Blancs, je déteste la blancheur. » Entendez par là le concept hégémonique et oppressif de « blanchitude », cependant, la séparation avec « blanc » est un fil ténu, vaporeux, presque immatériel…

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    Ces idées s’infiltrent également dans la sphère professionnelle. Par exemple, en février 2021, dans le cadre d’une formation en ligne visant à « lutter contre le racisme », l’entreprise américaine Coca-Cola exhortait ses salariés à être « moins blancs ». La formation d’une cinquantaine de minutes abordait des thématiques telles que : « Comprendre ce que cela signifie d’être blanc, contester ce que cela signifie d’être raciste », ou encore des affirmations telles que : « Essayez d’être moins blanc », car cela rendrait « moins oppressif », « moins arrogant et sûr de soi », permettrait d’être « plus humble, à l’écoute », et enfin de « rompre avec la solidarité blanche. » La formation insistait sur la nécessité de rompre dès le plus jeune âge avec la « blanchité » : « Aux États-Unis et dans d’autres pays occidentaux, les Blancs sont socialisés à penser qu’ils sont intrinsèquement supérieurs parce qu’ils sont blancs. Les recherches montrent que dès l’âge de 3 ou 4 ans, les enfants comprennent qu’il est préférable d’être blanc. » On serait tenté de penser que cette démarche est isolée, mais le cours en question a fait fureur auprès de nombreuses universités et établissements scolaires.

    Expie ton privilège!

    Au rythme où l’on va, ne faudrait-il pas craindre un futur apocalyptique où tout ce qui aurait un rapport quelconque avec la « blanchité » se verrait envoyé dans des camps pour être « rééduqué » ? Pure question rhétorique.

    En mai 2021, Christopher F. Rufo, journaliste américain indépendant, faisait une révélation explosive sur son blog : Lockheed Martin Corporation, la plus grande entreprise de défense des États-Unis, avait envoyé des cadres dans une formation de trois jours afin de déconstruire leur « culture d’homme blanc » et « d’expier leur privilège d’homme blanc. » Parmi les participants figuraient un ancien général trois étoiles et le vice-président de la production du programme d’avions de chasse F-35, doté de 1 700 milliards de dollars.

    Plusieurs activités étaient proposées comme celle de demander aux employés de Lockheed de dresser une liste des connotations du terme « hommes blancs ». Les formateurs avaient préalablement écrit : « vieux, raciste, privilégié, anti-femmes, en colère, Nation aryenne, KKK, pères fondateurs, armes, coupable. » Ladite formation était dirigée par le cabinet de conseil White Men As Full Diversity Partners qui considère que les « racines de la culture masculine blanche » comprennent des traits de caractère tels que « l’individualisme brutal, une attitude positive face à l’adversité, le travail acharné, la recherche du succès », traits jugés « dévastateurs pour les femmes et les minorités. » Si on s’amuse à lire entre les lignes, l’on comprend vite que ce qui est réellement reproché à la « blanchitude » c’est son existence même.

     

    Prof contractuelle. Installée en France depuis l'an 2000, j'ai effectué un troisième cycle d'études littéraires à l'Université de Nice, je suis aussi auteur, traductrice littéraire et journaliste.
     
  • Abbé Guillaume de Tanoüarn : « Traditionis Custodes vise l’extinction du rite traditionnel », par Aurore Leclerc.

    © DR

    Le motu proprio Traditionis Custodes édicté par le pape François a déclenché incompréhension, tristesse et colère chez beaucoup de fidèles attachés à la célébration de la messe en forme extraordinaire du rite romain. Pour l’abbé Guillaume de Tanoüarn, cofondateur de l’Institut du Bon-Pasteur et ancien directeur du centre Saint-Paul à Paris, il y a là une volonté manifeste de séparer ce qui tendait à la communion. Entretien.

    Avez-vous été surpris par la soudaineté et la sévérité des mesures édictées dans le motu proprio Traditionis Custodes ?

    Oui, je ne m’attendais pas à ce que le pape François tape aussi fort. Au fond, ce motu proprio, purement disciplinaire, n’est pas doctrinal. Disciplinaire, car il s’agit pour le pape François de détruire la fécondité des instituts Ecclesia Dei, et du mouvement traversant l’Église en ce moment, et qui mène à une communion des rites. On s’est aperçu que le rite ancien pouvait apporter le sacré, la transcendance et l’adoration, quand le rite nouveau amenait la participation et la proximité. Depuis 1988 et le motu proprio Ecclesia Dei de Jean Paul II, l’Église a progressivement pris conscience de la complémentarité des rites.

    Je pense que beaucoup de jeunes prêtres en paroisse pratiquaient un mélange des deux et apportaient à leurs fidèles une part de la verticalité du rite traditionnel. Je m’inscris parmi ceux qui insistent sur la participation au sein du rite traditionnel, et je crois qu’il est très important pour l’avenir du rite traditionnel de développer cette réalité.

    Nous étions dans une situation apaisée, rien à voir avec les conflits des années 70, 80 voire 90. Et brusquement, le pape François décide de déterrer la hache de guerre. Son motu proprio est clairement écrit pour réaliser l’extinction du rite traditionnel. L’exemple le plus frappant – outre le fait qu’il refuse toute nouvelle implantation – est que les prêtres ordonnés après ce motu proprio, ne pourront dire la messe traditionnelle qu’en demandant l’autorisation à leur évêque, qui lui-même demandera à Rome si c’est opportun. Autant dire que dans l’esprit du pape, cela ne sera jamais opportun. Il s’agit en fait d’une interdiction déguisée, et pas très bien déguisée d’ailleurs.

    Comprenez-vous les griefs du souverain pontife à l’égard des traditionnalistes, à savoir que la liturgie traditionnelle est utilisée pour rejeter le concile Vatican II ?

    Je m’oppose fortement à un quelconque fétichisme de Vatican II. Fétichisme qui n’a rien à voir avec l’infaillibilité théologique du concile lui-même. Il s’agit d’un concile pastoral qui est intervenu dans l’histoire de l’humanité à un moment d’extraordinaire optimisme. Or aujourd’hui nous sommes dans une période extrêmement sombre, extrêmement noire. L’optimisme qui a fait Vatican II est donc bien oublié. L’Église ferait bien de s’adapter à la nouvelle donne sociale à laquelle elle a affaire, notamment l’appauvrissement des populations dites « riches », au désespoir et à la perte généralisée des repères. Sans parler de la violence entre les religions, engendrée par les revendications de l’islam radical. Le recours à la vertu universelle de Religion pour un dialogue inter-religieux apaisé (prôné par Vatican II) ne suffit plus, surtout à l’heure où l’on découvre que la religion au son d’ « Allah Akbar » peut devenir un vice meurtrier.

     

    Visiblement, on préfère une Église définitivement pauvre en prêtres, mais au sein de laquelle on aura méthodiquement détruit toute forme de concurrence

     

    Nous sommes dans un temps complètement différent des années 70. Il est donc naturel que les catholiques cherchent autre chose que Vatican II pour y faire face. Cela ne constitue pas une condamnation de Vatican II en soit, mais ce concile est l’expression d’un autre temps, d’une autre époque. Et je crains que le vieux pape que nous avons, ne sache pas discerner cette vieillesse de Vatican II.

    Le pape écrit que le comportement des traditionnalistes « contredit la communion, nourrissant cette pulsion de division […] C’est pour défendre l’unité du Corps du Christ que je suis contraint de révoquer la faculté accordée par mes prédécesseurs ». Que pensez-vous de cette déclaration ?

    Je pense que c’est lui qui contredit la communion. Nous sommes dans un cas de figure rare, envisagé par les théologiens, où le pape détruit une communion qui est en train de se faire et à laquelle il faut évidemment du temps, mais aussi une vraie confiance des uns envers les autres. Et c’est cette confiance qu’il détruit. Qu’un pape puisse défaire ce que son prédécesseur a fait, avec une telle facilité, en deux pages, cela pose un problème sur l’institution qu’il dirige et sur sa fiabilité. D’ailleurs, le pape avait déclaré lors d’une de ses conférences dans un avion (qui lui sont familières), au journaliste de La Croix Nicolas Senèze, qu’il n’avait pas peur des schismes. Cela au mépris de sa tâche de pasteur, de rassembleur. Nous ne pouvons que constater aujourd’hui qu’il n’a effectivement pas peur des schismes, de trancher dans le vif, de couper, de séparer, plutôt que d’unir.

    Sur le plan pratique, qu’est-ce que cela va changer pour les diverses communautés ?

    D’abord, les nouvelles assemblées ne pourront être le fait que de l’évêque du lieu. Les instituts de droit pontifical qui ont été créés pour guérir les blessures du combat liturgique des années 70 n’ont plus le droit de s’installer quelque part, de créer de nouvelles structures, de grandir. En un sens hallucinant, elles n’ont plus le droit d’être le « levain dans la pâte », comme le prescrit pourtant l’évangile à chaque chrétien. À terme, il s’agit donc bien de supprimer ces communautés en obtenant d’abord l’extinction du recrutement des séminaires. En effet, sans implantation nouvelle, les jeunes séminaristes n’auront pas d’autre choix que de devenir les doublures de leurs aînés.

    Ce que la hiérarchie actuelle de l’Église ne comprend pas, c’est ce recrutement des prêtres au sein de la tradition, comparé aux séminaires « nouvelle manière » supposément adaptés au temps et au lieu. Alors, ne comprenant pas cette expansion, le pape joue le tout pour le tout dans ce motu proprio pour la détruire, au risque de pénaliser l’Église. Visiblement, on préfère une Église définitivement pauvre en prêtres, mais au sein de laquelle on aura méthodiquement détruit toute forme de concurrence.

    À terme, craignez-vous la non-reconnaissance de l’ordination des prêtres venant des communautés traditionnelles par le Saint Siège ?

    Non car théologiquement cela n’est pas possible. Autant il y a une tentation absolutiste chez François, autant il ne peut pas faire absolument n’importe quoi avec le dogme. Un évêque qui reçoit le sacrement de l’épiscopat – comme l’a fait comprendre Vatican II qui a théorisé la sacramentalité de l’épiscopat – ne peut voir invalidées les ordinations qu’il réalise. La question de la validité des ordinations n’est donc pas en cause. Mais le but est de les empêcher, et surtout d’envoyer ce signal aux jeunes aspirants prêtres que s’ils choisissent les instituts Ecclesia Dei, ils seront promis à un cursus ecclésiastique avorté d’avance. Ils n’auront pas de mission, pas de travail. C’est déjà ce que nous vivons un peu à l’Institut du Bon-Pasteur, puisque nous sommes réputés comme étant « les plus méchants ». Les évêques ne nous « trouvent » pas de travail, ou refusent littéralement celui que l’on apporte.

    Que deviendront les prêtres qui ne seront plus autorisés à célébrer la messe sous le missel de 1962 ?

    Ils n’auront pas d’autre choix que de célébrer la messe sous le nouveau missel, sauf à en faire la demande au pape lui-même. C’est une absurdité doctrinale, parce que la liturgie est essentiellement tradition. C’est la loi de la prière qui détermine la loi de la foi, et pas l’inverse. Encore faut-il que cette loi de la prière ne soit pas émise par des commissions rapidement réunies de pseudos experts ou d’experts autoproclamés, comme l’avait déploré le pape Benoît. La liturgie est vraiment le lieu de la tradition, et pas le terrain d’affrontement des dernières forces chrétiennes, hâtivement rangées en Église.

  • Thérèse Hargot : « Le corps féminin a été malmené. Pas par les hommes, par les femmes elles-mêmes ».

    Cinquième volet de notre série Place des femmes, avec Thérèse Hargot, sexologue.

    14.jpgJe suis Thérèse Hargot, thérapeute de couple, sexologue et essayiste.

     

    Le porno est-il votre ennemi numéro 1 ?

    En réalité, le porno est devenu mon ennemi numéro 1. Il est aujourd’hui le phénomène mondial. Il va détruire massivement non seulement les personnes, mais aussi les relations d’amour et la sexualité. Forcément, si on veut faire de la sexualité du couple, un lieu d’humanité, il faut combattre la pornographie.

    Le vrai sujet de ma vie était plutôt la contraception. Au moment où la contraception est apparue, la pilule contraceptive a modifié en profondeur notre rapport aux corps des femmes, à la sexualité et à l’autre c’est-à-dire à homme et l’enfant.

    Alors que c’est mon sujet de cœur, j’en viens à parler beaucoup de pornographie. Depuis quelques années, avec l’arrivée d’internet, l’industrie pornographique a explosé. Lorsqu’on parle de pornographie aujourd’hui, on parle de 1/4 des Français et des Belges qui consomment régulièrement la pornographie. On parle de plusieurs fois par semaine ou par jour. Les chiffres sont peut-être même beaucoup plus importants… France Inter a sorti des chiffres, 8 hommes sur 10 consomment régulièrement du porno. On sait que 1/3 des moins de 12 ans ont déjà vu des images pornographiques et que la majorité des adolescents vont en voir. Le phénomène est tellement important que je suis obligée d’en parler.

     

    Une femme sur le sujet du porno… Est-ce vraiment votre rôle ?

    On pourrait dire que c’est un problème d’homme. Il faut que des hommes s’engagent sur ce combat. Je pense et j’en suis même absolument certaine que le fait que je m’engage sur ce sujet a beaucoup de sens. Les personnes qui suivent le parcours en ligne que j’ai créé pour arrêter la consommation de pornographie me disent que cela fait du bien que ce parcours soit conduit par une femme. Cela leur permet de changer leur regard. Je ne sais pas encore très bien l’expliquer, mais il y a quelque chose qui vient guérir. Les femmes ont toutes leur place dans ce combat. Je pense même que c’est notre mission aujourd’hui de contrer cette industrie surpuissante.

    Les femmes sont évidemment concernées par le porno, même si ce sont principalement les hommes qui sont touchés. Il faut comprendre que la personne exposée aux images pornographiques va tomber dans une sorte de dépendance malgré elle et que la seule façon d’en sortir c’est par un regard d’amour posé sur elle :« j’entends que tu consommes de la pornographie, mais je t’aime ». C’est l’amour qui sauve vraiment. Je le dis et le redis.

     

    Quel est le regard posé sur les femmes aujourd’hui ?

    Avec la révolution sexuelle que l’on a connue, en plaçant la jouissance comme finalité de la sexualité, on a transformé le corps de l’autre en objet de jouissance, en instrument pour obtenir ce plaisir. On finit par se transformer soi-même en objet de jouissance. Le corps et la sexualité sont devenus un produit de consommation comme un autre. On dit que l’on fait du sexe. C’est une activité parmi d’autres qui apporte une certaine satisfaction.

    La sexualité a perdu toute son humanité, un lieu de la rencontre et de la relation. Avant la révolution sexuelle, la sexualité était très orientée vers l’action de la reproduction, mais aujourd’hui on arrive à une sexualité vraiment déshumanisée. En déshumanisant la sexualité, on a déshumanisé la personne humaine. L’objectif est d’arriver à créer une nouvelle révolution de l’amour qui permettra de voir la sexualité comme le lieu de la rencontre et de la relation avec un autre que soi, pour faire l’amour littéralement.

     

    Qu’est-ce qu’une femme ?

    Il y a ce corps qui est donné. Je sais que cela semble bizarre de dire cela à notre époque parce qu’on a tendance à négliger ce corps. C’est avec ce corps que je vais rentrer en relation avec les autres. Le corps est extrêmement important. Ces dernières années, on a pu observer que le corps féminin a été extrêmement mal mené pas par les hommes, mais par les femmes elles-mêmes. On voit bien que toutes les féministes qui ont impacté les dernières années de notre Histoire sont dans un mépris du corps féminin incroyable. Elles détestent le corps féminin. Comme elles le détestent, il faut le modifier pour qu’il corresponde à l’idéal masculin où c’est l’homme qui est valorisé. C’est le corps de l’homme qu’il faut copier.

    On peut proposer un autre féminisme qui serait dans une célébration de ce corps féminin. Il est absolument magnifique. Cela demande de porter un regard sur son corps et d’apprendre à le connaître et de voir que même si parfois il y a des lieux de douleurs (règles, enfantement), on peut transformer ces douleurs et les voir autrement. Tout dépend de l’histoire que l’on se raconte par rapport à ce propre corps. On peut se raconter une tout autre histoire, par exemple que ce corps est merveilleux. On peut vraiment y découvrir une vraie richesse pour sa propre vie de femme, mais aussi une richesse à offrir au monde. Être une femme est d’abord une histoire corporelle. C’est cela qui nous différencie des hommes. Être une femme c’est intégrer ce corps, aimer ce corps, honorer ce corps. On devient femme par une espèce d’acceptation de cette réalité et d’amour total de soi et pas seulement je m’aime pour mes compétences professionnelles. J’aime ce corps avec toute sa réalité. Cet amour de soi va aussi passer par une réconciliation.

    Celles qui sont pleinement femmes sont les femmes qui se sont réconciliées avec leur corps et qui cessent de faire la guerre avec elles-mêmes.

     

    Etes-vous féministe ?

    Je pense que je suis féministe dans le sens de permettre aux femmes de trouver leur place, leur joie et leur bonheur avec un certain féminisme qui est dans la célébration du féminin. Celles qui se prétendent être féministes aujourd’hui ne sont pas du tout féministes, mais masculinistes au possible. Ce qui me frappe c’est que ces féministes d’aujourd’hui ressemblent physiquement aux hommes. Regardez les photos des féministes actuelles, elles ont un physique presque masculin. Il y a quelque chose de l’ordre du masculin qui est très célébré et qui n’est pas du féminin. Être féministe c’est aussi mettre en valeur ce qui est proprement féminin. Être féministe, c’est aussi arriver à valoriser ce qui est accompli par les femmes. Hier je discutais avec Clémentine Autain qui parlait de la domination masculine. Elle disait que les hommes étaient majoritaires dans les lieux de pouvoir. C’est une certaine vision où il faudrait copier ce modèle-là sans voir que les femmes dominent, par exemple dans le foyer. Cette espèce de hiérarchie de jugement de valeur ne sert pas du tout la cause des femmes.

     

    Quel est votre modèle féminin ?

    Mère Térésa m’inspire totalement. Ce qui me touche chez cette femme c’est cette vie totalement donnée pour les autres et cette fécondité qu’elle a. Je pense qu’une femme peut avoir une immense fécondité sans pourtant porter elle-même les enfants. Je sais que cela peut sembler paradoxal pour ceux et celles qui vont entendre mes propos, parce qu’à la fois je dis que je célèbre le corps féminin, mais je ne suis pas en train de dire que la vocation des femmes est d’avoir des enfants. C’est de porter du fruit et d’être féconde. Nous avons plusieurs façons de porter du fruit.

     

    Une femme engagée : est-ce dévirilisant pour un homme ?

    Je pense qu’il faut que les femmes s’engagent pour le bien commun dans notre société. Cet engagement est nécessaire. Qu’elles sortent de la sphère domestique et qu’elle puisse accomplir des actions pour les autres. La question est de savoir comment s’engager. Est-ce que je m’engage en copiant le modèle masculin, en reprenant leur code et en essayant de les intégrer pour essayer de faire ma place ? Ou est-ce que je m’engage avec tout ce que je suis y compris ma spécificité corporelle de femme ?

    Peut-être que c’est là qu’il y a quelque chose à renouveler. Comment je peux m’engager en politique tout en restant pleinement ce que je suis à la fois dans mon apparence corporelle et dans le registre émotionnel qu’on attribue le plus souvent au féminin ? Ce n’est pas quelque chose de naturel, mais plutôt culturel. Comment je viens enrichir le débat public avec ce que je suis ?

    Lorsque les femmes veulent prendre la place des hommes en essayant de les recopier, cela les dévirilisant pour eux.

    Lorsqu’on est dans le combat comme tout chevalier, on va mettre des armures et se protéger. Lorsqu’on est sur la sphère publique, politique ou médiatique, on va se prendre des coups. Une femme qui va s’engager à ce niveau-là va se mettre une armure qu’elle aura du mal à enlever. Elle aura du mal à ouvrir son cœur, à montrer sa vulnérabilité et ses failles. Or, c’est en ouvrant son cœur et en montrant sa vulnérabilité que l’amour est possible. Je pense à cela parce que j’ai dans mon entourage des amies et je vois dans mon cabinet des femmes qui ont pris des postes à responsabilité et qui sont dans des lieux de pouvoir avec des hommes. Elles sont prisonnières de cette armure qu’elles ont mise. Elles n’arrivent plus à tisser de liens de l’ordre amoureux et une sexualité heureuse avec les hommes parce qu’elles se sont blindées.

    Dans le combat, il y a une armure, mais il faut savoir parfois l’enlever et peut-être trouver une force intérieure. J’ai décidé d’avoir à l’intérieur de moi cette force et d’être bien aligné avec moi-même. On peut m’envoyer des flèches, mais cela ne m’atteint pas parce qu’à l’intérieur de moi, je suis alignée. Par conséquent, je peux rester intègre. Je pense qu’il y a ici, une petite voie de sortie pour ne pas copier ce modèle masculin.

     

    Thérèse Hargot

    Sexologue
    Diplômée en philosophie et en sciences de la famille et de la sexualité.
  • La marche turque, par Georges-Henri Soutou.

    Balkans, Chypre, Grèce, Syrie… La Turquie veut redevenir une puissance méditerranéenne. Faut-il la laisser faire ?

    Une crise, qui couvait depuis des années, est passée en quelques mois au centre des préoccupations internationales : celle qui oppose la Turquie à la Grèce et à Chypre, et dans laquelle la France se trouve très impliquée. Résumons le contexte. Grecs et Turcs ne sont pas d’accord sur leurs frontières maritimes respectives (eaux territoriales et zones d’exploitation économique exclusives), autour des nombreuses îles grecques qui se trouvent tout près du littoral turc.

    4.jpgCe n’est pas le seul cas, et les tribunaux internationaux règlent ces questions épineuses souvent en limitant ces zones autour d’îles qui pourraient, sinon, rendre difficile la situation du pays voisin. Mais la Turquie n’a pas signé la Convention de l’ONU sur le droit de la mer.

    Deuxième dossier : Chypre. En 1974, un coup d’État soutenu par Athènes renversa l’archevêque Makarios, président de l’île depuis son indépendance, qui maintenait un équilibre fragile entre ses populations grecques et turques. En réaction, les Turcs débarquèrent et suscitèrent la création d’une « République turque de Chypre du Nord », qui n’est reconnue que par eux. En 2003, l’ONU suscita un accord pour réunifier l’île, mais il fut rejeté par référendum par les Chypriotes grecs, comme trop favorable aux Chypriotes turcs. En 2004 Chypre entra dans l’Union européenne. On pensait à l’époque que ce problème non résolu le serait dans le cadre des négociations d’adhésion de la Turquie à l’UE, que souhaitaient toutes les élites européennes, sans état d’âme.

    Une Turquie isolée

    Bien entendu, la question des frontières maritimes se pose aussi pleinement avec Chypre. Puis à partir de 2009 on a commencé à découvrir des gisements considérables de gaz, pour l’essentiel dans la zone maritime entre l’Egypte, Israël et Chypre. Ça a ajouté à la crise : la Turquie en cherche aussi, jusqu’ici sans succès, tandis que, cette année ,vient de se créer au Caire le « Forum du gaz de la Méditerranée orientale », qui réunit l’Égypte, Israël, l’Autorité palestinienne, la Jordanie, la Grèce, Chypre et l’Italie. La France a demandé à y adhérer. On voit se dessiner là un ensemble géopolitique essentiel dans la période actuelle, qui en outre a aidé à la normalisation toute récente des relations entre Israël et les Émirats arabes unis. Israël considère d’ailleurs désormais la Turquie, qui soutient le Hamas, comme encore plus dangereuse pour elle que l’Iran…

    La Turquie est isolée, et réagit en envoyant des navires de recherche dans des zones que lui contestent la Grèce et Chypre, et elle les fait escorter par des vaisseaux de guerre, ce qui a suscité un déploiement naval et aérien grec. Et le débarquement récent de soldats grecs sur une île toute proche de la côte turque, en principe démilitarisée.

    Mais ce n’est pas tout : l’affrontement s’étend à la Libye, où la Turquie soutient le gouvernement de Tripoli reconnu par l’ONU (comme d’ailleurs l’Italie), alors que l’Égypte, les Émirats, la Russie et la France soutiennent son adversaire, le général Haftar. En novembre 2019, la Turquie et Tripoli ont signé deux accords : le premier, militaire, a permis les mois suivants de renverser la situation et de mettre en difficulté le général Haftar, qui avait paru être sur le point de gagner. Et le second accord établit une frontière maritime entre la Turquie et la Libye, qui a un délicieux parfum ottoman mais qui ne tient nul compte des droits de Chypre et de la Grèce.

    Tout cela est une nouvelle étape pour Ankara, qui s’est progressivement affirmé, abandonnant l’atlantisme de la Guerre froide, depuis les années 1970, déjà bien avant l’arrivés au pouvoir de l’AKP islamiste et d’Erdogan. Dans les années 1990, le rôle de la Turquie dans les Balkans est redevenu significatif, tandis que l’intérêt « pantouranien » pour l’Asie centrale renaissait. En 2003, l’effondrement de l’Irak, libérant les Kurdes, conduisait Ankara à intervenir militairement dans le nord du pays pour limiter les risques de contagion en Turquie (à la population kurde à 25%).

    Cette politique a été souvent qualifiée de « néo-ottomane ». Mais, en fait, la doctrine officielle actuelle est celle qu’a formulée, il y a quinze ans, l’amiral Gürdeniz, alors chef d’état-major de la marine : « La patrie bleue », qui vise à transformer la Turquie en puissance maritime contrôlant les mers qui la bordent, tout en réorientant sa politique extérieure dans un sens eurasien, en direction de la Russie et de la Chine. Tandis que le président Erdogan utilise sans gêne ses deux moyens de pression sur l’Union européenne : les quatre millions de réfugiés installés chez lui, qui pourraient à nouveau se diriger vers l’Europe, et les importantes minorités turques en Europe, en particulier en Allemagne et en France.

    Une France en partie isolée

    À partir de là, toutes ces crises, aux origines séparées, se sont rejointes et la France a envoyé des bâtiments participer aux exercices des marines grecque et chypriote. Le 11 mai dernier, à Chypre, les ministres des Affaires étrangères français, grec, chypriote, égyptien et celui des Émirats arabes unis ont signé une déclaration soutenant la Grèce et Chypre et condamnant durement les forages des Turcs, leurs actions navales et aériennes en Méditerranée orientale, ainsi que leurs accords avec la Libye. Au mois d’août, la France a conclu avec Chypre un accord de défense dont on ne connaît pas les termes.

    Qu’est-ce qui pousse Paris à s’engager autant dans un ensemble d’affaires complexes où la Turquie, on l’a vu, n’a pas tous les torts sur le plan juridique, malgré son agressivité ? Et alors que la Grèce refuse une proposition de médiation, ou du moins de « déconfliction », faite par l’OTAN ?

    Sans doute faut-il lier le soutien de Paris au « format du 11 mai » à la recomposition diplomatique actuelle du Moyen Orient et à l’établissement toute récente de relations entre Israël et les Émirats, où nous développons nous-mêmes des intérêts considérables de toute nature depuis les années 1990, et dont on espère une stabilisation de la région, surtout devant l’effacement relatif des Américains. C’est un ensemble complexe qui nécessiterait un développement à part.

    Mais dans l’immédiat on constate que la France court des risques d’incidents militaires non négligeables tout en restant isolée par rapport à ses Alliés : la France a protesté à l’OTAN quand des navires turcs ont « illuminé » au radar de tir une frégate française, le Courbet. Huit pays membres seulement sur trente nous ont soutenu. La Grande-Bretagne et les États-Unis appuient plutôt la Turquie. Berlin n’a pas caché sa désapprobation après le 11 mai : la RFA a de considérables intérêts en Turquie, son nombreux électorat binational fait désormais peser son poids, et Mme Merkel compte sur M. Erdogan pour continuer à bloquer l’arrivée en Europe de quatre millions de réfugiés supplémentaires. Quant à l’Italie, elle se trouve en Libye dans le camp opposé. Ni l’Alliance atlantique ni l’UE ne fonctionnent ni ne nous soutiennent dans cette crise.

    Cependant le 10 septembre les représentants des sept pays de l’UE riverains de la Méditerranée se sont réunis à Ajaccio sous la présidence d’Emmanuel Macron pour affirmer leur solidarité avec la Grèce et Chypre et menaçant Ankara de proposer à l’UE de prendre des sanctions, lors de la réunion prévue fin septembre. Paris sort ainsi de l’isolement, et Berlin, à la différence des tentatives de l’époque Sarkozy, ne s’oppose pas aux initiatives méditerranéennes de la France. La déclaration du 10 septembre est-elle pour Paris un complément ou un correctif de la déclaration du 11 mai ? On constate qu’Emmanuel Macron, pour la première fois dans cette crise, a déclaré souhaiter un dialogue avec Ankara et a avancé la notion d’une « Pax Mediterranea ». Mais ni l’Italie ni l’Espagne, ni Berlin n’auraient accepté une totale absence d’ouverture.

    La crise va sans doute continuer, et elle comporte des dangers bien réels. À court terme, il serait souhaitable que les partenaires acceptent une médiation de l’OTAN pour réduire les risques d’incidents incontrôlés, ainsi qu’une proposition faite par Berne de médiation sur la question des zones économiques.

    À plus long terme, un ensemble serait nécessaire : un accord de paix en Libye, un accord sur Chypre, et la clôture de la saga de la négociation d’adhésion de la Turquie à l’UE, en abandonnant la fiction hypocrite actuelle en faveur d’un accord d’association raisonnable. Mais c’est un vaste programme ! En attendant on ne peut que tenter de contenir les ambitions turques, mais la France n’y parviendra pas toute seule.

     

    Illustration : Recep Erdogan expliquant qu’Emmanuel Macron est un « ambitieux incapable », et il s’y connaît.

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    Source : https://www.politiquemagazine.fr/

  • La francophonie au-delà des mots, par Michel Servion.

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    Pour beau­coup, et des mieux inten­tion­nés la fran­co­pho­nie est une fin en soi. Et cha­cun sait que l’enfer est pavé de bonnes inten­tions. Pour beau­coup donc la fran­co­pho­nie est une sorte d’accomplissement ou viennent se résor­ber conflits idéo­lo­gique, poli­tique et bien enten­du cultu­rels. 

    On ver­ra d’ailleurs avec la for­mi­dable offen­sive déco­lo­niale la fai­blesse du dogme « fran­co­pho­niste » comme fac­teur tant de paci­fi­ca­tion des conflits que de dépas­se­ment de ces conflits. S’en tenir au concept de « langue fran­çaise en par­tage » est un ciment suf­fi­sant pour asseoir une culture mais sans doute trop friable pour étayer un pro­jet civilisationnel.

    La fran­co­pho­nie, comme pro­jet d’ampleur, ce ne sont pas seule­ment des mots. Pas seule­ment un ali­bi. Ali­bi ? Vous avez dit ali­bi ? qu’est-ce à dire ? C’est-à-dire que sou­vent la fran­co­pho­nie est un ali­bi pour patriote hon­teux, un ali­bi pour celui qui crai­gnant d’être taxé de natio­na­liste, d’impérialiste, de colo­nia­liste, où pire encore, se réfu­gie dans un concept paci­fique et cultu­rel qui l’exorcise de tout soup­çon de supre­ma­cisme natio­nal. Et d’invoquer jusqu’à plus soif une soli­da­ri­té fon­dée sur une même langue « por­teuse de valeurs huma­nistes », se gar­ga­ri­sant d’Albert Camus disant « ma patrie c’est la langue fran­çaise » et n’y a‑t-il pas quelque outre­cui­dance à vou­loir faire par­ta­ger la for­mule à des popu­la­tions qui ne sont pas de langue mater­nelle fran­çaise. Autant qu’un lien indé­niable la langue fran­çaise est aus­si un enjeu et comme le dit bien Kateb Yacine « pour nous le fran­çais est une prise de guerre ». Invo­quer la soli­da­ri­té née de l’usage d’une même langue n’est pas faux mais quand même limi­té quand on pense aux « valeurs huma­nistes » du mar­xiste fran­co­phone Pol Pot qui méri­te­rait bien, à lui tout seul, un Nurem­berg. Pour un Fran­çais la fran­co­phi­lie est quand même supé­rieure à la fran­co­pho­nie (comme com­mu­nau­té lin­guis­tique). Et je veux croire qu’il en est de même pour tout indi­vi­du enra­ci­né dans un peuple

    La fran­co­pho­nie est une belle chose si au-delà des mots elle engage à l’action, à la construc­tion d’un espace fran­co­phone mon­dial. La Cité Inter­na­tio­nale de la Fran­co­pho­nie déci­dée par Emma­nuel Macron devrait ouvrir ses portes en 2022 au châ­teau de Vil­lers-Cot­te­rêts en cours de res­tau­ra­tion pour la cir­cons­tance. L’affectation de ce châ­teau (ou fut signé par Fran­çois Ier l’édit de … Vil­lers Cot­te­rêts) est dû à l’ambassadeur Albert Salon, pré­sident d’Avenir de la Langue Fran­çaise qui dès 2011, du haut du bal­con de châ­teau avait lan­cé l’appel visant à affec­ter le Châ­teau à la fran­co­pho­nie. Pour avoir enten­du l’appel il sera beau­coup (enfin un peu !) par­don­né à Emma­nuel Macron. Tout laisse pen­ser que ce pro­jet abou­ti­ra à la dif­fé­rence de bien des ini­tia­tives anté­rieures (châ­teau de Chamarande …)

    D’où l’idée de pro­po­ser des pro­grammes sus­cep­tibles de nour­rir les pro­grammes futurs de la Cité. Un appel à pro­jet aurait, nous dit le site de l’Élysée, d’où comme cha­cun sait, est gou­ver­née la France, sus­ci­té des mil­liers de réponses … Pour sa part un col­lec­tif a repris une tren­taine de contri­bu­tions  sous la forme d’un cata­logue  ou se retrouvent des pro­po­si­tions éma­nant d’institutions comme la Chambre de Com­merce de Paris, la Bien­nale de la Langue Fran­çaise, le Par­te­na­riat Eur­afri­cain, l’Observatoire du Plu­ri­lin­guisme en Europe, ou encore des signa­tures pres­ti­gieuses comme celle de l’ancien ministre Jacques Legendre, l’africaniste Gérard Gal­tier, le socio­logue  Jean-Paul Gou­ré­vitch, auteur de nom­breux ouvrages du l’Afrique, l ’éco­no­miste Yves Mon­te­nay ou Phi­lippe Kamins­ki,  qui déve­loppe un pro­jet axé sur la pater­ni­té fran­co­phone de l’Economie Sociale.

    A l’heure où la France s’enfonce dans une crise grave, il est temps que les porte paroles de la fran­co­sphère secouent une fois pour toute, le joug des idéo­lo­gies qui, cha­cune pour leur part, tentent d’instrumentaliser la fran­co­pho­nie, qui, au pro­fit de la lutte déco­lo­niale, qui, au pro­fit d’un jaco­bi­nisme éri­geant la fran­co­pho­nie en dogme anti-langues ver­na­cu­laires (ou régio­nales), qui, pire encore fait de la fran­co­pho­nie le cache misère d’un patrio­tisme refoulé.

    Source : https://www.actionfrancaise.net/

  • État de droit ou État dépravé ?, par Claude Janvier.

    L’imposition du « passe sani­taire » montre que nous ne sommes pas dans un État de droit. Au-delà de la ques­tion du « passe », c’est une refonte totale de nos ins­ti­tu­tions qui est nécessaire.

    2.jpgEric Dupond-Moret­ti s’est fen­du d’un tweet le 5 août 2021 à 22 h et je cite : “Non, nous ne sommes pas dans une dic­ta­ture, mais dans un État de droit ! Ceux qui hurlent après le Conseil consti­tu­tion­nel pour sa déci­sion sur le #Pass­Sa­ni­taire l’auraient encen­sé s’il les avait confor­tés. Contrai­re­ment à leurs convic­tions le droit, lui, ne peut être manipulé.”

    Ce genre de rhé­to­rique fleure bon la droi­ture, l’équité, l’intégrité, l’éthique ! Un état de droit… Son­nez buc­cins et trompettes !

    La réa­li­té est toute autre. Au vu du nombre de cas­se­roles, – des chau­drons pour cer­tains -, que se traînent pra­ti­que­ment tous les poli­tiques, et au vu du fait qu’un casier judi­ciaire vierge ne soit tou­jours pas exi­gé pour être dépu­té, – alors que pour ouvrir un res­tau­rant, c’est une obli­ga­tion -, l’équité, la droi­ture et tout le flon­flon ont déjà du plomb dans l’aile.

    15 jan­vier 1990 : Michel Rocard, alors 1er ministre de la Ve Répu­blique, fit voter la loi d’amnistie pour les délits et crimes liés au finan­ce­ment des par­tis poli­tiques et des cam­pagnes élec­to­rales, dans le cadre d’un pro­jet de régu­la­tion du finan­ce­ment de la vie poli­tique fran­çaise. Le début de la fin. (1)

    Mais au fait, qu’est-ce qu’un État de droit ? Selon le site offi­ciel, Vie publique : “Le concept d’État de droit s’oppose à la notion de pou­voir arbi­traire. Il désigne un État dans lequel la puis­sance publique est sou­mise aux règles de droit.” Selon la défi­ni­tion don­née par le juriste Hans Kel­sen au début du XXe siècle, c’est un “État dans lequel les normes juri­diques sont hié­rar­chi­sées de telle sorte que sa puis­sance s’en trouve limi­tée“. L’État de droit implique le res­pect de la hié­rar­chie des normes (“La hié­rar­chie des normes implique que chaque norme juri­dique est rédi­gée sur le fon­de­ment d’un droit qui lui est supé­rieur“), ain­si que l’égalité devant la loi :

    L’égalité des sujets de droit consti­tue la deuxième condi­tion essen­tielle d’un État de droit. Cela implique que les per­sonnes et les orga­ni­sa­tions reçoivent la per­son­na­li­té juri­dique, en tant que per­sonnes phy­siques pour les per­sonnes, en tant que per­sonne morale pour les orga­ni­sa­tions. L’État est lui-même consi­dé­ré comme une per­sonne morale.

    L’État de droit sup­pose aus­si “la sépa­ra­tion des pou­voirs qui vise à évi­ter la concen­tra­tion du pou­voir dans les mains d’un des­pote. Le pou­voir est dis­tri­bué entre des organes indé­pen­dants et spécialisés :

    – Le pou­voir de voter la loi (pou­voir législatif) ;

    – Le pou­voir d’exécuter les lois et pour ce faire d’édicter des règle­ments (pou­voir exécutif) ;

    – Le pou­voir de rendre la jus­tice (pou­voir judi­ciaire).

    Le qua­trième pou­voir ne figure pas dans ce texte, mais il existe : la presse. Contrô­lée par une clique de mil­liar­daires issue du CAC 40 et aux ordres de l’État, elle est un organe de pro­pa­gande assu­rant que le pou­voir reste dans les mêmes mains.

    Sur le papier, un État de droit paraît être le garant du peuple. En réa­li­té, un Pré­sident pos­sé­dant la majo­ri­té à l’Assemblée natio­nale et au Sénat est le maître du pays. Étant don­né aus­si que les membres des Conseils d’État et consti­tu­tion­nel sont sou­vent des anciens ministres, la boucle est bou­clée. Un État de droit n’est pas dif­fé­rent d’un pou­voir arbitraire.

    L’imposition de la loi concer­nant le passe-sani­taire le démontre. Emma­nuel Macron et ses ministres en vou­laient l’instauration. Votée la nuit en com­mis­sion mixte le 25 juillet 2021, et enté­ri­née par le Conseil consti­tu­tion­nel en ce 5 août 2021, – jour funeste pour la démo­cra­tie -, cette loi inique prouve bien que l’État de droit fran­çais res­semble plus à une répu­blique d’opérette qu’à une ins­ti­tu­tion bien­veillante cen­sée pro­té­ger le peuple. L’instauration du passe-sani­taire pri­vant les citoyens du droit le plus élé­men­taire qui est la libre cir­cu­la­tion, prouve indu­bi­ta­ble­ment que nous sommes vrai­ment en dictature.

    Il n’y a aucune dif­fé­rence entre un État de droit tel que nous le subis­sons depuis trop long­temps et un État arbi­traire sou­mis au bon vou­loir d’un sou­ve­rain. De plus en plus de Fran­çais sont dans la rue pour dire “Non” au passe de la honte. En plein mois d’août, le nombre de mani­fes­tants pré­sents est un record. Mais ne vous y fiez pas, com­battre le passe-sani­taire ne repré­sente que le som­met de l’iceberg. Une refonte totale de nos ins­ti­tu­tions est urgente. Il est plus que néces­saire de sor­tir de l’Europe, de faire le ménage, et d’avoir enfin des poli­ti­ciens intègres pre­nant soin des citoyens.

    (1) https://fr.wikipedia.org/wiki/Amnistie_parlementaire

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