UA-147560259-1

Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Rechercher : Rémi Hugues. histoire & action française. Rétrospective : 2018 année Maurras

  • Sur la page FB de nos amis du GAR : Pourquoi la Monarchie ? Partie 5 : la Monarchie, protectrice des identités nationale

    De par son statut, la Monarchie, symbole de l’État libre des pressions de tout genre et « trait d’union » entre les provinces, peut engager une plus grande décentralisation sans remettre en cause l’unité nationale, tout comme elle peut accorder une plus grande place aux communautés dans la vie politique en les intégrant au jeu institutionnel sans tomber dans les communautarismes figés et agressifs :

    c’est, d’une certaine manière, ce que rappelaient les rois de l’Ancien régime lorsqu’ils évoquaient « les peuples de France » sans, pour autant, tolérer les remises en cause de l’unité du royaume.
    En fait, dans le monde globalisé contemporain qui uniformise les modes de vie et, dans le même temps, maximalise les « petites différences » (stratégie du consumérisme actuel : diviser pour mieux régner…), la Monarchie peut jouer un rôle protecteur des identités locales et nationale par l’incarnation même d’un enracinement et d’une histoire qui ne se résumeraient pas au seul présent… Le roi peut être ce point de repère qui manque tant pour signifier « la France », autant comme État que comme nation. D’ailleurs, à ce propos, le roi n’a pas à faire un tri dans l’Histoire de France : il en est l’héritier et le rappel, et il est autant celui des rois que des régimes qui se marquaient par « l’absence de roi » ; il n’a pas de « querelle à venger », il assume toute l’Histoire de France !
     
  • Des enfants du 93 rencontrent le descendant des rois de France (juin 2021)

    L'association La France quelle histoire ! emmène régulièrement des groupes d'enfants de Seine-Saint-Denis visiter des monuments ou des musées pour leur faire découvrir le patrimoine français. Ici ils visitent le château de Mesnil-Voisin en compagnie de l'héritier des rois de France, le comte de Paris Jean d'Orléans, et de sa femme.

    Le 9 juin dernier, le Comte et la Comtesse de Paris ont accueilli, 45 enfants de la Seine Saint-Denis, pour une visite du château de Mesnil-Voisin en compagnie du propriétaire des lieux M. de Beaugrenier.

    Le chef de la Maison royale de France, Monseigneur le Comte de Paris, accompagné de la Comtesse de Paris, présidente de Gens de France, relançait ainsi le programme « La Nation en partage ». Au service de l’éducation dans les zones les plus défavorisées, le programme permet à des jeunes de visiter des lieux d’Histoire avec le regard de leurs propriétaires, dans le but de consolider les liens d’appartenance de ces jeunes à la communauté nationale.

    « Il m’a toujours semblé important de rendre ce qui nous avais été donné par nos parents et familles, à l’école et pendant les études, dans le travail. Face à des jeunes qui cherchent enracinement et perspectives, j’ai pensé que, du fait de l’histoire propre de ma famille qui a développé notre pays, je pouvais apporter ma pierre. »

     

    armoiries du prince Jean comte de Paris.jpg

    Comte de Paris, Site Officiel

    Comte de Paris, Page Facebook 

    Compte Twitter

    Instagram

  • Le Tour : pour les Français, tout est perdu, fors l'honneur...

    En sport, il n'y a pas de honte à perdre, si l'on a tout donné et que l'on s'est battu jusqu'au bout, avec panache, courage et élégance.

    C'est ce qu'ont fait les Français, qui nous ont fait rêver jusqu'à aujourd'hui.

    Il y a bien longtemps, des années, des décennies, que le cyclisme français ne s'était pas montré aussi dynamique, conquérant, enthousiasmant.

    On y a cru, jusqu'à aujourd'hui : le sort nous est contraire, rendez-vous l'année prochaine, et d'ici là, merci et chapeau, MESSIEURS !

    Illustration (de gauche à droite) : Pinot, Bardet, Alaphilippe, mais, pour tous, maintenant : Thibaut, Romain, Julian...

  • Famille de France • Le prince Jean remet un trophée au Maire de Dreux

     

    Echo-2011.pngSamedi 14 juillet , à l’issue de la cérémonie patriotique, le prince Jean de France a assisté devant le beffroi de Dreux à la remise officielle des trophées aux « talents drouais », qui récompensent comme chaque année, les administrés méritants de la ville. 

    Dans la promotion de cette année, l’équipe municipale a souhaité rendre hommage au maire de la ville, pour son implication dans l’accueil du Tour de France. C’est donc dans une certaine émotion générale que l’Héritier du trône de France le prince Jean de France a remis au nom de la ville de Dreux, un trophée au Maire Monsieur Gérard Hamel, très surpris et très ému de cette attention à son égard.    

    Source : l’Écho Républicain / Photo Atilla Erol

  • Sur Valeurs Actuelles, Patrick Stefanini : ”La demande d'asile en France n'a pas cessé d'augmenter depuis 2015”.


    Patrick Stefanini, dresse un tableau très large de l'immigration, dans son livre événement dans lequel il dévoile la cadence infernale à laquelle se poursuit le phénomène migratoire en France.

    Cinq ans après la crise migratoire de 2015, l'ancien haut fonctionnaire, Patrick Stefanini dresse le constat que la France est l'un des seuls pays d'Europe à ne pas avoir su contrôler efficacement l'immigration. L'année 2019 aura été une année record en nombre de demandeurs d'asile accueillis depuis la signature de la convention de Genève.

    Le livre choc de Patrick Stefanini sur les réalités de l'immigration en France : https://bit.ly/36PV5LG

  • Sur Figaro Live, Dieu, internet, Uber Eats… un jeune prêtre en banlieue raconte sa vocation.


    À 29 ans, le père Étienne fait partie des 130 prêtres ordonnés en 2021. Au début des années 2010, alors étudiant, il abandonne son école d’ingénieurs pour sa vocation. Aujourd’hui, après 6 années de séminaire en banlieue parisienne, il souhaite renforcer la foi des plus jeunes et retourner dans les rues pour évangéliser.

    À LIRE AUSSI

    Ordination de 130 nouveaux prêtres: «La France est désormais un pays de mission»

    https://www.lefigaro.fr/vox/religion/...

    L'Église catholique de France a perdu près de 40% de ses ressources en 2020, «un véritable choc financier»

    https://www.lefigaro.fr/actualite-fra...

    Entre joie, surprise et inquiétude, des familles de prêtres témoignent

    https://www.lefigaro.fr/actualite-fra...

    La dépression n'épargne pas les prêtres dans l'Église catholique

    https://www.lefigaro.fr/actualite-fra...

  • Aux Mercredis de la NAR : #70 - Philippe MURER pour son livre Comment réaliser la transition écologique : un défi passio


    Ingénieur en mathématiques appliquées et en finances, Philippe Murer a signé avec Jacques Sapir et Cédric Durand une étude portant sur « les scenarii de dissolution de l’euro » en 2013 et publié l’année suivante un ouvrage consacré à « La transition énergétique » (Mille et une nuits) qu’il avait présenté lors d’un Mercredi.Notre invité a publié cette année un nouvel essai significativement intitulé : « Comment réussir la transition écologique, Un défi passionnant » (Ed. J-C. Godefroy) qui se situe aux antipodes de l’écologisme punitif et catastrophiste. La transition écologique se décline en objectifs concrets dans les domaines de l’énergie, de l’industrie, de l’agriculture qui ne seront pas atteints sans de profonds changements politiques.

  • Un débat de fond sur l'Europe et sur l'Euro, dans Lafautearousseau

    Sans titre-1.jpg

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Notre note du samedi 12 avril (Bernard Maris sur France Inter : "La zone euro est en train de créer une guerre économique qui est en train de détruite l'Europe") a suscité un long et intéressant débat de 17 commentaires substantiels que nous trouvons utile de vous faire connaître.

    Le débat pour le débat, ce n'est pas notre affaire, bien-sûr. En revanche, les débats ont un évident intérêt lorsqu'ils servent à s'approcher de positions justes, lorsqu'ils sont utiles à la clarification de notre ligne politique. C'est à dire, au fond, utiles à rechercher quel est, en chaque matière, (ici, en matière de politique européenne) l'intérêt de la France. C'est, en effet, cela notre souci.

    Lafautearousseau

    Participants à ce débat qui a duré près de deux semaines : Patrick Haizet; Catoneo; de Wargny; LUC; Thulé; Anatole et Marcel. Qu'ils en soient remerciés.

     

       Désolé, je ne suis pas du tout convaincu par l'argumentaire de M.Maris.
    Le principal problème de la France, c'est son régime politique, lequel, s'il était bon, saurait nous protéger des supposés méfaits de l'Euro, par une politique appropriée. Pourquoi s'empresser d'oublier la judicieuse remarque du baron Louis à Louis XVIII - qui reste valable - et s'adonner aux fâcheuses habitudes et délices ratés des 3 dernières républiques qui ont passé leur temps à pratiquer des dévaluations compétitives ? (Mitterrand et Delors ont même dévalué 3 fois de suite au printemps 1981).
    Car il ne faut pas se leurrer, une sortie de la France de l'€ impliquerait immédiatement une défiance (économique et politique) de tous les marchés vis-à-vis de notre pays et un renchérissement du coût de la dette française, plus une série imprévisible de dévaluations du FF, même rattaché à l'€ par un faux serpent monétaire. Cela pourrait également provoquer une crise de toute la zone euro, et un réajustement international de toutes les monnaies, y compris du $ qui serait tiré vers le bas (sans que la France ait son mot à dire).
    Sortir de l'€ est plus facile à dire qu'à faire !
    Ce n'est sûrement pas aujourd'hui une priorité. Il y a mieux à faire politiquement.
    Et notre gouvernement socialiste a déjà suffisamment fait d'erreurs comme cela, pour en ajouter une autre aux effets parfaitement incontrôlables.
    C'est une matière ou l'idéologie est hors de propos, car la France n'est pas seule au monde Elle est même un opérateur relativement secondaire sur le plan monétaire.

     Patrick Haizet | samedi, 12 avril 2014 

      L'euro est toxique pour les pays malades, peuplés de gens apeurés. Je rejoins le commentaire de M. Haizet en confirmant que la France n'est pas du tout un opérateur monétaire, sa devise fut toujours cotée par opposition, car il n'y a que 5 devises internationales et ce depuis très longtemps : dollar, sterling, euromark, franc suisse et yen.

    Ce pays doit être réformé de fond en comble. C'est bien ce qu'ont ressenti des peuples latins dans la panade qui crient de douleur mais qui aucun n'exigent que leur pays sorte de l'euro. Bizarre ! Grèce, Irlande, Portugal, Espagne, Italie remontent la pente en sueur, mais remontent.
    Ceux que nous toisons volontiers seraient-ils plus intelligents que les Français ? Pas difficile, à voir le succès nulle part ailleurs des programmes économiques du Font de gauche et du Front national.
     

    Catoneo | samedi, 12 avril 2014 

      M. Maris est un prédicateur bien connu de la gauche. Son expertise est celle de gribouille, qui pour se protéger de la pluie, se place sous une gouttière. En somme, une autre version de l'arroseur arrosé. Les recettes idéologiques pour des problèmes liés à la mauvaise gouvernance, de gauche ou de droite, ont toujours abouti aux assignats de la révolution et à la banqueroute. Le baron Louis, l'excellent ministre de l'économie et des finances de Louis XVIII, avait bien raison de dire qu'il fallait au pays une bonne politique pour avoir une bonne économie. C'est ce que font les Allemands ou les Néerlandais. Mais, hélas, notre pays a la fâcheuse habitude de choisir les solutions de facilité ou pire la lâcheté. Le terme de "rigueur" dont se gargarisent si volontiers nos gouvernants et l'élite bureaucratique n'est qu'une vaste fumisterie ou une rodomontade de boulevard. Pour le reste, je partage les points de vue de M.Haizet et de Catoneo. 

    de Wargny | samedi, 12 avril 2014  

      Je regrette, pour ma part, que Patrick Haizet, grand connaisseur de l'univers économique et financier mondial, comme Catoneo, dont je lis les notes avec grand intérêt, ne répondent directement à aucun des arguments avancés par Bernard Maris et, même, dans une certaine mesure, par Dominique Seux.
    Est-ce qu'une certaine défense a priori de l'euro ne serait pas en elle-même aussi une idéologie ? Voire un dogme, une religion ? Une simple peur ? Bref, comme réflexes classiques de la Droite libérale ?
    Si l'euro est toxique pour les pays malades, l'on pourrait légitimement en conclure qu'il l'est donc pour nous tant que nous n'aurons pas recouvré la santé ... Même remarque s'agissant de notre régime politique malfaisant. Si l'on peut dire, il règne. Nul Louis XVIII, ni baron Louis à l'horizon. Et si nous étions l'Allemagne, l'euro nous irait assez bien ! Mais nous ne le sommes pas. Et même : est-il si sûr qu'un jour ou l'autre, l'Allemagne, à force de garantir ou de payer pour les autres, ne finira pas par considérer que, tous comptes faits, la défense de l'euro lui coûte, en définitive, plus cher qu'il ne lui rapporte ? Les Allemands sont meilleurs que nous pour ce genre de calculs ... Il n’est pas sûr du tout que la première à « sortir de l’euro » soit la France !
    Je n'ai, sans-doute, ni les compétences économiques et surtout financières de Patrick Haizet, ni celles de Catoneo. Mais, au moins en partie, du bon sens peut y suppléer.
    Je comprends que l'on ait à se méfier de l'aventurisme politique et économique comme de l'amateurisme des socialistes actuellement au pouvoir.
    Mais j'ai lu, hier, dans le Figaro, une argumentation serrée – quoiqu’à mon sens, trop hostile à l’Allemagne - de Philippe Villin banquier d'affaires et ancien directeur général du Figaro, qui, lui aussi, prône une sortie organisée de l'euro. Il n'est ni socialiste, ni homme de gauche.
    Que dire des analyses - qui me paraissent intelligentes et sérieuses - d'Hervé Juvin, qui, lui non plus, n'est ni socialiste ni homme de gauche, et va dans le même sens ? Ou, dans un autre univers, d’Eric Zemmour, analyste perspicace ?
    Patrick Haizet nous dira-t-il que ce sont des idéologues ; qu’ils n’y entendent rien ? Ne leur faisons pas crédit a priori, mais ne rejetons pas leurs positions d’un simple revers de main.
    Les arguments en faveur d'une sortie de l'euro n'émanent plus seulement des politiques et de leurs discours. Ils gagnent, sont partagés, par de nombreux esprits avisés, droite et gauche confondues.
    J'ai l'impression qu'il ne suffit plus aux défenseurs de l’euro de leur opposer quelques idées générales souvent caricaturales ou simplement polémiques et, finalement, assez rebattues. Il faudrait être pointus, répondre point par point !
    C'est rarement le cas.
     

    LUC | dimanche, 13 avril 2014  

      L’instauration de l’euro aurait été une chose excellente à condition de respecter deux conditions : que le niveau de la monnaie unique ne soit pas indexé sur l’ancien mark, et que sa mise en place s’accompagne d’un système de protection commerciale aux frontières. Or, aucune de ces conditions n’a été remplie. Au lieu d’assurer une protection communautaire, c’est la carte du libre-échangisme intégral que l’on a décidé de jouer. On a assisté au démantèlement du tarif extérieur commun qui, jusque là, protégeait en partie l’Europe de la concurrence. La surévaluation chronique de l’euro a ensuite accentué les déséquilibres. En même temps, on a artificiellement plaqué une monnaie unique sur des économies divergentes à tous égards.

    Le grand argument que l’on oppose en général à une éventuelle sortie de l’euro serait que les pays qui s’y risqueraient verraient instantanément leur dette augmenter, puisque celle-ci resterait libellée en euros. On peut répondre qu’en contrepartie ces pays pourraient adopter des mesures susceptibles de favoriser la hausse de la demande intérieure et le rétablissement de leur compétitivité, ce qui leur permettrait au contraire de mieux faire face à leur endettement. Un retour aux monnaies nationales associé à une forte dévaluation – comparable à ce qui s’est passé dans les pays de l’Est lorsque ceux-ci ont abandonné le rouble après l’effondrement du système soviétique – abaisserait le coût des produits pour les acheteurs étrangers, et stimulerait d’autant les exportations, ce qui donnerait de meilleurs moyens de régler la dette. On a aussi fait observer que toute dévaluation consécutive à un retour aux monnaies nationales se traduirait fatalement par un renchérissement des produits importés hors de la zone euro. Mais ce dernier est en réalité assez faible : pour la France, les importations de biens et de services hors de la zone euro ne représentent que 13 % du PIB.

    Sortir de l’euro ne suffirait toutefois pas à s’affranchir de la dictature des banques et des marchés. Le retour aux monnaies nationales n’est en effet pas une panacée. Il ne réglerait aucun des problèmes structurels des sociétés actuelles, et ne constituerait en aucune façon une rupture avec la logique du Capital. Selon Jacques Sapir, "Recouvrer notre souveraineté monétaire n’aurait pas de sens si cela ne devait pas s’accompagner d’un changement radical de notre politique".
     

    Thulé | samedi, 12 avril 2014 

      Le problème de fond est que la science économique n'est pas prédictive, et si elle reste un bon outil d'analyse historique, elle ne donne aucune assurance de bonne application de la théorie universitaire.
    Chaque fois que la "science" est prise en défaut, les économistes distingués signalent que la mise en application n'était pas chimiquement pure ; voulant oublier qu'aucune société humaine n'est chimiquement pure.
    Je crois que Sapir intègre de plus en plus les scories d'impureté dans son raisonnement depuis qu'il est bien moins catégorique dans les solutions à retenir d'urgence avant la mort du malade annoncée chaque année pour la Noël.

    Reste la question de la fracture de l'Eurogroupe à l'initiative de l'Allemagne et de ses "alliés". Berlin fera tout pour l'éviter car le taux de change actuel est au maximum commercial compatible. Un euromark prendrait mécaniquement 15% sur le dollar. Par la dévaluation symétrique des monnaies de ses "clients douteux" le gap serait porté à 30%. C'est insoutenable.

    Mais si d'aventure, Paris tombait aux mains d'aventuriers et recréait le franc, il n'en deviendrait pas pour autant une monnaie d'échange à l'international. Peu de fournisseurs étrangers accepteraient de facturer en franc, surtout s'il y a du délai de fabrication.
    Rappelons-nous que jusqu'aux derniers jours du franc, les acteurs maritimes français de l'arc atlantique cotaient leur fret en Deutsch Marks au départ des ports français (Manche et Gascogne) à destination de tous les ports d'Afrique atlantique.

    Certes le franc français ressuscité circulera de force, mais à l'intérieur de l'hexagone et sur les bulletins de paie, sans que l'on ne sache jamais, passé vendredi midi, sa parité future du lundi matin. Les échanges économiques, même intérieurs, se feront en partie en monnaie sérieuse parce que les intrants étrangers dans les produits distribués resteront importants et en détermineront leur valeur. Le grossiste lambda sait en quelle monnaie d'origine il achète ses stocks quelle que soit la monnaie libellée dans la facture.

    Pas besoin d'aller à l'université écouter Bernard Maris pour comprendre cela, il suffit d'avoir un peu travaillé dans le secteur du commerce extérieur pour savoir que le franc est une piastre à usage domestique.
     

    Catoneo | dimanche, 13 avril 2014 

      Il serait possible de conserver le seul avantage incontestable de l’euro – constituer à terme une monnaie de réserve – en transformant la monnaie unique actuelle en une monnaie commune au niveau déterminé à partir de l’euro et des monnaies nationales restaurées.

    La monnaie commune établit une barrière face au reste du monde, mais n’interdit pas l’ajustement des parités de change entre les pays membres.

  • POUR UNE REFLEXION DE FOND SUR LE ”MARIAGE POUR TOUS” (10) - Fabrice de CHANCEUIL, ” ECOLOGIE HUMAINE : DE LA SCIENCE A

    cropped-arbre-et-mer4.jpgNous mettons en ligne, aujourd'hui, le texte d'une réflxion de Fabrice de Chanceuil* conduite du point de vue de l'écologie humaine.

    Deux autres contributions suivront encore. Notre dossier, désormais à la disposition de tous, comportera donc, en fin de compte, un total de douze documents  : "POUR UNE REFLEXION DE FOND SUR LE "MARIAGE POUR TOUS" **. 

    ___________________________________ 

    Environnement

    L’écologie humaine, comme l’écologie proprement dite, est une discipline scientifique que le biologiste et philosophe allemand Ernst Haeckel (1834-1919) définit comme étant la partie de l’écologie qui étudie l’espèce humaine, son activité organisée, sociale et individuelle, et sa place dans la biosphère. Il existe même, en France, une  Société d'Écologie Humaine, créée en 1987 à l'initiative de chercheurs et d’enseignants en sciences sociales et biologiques, convaincus des bienfaits de la pluridisciplinarité et ayant la volonté d'instaurer un lieu d'échange et une fonction de dialogue pour tous ceux qui s'intéressent à l'étude des relations des hommes et de leur milieu de vie.

    Comme l’écologie, l’écologie humaine est entrée progressivement dans le champ politique. Alors que certains théoriciens ont conduit l’écologie à se penser en dehors de l’homme voire contre l’homme, l’écologie humaine, de par sa dénomination même, place l’homme au cœur de la réflexion. Toutefois, c’est sous la dénomination d’écologie humaniste que ce courant s’est d’abord manifesté, à partir des années 1970, en s’appuyant sur la philosophie de l’évolution et en prolongeant la tradition naturaliste des philosophes grecs antiques. Elle invite l’homme à une responsabilité éthique en interaction constructive avec son environnement évolutif afin d’optimiser la société humaine dans sa relation avec son biotope en vue de parvenir à un équilibre planétaire. Cette nécessité de solidarité de l’ensemble de l’espèce humaine, pour préserver son environnement et son meilleur développement, a inspiré une expression politique particulière d’écologie humaniste représentée notamment, dans les grandes assemblées des Nations-Unies, par le Président Jacques Chirac ou le Roi Mohammed VI.

    En fait, il semble bien que ce soit le Pape Benoît XVI qui, le premier, ait cité l’écologie humaine dans sa perspective globale. S’exprimant en juin 2011 devant les nouveaux ambassadeurs accrédités auprès du Saint-Siège, il déclarait: « L’homme, à qui Dieu a confié la bonne gestion de la nature, ne peut pas être dominé par la technique et devenir son sujet. L’écologie humaine est une nécessité impérative. Adopter en tout une manière de vivre respectueuse de l’environnement et soutenir la recherche et l’exploitation d’énergies propres qui sauvegardent le patrimoine de la création et sont sans danger pour l’homme, doivent être des priorités politiques et économiques ». Toutefois, dans l’esprit du Pape, l’écologie humaine n’entend pas simplement introduire une pensée humaniste dans les questions écologiques. Comme l’a écrit Joël Sprung, en février 2012, elle est bien plus que cela. Elle est une écologie intégrale qui absorbe dans un même élan de communion la personne humaine avec tout son environnement naturel et social. Fondée théologiquement sur l’universalité du salut qui embrasse tous les êtres vivants de la Terre, l’écologie humaine est un appel adressé à chacun  pour qu’il reprenne conscience de ses responsabilités à l’égard du monde qui l’entoure. Elle est un décentrement, une redécouverte de la liberté intérieure et de ses responsabilités comme citoyen, qui doit conduire chaque homme à un témoignage de pauvreté évangélique, à une sobriété choisie et vécue dans le partage, à une solidarité universelle en actes et en définitive à un amour inconditionnel de la vie, singulièrement celle des plus faibles. « Il existe aussi une écologie de l'homme. L'homme aussi possède une nature qu'il doit respecter et qu'il ne peut manipuler à volonté. L'homme n'est pas seulement une liberté qui se crée de soi » avait déclaré Benoit XVI devant le Bundestag en septembre 2011 sous les applaudissements des députés allemands.

    C’est manifestement dans cette dimension que se situe Tugdual Derville, l’un des porte parole des opposants au mariage pour tous quand il déclare au journal la Croix le 16 janvier dernier: « Un mouvement d’écologie humaine est en train de se lever. Je vois des similitudes entre ce mouvement et la naissance de l’écologie politique il y a quelques décennies (…) Il est stupéfiant que ceux qui, actuellement, prétendent incarner l’écologie, aient oublié ce qui fait l’essence de l’humanité ».

    L’écologie humaine est-elle ou non une idée neuve?  En tout cas, elle paraît bien partie pour durer. 

     

    Société

    UN MARIAGE QUI EBRANLE LES INSTITUTIONS

    Le gouvernement français, sur la base d’un des points du programme du candidat socialiste devenu Président de la République, a décidé de soumettre au vote du Parlement une loi autorisant le mariage de deux personnes du même sexe leur donnant, par la même, la possibilité de devenir parents par l’adoption voire même par la procréation médicalement assistée ou la gestation pour autrui..

    Ce que certains pensaient pouvoir être adopté comme une simple formalité, soulève une opposition grandissante. Pour une fois, toutes les grandes religions monothéistes sont d’accord pour dénoncer une loi qui remet en cause l’assise anthropologique de notre pays. Même l’Église catholique, d’ordinaire assez prudente face aux phénomènes de société sur lesquels elle est souvent mal à l’aise alors même qu’ils contestent le plus souvent son message, est sortie de sa réserve pour dénoncer ce que Monseigneur André Vingt-Trois, le Cardinal Archevêque de Paris, a qualifié de « supercherie ».

    Les partisans du « mariage pou tous » défendent celui-ci au nom de l'égalité, brandie comme une valeur républicaine, l'appel aux grands principes fondateurs de la République étant censé,  par un curieux renversement de la sacralité, faire taire toute opposition. Le cardinal n'est certes pas fermée à cette rhétorique lui qui, il y a peu, disait, parlant de la laïcité, qu'elle était au cœur du pacte républicain. Le Pape Jean-Paul II lui même, lorsqu'il était venu en France en 1980, n'avait-il pas dit que la devise républicaine « Liberté Égalité Fraternité » était dans le fond profondément chrétienne ? Mais depuis, dans une société secouée par la crise et en perte de repères, le glissement des valeurs s'est accéléré, la liberté se transformant progressivement en licence,  l'égalité en confusion et la fraternité en connivence.

    La violence ainsi faite à la nation, en portant atteinte, au nom des valeurs républicaines, aux fondements civilisationnels de notre société, pourrait donc être de nature à remettre en cause le fameux  pacte républicain et, au-delà, le ralliement des catholiques à la République. Il ne faut pas en effet oublier que celui-ci, voulu par le Pape Léon XIII il n'y a guère plus d'un siècle, n'a jamais été une demande d'adhésion des catholiques aux valeurs du régime mais l'acceptation de son système institutionnel afin justement de permettre aux catholiques de faire entendre leur voix dans le débat public. Il aura fallu attendre la Première Guerre mondiale et la fraternité des tranchées, entre croyants et incroyants, pour souder l'unité nationale autour du nouveau régime. En sapant aujourd'hui encore un peu plus le substrat moral de notre pays, le risque d'une crise de régime n'est donc pas à écarter.

    On objectera que plusieurs pays catholiques, par ailleurs monarchiques, comme l'Espagne, la Belgique ou le Luxembourg, ont déjà étendu le mariage aux personnes homosexuelles. Sans minimiser l'ancrage spirituel de ces nations, dont on a peut-être cependant trop mesuré l'impact de la religion à ses manifestations extérieures, il est indéniable que la France ne tient pas son titre de Fille aînée de l’Église du hasard: si la foi y est plus discrète, elle y est aussi  plus exigeante, y compris dans ses prolongements sociétaux. Elle est également la Patrie des Droits de l'Homme, ce qui, non seulement, n'est pas contradictoire mais est complémentaire: là aussi, plus exigeants que ceux qui s'en réclament volontiers, les chrétiens, plutôt que de défendre un individualisme compulsif et mortifère, estiment que le vrai droit humain réside d'abord dans l'épanouissement de la personne et en l'occurrence de la personne de l'enfant.

    Au moment où quelques-uns, mal inspirés, renient leur pays pour protéger leur argent, la République devrait comprendre qu'elle ne peut guère s'offrir le luxe d'une sécession. 

     

    * Fabrice de  CHANCEUIL : Le blogue de Fabrice de Chanceuil  Quand la nature prend la parole

     

     

    ** Précédentes mises en ligne :

    > 14.01.2013 : Jean-François Mattéi article du Figaro : "Mariage pour tous et homoparentalité".  

    > 22.01.2013 : Chantal Delsol, entretien avec Jean Sévillia (Figaro Magazine).

    > 29.01.2013 : Thibaud Collinarticle dans Le Monde du 15 janvier. 

    > 5.02.2013 : Hilaire de Crémiersnote parue sur le site de Politique Magazine, le 15 janvier.   

    > 12.02.2013 : Sylviane Agacinski, conférence dans le cadre des Semaines sociales. (VIDEO) et entretien sur Europe 1 (VIDEO).

    > 19.02.2013: Bruno Nestor Azérot, député de la deuxième circonscription de la Martinique (GDR), discours prononcé le mercredi 30 janvier  à l'Assemblée Nationale(VIDEO).

    > 26.02.2013 : Daniel Godard, professeur de Lettres Classiques, une réflexion dont l'originalité est de se placer d'un point de vue linguistique qui fait entendre, dans ce débat, "la voix de la langue française".  

    > 06.03.2013 : Bertrand Vergely, le point de vue du philosophe et théologien, la question du mariage gay appelle dix remarques.

    > 12.03.2013 : Danièle Masson, agrégée de l'Université, "Paradoxe et mensonges du mariage pour tous"

  • Culture & Société • Luchini : « Péguy, Zola, Marx et moi... Des cimes de la littérature aux mornes plaines de la politiq

     

    Par Vincent Trémolet de Villers    

    ENTRETIEN - Fabrice Luchini pose sur notre époque [Figaro - 31.01] le regard ébahi d'un exilé dans son propre monde. Tout l'accable, tout l'amuse et, quand il joint aux bonheurs de l'esprit l'acuité du moraliste, notre langue retrouve, comme par miracle, sa pureté cristalline et son propos nous captive. Luchini est un membre éminent de la cohorte grandissante des antimodernes. Et cela n'est pas indifférent pour l'évolution des idées, des esprits de la France contemporaine en crise aigüe. Quant au sujet de son prochain spectacle qui tourne autour de l'argent, est-il utile d'en souligner l'actualité ?  LFAR  

    Est-ce du théâtre, un spectacle, une conversation ? C'est une forme unique : la sienne. Depuis vingt-cinq ans, Fabrice Luchini monte en scène avec pour seule troupe les ombres de nos grands écrivains. Elles lui tiennent compagnie pour une profonde et jubilatoire polyphonie. Poésie ? *, son spectacle construit autour du Bateau ivre, triomphe depuis deux ans et vient d'être récompensé par un Globe de cristal. Au Théâtre du Montparnasse, ils sont près de huit cents, chaque soir, à venir l'écouter dire Rimbaud, Labiche et Céline.

    À la fin du mois de mars, en parallèle de ce spectacle, il débute une lecture autour de l'argent. Péguy, Zola, Marx, Bruckner tracent le profil de l'âme humaine sur le revers d'une pièce de monnaie. Ce sera au Théâtre des Déchargeurs**. Nommé aux César (catégorie meilleur acteur) pour son rôle de bourgeois burlesque dans Ma loute, le film de Bruno Dumont, le comédien poursuit inlassablement son travail sur la puissance du verbe.

     

    Vous entamez à la fin du mois de mars une lecture de textes autour de l'argent. Pourquoi l’argent ?

    La crise des subprimes est à la base de cette lecture. C'était en 2008. J'étais totalement traumatisé par cette crise financière. Je regardais C dans l'air quatre fois par semaine : on nous disait que c'était la guerre, qu'on était en 1929. Dans ce désastre, on voyait apparaître les économistes. On ne les avait jamais vus avant. Depuis, ils sont devenus des stars sublimes : Élie Cohen, Philippe Dessertine, Christian Saint-Étienne, Michel Didier, Bernard Maris. Ils disaient des mots incompréhensibles : « Fonds toxiques », « effet dominos » … Je voulais comprendre.

    Êtes-vous parvenu à comprendre ?

    Pas vraiment. J'appelle Philippe Dessertine, je l'invite à déjeuner. C'était rue de l'Abbaye. Dessertine me dit : « Tout se joue ce week-end » puis, il ajoute : « Heureusement, on a Musca. » Musca ? Je lui demande qui est Musca. C'est un génie, me dit-il, le secrétaire général de l'Élysée, il vole entre Berlin, Londres, Hongkong. Hongkong ! Je le relance sur les fonds toxiques. Il me dit : « Prenons un exemple, la Société générale. » Je blêmis. Je lui demande pourquoi il choisit cette banque. Il me répond que c'est un exemple. Je m'inquiète. Je sors de table pour appeler ma banque, la Société générale. Mon envie de compréhension de la macroéconomie disparaît : je ne pense plus qu'à mon assurance-vie. Je veux vider mon compte tout de suite, maintenant ! Si tous les Français avaient réagi comme moi, nous aurions eu une émeute. « L’argent rend fous les gens », c'est par ces mots de Jules Romains que je commence ma lecture. C'est une vérité indiscutable.

    Comment avez-vous construit cette lecture ?

    Pendant ces année-là, j'ai passé du temps avec Dominique Reynié et d'autres économistes à parler de ces sujets. Je voulais résolument faire un spectacle sur l'argent mais je ne savais pas par quel bout l'aborder.

    Pourquoi ?

    Un spectacle sur l'argent, c'est la fausse bonne idée. On ne peut pas circonscrire le problème. J'ai abandonné le projet. Je l'ai repris il y a quelques mois, en sélectionnant des écrivains qui abordent la question : Péguy, Guitry, Pagnol, Bruckner, Jean Cau… Il y a aussi un texte de Marx qui explique que l'argent vient compenser les impuissances. « Je suis laid », dit Marx, mais je peux avoir la plus belle dans mon lit, donc je ne suis pas laid. Ce qui est terrifiant pour Marx dans l'argent, c'est qu'il réconcilie tous les contraires et donc il déréalise toutes les vraies substances de la personnalité, de l'identité.

    Quel est votre rapport à l’argent ?

    Je n'arrête pas d'essayer d'objectiver ce que gagnent les gens que je vois. Ce qu'ils ont en TVA, en masse salariale. « Masse salariale » : c'est un mot que j'adore. « T’en es où au niveau de la masse salariale ?» Ça crée un contact, ça enclenche une conversation. On manque souvent de sujet de conversation. Si je déjeune avec Finkielkraut et qu'il me renseigne sur Heidegger, je ne lui parle pas « masse salariale ».

    Vous gagnez beaucoup d'argent…

    Je gagne très bien ma vie. J'ai certainement dû être très inquiet jusqu'à 35 ans. Pas tellement généreux. Je viens d'un milieu où le soir mon père terminait ses quinze heures de travail en comptant la caisse. C'était un acte ritualisé. Tout était éteint, il était 9 heures du soir et mon père comptait les pièces que lui avaient rapportées les salades, les pommes de terre, les carottes et les fruits. La caisse était au centre de notre vie. Je ne suis pas du tout né dans une famille de professeurs qui voteraient à gauche et qui trouveraient que l'argent est sale. Pour mon père, l'argent n'était pas sale. Nous habitions rue Bachelet et le soir il lisait en se collant à la fenêtre pour avoir la lumière du lampadaire de la rue, ce qui lui évitait d'allumer nos lampes. Ça faisait des économies.

    Et vous ?

    Je n'ai aucun mythe de l'abondance, du généreux qui invite. En revanche, je ne suis absolument pas avare. J'aimais énormément mon père, il avait tous les droits, mais aujourd'hui je suis allergique à l'avarice. C'est trop violent. Mon père avait une vraie cohérence dans l'avarice. Il ne voyait personne. Il n'avait aucun ami. Une fois, je lui montre deux personnes dans la rue et je lui dis : « Évidemment, vous ne vous invitez pas, mais tu leur parles au square, quand même ?» Il me répond : « Oh oui, c'est les seuls », et arrive cette phrase : « Ils sont aussi cons que nous. » Un silence. Il poursuit : « Ou disons qu'on est aussi cons qu'eux. » C'est du Schopenhauer !

    Au cœur de cette lecture, il y a un long extrait de L'Argent, de Charles Péguy…

    Péguy est la matrice de cette lecture. Pourtant, il était très loin de moi, Péguy. À tort. Je le plaçais à côté de Léon Bloy : le chrétien exalté complètement dément. J'avais une vague référence qui me revenait et qui disait que sa maman empaillait des chaises. Mon professeur Jean-Laurent Cochet répétait : « La paille en dessous était faite comme les cathédrales. » À part cela, je n'avais pas de rapport à Péguy.

    Alors pourquoi Péguy ?

    Pourquoi Péguy ? Parce que dans l'écriture de Péguy, il y a des ressemblances avec Bach. Pourquoi Péguy ? Parce qu'il y a chez lui une haine de la modernité et j'y suis toujours assez sensible. Il y a une langue, de la répétition : il faut aller dans le secret. Dans la tête de quelques-uns, Péguy, c'est poussiéreux, c'est la France moisie. Pour d'autres, c'est le socialiste, le catholique, l'héroïque défenseur de Dreyfus. Mais moi, je me fous des commentaires. L'écume, c'est le travail des intellectuels. Le mien consiste à rejoindre les courants profonds. J'essaye de remonter à l'origine. Comment on arrive à cette écume ? L'acteur doit être dans une innocence qui frise la bêtise. Avant de chercher à commenter Péguy, je cherche à retrouver ses rythmes, son humeur.

    Mais il y a une vision du monde chez Péguy…

    Disons qu'il n'est pas très « revenu universel », le Péguy. C'est même l'anti-Benoît Hamon puisqu'il ne cesse de dire que « travailler, c'est prier ». Alors que je n'ai ni la grâce ni la joie d'avoir la foi, je continue, par Nietzsche, de tourner autour du christianisme ; mais avec Péguy je reconnais qu'on entre dans quelque chose qui est de l'ordre du mystère. Écoutons cette voix qui remonte du fond des âges : « Nos vieux maîtres, nos bons maîtres n'étaient pas seulement des hommes de l'ancienne France. Ils nous enseignaient au fond la morale, je dirai même l'être de l'ancienne France. » Il continue : « Ils nous enseignaient la même chose que les curés et les curés nous enseignaient la même chose qu'eux. » Quand il décrit Paris, on dirait de la sociologie contemporaine : « La population est coupée en deux classes si parfaitement séparées que jamais on n'avait vu tant d'argent rouler pour le plaisir, et l'argent se refuser à ce point au travail. Et tant d'argent rouler pour le luxe et l'argent se refuser à ce point à la pauvreté. » En 1910, Péguy voit l'horreur de la financiarisation du réel !

    Qu'est-ce qui distingue une lecture d'un spectacle ?

    Une lecture n'impose aucune obligation de représentation théâtrale. L'exercice que je vais commencer sera un exercice austère, dans une salle minuscule, à peine 70 personnes. C'est une lecture écologique. Je minimise les émissions de CO2, je réduis mon bilan carbone.

    Vous en êtes à près de 300 représentations pour Poésie ? Comptez-vous arrêter le spectacle ?

    Je ne vais pas arrêter Poésie ? pour une raison simple : depuis une vingtaine de jours, je crois être un peu moins incorrect sur Le Bateau ivre. Tant qu'il y a de la demande, je n'arrête pas, et la demande continue. Manifestement, un certain public a encore le goût des textes de Molière, Rimbaud ou Céline. Et j'éprouve une grande joie à aller au Théâtre du Montparnasse.

    Comment expliquez-vous ce succès phénoménal ?

    Qui sait ce qui motive celui qui réserve son billet pour Poésie ? Si je suis optimiste, je songe à la belle formule de Yasmina Reza, qui me confiait à la fin du spectacle : « J’ai compris pourquoi je suis française. » Si je suis pessimiste, j'imagine que les spectateurs se disent : « Bon, il y a de la culture mais on ne s'ennuie pas. » Pourquoi les gens adhèrent-ils ? C'est un mystère. Dans le spectacle, j'essaye simplement de mêler ma petite vie à la grandeur de nos textes. Le miracle, c'est de faire un spectacle qui a de la drôlerie sans céder au fascisme de l'obligation du divertissement.

    Les spectateurs sortent enthousiasmés !

    Peut-être avaient-ils besoin de se retrouver dans notre langue…

    N'êtes-vous pas lassé ?

    Pas du tout. J'ai la chance de servir Rimbaud, Nietzsche, Molière. Est-ce qu'un interprète se lasse de jouer les Partitas de Bach ?

    Les politiques viennent vous voir. Comment jugez-vous la parole politique ?

    Délicat, comme question. Devenir orateur ou maîtriser l'art du récit demande des décennies. Cela fait trente-cinq ans que j'y travaille. La restitution d'un texte englobe une obsession quasiment mystique. Ce n'est pas avec quatre séances qu'un homme politique peut trouver son médium (qu'il m'arrive moi-même de perdre). Les rythmes, les sons, l’amplitude : là sont les vrais problèmes. Comment être ample sans être grandiloquent ? Comment être entendu pour produire l'écoute et comment ne pas crier pour ne pas produire l’inconfortable ?

    Vous lirez aussi du Jean Cau…

    Les portraits écrits par Jean Cau, ça frôle le Saint-Simon.

    Toujours antimoderne ?

    Toujours aussi insensible au concept de progrès. Quand il y a des discours merveilleusement emphatiques sur l'horreur de cette cochonnerie de société, j'y souscris. Notre société est absurde. L'Amérique a fait gagner un président simplement parce qu'il a fait le buzz sur une coupe de cheveux. Moi, en tant que coiffeur, la présence de Trump, avec sa mèche, ses cheveux qu'il a piqués à des singes en voie d'extinction, cela me pétrifie. Comment voulez-vous croire à la société ?

    Êtes-vous inquiet ?

    Entre le Chinois qu'a pas l'air marrant, Trump et ses cheveux délirants, Poutine et ses airs impénétrables, disons que je ne suis pas optimiste. Mais je ne l'ai jamais été. La seule question, dit Cioran, est la suivante : « Est-ce que l'homme était utile ?» Il raconte que dans les dîners mondains il partait toujours le dernier « parce que celui qui partait en premier, tout le monde le massacrait ». Ce n'était pas des gens méchants, c'était des gens gentils. Mais c'est comme ça, dès que quelqu'un part, « on se le fait ».

    C'est sombre…

    Il faut se méfier du pessimisme aussi. Il peut devenir une convention et un autre conformisme comme l'enthousiasme mécanique. Le pessimisme des écrivains que j'aime tourne parfois à la posture. C'est une autre doxa, un politiquement correct inversé.

    Il vaut donc mieux être Philinte qu'Alceste…

    Mon éthique de 2017 ? C'est pas la faute des autres et je ne juge personne

  • Patrimoine • Versailles ou le Soleil à la fête [I]

    Illuminations du palais et des jardins de Versailles, estampe, 1679, par Jean Le Pautre (1618-1682), Versailles, châteaux de Versailles et de Trianon © EPV/ Jean-Marc Manaï 

     
    « Cette société de plaisirs, qui donne aux personnes de la cour une honnête familiarité avec le Souverain les touche et les charme plus qu’on ne peut dire. »
    Louis XIV, Mémoires pour l’instruction du Dauphin, 1661. 

    Le 23 février 1653, au théâtre du Petit-Bourbon à Paris, le Ballet royal de la nuit voit asseoir le pouvoir naissant de Louis XIV, dont le royaume est encore sous le contrôle de Mazarin et de la Reine-Mère. Toute la noblesse, soit près de trois mille personnes, s’assemble dans ce théâtre accolé au Louvre. Ce divertissement fait participer les anciens frondeurs, réunis autour du Soleil levant, le jeune Louis XIV, qui entend imposer un ordre du goût nouveau. Ce ballet fonde le mythe apollinien du Roi-Soleil, et bien que joué une seule et unique fois en cette circonstance, il a un impact particulièrement important. À cette occasion, le roi Louis XIV, âgé de quinze ans, joue le rôle du dieu Apollon, travesti en soleil autour duquel gravitent des seigneurs représentant les planètes. À travers cette mise en scène, le roi pose le premier jalon de l’affirmation de son pouvoir et fait partager à l’ensemble de la cour son goût pour la fête et les divertissements. Goût qui rythmera l’ensemble de son règne, entre art du gouvernement et gouvernement des arts.

    Les divertissements prennent ainsi plusieurs formes : les spectacles publics comme le comédies, opéras, concerts, feux et illuminations, et les rassemblements plus privés quand les courtisans deviennent eux-mêmes acteurs : les jeux d’argent, la chasse, les bals, les mascarades. Il s’agit d’étonner du plus grand pour qu’en parle le plus petit, le royaume pour qu’en parle toute l’Europe.

    Versailles au rythme des grands divertissements

    Le Grand Divertissement royal de 1668 célèbre la victoire de Louis XIV sur l’Espagne, la paix d’Aix-la-Chapelle et le rattachement de plusieurs places flamandes – Douai, Lille, Dunkerque – à la France. À cette occasion, le Grand Divertissement royal se pose en summum de la fête baroque par la richesse de ses décors, costumes et la complexité de ses mises en scène. Du Soleil levant, Louis XIV entend, à travers son goût, se poser en Soleil triomphant de l’Europe. Deuxième fête du souverain à Versailles, la somme extravagante de 117 000 livres est dépensée, soit un tiers de ce qu’il consacre à Versailles durant toute l’année. Ce divertissement marque le goût prononcé du roi pour l’idée-même de la fête : sans thème particulier, elle est un déluge de faste et de surprises. 

    André Félibien, dans sa Relation de la Feste de Versailles, nous en donne chaque étape. Elle est organisée le 18 juillet sur une seule soirée et s’ouvre par l’arrivée du roi, de la reine et du Dauphin, venant de Saint-Germain, recevant dans les salles du château aménagées pour l’occasion et pourvues de quoi se rafraichir. Vers six heures du soir, après que la cour est passée par le grand parterre, commence la visite de la dernière réalisation du roi : le bassin du Dragon. Disposés près de la pompe, les participants peuvent contempler ce dragon de bronze, percé d’une flèche et semblant vomir le sang par la gueule, poussant en l’air un bouillon d’eau retombant en pluie et couvrant tout le bassin. Autour du dragon, quatre Amours sur des cygnes forment chacun un grand jet d’eau. Entre ces amours, des Dauphins de bronze agrémentent le déluge.

    La promenade se perd ensuite dans les bosquets frais, gardant de la chaleur du soleil. Celui dans lequel se tient cette collation est arrangé de palissades, arcades de verdure et pilastres laissant découvrir des satyres, hommes et femmes, se mouvant dans des melons surprenamment massifs pour la saison. Un cabinet de verdure pentagone dispose d’une fontaine bordée de gazon, autour de laquelle sont dressés des buffets garnis. L’un d’eux représente une montagne cachant des cavernes dans lesquelles on trouve plusieurs viandes froides. Un autre est déguisé en palais bâti de massepain et de pâte sucrée, un de plus est chargé de pyramides de confitures, et encore un de vases contenant force liqueurs. Le dernier est composé de caramels. Entre les mets se déploient des festons de fleurs soutenus par des Bacchantes, et sur une avancée de mousse verte prenant place dans le bassin, se trouvent un oranger et d’autres arbres de différentes espèces, chacun garni de fruits confits. Le jet de la fontaine, lui, atteint trente pieds de haut et sa chute occasionne un bruit très agréable. La disposition générale semble alors reconstituer un petit monde en forme de montagne duquel jaillit l’eau.

    Après la collation, le roi entre dans une calèche et la reine dans sa chaise et se rendent à la Comédie suivis des carrosses de la cour. Le parcours se fait à travers des allées bordées de rangs de tilleuls, autour du bassin de la fontaine des cygnes terminant l’allée royale vis-à-vis du château. Vigarani a disposé son théâtre au carrefour de ce qui est aujourd’hui le bassin de Saturne. Il est somptueusement orné de colonnes torses de bronze et de lapis environnées de branches et de feuilles de vigne d’or. Entre chacune d’elles sont disposées des figures de Paix, de Justice, de Victoire, etc., montrant que le roi est toujours capable d’assurer le bonheur de ses peuples. Monsieur de Launay est chargé de distribuer le programme de la comédie agrémentée d’un ballet – de Lully – qui doit être jouée. Il s’agit de Georges Dandin de Molière. Trente-deux lustres de cristal luisent alors de concert dans ce théâtre en trompe-l’œil féérique, tendu de tapisseries et couvert d’une toile fleurdelisée à fond bleu.

    Le festin est organisé à l’endroit du futur bassin de Flore, dans un bâtiment octogonal en treillage, haut de cinquante pieds et surmonté d’un dôme. Une table y est dressée et accueille un grand buffet orné d’une fontaine et d’une vaisselle en argent composée de vingt-quatre bassins, séparés par des vases, cassolettes et girandoles. La place du roi est identifiable à sa nef, réalisée par Gravet, probablement avant 1670, d’après un dessin de Le Brun. La table est de forme octogonale, accueille soixante-quatre couverts, et voit son centre orné d’un immense rocher sur lequel trône une fontaine à l’effigie de Pégase le cheval ailé, lequel déverse son eau sur des coquillages exotiques et plusieurs divinités. Le bal est organisé au carrefour de l’actuel bassin de Cérès. On y accède par un tunnel de verdure et la salle est fermée par une grotte de rocailles semblant couverte de marbre et de porphyre réalisée par Le Vau, au fond de laquelle on peut voir deux tritons argentés formant un bouillon d’eau.

    Enfin, la fête se termine par deux feux d’artifice dont tout le monde savait l’existence mais dont personne, de jour, n’avait pu entrevoir la disposition dans les jardins. Mille flammes s’élevèrent ensemble, sortant des parterres, des bassins, des fontaines, des canaux… Les premières depuis le bas de la grande perspective, où l’on aperçoit le château éclairé de l’intérieur. Les secondes, au-dessus de la pompe de Clagny. Se termine ainsi la fête qui eût un retentissement par le biais de nombreux commentateurs tels que ceux de l’abbé de Montigny ou de Mademoiselle de Scudéry, et jusqu’en Espagne : Pedro de la Rosa, dans une lettre destinée à la reine Marie-Thérèse, dresse le portrait à la manière de Félibien de cette fête fastueuse.

    Déployer le pouvoir du monarque

    Les premières heures de Versailles sont marquées par des divertissements se tenant sur des scènes éphémères, au détour des nombreuses allées, bassins et pavillons garnissant les jardins. Les fêtes se déroulent sur plusieurs jours, dans différents lieux montrant la virtuosité du souverain, capable à la fois de dresser de grands théâtres de verdure dans des marais envahis de moustiques et de faire voguer ses galères sur d’immenses canaux prévus à cet effet. Il s’agit pour le roi de montrer son château à la cour qui s’y est nouvellement installée et de l’impressionner.

    Les Fêtes de l’été de 1674 sont données à Versailles au prétexte de la reconquête de la Franche-Comté. Elles se déroulent sur six jours qui ne se suivent pas. Le 4 juillet, on prend une collation dans le bosquet des Marais, embelli d’orangers caisse pour l’occasion et de guirlandes de fleurs. À 8h, on représente Alceste de Quinault, qui compose le livret, et de Lully pour la musique, se posant pour l’évènement en véritable maître des fêtes de la cour de Versailles. La représentation a lieu dans la Cour de Marbre, et donne lieu à un dispositif plutôt humble : un plancher de bois surélevant la scène, mais sans aucun décor ni machine à l’exception d’une fontaine habillée de fleurs trônant au centre. La journée se termine avec le souper donné dans les Grands appartements nouvellement aménagés.

    Le 11 juillet, on joue l’Églogue de Versailles composé en 1668, fruit de la première rencontre entre Philippe Quinault et Jean-Baptiste Lully. L’œuvre prend déjà la forme d’un petit opéra pourvu d’une ouverture à la française et mettant en scène les bergers Silvandre et Coridon parlant ouvertement du retour de « Louis », fait peu courant puisque la plupart du temps le souverain endosse le costume d’une métaphore livrée à l’interprétation du public. La journée se poursuit par une promenade dans les jardins de Trianon puis du retour à Versailles vers neuf heures du soir pour le souper. Le repas pris est somptueux, dans la salle du Conseil aménagée à la manière d’un bosquet prenant la forme d’une île entourée de jets d’eau, entourée par soixante-treize girandoles de cristal et surplombée par cent cinquante lustres.

    Le 19 juillet, on prend la collation dans le jardin de la Ménagerie, suivie de la représentation du Malade imaginaire de Molière et Marc-Antoine Charpentier devant la grotte de Thétis servant de décor, avant de clore la journée sur des gondoles que l’on fait voguer en musique sur le Grand canal. Plus somptueux encore : au 28 juillet, le début de la journée est encore une fois rythmé par la collation prise dans le théâtre d’Eau. Les plats sont disposés sur les gradins de gazon encadrant le bosquet. L’ornementation est un hymne à la nature, et voit se déployer de nombreux arbres fruitiers parmi lesquels pêchers, abricotiers, pommiers, orangers, décorés de guirlandes de fleurs et abritant des pyramides de fruits, glaces, corbeilles de pâtes de fruits et de confitures. On joue ensuite les Fêtes de l’Amour et de Bacchus sur une scène aménagée près des machines alimentant les fontaines en eau, proches du Bassin du Dragon. Vigarani collabore avec Lully et conçoit le théâtre formé de deux pilastres soutenant les statues en bronze doré de la Justice et de la Félicité. On interprète le livret de 1672, rassemblant les plus beaux extraits des ballets et comédies-ballets de Lully. Le dernier acte voit la scène se transformer complètement en laissant apparaître le chœur de l’Amour et ses bergers prenant place sur des portiques de verdure. Le chœur final est chanté par cent-cinquante satyres de Bacchus. On tire le feu d’artifice depuis le Grand Canal, conçu par Lebrun et Vigarani, entre le Parterre d’Eau et le Bassin de Latone. On sert enfin le souper au son des hautbois et des violons dans la Cour de Marbre sur une table octogonale disposée autour de la fontaine, garnie de fleurs de lys dorées, symboles du pouvoir royal. (à suivre)   

    La prochaine partie de cet abrégé s’attardera sur la diversité des jeux et des lieux dans lesquels prennent place ces divertissements rythmant la pratique du pouvoir.

    versailles 2.png

    Fête donnée par Louis XIV pour célébrer la reconquête de la Franche-Comté, à Versailles, en 1674. Cinquième journée. Feu d’artifice sur le canal de Versailles, par Jean Le Pautre (1618-1682). Tiré de l’ouvrage en 1 volume avec les fêtes « Les plaisirs de l’Isle enchantée », Ex-libris Grosseuvre. © Paris, musée du Louvre/RMN-GP/Thierry Le Mage

    logo-rouge-et-noir.png

    Le Rouge et le Noir

  • Société & Actualité • Guillaume Bigot : L'idéologie droit-de-l'hommiste, un obstacle à la lutte contre le terrorisme

    Des fleurs déposées devant l'État-major de la gendarmerie de l'Aude en hommage à Arnaud Beltrame.

     

    Entretien par Alexandre Devecchio

    Cet entretien d'Alexandre Devecchio avec Guillaume Bigot [Figarovox, 29.03] est une réflexion de fond en soi fort intéressante. L'on pourrait en discuter tel ou tel aspect. Le lecteur découvrira lesquels. Nous sommes toutefois bien d'accord sur l'essentiel de ces propos réalistes et lucides. LFAR 

     

    Bigot-Guillaume-Ipag.jpgAprès les attentats de Carcassonne et de Trèbes, l'islamisme armé est de retour. Comment analysez-vous la réaction des autorités ? 

    Une réaction pavlovienne de la classe politique et des pseudo-experts consiste à s'indigner de ce que les djihadistes qui passent à l'acte sont déjà connus. Une telle indignation relève d'un pur contre-sens.

    Si les auteurs d'attaques sont fichés, c'est que le renseignement est efficace et non l'inverse. Le système de remontée et de classement d'informations est déjà perfectionné : on classe les individus de 1 à 16, en fonction de leur dangerosité, les proches peuvent être fichés et on fait tout pour éviter l'engorgement de la base. Ce système ne cesse de s'améliorer. Ainsi lorsque Yassin Sahli, par exemple, l'islamiste qui avait égorgé son patron à Saint-Quentin-Fallavier, dans la banlieue de Lyon, était sorti des fiches S (il avait été fiché une première fois en 2006), un nouveau fichier dit FSPRT (Fichier de signalement pour la prévention de la radicalisation à caractère terroriste) a été créé afin d'y verser les noms retirés du fichier principal. Nous gardons une avance indispensable sur l'ennemi. Contrairement à certaines allégations, les forces de l'ordre sont très bien renseignées de l'intérieur par nos compatriotes musulmans, fort heureusement d'ailleurs.

    Ce formidable travail de l'ombre réalisé par des informateurs de confession musulmane, par des fonctionnaires infiltrés et par les services permet d'éviter l'essentiel des actes qui, sans cela, ensanglanteraient la France. Chaque année, depuis 2015, ce sont entre 15 et 20 tentatives d'attentats qui sont en moyenne déjouées. Certaines de ces attaques auraient été dévastatrices.

    Donc, les attentats qui surviennent doivent être considérés comme inévitables ? Si l'on vous suit, tout ce qui peut l'être serait donc entrepris pour protéger nos compatriotes ?

    Loin s'en faut. Mais en critiquant le renseignement on se trompe de cible.

    Par ailleurs, on a beau redécouvrir la menace à chaque attentat, il faudra bien un jour admettre qu'éradiquer le djihadisme en France sera l'affaire d'une guerre de trente ans. L'islamisme est enraciné, avec un risque de séparatisme à la clé comme nous l'écrivions dès 2005, avec Stéphane Berthomet. Le risque zéro relève donc de l'illusion. Le reconnaître ne revient cependant pas à dire que l'on se protège aussi efficacement qu'on le devrait.

    Les services travaillent aussi bien qu'ils le peuvent, mais nous sommes confrontés à trois obstacles.

    Le premier est de taille si j'ose dire : le phénomène revêt des proportions telles qu'il ne peut plus être appréhendé à l'aune des moyens actuellement mis en œuvre.

    20 000 islamistes radicalisés dans le fichier « S » dont 7 000 très dangereux... pour moins de 8000 fonctionnaires chargés de circonscrire la menace qu'ils représentent (4300 de la DGSI, 2500 fonctionnaires du Service central du renseignement territorial, plus des enquêteurs de la SDAT et des gendarmes de la sous-direction de l'anticipation opérationnelle).

    Surveiller une seule cible, 24h/24, même en ayant intensément recours à l'intelligence artificielle, mobilise toute une équipe d'agents. Il faut donc recruter et former.

    Le second obstacle qui nous empêche de lutter plus efficacement contre le terrorisme islamique, ce sont les magistrats eux-mêmes qui le dressent. À côté de juges d'élite tels que Jean-Louis Bruguière, Gilbert Thiel ou Marc Trévidic et d'autres encore moins médiatisés mais tout aussi remarquables, certains magistrats restent très imprégnés de ce que Jean-Pierre Le Goff appelle le gauchisme culturel. La magistrature a souvent les yeux de Chimène pour les caïds des cités qui forment la base du recrutement des futurs terroristes. Pourquoi ? Un substrat de préjugés se mêle et explique cette coupable indulgence: culture de l'excuse, culte de la repentance néocoloniale, admiration pour un islamisme anticapitaliste. On n'est parfois pas très loin de la France rance et vichyste des porteurs de valise de Ramadan qui font semblant de ne pas entendre les délinquants de banlieues aduler Radouane Lakdim.

    Le troisième obstacle est donc idéologique. Ce qui paralyse les dirigeants français, c'est ce qu'il est convenu d'appeler le droit de l'hommisme. Ce dernier n'a rien à voir avec la défense concrète des droits de l'homme, ni même avec un attachement sincère aux valeurs qui forment le socle de notre pacte social. Le droit-de-l'hommisme est un culte des formes juridiques, sacralisées et placées au-dessus de la souveraineté populaire. L'apologie des droits de l'individu considérés comme l'alpha et l'oméga des valeurs morales cadenasse juridiquement la volonté de la majorité et fait le jeu de nos ennemis qui s'abritent derrière des procédures.

    En quoi ce que vous appelez le droit-de-l'hommisme empêche-t-il de lutter contre l'islamisme radical ?

    L'expulsion des étrangers fichés S, l'éloignement des Français radicalisés ou le rétablissement des frontières forment trois mesures-clé qui feraient reculer l'ennemi. Mais en l'état actuel du droit, qui inclut les traités et l'interprétation du bloc de constitutionnalité par le Conseil d'État, par le Conseil Constitutionnel, par la Cour de Cassation et par la Cour Européenne des Droits de l'Homme, de telles mesures sont inenvisageables. On serait tenté de répondre : mais alors que l'on change le droit ! À ce stade, les choses se corsent car notre système juridique installe ces juridictions suprêmes et ces traités au-dessus de la loi, c'est-à-dire de l'expression de la volonté générale. Il faudrait agir par référendum pour défaire ce que le peuple a fait sous la forme de traités ratifiés ou d'articles de la constitution autorisant des recours devant la Cour constitutionnelle par exemple.

    La main de l'État est donc paralysée par deux facteurs : un facteur dur, juridique, la règle de droit (expulser un étranger, c'est s'exposer à un recours que l'on anticipe comme perdu d'avance) et un facteur mou, symbolique et culturel (les résidus de l'idéologie soixante-huitarde qui placent l'État de droit au-dessus de la démocratie). L'anticipation de la règle de droit et cette mentalité qui considère comme sacrilège de vouloir la changer se combinent pour forger cet état d'esprit capitulard face à l'islamisme. Nous sommes face à des gouvernants qui croient faire leur devoir en résistant au populisme, c'est-à-dire à la demande d'une majorité de l'opinion qui attend des mesures énergiques pour neutraliser les apôtres de la guerre sainte.

    Le gouvernement se trompe dans sa communication à l'égard des attentats ?

    La communication officielle verse dans le contre-sens absolu et fait le jeu de l'ennemi. Cette communication se décline suivant trois axes : premièrement, chercher à édulcorer les actes (mais à l'ère des réseaux sociaux, les informations finissent par sortir). On a vu ce mécanisme à l'œuvre : ce fut le cas avec certaines attaques à la voiture bélier ou avec l'égorgement du colonel Beltrame.

    Le deuxième axe de communication consiste à dédouaner préventivement l'Islam. C'est le grand mantra du « pasdamalgame ». Il s'agit de parler à la place des musulmans pour les désolidariser à leur place d'avec l'islamisme. Nos compatriotes musulmans n'en demandent pas tant ! Et puis, un tel empressement à affirmer que les attentats islamistes n'ont rien à voir avec la religion mahométane est un peu louche. Les Français savent faire la différence entre leurs compatriotes d'origine musulmane qui veulent qu'on leur fiche la paix avec cette religion qu'ils ne pratiquent ni ne revendiquent, des concitoyens qui ont une pratique paisible de leur culte compatible avec les valeurs de la République. L'opinion ne confond pas ces deux catégories avec des islamistes provocateurs et vindicatifs qui placent la charia au-dessus des lois françaises ni avec les djihadistes assassins. Mais les Français, y compris de confession musulmane, sont exaspérés par ce qu'ils considèrent comme une manifestation de malaise de la part des autorités.

    Le troisième axe de communication, c'est de viser l'effet compassionnel. C'est la séquence « émotion ». Les officiels se rendent sur place. On sort alors les bougies, on observe une minute de silence et on verse une larme.

    Or, ces trois réflexes sont totalement inappropriés.

    L'Islam, pas seulement le djihadisme mais toute la culture arabo-musulmane, est traversé par un culte de la virilité et de l'esprit chevaleresque. Montrer sa force, c'est gagner le respect. Passer pour une victime, c'est attiser la haine et le mépris.

    La fameuse taqîya, l'art de la dissimulation tactique prôné par le Coran consiste à tenir compte du rapport de forces pour s'adapter à un environnement non musulman. En nous montrant intraitables sur le respect de la laïcité, nous n'allons nullement encourager la révolte ou nourrir le sentiment d'injustice. Au contraire: nous obtiendrons que l'Islam s'adapte à la France et non l'inverse.

    Ainsi, le gouvernement devrait, au contraire, convoquer des caméras et mettre en scène l'expulsion de 300 imams salafistes. Il aura alors gagné sur tous les tableaux: sa cote de popularité bondira, les gamins qui hurlent de joie après des attentats ou certains sympathisants du djihad rentreront la tête dans leurs épaules.  

    Membre des Orwelliens, chroniqueur sur France Libre TV et sur BFMbusiness, Guillaume Bigot est essayiste. Il a notamment coécrit avec Stéphane Berthomet Le Jour où la France Tremblera, Terrorisme islamique : les vrais risques pour l'Heaxgone (Ramsay, 2006).

     

    1630167502.jpgXVM8d8b71a4-8f2b-11e7-b660-ef712dd9935a-150x200.jpgAlexandre Devecchio est journaliste au Figaro, en charge du FigaroVox. Il vient de publier Les Nouveaux enfants du siècle, enquête sur une génération fracturée (éd. du Cerf, 2016) et est coauteur de Bienvenue dans le pire des mondes (éd. Plon, 2016).

    Alexandre Devecchio

  • Société • Philippe Meirieu, la fabrique des victimes L'ayatollah de la pédagogie qui fera pleurer vos enfants

     

    Par Jean-Paul Brighelli

    Nouveau Microsoft Publisher Document.jpgOn se souviendra que nous aimons les textes de Jean-Paul Brighelli, son style, son expression directe et sans ambages, son érudition, son bon sens, son non-conformisme et jusqu'à la verdeur de son langage. Derrière ce talent, la subtile analyse de Brighelli, ici, va très loin. Nous ne pouvions pas ne pas la donner à lire aux lecteurs de Lafautearousseau. Il 'agit de l'avenir de la jeunesse française. Et, au point où en sont les choses, de notre culture, de notre civilisation.  LFAR 

     

    3327923779.jpg

    Riposte à Meirieu !

    Le dernier opus de Philippe Meirieu, dont j’ai rendu compte par ailleurs, valait le coup que j’y revinsse. Bien sûr, il mérite tout le mal que j’ai déjà pu en dire. Mais en fait, il en mérite davantage.

    9782746747579.jpgD’autant qu’être insulté par Brighelli fait partie de ses attentes esthétiques. Non seulement parce que je suis sa Némésis, qu’il convoque avec gourmandise (« « On attend impatiemment que le polémiste Jean-Paul Brighelli, passé du Point à Valeurs actuelles, toujours en avance d’une insulte sur ses petits camarades, publie, après la Fabrique du crétin, un pamphlet au vitriol sur la Fabrique des ravis de la crèche »), mais surtout parce que la position de persécuté lui sied.

    Ne pas y voir une quelconque trace de masochisme personnel. Meirieu est un pervers polymorphe qui prend des poses de grand persécuté. Cela lui permet de s’identifier avec Rousseau, le grand ancêtre — une attitude dont j’avais retracé l’origine dans l’un des très rares articles que m’a jadis demandé le Monde. On voudra bien m’excuser de me citer :

    « Puis vint Rousseau, un protestant genevois, foncièrement hostile à la notion de progrès, qui théorisa la bonté intrinsèque de l’homme, perverti par la civilisation. À rebours de tous ceux, Voltaire en tête, qui pensaient, contre la religion, que la civilisation est un progrès en soi, et qu’il valait mieux vivre au XVIIIe qu’au(x) siècle(s) précédent(s). La religion, si présente — et sous sa forme calviniste — chez le plus célèbre Genevois, s’accordait merveilleusement avec ces billevesées. « Bon sauvage » cessait d’être un oxymore, et devenait un pléonasme.(…) « Emile, l’élève de Rousseau, n’en recevait pas moins une éducation religieuse sévère, teintée de protestantisme genevois. Rien d’étonnant à ce qu’il ait séduit des gens — Philippe Meirieu par exemple — qui venaient des Jeunesses Ouvrières chrétiennes, et des ministres (Jospin) qui étaient des trotskystes protestants, ou des socialistes protestants (Rocard) — ou l’inverse. « Rousseau voit donc l’enfant comme un être bon par principe, tant qu’on ne le gâche pas. Tout part de ce postulat, qui n’a d’autre évidence que d’aller à l’encontre du principe classique selon lequel le petit homme est un être de chaos, d’instincts et d’appétits (« Cet âge est sans pitié », dit La Fontaine) auxquels l’éducation justement donne forme en les bornant sévèrement. Deux idées de l’homme, deux pédagogies.(…) « Nos « pédagos » modernes sont lecteurs de Rousseau. Ils ont importé au XXe siècle des concepts du XVIIIe. »

    L’article faisait pendant à un article de Meirieu — c’est cela, la démocratie selon le Monde, équilibrer la vérité avec le mensonge, et les faits avec l’idéologie (qui est, selon Hannah Arendt que Meirieu n’arrête pas de citer, dans la Riposte, « ce qui n’a aucun point de contact avec le réel »). Mais le cher Philippe, qui l’a lu, n’en a pas tiré d’enseignement — c’est normal, c’est lui qui enseigne aux autres.

    Du coup, le voici qui en remet une couche dans la victimitude, comme dirait Ségolène :

    « Depuis que Rousseau a ouvert la voie, le pédagogue est fasciné par la figure du persécuté. Jean-Jacques, il est vrai, avait quelques raisons de se considérer et de se comporter comme tel : banni, expulsé, pourchassé, caillassé, accablé de sarcasmes et d’attaques, courant de refuge précaire en asile éphémère, l’auteur du Contrat social et de l’Emile ne trouvera guère qu’un fugace repos quelques mois avant sa mort à Ermenonville. »

    Je dois compter parmi les caillasseurs de pédagogues — moi qui suis la tendresse même, la qualité première du pédagogue, selon Saint Philippe :

    « Comme Gepetto, le pédagogue essuie parfois une larme : c’est un sentimental et c’est là à la fois sa fragilité et sa force. Sa fragilité car, tout comme Rousseau face à l’humour ravageur d’un Voltaire, il apparaît vulnérable, quand ce n’est pas pleurnicheur. Sa force, car il suscite l’empathie de tous ceux et de toutes celles qui ont, un jour, eu un enfant dans les bras… avant de l’avoir très vite sur les bras. »

    C’est beau — c’est une synthèse étrange de Sacha Guitry et d’Yves Duteil. Ecrasons une larme.

    Juché sur son piédestal rousseauiste, exhibant ses stigmates et ses cicatrices, Meirieu dès lors peut attaquer de face. Il a la sympathie du lecteur, surtout si le lecteur est au SGEN :

    « On aimerait aussi que Jacques Julliard ou Natacha Polony, qui se sont fait une spécialité de dénoncer les errances du pédagogisme, s’attaquent enfin à cette « pédagogie horticole » de l’épanouissement spontané de l’enfant — dernier avatar de l’individualisme lénifiant qui s’étale dans toute la littérature du développement personnel… »

    Et de flinguer les émules de Montessori (il crucifie Céline Alvarez et il a bien raison) et tous les « hyper-pédagogues » qui l’ont dépassé sur sa droite, enfants adultérins de Freinet, A.S. Neill, l’admirable Janusz Korczack, et tous les gourous des « écoles alternatives ». Steiner, Decroly, Montessori, Hattemer, toutes mises dans le même sac des pédagogies centrées sur la construction personnelle, où les petits princes sont faits petits rois, sont donc des repères d’hyperpédagos. J’en connais à qui ça va faire plaisir !

    D’autant que notre pédagogue en chef fait du choix scolaire un symptôme de classe : « On se doutait bien que les parents qui mettaient leurs enfants dans une « école alternative » étaient plutôt socialement favorisés et de bon niveau culturel (…) Ainsi, à regarder les choses de près, on s’aperçoit que le discours hyperpédago est profondément lié à ce qu’on pourrait nommer le courant éducatif familialiste. » Et c’est là que la référence à Rousseau prend tout son sens.

    Meirieu et moi ne nous aimons pas. Mais il ne me viendrait jamais à l’idée de le prendre pour un imbécile, ni pour un inculte. Il sait très bien ce qu’il fait, et ce qu’il dit. Et ses références font sens. 

    L’Emile, si vanté par tant de pédagogues imbéciles (pas Meirieu, comprenons-nous bien) qui croient que Rousseau est partisan du laisser-faire et de la bride flottant sur le cou de l’élève (que l’on n’élève plus mais que l’on regarderait s’élever) est en fait le pendant du Contrat social. Et du Contrat social est sortie la Terreur.

    Le laxisme prôné par tant de pédagos est aux antipodes de la Pensée Meirieu. Ce n’est pas pour rien que notre ayatollah de la pédagogie note le « caractère très ambigu des pratiques de groupe non régulées… » : il est pour une régulation de chaque instant, une réflexion permanente sur la pratique (ce qu’un marxiste appellerait une auto-critique permanente), aux antipodes du laisser-faire enseigné dans les ESPE aujourd’hui et magnifié par tant de (dé)formateurs et d’inspecteurs ravis du « papotis » qui dans les classes, selon eux, témoigne de la belle créativité des élèves. Meirieu, revenu dans les années 2000 devant des élèves, a constaté la difficulté de se faire entendre — et ça ne l’amuse pas du tout.

    La pédagogie selon lui consiste à codifier toute pratique, à l’exécuter comme on exécute une partition ou un condamné, et à en tirer une expérience qui enrichira la pratique du lendemain. Issu de courants libertaires, il est l’anti-anar par excellence. D’ailleurs, un protestant, ça ne plaisante guère. Son horreur évidente de l’élitisme (républicain ou autre) vient de son goût pour les manœuvres militaires où chacun avance du même pas de l’oie. Le pédagogisme, loin d’être permissif, est un carcan rigoureux.

    Le droit à la parole, inscrit dans la loi Jospin à l’époque où Meirieu conseillait de près le ministre, n’est pas du tout ce que vous pensez. Elle est liberté au sens rousseauiste du terme, c’est-à-dire répression de la licence. On se rappelle la haine que Rousseau éprouvait envers les libertins, je me demande parfois si celle que Cher Philippe éprouve pour moi ne vient pas de ce qu’il a flairé de libertinage en moi. « La spontanéité, dit-il, n’est, le plus souvent, que la reproduction à l’économie des clichés les plus éculés. » Une sentence que je contresignerais volontiers.

    Mais alors, si Meirieu le pédagogue n’est pas responsable de la gabegie actuelle, saluée malgré tout par les épigones de Saint Philippe, d’où vient-elle ? Et la réponse fuse — une réponse qui ne plaira ni à l’actuel ministre, ni à Gérard Collomb, qui autrefois offrit Lyon à Meirieu, qui y dirigeait l’IUFM, avant de l’en chasser lors des élections de 2012 — avec des procédés de truand, dois-je dire. « On ne rappellera jamais assez, explique notre didacticien en chef, que l’enfant-tyran n’est pas un produit de Mai 68, encore moins de l’Education nouvelle et des « pédagogies actives », mais bien celui du capitalisme pulsionnel promu par le néo-libéralisme triomphant. »

    Et c’est là que l’analyse demande un peu de subtilité.

    Ce que Meirieu refuse de voir — et je le comprends, parce qu’il n’y survivrait pas — c’est que les crétins qu’il a recrutés, mis en place, installés aux commandes du système (et qui après lui avoir léché les bottes ne doivent même plus savoir qu’il existe) n’ont aucunement la capacité de mettre en place l’enseignement rigoureux et coercitif dont il rêvait — tout comme les suivants de Montessori, Freinet, Neill et autres très grands pédagogues ne leur arrivèrent jamais à la cheville, tant leur réussite dépendait de l’identification quasi freudienne de l’enfant à son enseignant. La nature suivant la pente au lieu de la remonter, ils ont fait du laxisme leur modus operandi, et c’est la combinaison de ce laxisme (libertaire, pour le coup) et des enjeux libéraux (transformer le citoyen en consommateur ravi) qui a fabriqué l’enfant-roi, celui qui crache à la gueule de ses parents et de ses profs, qui n’apporte pas une feuille ni un stylo en classe, pense que le rap est la forme la plus achevée de la poésie (et combien de pédagogues médiocres l’ont conforté dans cette croyance !), arrive en cours avec une attitude strictement consumériste et s’insurge si l’on insinue qu’il pourrait envisager peut-être de se mettre au travail…

    c3a9cole-de-merde.jpgAlors bien sûr que ce n’est pas avec des neuro-sciences et du numérique généralisé que nous remonterons la pente, et je partage entièrement sur ce point l’extrême méfiance de Meirieu envers ces gadgets qui au mieux enfoncent des portes ouvertes et au pire programment un transhumanisme entre Orwell et Zamiatine. Notre primat des Gaules tente de se placer au-dessus des partis et lance : « Entre les pédagogues jacobins de l’école unique et les pédagogues girondins des écoles alternatives, je refuse de choisir. »

    Mais il va bien falloir choisir ! Parce que les enfants décérébrés par les disciples de Meirieu, quand ils en ont marre de jouer avec des objets frappés d’obsolescence dans leur conception même, ou de se crétiniser devant Cyril Hanouna, privés de transcendance, choisissent la voie des armes. Nous n’avons encore rien vu, dans ce domaine. Demain, les chiens.

    Interdire les portables en classe est un gadget pédagogique. Restaurer un grand service public d’éducation est une urgence — et là, franchement, je ne compte pas sur des Marcheurs hantés de mondialisation pour réaliser cet objectif. L’opposition entre école jacobine et école girondine est évidente — évidente aussi la tendance centrifuge qui, via l’autonomie et les projets d’établissement, via la marchandisation et la ludification de savoirs remplacés par des « compétences », démantèle toute ambition collective.

    C’est étrange : on ne cesse de me reprocher mon élitisme, et je crois fermement qu’il y a dans ma pédagogie parfois brutale plus de tendresse réelle, d’altruisme et de sens de la collectivité que dans toutes les pleurnicheries compatissantes et narcissiques des pédagogues. On peut trouver le sergent Hartmann caricatural, mais il travaille à former une unité, un groupe, afin de donner à chacun des membres de ce groupe des chances réelles de survie. La pédagogie des enfants de Meirieu, sous prétexte de respecter la personnalité de chacun, fabrique des victimes. Il faut dire que, entraînés comme ils sont à pleurnicher, les pédagogues sauront les plaindre — avant de les oublier.   ■ 

    Jean-Paul Brighelli
    Enseignant et essayiste, anime le blog Bonnet d'âne hébergé par Causeur
  • La Convention citoyenne, une improbable litanie de propositions avec pour seule logique la décroissance.

    Source : https://www.transitionsenergies.com/

    Les 150 propositions adoptées le week-end dernier par la Convention citoyenne ressemblent à une compilation d’idées recyclées, de solutions qui n’en sont pas, de pensée magique et parfois, rarement, de bonnes intuitions. Il n’est question nulle part de financements, de conséquences économiques, sociales, politiques, de réalités technologiques et industrielles, d’investissements… Et les sujets qui fâchent, le nucléaire, l’Europe et la taxe carbone, ont été soigneusement évités.

    En sept week-ends de travail, les 150 citoyens tirés au sort ont donc résolu le problème de la transition qui mobilise de par le monde des centaines de milliers de scientifiques, d’ingénieurs, d’écologistes, d’universitaires, de chercheurs depuis des décennies… Une tâche considérée même comme bien plus compliquée et hasardeuse que d’envoyer un homme sur la lune. Dans le détail et en dépit de l’emphase de la Convention citoyenne qui commence son texte par «Nous citoyenne et citoyens libre», les 286 pages et 150 propositions adoptées le week-end dernier ressemblent au mieux à un inventaire à la Prévert, au pire, à une compilation d’idées recyclées, de solutions qui n’en sont pas, peu efficaces et idéologiques, de pensée magique et heureusement, rarement, de bonnes intuitions. Mais il n’est question nulle part d’investissements, de financements, de conséquences économiques, sociales, politiques, de réalités et d’innovations technologiques, de créations de filières…  Ce travail bâclé n’a qu’une seule cohérence, considérer que la décroissance et la multiplication des contraintes et des interdictions sont les seuls moyens de réduire les émissions. Si ces mesures voient le jour, elles ont ainsi toutes les chances de provoquer un rejet social massif… L’écologie punitive dans toute sa splendeur. Dire que la Convention se voulait une réponse au mouvement des gilets jaunes!

    Brice Lalonde, ancien ministre de l’Environnement, résume assez bien le sentiment à la lecture de ce morceau d’anthologie: «l’absence de connaissances, l’incompréhension transpire de beaucoup de ces mesuresComme s’ils avaient voulu peindre un monde idéal, sans consulter aucun chef d’entreprise, aucun économiste… Comme si tout pouvait se faire d’un coup de baguette magique. Il y a une espèce de mépris de la compétitivité, et d’égocentrisme. Beaucoup n’y connaissaient rien, ils ont été affolés, et ont écouté religieusement les associations.»

    Le nucléaire, l’Europe et la taxe carbone… n’existent pas!

    Mais pouvait-il en être autrement? La transition énergétique consiste à substituer aux énergies fossiles, qui émettent de grandes quantités de gaz à effet de serre, des énergies plus propres. Il s’agit d’un processus long, difficile et complexe. Il s’étalera sur des décennies et nécessite une adaptation continue et l’utilisation de technologies qui sont aujourd’hui embryonnaires voire inexistantes notamment dans l’industrie et les transports. Il ne suffit pas, comme le laissent croire de nombreux militants et certains ministres, d’installer des éoliennes et des panneaux solaires, d’acheter des voitures électriques et d’interdire à tout va.

    L’objectif fixé à la Convention citoyenne était en lui-même démesuré. Elle devait proposer des mesures permettant de réduire de 40% les émissions de gaz à effet de serre d’ici à 2030 par rapport à 1990. Concrètement, de passer de 445 millions de tonnes de CO2 rejetées l’an dernier en France à 263 millions de tonnes. Les 150 propositions n’ont aucune chance de permettre ne serait-ce que d’approcher de cet objectif.

    D’autant plus, que les sujets qui fâchent, les plus importants, ont été soigneusement évités à l’image du nucléaire, de l’Europe et de la taxe carbone. Cette dernière avait provoqué, au moins en partie, le mouvement des gilets jaunes. Elle est à l’origine de la création de la Convention proposée par Emmanuel Macron comme une réponse à l’opposition entre la «fin du monde» et la «fin du mois».

    La taxe carbone a donc été évacuée des débats et cela même si elle est considérée, par de nombreux experts dans le monde, comme l’un des moyens les plus efficaces pour réellement limiter les émissions de CO2. Tout simplement, parce qu’elle utilise le meilleur levier pour cela, rendre les émissions de plus en plus coûteuses pour les entreprises et les citoyens et les inciter fortement à utiliser des énergies plus propres…

    Pour la Convention, l’Europe, les modèles étrangers et les contraintes du marché mondial n’existent pas non plus. Pourtant, toutes les propositions doivent s’inscrire dans un cadre juridique qui n’est pas franco-français. Le droit de l’environnement relève dans 95% des cas de la compétence de l’Union européenne. Quant aux modèles étrangers, concrets, éventuellement à suivre, ils ont été ignorés. L’Allemagne vient de décider d’investir 9 milliards d’euros dans l’hydrogène… Cela n’a aucune importance. La Suède est souvent donnée en exemple. Elle a réussi à concilier depuis 1990 la croissance (3% en moyenne par an) et la baisse dans le même temps de 26% de ses émissions de gaz à effet de serre. Le contraire de la stratégie préconisée par la Convention. Mais pour cette dernière, la France est une île, coupée du monde, maîtresse sans contraintes de son destin…

    Obsession anti-automobile

    L’électricité nucléaire était aussi un sujet tabou. Elle est aujourd’hui, en matière de limitation des émissions de gaz à effet de serre, le principal atout de la France. Elle lui permet d’être parmi les bons élèves de la transition. Car si la quasi-totalité de la production électrique française est «propre», c’est parce que plus de 70% est d’origine nucléaire. L’avenir de cette forme d’énergie est donc une question essentielle tout comme l’électrification des usages qui est un élément majeur de la transition, notamment dans les transports et l’industrie. Cela n’a pas semblé effleurer les membres de la Convention et ceux qui les chaperonnaient. Ces derniers ont en revanche réussi à leur transmettre leurs lubies et leurs obsessions.

    Ainsi, la Convention citoyenne a été obnubilée par les transports (31% des émissions) et plus particulièrement la voiture (16% des émissions). Voilà pourquoi, elle a adoptée des gadgets idéologiques comme la limitation à 110 kilomètres heure de la vitesse maximum sur les autoroutes dont l’impact est, au mieux, marginal. L’argument de la sécurité routière ne tient pas non plus. Les autoroutes sont de loin les voies les plus sûres et la somnolence est un facteur d’accident trois fois plus important que la vitesse. Enfin, cette mesure a la mémoire courte. Elle oublie l’impact sur la naissance du mouvement des gilets jaunes du passage de 90 kilomètres heure à 80 kilomètres heure de vitesse maximale sur les routes secondaires, compris comme une stigmatisation de la France périphérique par la France d’en haut. La France périphérique est aussi celle qui prend le plus l’autoroute.

    La France des grandes villes n’est pas pour autant épargnée. La Convention veut interdire dès 2025 la vente des véhicules neufs qui émettent le plus de CO2 et leur accès aux centres villes. Cela aura peut-être un impact sur la qualité de l’air, mais à peine mesurable sur les émissions de gaz à effet de serre. Seront aussi interdites certaines publicités, les enseignes lumineuses, les terrasses chauffées dans les bars et restaurants.

    «Consommer moins, produire moins, travailler moins…»

    En ce qui concerne le bâtiment, la Convention vise enfin bien plus juste. Ce domaine représente 39,5% de la consommation finale d’énergie en France et 27% des émissions de CO2. Il est aussi essentiel que les transports. D’autant plus, que sur un parc de 35 millions de logements, la France compte environ 7,5 millions de «passoires thermiques». Il est donc possible de diminuer rapidement la consommation d’énergie et les émissions.

    La Convention entend rendre ainsi obligatoire la rénovation énergétique de 20 millions de logements d’ici à 2040, et surtout de 5 millions de «passoires thermiques» d’ici 2030. Elle entend également contraindre la rénovation de l’ensemble des bâtiments publics et le remplacement des chaudières au fioul et à charbon. Tout cela est incontestable. Mais il y a un léger problème. Comment seront financés ses investissements considérables que seront incapables de mener seuls les propriétaires privés? Surtout que les années à venir, avec la profonde récession née de la pandémie, s’annoncent économiquement très difficiles. D’autant plus, si les mesures préconisées par la Convention se traduisent par un appauvrissement supplémentaire du pays…

    On peut même parler de logique malthusienne, quand elle a proposé de réduire le temps de travail de 35 heures à 28 heures par semaine! Une proposition finalement et fort heureusement rejetée lors de la dernière session du 20 juin après un sursaut de lucidité. «La réduction du temps de travail, sans perte de salaire, est proposée pour aller vers ce nouveau modèle: sobriété, partage, justice sociale. Pour répondre pleinement à ces enjeux, nous devons consommer moins, produire moins et donc travailler moins», écrivait la Convention.

    De nombreuses autres propositions, n’ayant aucun rapport avec les émissions de gaz à effet de serre, ou alors vraiment très lointain, ont elles été adoptées. Ainsi, d’ici 2030, tous les français devront consommer au moins 20% de fruits et légumes issus de l’agriculture biologique. Il s’agira «d’atteindre 50% d’exploitations en agroécologie d’ici 2040» et de «diminuer l’usage des produits phytopharmaceutiques de 50% d’ici 2025». Les questions de la baisse des rendements, de l’autosuffisance alimentaire et du prix des denrées ne sont même pas évoquées… Peu importe comment les ménages paieront.

    Le plus stupéfiant est que plusieurs organisations éxologistes appellent le Président de la République à ne surtout pas choisir «à la carte» parmi les mesures à appliquer. Un tiers des 150 mesures en question a été rédigé sous la forme de proposition de loi ou de règlements, prêts à l’emploi. Il semble bien qu’Emmanuel Macron se soit piégé lui-même.

    Le chef de l’Etat a jusqu’au 29 juin pour trouver une parade. Il recevra, ce jour-là, les 150 membres de la Convention citoyenne sur le climat, «afin d’apporter une première réponse à leurs propositions». Il a bien la possibilité d’un referendum évoqué depuis quelques temps dans la majorité. Mais là encore, il a été devancé par la Convention dont les membres souhaitent que les Français se prononcent sur l’introduction dans la Constitution de la question climatique et sur la création «d’un crime d’écocide». Ce qui se dessine ressemble plus à un quitte ou double politique qu’à une stratégie de transition. Dommage, cela ressemble encore furieusement à une occasion manquée d’aborder enfin sérieusement, avec réalisme et ambition, la question de la transition.

  • Un nouveau front, poujadiste ?, par Michel Corcelles.

    L’establishment est ébran­lé : de crise sani­taire en menace sécu­ri­taire, de mon­tée du chô­mage en pau­pé­ri­sa­tion, le sys­tème et son socle idéo­lo­gique sont sou­mis à rude épreuve.

    Dans un tel contexte peut paraitre déri­soire la réflexion sur un phé­no­mène daté et contem­po­rain d’une socié­té que moder­ni­té et post moder­ni­té sem­blaient avoir défi­ni­ti­ve­ment enter­ré : le pou­ja­disme. Et pourtant !

    Le Mou­ve­ment des gilets jaunes a été qua­li­fié de « pou­ja­diste » , terme com­mode pour dési­gner tout mou­ve­ment des classes moyennes infé­rieures trop liées au « sys­tème » pour bas­cu­ler dans un gaucho/syndicalisme post mar­xiste mais suf­fi­sam­ment mar­gi­na­li­sé par le « sys­tème » pour bas­cu­ler dans une contes­ta­tion vio­lente. Une révolte « petite bour­geoise » pour reprendre la ter­mi­no­lo­gie léni­niste, située à l’intersection des artisans/commerçants, des lais­sés pour compte de la socié­té d’abondance et, pour l’avoir consta­té sur les ronds-points « des petits blancs déclas­sés » avec en prime une domi­nante rurale.

    Quoique approxi­ma­tif le terme de pou­ja­disme per­met de situer, d’une manière évo­ca­trice pour tout le monde, ce mou­ve­ment dans le pay­sage poli­tique français.

    Peu à peu la marque de fabrique rurale s’estompait et le mou­ve­ment se poli­ti­sait sous une influence par­ta­gée en cor­po­ra­tisme et gau­chisme mais aus­si se consti­tuait au fil des semaines un enca­dre­ment spon­ta­né plus en phase, du point de vue de sa struc­tu­ra­tion, avec ce que fut le pou­ja­disme des années 50 ou les révoltes pério­diques des « petits commerçants ».

    Cette poli­ti­sa­tion était en passe de se concré­ti­ser alors même que la masse de manœuvre ten­dait à s’effilocher. Sur­vint le COVID. Le pay­sage chan­gea et les « Gilets jaunes » furent appa­rem­ment englou­tis dans la tem­pête sani­taire lais­sant tou­te­fois une cendre sous laquelle conti­nuait de bru­ler la braise.

    La crise sani­taire peut à pre­mière vue sem­bler étran­gère à des consi­dé­ra­tions sur un pou­ja­disme archaïque, réel ou phan­tas­mé. Et pour­tant la crise aura frap­pé en toute prio­ri­té une par­tie de ces caté­go­ries sociales qui ont his­to­ri­que­ment four­ni des troupes au pou­ja­disme et aux Gilets Jaunes. A contra­rio, même si toute la socié­té subit le choc éco­no­mique, résistent mieux à la crise les popu­la­tions rétives tant au pou­ja­disme qu’aux Gilets jaunes à com­men­cer par les sala­riés cen­sés être (pour l’instant) cou­verts par les plans d’aide à l’entreprise, les ensei­gnants, fonc­tion­naires et retraités.

    En revanche les classes moyennes infé­rieures, les com­mer­çants (avec des nuances sui­vant les com­merces), les indé­pen­dants, et tous ceux qui pour des rai­sons médi­cales, cultu­relles, éco­no­mi­que­ment se retrouvent au propre ou au figu­ré, à la rue : à com­men­cer par les hôte­liers sur­tout mais aus­si res­tau­ra­teurs ou tenan­ciers de bars et dis­co­thèques, coif­feurs, fleu­ristes … . Une belle masse de manœuvre qui sau­ra le cas échéant (re)faire la jonc­tion avec les anciens Gilets Jaunes.

    LE MONDE COMMERCANT SE MOBLISE

    La deuxième vague covi­dienne a plus encore révé­lé la pré­sence des com­mer­çants au cœur de la crise, comme vic­times col­la­té­rales. On a pu consta­ter, soit à l’occasion de décla­ra­tions indi­vi­duelles ou col­lec­tives, de mani­fes­ta­tions de rues (500 com­mer­çants déter­mi­nés à Bayonne …) que les pro­fes­sions évo­quées ci-des­sus étaient en ébullition.

    Les pré­si­dents des quatre fédé­ra­tions repré­sen­ta­tives des pro­fes­sions com­mer­ciales – Fran­cis Palom­bi, pré­sident de la Confé­dé­ra­tion des com­mer­çants de France (CDF) ; Jacques Ehr­mann, pré­sident du Conseil natio­nal des centres com­mer­ciaux (CNCC) ; Jean-Claude Delorme, pré­sident de la Fédé­ra­tion fran­çaise des asso­cia­tions de com­mer­çants (FFAC) et Jean-Pierre Leh­mann, pré­sident de la Fédé­ra­tion natio­nale des centres-villes « Vitrines de France » (FNCV) – ont déci­dé de « faire front » en deman­dant notam­ment que les ventes en lignes soient limi­tées aux seuls pro­duits de pre­mière néces­si­té » excluant de toute les ventes de pro­duits habi­tuel­le­ment ven­du par des maga­sins fer­més par voie admi­nis­tra­tive. Éga­le­ment deman­dées l’interdiction de Black Fri­day et la réou­ver­ture toute pro­chaine de la plu­part des commerces.

    Le pou­voir tout à son confi­ne­ment fait la sourde oreille et les 4 fédé­ra­tions de sou­li­gner que ces dis­po­si­tions sani­taires ont pour effet « de trai­ter de manière inéga­li­taires les com­mer­çants phy­siques et les mar­chands du web, au péril des pre­miers et au pro­fit exclu­sif des seconds ».

    Le com­mu­ni­qué des 4 fédé­ra­tions pour­suit « la fer­me­ture des com­merces dits « non essen­tiels » avan­tage dan­ge­reu­se­ment les pla­te­formes de com­merce en ligne déjà régu­liè­re­ment accu­sées de concur­rence déloyale, comme Ama­zon et Ali­ba­ba qui redoublent désor­mais de pro­pa­gande pour atti­rer les clients, nos clients »

    Il est à noter que ces fédé­ra­tions n’ont pas l’habitude de signer des com­mu­ni­qués com­muns et que la crainte d’une explo­sion sociale n’est pas étran­gères à leur sou­daine uni­té car si aucun des signa­taires ne se sent héri­tier du pou­ja­disme tous en craignent la renaissance.

    Reste encore que ces orga­ni­sa­tions jouent le jeu des ins­ti­tu­tions et sont un fac­teur de « main­tien de l’ordre ». Jusqu’à quand ?

    DE LA RUE AUX BARRICADES ?

    Cela dépen­dra de l’ampleur des dégâts, de ce qui est rat­tra­pable et de ce qui ne l’est pas. Cer­taines pré­vi­sions font état d’un anéan­tis­se­ment de 40% de la pro­fes­sion hôte­lière, d’autres envi­sagent 30% de dépôt de bilan dans la res­tau­ra­tion et des dégâts majeurs dans la plu­part des commerces.

    Beau­coup de per­sonnes donc à la rue (crise sociale) mais com­bien … dans la rue (révolte) et com­bien …sur les bar­ri­cades (révo­lu­tion) ? La réponse dépend d’abord de la déter­mi­na­tion de cette popu­la­tion, ensuite de son enca­dre­ment, enfin des alliances qui se noue­ront ou ne se noue­ront pas avec les autres vic­times des oligarchies.

    A pro­pos des Gilets Jaunes un obser­va­teur proche du pou­voir avait remar­qué « nous avons été vic­time d’une illu­sion : nous avons cru que ce mou­ve­ment était le sur­saut d’une popu­la­tion qui ne vou­lait pas mou­rir ; ce n’était que le sou­bre­saut d’une popu­la­tion déjà morte ». Se trou­ve­ra-t-il un mou­ve­ment pour le détromper ?

     

    Source : https://www.actionfrancaise.net/