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Rechercher : Rémi Hugues. histoire & action française. Rétrospective : 2018 année Maurras

  • Thomas Flichy de la Neuville : Quel avenir pour la Turquie ?

    Manifestations pro et anti-régime à Téhéran
     
     
    par Thomas Flichy de la Neuville
     
    Turquie. Recep Erdogan a gagné, comme prévu, les élections présidentielles en Turquie avec 52,5 % des votants et une majorité législative. Il peut librement user de tous les pouvoirs pour gouverner comme il l’entend. L’histoire turque continue…Dans quelle direction ? 
     
     
     
    59f0754f488c7b0d1d8b4568.jpgLa réélection du président Erdogan ne saurait nous surprendre : la tendance politique générale observée depuis quelques année est celle du renforcement de régimes autoritaires avec différentes variantes, par exemple, celle du bonapartisme technocratique sur les terres mêmes du libéralisme.

    De ce point de vue, les Mémoires d’outre-tombe méritent relecture, tant il est vrai qu’elles décrivent cette mutation avec force : « Voyageur solitaire, je méditais il y a quelques jours sur les ruines des empires détruits. Et je vois s’élever un nouvel empire¹ ». Le regard de l’empereur était alors terrifiant : « Un moucheron qui volait sans son ordre était à ses yeux un insecte révolté² ». Napoléon fut pourtant défait par un régime plus ouvert que le sien, celui de la Russie. Dans ce duel, Bonaparte fut leurré par Alexandre. Lorsqu’il demanda son alliance le 21 mars 1812 en requérant de lui 100 000 soldats turcs, il lui offrit la Valachie et la Moldavie. Mais les Russes l’avaient devancé et leur traité fut signé le 28 mai 1812³.

    Versement géopolitique

    C’est donc Châteaubriand qui nous offre la clef des événements qui ont immédiatement suivi l’échec du coup d’État du 15 et 16 juillet 2016. La Turquie hésitait alors entre une improbable intégration européenne, la construction d’un nouvel empire turc oriental grâce à l’immense aire de civilisation dont elle dispose jusqu’à la Mongolie et un néo-ottomanisme méridional orienté vers la Syrie puis l’Egypte. Rien de tout ceci ne s’est produit. Car après l’échec du coup d’État, la Russie a retourné ce pays – comme elle l’avait fait en 1812 – au profit d’une alliance continentale avec la Chine et l’Iran.

    C’est ainsi que le nouvel empire mongol s’est reconstitué. Ce renversement géopolitique a été facilité par le fait qu’Iran et Turquie avaient multiplié leurs échanges économiques au cours de la dernière décennie, et ce malgré leurs dissensions géopolitiques. Quelles en seront les conséquences à moyen terme ? En janvier 2030, les frontières de l’Union européenne atteindront les frontières de la Biélorussie et de l’Ukraine. Cette nouvelle extension, qui précipitera encore l’affaiblissement européen, profitera à la Turquie. Ce pays cueillera en effet tous les fruits de son refus d’intégration dans le marché européen en proposant désormais un modèle alternatif et concurrent avec une Union turcique, réunion des États turcophones dans un marché commun assez souple s’étendant de la Méditerranée aux frontières de la Chine et de la Russie.

    Forces et faiblesses

    Dégagée des pressions de Washington qui lui intimait de rejoindre l’UE, Ankara rêvera de reconstituer l’un de ces grands empires mythiques issus des steppes d’Asie centrale. Mais au-delà du projet chimérique, la Turquie sera devenue un nouvel atelier du monde⁴, un géant démographique (90 millions d’habitants en 2040⁵) et une puissance militaire régionale⁶. Celle-ci lancera un appel à sa diaspora instruite d’Europe afin qu’elle revienne investir au pays. Les Turcs de l’étranger seront alors exhortés à ne pas oublier leurs racines culturelles et linguistiques, alors même que la mère patrie souffrira de vieillissement démographique⁷.

    Malgré l’essor de sa production, la Turquie ne deviendra pas pour autant la nouvelle Californie de l’Asie. En effet, l’innovation y sera de plus en plus bridée par les autorités religieuses désormais associées au pouvoir. Rompant avec l’héritage kémaliste, l’alphabet turc ottoman sera désormais conjointement enseigné avec les caractères latins pour permettre une meilleure compréhension des très riches héritages arabo-persans, ainsi que des gloires impériales. Ce retour aux sources, qui rejette l’occidentalisation imposée par Atatürk et profondément ancrée dans les mentalités de la jeunesse stambouliote, déterminera certains à quitter la Turquie : ils iront rejoindre des pays comme l’Allemagne ou même Israël où leurs compétences se trouveront employées au profit des industries de pointe.   ■  

     

    1. François-René de Chateaubriand, Mémoires d’outre-tombe, 1849, p. 29

    2. François-René de Chateaubriand, Mémoires d’outre-tombe, 1849, p. 406

    3. François-René de Chateaubriand, Mémoires d’outre-tombe, 1849, p. 161

    4. Taux de croissance de la Turquie en 2010 :
    9,2 %, 2011 : 8,8 %,
    2012 : 2,2 %.
    Il s’agit du 17e pays le plus riche en 2013. Son PNB a été multiplié par trois entre 2003-2013.

    5. Horizons stratégiques, ministère de la Défense, chapitre I, p. 39, mars 2013, mis en ligne le 5 août 2013.
    www.defense.gouv.fr/das/reflexion-strategique/prospective-de-defense/articles-prospective/horizons-strategiques

    6. Le Monde vu en 2030 par la CIA, éd. des Équateurs, 2013, p. 28.Horizons stratégiques, ministère de la Défense, chapitre I, p. 39, mars 2013, mis en ligne le 5 août 2013.
    www.defense.gouv.fr/das/reflexion-strategique/prospective-de-defense/articles-prospective/horizons-strategiques

    7. Le Monde vu en 2030 par la CIA, éd. des Équateurs, 2013, p. 97

     

    Thomas Flichy de la Neuville

    Enseigne à Saint-Cyr. 
  • Soljenitsyne, le Vendéen [5]

    25 septembre 1993, Les Lucs-sur-Boulogne

     

    par Dominique Souchet

    2293089609.14.jpgComment commémorer plus dignement qu'il n'a été fait à ce jour le centenaire du grand Soljenitsyne ? Et comment évoquer en même temps  l'écrasement de la Vendée par la fureur révolutionnaire autrement que par les indignations faciles et les formules toutes faites cent fois répétées ? Le superbe récit des relations entre Alexandre Soljenitsyne et la Vendée de Dominique Souchet que le dernier numéro de la Nouvelle Revue Universelle vient de publier répond à ce souci de façon passionnante. On a là un récit précis mais aussi une réflexion à l'altitude qui convient pour évoquer en les reliant Alexandre Soljenitsyne, la révolution russe et le massacre de la Vendée. L'horreur révolutionnaire en soi-même d'un siècle l'autre. Du XVIIIe au XXe. Nous avons entrepris dimanche dernier la publication de ce récit qui s'étendra aux jours suivants. En remerciant Dominique Souchet et la N.R.U. de nous l'avoir donné.  LFAR 

     

    Le récit

    4273640-6459671.jpg

    « NOUS N'AVONS TROUVÉ PERSONNE... »

    Moscou, monastère Donskoï, 6 août 2008. Il est 9 heures. Alexandre Soljenitsyne est mort il y a trois jours. Il a choisi d'être inhumé dans ce haut-lieu de l'histoire russe où les restes du général des armées blanches Anton Denikine et du philosophe Ivan Iline, expulsé d'Union Soviétique comme le fut Soljenitsyne, ont été trans­férés en 2005. Ce site porte les stigmates de l'impitoyable lutte antireligieuse menée par le régime bolchevik. Le dernier patriarche de la Russie impériale, Tikhon, y fut détenu jusqu'à sa mort. La splendide cathédrale a été érigée par le fils d'Ivan le Terrible pour remercier de ses protections la Vierge du Don, et pour honorer sa vé­nérable icône, de la main même de Théophane le Grec (XIVe siècle). Elle fut, un temps, subvertie en musée à la gloire de l'athéisme. Dans les années Brejnev, je l'ai visitée, dénaturée en musée d'architecture.

    800px-Donskoi_25-07-2017.jpgElle a, depuis, retrouvé sa vocation et sa beauté. C'est elle qui accueille, en cette journée orageuse au cœur de l'été, la dépouille de l'auteur de L'archipel du Goulag. Dimitri Medvedev, alors président de la Fédération de Russie, a interrompu ses congés d'été pour être présent aux obsèques.

    La famille, avec laquelle nous avions gardé des liens étroits depuis le voyage en Vendée, nous a invités, Philippe de Villiers et moi, à nous y rendre. Naturellement, nous prévenons notre ambas­sadeur à Moscou que nous serons auprès de lui pour cette cérémonie. Nous apprenons qu'il est en vacances et ne prévoit pas de rentrer. Nous interrogeons le jeune et sympathique chargé d'affaires, qui fera tout ce qu'il pourra. Mais quand nous lui demandons quelles person­nalités représenteront le gouvernement et les milieux culturels français, il répond : « Nous n'avons trouvé personne. — Comment cela... personne ? — Non, personne : il y a ceux qui ne veulent pas interrompre leurs vacances, et ceux qui font leurs bagages pour Pékin. — Pékin ? — Oui, pour parader au cœur de la Chine communiste, grande ordonnatrice des Jeux olympiques : il faut y être pour la grandiose cérémonie d'ouverture... C'est donc vous, les députés de la Vendée, qui représenterez la France, et je vous accompagnerai. »

    Dans ses Mémoires, Le moment est venu de dire ce que j'ai vu, Philippe de Villiers a décrit avec précision cette séquence histo­rique. Il y voit une illustration topique de la futilité d'une élite occidentale amnésique, se voulant sans dette ni devoir, obsédée de loisirs et toujours prête à la connivence avec le pire.

    Pour venir exprimer la reconnaissance infinie due à celui qui a délivré non seulement la Russie, mais le monde entier du vénéneux « charme d'Octobre », nous n'avons trouvé personne.

    Au pays qui sut accueillir les dissidents, et eut l'honneur de publier L'archipel du Goulag dans son édition originale russe, nous n'avons trouvé personne.

    Dans les autres pays d'Europe non plus, ni aux États-Unis, qui eurent pourtant l'honneur d'accueillir chez eux pendant vingt ans, à Cavendish, le laboratoire de la vérité sur le totalitarisme, nous n'avons trouvé personne.

    S'appliquait ainsi à son propre destin ce que Soljenitsyne, dans son discours de Harvard, avait dénoncé comme l'un des traits dominants de l'Occident actuel : la superficialité, la frivolité, la futilité.

    À l'Académie des sciences, lors du repas de funérailles qui suivit l'enterrement, la veuve de Soljenitsyne demanda à Philippe de Villiers d'évoquer, au nom de la France et de la Vendée, la mémoire du Maître. Après tous les éloges prononcés en russe, on entendit alors le Vendéen exprimer en français, aussitôt traduit par Nikita Struve, la dette immense de notre pays envers celui qui avait, sans crainte, osé mettre à nu la genèse des totalitarismes. Il dit son espoir que l'on ferait lire Soljenitsyne aux jeunes élèves français, en parti­culier le discours d'Harvard. Il exprima le souhait que l'on donnât le nom d'Alexandre Soljenitsyne à de nombreuses rues, places ou écoles, comme la Vendée venait de le faire pour le plus moderne de ses collèges, inauguré par son fils Ignat Soljenitsyne. Il manifesta enfin la profonde gratitude de la Vendée envers celui qui avait révélé le lien entre la « Roue rouge », persécutrice de la Russie, et les colonnes infernales qui ont martyrisé la Vendée, et envers l'homme qui avait lancé, en ouvrant son discours des Lucs : « Jamais je n'aurais pu imaginer, fût-ce en rêve, que j'aurais l'honneur d'inaugurer le Mémorial de votre héroïque Vendée ! »

    Les_Lucs-sur-Boulogne,_HIstorial_de_la_Vendée.jpgAlors, ce Mémorial des Lucs-sur-Boulogne, allez le voir, pour y méditer, pour y chercher l'inspiration !

    Allez-y pour retrouver la présence, toujours palpable, de celui qui lui a conféré sa dimension universelle !

    Allez-y pour retrouver la présence spirituelle de cet ami in­comparable de la Vendée, Alexandre Soljenitsyne ! ■ [FIN] 

    Lire les articles précédents ... 

    Soljenitsyne, le Vendéen [1]

    Soljenitsyne, le Vendéen [2]

    Soljenitsyne, le Vendéen [3]

    Soljenitsyne, le Vendéen [4]

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  • Alain de Benoist dit ici de justes et belles choses sur les vertus sociales de la jeunesse et sur celles des « anciens »

      

    Par Alain de Benoist

    Ces derniers jours, Alain de Benoist a donné à Boulevard Voltaire plusieurs entretiens qui nous intéressent à l'évidence. Celui-ci en particulier [11.08]. Il y exprime des idées, au sens fort, fondamentales. Lisez !  LFAR   

     

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    « Quand les « vieux » n’ont plus rien à nous apprendre c’est le passé qu’on oublie… »

    L’espérance de vie ne cesse de s’allonger. Ce phénomène n’est pas anodin, surtout depuis que les personnes âgées ne sont plus prises en charge par leur famille, comme c’est encore le cas en Afrique, mais par des établissements spécialisés qui coûtent de plus en plus cher et dans lesquels ils sont souvent maltraités. Une raison de plus pour ne pas vouloir vieillir ?

    D’abord, rien ne garantit que l’espérance de vie va continuer à augmenter, et donc que les enfants nés dans les années 2000 vivront plus longtemps que leurs parents (on a même quelques bonnes raisons d’en douter). D’autre part, l’espérance de vie en bonne santé et l’espérance de vie tout court ne sont pas la même chose (en France, 79-85 ans pour l’espérance de vie, 62-63 ans pour l’espérance en bonne santé), d’autant que la seconde augmente plus vite que la première. Mais vous avez raison, le sort de ceux qu’on appelle aujourd’hui pudiquement des « seniors » est souvent peu enviable. Il ne faut certes pas généraliser, mais dans le meilleur des cas, les vieux sont des pépés et des mémés qu’on aime bien, surtout quand ils peuvent rendre des services (garder la maison, nourrir le chat et s’occuper des enfants), dans le pire des vieillards à qui l’on n’a plus rien à dire et dont on attend, avec plus ou moins d’impatience, le transfert aux soins palliatifs, quand on ne les abandonne pas dans une supérette sur l’autoroute pour pouvoir partir en vacances !

    Il y a, à cela, de multiples causes. J’en vois au moins deux. La première tient au fait que la famille nucléaire exclut de plus en plus les grands-parents. L’évolution de l’habitat rend le plus souvent impossible la traditionnelle coexistence des générations. Et l’accélération sociale fait que les seniors ne peuvent plus transmettre leur expérience aux plus jeunes, dont le mode de vie et l’environnement technologique diffèrent radicalement de ce qu’ils ont eux-mêmes connu.

    L’autre raison est plus fondamentale. Aujourd’hui, on peut aimer les vieillards bien qu’ils soient des vieillards, mais il est très rare qu’on les respecte parce qu’ils sont des vieillards. Autrefois, c’était l’inverse. On respectait les vieux parce qu’ils étaient des « anciens » et qu’on vénérait les ancêtres. Toutes les sociétés traditionnelles rendent un culte aux ancêtres, parce que c’est à eux que l’on doit la tradition d’où sont sortis les mœurs et qu’ils ont été les fondateurs de la lignée. Pensez à ce que représentait le mos maiorum pour les Romains. L’idéologie du progrès a discrédité le passé, qui n’aurait plus rien à nous dire parce que demain sera nécessairement meilleur. Ce qui compte, c’est l’avenir, et donc la jeunesse qui va inventer un homme nouveau, tandis que le passé ne propose que des vieilleries, de croyances et de valeurs dépassées. Les vieux peuvent avoir des histoires à nous raconter, mais fondamentalement, ils n’ont rien à nous enseigner, car nous vivons dans un monde différent. La figure du père a elle-même été discréditée, à plus forte raison celle du grand-père. C’est la raison pour laquelle l’infanticide passe aujourd’hui pour le crime le plus horrible, alors qu’autrefois c’était le parricide.

    D’un côté, notre société magnifie la jeunesse, mais de l’autre, ce sont désormais les « seniors » qui, bénéficiant d’un pouvoir d’achat supérieur à la moyenne, sont l’objet de toutes les sollicitations publicitaires. La vieillesse serait-elle devenue un marché comme les autres ?

    Le senior est, à l’origine, un titre de respect : c’est de ce mot latin, dont la variante dénasalisée était seiior, que viennent le « sieur », le « sire » (cas-sujet du précédent), le « seigneur » (dérivé de la forme accusative seniorem) et la « seigneurie », le « monsieur » (« mon seigneur »), le « messire », le signor(e) italien, le señor espagnol, le senyor catalan, le sir des Anglais. Aujourd’hui, c’est une litote qu’on emploie pour faire croire aux anciens qu’ils sont encore jeunes. Et comme on leur a mis dans la tête que l’objectif de l’âge adulte est de refuser par tous les moyens de vieillir, que de surcroît ils disposent en effet souvent d’un pouvoir d’achat supérieur, ils constituent un marché juteux pour l’empire de la marchandise, qui leur propose mille recettes pour rester « toujours jeunes ». Cela n’empêche évidemment pas de voir aussi dans la jeunesse un marché très profitable. La logique du profit est ainsi faite qu’elle recouvre tout ce qu’elle peut avaler, même ce qui naguère ne pouvait être ni acheté ni vendu.

    En politique, les Français paraissent être à la fois nostalgiques de la figure du « vieux sage », le général de Gaulle ou Antoine Pinay, et très demandeurs de celle des « jeunes loups », comme Emmanuel Macron, voire des « jeunes louves », comme Marion Maréchal. Ces deux aspirations ne sont-elles pas contradictoires ?

    ulysse.jpgJe ne crois pas. Chaque âge à ses vertus et il n’est pas interdit de les apprécier toutes : l’énergie et le savoir, la combativité et la sagesse, le chevalier et le roi, le guerrier et le philosophe, etc. Dans les récits homériques, si Achille représente l’intensité, Ulysse (Illustration) représente la durée, ce qui n’empêche pas les Troyens comme les Grecs de respecter Priam ou Agamemnon. Dans le schéma trifonctionnel de l’idéologie indo-européenne tel que l’ont restitué Georges Dumézil et quelques autres, la première fonction (la souveraineté politique, juridique et religieuse) et la deuxième (la fonction guerrière) se complètent très bien. Il en reste heureusement encore quelques traces dans l’esprit de nos contemporains. 

    Intellectuel, philosophe et politologue

     
     
    Entretien réalisé par Nicolas Gauthier 
  • Sortir de l’ambiguïté • Par Jean-Baptiste d'Albaret

    Edito136OK             

     

    Cachez cette crèche que je ne saurais voir ! Le mois de décembre, qui est depuis 2 000 ans le mois de la fête de la Nativité, est aussi depuis plus de 100 ans celui où l’on commémore, en France, l’anniversaire de la loi de 1905 sur la séparation de l’église et de l’état. C’est l’occasion saisie par la « Fédération de la Libre Pensée » pour exiger que soit retirée des locaux du conseil général de Vendée, la crèche qui y est, selon l’habitude, installée tous les ans à l’approche de Noël. Le tribunal administratif de Nantes a sommé le président du Conseil général, Bruno Retailleau, de se plier aux exigences de ladite fédération dont la grotesque devise, « Ni Dieu, ni maître, à bas la calotte et vive la sociale ! », explique sans doute les indignations sélectives.

    Dans l’Hérault, c’est le préfet qui a demandé à Robert Ménard de démonter la crèche qu’il a fait placer dans sa mairie de Béziers. Il a refusé. Sa résistance a éveillé de nombreux soutiens, droite et gauche confondues.

    A défaut d’une expression de foi en l’avènement du Messie, ces manifestations de sympathie qui ont fleuri à travers tout le pays, notamment sur les réseaux sociaux, témoignent de l’attachement des Français à cette tradition populaire née du catholicisme. Une crèche dans un bâtiment public, et alors ? S’il est entendu que la foi relève d’une adhésion intime, le christianisme, n’en déplaise à Valéry Giscard d’Estaing ou à Jacques Chirac, irrigue en profondeur la culture des pays occidentaux.

    C’est en niant cette évidence qu’on érige en controverse ce qui n’est en réalité qu’un faux débat. D’abord parce que la laïcité étriquée, telle que la conçoivent les héritiers du petit père Combes, ne semble pas en mesure de répondre aux défis lancés par le fanatisme religieux – ce ne sont pas des catholiques qui posent aujourd’hui des bombes au nom de leur foi. Ensuite parce que la laïcité, ou mieux, la distinction de l’ordre laïc et de l’ordre religieux, n’est pas une fille des Lumières mais une notion apportée à l’histoire universelle par le christianisme. Et singulièrement dans notre pays, né en tant que nation politique par le baptême de Clovis, il y a 1 500 ans. Que nos hommes politiques reconnaissent ces simples faits d’évidence ! La vieille laïcité républicaine aura vécu et les Français, de toutes origines, ne s’en porteront que mieux.

    Politique magazine consacre un grand dossier aux dix-huit mois de pontificat de François. Ce pape qui se veut d’abord et avant tout évêque de Rome, impose son propre style, fait de simplicité affichée et de gestes spectaculaires. Or, ce style « bouleverse l’Église », comme affiche en « une » le Figaro Magazine du 19 décembre. Le Synode sur la famille a, en effet, suscité quelques incertitudes et inquiétudes quant aux intentions de François. Adulées par les médias, ses idées soulèvent, au Vatican même, des remous qui vont jusqu’à créer une certaine forme de résistance.

    L’inquiétude ressentie n’est pas tant au sujet de la forme d’une pastorale résolument missionnaire qu’à celui du fond qui touche aux questions de doctrine. Benoît XVI avait fait de « la réforme de la réforme » la priorité de son pontificat. Toute une jeune génération s’est identifiée à cette façon d’être catholique, décomplexée et à l’aise dans sa foi. Yann Raison du Cleuziou, dans l’enquête sociologique qu’il consacre aux « cathos d’aujourd’hui » (éd. Desclée de Brouwer), les appelle les catholiques « néoclassiques ». Forces vives du combat de la Manif pour tous, formés dans le creuset des JMJ et par l’enseignement magistériel de Jean-Paul II et de Benoît XVI, ils voient resurgir aujourd’hui des débats autour d’une prétendue « ouverture au monde » datant des années 70. Débats oubliés et, à vrai dire, bien usés…

    De cette question de l’attitude de Rome et des catholiques à l’égard du monde, agitée depuis 40 ans, dépend en partie l’avenir de l’Église. Or cet avenir – c’était la leçon du pontificat précédent – ne peut évidemment s’inscrire que dans l’unité et la continuité de la foi. Au risque de voir resurgir un vain combat entre anciens et modernes… où les modernes ne seraient pas forcément ceux qu’on croit.  

    * Politique magazine - L'éditorial

  • Le danger de l’impérialisme néo-ottoman, par Christian Vanneste.

    Source : https://www.christianvanneste.fr/

    Contrairement à ce que disait le calamiteux Mitterrand, ce n’est pas le nationalisme qui est la guerre, mais l’impérialisme. Une nation a vocation à défendre son identité, sa population, son territoire et non à s’en prendre à ses semblables. La guerre sera pour elle défensive, fondée sur la légitime défense et compatible avec la conception chrétienne des conflits. La politique royale tendait à assurer le pré carré, c’est-à-dire un territoire national capable de se défendre sur des frontières naturelles.

    christian vanneste.jpgLa Révolution et l’Empire ont au contraire mené des guerres impérialistes dont l’échec final a définitivement clos la réalisation du premier objectif. L’impérialisme allemand appuyé sur le peuple, sa langue, sa culture, sa race a pris le relais en dévastant l’Europe. L’impérialisme soviétique s’est déployé après l’effondrement de l’Allemagne. Comme les Français s’étaient appuyés sur leurs idéaux révolutionnaires, les Russes ont brandi l’étendard du communisme pour mener une entreprise de domination du monde, et non plus de l’Europe. Ils avaient en face d’eux un autre impérialisme, celui des Etats-Unis, sous les drapeaux de la liberté, du droit, et du marché ouvert, infiniment plus sympathique, mais servant lui aussi les intérêts mondiaux d’un Etat, d’une culture, d’une civilisation, celle qui prolongeait l’Empire britannique, en alliant la langue anglaise, la liberté économique et l’exploitation des richesses planétaires. Pendant un court moment, celui où a triomphé Fukuyama et sa « Fin de l’Histoire », on a cru que le second avait terrassé le premier, et que la « pax americana » allait régner sur le monde… L’illusion s’est dissipée.

    Depuis, l’impérialisme a fait des petits et les risques de guerre se sont multipliés. Pour vaincre les Soviétiques et se venger habilement du Vietnam en Afghanistan, les Américains ont utilisé un vieil impérialisme endormi, celui de l’islam, éteint depuis que le califat ottoman avait disparu au profit de la République turque, nationaliste et laïque, qui avait abandonné ses rêves d’Empire. Un pays immensément riche, étroitement lié aux Etats-Unis, mais porteur du coeur de l’islamisme, avec sa foi la plus rigoureuse et ses lieux saints, l’Arabie Saoudite, associé à l’un des pays musulmans les plus peuplés et traversés de fanatisme, le Pakistan, avaient, en fournissant les armes américaines et les volontaires au djihad, ébranlé l’URSS qui ne s’en est pas remise. L’islamisme est l’un des nouveaux « impérialismes », en fait un ancien, ressuscité. Malgré son pétrole et ses dollars, son prolongement dans la Ligue islamique mondiale et l’Organisation de la Coopération Islamique, on voit mal un Etat dans le fond assez faible et mené par une famille princière certes nombreuse mais dont l’hypocrisie heurte beaucoup de musulmans, l’Arabie, incarner l’impérialisme musulman. On voit bien, en revanche se lever les candidats. Le premier a été l’Iran, dès 1979, avec la prise de pouvoir par Khomeyni. Le nationalisme perse du Shah laissait place à l’impérialisme musulman des mollahs, c’est-à-dire des chiites, doublement minoritaires comme perses, et non arabes, comme chiites, et non sunnites. On en voit les conséquences au Liban avec le Hezbollah et au Yémen avec les Houthis. Le rôle des chiites en Syrie a été considérable pour soutenir l’allié alaouïte de Damas, Bachar Al-Assad, mais celui-ci n’est pas un impérialiste religieux, c’est un nationaliste.

    Le second candidat n’est pas plus arabe que le premier. Il est turc, mais sunnite, et même lié étroitement avec les Frères Musulmans, nés en Egypte dans les années 1930 qui représentent beaucoup plus que les Saoud le retour de flamme de l’islamisme, et sont plus opposés aux monarchies arabes, au nationalisme arabe, qu’aux cousins chiites sur lesquels ils n’ont pas été sans influence. C’est évidemment celui qui est le plus dangereux. L’arrivée au pouvoir de l’AKP et d’Erdogan a fortement infléchi la politique turque. Celle-ci était laïque, nationaliste et pro-occidentale. L’Islamisme a redonné à la Turquie son ambition impérialiste. Elle dominait le monde arabe de la Palestine à l’Irak jusqu’en 1918. Elle semble vouloir étendre son influence sur son ancien Empire, en flattant le nationalisme turc à l’intérieur et la solidarité islamique à l’extérieur. Sa force repose sur trois piliers : d’abord le nationalisme brutal voire génocidaire de la Turquie durant la transition entre la monarchie et la république avec l’élimination des Arméniens, des Grecs et des Assyro-Chaldéens qui se poursuit à l’encontre des Kurdes et a justifié l’occupation d’une partie de Chypre ; ensuite son affichage à la pointe de l’islam avec la provocation de faire à nouveau de la Basilique byzantine Sainte Sophie, une mosquée, et la participation au djihad des Frères Musulmans, en Syrie et aujourd’hui en Libye ; enfin l’ambiguïté des apparences. Ankara continue à participer à l’Otan et à se vouloir « européen ».

    Le quatrième pilier de sa force ne lui appartient pas. Il repose sur l’extraordinaire faiblesse politique de ses adversaires, en l’occurrence les pays européens directement menacés en Méditerranée et au sein même de leur population par la manipulation de l’immigration turque par le régime d’Ankara. La rigueur allemande envers la Grèce lors de la crise financière fait place à beaucoup de retenue vis-à-vis de la Turquie, vieux partenaire, dont beaucoup d’électeurs allemands sont maintenant originaires ! La Turquie pratique le chantage à l’immigration, occupe une partie de la Syrie, massacre les Kurdes en Syrie et en Irak où elle vient de tuer deux hauts-gradés irakiens, continue d’occuper illégalement une partie de Chypre, membre de l’Union Européenne, intervient militairement en Libye pour soutenir les Frères Musulmans de Misrata, et se moquant des frontières maritimes internationales explore des ressources dans les eaux d’autres pays ou menace les îles grecques proches de ses côtes. La France, l’Egypte, les Emirats réagissent mais trop tard : il fallait faire gagner Haftar ! La Russie, objectivement complémentaire de l’Europe, est rejetée parce que l’Europe suit une politique américaine contraire à ses intérêts. Elle louvoie donc, enchantée de contribuer aux difficultés de l’Otan. L’Amérique pense à ses élections, à Israël, à détruire le régime iranien et se tient à distance de la politique turque sans lui nuire, tout en empêchant la Syrie de retrouver sa souveraineté totale. La dispersion velléitaire des Européens, la rhétorique macronienne impuissante et relativement isolée, ont ouvert un boulevard à l’impérialisme néo-ottoman.

  • A côté de de Gaulle, Macron n’est… rien !, par Christian Vanneste.

    La récupération, l’instrumentalisation des anniversaires liés à la personnalité du Général de Gaulle par son indigne successeur à l’Elysée, ne peut que révulser ceux qui étaient présents et conscients lors des événements que l’on commémore. Ils sont de moins en moins nombreux, et à part ceux qui s’intéressent à l’histoire et ont acquis des connaissances, beaucoup risquent de se laisser prendre à une nouvelle mise en scène de la « théâtrocratie » macronienne, comme dit Maffesoli. Celui qui occupe actuellement l’Elysée est en tous points l’exact contraire du Général. La tentative de s’identifier à lui en raison de la fonction relève de l’imposture et de la supercherie.

    christian vanneste.jpgDe Gaulle a exercé à deux reprises le pouvoir exécutif à son plus haut niveau : une première fois, à la Libération, en tant que Chef du Gouvernement, et la seconde comme Président de la République. Dans les deux cas, sa légitimité ne faisait aucun doute. Elle était d’une nature métapolitique, reconnue comme l’expression d’une nécessité historique et d’un sursaut du vouloir-vivre national. Néanmoins, dans les deux cas, le Général avait tenu à légitimer par le droit ce qui était fondé sur un rapport de forces. Au sein de la Résistance, jusqu’à la constitution du Gouvernement provisoire, puis lors du retour à Paris, où il retrouva son bureau de la Rue Saint-Dominique, celui du sous-secrétaire d’Etat à la Guerre et à la Défense Nationale qu’il était avant de partir pour Londres, de Gaulle s’appliqua toujours à conforter son pouvoir par un cadre juridique solide. « Ministre » de la IIIe République, il avait incarné la continuité face à Vichy, « nul et non avenu », puisqu’il était sous la botte allemande. Mais le vrai socle de sa légitimité était l’adhésion populaire, cet enthousiasme de la Libération de Paris et cet autre de 1958. D’où son départ de 1946, face au retour des partis, et son retrait définitif après l’échec du référendum de 1969. Le président actuel tient son pouvoir d’une élection entachée par un complot de cabinet mêlant le politique, le médiatique et le judiciaire, comme l’a révélé devant une commission de l’Assemblée Nationale l’ancienne procureure du PNF, poussée à accélérer la procédure contre Fillon, afin de discréditer le candidat qui logiquement devait être élu en 2017. Son peu de goût pour les référendums, et sa tendance à monopoliser la parole, sans la présence d’une presse pourtant servile, opposent sa pratique du pouvoir à celle de son illustre prédécesseur.

    Cette différence est d’autant plus choquante que les deux hommes n’ont rien de semblable, que leurs vies n’ont pas la même altitude. Le Président de la République est Chef des Armées. L’officier issu de Saint-Cyr, trois fois blessé durant la Première Guerre mondiale, concepteur de l’arme blindée, général à titre provisoire commandant une division blindée en 1940 dans des combats à Montcornet et Abbeville qui ne furent pas malheureux, puis initiateur de la Force de frappe nucléaire à son retour au pouvoir en 1958, exerçait légitimement cette responsabilité. On ne peut pas en dire autant de celui qui a évité le service militaire. De Gaulle était l’homme du 18 Juin qui avait progressivement incarné la Résistance, puis la Libération, Macron, ce n’est rien, un énarque qui a grandi à l’ombre des cabinets et des réseaux de copinage et de connivence, un élu au plus haut poste de la République sans avoir exercé le plus modeste mandat électif auparavant.

    Pour décrire l’entourage macronesque on a le choix entre la Cour du roi Pétaud et celle des Miracles… Faut-il rappeler qu’à Matignon, il y eut Debré, Pompidou, Couve de Murville et qu’on a Edouard Philippe.. que le Porte-parole, c’était Alain Peyrefitte, et qu’on a Sibeth Ndiaye… Le Garde des Sceaux était Jean Foyer, et nous subissons Belloubet.. à l’Intérieur, c’était des Frey, des Fouchet, l’inconvenant Castaner à présent, à la Culture Malraux, et je ne sais qui aujourd’hui… Au perchoir de l’Assemblée, il y avait Chaban-Delmas, et maintenant Ferrand dont les affaires traînent autant que celle de Fillon a été précipité…. On pourrait continuer la liste de ceux qui accompagnaient le Général, certains depuis 1940, comme Maurice Schumann ou Robert Galley, d’autres qui l’avaient rejoint ensuite, notamment lors de la création du RPF en 1947, comme Olivier Guichard. La plupart de ces grands serviteurs de l’Etat, les Barons du gaullisme, s’étaient enracinés électoralement et devaient abandonner leur portefeuille ministériel s’ils étaient battus aux élections, à une époque où un ministre ne retrouvait pas non plus son siège de parlementaire s’il quittait son ministère. La comparaison entre les hommes qui ont gouverné la France dans les années 1960, souvent en butte à l’hostilité majoritaire de la presse, et la faune qui a envahi les pouvoirs en 2017 est d’autant plus affligeante que cette dernière bénéficie d’une large complicité dans les médias.

    Cela tient au « progressisme » macronien, c’est-à-dire à la décadence qui est « en marche » avec lui, dans notre pays. De Gaulle n’était pas rétrograde, mais il était conservateur de l’essentiel. La pilule, oui, mais l’avortement, non. Il représentait la stabilité familiale, avec son épouse et ses trois enfants dont une handicapée. Le « modèle » offert par le couple présidentiel incite au silence. Tout rapprochement entre ces deux hommes est une imposture, une supercherie, une usurpation.

  • Dans les campagnes, le Covid-19 est parfois devenu la nouvelle bête du Gévaudan…, par Gabrielle Cluzel.

    Source : https://www.bvoltaire.fr/

    L’histoire se déroule dans une petite ville du Sud. Une bastide jadis flamboyante fondée par Alphonse de Poitiers, une petite Venise traversée par l’Aveyron, dont les ruelles aux façades ciselées ceignent comme un étroit écrin la collégiale tendue vers le Ciel. Aujourd’hui, on croirait parfois une petite vieille en EHPAD, recroquevillée sur elle-même, ruminant son passé, quand elle était pimpante et joliette, courtisée et entourée – des portraits sur les murs témoignent, d’ailleurs, de sa beauté passée.

    gabrielle cluzel.jpegMais à présent, elle est désorientée, fatiguée, découragée, parfois revêche. Car elle a peur, peur et peur. Peur de mourir, au point qu’elle finit par mourir de peur.

    Dans sa gare, les trains ne passent presque plus. Peut-être un jour seront-ils tout à fait supprimés. Il faut dire qu’il y a peu de voyageurs. Peut-être parce que ceux qui s’essaient à prendre un billet se cassent souvent le nez : TER retardé ou annulé, correspondance ratée… qui est la poule, qui est l’œuf ?

    Chaque année, on compte les nouvelles vitrines vides, les commerçants qui ont déclaré forfait, les artisans ayant pris leur retraite ou jeté l’éponge. Un grand panneau rouge « À vendre », « À louer » ou « À céder » barre la porte en travers, comme les scellés de la scène du crime, et l’on aperçoit par la vitre sale les reliques de feu la dernière activité : des rayonnages, un escabeau, un poster publicitaire.

    Parfois, dans une sorte de thanatopraxie urbaine, de grandes photographies riantes – des paysans à béret y moissonnent gaiement sous le ciel bleu, des villageoises en tenue traditionnelle dansent la bourrée avec entrain – sont placardées sur les vitres. On ne sait si ces fresques panoramiques rendent les rues plus dynamiques ou pathétiques. Cet été, il n’y a même pas eu les traditionnelles fêtes votives, foires et festivités du 15 août pour réveiller la région.

    Peut-on accuser le maire ? Même pas. Nouvellement élu, il déploie des trésors de séduction – embellissement du marché hebdomadaire, stationnement gratuit – pour ramener dans le cœur de la ville les consommateurs qu’une zone commerciale en périphérie, avec son cortège d’enseignes banales et de ronds-points hideux, a contribué à chasser. Las, le Covid-19 a eu raison de sa volonté. C’est qu’il ne suffit pas d’attirer les clients, il faut aussi convaincre les boutiques de les accueillir. Dans les bourgs ruraux, il en va parfois du Covid-19 comme, jadis, de la bête du Gévaudan : on est d’autant plus angoissé qu’on ne l’a pas vu de près et que l’on en entend colporter – par le journal de 20 heures – d’effrayantes descriptions qui suscitent le fantasme. Car l’uniformité n’a pas seulement frappé les commerces, autrefois pittoresques et propres à chaque région, mais aussi la façon de raisonner, qui a cessé d’être originale et qui, elle aussi, semble être sortie d’une usine mondialisée de prêt-à-penser. Le bon sens paysan a déserté les campagnes quand la télé est entrée dans les foyers, disait mon grand-père. Et jamais celle-ci n’a été autant regardée que durant l’oisiveté forcée de ces derniers mois. Tant pis si ici, la densité de population moyenne dans la rue s’apparente à celle des grandes métropoles en période de confinement, rendant le risque de voir l’épidémie flamber plus que très minime.

    Les quelques vacanciers présents sont rarement là par hasard. Il faut avoir des attaches pour connaître le lieu. La Parisienne que je suis devenue se sent un devoir, l’été, de retour dans son terroir familial, de consommer local pour soutenir les commerces. Toutes les deuxièmes quinzaines d’août, j’y fais mes courses de rentrée scolaire, jugeant que les commerçants d’Île-de-France n’ont pas besoin de moi pour vivre. Ceux du Rouergue non plus, apparemment, c’est ce qu’ils viennent de me faire comprendre.

    L’un de mes fils passant en 6e, j’ai décidé, comme à ses aînés, de lui offrir un sac de collégien flambant neuf pour remplacer son cartable d’écolier. C’est un peu un rite initiatique. C’est toujours la même besace, celle que l’on voit sur le dos de tous les gamins, seule la couleur change. Choisie par l’enfant. Avec l’approbation de la fratrie qui l’accompagne invariablement en procession.

    Nous poussons la porte du maroquinier sous les arcades.

    Les enfants entrent gaiement les premiers sans se méfier. La femme au comptoir, derrière son rempart de Plexiglas™ dans lequel a été découpé une sorte de souricière, l’espace pour glisser le terminal de la carte bleue – dûment désinfecté -, fusille du regard et de la voix les plus jeunes : « Vous devez mettre un masque. » Mais ils ont moins de 11 ans, ce n’est pas obligatoire, essayé-je d’objecter poliment. Nous autres, adultes, en sommes bien sûr docilement équipés. Les adolescents aussi. La commerçante irascible ignore l’objection. « Vous ne devez pas être plus de deux », aboie-t-elle, encore, du fond de sa grande boutique vide, totalement vide, désespérément vide. Mais puisque nous sommes du même foyer ! Rien n’y fait. Le père, les frères et sœurs doivent sortir. Ce qui nous est autorisé dans un restaurant, un supermarché, un musée nous est interdit ici. Qu’il n’y ait aucun autre client n’y change rien. Chacun s’est bricolé ses règles sanitaires sans queue ni tête à l’aune de ce qu’il a cru entendre ou comprendre dans les médias. Et les assène avec le dogmatisme implacable d’un professeur Salomon doté de l’accent occitan et qui vendrait des sacs.

    L’enfant, seul, les larmes aux yeux, fait en une demi-seconde son choix. Dans la rue, derrière la vitre, le reste de la famille lui signifie gentiment par un pouce levé ce qu’il pense de la couleur. Mais le rite de passage, le petit plaisir qui fait digérer l’inquiétude de la rentrée est gâché, bâclé. La vendeuse nous tend notre paquet à bout de bras. On ne sait jamais, n’est-ce pas. Elle ne se pince pas le nez, ce ne serait pas hygiéniquement correct de tripoter cet organe, mais l’idée y est. Le petit frère encore en primaire, qui a tout suivi en silence, sur le trottoir, met sa main dans la mienne et chuchote : « Quand ce sera mon tour, on ira l’acheter à Paris. » J’acquiesce de la tête. La ne meurt pas, elle se suicide.

  • Une leçon du Covid-19 : le mondialisme est mort !, par Christian Vanneste.

    Et si dans la guerre des civilisations, le vainqueur était l’Extrême-Orient ? L’idée que le monde convergeait vers une civilisation universelle et pourquoi pas un jour vers un gouvernement planétaire, vers la fin de l’Histoire avec l’avènement d’une démocratie éclairée fondée davantage sur le règne conjoint du droit et du marché que sur celui de la volonté populaire, avait séduit au lendemain de l’effondrement du bloc soviétique. La liberté s’était montrée plus forte que le centralisme étatique, miné par ses contradictions et écrasé par son propre poids.

    christian vanneste.jpgCette interprétation des événements réjouissait la caste qui domine en Occident et qui se croit la maîtresse du monde lorsqu’elle se réunit à Davos ou ailleurs. Elle n’avait pas suffisamment perçu que les identités civilisationnelles avaient été les auteurs de l’estocade portée à l’empire soviétique : le catholicisme d’un pape polonais, la résistance des islamistes afghans… Le terrorisme islamiste qui a pris son essor ensuite a incarné, depuis, la guerre des civilisations : sous des formes diverses, la présence de l’islam signifiait guerre et violence, entre musulmans, à la frontière des pays où cette religion est dominante et à l’encontre des majorités ou des minorités auxquelles l’islam est confronté à l’intérieur d’un même Etat. La France a été particulièrement touchée par cette réalité qui remet en cause la politique d’immigration assimilatrice qu’elle pratiquait depuis la fin du XIXe siècle. L’oligarchie qui règne dans notre pays sous l’apparence de la démocratie a toujours voulu minimiser la question. Les intérêts électoraux des uns, économiques des autres sacrifiaient volontiers l’identité nationale dans la perspective illusoire d’un effacement des frontières et d’une fusion de l’humanité. Le mondialisme des échanges, le relativisme des idées, le cosmopolitisme des hommes étaient pour la techno-structure dirigeante en Occident des évidences qui s’imposeraient à tous y compris aux musulmans. Le populisme n’était à ses yeux qu’un mouvement stupidement rétrograde.

    Paradoxalement, c’est la mondialisation qui a tué le mondialisme comme la centralisation avait tué le communisme. Le Covid-19 joue en effet ici le rôle destructeur qu’avait joué la résistance afghane à l’encontre de l’URSS : il pointe les contradictions, souligne les faiblesses cachées de ce qui apparaissait fort, et précipite les fractures. Et cette fois, l’opposition ne se situe pas entre l’islam resurgi du passé grâce au djihadisme, au pétrole, à la démographie et l’Occident, mais entre celui-ci et l’Extrême-Orient, entre le monde chinois et le Japon d’une part, les pays les plus riches et les plus développés du monde occidental, d’autre part. La pandémie est venue de Chine, ce qui n’est pas nouveau, mais elle y a été contenue, et n’a guère atteint les autres pays qui composent cette famille civilisationnelle. La discipline des comportements imposée par un régime totalitaire mais aussi volontairement acceptée dans les Etats apparemment libéraux a limité les effets de la contagion et a endigué sa propagation. Le holisme qui prévaut dans ces pays s’est montré plus efficace que l’individualisme forcené qui l’emporte chez nous. Il suffit de comparer les foules denses et masquées des immenses conurbations asiatiques au spectacle délirant que Paris a offert hier encore sur le bord de la Seine : une masse compacte de joyeux drilles se trémoussant sans distance ni protection sans penser ni aux autres, ni au lendemain, ni encore moins au pays. Ce dernier ne sort pas d’une gestion désastreuse de la crise où ont alterné l’impréparation et la pénurie, puis le confinement rigide et aveugle, puis une libération illusoire que l’on peine aujourd’hui à démentir. L’Occident se perd entre démagogie confondue avec la démocratie, et pédagogie timorée : elles ne peuvent inciter à une discipline, à un ordre légitimes et consentis dès lors que l’idéologie sourdement dominante invite à l’épanouissement individuel et sans frontière. Le visage sympathique de l’hédonisme ne peut brutalement laisser la place à la rigueur confucéenne. La décadence est souriante : elle correspond à ce bonheur de vivre dont Talleyrand parlait à propos des dernières années de l’Ancien Régime… pour les homme de son rang tout au moins. Que Paris-Plage ait lieu quand le Festival d’Avignon est supprimé, qu’on préfère dans notre pays le divertissement vain à la culture, est un signe qui ne trompe pas sur ce qu’est devenue la France. Dieu merci, Philippe de Villiers a sauvé le Puy-du-Fou !

    Le Covid-19 est venu de Chine avec des travailleurs ou des touristes Chinois, comme viennent aussi les produits chinois. L’inconscience occidentale particulièrement aveugle en France a minimisé son arrivée, puis surtout a fait oublier que beaucoup des armes nécessaires pour le combattre n’étaient plus fabriquées chez nous, que nous étions même devenus incapables de les produire. Devant la pénurie, les égoïsmes nationaux se sont légitimement réveillés. Des Etats se sont souvenus que leur première mission était la protection du peuple qu’ils ont en charge. L’Europe sans frontières, le monde sans murs et avec des ponts, se sont estompés chez la plupart des dirigeants responsables. L’idée que l’individu n’a pas que des droits mais aussi des devoirs envers la collectivité qui l’a nourri devrait s’imposer à nouveau. Et cette idée n’est pas plus étrangère à Socrate qu’à Confucius, malgré leurs énormes différences par ailleurs.

  • Éric Zemmour: «La vraie écologie est d’essence conservatrice»

    Eric Zemmour Jean-Christophe MARMARA/Le Figaro

    Dans son essai Durer (Les Belles Lettres), Pierre Caye dessine une conception de l’écologie qui tranche utilement avec la vision progressiste des Verts.

    De quoi l’écologie est-elle le nom? Des pistes cyclables dans les villes? De la dénonciation des sapins de Noël et du Tour de France? De la lutte contre le nucléaire? De la défense des migrants?

    Si vous répondez oui à toutes ces questions, vous êtes un Vert. Si vous répondez non, vous avez déjà compris la différence entre l’écologie et l’écologisme, entre une science et une idéologie, entre une philosophie d’essence conservatrice, soucieuse de transmission et de tradition, et des militants progressistes, gauchistes, qui ont hérité de l’individualisme épicurien et mondialiste des soixante-huitards, aux antipodes d’une véritable pensée écologique.

    C’est la première leçon qu’on tire de la lecture de l’ouvrage de Pierre Caye. Mais c’est loin d’être la seule. L’auteur est directeur de recherche au CNRS, ancien normalien, féru de philosophie. Sa prose s’en ressent ; elle se fait souvent magma pâteux et abscons, qu’il faut parfois relire plusieurs fois avant d’en tirer la substantifique moelle. Dommage. La pensée est brillante et iconoclaste. Caye évite l’habituelle confrontation entre écologie et économie, entre technique et nature, et même entre souveraineté de l’État et développement durable. Celui-ci n’est nullement la panacée proclamée partout. Il est et a été souvent utilisé comme un moyen habile de libéraliser le marché : «Une part de l’écologisme a joué un rôle précoce et moteur dans l’émergence des sociétés néolibérales dès les années 1970.»

    C’est tout le système de production, nous explique notre auteur, qui doit se transformer. Le capital ne doit plus seulement avoir le seul souci de la rentabilité, mais être considéré comme un patrimoine. Le travail humain ne doit pas craindre la machine, mais au contraire se lier à elle, en développant son rôle de maintenance, d’entretien, on oserait presque dire de soin. La technique n’est pas l’ennemi de l’homme. Reprenant les travaux du grand paléontologue Leroi-Gourhan, notre auteur nous rappelle que la technique est à l’origine du processus qui a fait de nous des humains doués de parole et donc de cerveau. C’est la technique qui nous a différenciés des animaux. Nous ne devons pas en avoir peur. «On confond les métiers et les tâches. Les tâches peuvent être automatisées sans que la part humaine du métier disparaisse.» De même, dans l’agriculture, les sols sont «artificialisés» depuis le néolithique. Le drame contemporain est « l’industrialisation des sols ».

    L’opposition n’est pas où l’on croit. La technique n’est pas l’ennemi de l’homme, et la découverte n’est pas l’ennemi du passé: «Les mutations technologiques les plus récentes trouvent leur origine dans des découvertes fondamentales vieilles de plusieurs décennies (…). Un système productif est en réalité un palimpseste technique où le choc du passé est aussi structurant que celui du futur (…). La disruption rompt cette chaîne et remet en cause les conditions mêmes de l’invention et de l’innovation.» La fameuse « disruption » que prône notre président de la République (et bien d’autres leaders occidentaux), est la condition de la «destruction créatrice» chère à Schumpeter. Elle est donc aux antipodes de ce développement durable que le même Macron nous vante également. Toujours ce maudit « en même temps » !

    Caye assume avec intelligence le rapport profond entre écologie et conservatisme. Redécouvre les vertus de l’ancien droit de nos rois balayé par la conception bourgeoise du code civil. L’écologie est transmission et conservation. Elle nécessite une politique du patrimoine. Elle est profondément réactionnaire. Elle ne s’oppose pas à la propriété, mais à un capitalisme moderne qui ne connaît plus que les flux, et leur circulation toujours plus rapide, toujours plus rentable: «La mondialisation est la marchandisation généralisée des choses. Son contraire est le retour du patrimoine comme de la ressource protégée.»

    Les mérites de l’authentique souveraineté

    Caye redécouvre les mérites de l’authentique souveraineté. Il ne méconnaît pas les liens profonds dans l’histoire de l’Europe entre la construction des souverainetés nationales et le productivisme économique, liant industrie, recherche et puissance militaire, sur le modèle de l’Allemagne bismarckienne, imité par les États-Unis (et la France gaullienne). Un modèle qui est aujourd’hui encore celui de la Chine. L’Union européenne est sortie de ce modèle historique pour se jeter dans celui de la gouvernance. A ruiné les souverainetés nationales des pays européens sans édifier une souveraineté européenne inatteignable. C’est ce qu’on appelle passer de Charybde en Scylla. Caye plaide que l’authentique écologie aujourd’hui réside dans la maîtrise du temps, le passage indispensable du temps court qu’impose la mondialisation néolibérale, à ce temps long qui permettrait seul de maîtriser les nécessaires bouleversements de notre modèle économique.

    « Comment rétablir la souveraineté nationale sans sacrifier le développement durable à la volonté de puissance ? La véritable souveraineté politique, que la gouvernance ne saurait exercer, est un pouvoir capable de modifier la machine, d’avoir prise sur elle et non seulement de la nourrir et de la réguler (…). Le souverain est celui qui sort du temps court.»

    Caye prône le grand retour de l’État, non par idéologie, mais parce que notre époque l’exige : « Pendant des siècles, la société incarnait la tradition et avait le sens du temps. Il revenait au politique de la sortir de ses traditions pour en accélérer l’évolution. Aujourd’hui, le rapport se renverse : la société prise dans la mobilisation totale, perd le sens du temps, qu’il revient désormais au politique de cultiver et de préserver. En régime de mondialisation, la souveraineté, c’est le temps. » Quand on regarde la classe politique contemporaine, on se dit que personne n’est calibré pour cette tâche.

    Source : https://www.lefigaro.fr/vox/

  • ”Anticiper la montée des menaces” : Lettre ASAF du mois de décembre 2020.

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    Lors des récentes auditions devant les commissions de la Défense de l’Assemblée nationale et du Sénat, les quatre chefs d’état-major ont insisté sur l’absolue nécessité de disposer des ressources prévues dans la loi de programmation militaire (LPM 2019-2025).  Ils ont rappelé que, non seulement il était urgent de remplacer nos matériels vieillissants, mais aussi de durcir les moyens et l’entraînement de nos forces, de donner de « l’épaisseur » à nos armées, ainsi que de développer des capacités nouvelles notamment dans les domaines cyber et spatial.

    Des propos d’alerte stratégique bien peu médiatisés

    Les comptes rendus de ces auditions constituent une mine d’informations et il est consternant de voir que les préoccupations des grands responsables militaires demeurent quasiment confidentielles tandis que des chroniqueurs abordent les questions de Défense sans avoir la moindre compétence.

    Quel média du service public a interviewé, à une heure de grande écoute, ces généraux qui engagent la vie de 250 000 Français dans des opérations complexes, de jour comme de nuit, 365 jours par an sur toute la surface du globe ? Qui leur demande comment sont utilisés les 35 milliards d’euros du budget de la Défense ? Combien de journalistes s’inquiètent des insuffisances de nos armées et dans quels domaines ?

    La ministre des Armées a reconnu celles du service de santé des Armées au regard de ses effectifs et des besoins à couvrir tant en Métropole et en Outre-mer qu’en opération. Personne ne cherche à savoir comment les armées, malgré la crise de la Covid, s’entraînent et remplissent leurs missions de défense de l’espace aérien, des approches maritimes et du territoire.


    Durcir les moyens et l’entraînement

    Nos armées sont engagées depuis des décennies dans des opérations dites asymétriques, au cours desquelles elles ont notamment la maîtrise du ciel qui permet à nos drones, avions et hélicoptères d’utiliser l’espace aérien librement. Mais qu’en serait-il si l’ennemi disposait de missiles antiaériens ?

    Durcir nos moyens signifie remplacer les moyens anciens, peu blindés ni armés, par des engins plus récents, disposant de blindages composites et équipés de détecteur de visée ou de missile. Mais c’est aussi augmenter leur « épaisseur opérationnelle », car, aujourd’hui, l’armée de Terre n’aligne que 250 chars et 120 canons, la Marine 5 sous-marins nucléaires d’attaque et 13 frégates multi-missions, enfin l’armée de l’Air et de l’Espace ne dispose que de 3 avions ravitailleurs récents et ne comptera en 2025 que 125 Rafale….

    Dans le cadre de l’opération Barkhane au Sahel, sur 5 millions de km2, nous ne déployons qu’une vingtaine d’hélicoptères. Nos moyens sont « échantillonnaires ». Or nous savons, depuis au moins un siècle, qu’une armée engagée dans un conflit conventionnel perd très vite beaucoup de matériels. Quant aux stocks de munitions, la situation est sans doute encore plus critique.

    Durcir aussi l’entraînement, surtout dans une armée de métier, c’est d’abord sélectionner des cadres selon des critères physiques, intellectuels et de personnalité exigeants. Tous les candidats sélectionnés doivent répondre aux mêmes critères. En ce temps de parité, plus question d’accepter des barèmes physiques différents selon le sexe, ni de passe-droit pour cause de discrimination positive. Notons enfin qu’un renforcement de l’entraînement individuel et collectif exige de disposer du potentiel correspondant pour les matériels. La simulation est utile pour l’instruction mais insuffisante pour l’entraînement. C’est dans l’effort et l’apprentissage du risque vécus que l’on développe la supériorité du combattant comme celle du groupe ; ce qui permettra de limiter les pertes au combat.

    Développer de nouvelles capacités

    Tandis que nous commençons à rattraper le retard accumulé depuis 1990 par le choix délibéré de l’exploitation des « dividendes de la paix », il nous est non seulement indispensable de remplacer les matériels obsolètes et d’augmenter le nombre de matériels nouveaux, mais nous devons aussi acquérir les capacités nécessaires pour combattre dans les nouveaux espaces.

    Avec les ressources prévues en fin de LPM, nous devrions atteindre annuellement 2 % du PIB (avant Covid). En 1980, cette part était de 3 % et nous avions bien du mal à équiper et soutenir nos armées. Comment avec un budget de la Défense à 2 % du PIB (prévu en 2025) pourrions-nous espérer développer des moyens de cyberdéfense, de surveillance et de défense de l’Espace alors qu’en 1980, avec 3 % du PIB, nous n’avions pas à le faire ?

    Notons que l’effort financier considérable consenti pour atténuer les effets du confinement et relancer l’économie ne profite guère aux armées alors que 1 € investi dans l’industrie de Défense rapporte entre 2 et 3 €,  que nos industries de haute technologie sont implantées en France, que la « recherche et développement » est très souvent duale (civilo-militaire) et que nous avons 40 ans de sous-investissement à rattraper dans ce secteur !

    Pourquoi ne pas investir dans la remontée en puissance de notre industrie d’armement et fabriquer en 5 ans ce qui était prévu en 10 ans ? Nous pourrions non seulement reprendre la maîtrise de certaines filières abandonnées à des firmes étrangères, renforcer notre armée plus rapidement, exporter davantage, mais aussi garder le contrôle des pépites industrielles à haute valeur stratégique qui sont convoitées par des pays étrangers, en particulier alliés, et reconstituer des stocks avec des munitions récentes.  

    Dans un monde qui présente certaines analogies avec les années 30, notre pays doit réinvestir dans sa Défense. Il lui faut se rassembler autour de son armée et adopter les vertus essentielles qu’elle pratique en vue du combat. La France, retrouvant sa fierté, peut redevenir une grande nation, forte et enracinée dans quinze siècles d’histoire en s’appuyant sur son goût de l’ouverture et de l’excellence. Nos armées, par leur diversité et leur valeur, illustrent bien cette vocation particulière de notre Patrie.

     

    La RÉDACTION de l’ASAF
    www.asafrance.fr



    Belle fête de Noël à nos Armées et à tous nos lecteurs !

     

    Pour télécharger la lettre d'information de décembre 2020, cliquez sur le PDF ci-dessous.
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    Source : https://www.asafrance.fr/

  • Le Système est l'héritier du Terrorisme révolutionnaire, négationniste/révisionniste et matrice des Totalitarismes moder

    Aujourd'hui (1) : La Révolution a tanné des peaux humaines ! (1)

    (documents tirés de notre Album : Totalitarisme ou Résistance ? Vendée, "Guerre de géants...")

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    Illustration : peau humaine datant de la Révolution conservée au Muséum des Sciences Naturelles de Nantes

    Aujourd'hui, Robespierre porte costume et cravate, il affiche une apparence distinguée, et loge sans vergogne dans les appartements de la Royauté, tâchant de ressembler à ces autres Rois ou Présidents du monde.

    Mais il ne s'agit que d'un masque, d'une leurre, d'une Tartuferie institutionnalisée : c'est "le chaos figé des conservateurs du désordre" qui est en place, sous des apparences "normales" et policées; et ce chaos n'est rien d'autre que l'héritier assumé du "chaos explosif des révolutionnaires".

    Voici quelques exemples de ce que fut ce "chaos explosif" des révolutionnaires de 1789/1793, si fanatiques qu'ils ont eux-mêmes baptisé leur méthode de gouvernement (?) "la Terreur"; de ses aspects monstrueusement inhumains, d'une atroce barbarie, qui préfiguraient les épouvantables horreurs du marxisme-léninisme et du nazisme...

    Et voilà pourquoi, chaque année, nous signalons cette date du 21 janvier à nos compatriotes comme celle du début de notre décadence, comme l'origine de tous nos maux, comme la matrice et le ventre - hélas fécond - d'où sont sortis les abominations qui ensanglantent le monde depuis lors...

    Voici quelques aspects de ce que fut la Terreur révolutionnaire en Vendée, et ce qu'en ont dit quelques uns de ceux qui ont oeuvré à sa mise en œuvre "systématique", au sens premier du terme...

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    Aujourd'hui (1) : La Révolution a tanné des peaux humaines ! (1)

    (documents tirés de notre Album : Totalitarisme ou Résistance ? Vendée, "Guerre de géants...")

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    Illustration : peau humaine datant de la Révolution conservée au Muséum des Sciences Naturelles de Nantes



    Terreur d’état : "Nous porterons la terreur jusqu’où elle peut aller" (Garat);

    L’homme nouveau : "Nous ferons un cimetière de la France plutôt que de ne pas la régénérer à notre manière" (Carrier);



    Épuration ethnique : les révolutionnaires donnent volontiers dans la symbolique macabre : ils coupent le sexe des hommes pour s’en faire des boucles d’oreille et font exploser des cartouches dans le vagin des femmes;

    Création, à Noirmoutier, du premier camp d’extermination de l’histoire moderne;

    Premiers essais de gazage de masse : insuccès, dû au gaz employé et à l’absence de confinement adéquat;

    Première utilisation de fours crématoires : essais peu concluants : il s’agissait de simples fours à pain de villages qui ne firent que quelques centaines de victimes. Amey s'en était fait une spécialité...
    Plus efficace : l’utilisation des églises comme crématoires de grande capacité : un siècle et demi avant Oradour sur Glane (les nazis n'ont rien inventé...) 563 villageois sont carbonisés dans leur église des Lucs sur Boulogne...

    Mentir par les mots : quand les révolutionnaires ficellent de jeunes garçons et de jeunes filles, nus, par couple, avant de les précipiter dans la Loire (Bourganeuf, Nantes, 3000 noyades), il s’agit simplement de "mariages républicains"… Le terme "brigand" désigne tout Vendéen, insurgé ou républicain !...

    À Clisson et Angers, création d’ateliers de tannage de peau humaine - peau dont se vêtissent les officiers républicains – et d’extraction de graisse par carbonisation : les corps des villageois massacrés constituent la matière première...
    À Angers, le fondateur d’une tannerie de peau humaine fut le major Péquel qui chargea le tanneur Langlais de préparer les peaux...
    Le manchonnier Prudhomme put ainsi confectionner trente-deux culottes en peau de Vendéens que portèrent certains officiers Bleus.
    Dans un ouvrage impartial et s’appuyant sur des documents irréfutables, le professeur Raoul Mercier, professeur honoraire de l’École de Médecine de Tours, membre correspondant de l’Académie des Sciences, publia en 1939 chez Arrault et Cie, à Tours, "Le Monde médical dans la guerre de Vendée" où il donne des précisions sur le chirurgien-major Péquel du 4ème bataillon des Ardennes qui "s’est acquis - dit le Pr Mercier - une triste célébrité en dirigeant l’atelier de tannerie de peaux des Vendéens fusillés près d’Angers."
    Le rôle de Péquel est certifié par deux témoins :
    - l’un, Poitevin, agent national de la commune des Ponts-de-Cé, interrogé le 15 brumaire an III (6 novembre 1794), affirme avoir vu Péquel écorcher au bord de la Loire une trentaine de Vendéens fusillés;
    - l’autre, un Angevin, Robin, raconta le 31 mai 1852, les scènes dont il fut témoin dans sa jeunesse :

    "J’avais, dit-il, l’âge de treize à quatorze ans, je puis affirmer avoir vu, sur les bords du fleuve (la Loire, ndlr), les corps des malheureux Vendéens dont les cadavres avaient été écorchés. Il étaient écorchés à mi-corps parce qu’on coupait la peau au-dessous de la ceinture, puis le long des cuisses jusqu’à la cheville, de manière qu’après son enlèvement le pantalon se trouvait en partie formé. Il ne restait plus qu’à tanner et à coudre." 

    Les peaux étaient envoyées à la tannerie de Langlais, aux Ponts-Libres, ci-devant les Ponts-de-Cé, où elles étaient travaillées par des soldats, les ouvriers refusant de faire ce travail.

    Solution finale : à partir de mai 1793, pour les Robespierre, Saint-Just, Danton, Barère, Marat, Lazare Carnot, Carrier et autres gentils camarades du Comité de Salut public, le projet à l’ordre du jour n’est plus la simple mise au pas d’une province rebelle; il s’agit clairement de l’extermination des 815.000 habitants de la Vendée, hommes, femmes, enfants, et la confiscation ou l’anéantissement de leurs biens...

    C'est "çà", la Révolution !

    C'est "ça" qui fut voulu et ordonné par Robespierre et sa bande de psycopathes de la Convention; et fidèlement exécuté sur le terrain par "les Bleus", qui ont perpétré là le premier Génocide des Temps modernes, doublé d'un mémoricide puisque, deux siècles et demi après, celui-ci n'est toujours pas reconnu

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    Le visage de Robespierre reconstitué par Philippe Froesch, présenté à Barcelone en décembre 2013, par un spécialiste de la reconstruction faciale, qui dit avoir utilisé les techniques du FBI et du cinéma, et un médecin légiste, qui en a profité pour donner la liste des maladies dont souffrait le révolutionnaire... 
  • Les militaires : deuxième salve !, par Christian Vanneste.

    Les militaires ont frappé pour la seconde fois, mais cette fois ils ne sont plus en charentaises, mais en “rangers”, et comme ils sont “d’active”, ils n’ont pas signé. L’objectif est toujours le même, non pas susciter un “putsch” mais au contraire prévenir les élus et la population que l’armée sera obligée de répondre à l’appel du gouvernement pour rétablir l’ordre dans les zones de non-droit qui se multiplient, si rien n’est entrepris auparavant pour inverser la dérive actuelle.

    christian vanneste.jpgAutrement dit, le légalisme est toujours de mise, mais précisément, il se traduit par l’inquiétude des militaires qui savent que lorsqu’on demande à l’armée d’intervenir, on est au bord de la guerre civile. Le ton a nettement changé. En réaction à l’indignation surjouée et aux condamnations hautaines et intellectuellement malhonnêtes du pouvoir politique et médiatique, cette fois les mots sont cruels : “lâcheté” de ceux qui persistent dans l’aveuglement face à la montée des périls, “fourberie” de ceux qui veulent faire taire les militaires, “perversion” des politiques qui menacent de sanction des soldats qui ne s’expriment que parce qu’ils pensent que c’est leur devoir.

    Les trois termes se sont condensés dans la réponse du ministre de l’intérieur : après deux assassinats de policiers, l’un au nom de l’islamisme, l’autre au nom du crime, il prétend toujours que c’est la guerre menée contre la drogue qui explique les violences, alors que, si le contrôle opéré par Eric Masson et ses collègues avait fait partie d’une “opération”, on suppose que les tueurs n’auraient pas pu s’échapper aussi facilement. Il insiste sur les suspects arrêtés qui seraient français et nés en France, comme la majorité des terroristes de ces dernières années. On pense bien sûr aux “yeux fermés” de Michelle Tribalat : le problème n’est pas la carte d’identité, mais celui de l’immigration légale et illégale, des titres de séjours distribués à tout-va, du droit du sol générant des bi-nationaux non-assimilés, des naturalisations superficielles qui fabriquent à la chaîne des Français apparents plus attachés à leur communauté d’origine religieuse et politique qu’à leur nation d’accueil. Le comble de la fourberie du “ministricule” ( Robert Escarpit) réside évidemment dans l’accusation de lâcheté lancée contre les militaires anonymes auteurs de la seconde tribune. C’est un peu facile pour celui qui a construit sa carrière d’un cabinet à l’autre et d’une trahison à une autre, sans grand risque, de demander à des soldats dont c’est le métier de mettre en péril leur situation professionnelle, la sécurité matérielle de leur famille, en se livrant à découvert à la vindicte gouvernementale de Mme Parly, la pantouflarde de luxe au parachute doré. Exposer leur vie, ils le font assez sur les terrains d’opération pour ne pas recevoir de leçon d’un politicard arriviste et sournois, qui ramène l’enjeu aux régionales, c’est-à-dire à son microcosme électoral. Sa préoccupation du moment est sa propre candidature dans un canton du Nord, histoire de garder un ancrage de repli et peut-être d’avancée dans sa terre d’élection. On observera que deux ministres “régaliens” se lancent dans les joutes électorales locales dans un esprit partisan alors que la montée de la violence, de l’islamisme et des trafics devrait les mobiliser entièrement  dans l’intérêt supérieur de notre pays !
     
    Les tirs croisés de la bien-pensance médiatique contre Valeurs Actuelles qui a publié les deux tribunes résonnent comme des aveux. La connivence avec le pouvoir macronien, la complicité avec celui-ci dès son origine frauduleuse, à l’occasion d’un coup d’Etat judiciaire, ne les empêchent pas de soupçonner leur confrère d’intentions politiques extrémistes, comme si les circonlocutions et autres sinuosités de leur “information” n’étaient pas imprégnées d’arrière-pensées idéologiques néo-soixante-huitardes, entre gauchisme sociétal et mondialisme des affaires. Ainsi, les mots pavloviens partent en rafale : la tribune serait controversée, le média serait ultra-conservateur, enfin les tribunes appelleraient à la sédition… D’ailleurs, la seconde ne serait elle pas un montage ? Bien sûr cette suspicion unilatérale n’a rien à voir avec le complotisme puisqu’elle vise la droite adepte des complots alors que la gauche toujours rationnelle et objective les ignore.
     
    L’aspect le plus redoutable du nouveau texte réside dans la mise en cause de la hiérarchie, confondue avec l’oligarchie qui dirige notre pays. Ses plus hauts représentants en cercle autour du civil, qui a évité soigneusement son service militaire et qui est leur chef, offraient une chorégraphie élyséenne destinée à inspirer le respect de l’ordre légitime. Il est probable qu’elle aura obtenu l’effet inverse : accentuer la fracture entre un sommet de plus en plus désavoué et une plèbe qui risque de faire sécession y compris chez les militaires. C’est Michel Maffesoli qui dans “L’Ere des Soulèvements” éclaire cette fracture : “N’est plus acceptée une politique imposée d’en haut, une politique ayant la vérité et menant le peuple vers un but défini par des élites en déshérence.”
     
  • TATA YOYO (Qu’est-ce qu’y a sous ton grand chapeau ?), par Christian Rol (écrivain).

    Je viens de ne pas regar­der le laïus de Tata parce que je sais exac­te­ment, à la vir­gule près, ce qu’il va raconter.

    Puisque sa voca­tion, et celle de ses pré­dé­ces­seurs éga­le­ment, est de trom­per son pays au pro­fit des mul­ti­na­tio­nales et des inté­rêts de groupes pri­vés, il a déci­dé de fina­li­ser le grand pro­jet « sani­taire » des enti­tés phar­ma­ceu­tiques et des labos qui, grâce à lui, vont empo­cher encore plus de milliards.

    4.jpgPour ce pro­jet, les ordures qui nous veulent du bien ont mis à contri­bu­tion, depuis un an, les médias, les tou­bibs, les « spé­cia­listes » et tout ce que la France offi­cielle compte de cor­rom­pus ; les mêmes qui aujourd’hui clament leur amour de la piquouze magique, et leur vœu de voir les anti-vax relé­gués dans les gou­lags de l’égoïsme cri­mi­nel, enton­naient hier un air com­mun pour trai­ter les Gilets Jaunes de beaufs d’extrême droite et autres noms d’oiseaux.

    Ce qu’il reste d’opposition à cette mons­truo­si­té sani­taire – que je pres­sen­tais dés les pre­mières semaines en par­lant de « Coup d’Etat sani­taire » – est réduit à la por­tion congrue des illu­mi­nés de ser­vice (Bigard, Lalane et autres clowns en fin de car­rière) à qui on accor­de­ra d’autant plus des tri­bunes qu’ils cari­ca­turent les argu­ments sérieux qu’on est en droit d’opposer. Et la mar­gi­na­li­té d’un Flo­rian Phi­li­pot ou d’un Dupont Aignant, mal­gré leurs thèses irré­fu­tables, ne chan­ge­ront rien à l’affaire. Et, sur les pla­teaux de télé­vi­sion, une seule voie est désor­mais admise : celle de la déraison.

    Des livres vont fleu­rir dans les­quels on dénon­ce­ra le hold-up mais qui les lira puisqu’on n’en par­le­ra pas, ou alors dans des cercles déri­soires. Pour faire croire que la démo­cra­tie existe encore, on accor­de­ra une ou deux tri­bunes à des his­trions bien docu­men­tés, à des gens qui croient encore que la véri­té est une arme contre le men­songe. Com­bat phi­lo­so­phique aus­si déri­soire que dés­équi­li­bré contre une majo­ri­té tra­vaillée au corps dont l’ultime désir est d’aller au stade, prendre l’avion pour se faire bron­zer le cul à la plage et bouf­fer dans des res­tau­rants avec soupe à la gri­mace comme plat du jour.

    Bien sûr, il y aura une belle pro­por­tion de fran­çais déci­dés à ne pas se lais­ser faire mais le temps et les méthodes coer­ci­tives qui nous menacent auront rai­son des rebelles les plus farouches. Ils vont nous rendre la vie impos­sible, mettre à contri­bu­tion la dic­ta­ture sociale, bref divi­ser un peu plus encore pour régner. Le temps n’est pas éloi­gné où les entre­prises vont impo­ser le vac­cin à leurs sala­riés et à entre­te­nir un cli­mat délé­tère où la sus­pi­cion et la dénon­cia­tion seront la norme ; et même pour faire les ven­danges ou la récolte de pommes, il fau­dra mon­trer patte blanche.

    Au-delà du seul prin­cipe de la liber­té indi­vi­duelle, il y a les consi­dé­ra­tions médi­cales qui sont quand même un peu impor­tantes. Des som­mi­tés black lis­tées (le prof Mon­ta­gné par exemple) nous expliquent depuis le début ce que nous subo­do­rons : l’arnaque est cli­ni­que­ment infon­dée et ces fameux variants chro­niques sont effec­ti­ve­ment le fruit pour­ri de la vac­ci­na­tion. Par consé­quent, cette farce peut durer des années et réduire comme peau de cha­grin notre liber­té, puisque il s’agit de cela et de rien d’autre.

    Mais, même sans entrer dans ces argu­ties sani­taires, le seul fait d’entendre toutes ces enflures bien nour­ries nous faire la leçon est un vac­cin en soi. Quelle légi­ti­mi­té un Fran­çois Bay­rou, un Fran­çois Bar­nier, un Kouch­ner (Kouch­ner !) ou un Jean-Luc Mano (entre tant d’autres) ont-ils pour nous som­mer de nous sou­mettre à ce dik­tat inédit ? Ce sont les mêmes, sou­ve­nez-vous, qui nous expli­quaient il y a 30 ans, que l’Europe c’était for­mi­dable, que l’immigration, c’était génial et que ceux qui dou­taient de ces ver­tus irré­mé­diables ne méri­taient pas de vivre.

    Alors, taper sur Macron comme sur au stand de foire, ça fait du bien, mais cela ne suf­fi­ra pas. Fou­tri­quet est l’otage d’intérêts qui le dépassent, marion­nette consen­tante et solen­nelle du capi­ta­lisme apa­tride en roue libre. Avec cet épi­sode, la mon­dia­li­sa­tion est mon­tée d’un cran, la sou­ve­rai­ne­té des États, un vieux sou­ve­nir… Et, concer­nant l’en­semble de cette his­toire de dingues, je ne vois pas de pré­cé­dent his­to­rique. Cela ouvre des perspectives.

    Mais les­quelles ?

    Bonnes vacances !

    C. Rol

    Source : https://www.actionfrancaise.net/

  • Sur le blog ami du Courrier Royal : Château de Chantilly, l’Institut de France rêverait de s’affranchir du testament du

    La Cour des comptes a pointé dans un rapport le coût des futurs travaux à réaliser par l’Institut de France dans le domaine de Chantilly. La Cour des comptes est loin d’être satisfaite. Après avoir fait part, déjà, de leurs inquiétudes quant à la situation financière de l’Institut de France et de ses académies en 2015, les magistrats tirent à nouveau la sonnette d’alarme dans un rapport rendu public le jeudi 15 juillet.

    Ils s’inquiètent de l’état du patrimoine à la charge de l’institution en général et celui du domaine de Chantilly en particulier. Selon la Cour des comptes, des travaux d’amélioration s’étendant entre 2020 et 2024 sont estimés à 17,4 millions d’euros. À cela s’ajoute une «restauration exceptionnelle, qui est celle du clos et du couvert du château d’Enghien, à hauteur de 4,5 millions ».

    Suite à la publication de ce rapport de la Cour des Comptes,  Le Canard Enchaîné rapporte ce 21 juillet, la démission ; quinze jours à peine après sa prise de fonction ; de Didier Selles, nommé administrateur du domaine de Chantilly… Une démission inquiétante, comme les extraits de la lettre qu’il a envoyé au Chancelier de l’Institut de France, Xavier Darcos, le démontrent.

    L’un des points majeurs de désaccord de l’ex-nouvel administrateur était le sort réservé au château d’Enghien (un bâtiment annexe faisant face au château de Chantilly), que l’Institut aimerait transformer en hôtel de luxe, suivant ainsi l’exemple de Versailles et de la concession de l’hôtel du Grand Contrôle. Or, ce projet, semble élaboré de manière plutôt discutable, tant sur les conditions de l’appel d’offre, que sur le montant absolument dérisoire demandé par l’Institut à une société privée, pour lui accorder, une concession d’exploitation des lieux d’une cinquantaine d’années.

    Cette concession ne permettrait même pas de couvrir le coût de restauration du château d’Enghien estimé à 4,5 millions d’euros, une somme que l’Institut demande désormais au ministère de la Culture et à celui des Finances, alors que cette somme aurait dû être couverte par le concessionnaire.

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    Un autre point n’est pas abordé dans la lettre de Didier Selles à Xavier Darcos qui, à terme, devrait poser au moins autant de problèmes déontologiques. L’Institut ne rêve en effet que d’une chose : casser le testament du duc d’Aumale interdisant notamment le prêt des œuvres. On ne peut que s’inquiéter du sort de ces collections si l’Institut pouvait en disposer à sa guise, et même de celui du reste du domaine dont l’intégrité voulue par le duc d’Aumale ne serait plus assurée.

    Comme Didier Selles l’écrit : « Il aurait fallu également, comme nous y invite la Cour des comptes, s’interroger sur le modèle économique du Domaine dans la fidélité à son histoire et au testament du duc d’Aumale. Or ce modèle ne peut reposer sur la privatisation toujours plus considérable d’espaces, dont cette opération d’hôtel de luxe est l’acmé. Le Domaine est un lieu qui appartient à tous, ainsi que l’a voulu le duc d’Aumale, il doit servir à l’édification des générations futures et ne peut continuer à être mise à l’encan pour des intérêts privés ». La conclusion est encore plus claire : « Le modèle économique du Domaine de Chantilly doit reposer, comme pour Fontainebleau, Versailles et d’autres châteaux musées, sur une subvention socle importante de l’État ou de la Région qui, en contrepartie d’engagements forts sur le développement des publics, la politique scientifique, la préservation et la mise en valeur de ses collections et de son patrimoine, la recherche de mécénats etc. lui permettent de s’inscrire à sa place, l’une des premières en France, comme un joyau de notre patrimoine national, ouvert à tous les publics. Pour ce faire, il faudrait également mettre en place une autonomie forte du Domaine, voire la création d’un établissement public, au sein duquel l’Institut serait représenté en tant que propriétaire, même s’il ne dispose manifestement ni des moyens ni des compétences pour s’en occuper. »

     

    Cette démission de Didier Selles, démontre que les problèmes financiers du Château de Chantilly sont dus, en grand partie du fait que L’institut de France, propriétaire du Château, s’est désintéressé pendant des décennies de la gestion financière de son bien ne voyant dans le château, le musée et le domaine de Chantilly, qu’un actif qu’il s’agit de louer ou de vendre, raison pour laquelle il rêverait de casser le testament du duc d’Aumale. Car lorsque le prince Henri d’Orléans, lègue le domaine de Chantilly et ses précieuses collections en 1886 à l’Institut de France, son testament précise clairement que ce legs est effectué sous réserve, que le musée Condé soit ouvert au public, que les collections duc d’Aumale ne puissent jamais être prêtées, et que la présentation des collections minutieusement organisées par le prince reste éternellement inchangée.

    Sources : La Tribune de l’Art & Oise-Hebdo

    Relayé par : https://le-courrier-royal.com/

    https://www.facebook.com/lecourrierroyal

  • Victorine Dartois et Samuel Paty : victimes d’une horreur et d’une faiblesse, par Philippe Bilger.

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    Après l’atroce décapitation par un terroriste tchétchène de ce remarquable et tolérant enseignant qu’était , je souhaiterais revenir vers la mort de la jeune Dartois, à Villefontaine (Isère), et à des considérations sur le comportement et la personnalité de Ludovic Bertin, l’auteur de celle-ci.

    5.pngCe billet se serait voulu un exclusif hommage à cette victime dont le meurtrier – je n’ai pas les pudeurs médiatiques qui s’obstinent à qualifier de suspect l’auteur qui l’a étranglée – a été interpellé et a reconnu l’essentiel des faits qui lui étaient reprochés, selon le parquet de Grenoble.

    Il est plus que probable que ses dénégations pour la tentative de viol vont être infirmées par le fait qu’on a retrouvé un ADN sur les effets de la victime.

    Se pencher avec émotion sur la destinée d’une jeune fille disparue dans ces conditions semble l’attitude la plus normale qui soit et je la partage. Mais on me pardonnera cependant d’être, aussi, tout entier tendu vers cette interrogation : mais comment est-ce possible, comment un cerveau peut-il décider de commettre cela ?

    Je confronte dans ma tête l’image souriante et pleine de vie de Victorine Dartois avec celle de Ludovic Bertin, âgé de 25 ans, habitant dans la même commune et père de famille qualifié d’« ordinaire ».

    Avant d’en venir à ce qui, dans le destin de ce dernier, a facilité sa criminalité, je bute sur le mystère du passage à l’acte. Mais le vrai, l’authentique mystère. Celui qui demeure encore, une fois qu’on a explicité les ressorts, les mobiles et sans doute une appétence sexuelle qui a mis à bas toutes les censures. D’ailleurs, existaient-elles, chez lui ?

    Pour qu’aucune résistance ne soit opposée à des pulsions, et qu’à aucun moment la jeunesse humaine face à soi, à quelques années près comparable à la sienne, ne représente un barrage absolu, il fallait bien qu’une malfaisance structurelle existât dans le corps et la psychologie de Ludovic Bertin et que ce poison n’ait jamais été éradiqué mais, au contraire, à la suite d’une progression lente jamais contrariée, poussé à son comble.

    Il n’est pas neutre que Ludovic Bertin ait eu un passé judiciaire.

    D’abord, il convient de déblayer le chemin du raisonnement par la récusation de poncifs qui, à l’issue de toute transgression particulièrement odieuse, ne manquent pas de surgir médiatiquement.

    Ainsi, parce que Ludovic Bertin est père d’un petit enfant et qu’il était gérant d’une entreprise de chauffeurs-livreurs, il a été qualifié rapidement de « petit » délinquant et de « père de famille ordinaire ». Cet adjectif est inapproprié pour ce jeune homme condamné à une dizaine de reprises et adepte de stupéfiants.

    Par ailleurs, ces reportages lassants qu’on nous inflige sur les criminels avec les réponses monotones de leur environnement qui nous les décrit tous comme aimables et serviables… Comme si le pire qui allait s’accomplir s’inscrivait sur les visages et que le crime n’était pas précisément une déchirure dans l’apparente banalité de l’existence.

    Le point central concernant Ludovic Bertin se rapporte au fait qu’il n’était pas un petit délinquant, qu’il était connu des services de la gendarmerie et de la justice pour avoir été condamné pour une dizaine de délits de droit commun, notamment routiers, des violences et des vols. Toutes les sanctions qui lui ont été infligées ont été aménagées (bracelet électronique) de sorte qu’il n’a jamais été incarcéré.

    Son parcours me permet de dépasser la dénonciation classique sur la médiocre exécution des peines, en France, en démontrant combien la mansuétude, en particulier la substitution du bracelet à l’enfermement, a une incidence loin d’être négligeable sur le cours de certaines dérives.

    Non pas que je considère que les crimes de Ludovic Bertin soient directement liés à son histoire pénale antérieure, parce que sa responsabilité et sa liberté capables d’user de son capital humain comme elles l’entendaient ne lui ont jamais été déniées.

    Mais si chaque condamnation avait été subie dans sa rigueur, peut-être le grand et terrible saut qu’il a accompli pour passer des délits aux crimes aurait-il été retardé, voire empêché. Tandis que j’ose soutenir qu’à cause de cette relative indulgence, il a pu au moins partiellement, et plus aisément, devenir criminel.

    La Justice manque totalement à ses devoirs quand elle n’ajoute pas à l’exigence de la protection de la société et du souci des victimes l’obligation de prévenir le délinquant ou le criminel contre lui-même.

    Bizarrement, à l’issue de ce post, je réunis Victorine Dartois et Samuel Paty victimes, chacun, d’une horreur et d’une faiblesse, communes dans notre sensibilité.

     

    Philippe Bilger

    Magistrat honoraire et président de l'Institut de la parole