A côté de de Gaulle, Macron n’est… rien !, par Christian Vanneste.
La récupération, l’instrumentalisation des anniversaires liés à la personnalité du Général de Gaulle par son indigne successeur à l’Elysée, ne peut que révulser ceux qui étaient présents et conscients lors des événements que l’on commémore. Ils sont de moins en moins nombreux, et à part ceux qui s’intéressent à l’histoire et ont acquis des connaissances, beaucoup risquent de se laisser prendre à une nouvelle mise en scène de la « théâtrocratie » macronienne, comme dit Maffesoli. Celui qui occupe actuellement l’Elysée est en tous points l’exact contraire du Général. La tentative de s’identifier à lui en raison de la fonction relève de l’imposture et de la supercherie.
De Gaulle a exercé à deux reprises le pouvoir exécutif à son plus haut niveau : une première fois, à la Libération, en tant que Chef du Gouvernement, et la seconde comme Président de la République. Dans les deux cas, sa légitimité ne faisait aucun doute. Elle était d’une nature métapolitique, reconnue comme l’expression d’une nécessité historique et d’un sursaut du vouloir-vivre national. Néanmoins, dans les deux cas, le Général avait tenu à légitimer par le droit ce qui était fondé sur un rapport de forces. Au sein de la Résistance, jusqu’à la constitution du Gouvernement provisoire, puis lors du retour à Paris, où il retrouva son bureau de la Rue Saint-Dominique, celui du sous-secrétaire d’Etat à la Guerre et à la Défense Nationale qu’il était avant de partir pour Londres, de Gaulle s’appliqua toujours à conforter son pouvoir par un cadre juridique solide. « Ministre » de la IIIe République, il avait incarné la continuité face à Vichy, « nul et non avenu », puisqu’il était sous la botte allemande. Mais le vrai socle de sa légitimité était l’adhésion populaire, cet enthousiasme de la Libération de Paris et cet autre de 1958. D’où son départ de 1946, face au retour des partis, et son retrait définitif après l’échec du référendum de 1969. Le président actuel tient son pouvoir d’une élection entachée par un complot de cabinet mêlant le politique, le médiatique et le judiciaire, comme l’a révélé devant une commission de l’Assemblée Nationale l’ancienne procureure du PNF, poussée à accélérer la procédure contre Fillon, afin de discréditer le candidat qui logiquement devait être élu en 2017. Son peu de goût pour les référendums, et sa tendance à monopoliser la parole, sans la présence d’une presse pourtant servile, opposent sa pratique du pouvoir à celle de son illustre prédécesseur.
Cette différence est d’autant plus choquante que les deux hommes n’ont rien de semblable, que leurs vies n’ont pas la même altitude. Le Président de la République est Chef des Armées. L’officier issu de Saint-Cyr, trois fois blessé durant la Première Guerre mondiale, concepteur de l’arme blindée, général à titre provisoire commandant une division blindée en 1940 dans des combats à Montcornet et Abbeville qui ne furent pas malheureux, puis initiateur de la Force de frappe nucléaire à son retour au pouvoir en 1958, exerçait légitimement cette responsabilité. On ne peut pas en dire autant de celui qui a évité le service militaire. De Gaulle était l’homme du 18 Juin qui avait progressivement incarné la Résistance, puis la Libération, Macron, ce n’est rien, un énarque qui a grandi à l’ombre des cabinets et des réseaux de copinage et de connivence, un élu au plus haut poste de la République sans avoir exercé le plus modeste mandat électif auparavant.
Pour décrire l’entourage macronesque on a le choix entre la Cour du roi Pétaud et celle des Miracles… Faut-il rappeler qu’à Matignon, il y eut Debré, Pompidou, Couve de Murville et qu’on a Edouard Philippe.. que le Porte-parole, c’était Alain Peyrefitte, et qu’on a Sibeth Ndiaye… Le Garde des Sceaux était Jean Foyer, et nous subissons Belloubet.. à l’Intérieur, c’était des Frey, des Fouchet, l’inconvenant Castaner à présent, à la Culture Malraux, et je ne sais qui aujourd’hui… Au perchoir de l’Assemblée, il y avait Chaban-Delmas, et maintenant Ferrand dont les affaires traînent autant que celle de Fillon a été précipité…. On pourrait continuer la liste de ceux qui accompagnaient le Général, certains depuis 1940, comme Maurice Schumann ou Robert Galley, d’autres qui l’avaient rejoint ensuite, notamment lors de la création du RPF en 1947, comme Olivier Guichard. La plupart de ces grands serviteurs de l’Etat, les Barons du gaullisme, s’étaient enracinés électoralement et devaient abandonner leur portefeuille ministériel s’ils étaient battus aux élections, à une époque où un ministre ne retrouvait pas non plus son siège de parlementaire s’il quittait son ministère. La comparaison entre les hommes qui ont gouverné la France dans les années 1960, souvent en butte à l’hostilité majoritaire de la presse, et la faune qui a envahi les pouvoirs en 2017 est d’autant plus affligeante que cette dernière bénéficie d’une large complicité dans les médias.
Cela tient au « progressisme » macronien, c’est-à-dire à la décadence qui est « en marche » avec lui, dans notre pays. De Gaulle n’était pas rétrograde, mais il était conservateur de l’essentiel. La pilule, oui, mais l’avortement, non. Il représentait la stabilité familiale, avec son épouse et ses trois enfants dont une handicapée. Le « modèle » offert par le couple présidentiel incite au silence. Tout rapprochement entre ces deux hommes est une imposture, une supercherie, une usurpation.
Commentaires
Il y eut les gaullistes de 1940 , ceux de 1958 , ceux de 1968 . Le personnage avait de multiples facettes ; entourage bien choisi , pour le principal .
Toutefois , le temps ayant fait son oeuvre , la récupération "tous azimuts" du Général n'aurait pas lieu sans l'apothéose .