UA-147560259-1

Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Rechercher : Rémi Hugues. histoire & action française. Rétrospective : 2018 année Maurras

  • Pour une convention citoyenne sur la bioéthique, par Natacha Polony.

    Source : https://www.marianne.net/

    "Dans une démocratie qui ne serait pas malade, ce sont les citoyens qui doivent pouvoir décider collectivement, après un véritable débat qui ne se réduise pas à des slogans et des anathèmes. La convention sur le climat a été applaudie ? Le débat sur notre humanité mérite sans doute autant de temps et d'engagement", estime Natacha Polony.

    C'est donc dans l'indifférence générale, au milieu de l'été, dans une Assemblée presque vide, que l'on révise en France les lois de bioéthique. Véritable cas d'école. Le texte contient des dispositions sur la recherche menée sur les cellules embryonnaires, sur la conservation par les femmes de leurs ovocytes et la question de savoir dans quelle condition et par quels organismes - à but lucratif ou non - ils seront conservés… et rien. Ces sujets-là demeureront ignorés de la quasi-totalité des citoyens. Ils n'en retiendront que l'autorisation de la PMA « pour toutes », adoptée là aussi dans une forme d'indifférence. Quelle modification du droit de la filiation, quelles conséquences sur les dons de gamètes, quelles limites à ce « pour toutes » devenu un slogan ? Pendant ce temps, à l'Assemblée, ce sont les députés les plus radicaux qui s'affrontent, les farouches opposants à toute évolution au nom du respect de la « Vie » avec un immense « V » et les promoteurs exaltés de toutes les dérégulations présentées comme « modernes ». Les autres ont déserté. Et comment en serait-il autrement, alors que la crise sanitaire et la crise économique sont là ? Comment en serait-il autrement, alors que le débat est systématiquement escamoté, réduit à sa caricature par des médias qui se gardent d'entrer dans la complexité de peur de ne pas être à la pointe de la tolérance et du progressisme ?

    Le temps long du débat

    Il en est des lois de bioéthique comme des questions écologiques : elles eussent mérité une convention, le temps long de la plongée dans des sujets qui ne souffrent pas les pétitions de principe et les positions systématiques. « Les Français sont pour ouvrir la PMA aux couples de femmes et aux célibataires », nous répète-t-on. Mais selon quelles modalités ? Le Pr Nisand, invité sur France Inter le lundi 27 juillet, plaidait le remboursement par la sécurité sociale au nom de l'égalité devant la santé… sans que la journaliste qui l'interrogeait ne lui fasse remarquer que, justement, il ne s'agit plus de pallier un dysfonctionnement du corps. Et pourtant, c'est bien un choix de société majeur que de considérer que la sécurité sociale, désormais, doit permettre l'accès gratuit à une technique en dehors de toute raison de santé. Quoi qu'on en pense, il s'agit bien d'un droit à procréer garanti par la collectivité.

    Le fait que des dispositions aient été ajoutées en commission des lois par certains députés, à rebours de l'équilibre qu'avait cherché à définir le gouvernement, nous montre combien la juste mesure ne satisfera jamais ceux qui confondent la démocratie avec l'extension des droits individuels. Ainsi de l'extension de la PMA aux « hommes trans », c'est-à-dire à des femmes devenues hommes mais souhaitant enfanter malgré tout. Ainsi de la « Ropa », réception d'ovocytes de la partenaire, qui autoriserait, en cas de stérilité d'une femme lesbienne voulant enfanter, à revenir sur l'anonymat du don d'ovocytes pour lui permettre de porter un enfant issu des gamètes de sa partenaire, faisant des deux femmes la « mère biologique » de l'enfant. « Le sens de l'histoire », plaident les militants sans comprendre qu'ils valident ainsi les préventions de ceux qui craignent qu'il n'y ait en effet aucune limite à l'alliance de la technique et des désirs individuels.

    Quelle boussole ?

    Comment apporter une réponse républicaine à des problèmes aussi vertigineux ? Républicaine, c'est-à-dire fondé sur l'articulation entre liberté et égalité et débarrassée des références religieuses au « respect de la vie », concept ô combien vague. On entrevoit le piège : nous sommes à ce point incapables de penser l'égalité en même temps que la différence que toute allusion à cette différence - celle, par exemple, entre un couple qui peut potentiellement enfanter naturellement et un qui ne le peut pas - est immédiatement pointée comme une discrimination. Alors, tentons de revenir aux principes. Ceux qui ont prévalu dans l'élaboration d'une doctrine française de la bioéthique, aujourd'hui balayée par la vision anglo-saxonne, sont fondés sur une morale laïque héritée des Lumières et résumés par le fameux « impératif catégorique » de Kant : « Agis de telle sorte que tu uses de l'humanité, en toi-même et en autrui, toujours comme d'une fin et jamais comme d'un moyen. »

    Ne jamais instrumentaliser, réifier, l'humain. Telle devrait être notre boussole, la plus noble qui soit. La seule, surtout, sur laquelle nous puissions tous nous accorder.

    Les problèmes que nous aurons à régler dans l'avenir, à mesure que les biotechnologies se développeront, seront immenses. Ils ne se régleront pas en considérant que ceux qui ne réclament pas ces évolutions ne sont pas concernés. La filiation, la définition même de notre humanité, nous concernent tous et l'on entrevoit déjà la nature des débats quand il s'agira de discuter de l'utérus artificiel. Mais, dans une démocratie qui ne serait pas malade, ce sont les citoyens qui doivent pouvoir décider collectivement, après un véritable débat qui ne se réduise pas à des slogans et des anathèmes. La convention sur le climat a été applaudie ? Le débat sur notre humanité mérite sans doute autant de temps et d'engagement.

  • Manifestation des sans-papiers : veut-on nier le peuple ? par Aurélien Marq.

    L'immigration clandestine défile en plein Paris

    Source : https://www.causeur.fr/

    On a laissé des migrants illégaux manifester en plein Paris par milliers, malgré l’interdiction.

    Samedi 30 mai, des milliers de sans-papiers ont défilé dans les rues de Paris pour demander leur régularisation. Non ! Cette formulation trop pudique est un mensonge. Il faut dire les choses autrement.

    Samedi 30 mai, une foule étrangère présente au mépris de nos lois sur notre sol a organisé une démonstration de force dans notre capitale pour imposer ses exigences à la République, contre la volonté du peuple souverain – car nous savons tous qu’un référendum qui demanderait s’il faut les expulser ou les régulariser aboutirait à leur expulsion. Avec la complicité des associations habituelles, mais aussi des pouvoirs publics qui ont laissé faire, alors même que pour les Français les rassemblements de plus de 10 personnes sont toujours interdits. Passivité coupable !

    Nos émeutes raciales à nous

    Où étaient donc les rodomontades du préfet Lallement ? À quoi peut bien penser le gouvernement, alors qu’il donne de notre pays une telle image de pusillanimité et de faiblesse ? Tous les jours, nous voyons tourner en boucle sur les réseaux des images des États-Unis en flammes à cause des violences raciales, produit de l’instrumentalisation d’une réalité beaucoup plus complexe qu’on ne veut bien le dire, et preuve de l’échec absolu du multiculturalisme. Tous les jours, nous entendons des semeurs de haine tenter d’importer ici les mêmes conflits, en niant les plus élémentaires réalités historiques : alors qu’aux États-Unis les Noirs n’ont véritablement pu exercer le droit de vote qu’à partir de 1965, à cette date en France le deuxième personnage de l’État était Noir, et nous avions, nous, un député Noir dès 1793. La pression migratoire n’a jamais été aussi forte, faut-il rappeler les foules envoyées il y a quelques semaines par Erdogan prendre d’assaut les frontières de la Grèce ? Faut-il rappeler les milliards d’euros versés par la France à des étrangers au titre de multiples aides, alors qu’elle endette jusqu’à nos petits-enfants pour tenter de relancer l’économie, qu’elle manque d’argent pour les hôpitaux, pour les écoles, pour les infrastructures, pour ses propres citoyens – et je précise, au cas où certains ne le comprendraient pas d’eux-mêmes, pour ses propres citoyens quelles que soient leurs origines.

    Voilà le terrible contexte dans lequel le gouvernement a choisi de laisser se dérouler cette manifestation, pourtant officiellement interdite. Il fallait apaiser les tensions, me dira-t-on. Terreur de la bavure, de l’impact d’images de policiers employant la force. Mauvaise excuse ! Une telle démonstration de faiblesse ne saurait être une solution. Elle ne peut qu’inciter toujours plus de migrants à venir s’imposer en France, et persuader un peu plus les Français qu’ils ne peuvent pas compter sur les pouvoirs publics pour défendre l’un de leurs droits les plus fondamentaux, pourtant réaffirmé dans tous les traités internationaux : le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes.

    Régulariser avec discernement

    Voudrait-on nier jusqu’à l’existence d’un peuple français disposant de droits, que l’on ne s’y prendrait pas autrement. Cela revient à nier la France, réduite à un simple territoire, et cela revient à nier la démocratie et la République, puisqu’elles reposent sur l’affirmation fondamentale et fondatrice que le peuple est souverain, ce qui suppose un peuple.

    Est-ce à dire que ce peuple serait figé, immuable, incapable d’accueillir en son sein des gens qui n’y seraient pas nés ? Bien sûr que non ! Mais, souverain, il accueille par sa propre volonté, et non parce qu’on le lui impose. Il accueille et il évolue, mais il ne s’efface pas. Cela veut dire n’accueillir que ceux qui veulent authentiquement faire partie de lui, et certainement pas ceux qui voudraient s’imposer comme des rivaux, voire des ennemis, sur son propre sol. N’accueillir que ceux qui respectent ses lois, sa culture, son histoire, et cet indéfinissable quelque chose que l’on appelle son art de vivre. Il y a assez d’exemples de nos concitoyens d’origine étrangère qui démontrent leur amour de la France et qui font la fierté de notre Nation pour que l’on sache que c’est possible ! Et il y a hélas assez d’exemples de ceux qui crachent ouvertement sur la France et menacent ses principes les plus fondamentaux pour que l’on sache que ce n’est pas systématique, et que le discernement est un devoir.

    Bien sûr, le sujet des sans-papiers et plus généralement de l’immigration est complexe. Bien sûr, derrière les généralités il y a des situations humaines parfois dramatiques. Mais il y en a aussi chez les Français qui subissent les conséquences de cette immigration. Il y en a aussi chez tous ceux qui sont nés étrangers mais vivent légalement dans notre pays, et le respectent assez pour se plier à ses règles. Je pense en particulier aux demandeurs d’asile qui ont l’honnêteté de se faire connaître, et patientent alors qu’ils subissent l’angoisse d’une attente interminable due à des délais administratifs indécents. Mais de ceux-là, on parle beaucoup moins.

    La France n’appartient pas à tout le monde

    Redisons donc simplement des choses simples : dans leur écrasante majorité, les migrants ne sont pas des réfugiés, et ni le droit ni l’éthique ne nous interdisent de faire la différence. Il y aurait un égoïsme inhumain à refuser de partager ce qui reste de notre prospérité, mais il serait suicidaire de prétendre prendre à notre charge toute la misère du monde. Enfin, ce serait une incroyable arrogance de traiter d’autres peuples comme des enfants incapables de se prendre en main dans les pays qui sont les leurs. Pays où ils ont un droit absolu à la liberté et à la dignité de la souveraineté, mais aussi un devoir absolu d’en assumer les responsabilités.

    N’oublions pas non plus une particularité française, qu’il serait d’ailleurs grand temps de repenser : le droit du sol fait que ce n’est pas seulement sur ce que nous avons que ces migrants exigent des droits, mais sur notre citoyenneté, donc sur le choix de ce que nous deviendrons, sur les libertés dont bénéficieront – ou non – nos enfants.

    Douglas Murray le résume par une question fondamentale : pourquoi l’Europe serait-elle le seul endroit au monde qui appartiendrait à tout le monde ? Et j’ajoute : pourquoi l’Europe serait-elle réduite à n’être qu’un endroit, qu’un lieu, dont les citoyens seraient relégués au rang de simples résidents, au mépris de sa civilisation, des peuples qui l’ont faite, et au mépris de ceux qui veulent loyalement se joindre à eux dans l’amour de cette civilisation et qui la voient aujourd’hui se déliter ?

    Face à ces enjeux fondamentaux, le gouvernement a fait le choix d’une fracassante démonstration d’impuissance. Faible avec les forts, fort avec les faibles, la devise du lâche. De quoi pousser tous ceux qui aiment la France à perdre confiance en l’état de droit, donc tôt ou tard à « reprendre les choses en main » hors de tout cadre institutionnel. Et nous savons tous ce que cela signifie, et les risques terribles que cela comporte.

    Aurélien Marq

    Polytechnicien et haut fonctionnaire chargé de questions de sécurité intérieure. On peut également le suivre sur Twitter @AurelienMarq

  • Macron veut-il humilier le peuple de France ?, par Olivier Perceval.

    Après le gouvernement des hommes par la peur, voilà celui de la honte et de la repentance qui refait surface. On ne nous laissera pas une minute de répit. Les manifestations dans le monde entier, qui se veulent antiracistes, mais en réalité terriblement et dangereusement racialistes sont animées par les mêmes bobos moralisateurs qui distillaient la peur hier et invitent à la honte collective aujourd’hui. Les donneurs de leçon sont toujours reconnaissables au discours usé de bourgeois de gauche en permanence dans la détestation de leur héritage culturel.

    olivier perceval.jpgIls reçoivent aujourd’hui l’appui de communautés, groupusculaires et non représentatives, qui profitent de l’aubaine pour exiger des blancs qu’ils se mettent à genou afin d’expier les fautes de leurs ancêtres. Pour ces incultes (mais l’on peut douter de leur réelle ignorance) « La France, l’État français est un État totalitaire, terroriste, esclavagiste, colonialiste »

    Les médias s’extasient devant le calme des manifestations en oubliant un peu vite les exploits des casseurs et pillards qui se sont exprimés à leur aise dans les premières heures du mouvement. Bref, à en croire les plateaux télés et radiophoniques, il y aurait consensus : L’Occident est coupable, l’Occident doit s’incliner, l’Occident doit s’humilier et payer…

    Quiconque a vu les conditions de la mort de Georges Floyd ne peut qu’être révolté par le comportement du policier déjà signalé pour des faits de violence à l’origine de nombreuses plaintes contre lui. Que ces plaintes aient été systématiquement classées sans suite en dit long sur le mépris de la justice et de la police de Minneapolis à l’égard des justiciables, en particulier lorsqu’ils sont noirs. Mais là, ça se passe aux Etats-Unis dominés depuis deux siècles par l’esprit WASP (White Anglo-Saxon Protestant) raciste jusqu’à la moelle. Malgré tous les efforts plus ou moins sincères, ralentis par les problèmes sociaux récurrents dans un pays au capitalisme cruel, où posséder beaucoup d’argent est un signe de noblesse et d’état de grâce, le racisme reste l’un des problèmes majeurs de cette société multiculturelle.

    Chez nous il y a des petites frappes, caïds de banlieues comme les frères Traoré, trafiquants en tous genres, auteurs de voies de faits et de violences, qui terrorisent leur quartier. Six d’entre eux ont connu la prison ! Ils se posent en victimes et l’un d’eux vient d’annoncer briguer un mandat présidentiel aux prochaines élections ! Le sommet du ridicule est atteint quand Nicole Belloubet, garde des sceaux perdant les pédales, invite la famille Traoré et se voit opposer une fin de non recevoir…

    En attendant l’achèvement du procès en cours, il apparait clairement que les deux affaires ne sont contextuellement pas comparables. Mais l’extrême gauche est à l’œuvre, poursuivant son combat pour l’établissement du chaos généralisé soutenu par le silence complice d’un pouvoir gêné et complexé par le passé « colonialiste et esclavagiste ». A-t-on oublié que le colonialisme a sonné précisément la fin de l’esclavagisme ? Qui se souvient, notamment de Pierre Savorgnan de Brazza au Congo, disant aux autochtones, « Touchez le drapeau français et vous serez libres ». Qui se souvient que les protectorats proposés par la France étaient l’objet de traités signés avec les chefs locaux avec l’approbation empressée de leur peuple. Le Général Gouraud avec une poignée de blancs a traversé l’Afrique d’ouest en est avec une armée composée essentiellement de noirs, les fameux Sénégalais, qui montrèrent une bravoure qui fit l’admiration du monde entier. C’est eux qui ont conquis l’Afrique française. Ces combattants se sentaient punis quand on les envoyait en permission et gardaient l’uniforme avec fierté dans leur village en attendant avec impatience le retour au régiment. Les exemples sont nombreux de manifestations d’amour et de fidélité à la France par les combattants africains, comme l’illustre l’exemple du capitaine Charles N’Tchoréré en quarante :

    (https://www.bvoltaire.fr/etre-francais-jusquau-sacrifice-supreme-lexemple-du-capitaine- )

    On peut contester le colonialisme pour des raisons politiques ou idéologiques, mais il faut garder un minimum de décence en évitant d’évoquer cette période comme un «  crime contre l’humanité  ». Au-delà du ridicule consommé d’une telle affirmation, c’est une insulte à nos ancêtres qui n’étaient pas nécessairement plus radicaux que les décideurs d’aujourd’hui, peut-être en revanche étaient-ils plus courageux. Par ailleurs personne ne se demande par quelles méthodes les cavaliers d’Allah ont islamisé une grande partie de l’Afrique et je ne vois nulle-part à ce sujet, le moindre soupçon d’appel à la repentance.

    Pour la violence policière, elle existe, contrairement à ce qu’affirme Zemmour. On l’a vu à la «  Manif pour tous  » notamment et pendant le long épisode des gilets jaunes. Il semblerait que le pouvoir politique trouve plus facile de donner force à la Loi quand les manifestants au fond ne la contestent pas. Et l’on peut s’interroger, en ces cas, sur l’opportunité des «  dérapages  » pour le pouvoir politique… L’usage de la force, même légitime, demande d’avoir la tête solide. Pour autant, si tous les policiers étaient sensibles et poètes, peut-être serait-il plus difficile d’assurer le maintien de l’ordre  ! Le ministre Castaner, à la demande du président, a réclamé une « tolérance zéro » contre le racisme dans la police, et a annoncé la suspension des agents « pour chaque soupçon avéré d’actes ou de propos racistes ». Outre que la notion de «  soupçon avéré  » est un mystère de la novlangue gouvernemental, avec 85 % des français ayant un avis positif sur les forces de l’ordre, le président et le ministre de l’intérieur auraient été mieux avisés de réfléchir avant de prendre des mesures de communication démagogiques sous la pression des évènements, cela ressemble bigrement à de la lâcheté et l’on n’aime pas les chefs qui désavouent leurs hommes.

    Quant au racisme en France, nous avons écrit sur ce site à quel point cette idée est fausse (https://www.actionfrancaise.net/2019/09/18/sommes-nous-racistes/) .la France n’est pas les Etats Unis, elle ne porte pas dans ses gènes le complexe de la race pure.

    Cependant, l’idéologie immigrationiste visant à instaurer sur notre sol le multiculturalisme, ne peut que provoquer une démultiplication des communautés avec, à la clé, des revendications de reconnaissance totalement étrangères à notre histoire, provoquant une augmentation des violences impossible à juguler. Ainsi le rêve porté par les «  élites  » mondialistes apatrides de voir s’effondrer notre Nation millénaire devenue cosmopolite pourrait être hélas en voie de réalisation. Les tenants du libéralisme individualiste, comme Jacques Attali, et quelques autres se frottent déjà les mains en voyant se concrétiser les effets d’une politique de l’abandon programmé.

    Il appartient à tous les patriotes de se lever, de résister et de proposer sereinement une alternative à l’avenir sombre d’humiliation qui nous est promis. Pour nous, cela passe par la restauration d’un État fort, limité à ses seuls pouvoirs régaliens, s’inscrivant dans la durée pour une politique de souveraineté et de solidarité nationale  : Nécessité du temps long qui n’a guère existé dans notre pays que sous la monarchie.

  • La justice, premier devoir d’un chef de l’État, éditorial de Philippe SCHNEIDER (la Lorraine Royaliste).

    2737274333.91.jpg«  Je veux aussi domestiquer le commerce de l’argent. L’argent n’est qu’un serviteur, le vrai capital, c’est savoir-faire. Il est pernicieux que l’argent produise de l’argent. Toute stipulation d’intérêt relève d’une vilaine paresse car elle vient, sans labeur, grossir, au moment de la restitution, la somme prêtée. Je veux interdire l’usure et l’argent qui prospèrent en dormant  ». Voici une belle citation du Roi Louis IX, Saint Louis.

    Citation brûlante d’actualité. Comme vous le savez, elle fut pourtant écrite il y a 8 siècles. François Mitterrand, homme de culture et qui connaissait l’histoire – deux choses ignorées par nos dirigeants actuels – avait repris la même image en parlant des financiers qui s’enrichissaient en dormant. Hélas, il n’a rien fait contre…

    Comme nous le voyons, rien n’a vraiment changé depuis le règne de Louis IX sauf que lui mettait en application ces principes salutaires pour notre pays et ses habitants. Nos Rois, par la suite, surent également mettre toujours en avant les intérêts de la France et des Français face aux financiers qui existaient déjà bien qu’ayant moins de moyens qu’aujourd’hui du fait des techniques modernes spécialement en communication. C’est d’ailleurs, une des causes majeures de la révolution qui ne fut pas faites pour le «  peuple  » comme les ignorants le disent mais pour permettre à «  l’argent  » et ses détenteurs de régner sur le pays. Nous en avons vu les conséquences  : exploitation de la population, misère généralisée dans nos campagnes et nos villes, division de la population… et cela sans grand résultant  : rappelons que la France était la première puissance économique avant la révolution et qu’elle n’a fait que régresser ensuite.

    Aujourd’hui, il est «  à la mode  » de parler du «  monde d’après  » qui serait différent de celui d’avant la crise sanitaire que nous avons vécu (en espérant qu’elle est bien terminée  !). En particulier, nous devrions «  relocaliser  » certaines de nos productions essentielles. Si nous sommes arrivés si bas, c’est en grande partie parce que nous sommes gouvernés par des financiers qui veulent avant tout faire des profits à court terme, moyen terme dans le meilleur des cas. Ainsi, on fait fabriquer là où cela coûte le moins cher, on cherche le profit maximum dans les entreprises quitte à sacrifier certaines production pas assez rentables bien que nécessaires à la nation, produire là où les salaires sont les moins élevés en sacrifiant le personnels, etc. A la moindre crise, tout peut s’écrouler, entraînant encore plus de misères mais gageons que les financiers arriveront encore à gagner plus…

    C’est aux principes qu’énonçaient Saint Louis qu’il faudrait revenir. Ce savoir-faire, comme l’écrit le roi, c’est le travail effectué par les Français. Et Saint Thomas d’Aquin, contemporain de notre Prince, ajoute  : «  Chacun, de par sont labeur, doit pouvoir vivre dignement ainsi que sa famille, et épargner  ». Tout est dit. Aujourd’hui, nous pourrions parler de salaire universel (et non pas de revenu universel), idée dont a parlé le Pape François.

    C’est la justice, premier devoir d’un chef de L’État. Nos rois en étaient conscients. Nos dirigeants actuels, non. Pour avoir une chance de réaliser cet objectif en France, il faut que chacun ait la possibilité d’avoir un travail, ce qui nécessite à la fois une bonne formation pour les hommes et femmes de notre pays, et des entreprises qui peuvent les faire travailler. Ces entreprises doivent pouvoir vendre leurs produits et donc ne pas avoir à faire face à une concurrence déloyale du fait de salaires et de charges moindre. Il est donc nécessaire que L’État puisse rétablir l’équilibre par exemple en taxant les produits étrangers en fonction des kilomètres parcourus pour arriver sur le sol national. En plus ce serait très «  écologique  » car cela diminuerait les transports internationaux. Cette idée est à étudier car elle est, à mon avis, d’avenir. Il est également vital pour notre pays d’avoir une indépendance nationale dans tous les domaines où cela est possible, en particulier sur les plans de la défense, de l’énergie, de la nourriture, de la médecine… Enfin, pour en revenir à la finance, il faut pouvoir empêcher les prises de contrôle des entreprises stratégiques, donc de ces secteurs, de passer sous contrôle étranger, particulièrement de certains fonds de pension qui ne cherchent qu’à faire des profits à court terme quitte à mettre en péril les entreprises. Nous connaissons plusieurs cas précis dans ce domaine. Or, avec la crise que nous traversons, nous risquons beaucoup de voir des sociétés françaises faire l’objet de prise de contrôle par ces fonds que l’on surnomme fort justement «  vautours  ». Nous ne devons pas les laisser jouer avec la France et les Français comme ils joueraient au casino mais en gagnant toujours  ! Un gouvernement vraiment français devrait être très attentif et intervenir. L’on peut même se demander s’il ne serait pas judicieux de fermer un temps la bourse  ! Gageons qu’il n’en sera rien. Nous l’avons vu, entre autres, avec Alstom et Latécoère et bientôt, sans doute, avec Pont à Mousson (du groupe Saint Gobin Pont à Mousson) qui risque bientôt de passer sous contrôle chinois.

    Le pouvoir ne fera rien car d’une part il est prisonnier de l’Union Européenne qui lui interdit de prendre les mesures indispensables et d’autre part car il ne le veut pas  : tout ce passe en effet comme si le président Macron haïssait la France, veut qu’elle disparaisse pour le plus grand profit des financiers qui ont aidé à la prise de pouvoir.

    Il est temps que la France retrouve les principes qu’énonçaient Louis IX et saint Thomas d’Aquin. Pour cela, il faut qu’elle retrouve à sa tête le descendant légitime de ce grand roi  : Jean IV, actuel comte de Paris. Travaillons à cela.

    PS  : En ce jour (23 juin), je ne peux que constater que le Président n’a rien dit d’intéressant, comme il était prévisible. A noter qu’il a parlé de souveraineté nationale tout déclarant, juste après, qu’il était très heureux que soit réalisé un emprunt «  européen  » pour nous «  sauver  » de la crise, ce qui revient à abandonner tout volonté de souveraineté !

  • L'écologie politique aujourd'hui. Partie 2 : Les Verts au risque de la gestion écologique municipale, par Jean-Philippe

    Les Verts élus maires pourront-ils appliquer une véritable politique écologiste au sein de leurs villes ? Il est évident que la question va vite connaître un commencement de réponse, dès les prochaines semaines, en particulier sur le plan de l’aménagement urbain : la construction de nouveaux ensembles immobiliers repose aussi sur des choix municipaux, et il sera intéressant de voir comment les nouveaux édiles pourront appliquer une politique de densification sans attenter aux équilibres des centres-villes anciens et de leurs paysages, par exemple. Des tours plus hautes ? Des rénovations plus nombreuses ? Quelles aides municipales pour ces dernières ?

    jean philippe chauvin.jpgLe danger, éminemment social, serait que le coût des travaux à effectuer entraîne le départ définitif des populations les moins aisées ou les plus âgées, incapables de régler des factures d’isolation thermique et de ravalement de plus en plus élevées, et, par un effet mécanique d’aubaine, la gentrification accélérée de ces mêmes lieux, déjà bien entamée depuis plus de deux décennies. Or ce processus, favorable à la clientèle électorale des Verts, risque aussi de muséifier les cœurs de ville dans une sociologie de « bourgeoisie mondialisée », souvent liée au secteur tertiaire et aux métiers de l’informatique et de la communication, mais peu intéressée aux activités artisanales « physiques », qu’elles soient « industrielles » ou « de services ». La disparition des cafés populaires au profit de « bars lounge » ou de restaurants branchés, déjà bien avancée aussi, n’est pas forcément une bonne nouvelle pour la sociabilité des villes et le nécessaire « composé » social d’un tissu urbain équilibré. La « fracture territoriale » est déjà là, au cœur de cette évolution citadine qui paraît comme consubstantielle à la métropolisation, nationale ou mondiale…

     

    Néanmoins, les Verts ont une occasion de briser ce cercle vicieux et, ainsi, de montrer que la question sociale n’est pas un « détail » pour eux mais, au contraire, une réelle préoccupation : la saisiront-ils, ou obéiront-ils à un tropisme bourgeois qui fut celui de la Révolution française dès les premiers émois de 1789 ? En ce sens, l’histoire, par sa connaissance et son étude, peut permettre d’éviter quelques écueils et de contourner quelques pièges que nos démocraties recèlent. Mais sans doute faudra-t-il qu’ils mènent une véritable « réforme intellectuelle et morale » en leur sein et, en particulier, parmi leurs équipes dirigeantes et d’encadrement, et qu’ils dépassent le strabisme politique qui fait loucher, ici, plus vers la gauche que vers la droite, au risque de ne pas avoir une juste vision des choses.

     

    Sur la question de l’habitat urbain, qui n’est pas dissociable le plus souvent de la bonne gestion et préservation du patrimoine, en particulier historique (Poitiers, Tours, ou Lyon sont des cités fort riches en ce domaine, et qui méritent que l’on s’en préoccupe sans tomber dans les facilités du simple appât à touristes), sans doute faudra-t-il faire le choix d’une politique de long terme qui privilégie l’habitat plutôt que le ludique, le festif ou le simple commercial : redonner vie aux centres-villes passe par une politique de densification humaine, non pour l’entassement, mais pour la vie même des quartiers centraux au-delà des soirées ou des longues journées marchandes. Faut-il en évacuer l’automobile ? Si la tendance est à la piétonnisation générale, il me semble qu’un équilibre doit être néanmoins sauvegardé, ce qui n’empêche pas la « débitumisation » des places de stationnement et une meilleure protection des cyclistes comme des piétons. En ce domaine comme en d’autres, le dogmatisme s’avère être une erreur, et le pragmatisme raisonné une politique utile, destinée à améliorer les situations plutôt qu’à les bloquer. « Savoir raison garder » : la vieille formule des rois capétiens établit, à mon sens, la bonne stratégie, ce qui n’empêche ni la passion ni la discussion.

    Les nouveaux édiles « Verts » sauront-ils tenir la barre d’une écologie municipale à la fois dynamique et populaire, ou céderont-ils au tropisme (clientéliste ?) de leur catégorisation sociale dominante, tropisme (et inquiétude) évoqué plus haut ? Si leur pratique se limite à quelques mesures vélocipédiques et à la démagogie du « politiquement correct », ils auront usurpé l’étiquette d’écologistes ; mais si leur politique valorise tous les aspects d’une écologie « du bon et du beau », des paysages à la biodiversité, des traditions locales à la projection dans l’avenir par le recours à la matière grise plutôt qu’aux énergies fossiles, leur crédibilité et leur légitimité pourraient s’en trouver bien établies dans le temps, c’est-à-dire utilement enracinées. Il revient aux royalistes de veiller à ce que l’écologie ne soit pas qu’un alibi facile pour un nouveau « pays légal » verdâtre quand il s’agit de répondre aux défis environnementaux contemporains et aux attentes d’un « pays réel » aujourd’hui déboussolé et inquiet devant des processus climatiques, économiques et politiques qui lui paraissent imposés, parfois sans juste mesure…

     

    L’un des marqueurs de « l’écologité » de la politique des municipalités « vertes » pourra être, pour les royalistes, l’intérêt porté par celles-ci à la cause des arbres, mais il ne sera pas, bien évidemment, le seul critère d’appréciation. De plus, le rôle des royalistes devrait être de porter les couleurs d’une écologie intégrale qui n’oubliera ni la préservation des grands équilibres environnementaux et de tous leurs aspects, ni la défense d’une spécificité humaine contre les dérives transhumanistes. L’écologie intégrale n’est pas que la préservation de la nature comprise comme « environnement » mais elle l’est aussi de la nature humaine et de ses héritages historiques : l’écologie intégrale est aussi éminemment politique, et elle sera toujours du côté d’Antigone plutôt que de Créon, fût-il adoubé par les Verts…

     

    (à suivre)

  • L’éditorial de Laurent Meeschaert : France libre.

    Le numéro 40 est disponible depuis ce matin, en kiosque, par abonnement, et à la demande sur notre site. Voici l'éditorial du numéro, par Laurent Meeschaert.

    10.jpgCité à comparaître devant la 17e chambre à la requête de La France Insoumise pour un dossier relevant du débat politique (« Les collabos », dans L’Incorrect de novembre 2020, n° 36) et non d’un tribunal, je dénonce cette instrumentalisation de la justice, préjudiciable tant à la vie politique qu’à la justice elle-même. Le honteux défilé du 10 novembre 2019 aux côtés de Marwan Muhammad vociférant « Allahou Akbar » à deux pas du Bataclan ne suffisait pas : La France Insoumise la mal-nommée se devait aussi de tirer sur ceux qui sonnent le tocsin.

    Dans sa citation à comparaître, LFI croit bon de placer L’Incorrect à l’extrême droite de l’échiquier. Cet épouvantail usé jusqu’à la corde n’a d’autre objectif que de disqualifier les propos de l’adversaire et s’épargner l’effort de le comprendre vraiment. En réalité, je suis français et catholique, tout est dit. Sur le plan politique, je suis de droite et L’Incorrect a vocation à travailler à la rencontre des droites. J’admire de Gaulle, qui a jeté toutes ses forces dans la restauration de l’indépendance et de la grandeur de la France. J’ai grandi avec le RPR. Celui de Pasqua qui voulait « terroriser les terroristes ». Celui de Séguin qui combattait Maastricht. Celui des « États-généraux de la droite » (nous les appellerions plus tard « Convention de la droite ») où les Giscard, Chirac, Sarkozy, Juppé, Bayrou votaient comme un seul homme la révision du regroupement familial et enjoignaient à « l’islam seul » de s’adapter pour être « compatible avec nos règles » (ils se sont tous reniés depuis). J’ai voté pour Villiers ou le Parti chrétien-démocrate. Voilà pour faire un dangereux extrémiste ; accusé, levez-vous. Aujourd’hui, j’ai de l’estime pour ceux qui ont pris la relève de la droite au service de la France. En particulier pour la profondeur et la précision de la pensée de François-Xavier Bellamy ; la droiture et l’efficacité de Xavier Lemoine ; le courage et la ténacité d’Éric Zemmour ; la vision, la combativité, et le sens des responsabilités de Marion Maréchal.

     

    Élevez vos Babels, vous vous heurterez toujours à cette réalité. La France, tout ou partie soumise à la charia, ne serait plus la France

     

    LFI qualifie notre article de « raciste ». Cette calomnie sous-entend que nous propagerions l’idée de races supérieures à d’autres, ce qui est faux. Faux car nous ne l’avons jamais écrit. Faux car cela ne correspond pas à notre anthropologie. Chaque être humain est égal en dignité, quelle que soit sa race, sa nationalité, sa religion, son âge ou son état de santé. Pour autant, il existe des différences culturelles et toutes les pratiques culturelles ne se valent pas. Sauf si l’on tient absolument à mettre au même niveau l’excision et l’édification d’une cathédrale. Or il se trouve que certains musulmans travaillent à la subversion des lois et des coutumes françaises. Et le fait est que des personnalités – mélange probable de calcul, de naïveté et de méconnaissance – ont des comportements équivoques envers eux. Les citoyens ont le droit et le devoir de les interpeller, de leur demander des comptes à ce sujet. C’est ce que nous avons fait dans les articles incriminés. Il est des faits désagréables à entendre mais le rôle de la presse est aussi de les énoncer. Et il importe, pour le bien commun, qu’elle reste libre de pouvoir le faire.

    Les petits abandons d’un jour font les grandes capitulations du lendemain. Le renoncement à l’assimilation est l’abandon capital. Contrairement à ce qu’assène une doxa hors-sol, deux civilisations très différentes ne peuvent durablement coexister sans tensions graves. Élevez vos Babels, vous vous heurterez toujours à cette réalité. La France, tout ou partie soumise à la charia, ne serait plus la France. Qu’on le veuille ou non, la religion historique et majoritaire dans un pays imprègne ses coutumes, sa culture, les relations entre ses citoyens. Or la France est née de la philosophie grecque, du droit romain et de la foi chrétienne. Coupez-la de ses racines, elle s’effondrera. La religion chrétienne en particulier a révélé l’égale dignité inconditionnelle de tout être humain, créé libre et responsable. Elle a établi une juste distinction entre le politique et le spirituel. Elle est à l’origine même d’une laïcité bien comprise. Il est deux approches chimériques de la laïcité : permettre à égalité toutes les formes d’expressions culturelles et religieuses dans l’espace public ou les interdire toutes. Une laïcité réaliste, reconnaissant à chacun liberté de conscience et droit de pratiquer sa religion, devrait souligner la primauté de nos racines dans l’article 1 de notre constitution : « La France est une nation de tradition chrétienne dont le régime politique est une République ». Il n’est de meilleure lutte contre « les séparatismes » que de renouer avec qui l’on est.

    À l’inverse de ceux qui réduisent l’homme à l’état d’individu d’autant plus libre qu’il serait détaché de tout, creusant le vide existentiel dans lequel s’engouffre le communautarisme séparatiste islamiste, la civilisation chrétienne que nous respirons – encore, mais l’air se raréfie – considère l’homme comme une personne, être de relation appelé à transmettre aux générations à venir et d’autant plus libre d’entrer en relation pacifique avec les autres qu’il est ancré dans une histoire, une culture. Devant Notre-Dame en feu, chacun, croyant ou pas, a bien senti au plus profond de son être que cette civilisation est un bien précieux, aujourd’hui en danger. Il revient à chacun d’entre nous, selon notre niveau de responsabilités dans la société, de veiller à la préservation et au déploiement de ce patrimoine vivant, condition de notre liberté et de la paix.

     

    Laurent Meeschaert

    Source : https://lincorrect.org/

  • Stanislas Berton : « Une nouvelle élite patriote doit reprendre le contrôle du pays ».

    « La plus haute forme de l’espérance est le désespoir surmonté », écrivait Bernanos. C’est aussi l’invitation de Stanislas Berton, dans son dernier livre La France retrouvée, à ne pas se laisser décourager face à l’effondrement de notre pays. S’il est urgent d’en prendre conscience avant qu’il ne soit trop tard, l’auteur décrit habilement cette guerre invisible menée contre les peuples et les nations. Il propose également des solutions extrêmement concrètes pour redonner à la France toute sa grandeur. À lire de toute urgence…

    Votre livre révèle « le processus de destruction méthodique de la France ». Qui sont les détracteurs de notre pays ?

    Depuis plusieurs décennies, la France est détruite de l’intérieur par les mondialistes, ces idéologues de la société « ouverte » qui cherchent à détruire les identités, les peuples et les nations occidentales pour leur imposer un mode de pensée, une culture et un modèle social uniques. Dans cette entreprise, ces agents du mondialisme travaillent souvent de concert, quand ils n’en sont pas purement et simplement les agents, avec des puissances ou des organisations étrangères qui cherchent à affaiblir la France pour mieux servir leurs intérêts.

    Quelles sont leurs méthodes ?

    Ayant compris les dangers de l’attaque directe, les mondialistes ont développé une stratégie qui repose essentiellement sur l’infiltration, la subversion, la propagande, autant de moyens indirects qui leur permettent de prendre progressivement le contrôle des leviers de l’influence et du pouvoir pour mettre en œuvre leur projet et détruire les nations de l’intérieur. Pour déjouer leurs plans, il est capital que tous les patriotes comprennent qu’au XXIe siècle, la guerre est désormais principalement menée par des moyens non militaires. Cette guerre d’un nouveau genre, totale, permanente, « hors limite », utilise comme principaux vecteurs l’idéologie, la culture, la finance, l’immigration de masse et, plus généralement, le contrôle de l’information par l’intermédiaire des grands médias. À bien des égards, elle représente l’application à la lettre des principes du grand stratège chinois Sun Tzu selon lequel tout l’art de la guerre consiste à soumettre l’ennemi sans utiliser la force ni même engager le combat.

    Vous dénoncez l’égalité et le progrès comme deux illusions qui conduisent à notre perte…

    Plus qu’une illusion, l’égalité et le progrès sont deux armes employées par nos adversaires pour détruire notre pays. Pour ses apôtres, l’égalité constitue la plus lucrative des rentes car, étant contraire à toutes les lois de la nature, elle ne peut jamais être atteinte et demande donc que des moyens et des responsabilités toujours plus considérables soient confiés à ceux qui prétendent la réduire. Quant au progrès, son invocation permanente permet de dissimuler la réalité de ruptures anthropologiques majeures ainsi que de justifier la destruction d’un ordre social et politique dont la stabilité, pendant des siècles, constituait la preuve de la robustesse, voire de l’anti-fragilité. En réalité, l’égalité et le progrès font partie des dogmes fondateurs de cette nouvelle religion républicaine qui a remplacé le christianisme pour mieux envoûter le peuple français.

    L’actualité confirme quotidiennement le constat alarmant que vous dressez. Malgré tout, la France peut-elle retrouver sa grandeur, selon vous ?

    Pour sauver la France et lui permettre de retrouver sa grandeur, le peuple français doit d’abord comprendre la réalité de la guerre qui lui est menée et prendre conscience que le désastre actuel n’est pas tant le fruit de l’incompétence ou de la bêtise que de la trahison et de la subversion. Dans un deuxième temps, il doit comprendre que, face aux périls existentiels qui nous menacent, nos principes, nos lois, nos institutions et, plus généralement, tout l’appareil philosophico-politique fruit de la modernité et hérité des Lumières se révèlent aujourd’hui totalement inadaptés, voire néfastes. Si nous voulons sauver notre pays et notre peuple, nous devons changer radicalement de paradigme et entrer, pour citer René Girard, « dans une pensée du temps où la bataille de Poitiers et les croisades seront plus proches de nous que la Révolution française et l’industrialisation du Second Empire ». Mais surtout, une nouvelle élite patriote doit reprendre le contrôle du pays et le peuple français doit porter au pouvoir des chefs moins soucieux de flatter l’opinion et de remporter une échéance électorale que de servir la France et de porter un véritable projet de redressement national inscrit dans la durée.

    Doit-elle, pour cela, renouer avec ses racines chrétiennes ?

    Qu’ils soient croyants ou non, tous les Français doivent comprendre qu’ils sont chrétiens par la pensée, la culture et l’Histoire et que le redressement de la France ne peut que passer par la réaffirmation de son identité chrétienne ainsi que par un retour à la tradition, au mystère et au sacré. Quant aux chrétiens pratiquants, qu’ils n’oublient jamais que Dieu vomit les tièdes et qu’ils cessent, à ce titre, d’accepter, voire de participer à la submersion migratoire de leur pays au nom de « l’accueil du prochain », d’entretenir la fiction d’une entente avec un islam conquérant au nom du « dialogue interreligieux » et, plus généralement, d’être collectivement possédés par « ces vertus chrétiennes devenues folles ». Qu’ils suivent plutôt les conseils de saint Paul dans sa lettre aux Éphésiens qui nous invite, pour combattre les ruses du diable, à prendre toutes les armes de Dieu et nous rappelle « que nous n’avons pas à lutter contre la chair et le sang, mais contre les dominations, contre les autorités, contre les princes de ce monde de ténèbres, contre les esprits mauvais dans les lieux célestes ».

    Propos recueillis par Iris Bridier.

     

    Stanislas Berton

    Economiste, entrepreneur et écrivain
  • Sélectron : Un pape ne devrait pas dire ça, par Nathan Daligault.

    Vous êtes exaspéré par les déclarations répétitives du pape en matière de politique ? Vous êtes exténué par l’angélisme du souverain pontife avec l’islam ? Alors ce sélectron des phrases les plus désarçonnantes du Pape François est fait pour vous.

    1. « Je n’aime pas parler de violence islamique, car tous les jours, dans le journal, je vois des violences : ici, en Italie, l’un qui tue sa fiancée, l’autre son associé, et ce sont des catholiques baptisés ! Ce sont des violents catholiques. […] Si je parle de violence islamique, je dois parler de violence catholique. Dans presque toutes les religions, il y a seulement un petit groupe fondamentaliste ».

    Assurément la pire de toutes ses déclarations. À son retour des JMJ de Pologne en 2016, quelques mois seulement après les attentats du Bataclan, le Souverain pontife avait osé relativiser la violence des islamistes en comparant les attentats aux violences conjugales, qui de fait peuvent concerner des catholiques. Il oubliait juste que les coups de fer à repasser d’un catholique un peu irritable n’étaient pas exécutés d’après la doctrine catholique, contrairement aux attentats perpétrés au nom du Coran. Un insupportable relativisme qui rappelle celui des quelques grands penseurs de forums internet ou des théoriciens décoloniaux, plus aptes à condamner la violence symbolique de la Manif pour tous que celle de l’islamisme. Les victimes d’attentats ont dû apprécier cette papale précaution : pas d’amalgame !

    2. « Une personne qui veut construire des murs et non des ponts n’est pas chrétienne. Ce n’est pas dans l’Évangile. Voter, ne pas voter, je ne m’immisce pas. Mais je dis seulement : ce n’est pas chrétien ».

    Avec cette déclaration au sujet de Donald Trump, le pape s’était ouvertement immiscé dans la politique américaine durant les Primaires républicaines de 2016, provoquant de vives réactions de la part de l’ensemble des candidats. Comme si la politique migratoire de Trump était le seul trait de sa personnalité qui lui dénierait la qualité d’être chrétien. Pardonnez-le du reste, en bon berger, de vouloir protéger le troupeau dont il a la charge. Décidément, le pape est bien maladroit dès qu’il met pieds dans le plat de la cité terrestre.

    3. « Si M. Gasbarri, qui est un grand ami, dit un gros mot sur ma mère, il doit s’attendre à recevoir un coup de poing ! On ne peut pas provoquer, on ne peut pas insulter la foi des autres, on ne peut pas se moquer de la foi ! »

    Une double perle du Souverain pontife puisqu’il justifiait tout à la fois sa propre violence et celle des islamistes. Alors qu’il est en avion entre le Sri Lanka et les Philippines, le 15 avril 2015, le Pape relativise la liberté d’expression expliquant peu de temps après les attentats de Charlie Hebdo « qu’on ne peut pas provoquer ou insulter la foi des autres ». Les djihadistes avaient sûrement eu raison de défendre aussi virilement leur foi, comme le Pape argentin défendrait sa matrone.

     

    Les djihadistes avaient sûrement eu raison de défendre aussi virilement leur foi, comme le Pape argentin défendrait sa matrone

     

    4. « Un ami m’a dit : ‘En France, si on continue comme ça, on aura Marine Le Pen présidente’. Je ne veux pas être désagréable ou dire à votre pays ce qu’il doit faire. Mais c’est inquiétant. […] Je suis inquiet de la montée des populismes ».

    C’est la dernière en date des petites phrases politiques du pape François. Rapportée par L’Obs le lundi 15 mars, le Pape y fait de nouveau montre d’un insupportable angélisme. Commentant la politique française, il s’inquiète d’une potentielle victoire de Marine Le Pen qui, comme chacun sait, est un danger pour tous les chrétiens. À force de « s’inquiéter » des populistes, le Pape finit par ressembler à ces grandes personnalités du spectacle qui, pour se donner une belle conscience, critique à longueur de temps une extrême droite qui n’existe plus que dans leurs fantasmes. Facile de se permettre ces commentaires depuis la cité vaticane, loin des quartiers islamisés de notre tendre République.

    5. « Le souverainisme est une attitude d’isolement, de fermeture qui mène à la guerre. (…) Je suis préoccupé parce qu’on entend des discours qui ressemblent à ceux d’Hitler en 1934. ‘Nous d’abord. Nous… Nous…’ Ce sont des pensées qui font peur. […] Le souverainisme est une exagération qui finit toujours mal ; elle mène à la guerre. Le populisme, c’est le même discours ».

    La déclaration au sujet de Marine Le Pen était finalement peu de chose comparée aux commentaires du Pape sur Matteo Salvini. Dans un entretien donné à la Stampa le 9 aout 2019, François s’était ému de ce que le souverainisme lui rappelait les heures les plus sombres de l’Histoire. Reductio ad hitlerum et point Godwin, un classique. Comparant en deux phrases le populisme au nazisme, il réussissait à faire plus fort que Mitterrand et son célèbre « le nationalisme, c’est la guerre ». Papa Francesco, icône de la bien pensance ? Mélenchon ne cesse en tout cas de l’applaudir.

    6. « Les populismes nous mènent aux souverainismes : ce suffixe en ‘isme’ ne fait jamais du bien ».

    Une citation tirée du même entretien, mais dont la rigueur scientifique valait bien la peine d’être séparée de la précédente – reliée par un pont cependant, rassurez-vous. Les « -ismes » renverraient donc automatiquement à de mauvaises choses. Quid du christianisme, du catholicisme ? Quant au patriotisme, Léon XIII disait que « l’amour surnaturel de l’Église et l’amour naturel de la patrie procèdent du même et éternel principe ». À n’en pas douter, la déclaration du Pape est à la hauteur philosophique des futilités d’Emmanuel Macron. Assez pour faire barrage à la haine en 2022 ?

     

    Facile de se permettre ces commentaires depuis la cité vaticane, loin des quartiers islamisés de notre tendre République

     

    7. « Nous sommes appelés à dialoguer avec les musulmans afin de construire l’avenir de nos sociétés et de nos villes ; nous sommes appelés à les considérer comme des partenaires pour construire une cohabitation pacifique même quand se produisent des événements bouleversants, œuvre de groupes fanatiques ennemis du dialogue ».Partant sûrement d’un bon sentiment, à la faculté pontificale de théologie de l’Italie méridionale en 2019, François continuait d’alimenter les bonnes âmes et la nécessité de « dialoguer » avec l’islam. Il est loin le temps du discours de Ratisbonne du pape Benoît XVI qui, commentant la lettre de l’empereur byzantin Manuel II Paléologue, rappelait les dangers de l’islamisme : « Montre-moi donc ce que Mahomet a apporté de nouveau, et tu y trouveras seulement des choses mauvaises et inhumaines, comme son mandat de diffuser par l’épée la foi qu’il prêchait ». Le vivre ensemble, dites-vous ?
  • Mais à quoi sert encore l’OTAN ? (I), par Christian Vanneste.

    L’agitation internationale de M. Macron a sans doute pour but de restaurer une image présidentielle plus respectable aux yeux de la population française. Mais, entre les apparences et la réalité, le fossé s’est creusé. Une chose est de papillonner  parmi les grands de ce monde, pour donner l’impression que l’on fait partie du cercle, une autre est d’échanger avec la première puissance mondiale sur un pied d’égalité. 

    christian vanneste.jpgLorsque le Président Georges Pompidou atterrissait en Concorde aux Açores en 1971  pour y rencontrer le Président Richard Nixon après que celui-ci eut annoncé la fin de la convertibilité du Dollar en or, l’égalité était de mise : le Chef de l’Etat le plus puissant de l’Europe Occidentale avait fait la moitié du chemin dans un avion d’avant-garde pour parler d’une certaine manière au nom de l’Europe qui s’inquiétait à juste titre de la décision américaine sur son économie, et il représentait la France, un allié occidental, certes, mais qui menait une politique qui lui était propre. La France avait reconnu la Chine communiste en 1964. Nixon allait entamer le rapprochement sept ans plus tard.

    Ce retour en arrière permet de mesurer le nombre de marches descendues par notre pays durant ce demi-siècle. Le président français est cette fois parmi les autres pour accueillir M. Biden qui veut reprendre la main sur ses féaux de l’OTAN. Alors que la France avait donné des signes d’indépendance, notamment en critiquant l’impuissance de l’organisation vis-à-vis de la Turquie, l’un de ses membres et non le moindre, allant jusqu’à parler de “mort cérébrale”, cette fois l’alignement est penaud. M. Macron a même dû fournir des explications au sultan turc sur le respect de l’islam en France tandis qu’il renouait avec M. Erdogan, toute honte bue après les insultes décochées à son encontre par ce dernier, et alors qu’en Libye l’intervention turque a pleinement porté ses fruits en empêchant la réunification du pays sous un gouvernement résolument anti-islamiste. En fait, la fenêtre de liberté ouverte par Donald Trump, et la possibilité d’en finir avec des confrontations nocives pour la France et pour l’Europe, s’est refermée. Les bellicistes démocrates qui depuis des décennies utilisent de façon cynique l’islamisme au profit de l’impérialisme américain sont de retour à la Maison Blanche. Et cela semble parfaitement convenir au locataire actuel de l’Elysée qui rentre dans le rang.

    Les Etats-Unis avaient utilisé intelligemment les rébellions afghanes, notamment islamistes, contre l’URSS et précipité l’effondrement de celle-ci. L’éclatement de l’Empire soviétique devait évidemment redistribuer les cartes. La Russie n’étant plus communiste et vouée à la destruction de l’Occident capitaliste, il paraissait opportun de la considérer désormais comme une puissance appartenant à la même civilisation que les nations occidentales marquées majoritairement par le christianisme. Face à la montée en puissance de la Chine, c’était la sagesse. Deux difficultés mineures subsistaient : d’abord la Russie voulait préserver une sphère d’influence comprenant les nouveaux Etats qui depuis parfois plusieurs siècles n’avaient été que des provinces de l’Empire russe, et d’autre part, sa culture et son histoire ne la prédisposaient pas à installer un régime politique semblable à celui des démocraties libérales. Face à l’URSS, Washington n’avait pas barguigné à s’allier avec des dictatures ou des monarchies absolues. Ni l’Espagne franquiste, ni l’Arabie saoudite n’étaient des démocraties. La seconde ne l’est toujours pas et cela ne gène pas les Américains….

    Il est assez clair que toute la politique menée par les Etats-Unis, notamment sous les présidences démocrates, a développé un impérialisme cynique brandissant dans une main l’étendard de la démocratie et favorisant de l’autre main les intérêts américains afin de diviser les uns, d’affaiblir les autres, et de soumettre tout le monde. C’est ce qui explique cet entêtement, faisant feu de tout bois, à combattre la Russie par tous les moyens. Washington s’était engagé à ne pas faire progresser l’Otan vers les frontières de la Russie et a délibérément failli à sa promesse. L’Ukraine, comme son nom l’indique est une “marche”, un pays de frontières mouvantes. Plus on y va vers l’Est, plus on est en Russie, et on y est même tout-à-fait en Crimée dont le rattachement à l’Ukraine a été tardif et purement administratif ; plus on va vers l’Ouest plus on a affaire à des Ukrainiens, par exemple ceux de Lviv qui n’ont été soviétiques qu’après la seconde guerre mondiale et n’aiment pas du tout la Russie. Les Américains font semblant d’ignorer tout cela et de considérer l’annexion légitime de la Crimée comme une violation du droit international. Leur intervention dans l’ex-Yougoslavie contre les Serbes, visait à affaiblir l’influence russe, à diviser les Européens, et à implanter leur présence militaire. Ces objectifs ont été atteints de la pire manière en favorisant les islamistes bosniaques et albanais contre les Serbes chrétiens. L’arrachement violent du Kosovo à la Serbie et le soutien à la rébellion de l’UCK, c’est-à-dire à un groupe à la fois mafieux, islamiste, et raciste qui persécute la minorité serbe, sont infiniment plus contraires au droit que le retour de la Crimée à la Russie.

    (à suivre)

    Source : https://www.christianvanneste.fr/

  • Les 32 heures ou le degré zéro de la pensée politique, par Natacha Polony.

    "Voilà des décennies que, politiquement et médiatiquement, le débat se concentre autour de l’emploi, sans que plus personne ne se pose la question essentielle du travail."
    © Hannah Assouline.

    Une société qui a décrété collectivement que « le travail » est aliénant et qui élève ses enfants dans l’idée qu’il ne peut être qu’un élément pénible prive ses membres d’une dimension essentielle de l’existence humaine en même temps qu’elle se condamne à dépendre du reste du monde et à s’appauvrir inexorablement, écrit Natacha Polony, directrice de la rédaction de "Marianne".

    C’est un passage obligé de chaque élection présidentielle : le retour de la réduction du temps de travail. Cela dit, on peut aussi se réjouir : quelques minutes de temps médiatique durant lesquelles on se souvient que réellement, pour « changer la vie », on ne peut se contenter de parler immigration et identité. Mais il ne faut pas rêver, l’échappée s’arrête là, on n’ira pas plus loin que quelques déclarations péremptoires des Verts ou des Insoumis sur le « partage du temps de travail » qui « seul » permettrait de créer des emplois. Le travail, son temps, sa nature, il y a longtemps que nous avons cessé collectivement de l’appréhender politiquement. Pour preuve, la polémique autour des propos de la ministre chargée de l’Industrie, Agnès Pannier-Runacher, qui a vanté « la magie de l’usine », « la magie de l’atelier où on ne distingue pas le cadre de l’ouvrier ». Mary Poppins en politique…

    Valeur travail

    Voilà des décennies que, politiquement et médiatiquement, le débat se concentre autour de l’emploi, sans que plus personne ne se pose la question essentielle du travail. À l’exception notable de la campagne de 2007, centrée, chez Ségolène Royal comme chez Nicolas Sarkozy, sur la « valeur travail ». Mais les deux, à leur manière, se contentaient de répondre au fiasco des 35 heures. Fiasco, oui, parce que, malgré les calculs d’épicier sur le nombre d’emplois créés, calculs qui oublient systématiquement tout le reste – la désorganisation de l’hôpital, de la police, de l’ensemble des administrations, et le nombre d’emplois détruits par la perte de compétitivité des entreprises –, les 35 heures (contre lesquelles Marianne s’est toujours élevé) ont surtout détruit l’idée même de travail comme étant autre chose qu’une torture dont il faudrait s’extraire. D’où l’unique proposition d’aujourd’hui, réduire encore le temps de travail, puisque le travail, par essence, aliène, et que la vie humaine sera enfin épanouie quand les hommes pourront s’adonner aux loisirs et choisir leurs activités en fonction de leurs aspirations. D’où, également, l’idée récurrente d’un revenu universel, qui permettrait à chacun de choisir s’il veut ou non travailler.

    On comprend le présupposé, ancré dans la culture d’une part de la gauche : le travail, c’est l’usine, la chaîne, la mine, c’est brutal et destructeur. Ajoutons que, depuis l’éradication de la classe ouvrière par la désindustrialisation, les partis de gauche sont essentiellement constitués de fonctionnaires et d’intellectuels précaires pour qui le travail manuel est forcément dégradant. Dans cette vision du monde disparaissent non seulement la fierté du travail bien fait et le plaisir de produire, mais aussi l’ampleur des savoir-faire de chaque ouvrier. Il ne vient pas à l’esprit de ces penseurs hors-sol qu’une des difficult��s pour réindustrialiser est aujourd’hui la déperdition de ces savoir-faire précieux, comme on le voit dans tous les domaines de la confection et du textile.

    L’option Jacques Attali

    Variante de ce mépris pour le travail, l’option Jacques Attali : le travail est aliénant, l’émancipation viendra quand chacun sera autoentrepreneur, libre de décider de son temps, de ses clients… Dans le monde réel, cela donne quelques privilégiés capables de monter une petite entreprise de microbrasserie ou de sculpture sur bois, et tout le reste transformé en chauffeur Uber ou livreur Deliveroo. Le travail à la chaîne, les syndicats en moins.

    Que penser de la transformation des chantiers de La Ciotat en un pôle où l’on trouve désormais une école de toilettage pour chiens ?

    Il faut lire l’excellent livre de Jérôme Fourquet et Jean Laurent Cassely, la France sous nos yeux, pour comprendre le bouleversement de la société française à travers la désindustrialisation et la transformation progressive du pays en parc de loisirs. Quand on cesse de produire, seuls restent les emplois liés à la nouvelle société du tourisme et les emplois d’aide à la personne (le fameux « care » vanté par la dame des 35 heures, Martine Aubry), mal rémunérés, peu considérés, et qui ne créent que très peu de valeur ajoutée. Est-il réellement plus épanouissant de jouer les agents d’ambiance à Disneyland que de travailler chez Renault ? Ou, pour reprendre un exemple cité par Jérôme Fourquet, vaut-il mieux être marin pêcheur (malgré la dureté du métier mais avec tout ce qu’il véhicule d’histoire et de noblesse) ou réparer les yachts des Parisiens ? Que penser de la transformation des chantiers de La Ciotat en un pôle où l’on trouve désormais une école de toilettage pour chiens ?

    Il existera toujours des métiers pénibles, des métiers peu épanouissants, et le rôle d’une République sociale est de garantir pour ceux qui les exercent d’en limiter la pénibilité et de protéger leurs droits. Elle doit également permettre que tout travail soit rémunéré correctement, et pour cela ne pas mettre les travailleurs en concurrence avec ceux, partout dans le monde, qui sont exploités jusqu’à l’esclavage. Mais une société qui a décrété collectivement que « le travail » est aliénant et qui élève ses enfants dans l’idée qu’il ne peut être qu’un élément pénible, mais le moins prenant possible, entre des plages de loisirs ou de recentrage sur son cocon familial, prive ses membres d’une dimension essentielle de l’existence humaine – la capacité de l’être humain à créer, à produire, à partir du monde qui l’entoure – en même temps qu’elle se condamne à dépendre du reste du monde et à s’appauvrir inexorablement.

    Source : https://www.marianne.net/

  • La propagande culturelle turque, par Rainer Leonhardt.

    La Turquie connaît une vague de séries et de films historiques. Ceux-ci développent une vision épique de l’histoire mais assument aussi un discours civilisationnel islamiste et identitaire. Décryptage.

    La série sur le sultan Abdülhamid II, Payitaht : Abdulhamid, qui en est à sa cinquième saison, est typique du discours panislamique spécialisé dans la réécriture historique et la réécriture des massacres hamidiens. Elle le présente comme un simili Erdogan devant lutter contre les pays européens, les chrétiens, les juifs et les francs-maçons ainsi que contre les « traîtres » internes. Les Arméniens ayant protesté contre les massacres de masse hamidiens, dont des dénonciations vibrantes ont été faite aussi bien par Jaurès que par le royaliste et catholique social Albert de Mun, sont présentés comme des méchants « islamophobes », dans une inversion typique des rôles bourreaux/victimes. Cela nie la réalité, qui a été une série de massacres des populations chrétiennes précédant leur extermination vingt ans plus tard. Puis le discours assume un suprématisme islamique expliquant que l’Empire ottoman repose sur l’islam, la suprématie turque et la conquête de Constantinople, assignant donc une place inférieure aux non-turcs et aux non-musulmans. On a donc un discours à la fois victimaire et violemment suprématistes. Si les Anglais sont présentés comme cupides, les Français, eux, sont présentés comme le modèle des colonialistes oppresseurs. Un autre passage, où Abdülhamid (ce héros !) menace de guerre l’ambassadeur français si celui-ci n’interdit pas les caricatures « blasphématoires et islamophobe »), est une référence claire aux caricatures de Charlie Hebdo. Seul le rapport de force (menacer la France d’une guerre pour une caricature publiée dans un journal) est vu comme légitime là où les mêmes réseaux, en Turquie, crieraient au néocolonialisme si la France ou n’importe quel pays de culture chrétienne adoptait la même attitude pour les souillures et profanations permanentes des lieux de culte chrétiens en Turquie.

    Le film Fetih 1453 (La Conquête 1453 – 2012) exalte la conquête de Constantinople en présentant Constantin Paléologue comme un sauvage fanatique et en gommant le pillage de la ville et le massacre des habitants. La série Diriliş: Ertuğrul (5 saisons de 2014 à 2019), diffusée dans 71 pays, a été un grand succès au Pakistan. Elle raconte la vie (légendaire) d’Ertuğrul Gâzi, fondateur de l’empire ottoman, au XIIe siècle ; elle développe un discours de haine antichrétien, belliciste et expansionniste. Là où Payitaht : Abdulhamid, a un discours panislamique, Diriliş: Ertuğrul correspond plus à un éloge de la synthèse turco-islamique exaltant la turcité phare de l’islam et la turcité “authentique” à coups de yourtes et de tribus. Cela peut même aller jusqu’à un éloge de rites issus de pratiques chamaniques.

    Enfin, la série Vatanim Sensin (Ma patrie, c’est toi) exalte le kémalisme et la modernisation autoritaire de la Turquie qu’il a effectuée en gommant l’épuration ethnique des grecs d’Asie Mineure (et le fait que les kémalistes aient parachevé les génocides des Arméniens, Grecs pontiques et Assyrochaldéens, effectués par les Jeunes Turcs unionistes en 1915 tout en récupérant bon nombre des cadres unionistes). Toutes ces séries sont diffusées par le Netflix turc, les chaînes locales mais aussi des chaînes pakistanaises, arabes et même latino-américaines.

    Une volonté belliqueuse évidente

    Ces séries proclament un message guerrier. Celui d’une Turquie pays symbole d’une civilisation islamique devant s’unifier sous sa férule et menant une politique expansionniste face à un Occident chrétien présenté comme décadent, fourbe et fanatique. Cela va avec l’expansionnisme actuel de la Turquie génocidaire et négationniste contre le Rojava, à l’intérieur de la Syrie, contre la Grèce, le Kurdistan irakien et l‘Arménie dont nous avons vu un tragique exemple avec l’invasion de l’Artsakh. Et le discours de la pop culture infuse dans la communication officielle de la présidence turque à propos de l’armée turque. Une de ses vidéos “démontre” la continuité sur le temps long entre les armées de cavaliers turcs du début des invasions turques, les troupes de janissaires et l’armée turque actuelle, qui se bat au nom d’Allah. Le titre de la chanson qui l’accompagne, Kizil Elma, fait référence à la « pomme rouge » qui est un vieux mythe ottoman évoquant d’abord la conquête de Constantinople puis la conquête d’autres villes chrétiennes européennes importantes variant, selon les campagnes, entre Vienne et Rome.

    Les paroles expliquent que le monde entier attend le retour des conquêtes turques dans un discours mélangeant vision de la turcité sur le temps long et référentiel islamique avec d’ailleurs la transformation de Sainte-Sophie en mosquée assumée comme étant un signe de conquête. De même cette vidéo fait l’éloge de la victoire turque de la Prevesa remportée par Barberousse contre la Sainte Ligue en 1538 (et présente donc les tensions actuelles en Méditerranée comme résultant d’une guerre entre la Turquie pays phare de la civilisation musulmane et les pays européens vus comme un bloc chrétien). La vidéo est relayée par Farhuttin Altun, qui dirige la communication de la Présidence turque. On pourrait demander à la Turquie son opinion sur les raids esclavagistes menés par les pirates barbaresques, qu’elle semble exalter.

    Un discours d’influence

    Cela va avec le déploiement d’un soft power turc à l’étranger, premièrement envers une diaspora très contrôlée par Ankara mais aussi envers des parties de la gauche communautariste, voire des individus dans la droite nationale.

    La Turquie développe une stratégie d’influence métapolitique via le déploiement du discours turco-islamique mélangeant victimisation et discours identitaire expansionniste. Mais elle développe aussi un discours géopolitique civilisationnel pointant les pays chrétiens européens s’opposant à elle et les chrétiens du Proche et du Moyen-Orient parce qu’ils existent comme des ennemis ontologiques. Ce discours va avec une volonté expansionniste dans le Croissant fertile, le Caucase et les Balkans. Mediapart reprochait à l’« extrême droite française » de lire le conflit au Haut Karabakh comme une guerre de civilisation. La réponse pourrait être qu’il suffit que l’un des deux acteurs de la guerre la voie comme telle pour qu’elle le soit et cette guerre est clairement perçue comme une guerre de civilisation sur des critères ethnoreligieux par la synthèse turco-islamique. Leur haine s’appliquant en Artsakh aux Arméniens considérés comme chrétiens quelles que soient par ailleurs leurs croyances (la synthèse turco-islamique ayant une conception purement identitaire et sans spiritualité de la religion).

    Comme le disait Malcolm X, si vous ne faites pas attention, les médias vous feront détester les opprimés et aimer les oppresseurs. C’est ce que fait l’appareil de propagande turco-islamique. Sa propagande finit par infuser en Europe aussi, où Netflix propose une série espagnole sur le Cid qui ne manque pas de vanter le charme d’El Andalus, cette terre de paix et de tolérance. Comment combattre ce discours en créant un contre-discours dénonçant l’impérialisme et la colonisation turque ? On imagine mal l’Union européenne ou la France, qui renient leurs racines, prendre la tête de ce combat.

    13.jpg

    12.jpg

    Source : https://www.politiquemagazine.fr/

  • La France malade de l'Algérie, par Constance Prazel.

    Le 20 janvier, Benjamin Stora remettait à Emmanuel Macron son rapport sur « la mémoire de la colonisation et de la guerre d’Algérie », au terme d’une mission confiée par le président de la République et destinée à « réparer le passé ». En fait de réparations, malheureusement, le compte n’y est pas. Pouvait-on s’attendre à autre chose, à l’heure où triomphent le discours décolonial et indigéniste, le wokisme et autres joyeusetés ? 

    6.jpgLe choix de Stora pour diriger cette entreprise n’était pas anodin : sa carrière d’historien s’est accompagnée d’engagements politiques toujours plus à gauche, et même très à gauche, avec une sympathie saillante pour les indépendantistes algériens du FLN.

    L’esprit du rapport est faussé par un postulat de départ : il faut davantage répondre aux récriminations algériennes sur le passé français que bâtir une vérité équilibrée. La France sera donc toujours dans le mauvais camp, celui du colonialisme. Sans surprise, le rapport témoigne donc dans l’ensemble d’une mémoire partielle et imparfaite, idéologiquement orientée. Sartre l’emporte définitivement sur Camus, et la repentance ne peut profiter qu’à ceux qui ont la chance de défendre la cause du bien.

    On ne connaît que trop bien les biais qui empêchent toujours une histoire réaliste de la guerre d’Algérie : l’armée a nécessairement tort, contre les Algériens, contre les porteurs de valise ; la torture de l’armée française n’est ainsi jamais mise en regard du terrorisme fou du FLN. Le maire de Perpignan, Louis Aliot, de famille pied-noir, a ainsi organisé dans sa ville une exposition pour y convier Benjamin Stora : à la lecture du rapport, vient évidemment l’envie de rappeler à l’historien, photos à l’appui, une réalité qu’il tend un peu trop vite à passer sous silence, celle de la violence et de la sauvagerie insoutenables des meurtres du FLN perpétrés à l’encontre des harkis ou des pieds-noirs, avant comme après le 19 mars 1962.

    Tout n’est pourtant pas à mettre au feu dans le rapport Stora. On s’indignera de ce qu’il envisage la panthéonisation d’une porteuse de valise, Gisèle Halimi, mais on saluera, en revanche, son appel à la réhabilitation des cimetières juifs et européens d’Algérie : leur abandon, leur pillage, leur profanation restent aujourd’hui un scandale pour trop de familles meurtries. On appréciera aussi qu’il réfute la notion « d’excuses » à faire formuler par la France.  

    Le véritable problème est que pour pardonner et surmonter, il faut être deux. La France se complaît dans l’idée qu’elle doive se justifier de ses soi-disants égarements, mais les Algériens, pour leur part, sont à des milliers de lieues de reconnaître leurs torts. Le régime aujourd’hui en place s’estime l’héritier direct des combattants de l’indépendance. De ce fait, le rapport ne fait qu’alimenter pour nombre d’entre eux leur vindicte intarissable.  

    A la suite des débats autour de la publication du rapport, un journaliste algérien, Mohammed Allal, a trouvé le moyen de réclamer des excuses de la part de la France pour avoir utilisé du fer algérien pour construire la tour Eiffel. Il est impensable, non pas tant qu’il tienne ses propos, mais qu’on daigne leur donner un écho. Malheureusement pour ce triste sire, le fer dont est faite la dame de fer vient de la terre de Lorraine. A ce jour, il ne semble pas que les Lorrains, annexés au royaume de France par un tour de passe-passe diplomatique au XVIIIe siècle, aient fait connaître leur désapprobation et demandé réparation pour la spoliation : ce sont des gens bien élevés. A contrario, l’Algérie remerciera-t-elle la France de lui avoir livré sur un plateau avec l’indépendance le pétrole saharien, alors que rien ne l’y obligeait ?

    Comme le prouvent les polémiques pathétiques autour de la commémoration du bicentenaire de la mort de Napoléon, notre pays, empêtré dans un avatar de cancel culture et de repentance mal digérée, est aujourd’hui plus que jamais incapable d’assumer son passé avec ses grandeurs et ses faiblesses. Concernant l’Algérie, il ne s’agit pas d’une querelle d’historiens, destinée à s’apaiser avec le temps, ni d’un débat anecdotique : l’ensemble de notre politique, notre rapport à l’intégration ou à l’assimilation, notre regard sur l’immigration et sur l’islam, la vision de l’armée et de son rapport à l’Etat, la gestion de l’héritage gaulliste, tout cela reste aujourd’hui encore marqué par l’expérience terrible de la guerre d’Algérie et par une absence de vision claire des responsabilités partagées. La France n’en finit pas d’être malade de l’Algérie, et le paie quotidiennement. Tant de maux découlent aujourd’hui de cette maladie infantile de la Ve République qui n’est toujours pas guérie, et le docteur Stora n’apporte certainement pas le remède attendu.

    Constance Prazel

    Source : http://libertepolitique.com/

  • Alexandre Del Valle : « J’espère que ce procès reviendra sur les manquements de nos dirigeants de l’époque ».

    Alors que le procès des attentats du Bataclan débute ce mercredi, le politologue Alexandre del Valle s’exprime au micro de Boulevard Voltaire.

    https://soundcloud.com/bvoltaire/alexandre-del-valle-647428457

    La France va juger les personnes ayant participé de près ou de loin aux attentats du 13 novembre 2015 qui ont coûté la vie à 135 personnes. Un procès sous haute tension et hors normes en termes de nombre de participants. Qu’attendez-vous de ce procès ?

    Nous attendons d’en apprendre un peu plus sur les réseaux, les fonctionnements, les motivations et sur les différentes cellules pour pouvoir anticiper les prochaines fois. Ce qui est certain, c’est que la justice est très lente. Deux pays européens sont impliqués, la plupart sont des Belgo-Marocains, il y a également un Tunisien et deux clandestins, dont un arrivant de Syrie. Il y a donc des personnes de différentes nationalités ou ayant des doubles nationalités sur au moins deux pays européens et quatre ou cinq pays au niveau mondial.

    Il y a un immense gâchis : peut-être que ces attentats auraient pu être évités si nous avions collaboré, à l’époque, beaucoup plus étroitement avec le régime syrien, sans forcément cautionner, bien sûr, la dictature et le profil de Bachar el-Assad. Un certain nombre des personnes qui vont être jugées, parce qu’ils sont là ou par contumace, figuraient sur une liste remise par les services syriens au ministère de l’Intérieur, sous François Hollande. Or, on n’en avait pas tenu compte car, jusqu’à l’arrivée de Macron, on refusait toute collaboration avec les méchants Syriens. Cela nous a fait perdre beaucoup d’énergie.

     

     

    Par idéologie, on a négligé une menace. Est-ce une complicité passive de l’État ?

    C’est plus complexe qu’une complicité. Je l’avais écrit dans Les Vrais Ennemis de l’Occident : à l’époque, sous Hollande, on était au summum de la diplomatie moraliste. Les deux méchants étaient la Syrie et la Russie. Tout était bon pour renverser le pouvoir de Bachar el-Assad, y compris parler des rebelles au lieu de les désigner comme islamistes qu’ils étaient et qui étaient pires que le régime, car liés aux Frères musulmans, au Qatar, et à la Turquie d’Erdoğan et même à Al-Qaïda qui est aussi dangereux, en Syrie, que Daech.

    Le Président Hollande lui-même, comme de nombreux démocrates occidentaux, appelait à renverser Bachar el-Assad. Certains, comme les néoconservateurs ou démocrates américains, voulaient intervenir militairement. L’ensemble de l’Occident, excepté l’Espagne, voulait éradiquer un régime dictatorial accusé d’être trop proche de la Russie. Cela aurait permis à l’OTAN de gagner du terrain en Méditerranée et de faire perdre à la Russie le seul accès qu’elle a à la Méditerranée.

    Imaginez les islamistes français ou ceux qui étaient tentés d’aller en Syrie. Ainsi, l’imam de Lunel a dit : « Comment voulez-vous nous demander d’empêcher les jeunes de partir en Syrie puisque les pays occidentaux et le Président Hollande disent que Bachar est une ordure qu’il faut dégager ? » Cela a créé un de légitimation du djihad contre Bachar et cela a contribué au phénomène.

    Il a donc été difficile de collaborer avec les services syriens. Quoi qu’on pense du régime syrien, ce pays était l’épicentre de l’organisation État islamique et d’Al-Qaïda à partir duquel étaient organisés les attentats et formés ceux qui sont venus mitrailler nos jeunes sur les terrasses et au Bataclan. Il aurait donc été obligatoire que les États occidentaux collaborent un minimum avec les interlocuteurs sécuritaires du pays. On n’a pas voulu les écouter, c’est gravissime.

    J’espère que ce procès reviendra sur les manquements de nos dirigeants de l’époque.

    La deuxième leçon que l’on tire est que l’Europe n’est pas du tout efficace. Les membres du commando du Bataclan se sont enfuis, ils ont été contrôlés par la police du nord de la France, ils étaient déjà condamnés plusieurs fois par la justice et on avait des informations, en Belgique, au sujet de leur radicalisation. La Belgique avait transmis les condamnations pour faits de délinquance, mais rien sur leur radicalisation islamiste. C’est pareil pour la police grecque qui aurait pu arrêter un des membres du commando du Bataclan. Or, elle n’a pas eu les informations de la part de la Belgique. La Belgique a une énorme responsabilité, dans cette histoire. Il n’y a pas eu de collaboration entre les polices de plusieurs États européens qui arrivent à collaborer pour nous empêcher d’aller au ski ou pour des passes sanitaires européens ! Ils ne sont pas arrivés à collaborer au sujet des radicalisés fichés.

     

    C’est donc plus particulièrement le procès des administrations de l’Europe et de la Belgique ?

    C’est le procès d’un manquement des administrations européennes qui collaborent sur beaucoup de bêtises et retirent la souveraineté aux États sur des choses inutiles. Et sur la seule chose qui devrait être un domaine de coopération réelle, ils ne sont pas efficaces.

    Par ailleurs, il y a aussi un échec énorme de la bureaucratie française. Il y avait la BRI, le RAID, la gendarmerie, les gardes mobiles. Les forces de police et de gendarmerie pouvaient intervenir et elles ont eu l’ordre de ne pas intervenir. Certains ont eu l’ordre de faire demi-tour pour revenir ensuite deux heures plus tard. Il y a eu un couac administratif, une rivalité entre les polices, entre la police et la gendarmerie, entre des ministres. Il y a eu énormément de manquements. J’espère que ce sera aussi le procès des incohérences, des lenteurs administratives et du manque de coopération entre différents corps de police.

    Je n’accuse pas la police, c’est de la faute des politiques.

     

    Alexandre Del Valle

    Essayiste, géopolitologue
  • Macron ou le despotisme apparemment doux annoncé par Tocqueville. (II), par Christian Vanneste.

    La Révolution a été tout le contraire d’un “bloc” comme l’a dit Clémenceau. Elle est au contraire le choc d’aspirations et de valeurs contradictoires qui durant une décennie a provoqué le puissant séisme dont la France ne s’est jamais totalement relevée. Entre le grand moment de la nuit du 4 Août 1789 et de l’abandon des privilèges qui symbolise les réformes sociales, juridiques et fiscales qui étaient urgentes et nécessaires et le misérable assassinat Reine Marie-Antoinette le 16 Octobre 1793, quel chaos d’enthousiasme généreux et de bassesse envieuse et revancharde !

    christian vanneste.jpgL’ivresse de la liberté a engendré en trois ans un monstre totalitaire et sanguinaire, l’apologie de la vertu a laissé place à la plus sordide des corruptions, la chute d’une monarchie enlisée dans ses traditions n’a été compensée que par la naissance d’un Etat plus rationnel où la liberté avait moins de place. En lisant Taine, on se rend compte que si la conquête de la liberté avait surtout été la motivation d’un certain nombre de “Grands”, d’Aristocrates, dont La Fayette est le modèle accompli, les motifs du peuple étaient plus prosaïques, et tenaient davantage à l’appropriation des biens nationaux issus de la confiscation opérée au détriment du clergé et des émigrés, ou encore à la nette amélioration du système fiscal. La liberté contrairement à l’égalité est une valeur de droite, parce que dans le fond, c’est une valeur aristocratique. Elle tire justement la démocratie vers le haut en communiquant cet esprit élitaire à la majorité d’une population. Un esprit indépendant comme Bernanos représente parfaitement cette exigence. « La tyrannie abjecte du Nombre est une infection lente qui n’a jamais provoqué de fièvre. Le Nombre crée une société à son image, une société d’êtres non pas égaux, mais pareils, seulement reconnaissables à leurs empreintes digitales. » Dans “la France contre les robots”, Bernanos a dénoncé avec vigueur cette montée de la dictature douce du conformisme : c’est elle qui s’accomplit pleinement en France sous la présidence actuelle. 

    Insidieusement par des voies apparemment distinctes, elle est en marche. La première est la plus visible. C’est elle qui de loi en décret restreint la liberté d’expression, la plus fondamentale dans une démocratie digne de ce nom, celle où les aristocrates de la pensée pratiquent “ce pas de côté” dont parle Bérénice Levet. Le conformisme tue la véritable démocratie et la réduit à la trilogie du politiquement correct, de la pensée unique et du terrorisme intellectuel. Peu avant l’élection présidentielle, c’était la loi sur l’extension du délit d’entrave à l’avortement. Puis, sous le mandat actuel, ce fut la loi contre la manipulation de l’information, suivie de celle contre les discours de haine sur internet. La loi “anti-casseurs”, elle s’attaqua davantage à une autre liberté, celle de manifester. La dissolution de Génération identitaires consacra la volonté du gouvernement d’ériger un délit d’opinion. Le tout frappa de manière privilégiée les idées conservatrices, pro-vie, et favorables à la défense d’une identité nationale. Cette évolution, partiellement contenue par le Conseil Constitutionnel, a un sens : elle promeut une distinction idéologique entre le bien et le mal, et consacre des valeurs impératives, absolues, souvent définies dans une novlangue orwellienne. Elles renversent celles qui étaient issues de notre tradition culturelle, comme le “droit fondamental à l’IVG” ou comme l’existence de “genres” à la place des sexes.

    La seconde est plus profonde. Elle tient à la rencontre d’un vieux sentiment dominant dans les comportements humains, avec le progrès scientifique et technique. La  peur de la violence, de la délinquance, la peur du changement climatique et des catastrophes annoncées, la peur de la mort, par-dessus tout, reçoivent des réponses qui correspondent toutes à un renforcement du contrôle, du traçage des personnes et de leur comportement, facilités par le développement de nouvelles techniques. C’est à la fois rassurant et angoissant, car si la sécurité y paraît renforcée, l’intrusion dans l’intimité, la dissolution de la barrière entre le public et le privé, sont évidemment des atteintes à la “liberté intérieure” dont parle Bernanos. La crise sanitaire a été le plus parfait levier de ce changement radical : ceux qui avaient connu l’ivresse soixante-huitarde du “tout est permis”, se réfugient dans le cocon protecteur du “tout est sous contrôle”. La majorité est soumise et ne s’étonne plus que l’Etat vienne lui recommander une troisième vaccination qui sera limitée à un nombre de marques limité, qu’une société de transports lui propose de pouvoir utiliser des photos contenues dans un smartphone, comme si la sûreté impliquait l’abandon de son pré carré, non seulement au profit d’un Etat qu’on voudrait neutre, mais aussi à celui d’entreprises. Le comble est évidemment atteint sur internet et dans les réseaux sociaux, où de grandes firmes peuvent impunément dicter la manière de penser et ficher les individus de manière à les vendre comme consommateurs à de nombreux fournisseurs.

    Enfin, cerise sur le gâteau et paradoxe s’il en est, alors que la soumission et “la servitude volontaire” progressent malgré les discours enthousiastes sur le respect des différences et l’apologie de la diversité, logorrhée moutonnière à la mode, jamais sous la Ve République, le Chef de l’Etat n’a donné un tel relief à ses caprices, à son narcissisme verbeux, à ses obsessions personnelles, à ses pulsions déclamatoires. La repentance à laquelle il soumet les Français jusqu’à privilégier les manifestants anti-français du 16 Octobre plutôt que les victimes françaises du massacre d’Oran est symptomatique. Le passé d’une nation est un trésor collectif qui doit nourrir sa fierté d’être ce qu’elle est. Les historiens peuvent en dire ce qu’il veulent. Un Chef d’Etat n’a pas à réécrire l’Histoire selon son bon plaisir.

    Source : https://www.christianvanneste.fr/

  • Apprendre la France plus que la république…, par Christian Vanneste.

    Un homme en a assassiné un autre. S’agit-il d’un meurtre religieux commis au nom des préceptes islamiques ? Certes, le Coran et les hadiths comprennent des appels à tuer les mécréants, mais il ne suffit pas de se dire musulman et de lire ces textes pour s’y conformer à la lettre. Ce ne sont jamais les idées froides qui tuent, mais le sentiment puissant d’appartenir à une identité pour laquelle la mort de l’autre est plus qu’une possibilité, une nécessité vitale. 

    christian vanneste.jpgEgorger, décapiter sont des actes qui signent une appartenance. Les motifs pour le faire sont secondaires. L’assassin de Samuel Paty est un Tchetchène, un peuple dont la tradition guerrière est établie, et au sein duquel le salafisme, le retour à l’islam féroce des premiers temps, a pu récemment prospérer. L’identité du professeur français est aux antipodes de celle de son assassin : un héritier du christianisme et des lumières, qui a appris à aimer son prochain, à ne pas le discriminer, mais en le faisant quand même un peu, par respect pour sa différence, et pour enseigner les valeurs de la république, la liberté d’expression, par exemple. L’impasse dans laquelle nous conduit cette confrontation est patente : comment apprendre à accepter qu’on puisse rire de tout sans blesser ceux qui ont encore une vague idée du sacré, sans provoquer ceux pour qui cette vague idée est le ressort de leur ego identitaire ? Mais comment accepter l’affirmation de ces différences affichées sans renoncer à la maison commune, à cette République qu’on ne cesse d’invoquer à mesure qu’elle s’efface de la réalité ?

    On ne lutte pas contre les identités vibrantes des adolescents désireux de combler le vide sidéral de notre société de consommation, de notre matérialisme intégral, avec des abstractions sèches que le réel dément à chaque instant. La République, la liberté, l’égalité, la laïcité, et plus encore la fraternité totalement absente d’une nation qui ne se réveille que pendant quelques jours après chaque attentat, ne sont que des mots : qu’est-ce qu’une république foisonnante d’individus hédonistes et de communautés repliées sur elles-mêmes, dépossédée de son âme, le bien commun ? Qu’est-ce que la liberté si variable d’un lieu à un autre, d’une situation enviable à une autre, recluse dans l’espace étroit de ses pauvres moyens ? Qu’est-elle devenue, sinon une peau de chagrin, grignotée par la lutte suicidaire contre les prétendues phobies ? Qu’est-ce que l’égalité tellement ignorée qu’on prétend la réaliser par l’inégalité compensatrice de la discrimination positive ? Nous en sommes à multiplier les inégalités de toutes sortes pour atteindre un horizon évidemment inaccessible à la nature humaine. Qu’est-ce que la laïcité, sinon la neutralité religieuse, armée contre le catholicisme inséparable de notre histoire, et impuissante face à l’islam, parce que celui-ci, par définition, la refuse ? Comment convaincre un croyant que toutes les religions se valent ? Comment lui faire admettre qu’il est tolérable qu’on se moque de sa foi ? Comment faire respecter la confusion des idées et des comportements qui marque notre culture actuelle quand le plus modéré des adeptes d’une religion pense avec quelque raison que toute société a besoin d’une morale et d’une décence, et qu’à tout prendre celles qui lui viennent de sa croyance sont supérieures au néant de notre relativisme ?

    La réaction passionnelle à l’assassinat barbare d’un professeur semble provoquer du bas jusqu’en haut du pays une onde de choc supérieure à l’émotion suscitée par le martyre d’un prêtre, la tuerie de deux policiers devant leur enfant, voire par le sacrifice d’un officier de gendarmerie, ce dernier si typiquement chrétien. Pourquoi ? D’abord, parce que les victimes étaient certes des symboles de notre pays, mais avec des réserves liées aux opinions des uns et des autres sur l’Eglise, la police ou l’armée. Cette fois, pour beaucoup, et à gauche notamment la France est atteinte à la racine, là où, théoriquement, on forme les citoyens. L’école publique est ce qui reste de sacré pour les laïcistes eux-mêmes. Ensuite, parce qu’il est désespérant de constater que le sanctuaire de la république est profané, qu’il est difficile d’y enseigner les valeurs républicaines, que certains parmi ceux qui sont passés dans le creuset sont demeurés étrangers, ne se sont pas assimilés. Enfin, parce qu’on voit bien le véritable péril : l’autocensure des enseignants par précaution, et donc l’abandon de l’éducation aux pressions communautaires incompatibles avec le bien commun de notre nation.

    La lutte doit être menée sans merci. Elle implique non seulement le retour formel de l’autorité au travers de tous ceux qui la détiennent légitimement, mais aussi un changement profond du contenu des discours et de l’enseignement : non plus le flou républicain, mais l’identité française avec pour conséquence de refuser sur notre sol, et plus encore au sein de la communauté nationale, ceux qui ne s’y intègrent pas parce qu’ils ne l’aiment pas.

    Source : https://www.christianvanneste.fr/