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Rechercher : qu'est-ce que le Système

  • Sur TV Libertés, près le covid, une cyberattaque mondiale ? - Pierre Hillard - Politique & Eco n°304.


    Quel avenir nous réservent nos "élites" mondialisées ? Depuis l'arrivée du covid et les troubles qui en ont découlé, les oligarchies du monde entier semblent vouloir accélérer leur politique sur les peuples. Dans ce numéro de "Politique &Eco", Pierre Hillard, docteur en sciences politiques, dresse le panorama, véritable continuum, de l'idéologie mondialiste des origines à nos jours : de l'ouvrage "Utopia" de Thomas Moore en 1516, en passant par l'esprit des Lumières, l'Union paneuropéenne internationale, jusqu'aux dessins des différentes organisations comme le FMI ou le Forum économique international de Davos de Klaus Schwab, qui redoute une cyberattaque mondiale susceptible de provoquer l'effondrement du système financier international. Un entretien de salubrité publique... à diffuser en masse !

  • La leçon de Claude Lévi-Strauss : Elle nous concerne, comprenne qui pourra !

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    « Il n'est nullement coupable de placer une manière de vivre ou de penser au dessus de toutes les autres et d'éprouver peu d'attirance envers tels ou tels dont le genre de vie, respectable en lui-même, s'éloigne par trop de celui auquel on est traditionnellement attaché. (...) Cette incommunicabilité relative n'autorise pas à opprimer ou à détruire les valeurs qu'on rejette ou leurs représentants, mais, maintenue dans ces limites, elle n'a rien de révoltant. Elle peut même représenter le prix à payer pour que les systèmes de valeurs de chaque famille spirituelle ou de chaque communauté se conservent et trouvent dans leur propre fonds les ressources nécessaires à leur renouvellement. » 

    Claude Lévi-Strauss, conférence à l'UNESCO, Race et culture

  • La leçon de Claude Lévi-Strauss et sa sagesse

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    "Il n'est nullement coupable de placer une manière de vivre ou de penser au dessus de toutes les autres et d'éprouver peu d'attirance envers tels ou tels dont le genre de vie, respectable en lui-même, s'éloigne par trop de celui auquel on est traditionnellement attaché. (...) Cette incommunicabilité relative n'autorise pas à opprimer ou à détruire les valeurs qu'on rejette ou leurs représentants, mais, maintenue dans ces limites, elle n'a rien de révoltant. Elle peut même représenter le prix à payer pour que les systèmes de valeurs de chaque famille spirituelle ou de chaque communauté se conservent et trouvent dans leur propre fonds les ressources nécessaires à leur renouvellement."  

    Claude Lévi-Strauss, conférence à l'UNESCO, Race et culture

     

  • Cultivé Trudeau ? Il n'a pas du lire Claude Lévi-Strauss... Macron non plus. Nous leur conseillons ce qui suit !

     

    « Il n'est nullement coupable de placer une manière de vivre ou de penser au dessus de toutes les autres et d'éprouver peu d'attirance envers tels ou tels dont le genre de vie, respectable en lui-même, s'éloigne par trop de celui auquel on est traditionnellement attaché. (...) Cette incommunicabilité relative n'autorise pas à opprimer ou à détruire les valeurs qu'on rejette ou leurs représentants, mais, maintenue dans ces limites, elle n'a rien de révoltant. Elle peut même représenter le prix à payer pour que les systèmes de valeurs de chaque famille spirituelle ou de chaque communauté se conservent et trouvent dans leur propre fonds les ressources nécessaires à leur renouvellement. » 

    Claude Lévi-Strauss

    Conférence à l'UNESCO, Race et culture

  • Sur TV Libertés, le cauchemar néo-féministe vu de Russie - Le Zoom - Yannick Jaffré.


    Les femmes seraient-elles désormais à l’Est, et les féministes à l’Ouest ? Avec son ouvrage "Paris-Moscou - Aller simple contre le féminisme", Yannick Jaffré répond à cette question par un essai enlevé qui mêle anecdotes, analyses historiques, sociologiques, philosophiques et charges polémiques au sabre clair. Pour quelles raisons, la Russie reste-t-elle sourde aux injonctions néo-féministes tandis qu’à l’Ouest les femmes cèdent au mouvement puritain "

    #BalanceTonPorc" ? Comment des systèmes de lois comparables s’entrelacent-ils ici et là-bas à des mœurs diamétralement opposées ? Russophone et russophile, l’auteur traverse allègrement la frontière culturelle franco-russe et brosse avec ironie un portrait mordant, à Paris et Moscou, des deux ordres amoureux.

  • Aux Sables d'Olonnes, ce dimanche...

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    • Gilbert Collard
    "Les habitants avaient voté pour son maintien à 94,5%, la cour administrative de Nantes vient d'ordonner le retrait de la statue de Saint-Michel aux Sables-d'Olonne : la justice est rendue au nom du peuple ? Quelle blague !"
     

    • Dans l'ahurissant monument de haine que fut son "discours" à l’Assemblée nationale, le 8 novembre 1906, René Viviani déclara, entre autres énormités/insanités :

    "…Nous sommes face à face avec l’Église catholique...Nous ne sommes pas seulement en présence des congrégations, nous sommes en face de l’Eglise Catholique, pour la combattre, pour lui livrer une guerre d’extermination…"

    Et, nous, c'est cette Nouvelle Religion Républicaine, ce Système, cette République idéologique que nous voulons exterminer ! 

     

  • Aux Sables d'Olonnes, ce dimanche...

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    • Gilbert Collard
    "Les habitants avaient voté pour son maintien à 94,5%, la cour administrative de Nantes vient d'ordonner le retrait de la statue de Saint-Michel aux Sables-d'Olonne : la justice est rendue au nom du peuple ? Quelle blague !"
     

    • Dans l'ahurissant monument de haine que fut son "discours" à l’Assemblée nationale, le 8 novembre 1906, René Viviani déclara, entre autres énormités/insanités :

    "…Nous sommes face à face avec l’Église catholique...Nous ne sommes pas seulement en présence des congrégations, nous sommes en face de l’Eglise Catholique, pour la combattre, pour lui livrer une guerre d’extermination…"

    Et, nous, c'est cette Nouvelle Religion Républicaine, ce Système, cette République idéologique que nous voulons exterminer ! 

  • Demain, ne manquez pas notre Éphéméride du jour...

    Bainville.jpgVous y retrouverez l'article prémonitoire de Jacques Bainville, écrit à la fin de l'année 14, en pleine guerre : Demain ?  

    Avec toute l'Action française, mais aussi tous les clairvoyants patriotes et les meilleurs des militaires, Bainville explique comment un Pays légal aussi aveugle qu'insensé va perdre la paix, alors que le sacrifice héroïque de tout le peuple français avait permis au pays de gagner la guerre, au prix de sacrifices inouïs.

    Oui, le Système a oeuvré, avec son calamiteux Traité de Versailles, contre les intérêts vitaux du peuple français, et en intelligence de fait avec l'ennemi.

    Et le chef, le meneur de ce Pays légal, alors, c'était Clemenceau, l'homme dont l'aveuglement et les folies nous ont donné... Hitler !

    lafautearousseau

  • Demain, ne manquez pas notre Éphéméride du jour...

    lfar flamme.jpgEntre autres choses, elle raconte les origines de l'Histoire de France  de Bainville;

    Elle évoque aussi la reddition inconditionnelle de l'Allemagne nazie, après toutes les horreurs cataclysmiques qu'on aurait pu si facilement éviter : mais Clemenceau et le Système n'ont pas voulu démembrer l'Allemagne, en 1918, alors que la France avait gagné la Guerre au prix de sacrifices inouïs : ce faisant, ils nous ont "donné" Hitler...

    Elle revient enfin sur ce curieux discours de Robespierre, où se trouve une phrase et une pensée à propos desquelles on peut poser la question : Robespierre a-t-il "théorisé" à la limite du racisme et du concept de peuple supérieur en qualifiant le peuple français d' "espèce différente" comparé au "reste de l'espèce humaine" ?... 

    lafautearousseau

  • Demain, ne manquez pas notre Éphéméride du jour...

    lfar flamme.jpg1794 : le massacre des Lucs sur Boulogne ! ou : quand "les Lumières" naufragent dans la Terreur...

    Patrick Buisson l'a bien dit : la terreur politique d'État, c'est nous qui l'avons inventée ("nous" étant entendu comme la République idéologique, le Régime, le Système...)

    Ce massacre préfigure tous les autres génocides de l'époque contemporaine : les nazis, à Oradour, procéderont exactement de la même manière, et Robespierre, Carnot, Turreau ont ouvert la boite de Pandore du Totalitarisme génocidaire : tous leurs enfants s'y engouffreront...

    C'est Gustave Thibon qui a raison : "La société devient un enfer dès qu'on veut en faire un paradis" (allusion directe à Saint Just et à son "le bonheur est une idée neuve en Europe" !...)

    lafautearousseau

  • Demain, ne manquez pas notre Éphéméride du jour...

    lfar flamme.jpg1905 : Guillaume II débarque à Tanger...

    Après "l'affaire de Kiel", en 1895, ce coup de l'empereur allemand, et la reculade française qui suivit, fut la démonstration - hélas éclatante !... - que la République, le Système, n'avait pas et ne pouvait pas avoir de véritable politique étrangère, alors que la guerre approchait... et que Maurras ne prévoyait "que"... "500.000 jeunes Français couchés froids et sanglants sur leur terre mal défendue" : ce sera un million cinq  !

    On est, là, aux origines du livre de Maurras Kiel et Tanger, dont Boutang disait qu'il était "un acquis pour la suite des temps".

    La persistance de l'actualité de Maurras - à travers Kiel et Tanger mais pas seulement... - laisse rêveur...

    lafautearousseau

  • Feuilleton : ”Qui n 'a pas lutté n'a pas vécu”... : Léon Daudet ! (164)

     

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     (retrouvez l'intégralité des textes et documents de ce sujet, sous sa forme de Feuilleton ou bien sous sa forme d'Album)

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    Onzième partie : Député de Paris, quatre années bien remplies... du 16 novembre 1919 au 31 mai 1924.

    Aujourd'hui : La grande illusion : croire au parlementarisme....

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    ndlr : ce sujet a été réalisé à partir d'extraits tirés des dix livres de souvenirs suivants de Léon Daudet : Paris vécu (rive droite), Paris vécu (rive gauche), Député de Paris, Fantômes et vivants, Devant la douleur, Au temps de Judas, l'Entre-deux guerres, Salons et Journaux, La pluie de sang, Vers le Roi...

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    L'hémicycle du Palais-Bourbon.
    Malgré les aspects "monarchiques" indéniables que lui avait donnés de Gaulle, à ses origines, la Constitution de notre République s'ouvre par le préambule suivant (dernière modification de 2005) :

    "Le peuple français proclame solennellement son attachement aux Droits de l'homme et aux principes de la souveraineté nationale tels qu'ils ont été définis par la Déclaration de 1789, confirmée et complétée par le préambule de la Constitution de 1946, ainsi qu'aux droits et devoirs définis dans la Charte de l'environnement de 2004.
    En vertu de ces principes et de celui de la libre détermination des peuples, la République offre aux territoires d'Outre-Mer qui manifestent la volonté d'y adhérer des institutions nouvelles fondées sur l'idéal commun de liberté, d'égalité et de fraternité et conçues en vue de leur évolution démocratique."


    Il s'agit donc bien d'une République idéologique et, tant que les choses resteront en l'état, tant que le Système - à moins de se faire hara-kiri - se pensera comme une nouvelle religion, on aura beau envoyer qui on voudra au Palais-Bourbon, comme cela a été fait plusieurs fois par le passé, le Système gardera sa malfaisance et continuera, méthodiquement, à démolir les bases de notre Société, pour établir son utopie idéologique...

     

    Croire aux élections en tant que telles, et qu'il suffit de les gagner, pour avoir avoir une "bonne chambre" et, avec cette "bonne chambre", changer les choses, amender le Système de l'intérieur, en quelque sorte, c'est cela, la grande illusion....

    Car, des "bonnes chambres", il y en a eu plusieurs, tout au long du XIXème siècle, et aussi au vingtième : et qu'ont-elles fait, au final ?

    Rien.


    Le Système les a digérées, il les a "laissé passer", il a attendu la fin de l'orage, et a poursuivi sa malfaisance, alternances répétées, magouilles, course permanente à la démagogie et "combinazione" multiples et toujours renaissantes aidant...


    Et ainsi, depuis un siècle et demi, tous les espoirs placés dans les élections et "la" bonne chambre ont été régulièrement déçus, la France continuant sa marche en arrière et en décadence...


    Léon Daudet, élu député royaliste de Paris (pour le XVIème arrondissement) à la Chambre bleu horizon l'explique très bien - dans le texte accompagnant le document suivant - car il en a fait l'expérience.
    D'ailleurs, quand il apprit l'élection de la Chambre bleu horizon, et celle de Léon Daudet, Aristide Briand eut ce mot révélateur, raconte Daudet :
    "Nous gardons les cadres...".
    Les cadres, c'est-à-dire "la Sûreté générale et les Préfets, ses émissaires et ses esclaves."

    (Voir la suite, et la fin, de tout ceci dans le document suivant...)

  • Cardinal Sarah : « Si les dirigeants de l’Occident se résignent à la tiédeur et oublient ses racines chrétiennes, ils le

     

    blue-wallpaper-continuing-background-wallpapers-bigest-images - Copie.jpgTout le monde n'a pas lu ou ne lira pas cet entretien donné par le cardinal Sarah à Atlantico, hier 8 avril. Pourtant, il doit être lu - raison pour laquelle nous avons décidé de le reprendre ici - tant les déclarations de ce haut prélat de l'Église catholique nous paraissent importantes pour la France et pour l'Occident. Tant ses analyses tranchent avec le discours le plus courant de l'Église d'aujourd'hui, hélas délétère, y compris celui du pape François. « Laissons François » répond le cardinal Sarah - et on le comprend ! - à une question de Jean-Sébastien Ferjou. À propos de ce dernier, disons qu'il nous paraît être l'un des journalistes les plus brillants de sa génération et l'un des débatteurs les plus lucides des plateaux de télévision. Ici, avec le cardinal Sarah, il se trouve à une autre altitude.  lafautearousseau

    GRAND ENTRETIEN - A l'occasion de la parution de l'ouvrage « Le soir approche et déjà le jour baisse »  publié aux éditions Fayard, le cardinal Robert Sarah se livre à Atlantico. Première partie d'un entretien en deux volets.

    2ff6842cf58019c057615601d7ce8403.jpgJean-Sébastien Ferjou : Eminence, vous parlez de la crise de l'Eglise, vous en analysez les différents symptômes, puis vous parlez de la crise de l'Occident. Vous utilisez deux images, celle de l'homme riche qui suit Jésus jusqu'au moment où Jésus lui demande de renoncer à sa fortune, ce que cet homme refuse parce qu'il a trop de biens. Et une autre : « Le monde moderne a renié Dieu car il ne voulait pas voir son image reflétée dans les yeux de Jésus. Mais s'il refuse de se laisser regarder, il finira comme Jésus dans le désespoir. Tel est le signe de la crise contemporaine de la foi » . L'Occident n'a plus voulu de ces renoncements au confort matériel ou moral et n’a plus accepté de se laisser regarder dans cette posture. Diriez-vous que l'Eglise est en crise parce qu'elle est trop occidentale ? Ou que l’occident est en crise car le christianisme l’est aussi ?

    Cardinal Robert Sarah : Je peux me tromper, mais moi je ne distingue pas l'Occident de l'Eglise. L'Occident est chrétien, a été façonné par le christianisme. Sa culture, son art, sa vision de l'homme sont chrétiens. La crise de l'Eglise est en même temps la crise de l'Occident. La crise de l'Occident est en même temps celle de l'Eglise. Nous ne pouvons pas logiquement séparer les deux. Pour moi, comme Africain, l'Occident a été créé par le christianisme, même si on refuse les racines chrétiennes de l'Occident aujourd'hui. Mais on ne peut pas nier cette culture, ce que vous êtes. Votre art, votre musique, tout est chrétien. Les deux s'influencent. L'Occident n'est pas quelque chose en l'air.

    Beaucoup de prêtres ne sont plus occidentaux aujourd'hui…

    Bien sûr. Mais l'Occident c'est le christianisme, qu'il soit protestant ou catholique. La culture, l'art, la pensée sont chrétiens. Les deux crises sont contemporaines et corrélées. Car l'Eglise, c'est vous, les prêtres comme les laïcs.

    6a00d83451619c69e201b8d2350b06970c.jpgIl y a aussi de nombreux croyants chinois, sud-américains ou africains…

    Oui, mais si nous sommes chrétiens ailleurs dans le monde qu’en Europe, c'est parce que l'Occident nous a apporté le christianisme. La mission de l'Occident n'est pas pour moi le fruit du hasard. Dieu l'a voulue ainsi. C'est vous qui avez envoyé des missionnaires partout. On ne peut donc pas vous séparer de l'Eglise. La crise de l'Occident est donc contemporaine de la crise de l'Eglise. C'est parce que l'Eglise s'est affaissée que l'Occident s'est affaissé. Et réciproquement. Qui témoigne de l'Evangile dans la politique ? Ce n'est pas le prêtre mais les laïcs. Qui témoigne de l'Evangile dans l'économie ? Ce n'est pas le prêtre mais aussi les laïcs.

    Justement, trouvez-vous que les catholiques français - peut-être par une mauvaise compréhension de la laïcité - ont renoncé à la part de témoignage dont ils devraient être porteurs en masquant leur identité catholique pour ne pas heurter les autres ?

    La laïcité à la française est une parfaite contradiction : vous êtes essentiellement façonnés par l'Eglise. Vous ne pouvez pas dire je suis laïc dans la société et je suis chrétien à l'Eglise, c'est ridicule. Un homme ne peut pas être divisé : il est Un à tout point de vue, en toutes circonstances. Un Français à l'Eglise est aussi un Français en politique. C'est une incohérence que d’imaginer l’inverse. La foi est une réalité intime mais elle doit aussi être vécue en famille et dans la société au sens large.

    Pensez-vous que les évêques français se sont trop retirés du débat public ?

    Ils n'ont pas à participer à la politique en tant que telle. Mais ils doivent défendre les valeurs chrétiennes, les valeurs de la vie, les valeurs de la morale, c'est leur devoir. Ils doivent défendre ce que Dieu leur dit de défendre.  Ils doivent dire ce que Dieu demande de nous. Tout ce qui est dans les commandements – tu ne tueras pas, tu ne voleras pas, tu ne commettras pas d'adultère – ils doivent le répéter aux gens. Ils doivent dire que le mariage est un mariage entre un homme et une femme. Ils doivent dire qu'il ne doit pas y avoir de divorce car personne ne peut se marier pour casser sa famille. Ceci est valable pour les chrétiens mais aussi pour toute la société.

    Vous évoquiez ce qu'on appelle en France le « Mariage pour tous »  ou les problématiques de filiation qui en découlent - PMA, GPA. L'Eglise s’est-elle montrée suffisamment aimante envers les personnes différentes ? L'Eglise n'a-t-elle pas aussi sa part de responsabilité dans la montée des revendications sociétales faute d’avoir su écouter et accueillir des chrétiens ou des non-chrétiens aux trajectoires de vie moins évidentes ? Sans céder sur ses enseignements bien sûr mais en ne se montrant pas excluante.

    Je pense qu'il faut faire une distinction entre l’Eglise et ceux qui l’incarnent. Moi je peux être un mauvais prêtre. Mais regardez qui m'a donné mon sacerdoce : c'est Jésus. Lui demande la même chose à tous de la même manière. Même s'il y a une défaillance au niveau des prêtres ou des évêques, le message de fond, lui, ne change pas. Et c'est ce que je dis aux gens : si moi je suis défaillant, portez votre regard sur le Christ.

    Mais sur le Mariage pour tous, je demeure persuadé qu’il était essentiel pour l’Eglise de défendre l’ordre naturel des choses. Car c’est celui voulu par Dieu.

    Vous expliquez que les Occidentaux opposent leur liberté à cet ordre naturel dont vous venez de parler, qu'ils font entrer la liberté en concurrence avec la loi naturelle, ce qui est finalement ne pas comprendre la nature réelle de la liberté…

    On a perdu le sens de la liberté. La liberté, ce n'est pas suivre ses tendances, ses instincts sans recul. La liberté, c'est chercher la vérité, c'est chercher le bien-être, pas seulement personnel mais de tous. La liberté ne revient pas à casser celle de l'autre. Au contraire, ma liberté me contraint à nouer des relations dans lesquelles je respecte l'autre. Quand vous conduisez dans la rue, votre liberté est freinée par le feu rouge. Si vous continuer à aller tout droit, vous écrasez des gens. Aucune liberté n'est totale. Toute liberté est freinée. Et de ce point de vue, la loi naturelle n’est pas une entrave : c’est la grammaire de notre nature.

    L'œcuménisme, le dialogue interreligieux sont des valeurs très occidentales. Vous dites qu'on les a beaucoup transformées en irénisme, en une sorte de niaiserie. Avez-vous été frappé par la déclaration du pape François qui a lancé un appel avec le roi du Maroc à la liberté de culte à Jérusalem, en oubliant peut-être de préciser qu'il faudrait aussi que la liberté de culte soit respectée dans les pays arabes – particulièrement dans le Golfe ? Le pape accepte que les chrétiens ne fassent pas de prosélytisme pour donner des gages de sa volonté pacifique mais ne réclame pas la pareille aux musulmans avec lesquels il s’entretient.

    27854821810_040f50fdd8_o.jpgLaissons de côté François. L'œcuménisme, qu'est-ce que c'est ? Le Christ a voulu que nous soyons un. Cela ne signifie pas que pour dialoguer avec mon vis-à-vis, je dois renoncer à ce que je suis. La liberté, ce n'est pas cacher ma foi catholique, mes doctrines à moi, celles que j'ai reçues depuis mon baptême, tout ça pour m'accorder avec des anglicans, des protestants. Ce n'est pas ça. L’œcuménisme, c'est de réfléchir ensemble à la question : qu'est-ce que Dieu demande à nous autres croyants ?

    Le dialogue interreligieux est autre chose, il signifie de trouver des terrains d'entente pour ne pas se disputer, pour que chacun respecte la foi de l'autre. Mais si je crois que ma foi est meilleure, pourquoi ne pas la proposer à celui qui a une autre foi que moi ? Je ne lui impose rien, je lui expose juste ce que me dit ma foi, qui est Jésus pour moi. Mais si je cache mon identité et ma foi, ce n'est plus un dialogue et on se trompe alors l'un l'autre.

    Vous dites d'ailleurs qu'il faut proposer aux migrants notre foi chrétienne, pas l'imposer, la charité doit être gratuite, mais qu'il faut proposer notre identité…

    Si je reçois quelqu'un, je lui donne le meilleur de moi-même, ce que j'ai de plus beau. Or, si je donne aux migrants uniquement un toit, du travail, des médicaments… et que je lui cache ce qui fait vraiment un homme, son ouverture au transcendant, je le prive. Pourquoi ne pas proposer au migrant ma foi chrétienne ? Je ne lui impose absolument pas, je lui dis seulement : c'est une très bonne possibilité pour ton salut.

    Au-delà de ce que nous proposons aux migrants, je suis troublé par ce renoncement de l’Occident à sa propre identité. Non seulement, nous ne savons plus expliquer aux autres qui nous sommes mais nous ne le savons souvent plus nous-mêmes.

    Je crois que l'Occident pourra disparaitre s'il oublie ses racines chrétiennes. Les barbares sont déjà là, en son sein. Et ils lui imposeront leur culture, ils lui imposeront leur religion, leur vision de l'homme, leur vision morale si l’Occident n’a plus qu’un ventre mou et fuyant à leur opposer.

    Est-ce qu'une telle mort de l'Occident signifierait une mort de l'Eglise ?

    Cette mort de l'Occident pourrait entrainer la mort de l'humanité. L'Occident a eu la révélation divine par les apôtres, Pierre, Paul. Ils ont changé l'humanité et l'homme. Ici à Rome, dans l’Antiquité, les gens s'entretuaient et envoyaient des hommes se faire dévorer par les lions. Il n'y avait aucun sens de l'homme. L'Eglise a inculqué ce sens de l'homme aux Romains. Et l'Occident a changé. Il y avait l'esclavage. Beaucoup d'hommes religieux ont dit : ce n'est pas juste et l’Occident a été le premier dans le monde à y renoncer. Si l'Occident disparaissait parce que disparaissent ses racines, le monde changerait terriblement.

    Vous écrivez que le Seigneur est sans miséricorde envers les tièdes, vous revenez plusieurs fois sur cette idée et on sent que c'est quelque chose qui vous est cher. Vous citez d’ailleurs Charles Péguy : « Il y a quelque chose de pire que d'avoir une mauvaise pensée, c'est d'avoir une pensée toute faite. Il y a quelque chose de pire que d'avoir une âme perverse, c'est d'avoir une âme habituée » . Pensez-vous que ceux qui se définissent comme progressistes, comme défenseurs de la démocratie et du Bien, que ce soit Emmanuel Macron en France ou ceux qui s'opposent aux populistes en Italie - sont dans une pensée courageuse ou dans une forme de pensée tiède, de pensée habituée ?

    Je crois que si ceux qui dirigent l'Occident, ceux qui veulent le conduire, le font sans –voire contre - le christianisme alors ils deviennent tièdes et conduisent l'Occident à sa perte. Sans cette radicalité évangélique qui change le cœur de l'homme et donc la politique, l'économie, l'anthropologie, ils œuvrent à sa disparition même si ça n’est pas leur intention.

    Regardez aujourd'hui ce qui se passe : il y avait six entités fondatrices à la création de l'Union européenne. Dans ces six, il y en a au moins cinq où les dirigeants ne savent pas ce qu'est une famille ou ce qu'est un enfant. Avant le gouvernement actuel en Italie, l'ancien Président du Conseil Paolo Gentiloni n'avait pas d'enfant. Macron, Merkel, n'ont pas d'enfants. Theresa May n'a pas d'enfants. Au Luxembourg, le premier ministre partage sa vie avec un homme. Quelles que soient leurs intentions, ces gens-là mènent l'Occident vers l’abîme. Ils ne savent pas ce qu'est une vie humaine, un enfant qu'on chérit parce qu'il est la vie.

    Ils pourraient vous répondre que les hommes d'Eglise non plus n'ont pas de famille…

    Ce n'est pas la même chose. Nous sommes sans famille parce que c'est un choix religieux. Eux sont mariés, en couple. Il ne faut pas mélanger les choses. J'ai fait un choix afin d'imiter quelqu'un qui m'a appelé et qui n'a pas fondé de famille. Mais Jésus me donne en retour le centuple : tous les hommes sont mes parents, mes frères, mes sœurs. En renonçant à une épouse, le prêtre reçoit le centuple.

    Entre les convictions modérées, tièdes pour reprendre votre expression, d'Emmanuel Macron ou des opposants au gouvernement actuel en Italie, et des personnalités pas du tout tièdes comme Matteo Salvini, Donald Trump ou Viktor Orban qui parfois assument une identité chrétienne, voire catholique, même si le pape avait considéré que Donald Trump n'était pas chrétien, qu'est-ce que vous préférez ?

    Dans la révélation, Dieu déteste les tièdes. Dans le chapitre 3 de l'Apocalypse, il dit : puisque tu n'es ni chaud ni froid, je te vomis. Dieu déteste la tiédeur.

    L’Occident, c’est le christianisme mais c’est aussi la science, la technologie, la Silicon Valley et ses recherches sur le transhumanisme ou l’immortalité.

  • « Penser l’impensable, prévoir l’imprévu », par Jean-Philippe Chauvin.

    (Propos recueillis pas S.Théri)

    Source : https://www.pasvupaslumagazine.fr/

    Biographie :

    Né en 1962 à Rennes, devenu professeur en 1991, et, après 9 ans dans un collège des Mureaux, enseignant (heureux) à Versailles depuis presque 20 ans.

    1/ Jean-Philippe, qu’est-ce qu’un prof d’histoire aujourd’hui ?

     

     " Un professeur d’histoire, du moins dans l’idéal, c’est sans doute un passionné qui a envie de faire partager sa passion aux nouvelles générations, celles qui, irrémédiablement, prendront notre place dans la société et, j’espère, la rendront un peu meilleure en tirant des leçons d’hier pour préparer demain sans oublier le jour même et nos contemporains."

    6.jpg2/ Auriez-vous été un prof différent lors de la révolution française, avant la révolution ou après la seconde guerre mondiale ? Bref, qu’est-ce qui peut changer un prof d’histoire dans l’histoire des hommes et dans l’histoire de France ?

     

    Sans doute la manière d’enseigner aurait été différente, de par les contraintes du moment et l’idéologie dominante (particulièrement si elle se proclame unique et obligatoire), et sans doute aurait-il fallu ruser pour assurer un enseignement de l’histoire qui ne soit pas un simple discours officiel, en particulier sous la Révolution, peu connue pour sa tolérance dans les premières années de la République et de l’Empire. Je pense que, au-delà de l’étude du passé (qui s’inscrit toujours dans un présent, l’historien étant aussi le fils de sa propre époque), la littérature aurait été, intégrée dans les cours d’histoire eux-mêmes, un moyen de dire les choses sans avoir l’air de contredire frontalement le Moloch étatique : un extrait de Racine ou d’Anatole France par exemple (mais il n’a écrit que bien longtemps après la Révolution), ou une légende issue de la mythologie celtique ou hellénistique, peut en dire beaucoup plus que l’événement historique lui-même, ou peut l’éclairer d’un jour particulier, bien différent de l’esprit « obligatoire » du moment. Sous la Révolution française, les républicains se référaient constamment à l’Antiquité, à laquelle ils avaient emprunté le vocabulaire politique : il m’aurait été possible de citer fréquemment l’Antigone de Sophocle en évoquant les temps passés comme du moment, et suivre le programme qui aurait été imposé en faisant régulièrement référence aux grands mythes et légendes, et en faisant appel à l’intelligence des élèves... C’est aussi valable à d’autres époques sombres, comme sous l’Occupation, et c’est d’ailleurs ce que pratiquaient quelques enseignants d’histoire, en insistant aussi sur des épisodes anciens de l’histoire de France qui, à bien les étudier, pouvaient avoir quelques points de ressemblance avec la situation d’alors. Dans les périodes troubles, il me semble que les professeurs de lettres et d’histoire sont ceux qui peuvent le plus contourner les messages officiels en s’appuyant sur leur propre matière et sur sa voisine... Parfois à leurs risques et périls, d’ailleurs, comme l’a démontré... l’histoire elle-même !

     

    Mais il est vrai de dire que les événements du moment lui-même peuvent changer l’appréhension que les professeurs ont de tel ou tel événement : si l’historien, par nature, se doit de voir loin, au- delà de son horizon propre, le professeur, lui, n’en dit pas forcément mot, selon son propre tempérament ou ses craintes, mais il peut orienter l’étude, pour que les élèves (ou leurs parents) soient amenés à réfléchir, à travers l’évocation des temps anciens, aux enjeux contemporains. Cela explique que tous les régimes depuis le XVIIIe siècle accordent tant d’importance à l’histoire et à sa transmission, qui devient parfois affaire d’État, comme sous Ferry (Jules)...

     

    3/ Jean-Philippe, que vous inspire l’histoire du livre et le livre d’histoire ? Avons-nous affaire à des soeurs jumelles ou deux choses bien distinctes ?

     

    Ce sont deux choses éminemment différentes, à mon avis : l’histoire du livre s’inscrit dans l’histoire des écrits et des textes qui, parfois, sont pris littéralement quand il faudrait plutôt en saisir l’esprit, et elle s’inscrit dans l’histoire tout court du rapport des hommes au texte et à ce qu’il dit ou suscite. Les livres font-ils les guerres ? L’expérience de la Réforme protestante ou celles des grands textes idéologiques du XXe siècle, de « Mein Kampf » d’Hitler ou du « Que faire ? » de Lénine, sans oublier « Le petit livre rouge » de Mao, montrent la puissance du Verbe quand il semble sanctifié et fossilisé dans l’écrit « de masse ». A l’inverse, le livre peut être aussi un point de repère et de résistance, comme « Le silence de la mer » de Vercors, ou « l’heure du roi » de Boris Khazanov, ou les pièces de Shakespeare, comme les valorisent Huxley et Orwell dans leurs œuvres dystopiques...

    Quant aux livres d’histoire, s’il s’agit des manuels scolaires, je me rallie, d’instinct puis d’expérience, au jugement de Pagnol, peu élogieux à leur égard. Pour les autres, ils peuvent être des flambeaux comme des éteignoirs de l’intelligence : j’ai été très marqué par quelques grands livres d’histoire qui ne sont pas les plus connus mais qui avaient cette particularité de « conter l’histoire » pour certains, et de « l’illuminer », pour d’autres...

     

    4/ Est-ce qu’un manuel d’histoire est plus porteur d’objectivité qu’un ouvrage historique romancé ? Justifiez, svp, votre réponse.

     

    Non, et c’est même souvent l’inverse, si j’en crois mon expérience et le jugement terrible de Marcel Pagnol, fils d’instituteur, et d’autant mieux placé pour saisir le côté « embrigadement » des manuels officiels : « Tous les manuels d’histoire du monde n’ont jamais été que des livrets de propagande au service des gouvernements ». Quant à l’histoire romancée, tout dépend du romancier et de ses intentions. Mais, après près de cinquante ans de lectures historiques, je trouve plus de vérité chez un Lorant Deutsch, enthousiaste et volubile, ou un Jacques Bainville, sceptique lucide, que dans nombre de manuels écrits aussi froidement que la dissection d’un cadavre à la morgue... Et ce n’est pas la bousculade des documents présentés et les couleurs criardes des illustrations qui peuvent changer grand-chose à ce triste constat...

     

    5/ Les nations et leur gouvernements semblent être dépassés par les multinationales quant à l’importance de leur force de proposition et d’action en ce qui concerne les grandes mutations sociétales ? La connaissance de l’histoire peut-elle donner à un lycéen des outils utiles et indispensables à sa compréhension du Monde dans lequel il va devoir évoluer, construire sa vie, fonder une famille et y trouver la voie du bonheur ?

     

    Sans doute, mais cela n’est vrai et possible que si l’histoire est vécue, non comme une science clinique mais comme la recherche constante des mécanismes humains, sociaux, géopolitiques, et, au-delà, des axes fixes (ou des piliers fondateurs) et des processus possibles ou avérés par le temps long. Contrairement à ce que l’on pourrait penser, l’histoire n’est jamais écrite une fois pour toutes, et elle produit toujours de l’inédit mais qui s’inscrit dans des cycles ou dans des logiques qui, si l’on y prête un peu d’attention, ont tendance à produire souvent les mêmes effets, sinon les mêmes faits... L’histoire fournit parfois des motifs de désespoir, mais elle ouvre aussi à l’espérance, si l’on en juge par notre propre mémoire française, et c’est celle-ci, et la foi que l’on a dans son propre être national historique, dans cette passion vive de la vie des nations, qui font que, un matin de juin 1940, un homme bouscule la fatalité pour entrer dans l’histoire. S’il n’avait pas été imprégné d’histoire, de cette longue suite de règnes, de guerres et de valeurs affrontées, de Gaulle aurait-il pu, ainsi, parler dans ce micro de la BBC et annoncer la suite, cette nouvelle suite française, qui savait qu’Antigone ne se trompe pas et que Créon, toujours et malgré sa victoire apparente du moment, est le vaincu du lendemain ? Et, si de Gaulle n’avait pas été inspiré par la geste politique de Jeanne d’Arc au point d’en adopter le symbole (la croix de Lorraine) et par son histoire tragique mais victorieuse, serait-il parti à Londres pour reprendre en main le « glaive brisé » ?

    L’histoire est cruelle mais, si on lui prête l’attention qui lui est due, elle est aussi source d'espérance.

     

    6/ Albert Einstein a dit : « L'imagination est plus importante que le savoir.” Partagez-vous ce point de vue et sous quels angles  de vue ?

     

    La phrase d’Einstein n’est pas entièrement fausse et elle est prononcée par un homme... de savoir ! En histoire, l’imagination n’est pas forcément le déni de l’histoire, mais la recherche d’une voie autre que celles qui ont déjà été essayées : mais elle n’est pas forcément bonne en soi, elle peut même porter en son sein les pires utopies qui engraissent la terre des cimetières... Lénine, Trotski et Staline étaient de ceux qui, comme leurs prédécesseurs de la Révolution française (qu’ils connaissaient par cœur), voulaient « du passé faire table rase », au nom de leur idéologie et de ce régime qu’ils rêvaient de construire comme un « nouvel Eden » sur terre : c’est la négation de l’histoire qui a stérilisé leur imagination et l’a transformée en bloc de boue et de sang. L’histoire est cruelle, et elle se venge terriblement...

    Mais pour l’historien qui ne cherche qu’à comprendre l’histoire, l’imagination peut être une porte sur le savoir, car elle permet de se poser des questions et d’ouvrir des voies auxquelles l’on n’avait pas forcément pensé auparavant... Imaginer n’est pas forcément inventer, mais découvrir : « L’imagination consiste moins à inventer qu’à voir les choses et en saisir le sens profond », écrivait Bainville. De plus, ne faut-il pas imaginer, parfois, ce que purent être les hésitations des hommes pour en comprendre les victoires ou les échecs, les doutes ou les aveuglements ?

     

    7/ Voltaire à dit : «On a trouvé, en bonne politique, le secret de faire mourir de faim ceux qui, en cultivant la terre, font vivre les          autres.» Pensez-vous que cette phrase a plus ou moins de sens aujourd’hui qu’à l’époque du grand écrivain ?

     

    Je trouve cette citation fort heureuse en fait ! Et elle est sans doute plus terriblement vraie en 2020 qu’au XVIIIe siècle, si l’on considère le système de la mondialisation agro-alimentaire et quand la FAO nous apprend que, sur une planète qui abrite 7,7 milliards d’habitants, il est produit de quoi nourrir plus de 10 milliards et que, malgré cela et tous les moyens modernes de communication et de transport, plus de 800 millions d’êtres humains souffrent de la faim dans le monde, et parfois à côté de nous... C’est un sujet de scandale de constater que les histoires passées de la précarité de la condition humaine semblent n’avoir servi qu’à renforcer, aujourd’hui, le pouvoir de domination de grandes féodalités économiques et financières, que l’on baptise trans- après avoir été multinationales : sommes-nous de retour en l’an Mil ?

     

    8/ Est-ce que connaître l’histoire et se nourrir de ses enseignements est une priorité aujourd’hui ?

     

    Elle devrait l’être pour ceux qui gouvernent ou aspirent à gouverner les États. Là encore, Bainville l’a dit justement : « Qu’est-ce qu’un homme d’État qui n’a pas pratiqué l’histoire ? Un médecin qui ne serait jamais allé à l’hôpital. » Mais, pour le citoyen conscient, celui qui cherche à changer les choses ou à les conforter, elle est aussi indispensable, non par l’accumulation de savoirs et de connaissances, mais par la compréhension des grands mécanismes de l’histoire et par la pesée du pour et du contre qui, tout compte fait, peut permettre d’écarter le pire et de soutenir, sinon le meilleur (la perfection restant une qualité qui n’est sans doute pas de nature humaine...), du moins le « moins pire » et ce qui peut entrer dans le champ des possibles. Je pense, d’ailleurs, que cela doit susciter chez l’homme une certaine forme d’humilité, qui n’interdit ni la passion ni l’imagination : « on ne commande à la nature qu’en lui obéissant », disait Bacon, et je pense que la leçon vaut aussi pour l’histoire. L’épopée gaullienne s’explique aussi par cette forte compréhension de l’histoire qui permet à de Gaulle de comprendre que l’orgueil hitlérien, forme idéologique de Démiurge, est condamné... par l’histoire, alors même que tout semble sourire, en ce terrible juin 40, au monstre de Berlin.

     

    9/ L’étude de l’histoire sert-elle plus la construction culturelle d’un individu où sa curiosité ?

     

    Il me semble que la curiosité ne doit être que le moyen de la recherche des connaissances et de la compréhension des choses : quand elle devient une fin, elle perd de ses qualités pour se muer en voyeurisme ou en obsession. En revanche, l’histoire peut effectivement permettre à l’homme de mieux comprendre ce qui l’entoure et d’où il vient : nous sommes des héritiers, et la connaissance de l’héritage permet d’en tirer un meilleur profit, de ne pas être une simple monade ballottée au gré des tempêtes mais, au contraire, de « faire société » et de se relier aux « plus proches » par des références communes qui permettent, ainsi, d’envisager un destin commun et d’accueillir les autres. C’est la méconnaissance de l’histoire et de celle de nos filiations qui entraîne souvent une perte de repères et le désordre contemporain qui est surtout la forme exaspérée de l’absence d’enracinement.

    Quelques grandes figures historiques, dans une nation, servent de conciliation et de médiation entre les hommes de cette société fruit de l’histoire : elles en fixent les valeurs, comme jadis les héros de la mythologie dans les sociétés antiques. Enlevez Jeanne d’Arc de notre panthéon historique et l’esprit même de résistance perd une de ses plus fortes incarnations, et l’histoire n’est plus la même, en attendant que l’avenir le défasse complètement...

     

    10/ Dans un Monde parfait et sans aucune limite budgétaire, quel serait aujourd’hui et selon vous, le meilleur outil pédagogique autre que le livre papier.

     

  • Médias & Société • Quand Stéphane Guillon et consorts (se) font les Guignols La bien-pensance ne rigole pas

    (Photo : SIPA.00609727_000031)

     
    par Franck Crudo
     
    Journaliste. Il a notamment participé au lancement de 20 Minutes. Il nous donne à passer, ici, un excellent moment.
     
    franckcrudo.jpgUn sketch des Guignols sur le FN aura suffi à faire se boucher le nez, dans un même élan, Stéphane Guillon, Daniel Cohn-Bendit, Philippe Sollers, Alain Soral... Mais de quoi peut-on encore rire aujourd'hui ?
     
    « On peut rire de tout, mais pas avec n’importe qui », disait Pierre Desproges… au siècle dernier. Une époque où l’humour en France ne restait pas, pour des questions de principe, confiné dans la prison étroite du politiquement correct. Peu importe la manière dont on faisait rire, l’important était de le faire. Pas d’enclos idéologique ou de police de la pensée. La liberté de rire, sans être jugé. Un autre temps.

    Aujourd’hui, le siècle n’est plus le même et le pays de la liberté d’expression non plus. Le sketch des Guignols sur Marine et Jean-Marie Le Pen, lundi dernier au Grand journal de Canal+, a fait grincer quelques dents et suscité une petite polémique.

     

     

    A la limite, le plus rigolo dans l’histoire, c’est moins le sketch que la réaction de la plupart des invités sur le plateau. Il faut dire que diffuser ce genre de parodie dans une émission qui rivalise avec celle de Ruquier (le samedi soir sur France 2) pour le titre honorifique d’« émission la plus bobo de gauche du PAF », c’est un peu comme proposer un concert d’André Rieu dans certains quartiers nord de Marseille : le succès n’est pas garanti.

    Maïtena Biraben est mal à l’aise. Daniel Cohn-Bendit confie en riant que « ça ne le fait pas rire » et trouve ça « con ». Histoire d’élever le débat, Philippe Sollers confirme en riant que « c’est con » et l’écrivain Cécile Ladjali regrette que ces marionnettes rendent « très sympathiques » les Le Pen. C’est vrai quoi, affubler Jean-Marie de la gueule d’une gargouille avec de faux airs du garde de Jabba le Hutt dans Star Wars, lui faire brandir une matraque puis ânonner une série de clichés racistes, ça attire illico la sympathie.

    Deux jours plus tard, Stéphane Guillon, qui regarde visiblement Le Grand journal en replay, dégaine un tweet outragé (à l’instar d’Alain Soral peu après) :

    Guillon - Soral.jpg

    L’humoriste de gauche — pléonasme car c’est le seul vrai humour qui fait rire sainement — regrette les anciens auteurs des Guignols. La grande époque, version Bruno Gaccio et consorts, celle où l’on avait le cœur bien placé. Celle surtout où l’on savait sur quels sujets et sur quels individus où pouvait rire ou ne pas rire. Des Guignols emblématiques de cette gauche que Philippe Val juge atteinte de « rouge-brunisme » et qu’il décrit comme « anticapitaliste, antisioniste et qui voit dans l’islam la religion des opprimés ». Ah, c’était le bon temps ! Presque deux décennies pendant lesquels Stéphane Guillon a pu se bidonner grâce aux gags récurrents sur l’église catholique et la pédophilie…

     


    Beaucoup moins souvent sur l’islam, car c’est tout de suite moins drôle et ça risquerait de faire le jeu de qui on sait. C’est un peu plus périlleux également… Guillon a pu tout de même se poiler à maintes reprises grâce à la marionnette de Ben Laden, systématiquement représenté en bédouin débonnaire, espiègle et jovial, limite sympa, qui met tous les rieurs de son côté.



    Evidemment, cela ne choque alors nullement Stéphane car il a le sens de l’humour et le fameux esprit Canal. En plus, Twitter n’existe pas à l’époque. Il n’y a qu’un réac pisse-froid pour s’étonner de la complaisante représentation du terroriste. Ou d’un tel décalage dans le traitement « humoristique » des deux religions.

    Et puis Stéphane s’est sans doute aussi tapé des barres sur les inusables sketchs antiaméricains et anticapitalistes avec la marionnette de Stallone en symbole de la World Company.

     


    Avec les anciens auteurs, non seulement on se marrait, mais on ciblait et hiérarchisait les vrais dangers. On avait (beaucoup) moins souvent l’occasion de se bidonner sur le communisme et l’extrême gauche en général, lesquels il est vrai présentaient un bilan globalement positif et une alternative crédible à Monsieur Sylvestre et ses sbires. Mais sur le capitalisme et les Etats-Unis en revanche, qu’est-ce qu’on se boyautait ! D’ailleurs, lors de la chute du mur de Berlin, les Allemands de l’Est se sont précipités à l’Ouest pour pouvoir rigoler à nos côtés.

    Non, décidément, les anciens Guignols, c’était d’un autre niveau. C’était moins beauf, plus subtil. On riait moins gras. Ah la belle époque où l’on se tordait en matant la marionnette de Bernadette Chirac en train de se masturber avec son sac à main ! Où l’on se gondolait devant Amélie Mauresmo, dépeinte en bodybuilder avec une voix de mâle dominant.

     


    Et puis, surtout, les auteurs des Guignols avaient trouvé la parade pour ne pas faire le jeu du Front national. Ne surtout pas en parler. Ne pas caricaturer Le Pen. Se foutre de la gueule de tous les gouvernements et d’une grande partie du personnel politique, sauf de Le Pen. Stratégie imparable. On persifle quotidiennement sur la gauche et la droite, on traite quasiment toutes les semaines nos présidents de Super Menteur ou de Super Voleur et on épargne la bête. Pour ne pas lui faire de la pub. On divertit le bobo, mais aussi le poujado, le gars du bistrot qui braille « tous pourris ». En vingt-cinq ans, le Front national passe de 10 à 30%. Mais au moins, on s’est marré tous les soirs sur Canal.

     

    Stéphane Guillon ne supporte pas les gags pas drôles et les dérapages honteux. Il a bien raison, il sait de quoi il parle. En mars 2015, il sort une vanne sur Twitter qui provoque l’hilarité générale. Ou presque.

    Tweet 2.jpg

    Pendant des années, avant de se faire virer, ses chroniques matinales sur France Inter sont des exemples de drôlerie et de bon goût. Comme ces vannes sur le physique d’Eric Besson, « une taupe du FN aux yeux de fouine », ou de Martine Aubry, « un petit pot à tabac ». Irrésistible. Dommage que le président de Radio France, Jean-Luc Hees, nous la joue alors bégueule en rappelant à l’humoriste que « l’attaque personnelle, fondée sur le physique de la personne, fait partie de ces valeurs infranchissables ».

    Il y aussi cette chronique hilarante au lendemain de l’accident d’avion du président polonais Lech Kaczynski, où il rêve d’une tragédie du même type pour Nicolas Sarkozy, puis balance une énième vanne sur la taille du président et la tête de fouine d’Eric Besson. Les plaisanteries sur le physique et les accidents d’avion, c’est visiblement l’un des principaux ressorts comiques de l’artiste. Le seul ? Certes, c’est un peu facile, mais en attendant, qu’est-ce qu’on se marre ! Comme le dit Woody Allen : « Il n’y a que deux sortes d’humour : le comique de répétition et le comique de répétition. » Dommage pour Guillon que son patron n’ait, lui, aucun humour. Lassé par ses dérapages répétés et plus ou moins contrôlés, Hees licencie le comique (de répétition) quelques mois plus tard, déclarant notamment : « Si l’humour se résume à l’insulte, je ne peux le tolérer pour les autres mais également pour moi (…). Je considère que cette tranche d’humour est un échec. »

    « L’homme ordinaire est exigeant avec les autres. L’homme exceptionnel est exigeant avec lui-même », disait Marc-Aurèle. Stéphane Guillon n’est ni exceptionnel, ni stoïcien. Il est ordinaire et de gauche. De cette gauche surreprésentée dans la sphère médiatique, coupée de la majorité de la population française aujourd’hui, et qui encadre non seulement la façon de penser, mais aussi la façon de rire. Aujourd’hui, on ne peut pas rire avec n’importe qui, mais on ne peut aussi plus rire de tout. Ou plutôt, tout dépend qui fait rire. Car avec le politiquement correct érigé en gardien du temple, l’égalitarisme et l’antiracisme en horizon indépassable, le rubicon peut être franchi à tout moment. Le rire ne peut plus se contenter d’être drôle, il doit aussi être acceptable. Et tant pis si on étouffe dans ce carcan. Le rieur, surtout s’il est blanc et pas forcément de gauche, devient instantanément un suspect potentiel. Sous sa bouche, toute plaisanterie mal calibrée comme dirait l’autre devient très vite sexiste, antisémite, raciste, homophobe.

    Il n’existe que deux parades : être de gauche ou faire partie d’une minorité. La suspicion s’éloigne d’emblée. Se gausser de tous les clichés racistes en les reprenant à son compte, c’est souvent très drôle dans la bouche des jeunes talents du Jamel Comédie Show, de Thomas Ngijol ou de Fabrice Eboué. On peut même se moquer des Roms de façon très politiquement incorrecte comme le fait avec brio le Comte de Bouderbala :



    Imaginez maintenant le même sketch joué par un humoriste blanc, populaire et franchouillard, disons au hasard Jean-Marie Bigard, et certains sourires se crispent aussitôt. Un avocat du Mrap attend peut-être déjà dans sa loge…

    Quand en 1995, Patrick Sébastien se grime en Le Pen, fredonnant « Casser du noir » sur l’air d’une chanson de Patrick Bruel, il fait scandale :



    Sans doute un tournant. C’est l’une des premières fois où la bien-pensance médiatique se déchaîne. Le célèbre imitateur cumule les handicaps : il est blanc, pas de gauche et parfois grossier. Bref, un beauf potentiel. Le coupable idéal.

    Quand Guy Bedos traite à plusieurs reprises une femme politique de droite de « connasse », c’est décapant, c’est corrosif, c’est tout simplement de l’humour. Imaginons maintenant un comique populaire et franchouillard, disons au hasard Laurent Gerra, qui balance la même insulte, pardons la même vanne sur une femme politique de gauche, disons au hasard Christine Taubira… et le lendemain Libé sort trois pleines pages sur le scandale.

    Remontons le temps un instant et imaginons, pour la déconne, ce que donnerait en 2016 une interview de Coluche sur le racisme, un sketch de Pierre Péchin (le match de tennis), un autre de Fernand Reynaud (le douanier), et de Michel Leeb (l’épicerie africaine), ou encore une satire des Inconnus (Les Envahisseurs). En fait non, on n’ose pas imaginer…

    Plus inquiétant encore, le CSA (Conseil supérieur de l’audiovisuel) se fait aujourd’hui le relais de la bien-pensance en matière d’humour et se montre de plus en plus interventionniste en la matière. A l’instar de ce sketch de Jarry, le 13 octobre dernier sur France 2 dans une émission animée par Stéphane Bern. Pour être honnête, c’est plutôt lourdingue. Mais pas bien méchant non plus. L’autorité audiovisuelle n’a toutefois pas hésité à adresser une mise en garde à la chaîne publique, estimant notamment « que les gestes de l’humoriste envers la chroniqueuse étaient très vulgaires, voire dégradants » et rappelant que « le service public se doit d’être exemplaire en matière de promotion de l’image et de la place de la femme dans les programmes ».

    Le CSA n’existait heureusement pas du temps de Desproges, qui n’a du coup pas été mis en garde lorsqu’il a balancé : « Plus je connais les hommes, plus j’aime mon chien. Plus je connais les femmes, moins j’aime ma chienne ». Encore heureux également que le Conseil supérieur de l’audiovisuel ne supervise pas la littérature. I