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Rechercher : Rémi Hugues. histoire & action française. Rétrospective : 2018 année Maurras

  • L'ARMEE EN DEUIL, LA FRANCE EN DEUIL : HOMMAGE ET RESPECT A NOS 13 MORTS AU MALI

    En leur honneur, en union avec leurs familles, avec notre Armée française, la sonnerie "Aux morts"...

     Musique De La Garde Republicaine - Aux Morts.mp3

     

    http://www.billetdefrance.fr/societe/mali-13-soldats-francais-tues-dans-un-accident-dhelicopteres/26/11/2019/?preview=true&_thumbnail_id=1613&fbclid=IwAR2yD2tGOy2eVdIf6Aeah32xdG5vcKonVr9BO_g_MvoYSQf4FM7JI-dRc8E

    Nos treize héros, soldats d'élite et d'exception :

    • Le capitaine Nicolas Mégard, du 5e régiment d’hélicoptère de combat de Pau, 35 ans. Soldat depuis plus de 14 ans, il avait rejoint le 35e régiment d'artillerie parachutiste en tant que sous-officier il avait ensuite rejoint l'Ecole militaire interarmes en 2009, et avait suivi une formation de pilote Tigre puis de chef de patrouille. Nicolas Mégard avait été déployé au Kosovo et au Mali, il était marié et père de trois enfants.

    • Le capitaine Benjamin Gireud du 5e régiment d’hélicoptères de combat de Pau, 32 ans. Pilote d'hélicoptères «Cougar», Benjamin Gireud était militaire depuis 10 ans après avoir étudié à l'école des officiers de Saint-Cyr Coëtquidan. Il avait servi au Tchad et au Mali.

    • Le capitaine Clément Frisonroche du 5e régiment d’hélicoptères de combat de Pau, 28 ans. Ancien du lycée militaire de Saint-Cyr-l’École, il avait intègré en 2012 l’École spéciale militaire de Saint-Cyr puis l’École de l’aviation légère de l’armée de Terre. Clément Frisonroche était pilote d'hélicoptère «Tigre», cette mission était sa première OPEX.

    • Le lieutenant Alex Morisse du 5e régiment d’hélicoptères de combat de Pau, 31 ans. Engagé en septembre 2011 en tant qu'officier sous contrat, il devient pilote opérationnel d'hélicoptère. Alex Morisse a été déployé plusieurs fois au Mali, il était pacsé.

    • Le lieutenant Pierre Bockel du 5e régiment d’hélicoptères de combat de Pau, 28 ans. Engagé en tant qu'officier sous contrat depuis 2011, il rejoint l’École de l’aviation légère de l’armée de Terre et obtient son brevet de pilote opérationnel sur hélicoptère. Pierre Bockel a été projeté à quatre reprises au Mali en tant que pilote de «Cougar», il vivait en couple et allait avoir un enfant.

    • L’adjudant-chef Julien Carette du 5e régiment d’hélicoptères de combat de Pau, 35 ans. Engagé à l'âge de 18 ans, il servait sous les drapeaux depuis 17 ans. Julien Carette a été déployé en Côte d’Ivoire, au Tchad, au Mali, au Burkina-Faso, et en Afghanistan. Il était en couple et père de deux enfants.

    • Le brigadier-chef Romain Salles de Saint Paul du 5e régiment d’hélicoptères de combat de Pau, 35 ans. Il avait rejoint l'armée il y a 10 ans, et été déployé depuis au Gabon, à Djibouti et au Mali. Il était marié et père de deux enfants.

    • Le capitaine Romain de Chomel de Jarnieu du 4e régiment de chasseurs de Gap, 34 ans. Il s'était engagé en tant que réserviste en 2012, il devient officier sous contrat en 2013. En 2019 il obtient le brevet de chef d'équipe de groupement commando montagne. Romain de Chomel de Jarnieu a été déployé au Tchad et au Mali.

    • Le maréchal des logis Antoine Serre du 4e régiment de chasseurs de Gap, 22 ans. Il s'engage en 2015 au titre de l’école militaire de haute montagne à Chamonix, puis rejoint le 4e régiment de chasseurs en 2016 au sein duquel il intègre le groupement commando montagne. Cette mission était sa première OPEX, Antoine Serre était pacsé.

    • Le maréchal des logis chef Alexandre Protin du 4e régiment de chasseurs de Gap, 33 ans. Engagé volontaire, il a accompli toute sa carrière au sein du 4e régiment de chasseurs. Il devient sous-officier en entrant à l'école de Saint-Maixent et devient équipier commando en 2014. Il avait servi en Côte d’Ivoire et au Mali, Alexandre Protin était en couple.

    • Le maréchal des logis Valentin Duval du 4e régiment de chasseurs de Gap, 24 ans. Engagé volontaire, il a accompli toute sa carrière au sein du 4e régiment de chasseurs. Il intègre l’École des sous-officiers de Saint-Maixent et devient maréchal des logis en 2017, puis il intègre le groupement commando montagne. Il avait été déployé trois fois au Mali.

    • Le maréchal des logis-chef Jéremy Leusie du 93e régiment d’artillerie de montagne de Varces, 33 ans. Militaire depuis 12 ans, il rejoint le groupement commando montagne de son régiment en 2018. Jéremy Leusie a servi au Tchad, en Afghanistan, au Sénégal, en Côte d'Ivoire et au Mali et avait été décoré de la croix de la Valeur militaire avec étoile de bronze. Il était pacsé.

    • Le sergent-chef Andreï Jouk du 2e régiment étranger de génie de Saint-Christol, 43 ans. Il avait rejoint la Légion il y a 11 ans, en 2016 il rejoint le groupement de commando montagne au sein duquel il a été projeté à plusieurs reprises au Sahel. Marié et père de quatre enfants, il était titulaire de la croix de la Valeur militaire avec étoile de bronze.

    lafautearousseau

  • La loi Avia ou comment anesthésier la pensée !, par Christian Vanneste.

    Le passage en force de la « loi Avia » suscite une opposition large et nourrie. Que le premier texte voté après la douloureuse expérience du confinement soit attentatoire à la liberté d’expression relève de la provocation : après avoir suspendu les libertés d’aller et de venir, de travailler, de se réunir, de manifester, d’exercer son culte, voici que le pouvoir étrangle encore davantage la liberté d’expression dans notre pays. A peine les Français retrouvent-ils le goût de sortir, de renouer avec leurs familles et leurs amis, de fréquenter les magasins de leur choix, mais alors qu’ils n’ont pas encore la liberté de se déplacer à leur guise, on entend les punir d’avoir abusé de leur liberté de parole sur la toile, en profitant, les garnements, de leur inactivité.

    christian vanneste.jpgNon content de cette infantilisation du peuple à laquelle la macronie nous a habitués, le pouvoir fait voter ce dispositif alors que l’Assemblée ne fonctionne pas normalement, comme si le parlement n’était qu’une chambre d’enregistrement. Le spectacle du président de séance coupant la parole d’un député, en l’occurrence la présidente du RN, alors qu’elle défend la liberté d’expression, donne le vrai visage du système : technique, administratif, ignorant le respect du aux institutions et aux élus. On ne coupe pas la parole d’un parlementaire, quelle que soit son appartenance politique, quand le débat porte sur la liberté de parler. J’ai connu un président de séance communiste que les députés appréciaient car il les laissait toujours aller jusqu’au bout de leur intervention. Les quelques minutes perdues étaient une respiration démocratique, un gain pour la liberté.

    Votée quand les Français ont la tête ailleurs, cette loi n’aura pas seulement connu une naissance dont la légitimité est douteuse, elle présente aussi de nombreuses faiblesses. La première est de mettre au centre d’un texte un sentiment subjectif, la haine. La loi, surtout quant elle implique des dispositions pénales, exige des fondements plus solides, plus objectifs. Il s’agit, une fois encore, sous couvert de bons sentiments, d’éduquer le peuple, de changer les mentalités, de détruire des stéréotypes, en semblant ignorer que cela revient à les remplacer par d’autres issus d’une idéologie dominante. La répulsion, le mépris, la détestation, le dégoût, l’hostilité, l’opposition, la critique pourront-ils être confondus avec la haine ? La catharsis des mauvais sentiments chez tous ceux qui sont frustrés de ne jamais être entendus, et qui ne le seront pas davantage, aura-t-elle le même poids que la véritable menace, que les injures proférées par des ennemis qui préparent une guerre mortelle contre notre société, contre notre pays ? Ce texte accentue la confusion à l’oeuvre dans l’alourdissement et l’altération de la loi sur la liberté de la presse : l’hostilité à une race ne peut être mise au même niveau que celle qui vise une religion ou une prétendue identité de genre. On ne peut reprocher à une personne d’être née ce qu’elle est, mais on peut parfaitement haïr sa pensée, ou critiquer sa prétention à être ce qu’elle n’est pas. On ne peut mettre sur le même plan les faits scientifiques et les modes idéologiques.

    Notre société prétendument libérale restreint la liberté de penser sous prétexte de protéger les différences. Elle établit une inquisition qui scrute le for intérieur de ceux qui vont exercer leur sens critique à l’encontre de pensées ou de comportements absurdes, et permettre à ceux-ci de prospérer en dehors de toute rationalité. La liberté de pensée exige le débat jusqu’à l’invective, car elle doit aussi favoriser la libération à l’égard de toutes les erreurs et de tous les préjugés, et non de certains au détriment d’autres, triés par une idéologie larvée qui a, peu à peu, envahi l’éducation, la presse, et la politique, et qui entend, au nom de la lutte contre de prétendues phobies, imposer une pensée unique. Que cette démarche soit contradictoire puisqu’elle conduit à protéger, par exemple, des religions intolérantes, n’embarrasse pas ses promoteurs. L’ennemi est le peuple gaulois, sa faconde, son goût pour la dispute et les noms d’oiseaux. En cela, il y a dans cette loi une profonde méconnaissance de l’identité nationale. La loi Avia est copiée sur une loi allemande ! La NetzDG de Janvier 2018 est avant tout une réaction au déferlement de propos racistes qui ont suivi l’irruption tapageuse des « réfugiés » accueillis à bras ouverts par Mme Merkel. Les Allemands ont donc réagi à une situation conjoncturelle en fonction de leur mauvaise conscience historique lourdement chargée par le racisme. La rigueur et le conformisme germaniques n’ont jamais fait de l’Allemagne le foyer mondial de la liberté de penser. Il en va tout autrement du pays de Voltaire. Il est pathétique qu’au moment même où l’Allemagne montre la supériorité de son organisation et de son économie, on la suive sur un chemin où elle n’a pas de leçon à nous donner. Il est d’ailleurs cocasse que l’une des remontrances envers l’initiative française soit venue de Bruxelles, et à la demande de la République tchèque, qui voyait dans le texte français une restriction abusive de la libre circulation des services de la société de l’information en provenance d’un autre Etat membre de l’U.E. Ainsi donc les leçons de liberté nous viennent de l’Est, d’un membre du groupe de Visegrad. Il est vrai que l’argument repose davantage sur la liberté économique que sur la liberté d’expression.

    L’artillerie contre les réseaux sociaux et leurs opérateurs est lourde. Un refus de retrait pourra coûter jusqu’à 1,25 million d’euros aux opérateurs.  Le CSA exercera le contrôle. Un « Observatoire » sera créé pour le doubler. A l’heure où l’on s’interroge sur les moyens des hôpitaux face à un problème grave, la création de « machins » superflus consacrés à des sujets moins prioritaires donne une idée de notre « gouvernance ». Les éventuels signalements abusifs par les utilisateurs de plateforme seront eux passibles d’un an d’emprisonnement et 15 000 euros d’amende. Le processus commence donc par déléguer aux GAFA sous la surveillance du CSA le soin de trier la bonne pensée, et donc d’exercer une censure, en enlevant ce pouvoir aux juges, et il aboutit quand même au bout des litiges à alourdir une justice déjà trop pauvre pour répondre aux vrais besoins. Devant la lourdeur des sanctions, on peut craindre qu’une censure très large, robotisée, sera effectuée en amont. Elle conduira à l’effacement « réflexe » à partir d’un mot. Elle suscitera l’autocensure. Elle entraînera la délation systématique et simplifiée, aidée par les associations communautaristes.

    Bienvenue dans le nouveau monde d’une pensée appauvrie et d’un peuple soumis !

     
  • Résultat des votes allemand et italien : krach en vue !

     

    Par Marc Rousset 

    En matière de prévision économique, une bonne dose de prudence s'impose. Bernard Maris disait qu'un économiste est un monsieur qui est capable d'expliquer le lendemain pourquoi il s'est trompé la veille. Une addition de principes de bon-sens et de connaissance des dossiers conduit toutefois à envisager sérieusement ce qui peut attendre nos sociétés dans un avenir plus ou moins proche. C'est l'exercice auquel Marc Rousset se livre ici pour nous au fil d'une analyse documentée qui intéressera ce qu'on appelait jadis les pères de famille aussi bien, d'ailleurs,  que les patriotes. La racine est la même ! ...   LFAR 

     

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    Le résultat des votes allemand et italien montre que la victoire, en Europe, des droites nationales patriotes et populistes est en vue ! Pas bon du tout pour les profits et les cours de Bourse.

    Madame Merkel estime, à tort, que les États-Unis font fausse route avec le protectionnisme, des taxes douanières américaines de 25 % sur l’acier, de 10 % sur l’aluminium, des représailles chinoises sur le sorgho et le soja américain, des représailles européennes sur les Harley-Davidson, le bourbon et les Levi’s. La nécessaire fin du libre-échange mondialiste, excellente nouvelle pour les peuples et les emplois des pays occidentaux, n’en est pas une pour les Bourses.

    Quant au fonds américain Bridgewater, il a détrôné George Soros. Il vient de miser 22 milliards de dollars sur un krach dans les douze à dix-huit prochains mois. Il estime qu’on est proche de la fin d’un cycle, que le niveau des dettes publiques et privées, des crédits aux ménages aux États-Unis est démentiel, que les entreprises européennes sont très menacées suite à leur exposition aux marchés américains et internationaux. Il spécule donc à la baisse pour la moitié du DAX allemand (7,3 milliards de dollars), 4,5 milliards de dollars pour les entreprises françaises, 3 milliards pour les entreprises italiennes. Enfin, ce fonds a tout particulièrement dans son viseur la Deutsche Bank et les banques italiennes gangrenées par les créances douteuses telles que Intesa Sanpaolo.

    En Italie, nombre de petites banques pléthoriques sont en difficulté. Elles croulent sous des montagnes de créances douteuses, des prêts bancaires souscrits par des entreprises et des particuliers qui ne parviennent pas à les rembourser en raison de la crise économique.

    Les prêts pourris avoisinent les 1.000 milliards d’euros dans les bilans des banques de la zone euro, soit 6,2 % du montant total des prêts, contre 1,3 % aux États-Unis et 0,9 % au Royaume-Uni. Si les banques européennes comptabilisaient les prêts pourris dans leurs comptes à leur juste valeur, le levier d’endettement serait de 23,3 pour le Crédit agricole, 29,0 pour BPCE-Natixis, 38,3 pour BNP Paribas et 38,9 pour la Société générale (autrement dit, 1 euro de capitaux propres pour 38,9 euros d’engagements). La Banque Lehman Brothers avait un effet de levier de 32 lorsqu’elle a fait faillite en septembre 2008. 

    De 2000 à 2017, le PIB américain est passé de 10.600 milliards de dollars à 19.300 milliards de dollars, soit une augmentation de 8.700 milliards de dollars, tandis que la dette publique du gouvernement américain augmentait plus vite, pendant la même période, de 15.000 milliards de dollars. 

    Le déficit du gouvernement américain, en 2017, est de 1.200 milliards de dollars, soit plus que le PIB australien. La valeur de l’actif net du gouvernement américain (ses actifs moins les dettes) est de -20,4 milliards de dollars – la faillite totale, donc, pour une société privée. Mais, plus effrayant encore, si l’on tient compte des dépenses futures et des revenus futurs des caisses de retraite et d’assurance publiques américaines, l’actif net du gouvernement américain est dans le rouge pour 50.000 milliards de dollars de plus, soit -70 000 milliards de dollars !

    S’il a fallu des décennies, à la Banque du Japon, pour faire gonfler son bilan jusqu’à 5.000 milliards de dollars, il aura fallu seulement huit ans à la Federal Reserve américaine pour faire bondir le sien à 4.500 milliards de dollars. Les marchés ne sont pas prêts pour le franchissement, par les obligations américaines sur dix ans, du seuil des 3 % et un dollar qui plonge, a déclaré Thomas Buberl, directeur général d’Axa.

    Draghi nous annonce que la BCE ne peut pas stopper ses achats obligataires car les taux du Bund allemand sur dix ans pourraient doubler à 0,79 %, avant de doubler à nouveau et de s’envoler ! Or, à l’automne, les achats devraient normalement cesser et les taux directeurs augmenter.

    De 2007 à 2018, les taux d’emprunts d’État ont dégringolé, en moyenne, de 4,2 % à 0,9 %. Une hausse des taux de 1 % alourdirait la note, pour l’État français, de deux milliards par an, tandis que le cours des obligations baisserait de 10 %. Powell et Draghi font face à la quadrature du cercle pour augmenter les taux. Krach en vue !   • 

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    Économiste

    Ancien haut dirigeant d'entreprise

  • Goldnadel a raison ! Et il ose dire les choses : « Les migrants qui utilisent la violence ne peuvent espérer requérir un

     Des migrants après leur arrivée en Espagne, Ceuta le 26 juillet 2018

     

    Par  

    2293089609.14.jpgLe 26 juillet dernier, plus de six-cents migrants ont franchi la barrière de sécurité qui sépare le Maroc de l'enclave espagnole de Ceuta. Gilles-William Goldnadel revient sur cet événement et analyse le traitement de cette actualité dans les médias français. [Figarovox, 30.07]. Il le fait avec courage, lucidité, sans craindre de dire les choses. Il a raison.   LFAR

     

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    On se souvient sans doute que la section presse du parquet de Paris avait eu l'étrange autant que funeste idée de poursuivre Nicolas Dupont-Aignan pour avoir osé employer l'expression « invasion migratoire ».

    Fort heureusement les juges parisiens, le mois dernier, ont mis un point d'arrêt à cette nouvelle tentative de voir limiter la liberté d'expression lorsqu'elle dérange l'idéologie réflexe de certains qui accusent ou d'autres censés informer.

    Mais au-delà même de la liberté de penser et de dire, certains faits mettent la réalité la plus crue et la plus malodorante sous les yeux et le nez de ceux qui ne veulent ni voir ni sentir.

    En Tunisie d'abord. Voilà deux semaines qu'un navire, le Sarost 5, contenant à son bord 40 migrants africains, attend vainement que les autorités tunisiennes leur donne l'autorisation d'accoster. L'ancien président tunisien, Moncen Marzouki, a tancé ses successeurs sur sa page Facebook : « que direz-vous, lorsque la France, l'Espagne ou l'Italie laisseront des migrants tunisiens se noyer sans réagir ? ». L'ancien président est bien l'un des seuls à être sévère envers les autorités de son pays. Les hommes à la peau très sombre n'y sont pas bien traités. Mon confrère l'avocat tunisien maître Ftouh Souhail, opposant notoire et courageux aux islamistes radicaux, révélait récemment que son pays serait le deuxième pays le plus intolérant d'Afrique selon une étude récente de l'institut indépendant Afrobarometer. Il était également placé au niveau 2 sur la liste des pays pratiquant la traite transnationale des personnes selon le rapport 2016 du bureau de contrôle et de lutte contre la traite des humains du Département d'État des États-Unis. Mais nul ou presque ne s'en soucie.

    Est-ce que le Sarost 5 vous dit quelque chose ? Les Français ne le connaissent pas parce que leur presse n'a pas songé à leur dire. Voilà un non-dit qui dit beaucoup de choses.

    Il dit qu'en réalité la presse idéologisée, souvent à son insu, ne se soucie aucunement du sort des migrants africains. Il dit que la manière dont ceux-ci sont ou non accueillis ou traités par les pays non occidentaux ne les intéresse pas non plus. Il dit que la seule chose qui passionne la presse est ce qui peut être exigé ou reproché à l'homme occidental en termes d'obligation morale.

    C'est au demeurant dans ce cadre très restrictif que le navire l'Aquarius, affrété par SOS Méditerranée et subventionné indirectement par la très idéologique Open Society de George Soros, n'a pas songé une seconde, en contradiction avec le droit maritime international du secours en mer, de réclamer l'accueil à l'Algérie ou à la Tunisie pourtant plus proches mais à l'exiger de la plus lointaine mais européenne Italie.

    661_francetv-actu-articles_c62_d6a_9b0053021f50f86ca5a1870453_600-migrants-sont-arrives-en-espagne-par-ceuta_13135093.jpgRendons-nous au Maroc ensuite, ou plutôt dans cette enclave espagnole postcoloniale nommée Ceuta. (Photo).

    La presse française a en effet révélé sans grands excès d'indignation que plus de 600 migrants africains avaient forcé la frontière pour pénétrer en terre hispanique, donc européenne.

    Pour pouvoir réclamer ainsi le droit d'asile, ceux-ci n'auront pas lésiné en moyens coercitifs : usage de la chaux vive et jets d'excréments sur les policiers.

    Ici encore, il y a beaucoup à dire dans ce qui n'a pas été dit et peut-être pensé.

    En surface, le fait qu'un nouveau gouvernement espagnol, dirigé par des socialistes réticents à défendre les frontières externes de l'Europe arrive aux affaires, n'a pas dû échapper à ceux déterminés à les enjamber. Le fait également de ne pas avoir à l'esprit les principes les plus élémentaires du droit des gens. Comme celui qui veut que « la fraude corrompt tout ».

    Et qu'ainsi, celui qui utilise la violence ne peut espérer requérir un droit. Fût-ce un étranger non occidental au sein d'un continent tant miné par le doute et la mauvaise conscience que les droits de l'homme moderne célébrés religieusement ne s'appliquent plus vraiment à ses vieux habitants.

    En profondeur ensuite. Ainsi donc des migrants africains emplis d'énergie ont brûlé à la chaux vive et jeté des excréments sur des hommes de la garde civile espagnole.

    Mon imagination est impuissante à décrire la réaction politique ou médiatique légitime au cas où un policier occidental aurait jeté des excréments sur un homme de couleur noire.

    L'antifascisme médiatique et politique devenu fou aura bien du mal à montrer ces images sous le prisme de ses vieux fantasmes frappés d'obsolescence. Raison pourquoi, il ne les a pas beaucoup montrées.

    En revanche, l'idée fantasmatique de vouloir brûler ou couvrir d'immondices l'homme blanc consentant correspond assez sombrement à l'inconscient collectif du moment.

    Ou plutôt à un certain inconscient collectif déclinant que les hommes les plus conscients d'Europe sont désormais déterminés à dénoncer.

    Au risque d'être couverts de ces crachats qu'ils tiennent à présent pour des compliments.  

    Gilles-William Goldnadel est avocat et écrivain.  

  • Jean-Michel Vernochet : « Macron s’inscrit dans la suite de Robespierre, le feu et la verve en moins »

     

    Journaliste, écrivain, ancien grand reporter au Figaro Magazine, professeur à l’École supérieure de journalisme (ESJ Paris), Jean-Michel Vernochet sera l’invité du Cercle de Flore vendredi prochain, 16 février 2018. Il a bien voulu répondre d’ores et déjà à quelques-unes des questions du Cercle de Flore.

    627565382.jpgVotre dernier livre, sorti aux éditions Le Retour aux sources, s’intitule La Guerre civile froide – La Théogonie républicaine de Robespierre à Macron. Robespierre et Macron, même combat alors ?

    Il existe une continuité historique non démentie entre les pères de la Révolution française et les agents de l’actuelle révolution mondialiste. Nous sommes passés en deux siècles d’un projet républicain d’abord national à un projet européen – avec l’expansion napoléonienne : la guerre d’Espagne renvoyait en écho aux guerres de Vendée par son caractère “religieux” ; l’Église espagnole combattait par les armes la religion républicaine essentiellement anti-chrétienne. Aujourd’hui, la révolution globaliste (qui ne dit évidemment pas son nom) vise encore et toujours l’instauration d’une république universelle mieux connue du grand public sous le nom de “gouvernance mondiale”. Mais ce sont toujours les mêmes concepts qui sont à l’œuvre et, plus précisément, les mêmes idées directrices que celles qui qui animaient la “révolution mondiale” qu’avaient lancée Lénine et son armée, messianiste et athée, de révolutionnaires professionnels. Macron s’inscrit bien dans la suite de Robespierre, le feu et la verve en moins parce qu’il n’est plus un initiateur mais un simple exécutant, au mieux un syndic de faillite, le liquidateur d’une nation qui n’a plus sa place en tant que telle dans le nouvel ordre mondial… en marche.

    Comment expliquez-vous le triomphe des idées abstraites de « liberté, égalité, fraternité » et du babélisme juridique qui en a découlé ?

    Ces idées ont de quoi enflammer les imaginations et les cœurs. Elles sont le reflet d’un vieux rêve de l’humanité, celui d’un âge d’or à venir ou de son retour après avoir été perdu à l’instar de l’Éden originel. L’homme ne serait plus alors « un loup pour l’homme », la paix éternelle régnerait et le carnivore cohabiterait en bonne entente avec l’herbivore. Manque de chance, pour atteindre ce but sublime, il faut généralement exterminer tous ceux qui y font obstacle ou qui sont soupçonnés de scepticisme ou de simple tiédeur. Les ouvriers et les paysans russes furent, à partir de 1918, les premières victimes de ce mirage sanglant. Ces ennemis désignés du genre humain sont par définition prédestinés à l’échafaud ou au Goulag. Ce qu’il y a d’extraordinaire, c’est qu’aucune tentative d’instaurer une république égalitariste – la Sérénissime République vénitienne n’a vécu dix siècles (697-1797) que parce que ses “valeurs” se situaient aux antipodes des celles des Lumières – n’a vécu ou survécu très longtemps… Pour la simple et bonne raison que les idées qui les dirigent sont non absolument viables. Elles sont frappées d’impossibilité matérielle, parce qu’elles sont ontologiquement un négationnisme du réel. Pour être brutal, disons que le socialisme n’a jamais nulle part fonctionné et que seules des institutions totalitaires voire strictement concentrationnaires (le socialisme de caserne) lui ont donné un semblant d’existence éphémère. Qu’est-ce que les soixante douze ans de l’Union soviétique au regard de la longue durée historique ?

    Alors que triomphe En Marche, vers quel projet politique d’enracinement faudrait-il se tourner ?

    Retour à la tradition, au bon sens, retour au réel comme le prônait Gustave Thibon. Il n’est pourtant pas bien difficile de voir et d’entendre les graves dissonances et discordances du discours officiel toujours imprégné d’utopisme et de graves distorsions de la réalité. Cela pour ne pas pas parler des mensonges éhontés que déversent à longueur de temps et d’antenne les canaux publics d’information… financés par nos propres impôts. Mais remonter la pente sera rude pour toutes sortes de bonnes et de mauvaises raisons. Entre autres parce que les classes économiques dirigeantes se battent “le nez dans le guidon” pour conserver leurs parts de marché. Celles-ci fondent comme neige au soleil sous le feu de la concurrence du Tiers-Monde, de la Chine notamment. Être “compétitif” est devenu le maître-mot quoi qu’il en coûte. Nos champs sont inondés de Roundup parce qu’il faut maintenir la compétitivité ! Plutôt crever que de ne pas s’aligner sur les coûts de production, les barèmes et les prix du Middle Ouest, des pampas argentines reconverties ou des déserts agricoles de l’Amazonie déforestée et dévastée. Ces classes économiques compradores ne voient généralement pas plus loin que leur intérêt à court ou moyen terme, parce qu’en fait elles ont égaré leur boussole morale… et vitale. L’économie ne saurait s’exercer sainement sans rigueur morale. Mais celle-ci a bel et bien disparu depuis que la trahison des clercs est effective, c’est-à-dire depuis que l’Église s’est en grande partie convertie à la religion des droits de l’homme, corollaire du monothéisme du marché. Religion qui porte l’exact contraire d’une éthique et qui n’est en soi qu’un instrument de sidération mentale, un moyen de coercition et de terrorisme intellectuel au service d’une société ouvertement et volontairement suicidaire.  

  • En Géorgie, l’autre affrontement russo-américain, par Antoine de Lacoste

     

    Ossétie du Sud: des troupes russes entrent en Géorgie - ladepeche.fr

    Le Caucase du Sud, par opposition au Caucase du Nord situé en Russie, comprend trois pays : La Géorgie, l’Arménie et l’Azerbaïdjan. Si ces deux derniers sont régulièrement sous les feux de l’actualité en raison du conflit du Haut-Karabagh, on parle moins de la Géorgie. C’est pourtant là que l’Amérique et la Russie se livrent une concurrence féroce.

    1A.pngComme ses voisines, la Géorgie est une ancienne république de l’URSS. Lors de son effondrement en 1991, les armes parlèrent et ce pays d’à peine 4 millions d’habitants, eut le privilège rare de connaître plusieurs guerres civiles. Conquête du pouvoir et volonté d’autonomie se percutèrent.

    Grâce à l’appui de la Russie, l’Abkhazie et l’Ossétie du Sud proclamèrent leur autonomie.

    Les Géorgiens n’apprécièrent guère de voir leur pays amputé de 20% de sa superficie mais ils n’avaient pas le choix. C’est alors que survint Mikhaïl Saakachvili. Arrivé au pouvoir grâce à une « révolution de couleur », celle des roses, bien orchestrée par la CIA, il vendit aux Géorgiens l’adhésion du pays à l’Union européenne et à l’OTAN, les deux processus marchant en tandem. Le bon peuple y crut, rêvant d’accéder au niveau de vie européen. Nous avons découvert à cette occasion que le Caucase se trouvait en Europe, ce qui est tout de même une révélation.

    LA GUERRE DE CINQ JOURS

    En 2008, Saakachvili décida d’envahir l’Ossétie du Sud. L’armée géorgienne franchit la frontière, tua quelques soldats ossètes mais aussi des Russes (une dizaine), garants de la protection du territoire autonome. Poutine apprit la nouvelle alors qu’il assistait à la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques de Pékin. Il fit quelques mètres pour discuter avec George Bush, présent au même évènement. Ce dernier jura que l’Amérique n’y était pour rien, le tout c’est d’y croire.

    La riposte russe fut foudroyante. Des centaines de chars et des milliers d’hommes franchirent la frontière par le tunnel de Roki, construit pour passer sous les monts du Caucase.

    Les Américains laissèrent les Géorgiens à leur triste sort. Ils furent vaincus en cinq jours. Certains néo-conservateurs, tel l’ineffable Dick Cheney, proposèrent tout de même de bombarder le tunnel de Roki pour gêner l’approvisionnement des Russes. Effrayé par les éventuelles conséquences, George Bush ne donna pas suite.

    Cette cuisante défaite militaire fut durement reprochée à Saakachvili dont le parti perdit ensuite les élections de 2012. Le vainqueur fut Le Rêve géorgien dirigé par le milliardaire Bidzina Ivanichvili qui devint premier ministre. C’est en Russie qu’il a fait fortune et où il compte de nombreux amis, à commencer par Poutine. Il mit donc fin à l’agressivité verbale contre Moscou tout en poursuivant les pourparlers avec Bruxelles.

    En 2013, Saakachvili quitta le pays afin d’échapper à de multiples poursuites. Il se réfugia aux Etats-Unis puis…en Ukraine où il devint vice-premier ministre de Zelenski. Rentré en Géorgie où il était étrangement persuadé d’être accueilli triomphalement, il fut arrêté et se trouve actuellement en prison. L’Amérique semble avoir lâché son encombrant agent.

    Car elle a trouvé mieux depuis : en 2018 une diplomate française d’origine géorgienne, Salomé Zourabichvili, fut élu à la présidence de la république. Jacques Chirac l’avait nommé ambassadeur de France en Géorgie en 2003 puis, à la faveur de la révolution des roses, elle obtint la nationalité géorgienne et fut nommé aussitôt ministre des Affaires étrangères de Géorgie. Belle opération.

    Elle fit docilement ce que l’occident attendait d’elle et dirigea les premières négociations avec Bruxelles et l’OTAN. Mais elle doit faire face maintenant au Premier ministre Iraki Garibachvili, membre du Rêve géorgien, donc beaucoup moins pro-occidental qu’elle.

    On lit parfois que la Géorgie est coupée en deux entre pro-russes et pro-occidentaux. La réalité est infiniment plus subtile et l’on s’en rend bien compte sur place en discutant avec les Géorgiens.

    La majorité, et les sondages le confirment, a peur de la Russie, souhaite que l’Abkhazie et l’Ossétie du Sud réintègrent la mère patrie et rêve d’adhérer à l’Union européenne, symbole d’argent facile. Mais la plupart des Géorgiens parlent russe, sont orthodoxes et veulent la paix avec le puissant voisin. De plus, les deux économies sont très liées.

    Autre paradoxe : les drapeaux ukrainiens fleurissent sur les bâtiments publics mais la présence de volontaires géorgiens en Ukraine laisse perplexe. Les enterrements sont nombreux et mettent les Géorgiens mal à l’aise. L’engouement du début s’est d’ailleurs refroidi et il n’y a plus de départs.

    La guerre feutrée mais impitoyable que se livrent la Russie et l’Amérique place la Géorgie sur une ligne de crête. Elle n’a pas clairement choisi son camp mais a cependant refusé de s’associer aux sanctions occidentales qu’elle juge contraire à ses intérêts. La voie du bon sens.

  • Mai 68 • LʼEmpire U.S. contre-attaque [7]

    Une fois que la tempête a commencé, les leaders de la J.C.R. « Krivine, Bensaïd, Weber sont fiers de lʼaide que leur apporte la IVème Internationale – essence belge, talkies-walkies américains, collecte des dockers ceylanais. » Alain Krivine est, de même, fier dʼavoir lʼhonneur dʼêtre reçu par le plus américain des politiciens français, Pierre Mendès France, qui, le 10 mai 1968, à lʼoccasion dʼun débat à lʼAssemblée nationale sur la proposition faite par de Gaulle de revenir à lʼétalon-or strict, sʼemportait contre « une politique médiévale, une politique qui nʼest pas digne dʼun État moderne »[1].

    « Pierre Mendès France désire le rencontrer pour sʼinformer de lʼétat dʼesprit des jeunes contestataires. […] Alain respecte Mendès et ne voit nulle objection à semblable entretien. Dès le 18 mai, ils sont face-à-face dans un restaurant voisin de la rue Montholon. Une autre conversation suivra. Lʼancien président du Conseil est à la fois réjoui et alarmé. Réjoui parce quʼune de ses vieilles prédictions se réalise : ce régime est à la merci dʼune poussée violente. Tourmenté parce quʼil juge de Gaulle capable de recourir aux armes. »[2]

    Aucune preuve, cependant, nʼa encore été révélée qui puisse confirmer quʼil y aurait eu des liens entre la IVème Internationale et la C.I.A. au moment de 68, seulement un faisceau dʼindices. Il est en revanche attesté, concernant la troisième branche du trotskisme français, le « lambertisme », auquel ont notamment appartenu MM. Jospin, Mélenchon et Cambadélis avant de rallier le P.S., que la main des services secrets américains agissait pour, si lʼon peut dire, piloter la boutique.

    Le Français le plus proche de lʼagent de la C.I.A. Irving Brown, André Lafond, en plus de sa fonction de syndicaliste à F.O, était membre de lʼO.C.I, qui auparavant sʼappelait Parti communiste internationaliste (P.C.I.). « Dans lʼentre-deux-guerres, il fut militant socialiste sympathisant des bolchevkis-léninistes à lʼintérieur de la SFIO, démissionna en 1936 et adhéra officiellement au Parti communiste internationaliste. […]. À partir de 1950, sa correspondance avec Brown et Lovestone devient très régulière. »[3]

    Tant F.O. que les « lambertistes » de lʼO.C.I. étaient des organisations que la C.I.A. avait infiltrées. Cʼest ce que montre le passage qui suit :

    « À lʼautomne 1967, Robert Ehlers sʼintéresse particulièrement aux nouveaux groupuscules révolutionnaires et à leurs jeunes dirigeants. »[4] Cet homme est le « directeur adjoint du bureau parisien de Radio Liberty »[5], une radio créée en 1949 sous lʼégide de la C.I.A. En novembre 1967, il fait la rencontre de « M. », qui « passe pour un des meilleurs spécialistes de lʼextrême gauche »[6]. Ce dernier lui conseille dʼinterviewer quelques figures de ce courant. Une journaliste de son équipe rencontre alors Charles Berg, dirigeant dʼun groupuscule trotskiste appelé Révoltes. « Dans la discussion, le cigare aux lèvres, Charles Berg a confié à la journaliste de Radio Liberty que les jeunes de son mouvement acheminaient derrière le rideau de fer une littérature considérée comme subversive dans les pays du bloc soviétique, ce dont il paraît très fier. Cette confidence, dont il a fait état non sans une certaine gloriole, suscite la curiosité de M. Ce dernier nʼignore pas en effet les liens qui existent entre le groupe de Berg, coiffé par un certain Pierre Lambert, et FO, ni ceux de FO avec la revue Le Syndicaliste exilé et le Centre dʼétudes économiques et syndicales, ni davantage ceux dʼIrving Brown avec FO et les services américains. »[7]

    Pierre Lambert, le premier mentor politique des Jospin, Cambadélis et Mélenchon était donc en relations resserrées avec les États-Unis, ce qui peut expliquer leur parcours. En rejoignant le P.S. pour des raisons stratégiques dʼentrisme, cʼest-à-dire avec lʼaval de leur direction, ils restaient dans le giron américain. Leur évolution ne représentait en rien une trahison. Elle relevait dʼune certaine continuité. Et lʼun des leaders de Mai, Jacques Sauvageot, issu de lʼatlantiste P.S.U., savait à qui il devait sa place de chef de lʼU.N.E.F. : à une autre formation atlantiste, les trotskistes de lʼO.C.I.

    Experts ès rouerie, en dignes successeurs de leur grande sœur la perfide Albion, les Américains agissaient sous couvert. Ils ne regardaient pas non plus le mouvement maoïste français des Linhart et Lévy – lʼUnion des jeunesses communistes (marxistes-léninistes) fondées les 10 et 11 décembre 1966 au théâtre dʼUlm – comme un ennemi mais comme un allié objectif. Ce changement radical – car en 1964 la décision de la France dʼétablir « des relations diplomatiques avec la Chine populaire est accueillie par les États-Unis comme un geste de défiance à leur égard »[8] – est opéré suite aux conseils prodigués par Henri Kissinger, qui « considérait que la Chine, ruinée par la Révolution culturelle, ne constituait pas un modèle révolutionnaire crédible et quʼelle appartenait dʼores et déjà, du fait de son opposition à lʼURSS, au système de sécurité américain »[9] On retrouve une telle analyse dans le film Pentagon Papers (2018), au détour dʼune conversation à la fin dʼun dîner réunissant des membres éminents de lʼestablishment de lʼère Nixon.

    De ce fait les militants maoïstes, ces communistes concurrents du P.C.F. pro-soviétique, nʼétaient pas du tout gênants pour les Américains, ils pouvaient sans problème aller chercher à lʼambassade de Chine les grands textes du marxisme-léninisme, le Petit Livre rouge de Mao et le périodique Pékin Information, pour les refourguer aux jeunes esprits naïfs prêts à croire que le Grand Timonier fût un bienfaiteur de lʼhumanité et la Chine un paradis. En Europe de lʼOuest les groupuscules maoïstes, comme lʼaffirme Morgan Sportès, étaient en réalité plus ou moins contrôlés par la C.I.A.[10]

    Celle-ci, parce quʼentre les États-Unis et la France « le malentendu est permanent avec des périodes de très vive tension »[11], et donc « nʼapprécie pas la politique gaulliste, cherche dʼailleurs à semer le trouble en France »[12]. Le moins quʼon puisse dire cʼest quʼelle a réussi...  (Fin du dossier)  

    [1]  Maurice Vaïsse, La grandeur. Politique étrangère du général de Gaulle, Paris, C.N.R.S. Éditions, 2013, p. 405-406.

    [2]  Hervé Hamon, Patrick Rotman, op. cit., p. 532.

    [3]  Tania Région, op. cit., p. 108.

    [4]  Frédéric Charpier, La CIA en France. 60 ans dʼingérence dans les affaires françaises, Paris, Seuil, 2008, p. 264.

    [5]  Ibid., p. 263.

    [6]  Ibid., p. 266.

    [7]  Ibid., p. 267-268.

    [8]  Maurice Vaïsse, op. cit., p. 363.

    [9]  Cité par Morgan Sportès, Ils ont tué Pierre Overney, Paris, Grasset, 2008, p. 193.

    [10]  Ibid., p. 195.

    [11]  Maurice Vaïsse, op. cit., p. 364.

    [12]  Ibid., p. 369.

     

    Retrouvez les articles de cette série en cliquant sur le lien suivant ... 

    Dossier spécial Mai 68

  • Afghanistan : non ce n'est pas une défaite américaine.

    (Un ami lecteur résidant aux Etats-Unis nous écrit, et propose un tout autre regard sur le retrait des Etats-Unis de l'Afghanistan...)

    J'ai lu les articles d'Antoine de Lacoste, de Radu Portocala ou de Patrice de Plunkett sur ce qui s'est passé en Afghanistan, et qui tous trois parlent de "défaite américaine". Je ne partage pas DU TOUT ce point de vue relayé chez les Maurrassiens.

    Il y a défaite du néoconservatisme américain, ça c'est certain, mais ça n'est vraiment pas nouveau. La principale revue néoconservatrice américaine (The Weekly Standard) a mis la clé sous la porte en 2018, car Trump leur a fait couper leurs tuyaux de financements. Le même Trump avait, dès 2015, commencé une campagne de "non-interventionnisme" condamnant fermement (et il le faisait tous les jours dans ses réunions de campagne électorale) les interventions américaines passées et en cours. Si Trump a gagné dans un secteur idéologique, c'est bien celui-ci : l'opinion publique lui donne raison, à tel point que même un gouvernement démocrate est obligé aujourd'hui de retirer les troupes, car les Américains ne veulent plus (depuis longtemps) de ces interventions.

    Retirer les troupes d'Afghanistan est donc pour nous (nationalistes français) comme pour tous les non-interventionnistes une victoire, et une victoire de longue haleine.

    On ne peut pas (comme on lit dans ces articles) rapprocher aux Américains d'intervenir, et reprocher aux Américains de partir.

    Sur le point militaire maintenant : Les Etats-Unis sont intervenus pour éliminer Ben Laden et son encadrement. Ils ont rempli leur objectif avec succès et ainsi ils ont gagné la guerre. En parallèle ils ont rêvé un peu à stabiliser un gouvernement alternatif qu'ils n'ont ensuite pas voulu abandonner... C'était sûrement une erreur de jugement, on est tous d'accord là-dessus. Mais contrairement à ce que dit Macron, les USA ont déjà eu des succès pour imposer la démocratie à l'étranger : en RFA et au Japon pour citer les principaux exemples. Donc pour eux ce n'était pas "infaisable". En tout cas ils ont massivement compris la leçon, notamment grâce à cette campagne de Trump. (1)

    Mais, encore une fois, le but militaire était déjà atteint : éliminer Ben Laden.

     

    Sur le retrait des troupes

    Certaines personnes (qui ont trop regardé Rambo) voient un parallèle entre les décollages de Chinooks à Kaboul et à Saigon.

    Le départ américain a été initié par Obama, au moins en 2013, et il a réellement tenté d'enlever les troupes, ce qu'il a commencé de faire. Il a bien vu ce qui se passerait s'il les enlevait... et donc il a tenté de stabiliser un peu plus le gouvernement afghan et ses troupes. En février 2020 Trump a signé l'accord de Doha avec les Talibans (et le gouvernement de l'époque), afin de retirer les troupes. C'était donc prévu, ENFIN, et c'était une grande réjouissance de pouvoir ENFIN y arriver. Pas une "défaite" en quoi que ce soit.

    Rappelons aussi, à propos de "défaite américaine" que les Etats-Unis n'étaient pas seuls en Afghanistan.

    Par exemple la France n'est pas restée vingt ans en Afghanistan. Juste treize !!!!! Vous voyez une grosse différence vous ? Trois ans et demi après que l'objectif militaire ait été atteint (Ben Laden) les troupes françaises étaient encore en train d'errer (et parfois de mourir) en Afghanistan.

     

    Sur la manière dont les troupes ont été retirées

    Même si je ne suis pas un grand fan de Biden, je suis plutôt admiratif de la manière dont les Américains ont organisé leurs évacuations. Certes il y a eu un attentat sanglant d'Al Qaïda à l'aéroport de Kaboul (condamnée par les Talibans). Ok. Et ? Elle est où la défaite ? Le départ aurait pu être mieux organisé ? Peut-être. Mais il fallait bien partir, et on ne pouvait s'attendre à d'autres genres d'images.

    Alors, on peut se poser la question : il pourrait certes y avoir un intérêt politique sur ce coup-là à faire de l'antiaméricanisme (parce que le ton de ces articles que j'ai lu ressemblent quand même beaucoup à ça, de l'antiaméricanisme). Par exemple, Al Quaïda peut crier "on a gagné", c'est leur droit, c'est leur intérêt, donc stratégiquement c'est même leur devoir. Mais dans le cas de nationalistes français.... là, non, je vois pas l'intérêt de tirer en l'air. Et pourquoi pas aussi de crier "Allahu Akbar" ?

    Ces articles publiés sur les sites maurrassiens ne changeront pas la réalité de la puissance américaine. La seule chose qu'on peut faire c'est de l'analyser objectivement sans avoir dans les yeux la poussière venant des pales du Chinook.

    Si on dit et pense que c'est une "défaite", alors on ne comprend pas (et on ne fait pas comprendre à nos lecteurs) ni la réalité américaine du moment, ni la logique de Trump, ni les impératifs de Biden.

    On est ici pour essayer de comprendre des réalités politiques, pas pour se faire plaisir.

    ----------

    1- En revanche, je ne suis pas certain qu'une majorité des pays occidentaux aient compris la leçon. Pour le cas de la Libye, c'est Sarkozy qui avait forcé la main à Obama, par exemple...

     

    Signé : Un Militant

  • Dans le monde et dans notre Pays légal en folie : revue de presse et d'actualité de lafautearousseau...

     

    "Macron/mots creux" : nous retiendrons les deux commentaires de Guillaume Bigot :
    "On connaissait le « parler pour ne rien dire. » #Macron invente le « parler pour ne rien faire."
     
    et de Vincent Trémolet de Villers, sur Europe 1 :
     
     "Derrière le président, on a reconnu le comédien... Qui était au pupitre pour ce discours libéral-conservateur ? Le chef de l’Etat ou Zelig, ce personnage de Woody Allen capable de tenir tous les rôles ? Quand Emmanuel Macron a fait l’éloge du théâtre, on a compris : derrière le président, il y avait le comédien..." 
     
    (extrait vidéo 3'52)
     
     
     

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    L'édito politique du même Vincent Trémolet de Villers, sur Europe 1, à propos d'Amélie Oudéa-Castéra, qui a mis ses enfants dans une école catholique :

    "Pour la gauche et l'extrême gauche c'est un péché mortel... (mais) L’état catastrophique de l’école entraine toutes les familles, qu’elles soient riches ou pauvres, natives ou venus d’ailleurs, à pratiquer «l’évitement scolaire». C’est un sport national et il serait intéressant de savoir où sont scolarisés les enfants du chœur des indignés."

    1. Et, toujours à propos d'Amélie Oudéa Castera, cette intéressante remarque d'Anne-Sophie Nogaret, dans Front populaire : le dogme égalitariste a conduit l'école publique à l'abîme où elle se trouve actuellement. Ce qui a laissé la place libre au marché, et à la transformation de l'école en marchandise…

     

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    2. Quand Philippe de Villiers rappelle ce que disait Raspail (et, plus tard, Houellebecq)... :

     

    3. ...et quand le même Philippe de Villiers défend l'agriculture française : il n'y a pas de pays sans paysans... : on se bornera juste à marquer notre surprise de voir Philippe de Villiers évoquer ainsi François Guillaume et la FNSEA, dont les rôles ont été loin d'être bénéfiques pour notre agriculture... :

    "Nos #agriculteurs sont abandonnés et méprisés. L’Union européenne sacrifie, via ses normes et accords de libre-échange, la petite exploitation familiale, au nom d'une #agriculture agro-industrielle, avec des géants mondiaux. Comme le dit François Guillaume, ancien grand Ministre de l'agriculture : "La France perd sa souveraineté alimentaire et ses paysans. Or, il n’y a pas de pays sans paysans !"

    (extrait vidéo 4'38)

    https://x.com/PhdeVilliers/status/1746957298860192046?s=20

    L'émission complète (44'08) :

     

    4. De Gilles-William Goldnadel :

    "Je nourris la même inquiétude pour les Français que les Israéliens et pour les mêmes raisons : Ils subissent de plein fouet la même détestation anti-occidentale ou pour le dire plus crûment: le racisme anti-blanc. » Mon journal de guerre  @EditionsFayard ce Mercredi."

    (extrait vidéo 2'40)

    https://x.com/GWGoldnadel/status/1746933754319257690?s=20

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    306 Pages, 14 euros

    RÉSUMÉ

    Samedi 7 octobre 2023, 6 h 30
     
    Il ne s’agit ni d’un journal intime ni d’un journal officiel. Mais d’un journal de guerre.
    Guerre contre le désarroi personnel né un 7 octobre au réveil.
    Guerre contre la détestation des Juifs et de leur État.
    Guerre au jour le jour contre la nuit qui vient.
    Guerre contre la désinformation médiatique pour causes idéologiques, à commencer par celle de l’audiovisuel public. Cette idéologie anti-occidentale du double standard, cette préférence pour l’Autre, qui traite différemment l’immigré et le Français, le Palestinien et l’Israélien.
    Guerre contre une extrême gauche ayant sombré dans l’antisémitisme après son alliance avec l’islamisme.
    Guerre contre la folie qui s’est emparée de l’Occident en perdition à cause de la disgrâce d’un wokisme détestant les Français, en tant que Blancs. 
    Une guerre totale. Argumentée, documentée, avec les armes de l’ironie mortelle et de l’humour létal.
    Une guerre sans concessions menée par un avocat qui, parce qu’il aime tant la vie, a condamné cette haine qui nous menace à la peine de mort. 

     

    5. L'AME, cette pompe aspirante à supprimer de toute urgence...

    Répartition par nationalité des bénéficiaires de l'AME à Saint Denis (IGF/IGAS - 2018) :

    1. Algérie  

    2. Côte d'Ivoire  

    3. Mali  

    4. Maroc 

    Image

     

    6. D'accord avec Nicolas Meilhan :

     

    7. Après les Bouquinistes de

  • Sur le blog de Michel Onfray : Le professeur. Qu'est-ce qu'un chef ? (1).

    Nous sommes mi-mars. Dans les médias, on parle alors beaucoup du professeur Raoult.

    C’est une grande passion française que, pour beaucoup, d’avoir un avis sur tout, y compris quand on n’a ni compétence ni travail à convoquer ou à mobiliser en la matière.

    J’ai souvenir d’un intellectuel français aujourd’hui académicien qui fut capable en son temps de donner un avis sur un film qu’il n’avait pas vu… Il disait aussi, en mai 68, qu’il fallait "essayer des enfants"; il profère aujourd’hui sa haine de cette époque mais sans pour autant faire son autocritique … Il y eut un temps un avis gastronomique publié par un critique sur un site Web alors que le restaurant n’était pas encore ouvert. C’est sans compter sur les journalistes qui tiennent chronique littéraire depuis des décennies et qui encensent ou démontent un livre juste parce qu’il faut détester ou vénérer son auteur pour de pitoyables raisons mondaines (la plupart du temps parisiennes) dans lesquelles le ressentiment, plus que l’oeuvre, joue un rôle majeur. Quand Bernanos écrit: "les ratés ne vous rateront pas", il affirme un vérité psychologique majeure…

    Pour le professeur Raoult, c’est facile d’avoir un avis sur son travail: il suffit de juger son physique… La télévision raffole de ce genre de raccourci qu’on dira pour rire intellectuel. Cet homme a un curriculum vitae planétaire long comme deux bras, mais il donne surtout l’impression de sortir d’un album genre Astérix et les vikings, ce qui suffit à avoir un avis: pour les uns, c’est bien le signe qu’il est tout dans le paraître et qu’il n’y a donc rien à en tirer (et de lister sa mégalomanie, sa paranoïa, son caractère de cochon, son orgueil, son délire, ses coups de gueule, sa gestion de dictateur ), pour les autres, c’est bien la preuve qu’il n’a rien à voir avec les pisse-froids à la Légion d’honneur qui, costumés et cravatés, affirment à longueur d’écran avec une même componction que le virus ignore les frontières avant de porter à notre connaissance qu’il reconnaît tout de même celles de Schengen, que ce ne sera qu’une grippette avant de bramer partout qu’il s’agit d’une grave épidémie, que le masque ne sert à rien mais qu’il faut en fabriquer par millions.

    Lui, il continue. En adepte du Nietzsche qui écrit dans Le Crépuscule des idoles: "Un oui, un non, une ligne droite", Didier Raoult tient un cap, le même qui lui vaut, sur la planète entière, le respect y compris de ses pairs -c’est dire. Quand même les envieux et les jaloux sont obligés de faire taire l’envie et la jalousie afin de tirer leur chapeau au grand homme, c’est qu’il faut bien se rendre à l’évidence: cet homme porte plus que lui, il est très exactement ce que Hegel appelle un grand homme: un homme qui fait l’Histoire en même temps que l’Histoire le fait.  

    Du fond de mon lit où je ruisselais de la fièvre d’une dengue, j’ai souvenir d’avoir entendu la voix pincée de l’un de ces Saint Jean bouche-d’or médiatiques (médecin sur les plateaux de télé et journaliste dans le bloc opératoire…) qui disait du professeur Raoult qu’il "travaillait loin de Paris". Tout était dit! D’ailleurs peut-on même parler de travail quand on est si loin de la capitale? A Marseille, ne sont-ce pas des menteurs? Des va de la gueule? De hâbleurs? De ces spécialistes de sardines qui bloquent le port? Marseille! Et puis quoi encore? Cet homme qu’on pouvait, en allant vite, prendre pour Johnny Hallyday dans les années soixante-dix, cet homme avait donc le front non pas d’être payé pour chercher sans trouver, comme à Paris, mais payé pour trouver après avoir cherché, et qui trouvait, comme dans ce désormais fameux navire amiral mondial français: l’Institut hospitalo-universitaire Méditerrané-Infection. Cet homme, donc, avait le front de prétendre soigner et guérir le coronavirus avec une combinaison de médicaments simples ayant l’avantage de coûter peu et d’être efficace. Mais, en même temps comme dirait l’autre, ce protocole présente l’inconvénient majeur, pour l’industrie pharmaceutique, de ne pas dégager des fortunes en jouant avec la santé des malades.      

    C’est une pièce tragique, comme chez Eschyle, Sophocle ou Euripide, qui se joue sous nos yeux: d’un côté faire fortune en sacrifiant la santé des gens, ce qui suppose que, connivent avec l’industrie pharmaceutique, le pouvoir opte pour la mort des gens comme une variable d’ajustement du marché qui, avec le temps, donc avec l’accumulation des cadavres, rend le produit médicamenteux désirable, donc rare et cher; de l’autre sauver les gens le plus possible, le plus vite possible, au moindre coût, mais de ce fait ne pas dégager les bénéfices planétaires escomptés par l’armée des mercenaires de l’industrie pharmaceutique.

    On aura compris que, dans ce qui oppose le professeur Raoult à ses adversaires (le plus notable semblant monsieur Lévy, notoirement monsieur Buzyn à la ville...), c’est le triomphe d’une vieille opposition. Le vieux couple qui oppose le héros et le salaud; ou bien encore: le professeur qui hait la mort et aime la vie contre les administratifs de la santé qui aiment la mort et haïssent la vie; c’est l’antique opposition entre le lion à la crinière menaçante qui les conchie tous ou les pangolins dont on fait des soupes fétides.

    Une étrange ligne de partage sépare les tenants du pouvoir, l’élite pour le dire dans un mot simple, et ceux qui subissent ce pouvoir. La fracture qui opposait les gilets-jaunes et leurs ennemis semble se superposer à la carte de ceux qui estiment que le professeur Raoult incarne un monde dans lequel on trouve la province, la campagne, la ruralité, la pauvreté, les ploucs, les paysans, les incultes, les sous-diplômés, etc.

    En face se retrouvent les Parisiens, les académiciens à la Lambron, snob comme un lycéen de province alors qu’il a plus que trois fois dépassé l’âge, l’inénarrable Cohn-Bendit, que son passé de pédophile devrait éloigner définitivement de toute antenne mais qui, dans le style avachi et grossier qui est le sien depuis un demi-siècle, demande au professeur de "fermer sa gueule".

    C’est du même monde que procède Patrick Cohen, journaliste multicartes du nationalisme maastrichtien et qui a récemment parlé d’une "giletjaunisation de la crise sanitaire" sur le plateau de "C’est à vous" (25 mars). C’est donc dans une émission du service public que Patrick Cohen a fustigé ceux qui avaient le tort de croire que cette crise était mal gérée par le pouvoir macronien…

    C’est  également Michel Cymes qui, après avoir annoncé qu’il en irait d’une simple grippette avec ce coronavirus, donne aujourd’hui des leçons dans un émission du service public où il est, nonobstant son impéritie, présenté comme référant en la matière… Le même Cymes tacle le professeur; il est vrai que, flanqué d’Adriana Karembeu qui lui apporte la caution intellectuelle et médicale qui lui fait défaut, le faux drôle peut pendant ce temps-là passer à la caisse avec ses multiples activités tarifées.  

    N’oublions pas Alain Duhamel, chroniqueur maastrichtien à Libération, journal progressiste qui estime que l'horizon sexuel indépassable consiste aujourd’hui à copuler avec des animaux et à manger des matières fécales (la pédophile, c’était avant…), pour qui le professeur Raoult est "un anticonformisme de l’établissement un peu déséquilibré psychiquement"… Il en faut de la haine pour se permettre pareil jugement qui concerne le plus intime d’un être et le traiter tout simplement de fou comme au bon vieux temps de l’Union soviétique qui psychiatrisait toute pensée critique.

    Enfin, cerise pourrie sur le gâteau du pouvoir, il faut également compter avec les services du journal Le Monde ("journal vichyste du soir" disait de Gaulle dans les années cinquante) qui instruit le 28 mars un procès en complotisme -jadis, on leur aurait dû le procès en Inquisition, le bûcher des sorcières, le Tribunal révolutionnaire et autres juridictions où le but consiste à tuer d’abord puis d’instruire ensuite. Il faut à ces journalistes-là amalgamer le professeur Raoult aux complotistes, à l’extrême-droite, au Rassemblement national, à la gauche radicale, aux Russes, aux trumpiens, aux climato-sceptiques, à l’antisémitisme, et, bien sûr, aux gilets jaunes. Les amis d’Adolf Hitler n’y sont pas, mais c’est parce que Le Monde n’aura probablement pas réussi à les joindre…

    Quand on voit tous les ennemis de cet homme on a franchement envie d’être son ami…

    C’est donc précédé par ces tombereaux d’injures qu’en Martinique, avec le décalage horaire, j’ai reçu un matin très tôt le message d’un amie journaliste franco-libanaise qui me demandait si elle pouvait donner mes coordonnées téléphoniques au professeur Raoult. J’ai posé la question: de qui émanait ce souhait? D’elle? Pas du tout, mais de lui qui souhaitait me parler. "Il aime beaucoup ton travail" me dit-elle, "il souhaiterait juste te parler". J’ai donc bien évidemment donné mon accord…

    C’était assez surréaliste de converser avec cet homme que la presse mondiale sollicitait et qui trouvait le temps d’une conversation philosophique. Je l’imaginais croulant sous les sollicitations planétaires et nous parlions de… Nietzsche. Le Gai Savoir fut pour lui comme une révélation. Nous avions donc cela en commun de découvrir vers l’âge de quinze ans une pensée généalogique -aussi bien généalogique d’une civilisation, d’une culture que d’une vie personnelle et privée. Le philosophe véritable n’est pas celui qui cite une grande figure de l’histoire des idées comme il invoquerait une sculpture de Verrocchio, une peinture du Greco (cet homme accuse d’ailleurs la flamme montante du Grec…) ou une œuvre de Spinoza. C’est celui qui, après la lecture d’une œuvre ne vit plus la même vie qu’avant: Le Gai Savoir peut en effet changer la vie de qui vient de le lire.

    Qu’est-ce qu’être nietzschéen ?

    Il y a plusieurs façons de l’être et l’on peut l’être de façons diverses dans une même vie… Bien sûr il y a les plus simples qui sont les plus fautives et qui ne nécessitent pas grand chose, sinon la plus bête façon de tomber dans tous les pièges tendus par le philosophe: c’est ne rien voir de son humour, de son ironie, de son cynisme (au sens grec du terme: de son diogénisme…), c’est tomber à pied joint dans sa misogynie, sa phallocratie, c’est ne pas voir que chaque revendication d’un désir de force procède chez lui d’une envie de compenser une faiblesse anatomique, physiologique, idiosyncrasique, c’est confondre le Juif de l’Ancien Testament qui, via Paul, rend possible le christianisme, et le juif de l’industrie du XIX° siècle. Il y a plus d’une erreur à commettre quand on ouvre un livre de Nietzche à cet âge où le monde s’offre à nous dans son vaste chaos.

    Ce Nietzsche dont nous parlions, lui et moi, c’est celui de nos dix-sept ans avec lequel on construit le plus solide en soi: c’est celui de la force que définit toute violence qui sait où elle va, la violence étant quant à elle une force qui ne sait pas où elle va, vers quoi elle va.

    La proximité de cette oeuvre vécue un longtemps forge l’être comme un épée.

    Ce que le professeur Raoult retint de Nietzsche, c’est son noyau d’or: une méthode. Il faut laver Nietzsche de la lecture gauchiste effectuée par les déconstructionnistes à la Deleuze et Guattari, à la Foucault aussi, qui ont confondu la lecture que Nietzsche effectue de la vérité, une somme de perspectives, avec la négation de toute vérité. Que la vérité soit une somme de perspectives n’est pas abolition de la vérité, négation et suppression de la vérité, mais bien plutôt lecture de la vérité comme les cubistes la déplieront bientôt pour en montrer la plus grande complexité.

    Tout excité par la densité de cette conversation sur la méthode nietzschéenne dans un temps suspendu qui est celui du jour qui se lève en Martinique, je passe à une figure nietzschéenne elle aussi: celle de Paul Feyerabend dont j’aime le Contre la méthode, un livre sous-titré "Esquisse d’une théorie anarchiste de la connaissance".  D’abord, bien sûr, il connaît ce texte de 1975, mais il l’a enseigné dans des séminaires dont je découvre l’existence…

    Outre Nietzsche et Feyerabend, il se fait que j’aime une troisième référence philosophique en matière de méthode: c’est celle de La Formation de l’esprit scientifique de Gaston Bachelard. Cette proposition pour une psychanalyse de la connaissance objective (pas une psychanalyse freudienne mais jungienne…), permet en effet de voir comment se construit un savoir, ce que sont les obstacles épistémologiques et les ruptures épistémologiques, comment on construit et on déconstruit un savoir, scientifique ou autre.

    Je regarde vers la mer, le matin est rouge, le soleil lisse la mer en nappes orangées. Le professeur Raoult me demande si je connais une phrase de Husserl qu’il me cite -je ne la connais pas. Elle dit en substance que la vérité se cache et qu’elle dissimule surtout l’essentiel qui reste celé. L’ombre de Nietzsche plane sur cette discussion  entre deux temps décalés par le chronomètre. La conversation se termine. Le silence qui suit cette conversation est encore notre conversation. Ça bruisse et danse comme à proximité d’un rucher. Chacun repart vers ses rûches…

    Quelques jours plus tard, je quitte la Martinique. On annonce un confinement plus drastique, il est question d’un embargo total des vols, d’une interdiction des échanges entre l’île et la métropole, d’un prochain vol prévu en juin… Dorothée nous réserve un billet de retour en urgence. Nous partons. Ma mère a quatre-vingt cinq ans, elle ne tient pas une grande forme, je ne voudrais pas ne pas pouvoir ne pas m’occuper d’elle. Et puis, si le coronavirus devait faire son travail, mon passé étant un passif, infarctus, AVC, accidents cardiaques, je préfère me trouver en métropole. Enfin et surtout, je ne veux pas exposer Dorothée à ce qui ne serait pas le meilleur pour elle.

    Nous avons des masques et des gants. Mais la situation sanitaire est catastrophique dans l’aéroport: une file d’attente sur une centaine de mètres, les gens sont à touche-touche, pas un uniforme, ni policier, ni gendarme, ni militaire, pas de personnel aéroportuaire, il va falloir attendre trois heures les uns sur les autres. Les valises et les sacs copulent dans un grand désordre tropical. Il fait chaud, tiède, moite. Les gens vont et viennent. Les enfants sont assis sur les bagages. Mais pas seulement. Lors de l’embarquement, tout le monde se rue sur tout le monde. L’appareil est un Boeing 747 affrété pour Corsair, soit quatre à cinq cents personnes en meute…

    Tout le monde pense au coronavirus à cet instant: comment passer à coté? D’autant que les huit heures de vol vont s’effecteur avec un air brassé qui est celui du bouillon de culture de tout le monde… Mon voisin éternue comme un héros de Rabelais -il en fout partout…   Je lis Le Destin des civilisations de Frobenius, mais j’ai l’impression d’en apprendre plus  avec ce vol qu’avec ce livre…

    Arrivée dans un aéroport vide, nous récupérons notre voiture, nous rentrons en Normandie. Trois heures en solitaire sur l’autoroute. Caen est une ville morte. Me voilà chez moi. Par mon balcon j’avise un ville à la Chirico: pas âme qui vaille, mon frigidaire est vide, la lumière est celle d’une ville après la fin de monde, un genre de blancheur propre à l’idée que je me fais de l’apocalypse…

    Le lendemain matin, terrible mal de tête, courbatures comme si j’avais été roué de coups, début de fièvre -je la supporte habituellement assez mal… Elle va grimper en continu jusqu’à atteindre 40°, elle ne quittera pas cet étiage pendant une semaine, nuit et jour. Je crains pour Dorothée qui a prêté son appartement à son fils. Elle est confinée avec moi. Je ne voudrais pas l’exposer; je lui confesse mes symptômes, elle m’avoue les mêmes… Nous appelons notre médecin qui, au vu de ce que nous lui racontons, conclut que tout cela ressemble bel et bien au covid -9… Avec prudence et force circonspection, il convient que c’est ça -"Vous l’avez chopé…" nous dit-il avec une vraie tristesse dans la voix.

    Nous vivons donc le covid de l’intérieur: il n’est plus à craindre, il est là. Plus besoin d’avoir peur qu’il nous tombe dessus, il est dedans nous. C’est désormais la roulette russe.

    Il me vient à l’image une sortie de tranchées pendant la Première Guerre mondiale: certains se prennent la balle en plein tête, c’est fini pour eux, la guerre est terminée mais la vie aussi; d’autres passent au travers des impacts de balles et d’obus qui sifflent, ils n’en prennent aucun, tous passent miraculeusement à côté; un troisième se prend un éclat dans l’épaule, c’est juste assez pour sortir du jeu et retrouver l’hôpital, mais pas trop pour ne pas se retrouver allongé dans un cercueil, à deux doigts c’était l’artère. Qu’est-ce qui justifie le trou dans le front? Tous les impacts à coté? La balle au bon endroit qui libère? Le hasard et rien d’autre…  Dieu n’existe pas, il aurait sinon un sacré culot.

    Je songe donc à ce virus et à ce qu’il va faire de Dorothée, de moi. Je songe à mes morts et je n’imaginais pas que je devrais envisager les retrouver conduit par ce genre de virus issu d’une soupe chinoise de pangolin ou d’un bouillon de chauve-souris. Je transpire nuit et jour à 40 degrés. Mon cœur bat à tout rompre. Je sens les emballements de diastoles et de systoles que je connais bien. Je retrouve les pétillements, les crépitements, les griffures sur la peau de mon cerveau abîmé par les AVC. Je renoue avec les forages qui m’avaient troué le cerveau à cette occasion. Un jour, deux jours, trois jours, quatre jours, cinq jours, six jours à ce rythme entre 38 et 40 de température… Le cœur qui bat la chamade, la pression artérielle qui cogne contre les tubulures. Je ne m’étonnerai pas que tout ça lâche d’un coup.

    Dorothée ne va pas bien. Elle accuse des symptômes méningés. Elle est hospitalisée six jours. Je suis seul, en tête à tête avec ce cerveau brûlant et brûlé, guettant la surchauffe qui m’emportera peut-être tout entier comme une hache tanche d’un coup le nœud gordien. Chaque matin, dans mon lit trempé comme une soupe, je me réveille en me disant  que ça n’aura pas été cette nuit.

    Et puis, le 28 mars à 20h03, je me décide à envoyer un texto au professeur Raoult pour lui raconter ce qui se passe en quelques lignes -diarrhée, migraines, température, courbatures, antécédents d’infarctus et d’AVC, tension élevée, j’ajoute que Dorothée est dans

  • “La France, l’Italie et l’Espagne ne pourront pas surmonter la crise en restant dans l’euro”.

    Source : https://www.causeur.fr/

    Entretien avec l'économiste Jacques Sapir par David Desgouilles

    Recourir au protectionnisme économique revient à la mode à la faveur de la crise sanitaire. Y compris dans la bouche du président Emmanuel Macron! Mais la volonté de mettre en place une planification stratégique imposera que la France se dégage du carcan européen. L’économiste Jacques Sapir répond aux questions de David Desgouilles.

    David Desgouilles. Avant d’évoquer la situation économique provoquée par le confinement, je souhaitais que vous puissiez tordre le coup à une légende urbaine répandue dans les médias. Lorsqu’on évoque les fameux 56.5 ou 57% de dépenses publiques par rapport au PIB, cela signifie-t-il qu’il ne reste que 43 ou 43.5% pour le secteur privé comme on peut le lire ?

    Jacques Sapir. Bien sûr que non. Tout d’abord, une grande partie de l’argent prélevé par l’État revient vers le secteur privé. Les impôts sont globalement un mécanisme de transfert. C’est pourquoi la distinction entre secteur public et secteur privé peut être trompeuse, car les dépenses des uns sont les revenus des autres. Ainsi, vous êtes commerçant, vous payez des impôts ; avec ces impôts, l’État paye par exemple des fonctionnaires ; ces fonctionnaires dépensent cet argent et sont vos clients. La boucle est bouclée. Même quand les impôts sont utilisés pour payer les intérêts de la dette, il s’agit en fait d’un transfert (sauf quand cette dette est détenue par des non-résidents). Car, l’assurance-vie, l’un des produits d’épargne préférés des Français, contient beaucoup de bons du Trésor. Les intérêts finissent aussi par alimenter la consommation, donc le secteur privé. Ce que l’État prélève, il le rend que ce soit directement (les consommations des administrations publiques), ou que ce soit indirectement, via les salaires des fonctionnaires, qui donnent à leur tour lieu à des consommations.

    La pandémie actuelle est un choc considérable, qui n’est effectivement comparable qu’à la crise de 1929

    Plus globalement, il convient de distinguer les recettes de l’État (impôts directs et indirects, taxes diverses) qui représentent non pas 56% mais environ 42,5% du PIB et les cotisations sociales. Ces cotisations, ou prélèvements sociaux, qui représentent effectivement autour de 13,5% du PIB, sont payées par les salariés et les employeurs qui cogèrent les caisses. Si ces cotisations peuvent dans certains cas transiter par l’État, ce dernier n’est ici qu’un intermédiaire ; il n’est pas « propriétaire » de cet argent et il n’est pas le « payeur ». Il joue le rôle d’une « banque » quand vous payez une consommation par un chèque bancaire. Si l’État verse de l’argent à ces caisses, c’est parce qu’il a unilatéralement décidé d’exempter certaines catégories de ces cotisations (essentiellement les employeurs d’ailleurs). Il est alors tenu par la loi de compenser le manque de recettes. C’est ainsi le cas du Crédit d’Impôt appelé CICE qui a été consolidé l’an dernier en une exonération générale de cotisations pour les employeurs. Il est d’ailleurs curieux de voir que les mêmes qui se plaignent du montant des impôts ne disent rien au sujet des subventions que l’État leur fait, via les dégrèvements fiscaux ou les exonérations de cotisations sociales, et qui sont considérables. Globalement, le système de cotisations et de prestations sociales constitue ce que l’on appelle un « stabilisateur automatique » qui permet, en temps de crise, de maintenir la consommation et donc l’activité économique, comme on peut le constater aujourd’hui.

    Venons-en maintenant à la situation actuelle. Le ministère de l’Économie annonce une récession de 9% pour 2020. Bruno Le Maire fait référence à la grande crise de 1929 ! À quelle gravité évaluez-vous les conséquences du confinement qui va donc durer deux mois au minimum, voire bien davantage pour tout un pan de notre économie (restauration, hôtellerie, culture, sport professionnel etc.) ?

    Il est évident que les conséquences du confinement, et plus généralement de l’épidémie, seront encore plus graves que ce qu’indiquent Bruno le Maire et Gérald Darmanin. Et cela d’autant plus que la fin du confinement, annoncée pour le 11 mai par le président de la République, ne signifiera pas un retour immédiat à la normale. L’économie va fonctionner pendant entre six semaines et six mois de manière réduite par manque d’approvisionnements mais aussi par manque de débouchés. Il faut donc s’attendre à ce que le PIB baisse d’au-moins 10% en 2020, voire plus. La Banque d’Angleterre, qui fait des calculs plus réalistes, estime même que le PIB du Royaume-Uni devrait baisser de 12% à 13%. C’est un choc considérable, qui n’est effectivement comparable qu’à la crise de 1929. Il va falloir soutenir l’ensemble de l’économie par des subventions directes et indirectes aux entreprises mais aussi aux ménages. 

    Des secteurs sont complètement à l’arrêt comme la restauration ou le tourisme, et d’autres fonctionnent de manière réduite. Une partie de l’industrie est à l’arrêt et une autre ne fonctionne que de manière réduite.

    La phrase fameuse attribuée à Jacques Chirac “les promesses n’engagent que ceux qui les écoutent” ne peut manquer de résonner à nos oreilles ! Pourtant, on peut penser que les réalités d’après l’épidémie vont s’imposer à Emmanuel Macron

    Nous avons actuellement 8,8 millions de salariés qui sont au chômage partiel, soit 44% de la main d’œuvre du secteur privé. Le coût budgétaire de ces prestations sociales sera très élevé, alors que la chute du PIB va entraîner une chute importante des recettes fiscales. Dans mon centre de recherches, le CEMI, nous avons estimé le besoin de financement de l’État, c’est-à-dire le déficit budgétaire, à plus de 300 milliards d’euros, soit approximativement 13,5% du PIB.

    On a pu observer à l’occasion que les tensions entre Europe du Nord et Europe du Sud ont été exacerbées par cette crise. Estimez-vous que les initiatives de la Banque centrale européenne et la mise au rencart du pacte de stabilité suffiront à pérenniser la zone euro ? 

    La commission européenne a décidé de suspendre le pacte de stabilité et la BCE a mis sur pied le PEPP, ou Pandemic Emergency Purchasing Program. Il convient de saluer ces décisions, mais aussi de reconnaître qu’elles sont très insuffisantes. La somme des déficits pour les États de la zone euro devrait représenter à la fin de l’année entre 1150 et 1300 milliards d’euros, alors que les mécanismes regroupés dans le Mécanisme Européen de Stabilité ne couvrent que 550 milliards d’euros. Par ailleurs, il faut s’attendre à un déficit à l’échelle de la zone euro d’environ 450 à 500 milliards pour l’année 2021 du fait de la crise engendrée par le Covid-19. Les États auront donc besoin de 1600 à 1850 milliards, et cela sans même évoquer les garanties de dettes accordées au secteur privé et le refinancement de ce dernier au travers du programme LTRO de la BCE. Les besoins de financement des États ne sont donc pas compatibles avec ce qu’ont prévu les institutions européennes.

    Le problème du financement se pose de manière particulièrement grave pour l’Italie, l’Espagne, mais aussi pour la France. Le Mécanisme Européen de Stabilité est inadéquat pour traiter cela. Il impose de fait une conditionnalité qui n’a plus lieu d’être dans les circonstances actuelles. Il faut alors se demander comment nous aurions fait si la BCE n’existait pas. Eh bien, tout simplement, comme va le faire la Banque d’Angleterre, la Banque centrale aurait prêté directement aux États ! C’est la fameuse « monnaie magique », qui existe en réalité, n’en déplaise à Emmanuel Macron, même si le volume et la durée de son emploi peut poser des problèmes d’inflation. On comprend alors que l’euro va pénaliser trois fois les pays du sud de l’Europe. Une première fois parce que l’on ne peut pas procéder à une péréquation des dettes, l’Allemagne et les Pays-Bas ayant refusé les fameux « coronabonds ». Une deuxième fois, parce que l’euro nous empêche de recourir au financement monétaire, qui serait pourtant la manière la plus logique et la plus simple de faire face à cette crise. Une troisième fois, enfin, parce que l’euro – et cela a été démontré par les différents rapports (External Sector Reports) du FMI – aboutit à sous-évaluer la monnaie de l’Allemagne et à surévaluer celle de l’Italie, de la France et de l’Espagne. La différence entre les deux mouvements, de 25% à 43% en faveur de l’Allemagne, explique à la fois l’insolente santé de ce pays mais aussi pourquoi la France, l’Italie et l’Espagne qui avaient déjà tant de difficultés avant cette crise ne pourront pas la surmonter en restant dans l’euro.

    Emmanuel Macron évoque « le jour d’après ». Il dit vouloir « se réinventer », lui « le premier ». On évoque ici et là son « Chemin de Damas » économique, social et européen. On ne voyait plus que le drapeau bleu-blanc-rouge derrière lui lundi dernier lors de son allocution, sachant qu’on imagine très mal que ce cadrage soit dû au hasard… Croyez-vous à sa sincérité et à un véritable virage de la politique du président de la République ?

    Par principe je ne crois pas en la sincérité d’un homme politique ; je crois en ses actes. Alors, il est vrai qu’Emmanuel Macron a eu des paroles fortes dans sa dernière allocution. Quand le président dit : « notre monde sans doute se fragmentera », quand il parle de « rebâtir une indépendance agricole, sanitaire, industrielle et technologique française », on croirait entendre le Général de Gaulle mais aussi les hommes politiques de la IVème République, en particulier Pierre Mendès France. Quand le président rappelle les mots de la déclaration des droits de l’homme et du citoyen, « les distinctions sociales ne peuvent être fondées que sur l’utilité commune » (Art. 1 de la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen NDLR) il mobilise des symboles de notre histoire qui sont très forts. Ce n’est certes pas un hasard. Enfin, quand il dit à la fin de son discours : « Il nous faudra bâtir une stratégie où nous retrouverons le temps long, la possibilité de planifier », on croirait entendre du Jean-Luc Mélenchon dans le texte.

    Certes, la phrase fameuse attribuée à Jacques Chirac “les promesses n’engagent que ceux qui les écoutent”, ne peut manquer de résonner à nos oreilles ! Pourtant, on peut penser que les réalités de l’économie mondiale d’après l’épidémie vont s’imposer à Emmanuel Macron. Les chaines de productions internationalisées sont trop fragiles en cas de perturbation majeure, et cela est reconnu maintenant par de nombreux économistes. Il faudra donc nécessairement relocaliser. La pénurie de masques, de tests, de médicaments et de respirateurs que nous connaissons montre aussi que l’on ne peut plus dépendre exclusivement des importations. Il faudra nécessairement rebâtir un outil de production national, réindustrialiser la France. Et, cela ne sera pas possible sans un minimum de protectionnisme. Seulement, pour faire tout cela, il faudra donc s’émanciper de nombreuses règles et directives de l’UE, retrouver notre souveraineté monétaire c’est-à-dire sortir de la zone euro, et, effectivement, mettre en œuvre une forme de planification stratégique.

    Seulement, pour cela, il faudrait à Emmanuel Macron mettre ses bottes dans les pas de l’opposition la plus radicale, de Mélenchon à Marine le Pen, ce qui est très peu vraisemblable. Mais, à tout le moins, il a d’une certaine façon légitimé dans son discours les propos de ses opposants les plus radicaux et rien que cela doit être remarqué. Dans le futur, il ne pourra plus chercher à déconsidérer ses opposants au prétexte que leurs propositions économiques seraient incohérentes. Alors, oui, avec ce discours, il a aussi suscité des espoirs immenses, et pas seulement par l’annonce d’une date de déconfinement. Naturellement, il sera jugé sur ses actes.

  • Le problème est politique…, par Hilaire de Crémiers.

    … Il est même institutionnel. Si le régime doit s’effondrer dans un désastre, c’est la vraie question qu’il conviendrait de régler. Faisons un court bilan.

    La France – et donc les Français – pensait avoir une politique de santé. La France s’imaginait même que cette politique de santé publique était la meilleure du monde. L’état républicain la persuadait que c’était grâce à lui ; elle en était fière. En fait, d’excellentes formations dotaient le système médical français d’un personnel compétent, même s’il était insuffisant ; et les professionnels s’ingéniaient à se procurer les moyens adaptés. Tout autant qu’ils en avaient le pouvoir.

    hilaire de crémiers.jpgCependant avec le temps la machine laissait à désirer. Plus singulièrement au cours de la dernière décennie.
    Il fallut peu à peu déchanter. Plus l’état intervenait au nom des politiques publiques et plus l’autorité administrative sous ses ordres décidait et restructurait, plus la situation se dégradait et plus l’appareil de santé s’éloignait des Français. Les services tiraient la sonnette d’alarme.

    Ceux qui souffraient le plus des carences, étaient ceux qui habitaient les territoires les moins bien pourvus et qui étaient, comme il est devenu de règle, pratiquement abandonnés. L’abandon était, de fait, programmé, pendant que l’état dispensait – à millions et à milliards – à l’étranger venu s’installer chez nous les avantages médicaux que les Français payaient de leurs ressources. Et ce n’était là qu’un aspect des contradictions scandaleuses qui affectaient les choix de la puissance publique.

    Un système sans raison

    Qui aurait pensé, pourtant, que le système en son cœur était atteint ? Quand survint la pandémie, le choc révéla soudain la sinistre réalité. Il fallut s’apercevoir que rien n’était prévu, rien n’était préparé. Des structures administratives avec force conseils à prébendes avaient pris les commandes de l’appareil sanitaire en France. Plus personne n’était responsable. Chacun disait et faisait n’importe quoi. Pire : les déficiences récurrentes à chaque moment crucial, les absurdités accumulées jusqu’au niveau le plus élevé se multiplièrent comme autant de signes d’une inquiétante incompétence que doublait une insupportable prétention. Les aberrations qu’une situation imprévue aurait pu expliquer, étaient revendiquées comme politique d’état par des autorités de plus en plus débordées qui, dans le mensonge et la suffisance, faisaient semblant de dominer la crise. Réunions innombrables de non moins innombrables états-majors, créés coup sur coup dans l’agitation de l’heure, chacun ayant appellation et qualification appropriées pour évaluer la menace, définir le danger, affronter l’ennemi, fixer la stratégie, déterminer les solutions, appréhender l’avenir. Points de situations réguliers, chiffres, statistiques et projections à l’appui ; adaptation tactique permanente ; bulletins de campagne comme du temps de Napoléon ; proclamations devant le peuple et les troupes dans le style épique requis ; vaste plan de reconquête, échelonné de mois en mois jusqu’à la victoire finale et vu comme déjà réalisé, alors même que tout fait défaut, les « vaccinodromes » étant désertés faute de vaccins, tout cela débité devant le public avec force éclat médiatique à la manière de Picrochole, rien assurément n’aura manqué à ce scénario qui se veut héroïque, imaginé par une bande de petits bourgeois ambitieux parvenus au pouvoir sur un coup de dés jetés au bon moment, investis dès lors de la souveraineté nationale dont, par ailleurs, ils se gaussent mais dont ils se servent pour leurs visées personnelles, et qui se trouvent ainsi à la tête d’un monstre administratif inapte et incontrôlable. Spectacle dérisoire de les voir jouer aux chefs qui commanderaient aux hommes, à la nature et aux dieux ! Car ils se figurent, ces faux rois de passage, sur le théâtre de l’histoire où se dérouleraient leurs carrières et s’illustreraient leurs personnages, quand ce ne sont par nécessité que de pauvres histrions. Tel est le ridicule fondamental de nos institutions : aucun n’y échappe. Au lieu de chercher le bien commun et de servir au mieux les intérêts français comme leur fonction devrait les y obliger.

    Au-delà même de la pression du moment et qui risque, d’ailleurs, de s’accentuer dans les mois qui viennent et de durer par delà l’été et jusqu’à l’an prochain, la situation présente confirme ce que pressentaient et exprimaient depuis des années les voix les plus autorisées et qui n’étaient pas écoutées. En France, c’est ainsi et depuis fort longtemps et dans tous les domaines qui relèvent de la politique d’état : sorte de fatalité connaturelle à notre régime qui veut que les gens sérieux qui prennent soin d’avertir, ne soient jamais entendus ni même considérés. « Tout ça finira mal », disait déjà le perroquet de Jacques Bainville.

    Pour qui veut considérer les choses d’un peu haut, il y a là un échec. Patent aujourd’hui pour l’état. Il est même, toutes choses égales d’ailleurs, particulièrement humiliant et grotesque chez nous, par rapport à la plupart de nos voisins, même de ceux qui souffrent du même mal que nous, en raison précisément tant de nos prétentions si superbement institutionnelles que de nos défaillances si concrètement organisationnelles. Tel est le paradoxe qu’il convient de comprendre pour ne pas se tromper dans l’appréciation. Il faut le dire : les défauts opérationnels ne tiennent absolument pas au dévouement des personnes, ni à la qualité du travail et des soins, ni à l’engagement des représentants des structures locales, mairies et préfectures, ni aux interventions des différents corps des professions médicales, des militaires, des pompiers ou des métiers qui ont offert spontanément leur concours. Tout le monde comprend bien que là n’est pas le problème, bien au contraire.

    À ce niveau, rien à dire, sauf même à admirer. Que peuvent les gens contre les cafouillages, les contre-ordres, les impérities, les incuries ? Pire : contre les ordres idiots, voire criminels venus des plus hauts sommets ? Alors ? Ce qui se voit et n’ose pas encore s’énoncer, mais se pense fortement, c’est que la question est d’abord politique. Elle est bien au niveau de l’état. C’est là que tout se situe et le problème n’est pas prêt de cesser. L’affaire des vaccins, s’ajoutant à toutes les autres, est caractéristique d’une inaptitude fondamentale de notre organisme politique à répondre aux besoins de la société, alors même qu’il prétend s’occuper de tout et de tout diriger. Qu’on se rende compte : la France n’est pas capable d’avoir son propre vaccin !

    Échec général

    L’affaire est d’autant plus grave qu’il n’y a plus de marge de manœuvre. L’État tient tout. La Sécurité sociale n’appartient plus – et depuis fort longtemps – aux citoyens assurés. Ses lois, ses décrets, ses budgets relèvent de l’état, sont votés par des majorités parlementaires aux ordres, entrent dans les mêmes visées que les autres politiques de l’état républicain, essentiellement idéologiques. La pandémie justifiera le plan totalitaire qui sera présenté demain comme l’unique moyen de sauver le système, de financer les trous abyssaux qui se creusent dans tous les comptes, de faire de tout Français un citoyen conforme à la norme, « assujetti », selon l’expression typique, si chère à la Sécurité sociale, aux prescriptions de l’unique Loi révélée du haut de la Nuée républicaine.

    Jusqu’où ne va pas la prétention de cette religion – car c’en est une – qui se substitue à tout ? La question sanitaire se pose aujourd’hui prioritairement. Mais le reste ? Partout le même schéma !

    Par exemple, la République s’était faite l’enseignante des Français, « la professeure », comme elle dirait aujourd’hui : à elle l’école, à elle les diplômes, à elle les universités. À elle, surtout, l’esprit des petits Français qu’il convenait de façonner ! Elle a mis la main sur l’enseignement au point que les Français sont persuadés que, s’ils font des études, ils le doivent à la République. Elle leur fait croire cette fable ; elle ne s’est pourtant contentée que de rafler la mise, selon son habitude, en chassant toute concurrence. Elle imposait ses idéaux à elle : sa morale sans Dieu ni tradition, dite indépendante – grand combat des années 1880 –, inspirée au départ du père Kant et de l’idéalisme allemand dont elle est la fille naturelle et politique, ce qui lui insuffla par la suite logiquement une philosophie générale et historique hégélo-marxienne, celle qui régna sur ses intellectuels, jusqu’à tout récemment, se partageant l’intelligence du pays avec le prétendu libéralisme anglo-saxon, toute pensée classique française étant par définition exclue. Pourquoi s’étonner des dérives universitaires d’aujourd’hui ? Elles étaient déjà en cours il y a cinquante ans ! Seulement la culture d’aujourd’hui est devenue comme en Amérique une sous-culture. Mais le mal à l’origine est bien de chez nous, jusqu’aux dernières stupidités de « l’intersectionnalité »..

    Au bout de l’expérience, une catastrophe sans nom dont chacun peut méditer les causes : un abaissement tragique du niveau de formation, sauf exception, un défaut d’éducation généralisé, une population sans repère, l’immoralité installée dans la société, une laïcité qui ne fut jamais forte que contre la religion traditionnelle de la France, celle de l’église catholique, totalement inefficace – et même contreproductive – pour contrôler l’Islam qui continue inexorablement sa progression dans notre nation, en dépit des « tweets » dérisoires du petit Darmanin, jusqu’à la pulvériser. Car rien n’arrête plus l’immigration que personne ne maîtrise, surtout pas l’Europe.

    Tout est à l’avenant. La sécurité n’est plus assurée ; des parties entières du territoire échappent à la loi ; la justice fonctionne en dépit du bon sens ; l’ordre intérieur dépend des lubies de ministres qui jouent les importants ; notre défense, malgré une armée remarquable, est livrée à des utopies humanitaires et à la chimère d’une Europe sous gouvernance allemande dont nos gouvernants, Macron en tête, s’imaginent, comme au temps de Jaurès, de Briand, de Blum, en raison des cours qu’ils ont appris dans leurs écoles, qu’elle est l’avenir de la France, alors que la tromperie devient de plus en plus manifeste, les héritiers de Gustav Stresemann s’efforçant toujours de duper leur prétendu partenaire.

    Ces vérités commencent à se dire : dans la presse libre, Valeurs actuelles, Présent, Politique magazine et autres organes soit en version papier, soit sur internet, dans les émissions de télévisions libres, TV Libertés, Cnews que de plus en plus de Français suivent avec passion. Le constat est fait : la France a été littéralement bradée intellectuellement, moralement, spirituellement, économiquement, industriellement, maintenant financièrement, par des bandes d’arrivistes sans scrupules, sans autre légitimité que leur prétention, qui se sont crus les maîtres du pouvoir parce qu’ils réussissaient leurs mauvais coups politiques que nos institutions favorisaient.

    C’est pourquoi, il faut le répéter ici, la vraie et unique question est une affaire de régime. C’est elle qu’il faut poser. Comment ne pas méditer la forte maxime de Renan, plus vraie encore de nos jours que de son temps : « En politique, un principe qui, dans l’espace de cent ans, épuise une nation, ne saurait être le véritable ».

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    Source : https://www.politiquemagazine.fr/

  • Emmanuel Macron et la Monarchie : ambiguïté ou complicité ?

     

    Par Jean-Philippe CHAUVIN

     

    1345578492.2.jpgAinsi, la République s'est donné un nouveau président en un dimanche qui, s'il fut d'abord d'élection, fut aussi d'abstention : M. Emmanuel Macron a rassemblé autour de son nom à la fois ceux qui souhaitaient un nouvel élan et ceux qui tremblaient devant un nom qui continue de courir depuis les débuts de la Cinquième République en une dynastie républicaine d'opposition ; ceux qui espéraient et ceux qui craignaient ; ceux qui y croyaient et ceux qui n'y croyaient pas... Élu, l'ancien candidat est reconnu président, même s'il reste encore officiellement [au 8.05] une semaine de présidence Hollande : déjà, il endosse la posture présidentielle avant que d'en arborer les insignes. 

    Et pourtant, dans cette soirée de dimanche fraîche en température et aux places urbaines désertées, hormis les environs du Louvre, la République a semblé prendre les atours de l'ancienne Monarchie, au moins pour quelques minutes... Comme le retour étrange des fantômes d'un palais qui fût celui des rois avant de devenir le musée de la nation. Ce soir-là, ce n'était plus la Bastille détruite ni la République triomphante de Léopold Morice qui accueillaient le nouvel élu, mais la colonnade de Claude Perrault et les échos des Tuileries, comme une sorte d'hommage à ce qui avait permis à la France d'être et de paraître, à ces rois qui, selon la formule célèbre, « ont fait la France » avant que la République ne s'y installe. L'avancée solitaire au rythme de l'hymne européen (mais qui, pour beaucoup, est d'abord une musique classique de « majesté »...) dans une sorte de lumière irréelle et avec une solennelle lenteur, pouvait rappeler la cérémonie d'un sacre sous les voûtes de la cathédrale de Reims et cette même symbolique d'un homme entrant dans l'histoire par la porte du Pouvoir. Les journalistes les plus avisés ne s'y sont pas trompés, évoquant l'aspect « monarchique, royal, voire royaliste » de cette étrange entrée en présidence, avant même la cérémonie de passation des pouvoirs du 14 suivant ! Un de mes correspondants du soir résumait tout cela en une formule lapidaire : « l'hommage du vice à la vertu »... 

    louvre.jpgMais il nous faut avouer un sentiment étrange : M. Macron fait effectivement appel à ce qui fait vibrer notre fibre monarchique, et certains royalistes n'y sont pas indifférents, comme le prouvent quelques uns des noms qui l'accompagnent, dont celui de Stéphane Bern qui incarne, pour nombre de nos concitoyens, cet amour de la France et de son histoire, plus royal que républicain. Et ce n'est pas la première fois qu'il rappelle aux Français leurs racines nationales et royales, de son discours d'hommage à Jeanne d'Arc à Orléans à sa visite au Puy-du-Fou aux côtés de Philippe de Villiers. Sans oublier non plus cet entretien de juillet 2015, publié dans Le 1, dans lequel il souligne l'incomplétude de la démocratie et toute l'importance de l'incarnation royale, de « la figure du Roi » qui manque à la France : « La démocratie comporte toujours une forme d'incomplétude, car elle ne se suffit pas à elle-même. Il y a dans le processus démocratique et dans son fonctionnement un absent. Dans la politique française, cet absent est la figure du Roi, dont je pense fondamentalement que le peuple français n'a pas voulu la mort. La Terreur a creusé un vide émotionnel, imaginaire, collectif : le Roi n'est plus là ! On a essayé ensuite de réinvestir ce vide, d'y placer d'autres figures : ce sont les moments napoléonien et gaulliste, notamment. Le reste du temps, la démocratie française ne remplit pas l'espace. On le voit bien avec l'interrogation permanente sur la figure présidentielle, qui vaut depuis le départ du général de Gaulle. Après lui, la normalisation de la figure présidentielle a réinstallé un siège vide au cœur de la vie politique. » Ce passage de l'entretien fait désormais partie de ces morceaux de papier que l'on range dans le portefeuille pour le ressortir à l'occasion, comme une sorte de talisman intellectuel... ou de rappel utile ! 

    leprince-et-emmanuel-macron.pngMais M. Macron n'est pas le Roi, nous le savons et nous le redisons, et, si je lui reconnais cette volonté de renouer avec une part monarchique de l'héritage français, ses liens forts avec l'oligarchie financière et son européisme revendiqué ne peuvent qu'inquiéter ceux qui pensent le social sans négliger les devoirs de l'économique : l'élu présidentiel saura-t-il sortir de sa posture de candidat des élites pour devenir ce Chef de l’État qui se doit d'être celui de tous, y compris des plus faibles, pour rendre au Politique ses lettres de noblesse sociale ? Laissons le temps à l'avenir de trancher avant que cela soit celui de l'histoire ! 

    Et si, au bout du compte et au fond de l'impasse de la République, c'était « la figure du Roi » qui, justement, sortait de ce nouveau règne élyséen, comme un « complément » ou, mieux, comme la seule et juste alternative politique et institutionnelle ? Il n'est pas interdit de le croire, ni impossible de le préparer : après tout, le rôle des royalistes n'est pas de suivre les fourgons de la République mais de monter dans les locomotives de l'histoire... 

    Photo ci-dessus : Le Prince Jean de France et Emmanuel Macron se sont rencontrés à l'inauguration du Musée de Thiron-Gardais. 

    Le blog de Jean-Philippe CHAUVIN

  • Navigation sélective sur le Net : échos des Blogs, des Pages Facebook, et d'ailleurs....

    capture d'ecran blog.jpg        (Cette chronique n'a pas d'autre objet que de communiquer à nos lecteurs des articles et prises de positions sur lesquels nous nous trouvons en convergence, totale ou, au moins, partielle, et sur des points d'importance; elle ne signifie évidemment pas accord total et permanent, sur tous sujets et en toute occasion, avec les Blogs ou Pages mentionnées... Même chose pour les liens envoyés par des lecteurs, pour approfondir tel ou tel sujet traité sur le Blog, pour "aller plus loin"...)  

     1. Sur les Blogs, sur Facebook ou ailleurs... :  

    1. Effondrement démographique en Afrique du Nord ? La Révolution européenne qui a atteint le monde musulman : http://chiesa.espresso.repubblica.it/articolo/1350555?fr=y

    2. De Mgr Rey, après le "mariage pour tous" : http://www.diocese-frejus-toulon.com/Mgr-Rey-Apres-le-mariage-pour-tous.html

    3. Christian Vanneste explique pourquoi il soutient Robert Ménard à Béziers : http://www.christianvanneste.fr/2013/07/09/a-beziers-pour-soutenir-robert-menard/

    4. "Libération" coule-t-il ? : http://www.ojim.fr/alerte-rouge-pour-la-pqn-alors-que-liberation-seffondre/

    5. Deux réflexions sur l'Encycliques "Lumen fidei" :

    * PAPE FRANCOIS ENCYCLIQUE 1.jpg

    * PAPE FRANCOIS ENCYCLIQUE 2.jpg

     

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    2. La "bourse aux liens", envoyés par des lecteurs, pour approfondir et aller plus loin... 

     

    1. Une nouvelle information judiciaire vise des faits de corruption au sein de la « Fédé » 62 du PS - Région - www.lavoixdunord.fr (envoyé par Jaehrling Patrick) : http://www.lavoixdunord.fr/region/une-nouvelle-information-judiciaire-vise-des-faits-de-ia0b0n1402904 

    2. Sur les mariages homos bidons (envoyé par Antoine Lazinier) :

    Cette affaire de mariage homo est une véritable bombe à retardement. A-t-on pensé à tout ? Aux « mariages homo bidons » ? Pour la première année, on peut facilement prédire un million de mariages homo en totalisant seulement les candidats étrangers, ne faisant pas partie de l'Union Européenne, se mariant avec un Français - Française (ou devenu Français-e ) mais avec des papiers.Ces candidats recherchent uniquement la nationalité Française moyennant finances, ils ne sont pas forcément  homo, et ils ne veulent surtout pas s'encombrer d'une femme, dont ils seraient obligés de s'occuper : ils viennent avec d'autres projets ! Ce mariage n'est qu'un moyen ... de moyenner ! Principaux clients : Tunisiens, Marocains, Algériens, Africains et Chinois. La diaspora chinoise s'organise déjà. L'Espagne est déjà aux prises avec ce système (mafieux) bien organisé.

    QUESTIONS SANS REPONSES :

    * Quel est le texte légal de l'échange des consentements devant 'Monsieur le Maire'?

    * Au bout de combien de temps le marié étranger devient-il Français?

    * Au bout de combien de temps peut-on divorcer tout en gardant la nationalité française ainsi achetée

    * En cas de divorce, peut-on obtenir une pension alimentaire ? La loi qui traite du 'Mariage pour tous' a-t-elle prévu cela ?

    * Un veuf d'origine tunisienne de 78 ans, mais avec ses papiers français, peut-t-il se marier avec un arrière - petit - neveu de 18 ans pour qu'il devienne Français ? 
    Mais oui et sans aucun problème ! Et la fraude au mariage blanc pour obtenir la nationalité française ?!

    *Des célibataires fortunés vont ils se marier Homo pour payer moins d'impôts

    *Des agences matrimoniales Homo vont elles fleurir ? 
    C'est en cours : il en existe en Espagne. Ce ne sont là que de simple questions de bon sens ... à la portée de n'importe quel imbécile ... mais au gouvernement on est si intelligent ... !

     

     

    3. Brétigny : accident ou sabotage ? (envoyé par Antoine Lazinier) : Nous ne saurons jamais la vérité sur le tragique accident en gare de Brétigny sur Orge ? Pourtant les enquêteurs ne se privent pas de le commenter : « Il ne s’agit ni d’un accident ni d’une défaillance mécanique mais d’un acte de malveillance, d’un sabotage ». Le 4 juillet cette portion de voie avait été vérifiée (selon l’affirmation du président de la SNCF), il y a donc à peine 10 jours. Il est difficile de penser qu’une éclisse de 10 kg fixée par 4 boulons puisse se détacher d’un seul coup pour atterrir dans l’aiguillage. Sur cette photo ( train_bretigny.jpg ) vous pouvez constater une éclisse identique fixée juste derrière. Il est inconcevable que les quatre boulons se dévissent en même temps. Et si cela se produisait, par miracle, l'éclisse de 10 kg tomberait sur la voie, elle ne s'envolerait pas. Donc acte de malveillance ou sabotage meurtrier ?

    Dans quel but et commis par qui ?

    Le, ou les, coupable ne sera jamais appréhendé…sera-t-il même recherché puisqu’il ne s’agit ni d’un acte de malveillance ni d’un sabotage !!!

  • Face à la crise agricole, le point de vue de Jean-Philippe Chauvin

     

    Comme nous l'avons fait nous-mêmes ces jours derniers, Philippe Chauvin ne se contente pas de demander pour nos agriculteurs et éleveurs quelques mesures immédiates de sauvetage. Le monde agricole français se meurt de cette succession d'aides étatiques ou européennes dont il est comme drogué. Comme nous, Philippe Chauvin veut que l'on aille au fond des choses. Et le fond des choses, c'est la remise en cause d'un certain nombre de fondements idéologiques de l'économie contemporaine : le libre-échangisme systématique, la concurrence par le binôme infernal baisse des prix / baisse de la qualité, concurrence par le bas qui appauvrit, massifie, disqualifie, et encore le consumérisme, la financiarisation, de la filière agro-alimentaire notamment. Or la critique est particulièrement fondée en matière alimentaire et agricole qui touche à l'existence même de la France charnelle. Aussi bien, d'ailleurs, que d'autres pays, notamment européens. Refaire une agriculture française, reconstituer une population agricole nombreuse, productive - avant tout de qualité - et aisée : cela suppose que cette critique de fond soit menée.  LFAR  

     

    arton8470-7b8cd.jpgLe monde agricole est à nouveau en crise : en fait, il n'a jamais cessé de l'être depuis ces dernières décennies, et la baisse régulière, dramatique en fait mais révélatrice, du nombre d'exploitations agricoles en France (comme en Europe), en administre la preuve la plus visible tout comme la disparition de la présence paysanne dans les campagnes, de plus en plus désertifiées dans celles qui, néanmoins, gardent une vocation d'abord agricole. En même temps, le chômage qui touche les zones rurales entraîne le départ des populations les plus jeunes vers les villes ou leurs périphéries, ce qui accentue encore ce mouvement de désertification. 

    Aujourd'hui, c'est la question des prix de la viande et du lait qui jette les éleveurs dans la rue, ou plutôt sur les routes. Mais, au-delà, c'est ce sombre désespoir et cette peur de mourir qui animent la colère des éleveurs, victimes d'un système absurde et mortifère pour les plus faibles, ce système agroalimentaire mondialisé et libéralisé qui privilégie l'argent et la manipulation des cours et des prix plutôt que le labeur et la peine des hommes : est-il normal que des agriculteurs qui travaillent parfois plus de 70 heures par semaine soient réduits à mendier des subventions et ne puissent pas vivre des produits de leur ferme ? 

    Surprise par la vivacité d'un mouvement qui embrase tout l'Ouest et bien au-delà, le gouvernement de la République cherche d'abord à éteindre l'incendie mais il avoue vite son impuissance devant des règles économiques qui le dépassent et dont il ne peut pas se déprendre, prisonnier d'une Union européenne trop libérale pour être favorable aux travailleurs de la ferme et d'une société de consommation qui privilégie toujours le bas coût et le court terme à la qualité, autant des produits que de la vie des campagnes et de ses bras. La grande distribution n'a guère de sentiment quand il s'agit de faire des affaires (à quelques exceptions près, certains directeurs de magasins privilégiant des produits locaux et des producteurs proches), et elle favorise des méthodes de production indignes de notre civilisation et du nécessaire respect autant de la nature que des hommes ! 

    Quand j'entends un éditorialiste télévisuel déclarer qu'il faut « moderniser l'agriculture française », je bondis ! Car, après tout, n'est-ce pas ce que l'on a fait depuis les années 1950, pour le meilleur mais aussi (et au final, surtout...) pour le pire ? Et il faudrait continuer sur cette voie d'une agriculture qui, désormais, sacrifie les agriculteurs aux profits de quelques grandes sociétés, et qui ne voit la nature que comme une source de revenus financiers alors qu'elle est d'abord nourricière, vivante mais aussi fragile et digne d'être respectée, aimée et non violée ! 

    Alors, quelles solutions à la crise actuelle ? Certes, des mesures conjoncturelles sont nécessaires, tout d'abord, pour éviter le drame d'une faillite massive d'exploitations agricoles en France et, à terme, le déclassement de l'agriculture française : des aides financières, des hausses de prix agricoles et des remises de dettes et de charges, entre autres. Mais il faut surtout repenser rapidement et sûrement l'agriculture en France, pour éviter d'autres crises et redonner à ce secteur du souffle tout en le pérennisant : un néocolbertisme agricole est possible en France, pratiqué par un État qui doit permettre aux agriculteurs de vivre de leur métier tout en produisant en quantité et de bonne qualité pour de multiples marchés et, d'abord, ceux qui concernent les consommateurs français eux-mêmes. Favoriser au maximum les circuits courts ; aider les producteurs à diversifier leurs sources de revenus en privilégiant, au-delà de leurs grandes spécialités, des formes de polycultures locales ainsi que l'agroforesterie ; mettre en place, avec les producteurs locaux, de véritables aires de production autour des villes, aires qui fournissent les commerces de bouche locaux (y compris de la grande distribution, avec obligation pour celle-ci d'acheter une part significative de la production agricole locale à de bons prix) ; pratiquer une politique de « redéploiement rural » pour accompagner un mouvement plus général de revitalisation agricole et villageoise... Voilà quelques propositions, et c'est une liste bien incomplète assurément (ce ne sont pas les idées qui manquent !), mais rien ne peut se faire de concret et de durable sans une politique d’État qui rappelle celle de Sully quand, au sortir des guerres de religion, il fallait reconstruire l'agriculture en France. Une politique sur le long terme, audacieuse et ferme face aux grands acteurs financiers de la mondialisation, aux multinationales de l'agroalimentaire et aux pressions des partisans d'un Libre marché globalisé qui n'est rien d'autre qu'un vaste champ de bataille de tous contre tous... Un État qui soit actif sans être intrusif, qui soit ferme sans être dictatorial, qui soit fédéral sans être dispersé... 

    Il ne s'agit pas de faire de l'étatisme (qui serait aussi dévastateur et vain que le libéralisme sans limites) mais de promouvoir, de soutenir, d'arbitrer, de protéger l'agriculture française et ses acteurs, tout en leur laissant « libre voie » pour s'organiser eux-mêmes pour mieux s'intégrer (et, cette fois, dans de bonnes et justes conditions) aux circuits économiques contemporains sans en être les esclaves ou les victimes. 

    La République a toujours été ambiguë avec le monde paysan : les amis de Jules Ferry employaient un terme d'origine coloniale, la « cambrousse » pour désigner la campagne, tout en faisant les yeux doux aux agriculteurs électeurs pour gagner les élections... Aujourd'hui, cette même République ne sait comment résoudre la « question agricole », par fatalisme, acceptation totale du libéralisme, ou simple impuissance politique. Là encore, la République n'est pas la mieux placée pour préserver l'agriculture française tout en la rendant à ses fonctions et ses qualités premières : une monarchie qui romprait avec les féodalités financières et l'esprit d'abandon, qui retrouverait le souffle et la pratique d'un Sully et valoriserait l'agriculture « à taille humaine » sans négliger les enjeux de l'économie, serait plus efficace que cette République aux abois qui ne sait que faire des agriculteurs...

    Le blog de Jean-Philippe Chauvin