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Afghanistan : non ce n'est pas une défaite américaine.

(Un ami lecteur résidant aux Etats-Unis nous écrit, et propose un tout autre regard sur le retrait des Etats-Unis de l'Afghanistan...)

J'ai lu les articles d'Antoine de Lacoste, de Radu Portocala ou de Patrice de Plunkett sur ce qui s'est passé en Afghanistan, et qui tous trois parlent de "défaite américaine". Je ne partage pas DU TOUT ce point de vue relayé chez les Maurrassiens.

Il y a défaite du néoconservatisme américain, ça c'est certain, mais ça n'est vraiment pas nouveau. La principale revue néoconservatrice américaine (The Weekly Standard) a mis la clé sous la porte en 2018, car Trump leur a fait couper leurs tuyaux de financements. Le même Trump avait, dès 2015, commencé une campagne de "non-interventionnisme" condamnant fermement (et il le faisait tous les jours dans ses réunions de campagne électorale) les interventions américaines passées et en cours. Si Trump a gagné dans un secteur idéologique, c'est bien celui-ci : l'opinion publique lui donne raison, à tel point que même un gouvernement démocrate est obligé aujourd'hui de retirer les troupes, car les Américains ne veulent plus (depuis longtemps) de ces interventions.

Retirer les troupes d'Afghanistan est donc pour nous (nationalistes français) comme pour tous les non-interventionnistes une victoire, et une victoire de longue haleine.

On ne peut pas (comme on lit dans ces articles) rapprocher aux Américains d'intervenir, et reprocher aux Américains de partir.

Sur le point militaire maintenant : Les Etats-Unis sont intervenus pour éliminer Ben Laden et son encadrement. Ils ont rempli leur objectif avec succès et ainsi ils ont gagné la guerre. En parallèle ils ont rêvé un peu à stabiliser un gouvernement alternatif qu'ils n'ont ensuite pas voulu abandonner... C'était sûrement une erreur de jugement, on est tous d'accord là-dessus. Mais contrairement à ce que dit Macron, les USA ont déjà eu des succès pour imposer la démocratie à l'étranger : en RFA et au Japon pour citer les principaux exemples. Donc pour eux ce n'était pas "infaisable". En tout cas ils ont massivement compris la leçon, notamment grâce à cette campagne de Trump. (1)

Mais, encore une fois, le but militaire était déjà atteint : éliminer Ben Laden.

 

Sur le retrait des troupes

Certaines personnes (qui ont trop regardé Rambo) voient un parallèle entre les décollages de Chinooks à Kaboul et à Saigon.

Le départ américain a été initié par Obama, au moins en 2013, et il a réellement tenté d'enlever les troupes, ce qu'il a commencé de faire. Il a bien vu ce qui se passerait s'il les enlevait... et donc il a tenté de stabiliser un peu plus le gouvernement afghan et ses troupes. En février 2020 Trump a signé l'accord de Doha avec les Talibans (et le gouvernement de l'époque), afin de retirer les troupes. C'était donc prévu, ENFIN, et c'était une grande réjouissance de pouvoir ENFIN y arriver. Pas une "défaite" en quoi que ce soit.

Rappelons aussi, à propos de "défaite américaine" que les Etats-Unis n'étaient pas seuls en Afghanistan.

Par exemple la France n'est pas restée vingt ans en Afghanistan. Juste treize !!!!! Vous voyez une grosse différence vous ? Trois ans et demi après que l'objectif militaire ait été atteint (Ben Laden) les troupes françaises étaient encore en train d'errer (et parfois de mourir) en Afghanistan.

 

Sur la manière dont les troupes ont été retirées

Même si je ne suis pas un grand fan de Biden, je suis plutôt admiratif de la manière dont les Américains ont organisé leurs évacuations. Certes il y a eu un attentat sanglant d'Al Qaïda à l'aéroport de Kaboul (condamnée par les Talibans). Ok. Et ? Elle est où la défaite ? Le départ aurait pu être mieux organisé ? Peut-être. Mais il fallait bien partir, et on ne pouvait s'attendre à d'autres genres d'images.

Alors, on peut se poser la question : il pourrait certes y avoir un intérêt politique sur ce coup-là à faire de l'antiaméricanisme (parce que le ton de ces articles que j'ai lu ressemblent quand même beaucoup à ça, de l'antiaméricanisme). Par exemple, Al Quaïda peut crier "on a gagné", c'est leur droit, c'est leur intérêt, donc stratégiquement c'est même leur devoir. Mais dans le cas de nationalistes français.... là, non, je vois pas l'intérêt de tirer en l'air. Et pourquoi pas aussi de crier "Allahu Akbar" ?

Ces articles publiés sur les sites maurrassiens ne changeront pas la réalité de la puissance américaine. La seule chose qu'on peut faire c'est de l'analyser objectivement sans avoir dans les yeux la poussière venant des pales du Chinook.

Si on dit et pense que c'est une "défaite", alors on ne comprend pas (et on ne fait pas comprendre à nos lecteurs) ni la réalité américaine du moment, ni la logique de Trump, ni les impératifs de Biden.

On est ici pour essayer de comprendre des réalités politiques, pas pour se faire plaisir.

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1- En revanche, je ne suis pas certain qu'une majorité des pays occidentaux aient compris la leçon. Pour le cas de la Libye, c'est Sarkozy qui avait forcé la main à Obama, par exemple...

 

Signé : Un Militant

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