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  • Sur le Blog de l'Action française : le Totem, l'éditorial de François Marcilhac

    En ce 9 novembre 2020, pour le cin­quan­tième anni­ver­saire de la mort de De Gaulle, on mesure, en voyant Macron au bas de l’immense croix de Lor­raine, non loin de Colom­bey, à quel point l’œuvre du géné­ral, pour néces­saire qu’elle fût, s’est conclue par un échec.

    françois marcilhac.jpgLa qua­si-una­ni­mi­té que sa figure sus­cite dans la classe poli­tique en est para­doxa­le­ment l’expression. En deve­nant un totem, celui de la Répu­blique, la figure his­to­rique du géné­ral De Gaulle s’est figée sur les deux évé­ne­ments fon­da­teurs de sa légende sans, pour autant, que cette légende ait réus­si à demeu­rer féconde. Ces deux évé­ne­ments, pour les­quels les Fran­çais conservent encore la mémoire du géné­ral, sont évi­dem­ment le 18 juin 1940 et le coup d’État de mai 1958, deux évé­ne­ments dra­ma­tiques, comme la répu­blique en pro­voque régu­liè­re­ment, et qui sus­citent l’appel au sol­dat, réclament l’homme pro­vi­den­tiel. L’action du géné­ral De Gaulle, et, par suite, le gaul­lisme, ont ain­si sur­gi, par deux fois, des décombres d’une répu­blique en décom­po­si­tion. Mais, à chaque fois, l’échec fut au bout, si l’on veut bien faire l’honneur au géné­ral  De Gaulle de pen­ser qu’il avait pour ambi­tion d’inscrire son action dans une durée qui dépasse l’événement. C’est que, par deux fois, à son corps défen­dant, on veut bien le croire, il réins­cri­vit les par­tis dans le jeu politique.

    Si l’appel du 18 juin 1940 et, plus encore, l’attitude ferme que De Gaulle, en tant que chef de la France Libre, oppo­sa à des Amé­ri­cains dési­reux de faire de la France un pro­tec­to­rat, per­mit à  notre pays d’être dans le camp des vain­queurs en 1945,  en revanche, la réno­va­tion des ins­ti­tu­tions dut attendre. Parce que De Gaulle avait relé­gi­ti­mé, dès 1942, les par­tis à Alger afin de don­ner des gages aux Alliés, ain­si qu’à un pays légal failli, qui voyait en lui une planche de sur­vie, dès jan­vier 1946, les hommes du pas­sé chas­sèrent l’homme de l’Histoire. De même, on sait le désastre poli­tique que fut la IVerépu­blique. En 1958, le recours à De Gaulle per­mit de res­tau­rer l’État, dont la déli­ques­cence aurait pu, à plus ou moins brève échéance, sur fond de guerre d’Algérie, pro­vo­quer une guerre civile. Mais, mal­heu­reu­se­ment, comme en 1946, les par­tis res­sor­tirent bien­tôt, pour employer un mot de Pierre Bou­tang,  de la « grande besace » du géné­ral où il les avait ran­gés au tout début des années 60. Ils le firent même, comble de l’ironie, mais sur­tout signe de l’échec monu­men­tal du géné­ral, à l’échéance élec­to­rale dont l’objet pré­cis était de mettre défi­ni­ti­ve­ment fin au règne des par­tis, c’est-à-dire au pre­mier tour de l’élection pré­si­den­tielle de 1965. Alors que De Gaulle rêvait de voir l’élection au suf­frage uni­ver­sel du pré­sident de la répu­blique débou­cher sur une trans­for­ma­tion radi­cale du citoyen-élec­teur dont naî­trait une dia­logue direct entre le peuple et un homme, le bal­lot­tage de décembre 1965 dis­si­pa cette espé­rance qui n’était qu’une chimère.

    Certes, l’État, en rai­son du par­le­men­ta­risme ratio­na­li­sé et du phé­no­mène majo­ri­taire, recou­vrait sta­bi­li­té et puis­sance. Il ne recou­vrait pas, en revanche, son indé­pen­dance. On dit que De Gaulle, lucide sur l’impossibilité, en France, de trou­ver la bonne répu­blique, pen­sa au comte de Paris de l’époque, le grand-père de l’actuel comte de Paris, comme suc­ces­seur. Nous ne sau­rons jamais dans quelle mesure il y pen­sa réel­le­ment. Du long dia­logue qui s’instaura durant les années 50 et 60 entre le géné­ral et l’héritier de nos rois, res­sort, en revanche, une chose cer­taine : le comte de Paris fut d’une luci­di­té impla­cable sur l’échec ins­ti­tu­tion­nel du géné­ral De Gaulle. Il suf­fit de relire le Dia­logue sur la France [1], comme les der­niers Bul­le­tins, à la publi­ca­tion des­quels le prince mit fin en 1967. De Gaulle, en refu­sant de s’attaquer sérieu­se­ment aux fon­da­tions, avait fina­le­ment bâti sur du sable. 

    Le fait que l’homme qui incarne sans filtre, sans aucune pudeur même, l’oligarchie, se soit incli­né devant la tombe du géné­ral De Gaulle, ce 9 novembre, crie cet échec, puisque c’est en tant qu’actuel pré­sident de la Ve Répu­blique qu’il était là. Cet État res­tau­ré et fort a fina­le­ment favo­ri­sé, de toute sa sta­bi­li­té recou­vrée, le contraire de ce à quoi il était des­ti­né. Faute éga­le­ment d’une réforme intel­lec­tuelle et morale dont la France avait tant besoin au sor­tir de la IVe Répu­blique et dont De Gaulle ne s’est abso­lu­ment pas sou­cié, cet État, pro­gres­si­ve­ment  reco­lo­ni­sé­par les inté­rêts par­ti­sans et oli­gar­chiques, a favo­ri­sé sa propre sou­mis­sion à des ins­tances supra­na­tio­nales et, par-delà, l’asservissement de la France. Et il l’a fait sur fond de neu­tra­li­sa­tion idéo­lo­gique, qui a  même atteint une haute fonc­tion publique désor­mais lar­ge­ment déna­tio­na­li­sée et qui ne croit plus en la France.

    Cer­tains ont rêvé, un temps, de « cou­ron­ner » la VeRépu­blique : laquelle, serait-on ten­té de deman­der ? Car celle de 2020 n’est plus celle de 1962. Cette consti­tu­tion pour­ra, bien sûr, ser­vir, le moment venu, d’intermédiaire ins­ti­tu­tion­nel. Mais nous sommes en 2020 ;  nous ne sommes plus en 1964. Aujourd’­hui, il ne s’a­git plus de rêver, car le temps presse. La monar­chie, il faut désor­mais la faire.

    Fran­çois Marcilhac

    [1] Comte de Paris, Géné­ral de Gaulle, Dia­logue sur la France, Cor­res­pon­dance et entre­tiens, 1953 – 1970, Fayard, 1994.

    Source : https://www.actionfrancaise.net/

  • L'union européenne, le léviathan impuissant, par Georges-Henri Soutou.

    L’Union européenne n’a jamais paru si faible sur le plan international. Mais le projet fédéraliste, à l’intérieur de ses frontières, gagne sans cesse du terrain avec l’arme fatale du droit communautaire.

    La coïncidence du Brexit et de la crise pandémique a conduit l’Union européenne à une nouvelle étape de son développement, à mon avis désormais irréversible.

     3.jpgLe dernier conseil européen présidé par Mme Merkel a en effet définitivement adopté le projet de budget pour les années qui viennent, et l’aide spécifique pour la relance nécessitée par la crise sanitaire, de 750 milliards d’euros. Deux innovations essentielles : la Commission peut emprunter directement sur les marchés pour financer cette aide, et elle peut lier l’aide à des conditions, en particulier le respect de l’État de droit. La Hongrie et la Pologne, qui ne voulaient pas de cette conditionnalité, ont en fait fini par s’incliner, quelles que soient les formulations qui estompent leur reculade.

    Et il y aura des suites logiques : la question des ressources propres de l’Union, au-delà des droits de douane et du 1% de la TVA, va se poser très vite. On ouvrira ainsi la voie à un budget qui ne sera plus spécifiquement celui de l’UE comme institution, mais deviendra progressivement le budget européen fédéral, reprenant des responsabilités anciennement nationales. D’autre part la conditionnalité ne se limitera pas au respect de l’État de droit, mais va inclure très vite le non-respect des normes environnementales fixées par Bruxelles. Il est déjà possible de condamner un État devant la Cour européenne de Luxembourg dans ce domaine, avec amendes et astreintes, mais on passerait là à un niveau supérieur. D’autant plus que le parlement européen va très probablement voter l’avancement de la réalisation de l’objectif de zéro émission nette de 2050 à 2030, ce qui est d’ailleurs parfaitement irréalisable mais qui permet de s’immiscer dans pratiquement tous les aspects de la politique économique et sociale. Les Européens vont être de plus en plus concernés par les décisions de l’UE pour leurs impôts et pour leur vie quotidienne (chauffage, transports, logement…). Ainsi que pour tout ce qui concerne, par exemple, la politique d’immigration : Luxembourg attaque de plus en plus souvent les mesures que tentent de prendre les pays membres pour endiguer le flot et vient de condamner Varsovie et Budapest pour le durcissement de leur politique d’asile.

    Luxembourg über alles

    Une telle accélération n’aurait pas été possible si la Grande-Bretagne était restée (c’est d’ailleurs parce qu’elle sentait venir l’avalanche qu’elle est partie). Il y a eu une époque où la France n’aurait pas accepté tout cela, mais c’est bien fini, et maintenant nos cours et le conseil constitutionnel s’inclinent devant le droit européen et Luxembourg.

    La dernière résistance importante venait, on l’a vu dans cette chronique, du Tribunal constitutionnel de Karlsruhe, qui contestait la politique de la Banque centrale européenne ainsi que de la Cour européenne, et les accusait d’agir « ultra vires ». Or Luxembourg ne s’incline pas : il y a quelques jours, un avocat général auprès de cette Cour, le Bulgare Evgeni Tanchev, rappelait que le droit européen « brise le droit national » (reprise de la vieille formule allemande, « Bundesrecht bricht Landesrecht », le droit fédéral brise le droit des Länder). Un gouvernement qui ne serait pas content n’aurait selon lui que trois solutions : ou bien modifier sa constitution ; ou bien demander, via le processus de l’Union, une modification du traité concerné ; ou bien quitter l’Union. Ça a le mérite de la clarté ! Cette déclaration provoque à Berlin et à Karlsruhe beaucoup de spéculations : que la Pologne et la Hongrie soient condamnées à Luxembourg ne gêne personne, mais on se rend compte que la RFA pourrait l’être elle aussi, à cause des jugements de Karlsruhe !

    Mais il me semble que Karlsruhe commence sinon à reculer, du moins à changer de registre. L’un de ses juges, Peter Huber, dans une longue interview à la Neue Zürcher Zeitung le 8 décembre, ne parlait plus D’« ultra vires » mais demandait à Luxembourg de ne pas juger uniquement en fonction de critères juridiques mais en tenant compte des conséquences concrètes des programmes proposés, ou de leur refus (ce qui, dans la tradition juridique allemande, est tout à fait acceptable). En outre, il en appelle à une collaboration entre les différentes cours constitutionnelles des pays membres et Luxembourg, collaboration que nos propres juges invoquent toujours avec des larmes d’émotion mais qui ne me paraît pas figurer dans les traités, qu’elles court-circuitent. Et quant à la question précise de la position de la Bundesbank face aux rachats d’emprunts d’États membres par la BCE, ce qui avait déclenché toute la procédure, Peter Huber admet que la Banque fédérale fait ce qu’elle peut mais peut parfaitement être mise en minorité au conseil des gouverneurs à Francfort.

    Un empire qui consacre sa faiblesse

    Deux forces freinaient la dérive institutionnelle constante de l’UE : la Grande-Bretagne et Karlsruhe. La Grande-Bretagne est partie et Karlsruhe se réfugie dans des théories de plus en plus complexes. En revanche une contradiction fondamentale apparaît, et même s’est beaucoup aggravée ces dernières semaines, entre une entité de plus en plus étroitement intégrée à l’intérieur mais de plus en plus impuissante à l’extérieur. Et qui même refuse la puissance. Le dernier conseil européen a renoncé à prendre des sanctions un peu sérieuses à l’égard de la Turquie. L’Allemagne, après la France, vient d’accepter d’admettre Huawei à participer à la mise en place de la 5G, certes avec des conditions, mais les deux pays se séparent sur un point important de Washington et Londres. Dans le même sens, les dirigeants allemands, à la suite d’un débat national animé, se distancient de plus en plus de la politique de fermeté que Washington a engagé face à Pékin, y compris la ministre de la Défense Kramp-Karrenbauer, qui jusqu’ici pourtant prônait la résistance face aux pénétrations chinoises dans tant de domaines. Et ils ne tenteront pas une relocalisation de leurs industries, c’est désormais clair, le marché chinois est trop important à leurs yeux. A l’égard de la Russie, des déclarations très fermes de la chancelière sur l’Ukraine ou l’affaire de la tentative d’empoisonnement de Navalny n’empêchent pas le fait que le gazoduc Nord Stream 2 n’est pas remis en cause.

    En ce qui concerne la politique de défense commune, on en est encore plus loin qu’en 2015, où on sentait certains frémissements. Le départ de la Grande-Bretagne représente la perte de près du quart du budget militaire total des membres de l’UE, ainsi que la sortie du seul pays européen, avec la France, à disposer (à peu près…) d’une panoplie complète et d’une capacité opérationnelle réelle. Il ne reste que l’OTAN, plus comme un moulin à prières d’ailleurs que comme un engagement militaire bien concret, sauf des exceptions comme la Pologne.

    Un ancien conseiller fédéral et ministre des affaires étrangères helvétique, Mme Micheline Calmy-Rey, a tout récemment suggéré que l’Union européenne adopte une politique de « neutralité active », sur le modèle suisse. Elle rappelle que les Cantons avaient fini par adopter cette politique parce que c’était le seul moyen de maintenir leur union, malgré leurs divergences et leurs attirances étrangères divergentes voire opposées. Et elle suggère que c’est la seule solution pour l’UE, étant donné ses divergences. A mon avis, cette thèse va faire des adeptes, particulièrement en RFA…

    Je dois dire cependant que la « neutralité active » à la Suisse repose sur une politique extérieure discrète mais très active, et sur un établissement militaire très sérieux et soutenu dans l’ensemble par la population. Si l’Union européenne en était là, je serais plutôt rassuré !

    Mais on assiste au contraire, exception dans l’Histoire, à la naissance d’un État fédéral, géant économique mais nain géopolitique, et qui tient à le rester. À mon avis, l’une des explications profondes est que le mouvement fédéraliste européen, reprenant pendant et après la Seconde Guerre mondiale des thèmes apparus dès les années 30, à la suite du traumatisme de la Grande Guerre, a voulu détruire systématiquement les systèmes politiques reposant sur des politiciens professionnels et sur le parlementarisme, ainsi que les États-nations fauteurs de guerres. Le « Message aux Européens » proclamé lors du Congrès européen de La Haye en 1948 fixait des objectifs qui sont ceux de l’Union européenne aujourd’hui : « la libre circulation des hommes, des idées et des biens », « une Charte des droits de l’homme », « une Cour de justice » et « une Assemblée européenne ». Et il ne parlait pas de sécurité et de défense de l’Europe…

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    Source : https://www.politiquemagazine.fr/

  • Caricature et marche blanche, par Olivier Perceval.

    Deux faits, deux « faits d’hiver » puisqu’ils viennent de se dérou­ler en ce mois de jan­vier sous nos yeux éba­his sur fond de dic­tat sanitaire.

    Le pre­mier met en scène un cari­ca­tu­riste plu­tôt de gauche voire assez tolé­rant au macro­nisme et tra­vaillant pour un quo­ti­dien qui fai­sait encore réfé­rence il y a quelques années : Le Monde.

    olivier perceval.jpgXavier Gorce, c’est son nom, com­mit un crime ter­rible en iro­ni­sant sur l’affaire Duha­mel qui met en transe tous les médias par un des­sin figu­rant ses pin­gouins huma­ni­sés dont l’un déclare à l’autre : « Si j’ai été abu­sée par le demi-frère adop­tif de la com­pagne de mon père trans­genre deve­nu ma mère, est-ce un inceste ? ». Tout de suite, les bonnes consciences   se sont indignées :

     « Les Nou­veaux Démo­crates » (LND, scis­sion de la REM)  ) mili­tants modèles, jugent « abject » l’amalgame entre « iden­ti­té de genre ou orien­ta­tion sexuelle et pédo­cri­mi­na­li­té ». Des per­son­na­li­tés poli­tiques ont com­men­té cette publi­ca­tion, notam­ment Nico­las Cadène, rap­por­teur géné­ral de l’Observatoire de la laï­ci­té. Remon­té, ce der­nier a twee­té : « Tout sauf drôle », mais aus­si : « à sup­pri­mer ». La séna­trice socia­liste Lau­rence Ros­si­gnol n’a pas oublié de com­men­ter ce des­sin. Sur Twit­ter, elle a sou­li­gné le manque de « talent et ten­dresse » de celui-ci.

    Faut-il déca­pi­ter le des­si­na­teur pour avoir blas­phé­mé publi­que­ment, non en véri­té sur la ques­tion de l’inceste, mais sur les « mino­ri­tés » ren­dues tel­le­ment visibles par les vents médiatico-politiques ?

    Le Monde s’est excu­sé par la voix de sa direc­trice de rédac­tion, Caro­line Mon­not ce qui a ame­né Xavier Gorce à cla­quer la porte de la véné­rable ins­ti­tu­tion. Car la gauche est un peu comme le dieu Chro­nos qui dévo­ra, selon la mytho­lo­gie, ses propres enfants, sur­tout ceux qui ont l’outrecuidance d’avoir de l’humour et de pen­ser librement.

    L’autre fait, est cette incroyable marche blanche orga­ni­sée à Etampes avec le sou­tien maté­riel de la muni­ci­pa­li­té LR.

    Dans la nuit du 13 au 14 jan­vier, deux frères de 32 et 39 ans, Samir et Nor­dine, ten­taient d’échapper aux gen­darmes à bord de leur véhi­cule. Pre­nant un rond-point à contre­sens sur la natio­nale 20, ils ont per­cu­té un poids lourd de face et sont morts sur le coup. Trois jours plus tard, est orga­ni­sée une marche blanche à Étampes, où vit leur famille. Samir, le plus jeune, est connu pour une tren­taine de faits, dont tous n’ont pas mené à des condam­na­tions, pré­cise le quo­ti­dien fran­ci­lien. Il devait tou­te­fois se pré­sen­ter ce 20 jan­vier au tri­bu­nal cor­rec­tion­nel d’Évry-Courcouronnes pour déten­tion non auto­ri­sée de stu­pé­fiants et recel de biens pro­ve­nant d’un délit.

    Quant à Nor­dine, il a déjà pas­sé une dizaine d’années der­rière les bar­reaux, condam­né à de mul­tiples reprises pour tra­fic de stu­pé­fiants dans l’Essonne, où il appor­tait en grande quan­ti­té du can­na­bis pro­ve­nant d’Espagne.

    Dimanche 17 jan­vier, envi­ron 150 per­sonnes sont venues leur rendre hom­mage. Podium, sono, écrans, dis­tri­bu­tion de café et de snacks, le tout finan­cé par la muni­ci­pa­li­té à majo­ri­té répu­bli­caine (LR). L’annonce de cette céré­mo­nie avait été faite la veille sur la page Face­book de la mai­rie (reti­rée depuis).

    Ces évè­ne­ments signi­fi­ca­tifs d’une triste « évo­lu­tion » de notre socié­té sont sus­cep­tibles de sus­ci­ter un sen­ti­ment par­ta­gé par les Fran­çais, d’abattement et de démo­ra­li­sa­tion s’ajoutant à l’ambiance déjà lourde du confi­ne­ment, de la catas­trophe éco­no­mique qui s’installe et de tous les griefs res­tés sans réponses depuis la crise des gilets jaunes et l’évidence du lien entre immi­gra­tion abu­sive et délin­quance que seuls les intel­lec­tuels au ser­vice du sys­tème conti­nuent à nier âprement.

    Ces faits montrent aus­si que d’une part on sera de plus en plus impla­cable envers tous les Fran­çais qui osent pen­ser par eux-mêmes et sor­tir du sen­tier obli­ga­toire tra­cé par les indi­gnés offi­ciels, et à plat ventre devant les nou­veaux maitres fussent-ils des voyous, dès lors qu’ils sont repré­sen­ta­tifs de la « diversité ».

    On n’est pas dans le com­plot aujourd’hui, mais dans le réflexe condi­tion­né par la trouille qu’inspirent les mino­ri­tés vic­ti­maires, qu’elles soient sexuelles ou ethniques.

    Il appa­rait qu’il se pro­file une perte de contrôle de la direc­tion géné­rale cen­sée être don­née à la France, non seule­ment par le pou­voir, mais aus­si par les élites si sûres d’elles qui conti­nuent à péro­rer dans le vide en levant le front avec assu­rance sur les pla­teaux télé.

    Il sem­ble­rait que la Répu­blique soit en train de se fis­su­rer du haut en bas et pour­rait s’écrouler avec fra­cas, ce qui pour­rait nous réjouir si l’anarchie qui en résul­te­rait ne livrait pas les plus faibles d’entre nous à une vio­lence dont l’histoire révo­lu­tion­naire de notre pays nous a lais­sé de dou­lou­reux souvenirs.

    L’Action fran­çaise, mou­ve­ment école a visi­ble­ment du pain sur la planche en remet­tant de la réflexion dans les jeunes cer­veaux et  en pré­pa­rant l’émergence de nou­velle élites et le plus tôt sera le mieux.

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    Source : https://www.actionfrancaise.net/

  • L’union européenne, le léviathan impuissant, par Georges-Henri Soutou.

    Illustration : La Suisse, modèle de neutralité active. Ça marche quand le cadre est petit.

    L’Union européenne n’a jamais paru si faible sur le plan international. Mais le projet fédéraliste, à l’intérieur de ses frontières, gagne sans cesse du terrain avec l’arme fatale du droit communautaire.

    La coïncidence du Brexit et de la crise pandémique a conduit l’Union européenne à une nouvelle étape de son développement, à mon avis désormais irréversible.

    1.jpgLe dernier Conseil européen présidé par Mme Merkel a en effet définitivement adopté le projet de budget pour les années qui viennent, et l’aide spécifique pour la relance nécessitée par la crise sanitaire, de 750 milliards d’euros. Deux innovations essentielles :

    • la Commission peut emprunter directement sur les marchés pour financer cette aide ;
    • et elle peut lier l’aide à des conditions, en particulier le respect de l’état de droit.

    La Hongrie et la Pologne, qui ne voulaient pas de cette conditionnalité, ont, en fait, fini par s’incliner, quelles que soient les formulations qui estompent leur reculade.
    Il y aura des suites logiques : la question des ressources propres de l’Union, au-delà des droits de douane et du 1 % de la TVA, va se poser très vite. On ouvrira ainsi la voie à un budget qui ne sera plus spécifiquement celui de l’UE comme institution, mais deviendra progressivement le budget européen fédéral, reprenant des responsabilités anciennement nationales. D’autre part la conditionnalité ne se limitera pas au respect de l’état de droit, mais va inclure très vite le non-respect des normes environnementales fixées par Bruxelles. Il est déjà possible de condamner un État devant la Cour européenne de Luxembourg dans ce domaine, avec amendes et astreintes, mais on passerait là à un niveau supérieur. D’autant plus que le parlement européen va très probablement voter l’avancement de la réalisation de l’objectif de zéro émission nette de 2050 à 2030, ce qui est d’ailleurs parfaitement irréalisable mais qui permet de s’immiscer dans pratiquement tous les aspects de la politique économique et sociale. Les Européens vont être de plus en plus concernés par les décisions de l’UE pour leurs impôts et pour leur vie quotidienne (chauffage, transports, logement…). Ainsi que pour tout ce qui concerne, par exemple, la politique d’immigration : Luxembourg attaque de plus en plus souvent les mesures que tentent de prendre les pays membres pour endiguer le flot et vient de condamner Varsovie et Budapest pour le durcissement de leur politique d’asile.

    Luxembourg über alles

    Une telle accélération n’aurait pas été possible si la Grande-Bretagne était restée (c’est d’ailleurs parce qu’elle sentait venir l’avalanche qu’elle est partie). Il y a eu une époque où la France n’aurait pas accepté tout cela, mais c’est bien fini, et maintenant nos cours et le Conseil constitutionnel s’inclinent devant le droit européen et Luxembourg.
    La dernière résistance importante venait, on l’a vu dans cette chronique, du Tribunal constitutionnel de Karlsruhe, qui contestait la politique de la Banque centrale européenne ainsi que de la Cour européenne, et les accusait d’agir « ultra vires ». Or Luxembourg ne s’incline pas : il y a quelques jours, un avocat général auprès de cette Cour, le Bulgare Evgeni Tanchev, rappelait que le droit européen « brise le droit national » (reprise de la vieille formule allemande « Bundesrechtbricht Landesrecht », le droit fédéral brise le droit des Länder). Un gouvernement qui ne serait pas content n’aurait, selon lui, que trois solutions :

    • ou modifier sa constitution ;
    • ou demander, via le processus de l’Union, une modification du traité concerné ;
    • ou quitter l’Union.

    Ce qui a le mérite de la clarté ! Cette déclaration provoque à Berlin et à Karlsruhe beaucoup de spéculations : que la Pologne et la Hongrie soient condamnées à Luxembourg ne gêne personne, mais on se rend compte que l’Allemagne pourrait l’être aussi, à cause des jugements de Karlsruhe !
    Mais il me semble que Karlsruhe commence sinon à reculer, du moins à changer de registre. L’un de ses juges, Peter Huber, dans une longue interview à la Neue Zürcher Zeitung le 8 décembre, ne parlait plus d’« ultra vires », mais demandait à Luxembourg de ne pas juger uniquement en fonction de critères juridiques mais en tenant compte des conséquences concrètes des programmes proposés, ou de leur refus (ce qui, dans la tradition juridique allemande, est tout à fait acceptable). En outre, il en appelle à une collaboration entre les différentes cours constitutionnelles des pays membres et Luxembourg, collaboration que nos propres juges invoquent toujours avec des larmes d’émotion mais qui ne me paraît pas figurer dans les traités, qu’elles court-circuitent. Et quant à la question précise de la position de la Bundesbank face aux rachats d’emprunts d’États membres par la BCE, ce qui avait déclenché toute la procédure, Peter Huber admet que la Banque fédérale fait ce qu’elle peut mais peut parfaitement être mise en minorité au conseil des gouverneurs à Francfort.

    L’empire européen consacre sa faiblesse

    Deux forces freinaient la dérive institutionnelle constante de l’UE : la Grande-Bretagne et Karlsruhe. La Grande-Bretagne est partie et Karlsruhe se réfugie dans des théories de plus en plus complexes. En revanche, une contradiction fondamentale apparaît, et même s’est beaucoup aggravée ces dernières semaines, entre une entité de plus en plus étroitement intégrée à l’intérieur mais de plus en plus impuissante à l’extérieur. Et qui même refuse la puissance. Le dernier Conseil européen a renoncé à prendre des sanctions un peu sérieuses à l’égard de la Turquie. L’Allemagne, après la France, vient d’accepter d’admettre Huawei à participer à la mise en place de la 5G, certes avec des conditions, mais les deux pays se séparent sur un point important de Washington et Londres. Dans le même sens, les dirigeants allemands, à la suite d’un débat national animé, se distancient de plus en plus de la politique de fermeté que Washington a engagé face à Pékin, y compris la ministre de la Défense Kramp-Karrenbauer qui, jusqu’ici pourtant, prônait la résistance face aux pénétrations chinoises dans tant de domaines. Et ils ne tenteront pas une relocalisation de leurs industries, c’est désormais clair, le marché chinois est trop important à leurs yeux. À l’égard de la Russie, des déclarations très fermes de la chancelière sur l’Ukraine ou l’affaire de la tentative d’empoisonnement de Navalny n’empêchent pas le fait que le gazoduc Nord Stream 2 n’est pas remis en cause.

    En ce qui concerne la politique de défense commune, on en est encore plus loin qu’en 2015, où on sentait certains frémissements. Le départ de la Grande-Bretagne représente la perte de près du quart du budget militaire total des membres de l’UE, ainsi que la sortie du seul pays européen, avec la France, à disposer (à peu près…) d’une panoplie complète et d’une capacité opérationnelle réelle. Il ne reste que l’OTAN, plus comme un moulin à prières d’ailleurs que comme un engagement militaire bien concret, sauf des exceptions comme la Pologne.

    Un ancien conseiller fédéral et ministre des affaires étrangères helvétique, Mme Micheline Calmy-Rey, a tout récemment suggéré que l’Union européenne adopte une politique de « neutralité active », sur le modèle suisse. Elle rappelle que les Cantons avaient fini par adopter cette politique parce que c’était le seul moyen de maintenir leur union, malgré leurs désaccords et leurs attirances étrangères séparées voire opposées. Et elle suggère que c’est la seule solution pour l’UE, étant donné ses propres divergences. À mon avis, cette thèse va faire des adeptes, particulièrement en Allemagne…

    Je dois dire cependant que la « neutralité active » à la Suisse repose sur une politique extérieure discrète mais très active, et sur un établissement militaire très sérieux et globalement soutenu par la population. Si l’Union européenne en était là, je serais plutôt rassuré !
    Mais on assiste au contraire, exception dans l’Histoire, à la naissance d’un État fédéral, géant économique mais nain géopolitique, et qui tient à le rester. À mon avis, l’une des explications profondes est que le mouvement fédéraliste européen, reprenant pendant et après la seconde guerre mondiale des thèmes apparus dès les années 30, à la suite du traumatisme de la Grande Guerre, a voulu détruire systématiquement les systèmes politiques reposant sur des politiciens professionnels et sur le parlementarisme, ainsi que les États-nations fauteurs de guerres. Le « Message aux Européens » proclamé lors du Congrès européen de La Haye en 1948 fixait des objectifs qui sont ceux de l’Union européenne aujourd’hui : « la libre circulation des hommes, des idées et des biens », « une Charte des droits de l’homme », « une Cour de justice » et « une Assemblée européenne ». Et il ne parlait pas de sécurité et de défense de l’Europe…

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    Source : https://www.politiquemagazine.fr/

  • «Les écolos bobos sont notre plus gros problème»: bientôt le réveil de la colère des paysans?, par Fabien Buzzanca.

    © AP Photo / Andreea Alexandru

    Les agriculteurs de France résistent bien à la crise sanitaire, notamment grâce aux circuits courts. Mais les difficultés de la profession demeurent. Président de la Coordination rurale en Auvergne-Rhône-Alpes, Jean-Louis Ogier considère les «écolos bobos» comme le principal problème de sa profession. 

    45.jpg«Pour le moment, le Covid-19 ne nous a pas autant impactés que d’autres secteurs. Bien sûr cela crée des problèmes, mais nous ne constatons pas une vague de dépôts de bilan.» L’agriculture française résiste. C’est ce qu’a expliqué au micro de Sputnik Jean-Louis Ogier, président de la Coordination rurale (CR) en Auvergne-Rhône-Alpes et agriculteur dans le secteur des fruits et légumes.

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    Reste que tout n’est pas rose loin de là. «Nous avons perdu entre 20 et 30% de nos récoltes cette année sur certains secteurs», soulignait récemment Laurent Rouyer, président de la Chambre d'agriculture de Meurthe-et-Moselle, au micro de RCF.

     

    «Tout ce qui est vente directe fonctionne très bien. Cela s’est même développé pendant la crise. C’est évidemment plus compliqué pour tout ce qui passe par la grande distribution», résume Jean-Louis Ogier.

     

    Entre une augmentation des coûts de production liée à la crise sanitaire, des conditions météo difficiles en 2020 et la concurrence des importations étrangères, certaines exploitations accusent le coup. Jean-Luc Lemaître, éleveur de bovins, confiait récemment à France bleu Mayenne: «En blonde, on est plutôt aux alentours de 4,20 euros le kilo. Là, c'est même descendu en dessous des 4 euros. En rouge des prés, en jeunes bovins, on est à 3,70 ou 3,80 euros. La normale tourne autour de 4 euros.»

    Les circuits courts ont le vent en poupe

    Signe de la crise économique qui s’installe, les prix sont en baisse dans la grande distribution. D’après les chiffres rapportés par RMC, «alors que, en 2019 les prix dans les rayons avaient augmenté de 0,9%, ils ont baissé en 2020 de 0,14%». «Une bonne nouvelle pour notre porte-monnaie, mais pas forcément pour les agriculteurs», note la radio qui souligne que le gouvernement a appelé les grandes surfaces à faire preuve de responsabilité dans leurs négociations avec la filière agricole.

    En décembre dernier, Jimmy Guérin, président des Jeunes agriculteurs d’Ille-et-Vilaine, se confiait à 20 Minutes dans le cadre du coup d’envoi de la période de négociations entre agriculteurs et grande distribution: «Les premiers retours que nous avons ne sont pas bons. La grande distribution fait pression pour baisser les prix. On nous a beaucoup dit merci pour avoir nourri la France. Mais un merci, ça ne fait pas vivre une ferme.»

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    Le 18 décembre, son syndicat a organisé une action coup de poing dans plusieurs départements bretons. Des agriculteurs ont notamment investi un magasin Carrefour afin d’en distribuer gratuitement les produits aux clients. Selon les Jeunes agriculteurs, sur les 100 euros de courses que contient un chariot, seuls 6,50 euros reviennent au producteur. «Je peux comprendre votre action, mais ce n’est pas moi qui négocie. Le prix de vente, je peux le faire varier, mais pas le prix d’achat. J’achète à la centrale», a plaidé le directeur du magasin selon 20 Minutes.

    Jean-Louis Ogier rappelle cependant que tout n’est pas négatif. Les changements d’habitudes des consommateurs durant cette crise a modifié la stratégie de la grande distribution:

     

    «Ils ont vu l’importance des circuits courts dans le sillage de cette crise. La grande distribution joue là-dessus désormais. Ils cherchent à mettre en avant des produits français dans les rayons. Bien évidemment, c’est positif pour la profession.»

     

    Plus largement, l’appétit des Français pour les circuits courts a apporté une bouffée d’oxygène à de nombreux agriculteurs.

    C’est notamment le cas du producteur de fromages Pierre Villiers qui a raconté son histoire à TF1. Obligé de jeter des dizaines de litres de lait à la fermeture des marchés alimentaires en avril dernier, il a su rebondir. Le producteur a reçu de nombreux coups de téléphone de fermes et de distributeurs originaires de nombreux territoires français. «Un pizzaiolo s'est même mis à faire des pizzas au neufchâtel», a-t-il relaté devant les caméras de TF1. «Je pensais que j'étais seulement capable de suivre ce que mes parents m'avaient appris. Maintenant, on sait s'adapter, on sait qu'on va pouvoir trouver des solutions en cas de problème», a-t-il poursuivi.

    Même son de cloche du côté de Matthias Canto, éleveur de races à viande de la région de Rennes. Comme le rapporte 20 Minutes, il était présent lors de l’action des Jeunes agriculteurs de Jimmy Guérin. De la vente aux acteurs industriels comme Jean-Rozé ou Bigard, il est passé à la livraison en direct aux marchés et bouchers locaux. «Je m’en tire avec 5 euros du kilo. Avant, j’étais à 4 euros. Vous imaginez la différence sur une bête de 400 kilos», se félicite-t-il.

    Les militants écologistes «ne connaissent ni l’agriculture ni nos métiers»

    Si les négociations de prix restent un des plus importants chevaux de bataille des agriculteurs, ce n’est pas le seul, comme le souligne Jean-Louis Ogier:

     

    «Les écolos bobos sont notre plus gros problème. Ils ressortent sans cesse des alinéas d’arrêtés afin de nous poser des problèmes. C’est n’importe quoi. Si l’on continue comme cela, on ne pourra bientôt plus travailler.»

     

    De très nombreux agriculteurs et syndicats dénoncent depuis plusieurs années un véritable «agribashing». Ils crient leur colère face à ce qu’ils considèrent comme un manque de reconnaissance. Groupe de défense des loups, militants vegans et anti-pesticides, ils sont nombreux à s’en prendre régulièrement aux agriculteurs et éleveurs français.

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    Des dizaines d’intrusions dans des exploitations sont répertoriées chaque année. «Le bilan 2019 des atteintes aux biens commises au préjudice du monde agricole affiche une hausse de +1,5 % (+216 faits) pour un total de 14.498 faits enregistrés (deux atteintes chaque heure)», détaille le ministère de l’Intérieur. Le 10 septembre 2019, des millions de Français découvraient ces «agriculteurs traumatisés et en colère» grâce à un reportage diffusé lors du 20 heures de Gilles Bouleau sur TF1. 

    Le gouvernement a décidé de réagir. Le ministère de l’Intérieur présentait le 13 décembre 2019 la cellule Demeter, du nom de la déesse grecque de l’Agriculture. Le but de cette instance composée de gendarmes? Le «suivi des atteintes au monde agricole».

    D’après Jean-Louis Ogier, il y avait urgence:

     

    «Si l’on continue d’embêter les paysans, qui sont déjà de moins en moins nombreux, l’agriculture risque de se retrouver en sous-production. Le danger est là.»

     

    Selon l’agriculteur, les militants écologistes «ne connaissent ni l’agriculture ni nos métiers». «Quand je suis sorti de l’école dans les années 1960, les désherbants n’existaient pas. À peine les expérimentait-on dans certains coins. On faisait tout à la main. Mais il y avait beaucoup de main-d’œuvre. C’est très loin d’être le cas aujourd’hui.»

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    L’animosité entre écologistes et agriculteurs ne date pas d’hier. Mais elle semble avoir franchi un cap ces dernières années. En mai 2019, la Frapna Drôme, une branche locale de France nature environnement (FNE), recevait «sa première menace de mort en plus de quarante ans d’existence», rapporte Le Monde. Un message qui évoquait «des balles à sangliers pour les loups et les amis des loups».

    Jean-Louis Ogier s’inquiète de ce climat délétère. Ira-t-on vers des affrontements violents?

     

    «Je ne veux pas m’aventurer là-dessus, mais on ne sait pas comment les agriculteurs vont réagir, ni comment ces écolos bobos rêveurs le feront», rétorque le responsable de la section fruits et légumes de la CR.

     

    Il n’est en tout cas pas optimiste pour l’avenir de la profession, gangrenée par un taux de suicides supérieur de 12,62% au reste de la population: 

     

    «Je plains les jeunes qui vont se lancer dans l’agriculture. Quand je vois les masses d’argent nécessaires pour faire tourner une exploitation, je me dis que c’est impossible avec les prix que l’on nous propose.»

    Source : https://fr.sputniknews.com/

  • SOLIDARITÉ KOSOVO !... : COMMENT NOUS AVONS FINI L’ANNÉE 2020 AU KOSOVO-MÉTOCHIE, MALGRÉ LE COVID…

    Site officiel : Solidarité Kosovo

    lafautearousseau "aime" et vous invite à "aimer" la page facebook Solidarité Kosovo :

    https://www.facebook.com/solidarite.kosovo/

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    COMMENT NOUS AVONS FINI L’ANNÉE 2020 AU KOSOVO-MÉTOCHIE, MALGRÉ LE COVID…

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    Le 3 janvier vers midi, un message s’affiche sur le groupe WhatsApp appelé « SK – convoi 2020 » : « Bien arrivé, merci pour tout, à l’année prochaine ! » C’est le dernier volontaire français qui vient d’arriver chez lui, après 3 jours de voyage depuis le Kosovo, marquant ainsi la fin de ce 17e convoi de Noël.

    Dimanche matin 27 décembre, Annecy, 9h. Le 17e convoi de Solidarité Kosovo s’élance, pile à l’heure prévue. En soi, c’est déjà une victoire pour les volontaires qui entament le voyage qui les mènera, dans deux jours, au Kosovo-Métochie. Une victoire sur cette année désastreuse, une victoire sur l’incertitude qui, depuis plusieurs semaine, pesait sur eux.

    En effet, s’il était évident pour tout le monde que ce 17e convoi aurait bien lieu de toute façon, nul n’aurait pu affirmer jusqu’à la veille de son départ qu’il aurait bien lieu à l’époque habituelle et d’une façon relativement semblable aux années précédentes.

    La veille de Noël, le convoi devait encore s’élancer de Paris ; finalement, il a fallu changer tous les plans après que le loueur de fourgons annonce qu’en fait ils n’auraient pas de véhicule équipé de pneus-neige à nous confier… Et chacun d’avancer en urgence son départ pour pouvoir être à Annecy plutôt qu’à Paris le dimanche au matin. Mais les volontaires qui se sont retrouvés le samedi soir dans un hôtel d’Annecy — après déjà une journée de voyage pour certains — n’étaient même pas tous certains de partir : leur participation à ce convoi dépendait des résultats du test PCR effectué la veille — parfois au prix de longues heures d’attente dans des centres de test parfois bondés, malgré les rendez-vous pris longtemps à l’avance — et indispensable pour franchir les frontières du Kosovo.

    Les messages se succèdent : « Test négatif ! »

    Ces résultats, certains l’ont reçu dès l’après-midi du samedi, qui immédiatement envoyaient sur le groupe WhatsApp dédié au convoi un victorieux « Test négatif ! » ; mais à 8 h 45 au matin du départ, deux d’entre nous les attendaient encore, avec une certaine appréhension : un résultat positif aurait signifié qu’ils devraient regarder le fourgon partir d’Annecy et reprendre un train vers chez eux. Finalement, à quelques minutes d’écart, ces derniers résultats sont arrivés, négatifs eux aussi. Le convoi pouvait donc réellement commencer.

     

    Pendant deux jours, nous traversons en camion l’Italie, la Slovénie, la Croatie et la Serbie.

    Mardi soir, 19 h. Après deux jours de trajet à travers l’Italie, la Slovénie, la Croatie et la Serbie, les volontaires français retrouvent les volontaires serbes au pied de la croix qui marque la sortie de la partie Nord du Kosovo, majoritairement serbe. Nous roulons en convoi jusqu’à Gracanica. Les retrouvailles sont chaleureuses, les nouveaux — Français comme Serbes — sont rapidement présentés et intégrés comme s’ils avaient toujours fait partie de la famille.

    En un instant, on oublie, les deux jours de voyage en fourgon, les muscles engourdis par l’inactivité, la nuit trop rapide à Belgrade. On oublie l’incertitude des jours précédant le départ, l’attente des résultats des tests, l’inquiétude au passage de la frontière et lors de chacun des trois contrôles de police qui ont suivi l’entrée au Kosovo. On oublie enfin l’incertitude qui plane sur les jours qui viennent. On profite de l’instant, de ces retrouvailles, de cette amitié qui grandit année après année, peu à peu. On profite ensemble d’un dîner copieux, puis chacun va se coucher : il est déjà tard et le premier jour de distributions sera chargé. Avant de nous coucher, nous apprenons qu’un humanitaire serbe de Bosnie a été arrêté à la douane quelques heures avant notre passage et refoulé, comme Arnaud Gouillon l’a été il y a deux ans. Nous sommes encore passés… pour combien de temps ?

    Mercredi matin, 1er jour. Le ciel de Gracanica est couvert de moutons teints de rose par le soleil levant. Un bien bel accueil qui fait oublier le réveil matinal après une nouvelle nuit trop courte. Nous nous retrouvons tous devant l’entrepôt de Solidarité Kosovo, dans l’enceinte du monastère de Gracanica. Aujourd’hui, nous partons dans la région de Kamenica, à l’est du Kosovo, près de la frontière avec la Serbie centrale. Nous y livrerons des vaches et des moutons et distribuerons cadeaux et vêtements aux enfants de plusieurs villages. La journée commence par une grande opération de tri de ce qui a été déposé dans l’entrepôt il y a quelques jours. Un travail fastidieux mais indispensable pour que les distributions se passent rapidement et efficacement. Les anciens reprennent leurs marques, les nouveaux prennent les leurs. Ce premier test est concluant : cette équipe est efficace et soudée, le reste du convoi le prouvera.

    Dans les ruines d’un monastère, rêver d’un avenir meilleur

    Pour se rendre à Kamenica, on passe par les montagnes de la région de Novo Brdo, que les anciens connaissent bien. Malgré l’absence totale de neige, on reconnaît des endroits déjà visités les années passées ; des souvenirs remontent, sont racontés, complétés, affinés. La joie d’être enfin à pied d’œuvre est palpable. Puis on dépasse Novo Brdo et on s’enfonce dans l’inconnu. Au détour d’une montagne apparaît soudain la vallée où repose la ville de Kamenica.

    Les gens de cette région difficile et isolée sont taiseux et fiers. Le contact est difficile, d’autant plus que nous portons tous le masque : il est hors de question que nous apportions le virus à ces gens fragilisés par la pauvreté, l’isolement et le manque de soins. Peu importe : nous sourions sans arrêt sous les masques, en espérant que nos yeux parlent assez pour nous. Partout nous sommes marqués par la pauvreté des gens que nous rencontrons. Cette école dont nous retrouvons, malgré les vacances, les élèves pour une distribution sera sans contestation possible le bâtiment le plus propre que nous verrons : elle a été rénovée il y a deux ans par Solidarité Kosovo, dans le cadre de sa campagne d’hiver.

    Partout ailleurs, les maisons sont visiblement vieilles et usées. Nous visitons d’abord les familles nombreuses, qui ont particulièrement besoin de notre soutien. Nous sommes à chaque fois frappés par la détermination qui émane de ces couples qui, entourés de leurs enfants, nous accueillent avec un mélange de joie de nous voir et de gêne de devoir accepter notre aide.

    Entre deux distributions, le Père Serdjan arrête le convoi sur un chemin de terre, au beau milieu de nulle part. Nous sortons des fourgons, curieux de connaître la raison de cet arrêt insolite. Nous la découvrons au sommet d’une petite colline : les ruines d’un monastère y accueillent les corbeaux au milieu d’un paysage sublime. En parcourant le site, on finit par pouvoir deviner la magnificence passée de ce monastère, qui accueillait notamment un orphelinat.

    Dans ce qui était autrefois le chœur de l’église, à l’endroit de l’autel, le Père Serdjan nous raconte l’histoire de ce monastère, ravagé par les Ottomans peu après la bataille de Kosovo Polje, en 1389. Il nous raconte aussi les difficultés que rencontre l’Église serbe à chaque fois qu’elle essaie de faire des démarches pour pouvoir faire revenir des moines pour rénover ce monastère. « Nous voulons revenir ici avant que des Albanais décident soit de raser ce qui reste — comme ils l’ont fait sur le site de la forteresse de Kamenica juste après que des archéologues y ont retrouvé des preuves indéniables de son passé serbe —, soit de prétendre que ce monastère a toujours été albanais. » Malgré les pressions diverses, malgré les obstacles dressés sur ce chemin, le projet avance… Peut-être aurons-nous bientôt l’occasion d’aider à reconstruire le monastère de Rdjavac ?

    À Novo Brdo, entre enfer et paradis

    De distribution en distribution, la journée passe vite et la nuit commence déjà à tomber quand nous repartons vers Gracanica. Après plus d’une heure de route, nous arrivons au monastère, où la journée n’est pas finie : il faut à nouveau remplir les cartons vidés pendant la journée et charger les fourgons pour le lendemain. Nous chargeons aussi quelques poêles à bois dans le plus gros fourgon du bureau humanitaire : il faudra les livrer demain, en plus des vaches, des moutons, des vêtements et des cadeaux de Noël. La journée du mercredi s’annonce donc bien chargée, et nous allons cette fois encore nous coucher sans tarder.

  • La Monarchie royale, garantie d'une transition démocratique apaisée ?, par Jean-Philippe Chauvin.

    La démocratie n’est pas toujours un long fleuve tranquille, et les récents événements survenus aux États-Unis autour et au sein même du Capitole en sont une preuve indéniable, du moins pour ceux qui cherchent le sens des choses plutôt que l’écume des seuls faits.

     jean philippe chauvin.jpgLa difficulté de M. Trump à accepter de quitter la Maison Blanche et les émeutes du 6 janvier (qui ressemblaient plus à un mouvement de colère qu’à une conjuration réfléchie) nous rappellent que la transition démocratique dépend aussi d’un contrat politique dans lequel la défaite est possible et le pouvoir issu de l’élection remis en cause à chaque nouvelle élection, deux éléments constitutifs des régimes démocratiques et, a priori, non négociables. Or, ces éléments doivent être intégrés autant par les dirigeants désignés par le suffrage (appartenant au « pays légal » sans en être toujours les véritables maîtres) que par les électeurs eux-mêmes (issus du « pays réel » sans en incarner toutes les dimensions et diversités). Dans le récent cas états-unien, c’est l’ancien président qui, bien que défait par le suffrage de façon assez nette (malgré les fraudes possibles, qui semblent néanmoins s’équilibrer de part et d’autre), a brisé le consensus autour de la nécessaire acceptation du sort des urnes, laissant souffler l’esprit de suspicion sur l’ensemble du scrutin et risquant de ruiner ses possibles chances d’un nouveau mandat dans quatre ans, tout en donnant raison à ceux de ses détracteurs qui, pour certains d’entre eux, avaient jadis contesté le résultat de novembre 2016 favorable à M. Trump. Bien sûr, la déception devant un résultat qui ne correspond ni à vos attentes ni à ce qui semblait promis par les sondages dans certains cas (Mme Clinton avait remporté tous les sondages sans emporter les suffrages suffisants…) peut entraîner des réactions d’émotion que la raison recouvre généralement le lendemain. Dans le cas de M. Trump, l’émotion est restée intacte jusqu’au 6 janvier, au point de menacer la transition démocratique et de fragiliser durablement ce processus et ce consensus d’acceptation parmi la population des États-Unis qui, désormais, seront peut-être moins certains lors des prochains scrutins.

     

    Ce qui est vrai aux États-Unis peut-il l’être en France, aujourd’hui profondément déchirée entre des camps qui, depuis la révolte des Gilets jaunes, ne se parlent plus et se côtoient à peine et, en tout cas, ne se comprennent pas, leur langage et leurs principes étant de moins en moins communs ? Un indice inquiète : lorsqu’un sondage de la semaine dernière a placé Mme Le Pen à courte distance de la victoire à la prochaine présidentielle de 2022, les réactions (beaucoup moins nombreuses qu’attendues, au regard de ce qu’avait déclenché la qualification de M. Le Pen père en avril 2002) n’ont guère rassuré les tenants de la légitimité démocratique, nombre de citoyens (en particulier fonctionnaires d’État) annonçant qu’ils ne se soumettraient pas à un tel résultat et qu’ils entreraient en résistance active, sans que l’on sache exactement jusqu’où cette résistance autoproclamée pourrait aller… Le même discours est régulièrement tenu par nombre d’artistes, prêts à s’exiler d’une France « lepeniste » tel Victor Hugo se réfugiant à Guernesey pour ne pas avoir à saluer le nouvel empereur issu à la fois de l’élection (1) et, plus tard, du plébiscite démocratique à défaut d’être très régulier (2) ! L’on semble oublier que, lors de l’élection de Nicolas Sarkozy au poste suprême en mai 2007, de nombreuses grandes villes avaient assisté à des manifestations de protestation et de non-reconnaissance du résultat du scrutin, avec quelques dégâts à la clé, et que, après celle de François Hollande, un mouvement « Hollande n’est pas mon président » avait rapidement émergé et fait florès au cœur des manifestations hostiles au mariage homosexuel avant que de muer, avec une base élargie dès l’automne 2018 par le mouvement des Gilets jaunes, en mouvement « anti-Macron ».

     

    Ce mouvement n’est sans doute pas inédit au regard de l’histoire de la démocratie en France, mais il semble prendre, depuis quelques temps, une ampleur nouvelle, au risque de fragiliser, non seulement les bases de la démocratie elle-même, mais aussi et surtout toute possibilité d’une transition paisible d’un président à un autre, la minorité électorale se sentant lésée et non plus seulement perdante « à la régulière ». Or, la démocratie et toute vie politique équilibrée nécessitent une reconnaissance de la défaite comme de la victoire, non pour s’en féliciter forcément (en particulier dans le premier cas…), mais pour permettre la possibilité d’une « revanche » (non pas dans le sens d’une vengeance mais, au contraire, d’une alternance ou, mieux, d’une alternative qui puisse satisfaire le camp du vainqueur sans humilier inutilement le camp du vaincu). Vaille que vaille, c’est ce modèle qui prédomine en France sous la Cinquième République, et il faut s’en féliciter, en particulier en tant que royaliste attaché à l’unité du pays et au concert des libertés. Ce qui ne signifie pas qu’il faille s’en contenter, bien évidemment !

     

    Mais les remises en cause contemporaines de la légitimité démocratique doivent inciter à réfléchir aux meilleurs moyens (3) d’assurer une transition politique entre deux parties différentes (au regard de leurs propositions et pratiques institutionnelles, économiques ou sociales) de la nation sans menacer l’ordre et l’unité du pays. La virulence des débats dans la Cinquième République, virulence qui n’est pas toujours une mauvaise chose si la passion alimente la vie politique sans la détruire, s’explique aussi et peut-être principalement par la volonté de conquérir la « première place », ce faîte de l’État qui, dans une République centralisée comme la française et « monocratique » (certains diraient « monarchique ») comme la Cinquième, est parée de tous les attributs du prestige et de la puissance et, donc, attire toutes les convoitises et, parfois, les prédations… En libérant la « première place », cette magistrature suprême de l’État aujourd’hui livrée au Suffrage et à cet éternel combat des chefs qui transforme la vie politique en une « présidentielle permanente », la Monarchie royale remet les ambitions au niveau inférieur mais aussi nombre de pouvoirs indûment détenus par l’État (aujourd’hui trop envahissant) aux collectivités locales, professionnelles ou universitaires, ce que l’on pourrait nommer « les républiques françaises ». En fait, la Monarchie assure à la fois la continuité (voire la perpétuité) de l’État « par le haut » sans empêcher les transitions démocratiques entre des gouvernants d’obédiences différentes, voire adverses : le Royaume-Uni, au-delà de ce qui peut séparer son régime monarchique de celui, éventuel, de la France, montre bien tout l’intérêt de cette magistrature suprême qui ne doit rien aux querelles politiciennes et les surplombe sans renoncer à ce qu’elle est historiquement et traditionnellement, capable d’écouter et, dans le secret du salon royal, de conseiller le chef du gouvernement en exercice. Si la Monarchie royale « à la française » accorde plus de pouvoirs au souverain, elle n’en reste pas moins, une fois instaurée et enracinée (4), ce système institutionnel qui permet la continuité et l’arbitrage, ce trait d’union permanent entre les gouvernements qui se succèdent et les générations qui se suivent, sans empiéter sur les libertés « à la base » qui, garanties sans être livrées à elles-mêmes, assurent la libre circulation et l’équitable confrontation des idées…

     

    Notes : (1) : Louis-Napoléon Bonaparte a été élu à la première élection présidentielle au suffrage universel masculin, en décembre 1848.

     

    (2) : Après son coup d’État du 2 décembre 1851, le président « putschiste » l’a fait approuver par un plébiscite (nom ancien du référendum) qui a eu lieu du 14 au 21 décembre 1851, et qui l’a confirmé électoralement.

     

    (3) : « Meilleurs » ne signifiant pas forcément « parfaits », la logique humaine étant parfois bien éloignée de la notion de perfection…

     

    (4) : Le grand enjeu d’une instauration monarchique prochaine sera de réussir à s’établir et à s’enraciner, et il y faudra sans doute deux à trois générations de monarques (la durée de chacune pouvant varier sous l’effet de nombreux facteurs) pour s’assurer d’une continuité « perpétuelle ». Les échecs précédents, sur ce point particulier, de la Restauration et de la Monarchie de Juillet, tout comme le succès de la Cinquième République depuis le général de Gaulle, doivent servir de leçons et permettre d’envisager la suite avec humilité mais sans crainte pour qui saura appliquer un sage empirisme organisateur…

    Source : https://jpchauvin.typepad.fr/

  • Duhamel : un zeste de gauche caviar, par Gabriel Robin.

    L’histoire de la gauche germanoprantine débuta comme un film de La Nouvelle Vague. Elle s’achève à la manière d’un drame social des frères Dardenne ou du Festen de Thomas Vinterberg. De la pédophilie glauque des prolétaires d’Outreau à celle justifiée par les considérations psychosociales pseudo-scientifique des libertaires chics des beaux quartiers parisiens, il n’y a qu’un carnet de chèques et un carnet d’adresse pour faire office de ligne de démarcation. Les écuries d’Augias étaient-elles plus propres que les arcanes des élites républicaines contemporaines ?

    2.jpgFille de Bernard Kouchner et d’Evelyne Pisier, l’avocate Camille Kouchner a décidé de tout dire, de tout balancer sur sa « Familia grande » incestueuse, sur les liens qui unissent cette mafia rose donneuse de leçons devant l’éternel. Tout, tout, tout, nous saurons tout sur leurs fêtes somptueuses à Sanary-sur-Mer, sur leur concupiscence bravache, sur leur méchanceté intrinsèque, leur arrogance de puissants à qui rien ne résiste, si bien en cour qu’ils savent que la justice des hommes ne s’appliquera pas à eux de leur vivant. Mais les temps ont changé. L’hédonisme pervers des dominants n’est plus à la page. Ils ne trouveront pas d’avocats médiatiques pour les défendre, à l’image de Roman Polanski qui avait pu compter sur le soutien du ministre des Affaires étrangères Bernard Kouchner en 2009, lequel demanda très officiellement à son homologue américaine Clinton l’arrêt des poursuites contre le cinéaste polonais accusé de viol par une victime qui était âgée de 13 ans au moment des effets.

     

    L’hédonisme pervers des dominants n’est plus à la page. Ils ne trouveront pas d’avocats médiatiques pour les défendre, à l’image de Roman Polanski qui avait pu compter sur le soutien du ministre des Affaires étrangères Bernard Kouchner en 2009, lequel demanda très officiellement à son homologue américaine Clinton l’arrêt des poursuites contre le cinéaste polonais accusé de viol par une victime qui était âgée de 13 ans au moment des effets

     

    Treize ans, c’est l’âge auquel le jeune fils de Bernard Kouchner a commencé à être « initié » aux déplaisirs de la chair (qu’on devine triste et flasque) par son beau-père, le très respecté constitutionnaliste et politiste socialiste Olivier Duhamel. La nuit, quand le reste de la maisonnée dormait, monsieur Duhamel allait se glisser sous les draps du jumeau de Camille Kouchner pour faire ses sales petites affaires. « C’était une autre époque », diront les salauds. « Il y a prescription des faits », diront les relativistes. Est-il trop tard pour parler ? Est-il trop tard pour rendre justice ? Non. Trois fois non. Il n’est jamais trop tard pour prendre conscience que nous sommes gouvernés par une élite incestueuse qui se croit au-dessus de la morale, qui nous méprise, qui s’arroge tous les postes de pouvoir. La pédophilie d’Olivier Duhamel doit d’abord s’analyser de la sorte : c’est un acte de domination, de possession sur un être plus faible. Il voyait le jumeau de Camille comme lui et ses amis voient la France : un objet de désir devant se soumettre à leur volonté.

    Ariane Chemin décrit parfaitement l’ambiance qui régnait dans ce petit milieu où tout le monde se connaît, où les femmes des uns épousent les autres quelques années plus tard. Un cercle d’initiés ouvrant à des carrières peu risquées, puisqu’on passe d’un poste de ministre à un poste de président d’association en moins de temps qu’il n’en faut pour le dire. Olivier Duhamel succéda ainsi directement à Bernard Kouchner au Parlement européen en 1997, quand le bel humanitaire au regard d’aigle eut envie de faire autre chose. Facile, très facile la vie de ces gens-là. Plus difficile, en revanche, pour les cœurs sensibles des enfants que leur père gavait de somnifères afin d’avoir la paix et de recevoir tranquillement ses amis du Parti socialiste et que leur belle-mère ne supportait pas, leur intimant le silence quand ils avaient le malheur de jouer à des jeux d’enfants.

    Lire aussi : Bertrand Galichon : « Le vaccin vaut toujours mieux qu’un confinement »

    Les enfants sont déjà des adultes pour cette gauche post soixante-huitarde aux velléités émancipatrices. Ils participent aux soirées des adultes qui se baignent nus dans la grande piscine de la « maison secondaire » (oui, la maison annexe de la maison de vacances), qui s’embrassent goulûment à pleine bouche, se font du pied sous les tables, devisent sur le monde et la France qu’ils se partagent entre deux verres de Bandol et quelques toasts. Il se dit qu’il arrivait parfois qu’on roule des patins à des adolescentes, exposées nues dans de grandes photographies placées sur les murs. C’est de l’art. Cette liberté sexuelle et morale est pour eux la conséquence directe de leur statut social. La France n’a pas aboli les privilèges, elle a simplement changé le casting. Olivier Duhamel a épousé l’ex-femme de Bernard Kouchner, elle-même la sœur de l’actrice Marie-France Pisier qui était l’épouse de Thierry Funck-Brentano… cousin germain du premier nommé. Tous fils et filles de, jet-setteurs n’ayant jamais manqué de rien. La belle Marie-France Pisier retrouvée suicidée attachée à une chaise en fer forgé au fond d’une piscine.

    Mise au courant des actes pédophiles de son beau-frère, elle demanda à sa sœur féministe de mettre un terme à cette relation et tout révéler. Elle n’en fit rien, arguant que son fils « n’avait pas été sodomisé » et qu’une fellation ça n’était pas « grand-chose ». Marie-France Pisier se doutait-elle que des centaines de personnes – selon Ariane Chemin – avaient eu vent de ces petits secrets sordides à Paris ? Qu’il n’était pas venu à l’idée d’un seul d’entre eux de dénoncer les crimes ? Et pour cause, Olivier Duhamel était même nommé président du cercle parisien le plus élitiste en janvier dernier. De son nom « Le Siècle », cette fondation concentre à elle-seule toute l’élite du pays. Christine Ockrent et Bernard Kouchner y ont d’ailleurs leurs ronds de serviette.

     

    Cette liberté sexuelle et morale est pour eux la conséquence directe de leur statut social. La France n’a pas aboli les privilèges, elle a simplement changé le casting

     

    Olivier Duhamel a aussi fondé l’association « Culture et Diversité » avec Marc Ladreit de Lacharrière, dont le fils a été condamné à deux reprises pour détention et diffusion d’images pédopornographiques dans l’indifférence générale – ou, peut-être, avec le concours de la communicante Mimi Marchand, à en croire ses biographes -. Ce sont ces gens, tous ces gens qui ont passé leur vie à humilier le petit qui votait Le Pen, à justifier les délocalisations d’usines, à nous expliquer doctement que nous étions des monstres froids d’égoïsme parce que nous étions réfractaires à l’immigration, des moralistes benêts quand nous restions fidèles aux valeurs familiales traditionnelles. Cette « grande famille » est une mafia.

     

    Source : https://lincorrect.org/

  • Inexprimable exception Culture : les nombres contre l’art, par Natacha Polony.

    Bande à part, 1964, Jean Luc Godard
    © Anouchka films / Orsay films / Collection Christophe L 

    La crise sanitaire nous a privés de la rencontre "charnelle" avec l'art. Mais au royaume de la performance, l'efficacité s'était déjà invitée en vedette dans le monde de la création. Au détriment de l'émotion.

    6.jpgSavons-nous réellement ce qui nous manque quand les théâtres, les musées, les cinémas sont fermés, quand les concerts et les expositions sont annulés ? Sommes-nous seulement persuadés que quelque chose nous manque ? Il est significatif que, plusieurs fois au cours de cette pandémie, les discours politiques aient oublié ce pan de notre vie commune, alors même qu’il représente aussi ce qui devrait intéresser nos pragmatiques décideurs : des emplois et une production de richesses. La culture est désormais une industrie, qui en croise d’autres puisqu’une visite de château ou d’église, avec ses panneaux explicatifs et ses animations pour enfants, relève davantage du tourisme que de la démarche culturelle.

    Et tel est le piège. Une industrie peut se moderniser. S’adapter aux conditions nouvelles de production. Les cinémas sont fermés ? Netflix et Amazon produisent des œuvres originales que chacun pourra regarder dans son coin. Et le théâtre, ça se filme. Les concerts aussi. On peut même visiter des musées grâce à Google Arts… S’il s’agit de se changer les idées, on trouvera bien d’autres moyens.

    Tout le monde perçoit pourtant que le passage au virtuel nous prive d’une dimension essentielle. Le partage avec les autres, diront certains. Ou la culture comme élément du « vivre-ensemble »… Du film de super-héros, avalé dans un multiplex en même temps que le pop-corn et après le fast-food, jusqu’au petit festival local d’arts de rue avec échassiers et jongleurs, il n’y aurait qu’un vague continuum fait d’« émotions partagées ».

    Expérience individuelle et collective

    Mais si une pièce de théâtre ou un concert doivent se vivre en direct, face aux artistes, et un film se voir sur grand écran dans une salle obscure, sans interruption possible pour aller se chercher un verre en cuisine ou ouvrir la porte au chien, ce n’est pas seulement parce que cela contribuerait à souder une communauté dont les membres considèrent de plus en plus qu’ils n’ont rien à faire ensemble que consommer. Cette façon de réduire l’art et la culture à des instruments d’une politique sociale, des prétextes, est la négation même de l’art.

    Le spectacle vivant est une expérience à la fois individuelle et collective dont la matérialité, à travers les vibrations, l’émotion commune du public, est le cœur même. C’est cette dimension charnelle qui nous renvoie à notre humanité commune et permet à l’artiste de nous donner à ressentir cette vision qu’il a traduite en notes, en mots, en lumières. Et la nature même de ce spectacle est de constituer un vécu, par essence unique, fruit de la rencontre entre ces spectateurs et ces artistes qui ne redonneront jamais le même spectacle. Il nous reste, bien sûr, l’émotion d’un livre, d’un morceau de musique écouté seul. Mais même un tableau ne s’admire pas dans un ouvrage ou sur un écran. Il faut en percevoir l’ampleur, et les traces du pinceau. De même qu’un livre n’est pas seulement l’histoire qu’il raconte, un tableau n’est pas seulement l’image qu’il donne à voir mais la façon dont le peintre a utilisé la matière de sa peinture pour transcrire sa vision. L’émotion esthétique est un bouleversement du corps.

    Inexprimable exception

    Ne soyons pourtant pas naïfs ou hypocrites. Ce n’est pas le coronavirus qui porte le plus grand coup à la culture au sens où l’on voudrait entendre ce mot, c’est-à-dire à tout ce qui nous nourrit en tant qu’êtres humains et nous arrache à notre condition d’animaux condamnés à la survie. Encore faut-il justement s’accorder sur les mots. Dans un monde où les « espaces culturels » désignent ces zones d’un supermarché où l’on achète des livres consommables, des jeux vidéo et tout ce que l’industrie du divertissement met à disposition de nos cerveaux fatigués. Dans Roue libre passionnant florilège de ses chroniques dans la Croix et publié chez Flammarion, Cécile Guilbert cite Jean-Luc Godard : « Il y a la culture, qui est la règle, et il y a l’exception, qui est de l’art. Tous disent la règle – ordinateurs, tee-shirts, télévision. Personne ne dit l’exception. Cela ne se dit pas, cela s’écrit – Flaubert, Dostoïevski ; cela se compose – Gershwin, Mozart ; cela se peint – Cézanne, Vermeer ; cela s’enregistre – Antonioni, Vigo. Ou cela se vit, et c’est alors l’art de vivre. Il est de la règle de vouloir la mort de l’exception. »

    Dans notre monde où tout est devenu culture, ce qui signifie que la « culture de masse » au sens où l’entendait l’historien Christopher Lasch a éradiqué les formes authentiques de la culture populaire (on serait presque étonné qu’en subsistent quelques traces extraordinaires, comme ces joutes d’improvisation poétique en langue basque, qui attirent quantité de jeunes gens), l’art se trouve désormais écartelé entre les formes industrielles du divertissement et l’instrumentalisation pour servir toutes les causes les plus nobles et les plus « inclusives », et rééduquer les masses rétives. Le coronavirus est-il plus efficace pour détruire toute forme d’émotion esthétique que ce mélange de négation même de l’esthétique et de moralisme complaisant qui constitue le dogme de l’époque ?

     

    La démocratisation de la culture, programme politique de chaque gouvernement depuis qu’existe un ministère dédié, est un échec tragique. 

     

    Le plus vertigineux est sans doute la destruction systématique par tous les outils idéologiques et technologiques de la possibilité même d’accueillir l’œuvre d’art et de ressentir cette émotion qui nous fait y participer, en être partie intégrante. Car s’il existe quelque chose d’autre qu’on puisse appeler « culture » et qui ne soit pas de l’ordre de la simple habitude, du divertissement ou de la distinction, cela doit être une façon de nous acclimater à l’expérience esthétique, de nous ouvrir à ses différents langages. La démocratisation de la culture, programme politique de chaque gouvernement depuis qu’existe un ministère dédié, est un échec tragique. Le public des musées, comme celui des concerts classiques, est toujours le même, et, faute de se renouveler, il vieillit. Le constat est violent : nous sommes incapables d’ouvrir à l’art, au plaisir du beau et à l’admiration du patrimoine les générations de futurs citoyens. Le plaidoyer pour l’ouverture des librairies pendant le premier confinement avait d’ailleurs ce côté légèrement élitiste qui le rendait gênant : ceux qui voient les livres comme autre chose qu’un bien de consommation comme les autres ont a priori dans leur bibliothèque suffisamment d’ouvrages qui méritent d’être relus – parce que lire implique de lire une fois, deux fois, dix fois… – de sorte qu’on se demandait à qui, exactement, s’adressaient les proclamations sur le caractère essentiel des librairies.

    Il y a, bien sûr, dans la promesse de l’école républicaine, cette idée qu’elle doit, en plus d’apprendre à lire et à compter, donner accès aux œuvres, au patrimoine, à tout ce qui forme un héritage commun et qu’on peut appeler « culture ». Cette promesse s’est peu à peu abîmée, à mesure qu’on reléguait les savoirs au rôle de prétextes pour développer les « compétences » des futurs travailleurs. L’utilitarisme a envahi chaque strate de notre monde. La recherche d’efficacité, de performance, d’optimisation, est sans doute le plus mortel ennemi de l’art et de la culture. Le plus mortel ennemi de l’homme.

    Le miracle, heureusement, s’opère malgré tout, parce que l’homme est homme, et parce que l’émotion esthétique est bel et bien un besoin vital, autant que l’intuition que nous portons tous de notre humaine condition. Et ceux que tout éloignait de cette émotion y accèdent pourtant. Pas tous, et cela constitue un scandale qui devrait nous tenir éveillés. Mais en attendant, nous demander comment échapper à la mise en nombres du monde est sans doute la seule façon de défendre réellement cette culture que nous pleurons le temps de l’épidémie.

    Source : https://www.marianne.net/

  • Journalisme orwellien, par Michel Onfray.

    Lundi 19 avril, je reçois ce message d’un numéro inconnu. «Bonjour, Journaliste à Libé, je prépare le portrait de Sonia Mabrouk. C’est Johanna Luyssen qui m’a donné votre numéro. J’aurais aimé revenir quelques minutes avec vous sur vos interactions en plateau avec elle, et plus généralement vous donner l’occasion de lui répondre vu qu’elle vous cible ouvertement dans son dernier livre. Bien à vous, Guillaume Gendron.»

    michel onfray.jpgJe ne connais ni d’Ève ni d’Adam cette Johanna Luyssen, journaliste dans le même journal, son nom n’est pas dans mon agenda téléphonique et je n’ai pas souvenir de l’avoir jamais rencontrée. Mais passons.

    Ce texto dit clairement les choses: comme un sniper, Sonia Mabrouk me «cible» dans son livre et, généreux, amical, charitable, serviable, bienfaisant, le journal Libération, qui me couvre de boue régulièrement - et c’est tant mieux, leurs éloges me déprimeraient -, me donnerait l’occasion d’une vendetta bienvenue! Elle me «cible», Libé me propose de la tuer… C’est une bonne et belle conception du journalisme.

    Il se fait que Sonia Mabrouk fait partie des rares journalistes que je respecte car elle fait un travail remarquable et courageux à contre-courant des facilités qui permettent de faire carrière. Je suis allé sur La Chaîne parlementaire, c’était au temps où je n’y étais pas blacklisté, quand elle y travaillait. Mais je n’ai pas souvenir d’avoir participé à l’un de ses plateaux sur CNews depuis qu’elle y travaille, ni d’avoir été convié à l’une de ses matinales sur Europe 1. Ce qui me dispense de jugements flagorneurs. C’est une belle personne et c’est en même temps une journaliste comme on en rêve - juste et cultivée, travailleuse et informée, pertinente et efficace. Tenace aussi et ne lâchant pas qui pratique la langue de bois et ne veut pas répondre à ses questions, on l’a vu il y a peu avec Jack Lang ou la patronne de l’UNEF.

    Nous nous entendons bien et je la respecte en tout. Elle écrit en plus de bons livres.

    Étonné, je sollicite ma garde rapprochée à Front Populaire pour savoir en quoi consiste le coup de fusil que m’aurait destiné Sonia Mabrouk. Réactive, elle me donne l’information dans le quart d’heure. La voici:

    Dans ce livre, Insoumission française (éditions de l'Observatoire), au chapitre intitulé «Les islamo-compatibles» pages 82 et 83, on peut lire ceci: «Cette confrontation sur un même territoire a été théorisée par le célèbre anthropologue Claude Lévi-Strauss. Selon lui, de ce face-à-face résultera inévitablement une nouvelle civilisation. Mais laquelle? Depuis quelques années, le philosophe Michel Onfray annonce avec constance et sans en faire un drame la fin de la civilisation judéo-chrétienne. Drapé dans un manteau de noblesse tragi-romantique, il répète: «Le bateau coule, restez élégant. Mourez debout.» Lucidité supérieure ou défaitisme morbide? Le philosophe se place dans la peau d’un médecin pour livrer un diagnostic clinique de la situation. Sommes-nous alors condamnés à la disparition de la civilisation judéo-chrétienne? Sommes-nous condamnés à une confrontation sans merci entre deux civilisations dont il ne restera que des cendres? Comment conjurer un tel risque? Je milite pour ma part en faveur d’un rééquilibrage de la place des religions dans le strict respect des principes de laïcité. Une chrétienté davantage affirmée permettrait de contrecarrer l’offensive d’un Islam politique conquérant. Il faut bien se rendre compte que le danger n’est pas tant la force de l’Islam que la faiblesse pathologique du christianisme. Si la civilisation judéo-chrétienne se meurt, c’est avant tout faute de combattants au sens de défenseurs. Le salut de cette civilisation passera par une renaissance décomplexée de la chrétienté.» Et Sonia Mabrouk de citer mon Décadence. De Jésus à Ben Laden. Vie et mort de l’Occident, (Flammarion, 2017).

    Plus ciblé que ça, tu meurs, si je puis me permettre…

    Ce que je dis est vrai, rien n’est déformé, il n’est pas déshonorant de se retrouver «drapé dans un manteau de noblesse tragi-romantique», puisque c’est mon vêtement. J’y suis présenté comme un médecin qui diagnostique puis pronostique la fin de notre civilisation. Sonia Mabrouk manifeste son désaccord avec courtoisie et élégance, c’est bien dans son style, et fait savoir que, probablement croyante, de toute façon animée par une véritable spiritualité, elle croit quant à elle qu’il existe un remède à cette pathologie de la civilisation sous forme d’une renaissance portée par un christianisme décomplexé. Nous pourrions en débattre, car ce n’est bien sûr pas ma thèse, mais elle ne ressemble en rien à un ciblage de tireur qui veut tuer. Ce différend fournit juste l’occasion d’un débat, sûrement pas celle d’un pugilat ou d’un règlement de compte.

    Le texto du journaliste en appelle au plus bas en l’homme: la réactivité ressentimenteuse de qui, ciblé, réagirait illico en décrochant son téléphone pour se répandre lui aussi en poudre.

    Ce jeune homme me prend pour un perdreau de l’année…

    Dans les années 90 du siècle dernier, j’ai le souvenir d’un appel téléphonique de Jean Lebrun, un journaliste qui tenait alors l’antenne de France-Culture le matin. Il m’avait contacté pour me demander de réfléchir à la représentation du philosophe en tout - histoire, peinture, littérature, cinéma, poésie… J’avais sérieusement effectué des recherches et il m’avait rappelé plus tard pour m’enregistrer. J’avais donc déroulé mon topo : le philosophe chez Barrès et Guilloux, chez Poussin et Fromanger, chez Lucrèce et La Fontaine, etc. On enregistre ; puis, sous la forme d’un faux repentir mielleux sinon fielleux, le catho de gauche ajoute: «quelle image associez-vous au philosophe?» ; je réponds: «Nietzsche, seul, marchant autour du lac, à Sils Maria, habité et requis par ses intuitions philosophiques.» «Bon très bien» me dit-il avant d’ajouter: «ah oui… et que pensez-vous de BHL?» J’étais à l’époque auteur Grasset et j’aurais estimé inélégant de critiquer ce personnage en publiant dans la même maison. Il n’eut pas, lui, de ces élégances et me cibla un jour dans Le Point lors de la parution de mon Freud. Il ouvrit des hostilités qui m’ont rendu ma liberté. J’ai alors dit qu’au-delà de ses chemises blanches, il avait contribué à restaurer la ligne claire en philosophie dans un temps de sabir structuraliste. «Très bien me dit-il, ça ira, ce sera diffusé demain matin.»

    Le lendemain, à sept heures, dans ma voiture pour Caen où je donnais mon cours une heure plus tard, j’entendis sur France-Culture Jean Lebrun annoncer que l’heure était consacrée à BHL. Vers 7h30, il annonça: «Nous avons demandé à votre ami (sic) Michel Onfray ce qu’il pensait de vous.» C’est bien sûr la seule chose qui fut diffusée de tout le travail qu’on m’avait sciemment demandé de faire en vain.

    Depuis, je sais ce qu’est un journaliste.

    Sonia Mabrouk ne mange pas de ce pain-là.

    Michel Onfray

    (Note de la rédaction de Front Populaire : "Le journal Libération n’est pas à son premier coup au-dessous de la ceinture concernant Front Populaire. Alors que notre revue n’était pas encore sous presse, en mai dernier, ce journal, sous la plume de Laurent Joffrin, parlait sans en avoir lu une ligne de «dérives d’extrême droite» et nous comparait à Marcel Déat et Jacques Doriot, deux collaborateurs dont on rappellera que l’un porta l’uniforme nazi et l’autre travailla activement à Vichy puis à Sigmaringen avant d’être condamné à mort par contumace à la Libération. On saluera l’esprit de nuance! Libération n’a jamais ensuite cru utile de nourrir son «argumentaire». En revanche, une nouvelle attaque devait avoir lieu au sujet du succès de Front Populaire qui avait alors le tort d’avoir engrangé des abonnés et des lecteurs et donc - si on suit leur raisonnement - de ne rien couter aux finances publiques! Chacun sera libre d’apprécier qu’en revanche, et depuis des années, des dizaines de millions d’euros d’aides publiques ont été versées à ce quotidien, le journal ne pouvant vivre du seul désir de ses lecteurs.")

    Source : https://michelonfray.com/

  • Entre souveraineté protectionniste et mondialisme, que va devenir la France ? par Jean-Patrick Grumberg.

    Sur Facebook, le commentateur politique Francis-Claude Neri a mentionné mon nom dans une réflexion intéressante, à laquelle je réponds.

    7.jpg« Entre une souveraineté protectionniste qui serait ingérable, une mondialisation dont beaucoup ont compris qu’elles nous pénalise, il y a urgence à trouver une autre voie, plus réaliste, mais aussi plus ambitieuse, écrit Neri. D’autres pays du sud de l’Europe [l’Italie ndlr] sont dans la même situation et cherchent des réponses. C’est sans doute avec eux qu’on pourra les trouver, parce que nous partageons une communauté d’histoire, de culture et d’environnement. »

    Cher Francis-Claude, merci de m’avoir mentionné dans votre commentaire, maintenant je suis obligé de réagir (humour ashkénaze).

    Je suis un homme simple, vous le savez, et je raisonne simplement. Vous parlez de trouver une autre voie. Honnêtement et respectueusement, je ne comprends pas ce que vous écrivez.

     

    Visiblement, la France a de sérieux problèmes. Mais pour les régler, encore faut-il les décrire, et cela n’est que le début : il faut ensuite réfléchir aux solutions possibles – il y en a souvent plusieurs.

    Quels sont les problèmes auxquels la France doit trouver des solutions ?

    • Vous avez trop d’Arabes et d’Africains arrogants et agressifs qui ont organisé des centaines de zones de non-droit, vivent selon les lois de l’islam incompatibles avec nos valeurs, et créent l’insécurité dans les villes, petites et grandes. Vous en avez aussi beaucoup qui ont adopté nos valeurs, sont ravis de vivre à l’Européenne, et contribuent à la société en bons citoyens.
    • Vous manquez de leaders intelligents, charismatiques, équipés de bonnes idées pour réparer et puis gérer le pays : il m’arrive, de loin, de les écouter, il n’y en a pas un pour sauver l’autre, c’est catastrophique. Ah ils parlent bien, ils ont de la répartie et ils savent vous en boucher un coin ou vous clouer le bec, mais au-delà du style, c’est tout du vent, tout du vide : ils sont bêtes.

      Vous ne possédez aucun dirigeant de la trempe d’un Donald Trump – ou même du niveau de ses 15 opposants à la primaire républicaine de 2016 – et il vous faut un Trump.

      Certains appellent (ou préviennent) qu’un régime autoritaire pourrait être la prochaine étape. Ca n’a pas de sens ! Un régime, autoritaire ou pas, ne vaut que par la qualité de celui qui détient l’autorité. Si les gens croient que des militaires sont capables de redresser un pays embourbé dans 50 ans de problèmes auxquels personne n’a osé toucher, ils se mettent le doigt dans l’œil jusqu’au coude ! Faute de formation adaptée, en l’absence totale d’expérience, les militaires, ils feront appel aux mêmes énarques qui inlassablement répètent les mêmes erreurs en croyant qu’elles produiront des résultats différents.
    • Les socialistes et les communistes, par syndicats et hauts fonctionnaires interposés, au travers des lois, des réglementations, de l’Education nationale, des médias et surtout des taxes, dévorent votre économie et empêchent vos entreprises de rester dans le peloton de tête.

      Ils vous ont fait croire que tout est de la faute de la mondialisation – sans jamais vous expliquer en quoi – et vous avez tout gobé : regardez la Suisse, regardez Israël, regardez Taiwan ou Singapour, ou le Texas. Ce sont des relativement petits pays, et ils ne sont pas victimes de cette soi-disant « mondialisation ». Pourquoi ? Parce que c’est le niveau de vos impôts et de vos réglementations qui vous appauvrit, pas la concurrence chinoise – sinon elle toucherait de plein fouet les plus petits pays que je cite, et qui sont des gagnants.
    • Votre problème n’est pas que les Chinois volent vos emplois, mais l’inverse : vous n’avez aucun emploi à leur offrir ! Je sais cela peut paraître paradoxal ou étrange ou contradictoire. Je vous explique :

      Vous n’avez pas d’Apple ou de Samsung ou d’Intel pour demander aux Chinois d’assembler vos produits et vous enrichir de leurs usines tournevis. Ce n’est pas la Chine qui s’enrichit avec les 25 dollars qu’elle est payée par iPhone, c’est Apple avec les 1000 dollars qu’il encaisse ! Mais vous n’avez pas d’Apple donc vous n’encaissez rien, vous payez. Un iPhone coûterait également 25 dollars à fabriquer en France, mais il faudrait ajouter 250 dollars d’impôts pompés par votre très gros Etat pour financer les services sociaux. Et vous n’avez ni la marque Apple, ni les Apple à fabriquer, seulement les Apple à acheter.
    • Votre Etat est beaucoup beaucoup trop gros. Il est gourmand et dominant. Tout a été inversé, et vous vous êtes retrouvés son esclave. Vous êtes à son service, vous le faites fonctionner, alors qu’un Etat, il est supposé être à votre service. Et il dépense beaucoup trop d’argent pour les autres des pays étrangers et pas assez chez vous.

      Votre Etat prend presque tout l’argent que les gens gagnent, et avec cet argent, il contrôle votre vie, vous nourrit, vous soigne, vous loge, vous protège contre vous-mêmes contre votre gré et assure vos vieux jours. Vous avez perdu votre autonomie au profit d’un Etat maman.

      Mais aucun Etat n’est capable de créer une organisation compétente et dynamique, c’est une machine inefficace, qui fait mille erreurs et gère n’importe comment. Cela n’existe pas, un Etat qui crée une organisation plus efficace qu’une entreprise privée bien gérée. Seul l’homme libre sait créer de bons services, jamais le fonctionnaire dont l’emploi est protégé quoi qu’il décide, et qui n’est pas motivé à chercher améliorer son produit et à économiser de l’argent par la même occasion. Un patron attentif réfléchit constamment à offrir mieux et plus. Un fonctionnaire réfléchit à sa 5e semaine de congés.
    • Le résultat de la mainmise socialiste, c’est que votre économie n’est pas entrée dans le troisième millénaire. Ayant raté le départ, le pays va s’appauvrir de plus en plus. Qu’un pays comme la France n’ait produit aucune entreprise nouvelle de renommée mondiale depuis 1980 est une chose tragique, et chaque français aurait dû s’en émouvoir au lieu de réclamer le maintien de ses avantages acquis.
    • Les Français n’ont plus le ressort pour faire des enfants. Plus assez d’argent, plus assez de temps, plus assez de confiance en leur avenir – ils ne pensent pas que la France qu’ils vont laisser à leurs enfants sera meilleure que celle que leurs parents leur ont laissée.
      Et si vous ne faites pas assez d’enfants, ce sont les immigrés qui vont vous noyer. Et vu l’état des pays d’où ils viennent, on peut dire sans prendre beaucoup de risque qu’ils ne sont pas les moteurs d’une économie vibrante, et encore moins des inventeurs : si ceux qui restent en Afrique sont les meilleurs (on accuse souvent les pays d’envoyer les pires), et bien vu le résultat, ils ne sont pas brillants, « les meilleurs ». Et si c’est l’inverse, on peut dire que s’ils se sont enfuis les jambes à leur cou au lieu d’améliorer et enrichir le pays où leur cœur est attaché, c’est qu’ils n’ont aucune idée de la façon de faire.

    Conclusion

    Je ne vois pas ce que la souveraineté et le mondialisme viennent faire dans tout ça. Je m’étonne que vous citiez l’Italie qui cherche des solutions, au lieu de la Suisse qui les a depuis plus d’un siècle et à qui il suffirait de demander conseil.

    A quoi ça sert d’être souverain si vos dirigeants sont incapables de prendre de bonnes décisions – et vous n’avez aucun politicien, même en fouillant bien chez les plus jeunes, qui comprend ce qui vous arrive (ils parlent politique, grandes idées et grands principes qu’ils définissent souvent de travers) et comment en sortir. Ils s’enivrent de mots et d’idées abstraites, critiquent l’une et encensent l’autre, alors que vos problèmes sont terre à terre, que les solutions existent, tout près de chez vous bandes de chanceux.

    Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Jean-Patrick Grumberg pour Dreuz.info.

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    Source : https://www.dreuz.info/

  • SOLIDARITÉ KOSOVO !... : CONVOI D’ÉTÉ 2021 : DU MATÉRIEL POUR LES ÉCOLIERS DU KOSOVO-MÉTOCHIE

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    Site officiel : Solidarité Kosovo

    lafautearousseau "aime" et vous invite à "aimer" la page facebook Solidarité Kosovo :

    https://www.facebook.com/solidarite.kosovo/

    CONVOI D’ÉTÉ 2021 : DU MATÉRIEL POUR LES ÉCOLIERS DU KOSOVO-MÉTOCHIE

    En juin 2021, une équipe de volontaires français s’est rendue auprès des habitants des enclaves serbes du Kosovo-Métochie pour y distribuer du matériel scolaire aux enfants d’une dizaine d’écoles et témoigner de l’amitié de milliers de Français. Un convoi d’été qui n’avait pas eu lieu depuis près de dix ans, que nos volontaires ont tenu à organiser en raison de l’aggravation de la situation, tant sanitaire que sécuritaire, au Kosovo, et qui a été un nouveau beau succès pour Solidarité Kosovo. Nous vous en racontons certains moments clés.

     

    Dimanche 13 juin, Belgrade. Nos volontaires retrouvent Arnaud Gouillon, Président de Solidarité Kosovo, pour un dernier briefing avant de prendre la route vers le Kosovo-Métochie. Rappel des règles de sécurité pendant tout le convoi et de l’attitude à tenir au passage administratif. Pas d’inquiétude particulière, mais on ne sait jamais : quand Arnaud a été arrêté et interdit de séjour, rien n’avait pu le laisser deviner ; la prudence reste donc de mise, comme à chaque convoi. Arnaud nous demande de saluer de sa part tous nos amis du Kosovo-Métochie, et nous prenons la route pour six heures de voyage.

    Avant même d’arriver au Kosovo, nous vivons un moment amusant et touchant : à quelques kilomètres du passage administratif, nous faisons une pause pour nous désaltérer dans une petite ville. Nous nous installons à une terrasse bien remplie et bruyante : sur une télévision installée là, Novak Djokovic est à quelques points de remporter la finale de Roland-Garros… ce qu’il fait rapidement, sous les vivats des clients du bar. Nous nous amusons de vivre ce moment ici, en Serbie, si bien qu’un de nos voisins comprend que nous sommes Français, s’approche de nous, nous parle de sa fille qui vit à Orléans, et nous offre une tournée pour fêter cette victoire, notre rencontre et l’amitié entre nos deux peuples. Surréaliste, ce moment nous plonge d’emblée dans le bain.

    Lundi 14 juin au matin, nous retrouvons nos amis Milovan et Marko devant l’entrepôt du bureau humanitaire de Gracanica. Joie des retrouvailles pour certains, joie de la rencontre et de la découverte pour d’autres. Nous nous mettons au travail : il y a deux palettes de matériel scolaire, récolté en France par plusieurs associations franco-serbes, à trier, à mettre dans des cartons plus petits, à charger dans les trois fourgons qui composeront ce convoi.

    À partir de ce moment-là, les journées s’organiseront de la façon suivante : le matin, tournée des écoles pour distribuer ce matériel aux enfants (qui n’ont classe que le matin en cette fin d’année scolaire) ; l’après-midi, rencontres et visites diverses. Sur le papier, c’est un peu monotone ; en vrai, chaque nouvelle rencontre est une nouvelle histoire à découvrir, dure, touchante, joyeuse, encourageante, et tout ce qu’on peut trouver entre tout ça sur la palette des émotions.

    Il y aura Pavle et Sava, deux jeunes frères élèves de la même école, qui nous marqueront par l’évidente misère dans laquelle ils vivent. Vêtements usés, chaussures trouées sans chaussettes… Milovan nous en dira plus sur leur quotidien : ils vivent avec leurs parents et leurs cinq frères et sœurs dans une maison vide où les seuls meubles sont constitués de planches en bois posés sur des parpaings. Nous demandons les âges des enfants et laissons un carton entier de vêtements et de chaussures pour toute la famille. Puis nous partons le cœur gros de n’avoir pu faire plus.

    Pavle et Sava observent les volontaires préparant la distribution.

    Il y aura cette école où nous sommes accueillis par seulement cinq élèves. Cinq enfants qui n’ont pas d’autres amis que chacun des quatre autres… Malgré le planning chargé ce jour-là, nous improvisons un match de foot dans le pré qui sert de cour de récréation. En repartant, Milovan confie à un volontaire qui l’accompagne qu’il lui arrive de pleurer en pensant à ces enfants : « Ils font partie de ceux qui ont la vie la plus difficile de tout le Kosovo-Métochie, leurs parents sont non seulement très pauvres, mais surtout terriblement isolés, alors que c’était une région très peuplée avant la guerre. » Le long de la route, des ruines se succèdent pendant plusieurs centaines de mètres…

    Qu’importe le planning : l’isolement de cette école nous incite à improviser une partie de football avec ces enfants qui vivent si seuls…

    Il y aura ces enfants qui chanteront pour nous deux chansons traditionnelles serbes du Kosovo dans leur école posée au milieu de collines couvertes de coquelicots, chansons qu’ils connaissent sur le bout des doigts et chantent avec beaucoup de cœur.

    Dans cette salle de classe, une chorale s’improvise, qui nous interprète des chants traditionnels serbes du Kosovo, que tous les enfants connaissent par coeur.

    Il y aura ce directeur d’école, très digne, qui nous affirmera ne manquer de rien… sinon de la liberté. Mais refusant de se plaindre des conditions matérielles dans lesquelles il est contraint de faire son travail : « J’ai des locaux en relativement bon état, j’ai des manuels, j’ai même quelques ordinateurs… Je ne suis pas à plaindre, beaucoup n’ont rien de tout ça. » Et de terminer en nous demandant de simplement revenir les voir : « C’est ça dont nous avons le plus besoin : de savoir que nous ne sommes pas abandonnés. Même les mains vides, revenez nous voir ! » Une phrase que nous entendons souvent et qui reste toujours aussi émouvante pour nos volontaires.

    Il y aura cette enclave où le Père Serdjan a tenu à nous emmener parce qu’il y a un an et demi, pendant le convoi d’hiver, nous étions restés coincés par la neige gelée au début du chemin qui y mène. Chemin dont nous mettrons plus d’un quart d’heure à atteindre le bout, un quart d’heure de virages à flanc de collines, avec parfois quelques centimètres à peine entre nos roues et le bord du ravin. Là-haut, quelques familles avec des enfants effrayés par ces inconnus… Nous sommes sans aucun doute les premiers étrangers qu’ils voient. Une de nos volontaires devra déployer des trésors de persuasion pour parvenir enfin à obtenir un sourire discret de l’un d’eux. Nous repartirons en laissant plusieurs cartons.

    Sommes-nous les premiers inconnus que voient ces enfants qui vivent dans une enclave perdue au bout d’un long chemin de terre défoncé, qu’on ne peut prendre quand il y a de la neige ?

    Il y aura ces chants qui feront résonner les murs du Centre culturel de Gracanica à l’occasion des 700 ans de la fondation du monastère : « Cette jeune fille s’est avancée sur la scène, raconte un volontaire, puis a commencé à chanter. Mes très légères connaissances en serbe m’ont permis de comprendre qu’elle répétait “Nedam”, “Je ne donne pas”, puis qu’elle énumérait tout ce qu’elle ne donnerait pas : sa terre, ses églises, son village, ses montagnes… tout le Kosovo semblait être décrit dans son chant, déchirant et plein d’espérance à la fois. Et je revoyais moi aussi ces villages, ces églises, cette terre, que j’ai appris à aimer depuis quelques années que j’ai le bonheur de les parcourir pour en aider les habitants. Et je pleurais, de tristesse qu’il soit nécessaire de chanter ce chant, et de joie qu’il soit chanté aussi

  • État de droit ou État dépravé ?, par Claude Janvier.

    L’imposition du « passe sani­taire » montre que nous ne sommes pas dans un État de droit. Au-delà de la ques­tion du « passe », c’est une refonte totale de nos ins­ti­tu­tions qui est nécessaire.

    2.jpgEric Dupond-Moret­ti s’est fen­du d’un tweet le 5 août 2021 à 22 h et je cite : “Non, nous ne sommes pas dans une dic­ta­ture, mais dans un État de droit ! Ceux qui hurlent après le Conseil consti­tu­tion­nel pour sa déci­sion sur le #Pass­Sa­ni­taire l’auraient encen­sé s’il les avait confor­tés. Contrai­re­ment à leurs convic­tions le droit, lui, ne peut être manipulé.”

    Ce genre de rhé­to­rique fleure bon la droi­ture, l’équité, l’intégrité, l’éthique ! Un état de droit… Son­nez buc­cins et trompettes !

    La réa­li­té est toute autre. Au vu du nombre de cas­se­roles, – des chau­drons pour cer­tains -, que se traînent pra­ti­que­ment tous les poli­tiques, et au vu du fait qu’un casier judi­ciaire vierge ne soit tou­jours pas exi­gé pour être dépu­té, – alors que pour ouvrir un res­tau­rant, c’est une obli­ga­tion -, l’équité, la droi­ture et tout le flon­flon ont déjà du plomb dans l’aile.

    15 jan­vier 1990 : Michel Rocard, alors 1er ministre de la Ve Répu­blique, fit voter la loi d’amnistie pour les délits et crimes liés au finan­ce­ment des par­tis poli­tiques et des cam­pagnes élec­to­rales, dans le cadre d’un pro­jet de régu­la­tion du finan­ce­ment de la vie poli­tique fran­çaise. Le début de la fin. (1)

    Mais au fait, qu’est-ce qu’un État de droit ? Selon le site offi­ciel, Vie publique : “Le concept d’État de droit s’oppose à la notion de pou­voir arbi­traire. Il désigne un État dans lequel la puis­sance publique est sou­mise aux règles de droit.” Selon la défi­ni­tion don­née par le juriste Hans Kel­sen au début du XXe siècle, c’est un “État dans lequel les normes juri­diques sont hié­rar­chi­sées de telle sorte que sa puis­sance s’en trouve limi­tée“. L’État de droit implique le res­pect de la hié­rar­chie des normes (“La hié­rar­chie des normes implique que chaque norme juri­dique est rédi­gée sur le fon­de­ment d’un droit qui lui est supé­rieur“), ain­si que l’égalité devant la loi :

    L’égalité des sujets de droit consti­tue la deuxième condi­tion essen­tielle d’un État de droit. Cela implique que les per­sonnes et les orga­ni­sa­tions reçoivent la per­son­na­li­té juri­dique, en tant que per­sonnes phy­siques pour les per­sonnes, en tant que per­sonne morale pour les orga­ni­sa­tions. L’État est lui-même consi­dé­ré comme une per­sonne morale.

    L’État de droit sup­pose aus­si “la sépa­ra­tion des pou­voirs qui vise à évi­ter la concen­tra­tion du pou­voir dans les mains d’un des­pote. Le pou­voir est dis­tri­bué entre des organes indé­pen­dants et spécialisés :

    – Le pou­voir de voter la loi (pou­voir législatif) ;

    – Le pou­voir d’exécuter les lois et pour ce faire d’édicter des règle­ments (pou­voir exécutif) ;

    – Le pou­voir de rendre la jus­tice (pou­voir judi­ciaire).

    Le qua­trième pou­voir ne figure pas dans ce texte, mais il existe : la presse. Contrô­lée par une clique de mil­liar­daires issue du CAC 40 et aux ordres de l’État, elle est un organe de pro­pa­gande assu­rant que le pou­voir reste dans les mêmes mains.

    Sur le papier, un État de droit paraît être le garant du peuple. En réa­li­té, un Pré­sident pos­sé­dant la majo­ri­té à l’Assemblée natio­nale et au Sénat est le maître du pays. Étant don­né aus­si que les membres des Conseils d’État et consti­tu­tion­nel sont sou­vent des anciens ministres, la boucle est bou­clée. Un État de droit n’est pas dif­fé­rent d’un pou­voir arbitraire.

    L’imposition de la loi concer­nant le passe-sani­taire le démontre. Emma­nuel Macron et ses ministres en vou­laient l’instauration. Votée la nuit en com­mis­sion mixte le 25 juillet 2021, et enté­ri­née par le Conseil consti­tu­tion­nel en ce 5 août 2021, – jour funeste pour la démo­cra­tie -, cette loi inique prouve bien que l’État de droit fran­çais res­semble plus à une répu­blique d’opérette qu’à une ins­ti­tu­tion bien­veillante cen­sée pro­té­ger le peuple. L’instauration du passe-sani­taire pri­vant les citoyens du droit le plus élé­men­taire qui est la libre cir­cu­la­tion, prouve indu­bi­ta­ble­ment que nous sommes vrai­ment en dictature.

    Il n’y a aucune dif­fé­rence entre un État de droit tel que nous le subis­sons depuis trop long­temps et un État arbi­traire sou­mis au bon vou­loir d’un sou­ve­rain. De plus en plus de Fran­çais sont dans la rue pour dire “Non” au passe de la honte. En plein mois d’août, le nombre de mani­fes­tants pré­sents est un record. Mais ne vous y fiez pas, com­battre le passe-sani­taire ne repré­sente que le som­met de l’iceberg. Une refonte totale de nos ins­ti­tu­tions est urgente. Il est plus que néces­saire de sor­tir de l’Europe, de faire le ménage, et d’avoir enfin des poli­ti­ciens intègres pre­nant soin des citoyens.

    (1) https://fr.wikipedia.org/wiki/Amnistie_parlementaire

    Le virus et le Pré­sident : Enquête sur l’une des plus grandes trom­pe­ries de l’Histoire

    Prix : 20,00 €

    9 occa­sions & neufs à par­tir de 19,19 €

    Source : https://www.actionfrancaise.net/

  • À bientôt

     
     
    Par François Marcilhac

     

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    Être politique, c’est refuser de se laisser submerger par l’émotion. Nul cynisme, en cela, encore moins de l’indifférence, mais la claire conscience que le devoir demeure, par-delà les aléas. Il ne s’agit pas seulement de mon dernier éditorial, ce qui, en soi, n’aurait aucune importance, même si plus de sept années passées à analyser l’actualité politique à la lumière de l’empirisme organisateur, «  selon le principe du Rempart  », aura été une tâche aussi lourde qu’exaltante ; mais, surtout, ce numéro est le dernier de L’Action Française 2000, puisque nous sommes contraints de cesser notre parution en raison de problèmes financiers que nous ne pouvons plus éluder. Cela peut paraître, en un sens, une victoire de l’oligarchie et de ceux pour qui la parole et l’action patriotes doivent absolument disparaître du paysage national. Avec la nation elle-même. Ils ont même remporté une autre victoire, cette semaine, avec le retrait de Maurras du Livre des commémorations nationales de 2018, à la suite d’une polémique qui en dit long sur l’état moral et intellectuel de nos élites autoproclamées, lesquelles font régner leur dictature sur le pays. La mutilation de la mémoire nationale, c’est évidemment celle de notre héritage, et donc de notre compréhension de nous-mêmes et, pour finir, de notre identité. Or, que cela plaise ou non, Maurras en fait pleinement partie.

    L’heure du renouveau

    Pourtant, que l’oligarchie et ses idiots utiles ne se réjouissent pas trop vite de ce qui peut apparaître au premier abord comme un recul de leurs adversaires à la fois les plus résolus et les plus conséquents. Si des raisons financières ne nous permettent plus de continuer de paraître, celles-ci ne disent rien ni de notre développement ininterrompu depuis cinq années, où nous avons vu le nombre des adhérents croître de manière exponentielle, comme en témoigne le succès sans cesse grandissant de notre université d’été et de nos actions militantes sur tout le territoire, ni, surtout, du progrès de nos idées en France, devant la déliquescence d’un régime dont le replâtrage macronien dissimule de plus en plus mal la décomposition – les dernières révélations sur l’affaire Fillon donnent la nausée en confirmant la nature de ce régime. Il nous faut tout simplement repenser notre présence politique pour accompagner notre renouveau. Comment n’entamerions-nous pas cette nouvelle étape avec exaltation l’année du cent cinquantième anniversaire de la naissance de Maurras, alors même que, une fois nettoyée de ses scories historiques – la tradition est critique –, sa doctrine demeure toujours aussi pertinente, voire d’une urgence tragique  ? Chaque jour qui passe confirme, malheureusement, la nécessité d’en finir avec un régime auquel le pays doit, depuis deux siècles, ses principaux malheurs et son érosion lente mais continue.

    Depuis sa naissance, en dépit des accidents de l’histoire, l’Action française a toujours été à la fois un journal et un mouvement politique. Les Camelots du Roi ont toujours été au centre de son action et ceux d’aujourd’hui n’ont en rien démérité de leurs aînés. Que ce soit l’occasion pour toute l’équipe de L’Action Française 2000 de saluer leur courage et leur abnégation. Ils sont le fer de lance de cette royalisation du pays sans laquelle rien ne sera jamais possible. Oui, l’année 2018 sera bien une année maurrassienne, n’en déplaise à tous les censeurs et diffamateurs de la pensée de notre maître. Notre site prend le relais – je vous y retrouverai chaque semaine. Les rédacteurs de La Nation Française, dans leur manifeste publié à la une du premier numéro, le 12 octobre 1955, déclaraient qu’ils s’efforceraient «  de résoudre chaque problème réel en fonction de l’intérêt bien entendu des Français honnêtes gens et efficaces, présents ou à venir, intérêt qui porte finalement le nom d’Intérêt national  », car «  le peuple français, qui travaille et subit le désordre établi, demeure sain dans ses profondeurs  »  ; «  sa décadence est surtout le fait de fausses élites qui l’aveuglent d’un écran de grossiers mensonges et l’étourdissent de modes et de mots  ». Avant d’ajouter  : «  Pour la plupart, les rédacteurs de ce libre journal pensent qu’une monarchie moderne, dessinée par l’expérience, sévère à toute vieillerie, serait la moins coûteuse condition de notre survie. Mais c’est le présent, la nécessité de rendre ce présent raisonnable et de créer enfin un esprit public, qui les a réunis.  » Telle sera toujours notre ambition  : parler au nom de l’intérêt commun, en vue de créer cet esprit public nécessaire à la résurrection de la patrie, tout en travaillant à la royalisation du pays, qui seule pourra donner un sens pérenne à la renaissance d’un esprit public. Comme Maurras en 1899, il nous faut toujours tenter de convaincre les Français, en premier lieu les plus sincèrement patriotes d’entre eux, de la nécessité d’incarner l’esprit public dans la personne du Roi.

    Des devoirs et des tâches

    Car aujourd’hui, assurément, fleurissent, et sont appelées encore à fleurir, ici ou là, des initiatives éditoriales qui vont dans le sens d’une telle renaissance. Nous ne pouvons que nous en réjouir, puisque ces initiatives témoignent, au milieu de la victoire apparente de tous les nihilismes, de cette contre-révolution spontanée en train d’accoucher que Maurras appelait de ses vœux. Toutefois, ces initiatives, pour si sympathiques qu’elles soient, ne vont jamais jusqu’à s’attaquer à la racine même de nos maux  : elles en sont toujours encore, malgré cent cinquante ans de décomposition continue, à chercher les conditions d’une bonne république. Comme si une bonne république n’était pas chose encore plus improbable que la réinstauration du régime qui a fait la France  ! C’est dire combien la présence de l’Action française est nécessaire, sous une forme ou sous une autre.

    «  Il n’y a que des devoirs et des tâches  »  : nous avons fait nôtre ce mot de Boutang au lendemain de la mort de Maurras. Parce que «  qui veut bien quelque chose en veut la condition  » et que «  cette condition préalable, c’est le Roi  »  ; «  pas de Roi, pas de puissance nationale, pas de garantie pour l’indépendance de la nation  »  ; «  pas de Roi, […] pas de résistance à l’étranger de l’intérieur, pas de réformes bien conduites ni sérieusement appliquées  ». Parce que «  c’est en cela précisément que réside le nationalisme intégral  »  ; «  il met en ordre les problèmes français, il permet de les comprendre, et ce qu’ils peuvent offrir de contradictoire sans lui s’accorde en lui parfaitement  »  ; alors, oui, «  la Monarchie est la condition de la paix publique  »  ; «  la Monarchie est la condition de toute renaissance de la tradition et de l’unité dans notre pays  ». Alors oui, «  c’est pour l’amour de cette unité, de cet ordre, que commence aujourd’hui notre guerre quotidienne au principe de la division et du mal, au principe du trouble et du déchirement, au principe républicain  ». Parce que cette déclaration, parue dans le premier numéro de L’Action Française quotidienne, le 21 mars 1908, n’a pas pris une ride, alors oui, nous pouvons conclure comme ses auteurs  : «  À bas la République  ! et, pour que vive la France, vive le Roi  !  » À bientôt  !    

  • Quand l'Etat décide l'abandon du projet d'aéroport à Notre-Dame-des-Landes.

     

    Par Jean-Philippe Chauvin

    Un autre éclairage, une réflexion à plusieurs facettes,  sur l'affaire Notre-Dame des Landes et son aboutissement. Une utile analyse, éventuellement pour en débattre.  LFAR 

     

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    Ainsi, l'aéroport de Notre-Dame-des-Landes ne verra pas le jour, et c'est tant mieux ! Ce projet qui ne correspondait plus aux enjeux économiques ni aux problématiques environnementales de l'Ouest de la France a, enfin, été abandonné, même si, en définitive, les précédents gouvernements n'avaient jamais vraiment pris les moyens de l'imposer, comme si eux-mêmes n'y croyaient pas... La décision de l’État est raisonnable et elle signale, au contraire de ce que disent MM. Alain Duhamel et Bruno Retailleau, une reprise en main par l’État de la « décision politique » quand les prédécesseurs de M. Macron à l’Élysée avaient renoncé à faire preuve d'autorité tout en se plaignant désormais de la décision prise, non par une assemblée parlementaire ni par quelques bureaucrates ministériels, mais par la magistrature suprême de l’État et par son chef de gouvernement. Un vieil ami royaliste me soufflait tout à l'heure que ce retour de la décision d’État s'apparentait à la prise du pouvoir du jeune Louis XIV après que son « parrain » Mazarin ait rendu son âme à Dieu : désormais, le maître, c'était lui, et aujourd'hui, l’État c'est Macron, rajoutait-il, avec un air amusé. Et de soupirer, tout d'un coup mélancolique d'un temps ancien qu'il avait bien connu, entre La Nation Française et la Nouvelle Action Française : « Ah, mais qui sera le Maurice Clavel des zadistes, et le Pierre Boutang du président de la République ? Ils manquent au royalisme, ces deux-là ! ». Cette formule, qui peut sembler bien sibylline à tous ceux qui ne connaissent pas l'histoire du royalisme de la seconde moitié du XXe siècle, méritera, un jour prochain, une plus large explication... Mais je sais qu'elle parlera déjà à quelques vieux monarchistes qui ne désespèrent pas, mais s'impatientent... 

    La colère des partisans de la construction de l'aéroport dans le bocage nantais se comprend, et je ne m'en moquerai pas, mais elle révèle bien le manque de hauteur de quelques élites politiques qui oublient le réel et s'en remettent à l'utopie de quelques grands travaux qui devraient régler les mille problèmes d'emplois, d'aménagement du territoire et d'attractivité qu'elles sont bien incapables de résoudre par une politique à la fois plus locale et plus ambitieuse, plus imaginative : l'opposition que celles-ci font entre économie et écologie démontre une absence de pensée stratégique sur le long terme qui reste celui à privilégier, pour transmettre aux générations qui viennent et sont encore à venir un pays habitable, agréable et tout simplement vivant, dans tous ses coins et recoins, et pas seulement dans de grandes métropoles « connectées » et mondialisées.

    Là où le président de la République a montré qu'il concevait sa fonction de manière verticale et dans la tradition régalienne de l'arbitrage qui tranche quand les opinions et les passions s'affrontent depuis tant d'années, c'est qu'il n'a pas hésité à revenir sur une promesse électorale et à prendre, même, le contre-pied, rappelant ainsi que le Chef de l’État n'est plus le candidat, comme le Roi n'est plus le prétendant ou le simple dauphin, ce que le roi français Louis XI a su démontrer, roi sérieux et responsable quand il avait été jadis un dauphin agité et conspirateur... 

    Certains ont vu dans la décision de l’État, décision officiellement prise et assumée par le Premier ministre quand c'est bien le Président qui a tranché dès lundi soir, un « déni de démocratie », comme M. Ayrault, l'ancien maire de Nantes, et Mme Rolland, qui y siège désormais, et l'argument mérite examen, tout compte fait, car il y a bien eu une consultation démocratique sur le projet d'aéroport, en juin 2016, et une majorité d'électeurs du seul département convié à s'exprimer (quand l'aéroport était censé concerner deux régions...) l'avait approuvé, même si la géographie du vote montrait les forts clivages liés au lieu de résidence des votants, et que les tout premiers concernés, les habitants de Notre-Dame-des-Landes, avaient très largement marqué leur forte opposition au goudronnage de leur bocage... 

    En fait, plusieurs remarques me viennent à l'esprit : d'abord, il est tout de même ironique de constater que ceux-là mêmes qui, après le référendum national sur le projet de constitution européenne, n'ont eu de cesse de contourner le vote des électeurs français avant que de faire approuver ce même texte par le seul Parlement, évidemment moins rétif que le corps électoral, se drapent aujourd'hui dans les plis d'une démocratie qu'ils méprisaient et trahissaient alors, comme le confirment les propos du M. Ayrault de l'époque... Ensuite, cette bronca contre la décision étatique s'inscrit dans la remise en cause de la légitimité de l’État à décider, au-delà des opinions du moment et en dehors des seuls jugements de la foule, fût-elle électorale : c'est la même qui se lève contre le droit de grâce du président, condamné par nombre de démocrates contemporains comme un reste de l'Ancien régime, un vieux droit régalien obsolète, mais que je défends aussi avec vigueur comme l'expression d'une « plus haute justice » qui n'est plus celle des « vengeurs » mais bien celle du « pardon », qui est chose royale comme elle est, aussi, de nature religieuse, divine, pour ceux qui croient en Dieu. 

    Dernière chose (mais il y aurait encore beaucoup à dire sur ce sujet) : s'il y a le « déni », ce n'est pas de la démocratie en soi, ne serait-ce que parce que, qu'on l'ait souhaité ou non, c'est bien M. Macron qui est sorti vainqueur des joutes électorales, démocratiques donc, du printemps 2017, soit après juin 2016 et le vote de Loire-Atlantique, et que la démocratie représentative, depuis la Révolution de 1789 et le moment où les états-généraux se sont transformés en Assemblée nationale constituante, ne reconnaît pas le mandat impératif, ce que, pour ce qui concerne les élections législatives, je regrette personnellement, mais que je ne souhaite pas, en revanche, pour l'élection présidentielle (en attendant la succession royale...). De plus, en démocratie, et on peut parfois le regretter, une élection « efface » souvent la précédente, ce qui, d'ailleurs, est la cause d'une instabilité de la magistrature suprême de l’État que la Monarchie résout par son mode de succession tranquille et assurée. 

    Ainsi, l’État, dans cette affaire, a repris l'avantage et, comme tout arbitrage, il s'agit d'un choix qui n'a pas vocation à plaire à tous mais à servir l'ensemble, au-delà des oppositions de la veille. Cela suffit-il à faire une politique ? Sans doute pas, et la République, en ce domaine comme en d'autres, montrera vite ses limites et ses incapacités, mais, pour l'heure, le vieux royaliste que je suis s'avoue satisfait de la décision gouvernementale : il n'est pas certain que j'éprouve la même satisfaction pour les autres et prochaines décisions du pouvoir en place... 

    Alors, le temps de quelques heures, savourons, et promenons-nous dans les bois, à Notre-Dame-des-Landes comme à Versailles !   

    Le blog de Jean-Philippe Chauvin