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Rechercher : Rémi Hugues. histoire

  • Tous fachos !, par Eric Cusas.

    Après l'extension du domaine de la lutte, voici l'extension du domaine du fascisme.

    Le mot est désormais employé à tort et à travers par les progressistes les plus intransigeants dont le credo peut se résumer à ceci : « pensez comme nous, ou fermez-là !« . C’est à présent le magazine Causeur qu’un réseau social bien connu qualifie d’extrême-droite, quand sa rédactrice-en-chef, Mme Lévy, est pointée du doigt comme membre de la « fachosphère ». On croit rêver.

    7.jpgAlors voilà. L’auteur de ces lignes est en litige avec un réseau social, mondialement connu, dont il taira cependant le nom afin de ne pas perturber la sérénité des débats. Ce réseau a décidé de le faire mourir, sinon réellement, du moins virtuellement. On l’a désactivé, comme on dit pudiquement dans le jargon de ces gens, c’est-à-dire qu’on l’a enjoint de fermer son clapet, car c’est un très vilain garçon. Il n’est pas le seul à se trouver dans ce cas, il s’en faut de beaucoup. Ce réseau sans nom exerce sa censure avec de plus en plus de sévérité, car les vilains garçons et les vilaines filles se multiplient à l’envi. A moins que ce ne soit ce réseau qui se montre de plus en plus ombrageux – Allez savoir !

    Selon que vous serez puissant ou misérable

    Le crime du susdit auteur (du moins le principal) ? Avoir partagé, certain jour dont il n’a pas souvenance, un article du magazine Causeur dans lequel Mme Chazaud traitait des sanctions prononcées par un tribunal correctionnel, que l’on ne nommera pas non plus, à l’encontre de quelques membres d’une association identitaire, aujourd’hui dissoute (notez la prudence de Sioux qu’il convient d’observer pour échapper à une nouvelle censure pour le cas où quelqu’un aurait l’idée saugrenue et, pour tout dire, nauséabonde, de partager cet article), lesquels avaient mené une action pacifique (mais rappelant tout de même les heures les plus sombres de notre histoire), quelque part dans l’un de ces jolis massifs montagneux dont s’enorgueilli le doux pays de France. En l’occurrence, Mme Chazaud, philosophe et essayiste de son état, jugeait ces sanctions un peu excessives ce qui, après tout, est bien son droit. Une cour d’appel (elle aussi anonyme), lui donnera d’ailleurs ultérieurement raison en relaxant les galapiats.

    Le texte, commentant une actualité politique et judiciaire, n’exprimait aucun soutien à l’organisation ou à ses membres. Il se bornait, en gros, à dire : « là, les juges ont peut-être tapé un peu trop fort et cela ne se justifiait probablement pas en droit. » Le partage, de même, ne précisait en rien ce qu’inspirait la décision de justice au partageur ayant partagé. Mais le réseau mondialement connu, très à cheval sur les avis qu’il est permis d’avoir, vit dans l’article et dans le partage l’apologie d’une organisation incitant à la haine ce qui, convenons-en, est très mal, du moins lorsque les faits sont avérés, ce qui n’était nullement le cas, mais on ne va quand même pas se formaliser pour si peu. Ce qui importe, c’est l’avis du réseau, lequel incarne l’opinion des Gentils, des déboulonneurs de statues, des contempteurs du mâle blanc hétérosexuel, des « éveillés » de tous poils, de ceux qui pensent que l’importance d’une vie dépend de la couleur de peau de la victime, bref des progressistes dont le credo se résume à ceci : « pensez comme nous ou fermez-là !« . Ce n’est pas non plus comme si ce réseau hébergeait les pages de personnalités comme l’ayatollah Ali Khamenei (guide suprême de la République iranienne, pays dans lequel on pend les homosexuels et les femmes adultères, on jette les avocats en prison, on fouette les femmes qui osent se dévoiler, etc.), de MM. Tariq et Hani Ramadan (prédicateurs musulmans intégristes, l’un d’entre-eux ayant déclaré qu’une femme non voilée vaut moins qu’une pièce de deux euros qui passe de main en main), de M. Idriss Sihamedi (qui sur un plateau de télévision a affirmé ne pas serrer la main aux femmes et a explicitement refusé de condamner les exactions de Daesh) de M. Sylvain Afoua (président de la Ligue de défense noire africaine et repris de justice notoire) ou de Mme Houria Bouteldja (fondatrice des Indigènes de la République et auteur du livre polémique – pour ne pas dire plus – intitulé « Les blancs les juifs et nous« ) ou encore une page à la gloire du dictateur Saddam Hussein. Ah, si ! c’est le cas ! Bon, passons. N’en faisons pas tout un plat et souvenons-nous de La Fontaine : « selon que vous serez puissant ou misérable, les jugements de cour vous feront blanc ou noir. »

    La fachosphère ? un merveilleux fourre-tout

    Mais ce n’est pas encore la cerise sur le gâteau. Dans les conclusions déposées à l’encontre du soussigné, les avocats du réseau mondialement connu ont cru bon de préciser que Causeur est un magazine d’extrême-droite et Mme Lévy, son rédacteur-en-chef, un membre de la fachosphère (un frisson me parcourt l’échine), autant dire quasiment une nazie.

    Ah ! la fachosphère, ce merveilleux fourre-tout dans lequel les Gentils (voir la description complète ci-dessus) enfournent, sans distinction, tous ceux qui ne partagent pas (fut-ce pour partie seulement) leur conception du progrès. C’est que les Gentils sont partisans de « la démocratie des gens d’accord« , comme l’auteur de ces lignes l’a naguère expliqué dans ce magazine [1]. En résumé, tout ce qui contrarie le credo progressiste (en réalité une idéologie haineusement réfractaire à toute forme de contradiction) est, au mieux, tourné en ridicule, au pire présenté caricaturalement comme une opinion dangereuse et obscurantiste aussitôt étiquetée « fachosphère« , sans billet de retour.

    D’extrême-droite, donc, Causeur, qui accueille ou a accueilli au fil du temps des auteurs, des journalistes, des philosophes, des essayistes provenant d’horizons variés, depuis le philosophe Alain Finkielkraut en passant par Marcel Gauchet, François Tallandier, Luc Rosenzweig (ancien journaliste du Monde), Jérôme Leroy (communiste, qui a aujourd’hui quitté la rédaction), Régis de Castelnau (avocat honoraire, communiste lui aussi – et ancien conseil de la C.G.T. -), Chantal Delsol (éminente intellectuelle, membre de l’Académie des sciences morales et politiques), Roland Jaccard, Malika Sorel, Natacha Polony (rédacteur-en-chef du magazine Marianne) ou encore le célèbre essayiste Pascal Bruckner.

    Membre de la Fachosphère, donc, Mme Lévy, qui certes vient de la gauche souverainiste (souverainiste, c’est très mal. Retenez !), mais qui appela aussi à voter pour François Mitterrand en 1988 avant de devenir la compagne de route de M. Chevènement et de cofonder la Fondation Marc-Bloch (du nom du célèbre résistant juif fusillé par les nazis). Surtout, ne riez pas !

    Babar et Pépé le Putois

    Il est vrai qu’on peut légitiment désespérer d’un monde dans lequel ce bon vieux Babar incarne l’archétype du colonialiste, Pépé le Putois le prototype du harceleur, Speedy Gonzalez et les chats siamois de ‘La Belle et le Clochard » des caricatures racistes ou le prince charmant, qui a le culot d’embrasser la Belle au bois dormant sans son consentement, un violeur en puissance.

    Tout ceci passerait pour drôle si ce n’était tragique. Car ce qui se trouve derrière ces affirmations grotesques n’est rien d’autre qu’une forme de terrorisme (à peine) intellectuel qui revient à disqualifier toute pensée divergente ou, mieux, à dissuader de l’exprimer, en renvoyant fantasmatiquement aux régimes honnis que sont le fascisme et le nazisme lesquels, pourtant, ne sont vraiment plus de saison sous nos climats. Comme l’écrivait Henri Lemaître, exhiber le fascisme à tout bout de champ comme un épouvantail, le plus souvent sans raison, conduit inévitablement «  […] selon la pente qui est celle de la passion […] à marquer du sceau infamant du fascisme tout ce que [l’on] n’aime pas. »

    [1]  Politique MagazineLa démocratie des gens d’accord – Politique Magazine

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    Source : https://www.politiquemagazine.fr/

  • L’affaire GameStop : un populisme boursier, par Olivier Pichon.

    Brusquement, le peuple se mit à jouer massivement en Bourse. Les professionnels ricanèrent puis perdirent de l'argent. Ils supplièrent alors le législateur de mettre bon ordre à cette prise de pouvoir démocratique. La justice de Biden s'empressa d'obéir, et Wall Street se rasséréna.

    GameStop est le nom d’un distributeur américain de jeux vidéo, propriétaire en France de l’enseigne Micromania. L’entreprise en elle-même n’est pas du plus haut intérêt, au surplus elle était en disgrâce boursière.

    3.jpgAvec l’état d’urgence sanitaire, la plupart des Américains sont restés chez eux, ils ont utilisé le chèque Trump de 1 200 dollars auprès de Robinhood, courtier en ligne pour s’adonner au boursicotage en ligne. Les Américains n’ont jamais eu les préventions des Français pour le marché financier, il y a là quelque chose de consubstantiel à leur culture.

    Robin des Bois contre le shérif de Nottingham ?

    Nous sommes assez loin de l’histoire de Robin des Bois sous Jean sans Terre : il s’agissait alors du monopole de la violence publique pour l’appropriation des richesses ; outre-Atlantique, c’est plutôt le capitalisme de connivence qui tend vers le monopole d’extraterritorialité, mais nous sommes dans la sphère privée, l’État ne jouant que le rôle d’auxiliaire par le truchement de la FED. C’est alors qu’une sorte de « lutte des classes » s’est accomplie sur le théâtre du marché financier, la classe moyenne (voire lower middle class, le bas de la classe moyenne dans la terminologie de la sociologie américaine) contre les « gros », les fonds spéculatifs qui se gavent d’argent dans la planète financière, non sans un certain cynisme, en partie grâce au quantitative easing (QE), le fameux assouplissement monétaire dont la FED se fait le grand dispensateur. Mais cette lutte s’est accomplie dans le champ du numérique, sans bruit, sans fureur et le sang n’a pas coulé.

    Bien entendu, là encore, les réseaux sociaux (principalement Reddit) ont joué leur rôle : cette classe moyenne est ultra-connectée, et dans ce monde individualiste une « solidarité numérique » s’est reconstituée pour s’attaquer aux hedges funds, considérés comme responsables de la crise de 2008 et ses conséquences sur l’emploi mais surtout l’immobilier avec la saisie pour ces gens de leur maisons devenues sans valeur, tandis que le crédit pour les acquérir continuait de courir.

    Depuis mars 2015, le courtier Robinhood a lancé une application destinée aux « millenials » (personnes nées entre 1980 et 2000) qui permet d’acheter et de vendre des actions sans dépôt minimum et sans frais de courtage. Robinhood compte désormais 13 millions de clients.

    Nouveau type d’activisme boursier

    Cette action atteste que la sphère financière ne saurait échapper à la politique, dont elle a toujours prétendu être indépendante, voire étrangère. Ces petits porteurs ont décidé d’acheter massivement les titres de cette firme GameStop, et ils ont mis à mal les fonds spéculatifs qui pratiquaient la vente à découvert. C’est une première et, dans le contexte américain actuel, beaucoup en font une lecture politique : ce serait du « trumpisme » ! Si l’on veut bien considérer que Biden avait la planète financière pour lui.

    L’envolée extraordinaire du cours de GameStop apparaît d’abord comme le succès des petits porteurs en ligne qui ont réussi, pour certains, à empocher des millions en quelques jours, mais aussi à mettre à genoux les plus grands fonds spéculatifs qui pratiquaient la spéculation à la baisse, en leur faisant perdre des milliards de dollars. On peut citer Melvin Capital ou Citron Research qui opèrent à partir de paradis fiscaux. Le schéma classique en finance consiste à acheter une action et à attendre que son prix augmente pour la revendre et se faire une marge. Mais certains investisseurs pratiquent la vente à découvert, aussi appelée shorting, c’est-à-dire qu’ils s’intéressent, à l’inverse, aux actions dont le cours baisse. Ce mécanisme de vente à découvert comporte toutefois un grand risque. Car si un grand nombre de personnes misent sur cette stratégie et décident d’acheter une action de petite valeur, le prix de celle-ci, en raison d’une forte demande, finit par augmenter au lieu de baisser. Et les investisseurs qui pratiquent le shorting se retrouvent donc endettés, au lieu de s’enrichir. Les hedge funds pariaient sur la faillite d’une entreprise, ils ont dû en payer la note salée. Du poil arraché aux loups de Wall Street ! Elon Musk s’en est réjoui en qualifiant les hedge funds de « déboires du siècle ».

    Que s’est-il passé ?

    Le titre GameStop a atteint des sommets, soit une augmentation de presque 50 fois son prix initial, obligeant les fonds à cesser leur spéculation à la baisse et à racheter les actions au prix fort afin d’éviter des pertes colossales, une situation appelée « liquidation forcée », et à perdre en tout 13 milliards de dollars. Le gouvernement américain et un régulateur fédéral enquêtent pour déterminer si la flambée fin janvier du prix de certains titres à Wall Street, dont celui de GameStop, s’apparente à de la manipulation, a rapporté le Wall Street Journal. Étrange discours puisque nous sommes dans la manipulation avec ou sans GameStop ! Il n’est pas non plus exclu que cette masse de nouveaux investisseurs soit elle-même manipulée : l’application Robinhood est issue de la Fintech, le sérail de la haute finance, et mise en cause pour des manipulations des cours de l’or.

    Quelles leçons tirer ?

    Tout d’abord, revenir sur l’idée de l’efficience des marchés et leur rationalité : nous en sommes très loin, la ruée des petits porteurs est un phénomène fortement mimétique. De part et d’autre, on a voulu ignorer qu’on ne peut pas, dans la vraie vie, emprunter un bien et le revendre : sur les marchés financiers, c’est possible par le mécanisme des ventes à découvert, gageons que celles-ci ne seront pas supprimées à l’avenir et que « l’exubérance boursière » (Greenspan, ancien président de la FED, qui parle d’or) va continuer jusqu’au prochain krach. La question est aussi de savoir si cela reflète bien la valeur des entreprises et l’investissement dans la sphère productive. De leur côté, Elizabeth Warren et Bernie Sanders, à la gauche de Biden, réclament une enquête du régulateur américain contre des « activités illégales et le comportement scandaleux des fonds d’investissement ».

    La conclusion de l’affaire est arrivée, avec le retournement de la situation par Robinhood elle-même : l’application utilisée par les apprentis spéculateurs pour leur raid a sifflé la fin de la croisade anti-Wall Street, elle a finalement bloqué, de façon illégale, apeurée par la panique de Wall Street[1], son application d’achat et de revente d’actions GameStop. Certains petits porteurs se sont enrichis, d’autres ont perdu, l’égalité n’est pas inscrite au fronton de Wall Street, mais voilà que le sheriff commence à s’intéresser à l’affaire : pratiques anticoncurrentielles, conflits d’intérêt, de quoi nourrir les plaideurs qui sont légion dans une société dont la judiciarisation est à son zénith ; les avocats, plus que « les gueux de Wall Street », seront assurément gagnants dans cette affaire. L’avenir nous dira si l’Amérique a vécu un épisode de démocratisation de la Bourse ; si les choses se passent comme à la présidentielle, on peut déjà en douter.

     

    Illustration : Keith Gill, qui se surnomme FuckingDeepValue ou Roaring Kitty, est un analyste financier américain normal. C’est lui qui a sans doute déclenché une jubilatoire frénésie d’achat de l’action GameStop.

     

    [1]  « En effet, le modèle économique de Robinhood implique un contrat passé avec Citadel, un fonds d’investissement propriétaire d’un autre hedge fund, Melvin Capital, qui est l’un des acteurs de Wall Street qui a le plus perdu d’argent lorsque la communauté Reddit s’est mobilisée. Citadel a certes renfloué Melvin, mais il aurait aussi fait pression sur Robinhood pour le forcer à couper les ordres. » Numerama, 3 février 2021

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    Source : https://www.politiquemagazine.fr/

  • Pour lutter contre l’extrême droite, “les blancs derrière”, par Nesrine Briki.

    Plusieurs personnalités politiques ont assisté à la Marche pour les libertés et contre l'extrême droite, 12 juin 2021, Paris © ISA HARSIN/SIPA Numéro de reportage : 01023672_000044

    Le racisme est-il cousu de fil blanc ?

    Des thèses antiracistes d’un nouveau genre gagnent du terrain, même en France. Ainsi, lors de la « Marche des libertés » le 12 juin, les blancs n’avaient pas leur place en tête de cortège. Aux États-Unis, la « blanchité » n’a pas la cote.

    5.jpgLes Gay Pride d’antan, festives et exubérantes, ne sont désormais qu’un lointain souvenir. Ce week-end, le Collectif Fiertés en Lutte s’était mobilisé à Lyon pour dénoncer les discriminations homophobes et transphobes, mais surtout pour lutter contre les « idées nauséabondes de l’extrême droite ». Or, pendant cette Marche des Fiertés, les personnes de couleur blanche ont été reléguées à l’arrière du cortège, dans une zone dite « en mixité ».

    Dans une vidéo, on voit même un organisateur hurler dans un mégaphone : « Les blancs, allez derrière s’il vous plaît ». Sur Twitter, ce dernier se vante d’avoir « viré les aspirines. » Si pour une personne encore dotée de bon sens, le paradoxe de cette démarche éclate en pleine figure, de nombreux individus appartenant au bord progressiste n’y voient aucun inconvénient, voire la justifient. Mais d’où vient ce « traitement de faveur » accordé aux blancs ? Pourquoi ce racisme décomplexé qui peine à dire à son nom ? La réponse se trouve dans le concept de « blanchité » ou « blanchitude ».

    Qu’est-ce que le concept de blanchité ?

    Traduction française de whiteness, terme paru dans le sillage des études critiques de la race ou postcoloniales, ce néologisme inventé au début des années 2000 par Judith Ezekiel, chercheuse en études féministes, désigne l’hégémonie sociale, culturelle et politique blanche à laquelle seraientt confrontées les minorités ethno-raciales.

    Dans une tribune publiée chez Slate en 2019, Rokhaya Diallo expliquait ce concept : « Sur le plan biologique, il n’existe qu’une seule race mais notre histoire a construit des catégories raciales toujours opérantes aujourd’hui. » Et plus loin : « Nombreux sont les individus originaires d’Asie ou d’Afrique du Nord dont la couleur de peau est identique à celle d’individus d’origine européenne. Pour autant, ils ne sont pas considérés comme des Blancs. Car être blanc·he n’est pas une question de couleur objective mais d’expérience politique. C’est un héritage lié à l’ordonnancement des populations du monde selon une conception hiérarchique. »

    Il est intéressant d’observer ce glissement sémantique ; le passage de la « blancheur » à la « blanchité » traduit un changement de paradigme, la « blancheur » correspond à une caractéristique biologique, tandis que « blanchité » renvoie à une construction socioculturelle, forcément hégémonique. Aussi, il devient plus aisé de la pointer d’un doigt accusateur sans craindre une quelconque accusation de racisme. De là à faire endosser à « l’homme blanc » tous les malheurs du monde, il n’y a qu’un pas.

    Attendez-vous au pire, vous ne serez pas déçus

    Le concept et son expression n’en sont qu’à leurs balbutiements en France, alors que de l’autre côté de l’Atlantique, ils ont pris racine et s’épanouissent de jour en jour.

    Ilhan Omar, députée américaine d’origine somalienne, première femme voilée à siéger au Congrès, peu de temps après son élection, déclarait au sujet de la menace terroriste en 2018: « Je dirais que notre pays devrait craindre davantage les hommes blancs parce qu’ils sont à l’origine de la plupart des décès dans ce pays […] si la peur devait être le moteur des programmes politiques visant à assurer la sécurité des Américains, nous devrions donc surveiller et créer des politiques pour lutter contre la radicalisation des hommes blancs. » Sa relativisation du terrorisme islamique n’a d’égale que son essentialisation caricaturale, il n’est pas question de suprématiste ou de raciste xénophobe, mais d’homme blanc tout court. Celui-ci est rendu responsable et coupable de tous les maux passés, présents et à venir de l’humanité, et s’offre comme un objet/sujet sur lequel la détestation peut facilement se cristalliser.

    Fin mai 2021, Kate Slater, doyenne adjointe de l’université privée Brandeis située non loin de Boston, s’est exprimée sur Instagram, dénonçant avec véhémence la « blanchité ». Elle-même blanche, se définissant comme « spécialiste de la justice raciale », titulaire d’un doctorat en politique éducative de l’Université du New Hampshire, la doyenne adjointe avait affirmé que « tous les Blancs sont racistes » parce qu’ils ont été « conditionnés dans une société » où « la blancheur est la norme ». Face aux commentaires contestant la publication, la doyenne adjointe a continué en essayant de se justifier : « Je ne déteste pas les Blancs, je déteste la blancheur. » Entendez par là le concept hégémonique et oppressif de « blanchitude », cependant, la séparation avec « blanc » est un fil ténu, vaporeux, presque immatériel…

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    Ces idées s’infiltrent également dans la sphère professionnelle. Par exemple, en février 2021, dans le cadre d’une formation en ligne visant à « lutter contre le racisme », l’entreprise américaine Coca-Cola exhortait ses salariés à être « moins blancs ». La formation d’une cinquantaine de minutes abordait des thématiques telles que : « Comprendre ce que cela signifie d’être blanc, contester ce que cela signifie d’être raciste », ou encore des affirmations telles que : « Essayez d’être moins blanc », car cela rendrait « moins oppressif », « moins arrogant et sûr de soi », permettrait d’être « plus humble, à l’écoute », et enfin de « rompre avec la solidarité blanche. » La formation insistait sur la nécessité de rompre dès le plus jeune âge avec la « blanchité » : « Aux États-Unis et dans d’autres pays occidentaux, les Blancs sont socialisés à penser qu’ils sont intrinsèquement supérieurs parce qu’ils sont blancs. Les recherches montrent que dès l’âge de 3 ou 4 ans, les enfants comprennent qu’il est préférable d’être blanc. » On serait tenté de penser que cette démarche est isolée, mais le cours en question a fait fureur auprès de nombreuses universités et établissements scolaires.

    Expie ton privilège!

    Au rythme où l’on va, ne faudrait-il pas craindre un futur apocalyptique où tout ce qui aurait un rapport quelconque avec la « blanchité » se verrait envoyé dans des camps pour être « rééduqué » ? Pure question rhétorique.

    En mai 2021, Christopher F. Rufo, journaliste américain indépendant, faisait une révélation explosive sur son blog : Lockheed Martin Corporation, la plus grande entreprise de défense des États-Unis, avait envoyé des cadres dans une formation de trois jours afin de déconstruire leur « culture d’homme blanc » et « d’expier leur privilège d’homme blanc. » Parmi les participants figuraient un ancien général trois étoiles et le vice-président de la production du programme d’avions de chasse F-35, doté de 1 700 milliards de dollars.

    Plusieurs activités étaient proposées comme celle de demander aux employés de Lockheed de dresser une liste des connotations du terme « hommes blancs ». Les formateurs avaient préalablement écrit : « vieux, raciste, privilégié, anti-femmes, en colère, Nation aryenne, KKK, pères fondateurs, armes, coupable. » Ladite formation était dirigée par le cabinet de conseil White Men As Full Diversity Partners qui considère que les « racines de la culture masculine blanche » comprennent des traits de caractère tels que « l’individualisme brutal, une attitude positive face à l’adversité, le travail acharné, la recherche du succès », traits jugés « dévastateurs pour les femmes et les minorités. » Si on s’amuse à lire entre les lignes, l’on comprend vite que ce qui est réellement reproché à la « blanchitude » c’est son existence même.

     

    Prof contractuelle. Installée en France depuis l'an 2000, j'ai effectué un troisième cycle d'études littéraires à l'Université de Nice, je suis aussi auteur, traductrice littéraire et journaliste.
     
  • Abbé Guillaume de Tanoüarn : « Traditionis Custodes vise l’extinction du rite traditionnel », par Aurore Leclerc.

    © DR

    Le motu proprio Traditionis Custodes édicté par le pape François a déclenché incompréhension, tristesse et colère chez beaucoup de fidèles attachés à la célébration de la messe en forme extraordinaire du rite romain. Pour l’abbé Guillaume de Tanoüarn, cofondateur de l’Institut du Bon-Pasteur et ancien directeur du centre Saint-Paul à Paris, il y a là une volonté manifeste de séparer ce qui tendait à la communion. Entretien.

    Avez-vous été surpris par la soudaineté et la sévérité des mesures édictées dans le motu proprio Traditionis Custodes ?

    Oui, je ne m’attendais pas à ce que le pape François tape aussi fort. Au fond, ce motu proprio, purement disciplinaire, n’est pas doctrinal. Disciplinaire, car il s’agit pour le pape François de détruire la fécondité des instituts Ecclesia Dei, et du mouvement traversant l’Église en ce moment, et qui mène à une communion des rites. On s’est aperçu que le rite ancien pouvait apporter le sacré, la transcendance et l’adoration, quand le rite nouveau amenait la participation et la proximité. Depuis 1988 et le motu proprio Ecclesia Dei de Jean Paul II, l’Église a progressivement pris conscience de la complémentarité des rites.

    Je pense que beaucoup de jeunes prêtres en paroisse pratiquaient un mélange des deux et apportaient à leurs fidèles une part de la verticalité du rite traditionnel. Je m’inscris parmi ceux qui insistent sur la participation au sein du rite traditionnel, et je crois qu’il est très important pour l’avenir du rite traditionnel de développer cette réalité.

    Nous étions dans une situation apaisée, rien à voir avec les conflits des années 70, 80 voire 90. Et brusquement, le pape François décide de déterrer la hache de guerre. Son motu proprio est clairement écrit pour réaliser l’extinction du rite traditionnel. L’exemple le plus frappant – outre le fait qu’il refuse toute nouvelle implantation – est que les prêtres ordonnés après ce motu proprio, ne pourront dire la messe traditionnelle qu’en demandant l’autorisation à leur évêque, qui lui-même demandera à Rome si c’est opportun. Autant dire que dans l’esprit du pape, cela ne sera jamais opportun. Il s’agit en fait d’une interdiction déguisée, et pas très bien déguisée d’ailleurs.

    Comprenez-vous les griefs du souverain pontife à l’égard des traditionnalistes, à savoir que la liturgie traditionnelle est utilisée pour rejeter le concile Vatican II ?

    Je m’oppose fortement à un quelconque fétichisme de Vatican II. Fétichisme qui n’a rien à voir avec l’infaillibilité théologique du concile lui-même. Il s’agit d’un concile pastoral qui est intervenu dans l’histoire de l’humanité à un moment d’extraordinaire optimisme. Or aujourd’hui nous sommes dans une période extrêmement sombre, extrêmement noire. L’optimisme qui a fait Vatican II est donc bien oublié. L’Église ferait bien de s’adapter à la nouvelle donne sociale à laquelle elle a affaire, notamment l’appauvrissement des populations dites « riches », au désespoir et à la perte généralisée des repères. Sans parler de la violence entre les religions, engendrée par les revendications de l’islam radical. Le recours à la vertu universelle de Religion pour un dialogue inter-religieux apaisé (prôné par Vatican II) ne suffit plus, surtout à l’heure où l’on découvre que la religion au son d’ « Allah Akbar » peut devenir un vice meurtrier.

     

    Visiblement, on préfère une Église définitivement pauvre en prêtres, mais au sein de laquelle on aura méthodiquement détruit toute forme de concurrence

     

    Nous sommes dans un temps complètement différent des années 70. Il est donc naturel que les catholiques cherchent autre chose que Vatican II pour y faire face. Cela ne constitue pas une condamnation de Vatican II en soit, mais ce concile est l’expression d’un autre temps, d’une autre époque. Et je crains que le vieux pape que nous avons, ne sache pas discerner cette vieillesse de Vatican II.

    Le pape écrit que le comportement des traditionnalistes « contredit la communion, nourrissant cette pulsion de division […] C’est pour défendre l’unité du Corps du Christ que je suis contraint de révoquer la faculté accordée par mes prédécesseurs ». Que pensez-vous de cette déclaration ?

    Je pense que c’est lui qui contredit la communion. Nous sommes dans un cas de figure rare, envisagé par les théologiens, où le pape détruit une communion qui est en train de se faire et à laquelle il faut évidemment du temps, mais aussi une vraie confiance des uns envers les autres. Et c’est cette confiance qu’il détruit. Qu’un pape puisse défaire ce que son prédécesseur a fait, avec une telle facilité, en deux pages, cela pose un problème sur l’institution qu’il dirige et sur sa fiabilité. D’ailleurs, le pape avait déclaré lors d’une de ses conférences dans un avion (qui lui sont familières), au journaliste de La Croix Nicolas Senèze, qu’il n’avait pas peur des schismes. Cela au mépris de sa tâche de pasteur, de rassembleur. Nous ne pouvons que constater aujourd’hui qu’il n’a effectivement pas peur des schismes, de trancher dans le vif, de couper, de séparer, plutôt que d’unir.

    Sur le plan pratique, qu’est-ce que cela va changer pour les diverses communautés ?

    D’abord, les nouvelles assemblées ne pourront être le fait que de l’évêque du lieu. Les instituts de droit pontifical qui ont été créés pour guérir les blessures du combat liturgique des années 70 n’ont plus le droit de s’installer quelque part, de créer de nouvelles structures, de grandir. En un sens hallucinant, elles n’ont plus le droit d’être le « levain dans la pâte », comme le prescrit pourtant l’évangile à chaque chrétien. À terme, il s’agit donc bien de supprimer ces communautés en obtenant d’abord l’extinction du recrutement des séminaires. En effet, sans implantation nouvelle, les jeunes séminaristes n’auront pas d’autre choix que de devenir les doublures de leurs aînés.

    Ce que la hiérarchie actuelle de l’Église ne comprend pas, c’est ce recrutement des prêtres au sein de la tradition, comparé aux séminaires « nouvelle manière » supposément adaptés au temps et au lieu. Alors, ne comprenant pas cette expansion, le pape joue le tout pour le tout dans ce motu proprio pour la détruire, au risque de pénaliser l’Église. Visiblement, on préfère une Église définitivement pauvre en prêtres, mais au sein de laquelle on aura méthodiquement détruit toute forme de concurrence.

    À terme, craignez-vous la non-reconnaissance de l’ordination des prêtres venant des communautés traditionnelles par le Saint Siège ?

    Non car théologiquement cela n’est pas possible. Autant il y a une tentation absolutiste chez François, autant il ne peut pas faire absolument n’importe quoi avec le dogme. Un évêque qui reçoit le sacrement de l’épiscopat – comme l’a fait comprendre Vatican II qui a théorisé la sacramentalité de l’épiscopat – ne peut voir invalidées les ordinations qu’il réalise. La question de la validité des ordinations n’est donc pas en cause. Mais le but est de les empêcher, et surtout d’envoyer ce signal aux jeunes aspirants prêtres que s’ils choisissent les instituts Ecclesia Dei, ils seront promis à un cursus ecclésiastique avorté d’avance. Ils n’auront pas de mission, pas de travail. C’est déjà ce que nous vivons un peu à l’Institut du Bon-Pasteur, puisque nous sommes réputés comme étant « les plus méchants ». Les évêques ne nous « trouvent » pas de travail, ou refusent littéralement celui que l’on apporte.

    Que deviendront les prêtres qui ne seront plus autorisés à célébrer la messe sous le missel de 1962 ?

    Ils n’auront pas d’autre choix que de célébrer la messe sous le nouveau missel, sauf à en faire la demande au pape lui-même. C’est une absurdité doctrinale, parce que la liturgie est essentiellement tradition. C’est la loi de la prière qui détermine la loi de la foi, et pas l’inverse. Encore faut-il que cette loi de la prière ne soit pas émise par des commissions rapidement réunies de pseudos experts ou d’experts autoproclamés, comme l’avait déploré le pape Benoît. La liturgie est vraiment le lieu de la tradition, et pas le terrain d’affrontement des dernières forces chrétiennes, hâtivement rangées en Église.

  • Kaboul est l’heure de vérité des démocrates américains, sinon de la démocratie !, par Christian Vanneste.

    Pour parler le langage d’Audiard, les citoyens ne seraient-ils que des “caves”, les militaires que des “canards sauvages”, et les politiciens que des “malfaisants” ? Le choeur de la bienpensance hurle au complot dès que ce genre d’hypothèse se pointe dans les esprits, mais si le complot est difficile à établir, le soupçon, lui, s’enfle à vue d’oeil. 

    christian vanneste.jpgLa politique américaine et sa lecture à travers nos médias justifie plus qu’un doute sur la capacité des gouvernants à servir l’intérêt supérieur des nations qu’ils conduisent et sur la qualité des informations qui sont diffusées. Les Chefs d’Etat et de gouvernement, ceux qui sont élus par leurs peuples d’une manière relativement transparente dans nos “démocraties” en particulier, sont-ils moralement et intellectuellement à la hauteur des enjeux ? Les commentateurs, spécialistes et journalistes ont-ils l’honnêteté et la compétence qui garantiraient un véritable “faire-savoir” sur le “savoir-faire” des dirigeants ? Le récent désastre afghan permet hélas de répondre à ces questions. La plus puissante démocratie du monde est conduite par des hommes politiques incapables de maîtriser les problèmes auxquels leur pays se heurte. Cette évidence de plus en plus criante est voilée par des communicants dont la clairvoyance et la responsabilité sont manifestement altérées soit par idéologie, soit par intérêt professionnel, les deux n’étant pas exclusifs l’un de l’autre.

    On a quelques exemples de l’ignorance des présidents américains. Ainsi Georges W. Bush apprenant que l’Irak comptait une majorité de chiites répondit qu’il croyait que tous les Irakiens étaient musulmans. Un homme, ayant le pouvoir de déclencher l’invasion d’un pays par son armée et de le faire occuper en peu de temps après l’avoir militairement écrasé, n’avait de celui-ci qu’une vision approximative sans doute dominée par sa production pétrolière. Si on ajoute à cela la confusion aberrante entre le régime nationaliste de Saddam Hussein et les islamistes d’Al-Qaïda, et l’invention “d’armes de destruction massive” bactériologique et chimique pour justifier cette action contraire au droit international  et plus encore au bon sens, on est atterré par l’incompétence et l’insuffisance dangereuses de tels hommes d’Etat. S’agissait-il d’une exception malheureuse produite par une élection ratée de justesse par le “bon candidat”, Al-Gore, battu de 537 voix en Floride alors qu’il avait obtenu le vote d’une majorité d’électeurs sur l’ensemble des Etats-Unis ? Une élection bancale, un vainqueur faiblard, et brusquement renforcé par la catastrophe du 11/09 avec le réveil patriote qu’elle entraîne. Après le grand Kennedy, au mandat prématurément terminé,  l’immense Obama reprenait le flambeau des présidents démocrates encensés par la presse progressiste américaine et par nos médias.

    Or, en y regardant de plus près, on se rend compte que le “tropisme démocrate” de “l’information” en France relève du parti pris systématique. Certes, comme le disait récemment le Pape en attribuant à tort les propos de Vladimir Poutine à Angela Merkel, il ne faut pas imposer de force la démocratie à des pays dont les moeurs et la religion de s’y prêtent guère, mais n’était-il pas légitime que les Etats-Unis empêchassent l’installation d’une dictature communiste prosoviétique au large de la Floride ? Une opération avait été montée par la CIA d’Allen Dulles, auteur de plusieurs succès en matière de renversement de régimes hostiles, en Iran ou en Amérique latine, sous la présidence républicaine d’Eisenhower. En parvenant à la Maison Blanche, Kennedy héritait du projet d’un débarquement anticastriste sur les côtes cubaines. Au lieu d’y mettre un terme, il le laissa commencer mais s’opposa à l’intervention de l’aviation indispensable à sa réussite. Les “libérateurs” furent écrasés, emprisonnés ou fusillés, l’Amérique vaincue et humiliée à quelques encablures de chez elle. Le castrisme est toujours au pouvoir à La Havane. Il a projeté des métastases au Venézuela, en Bolivie, au Nicaragua et a  suscité une mythologie aussi stupide que néfaste dans la jeunesse occidentale. Plus encore, il a failli être à l’origine de la IIIe guerre mondiale lorsque Kennedy s’est opposé à l’installation des fusées soviétiques pointées vers les Etats-Unis sur l’île de Cuba. Velléités, demi-mesures, indécision : étaient-ce là les marques du jeune génie politique que nos journalistes ont fait entrer dans la légende, en oubliant que c’est lui qui avait commencé la désastreuse escalade de la guerre du Viet-Nam… ?

    Trop souvent, on ignore en France les fautes des présidents démocrates alors que la comparaison avec les Républicains est plutôt avantageuse pour ces derniers. Après Kennedy, Nixon a été un des meilleurs présidents américains qui a préparé le désengagement du Viet-Nam, favorisé le divorce entre Pékin et Moscou, et assuré la domination du dollar sur le monde avec la fin de la convertibilité. Ces décisions n’étaient pas forcément bonnes pour les Européens, elles l’étaient pour l’Amérique. Mais notre presse s’est enthousiasmée pour la mise à mort politique de Nixon provoquée par une sombre affaire découverte par des journalistes et qui n’entachait en rien le bilan positif de ce grand président. Les conséquences furent sans mesure avec le “Watergate” : la démission de Nixon, l’arrivée du canard boiteux Gérald Ford, la fin des crédits pour la guerre au Viet-Nam imposée par la majorité démocrate, l’effondrement de l’armée vietnamienne, abandonnée à son sort comme tous ceux qui, fuyant la dictature communiste, deviendront des “boat-peoples”.  Privée de soutien et de moyens, elle s’est battue, souvent courageusement, avant le désastre de Saïgon que celui de Kaboul rappelle en pire. Carter fut élu et laissa tomber l’Iran aux mains des Ayatollahs : ce fut la première victoire islamiste, couronnée par le désastre de l’opération de libération des otages de l’Ambassade américaine de Téhéran : des hélicoptères en panne, un C-130 percuté par l’un d’eux, huit morts américains, l’opération manquée, l’Amérique humiliée une nouvelle fois. Pendant ce temps, son ambassadeur en Afghanistan était enlevé et assassiné. Manquant de grandeur et de dignité, elle expulsait le Shah d’Iran atteint d’un cancer. Bon, Carter était mauvais, mais Obama fut-il un grand président ? Sa politique étrangère est une série d’erreurs funestes : il a systématisé la préférence américaine pour les islamistes contre les nationalistes arabes et les dictatures militaires. L’installation d’une démocratie à l’occidentale en Afghanistan ou en Irak était le rêve fumeux de Bush junior, Obama s’est cru plus malin en encourageant la révolution islamiste appelée “printemps arabe” parce qu’il imaginait qu’un courant de “démocratie musulmane” allait prendre la relève des dictatures comme la démocratie chrétienne avait en Europe succédé au fascisme et au nazisme. Cette vision simpliste déconnectée du réel a conduit dans le meilleur des cas au retour des dictatures, et dans le pire aux désastres syrien et libyen si lourds de conséquences pour les peuples, pour leurs voisins et pour l’Europe. En Libye aussi, l’Amérique fut humiliée par l’assassinat de son ambassadeur. Enfin, le retrait prématuré d’Irak permit l’Etat islamique.

    La conclusion s’impose lorsqu’on voit Biden succéder à Trump avec une majorité démocrate dans les deux chambres du Congrès. Ainsi le chouchou de nos médias et de la presse américaine est cette nullité dépassée par les événements qui ne trouve comme excuse que la nécessité de poursuivre la politique de l’administration précédente. Qui peut imaginer que le très patriote Trump réélu pour la seconde et dernière fois aurait laissé l’Amérique impunément humiliée comme elle vient de l’être ? Elle ne l’avait pas été durant son mandat malgré les quolibets et les ricanements imbéciles des commentateurs. Cette répétition de l’histoire doit au moins nous servir d’enseignement : peut-on nourrir la moindre confiance envers des médias qui ont célébré la libération de Phnom-Penh par les Khmers rouges et pleurent aujourd’hui sur le sort des femmes abandonnées au régime taliban, comme cette “Sara” procureure à Kaboul, désormais cloîtrée chez elle et livrée à la peur ?

    Source : https://www.christianvanneste.fr/

  • Dette publique : ce que l’on voit, ce que l’on ne voit pas, par Olivier Pichon.

    Toute dette publique est d'abord et au final une décision politique, et donc une décision de violence politique : violence de l'impôt, surtout quand il est justifié par des considérations extra-nationales et moralisantes. Une violence qui s'exerce surtout à l'encontre des classes pauvres.

    4.jpgIl est entendu comme une évidence que la dette n’est pas un problème tant le déferlement de monnaie de singe (le quantitative easing, assouplissement monétaire) devrait continuer par la grâce de la BCE. Il est vrai que le coût du service de la dette, en France, a baissé logiquement en raison de taux nuls ou négatifs : en 2018 les intérêts représentaient 3 % de la dépense publique contre plus de 6 % dans les années 90 pour une dette plus modeste. Mais le service de la dette, avant Covid, était quand même de plus de 40 milliards par an, qui seraient les bienvenus pour les ministères régaliens. C’est ainsi que la classe politique se pense à l’abri de la contrainte de la dette et peut se montrer dispendieuse des deniers publics qui lui permettent encore, dans un contexte de pandémie et d’effervescence sociale et politique, d’acheter à bon compte la paix sociale. Mais jusqu’à quand ?

    Le ratio dette publique sur PIB (115 % du PIB, déficit budgétaire à 9,2 %) ne semble pas inquiéter les créanciers qui ne paraissent pas vouloir s’assurer du risque par des taux plus élevés. En revanche, elle pénalise les épargnants quand les obligations de l’État ont un rendement des plus médiocres. Cette étrangeté quasiment sans précédent dans l’histoire économique ne s’explique pas exclusivement par la générosité de la BCE, tandis que les agences de notation ne déclassent pas non plus la France à raison de ses dettes.

    Le monopole de la violence

    L’explication tient au monopole de la violence que possède l’État et à sa capacité à obtenir par la contrainte des ressources fiscales sans cesse croissantes, souvent dissimulées, avec l’aide de la Commission européenne, sous le couvert de la norme et de l’écologiquement ou sanitairement correct, voire de morales à deux sous, telles “sauver la planète”, “aider au développement”, “promouvoir des comportements inclusifs”. C’est pourquoi on peut considérer la dette comme le moyen d’une forme de tyrannie. Ainsi, l’État est solvable non pour des raisons économiques (équilibres financiers) mais pour des raison politiques. Il faut donc s’interroger sur les conséquences de cette dette. Elles sont de deux ordres : monétaires et sociologiques.

    Conséquences monétaires

    En bonne logique, sur le plan monétaire, la France débitrice devrait connaître un taux de change défavorable et sa monnaie, si elle en avait une en propre, se déprécierait à raison de ce taux défavorable. On sait que l’euro, réputé monnaie unique en théorie, la protège de ce risque mais, là aussi, le risque n’est pas totalement écarté, car les Target [1] pourraient faire apparaître que l’euro français est plus faible que l’euro allemand (c’est encore plus vrai pour l’euro italien) : nous serions alors dans un régime de monnaie commune.

    La dette favorise l’expansion d’une classe de rentiers.

    Par ailleurs, cette dette est détenue à 60 % au moins par l’étranger, ce qui produit de l’évasion de richesses et est un gage d’affaiblissement de la puissance. Et, d’un autre côté, les impôts que lève cet État tout puissant enchérissent les coûts de la main d’œuvre en France. Plus encore, les taux d’intérêt négatifs pour l’État incitent ce dernier à ne pas se réformer, autrement dit à ne jamais réduire les dépenses improductives, généralement idéologiques (remarquons que l’ordre et la sécurité sont mal assurées en France, les fonctions régaliennes étant réduites à la portion congrue). L’État est moins fécond dans la dépense et sa captation de richesses produit un effet bien connu d’éviction par les investissements publics – surtout lorsqu’ils s’encombrent des contraintes politiciennes du discours à la mode (écologie, antiracisme, et maintenant l’arsenal woke) –, moins productifs qu’un investissement privé.

    Une classe de rentiers de l’État par la dette publique

    Sur le plan sociologique, la dette favorise l’expansion d’une classe de rentiers au détriment de l’activité réellement productive. Cette classe s’accommode facilement de la financiarisation mondiale de l’économie aux antipodes d’une nation adonnée à l’industrie : là gît la désindustrialisation française. Une classe d’oisifs qui ne travaillent guère et une classe d’actifs sur lesquels pèse le poids de cette dette. La République qui affiche l’égalité partout, dans ces conditions fiscales, s‘accommode d’une inégalité entre ceux qui peuvent bénéficier des revenus de la dette et ceux qui paient via l’impôt les intérêts de cette dette.

    Plus grave encore : par la contrainte réglementaire, l’État a obligé les établissements financiers (établissements majoritairement dirigés par d’anciens hauts fonctionnaires), banques, compagnies d’assurances et caisses de retraite, à être détenteurs de la dette française. Ce qui revient à assurer la protection d’un régime financier favorable aux élites financières et administratives du pays, car la porosité est grande entre le secteur financier et la haute administration.

    Inflation, faillite, croissance nulle, un bilan

    Enfin, on ne peut exclure que cette cascade monétaire induise une forte inflation comme cela a commencé aux États-Unis. Dans ce cas aussi l’inflation va creuser les inégalités selon que vous serez en revenus fixes ou en revenus indexables sur les prix ; retraités, salariés, épargnants en seront aussi victimes, tandis que vendeurs et acheteurs à taux bas verront croitre leurs revenus, au moins nominalement. Au surplus, si les États évitent les faillites, ils ne font que reporter le risque sur la banque centrale qui, en monétisant leur dette, « encaisserait » à tous les sens du terme le risque de faillite, sans compter que, avant même cette échéance fatale, la politique d’assouplissement monétaire n’a pas été capable de favoriser la croissance en Europe qui connaît les taux les plus bas du monde. Enterrement de première classe de la thèse de Keynes selon lequel laquelle la « cheap money » produit de la croissance.

    Pour l’heure, le système semble tenir, mais il contredit l’affirmation d’indépendance de la BCE voulue par les traités puisque celle-ci doit sa survie à la force et à la contrainte, celle du monopole, celle d’accepter sa monnaie, celle des États qui composent le système de l’euro et qui utilisent la violence légale – la France étant ce coup-ci au premier rang. C’est pourquoi l’euro est bien un enfant bâtard du jacobinisme français et c’est ainsi que s’explique l’attraction des monnaies numériques alternatives, que la BCE veut contrer par son projet de monnaie numérique monopolistique.

     

    Illustration : L’Euro est une traite permanente tirée sur les revenus des européens les plus pauvres.

     

    [1] . Le système Target 2 est un organe du SEBC entré en vigueur en 2007, grosso modo ; les soldes Target 2 tracent le passage des frontières (eh oui, elles existent) par les euros. En cas de déficit de la balance des paiements entre la France et l’Allemagne, par exemple, si les banques commerciales allemandes, par manque de confiance, ne font plus crédit à leurs homologues françaises, le seul recours est la BCE. Comme il y a davantage d’euros français qui passent de la France à l’Allemagne, ce pays se retrouve avec plus d’euros que ceux créés par ses propres banques (soldes Target). On imagine aisément ce qui se passerait si les monnaies n’étaient pas intégrées au SBCE : une dépréciation conduisant à la dévaluation, Target 2 étant là pour sauver l’euro.

    3.jpg

    Source : https://www.politiquemagazine.fr/

  • Sans l’indépendance de l’État, il n’y a pas de libertés, EDITORIAL de Philippe SCHNEIDER (la lorraine Royaliste).

    Nous vivons depuis main­te­nant près de 2 ans sous le signe du « Covid », de ses déri­vés et des consé­quences impo­sées par notre gouvernement.

    Dans le temps, ces mesures paraissent contra­dic­toires, impro­vi­sées.

    Cela est dû en grande par­tie à des contraintes maté­rielles : manque de masques, de lits dans les hôpi­taux, sur­tout en réani­ma­tion, mau­vaise orga­ni­sa­tion de notre sys­tème de san­té, beau­coup trop cen­tra­li­sé, à l’administration ten­ta­cu­laire et oné­reuse, etc.

    Des leçons sont à tirer de cet état de fait. Nous pou­vons repro­cher à notre gou­ver­ne­ment de ne rien faire pour amé­lio­rer la situa­tion pour pou­voir avoir les moyens de faire face lors d’une nou­velle épi­dé­mie, ce qui arri­ve­ra fata­le­ment. L’histoire nous montre que cela arrive régu­liè­re­ment et sans « pré­ve­nir ». Il faut donc être prêt. Au contraire, sans doute pour faire des éco­no­mies, il semble que le pou­voir aggrave les choses pour l’avenir : il y aurait eu encore des sup­pres­sions de places dans les hôpi­taux alors qu’il fau­drait en créer !

    Dans le monde, nous consta­tons des réac­tions très dif­fé­rentes d’un pays à l’autre. Cer­tains n’ont pris aucune mesure par­ti­cu­lières, se conten­tant de pré­co­ni­ser de la pru­dence dans les rela­tions entre les per­sonnes (Suède, cer­tains États des USA,…) et d’autres ont pris des mesures très strictes (confi­ne­ments, fer­me­tures des écoles,…) un peu comme la France avec tous les inter­mé­diaires pos­sibles. Or, il semble, pour l’instant, que le pour­cen­tage de morts par rap­port aux habi­tants soit à peu près le même quelque soit la poli­tique sui­vie. Pour­cen­tage d’ailleurs très faible com­pa­ré à d’autres pan­dé­mies ! Ajou­tons que dans cer­tains pays, il y avait des poli­tiques de trai­te­ments dès les pre­miers symp­tômes alors que d’autres ne soi­gnaient que plus tar­di­ve­ment. Tous, par contre, ont comp­tés sur les dif­fé­rents vac­cins pour jugu­ler l’épidémie. Rai­son pour laquelle ils furent dis­tri­bués très vite avant même que les essais ne soient ter­mi­nés (ils ne le sont tou­jours pas, rai­son pour laquelle il est dif­fi­cile et sans doute illé­gal de les rendre obli­ga­toires).  Ces vac­cins – ceux auto­ri­sés en France comme les autres – semblent dimi­nuer les risques du moins pour les formes graves de la mala­die. C’est déjà quelque chose mais cela jus­ti­fie-t-il un tel achar­ne­ment ? Et puis il y a quand même des incer­ti­tudes sur les consé­quences  à moyen et long terme sur­tout pour les vac­cins à base d’ARN mes­sa­gers, selon de nom­breux scien­ti­fiques. Risques faibles sans doute mais risques. Cela jus­ti­fie l’objection de conscience d’ailleurs recon­nue par les Évêques de France, du moins tant que les périodes d’essai ne seront pas terminées.

    Le gou­ver­ne­ment, conscient de ce pro­blème, tourne le pro­blème en impo­sant un « passe sani­taire » pour de nom­breuses acti­vi­tés, ce qui revient à rendre le vac­cin pra­ti­que­ment obli­ga­toire ! Remar­quons qu’il doit dou­ter de son effi­ca­ci­té car, autre­ment,  il ren­drait d’abord ce « passe » obli­ga­toire là où il y a le plus de pro­mis­cui­té, en par­ti­cu­lier les trans­ports en com­mun (bus, métros, trams, RER,…) et non pas dans les cafés et res­tau­rants, sur­tout les ter­rasses, où cela ne sert à rien !

    Nous pou­vons nous deman­der à quoi rime réel­le­ment ce « passe sani­taire » pour nos gou­ver­nants ? Et là nous nous rap­pe­lons que cer­tains comme Jacques Atta­li, le « men­tor » de Macron, mais aus­si le créa­teur du forum de Davos, Klaus Schwab, ou le sul­fu­reux George Soros et leurs amis sou­hai­taient l’apparition d’une épi­dé­mie afin de tes­ter des sys­tèmes de contrôle de la popu­la­tion comme le « passe sani­taire » ! Ensuite, cela pour­rait être géné­ra­li­sé s’il n’y avait pas trop de réac­tions. Ain­si, avec ce « contrôle » et la mon­dia­li­sa­tion, la finance inter­na­tio­nale pour­rait mul­ti­plier ses pro­fits… Com­plo­tisme ? Non car un com­plot est par défi­ni­tion secret et mis en place par un ou des groupes occultes. Là, ce n’est pas le cas, car les per­son­nages cités et d’autres ont clai­re­ment annon­cé cet objec­tif par écrit ou lors de confé­rences publiques et lar­ge­ment dif­fu­sées. Phi­lippe de Vil­liers en donnent toutes les preuves dans son der­nier livre « Le Jour d’après ». Et c’est cela qui jus­ti­fie plei­ne­ment les mani­fes­ta­tions du same­di qui ras­semblent des cen­taines de mil­liers de per­sonnes. Nous remar­que­rons que plus il y a de monde, moins il est dénom­bré de mani­fes­tants par la pro­pa­gande officielle !

    Que l’on com­prenne bien, il se pour­rait très bien qu’un « passe sani­taire » put être utile à un moment ou un autre dans la vie d’un pays et qu’un pou­voir indé­pen­dant l’impose à ce moment là. Il serait en place pour un moment don­né et sans arrière pen­sée. Mais, jus­te­ment, il faut pour cela un pou­voir indé­pen­dant, ce qui n’est pas le cas aujourd’hui, en répu­blique. Com­ment ne pas pen­ser que nos « diri­geants » suivent les direc­tives de leurs « com­met­tants » ? Sur­tout que cela peut per­mettre aus­si de contrô­ler les élec­teurs ! Remar­quons que dans le même temps, dans ce même but de « contrôle », d’autres liber­tés sont sup­pri­mées visant en par­ti­cu­lier les familles comme l’enseignement à la mai­son, les écoles hors contrat, les auto­ri­sa­tions don­nées aux mineurs sans l’autorisation des parents…

    Ici comme dans tous les autres domaines, sans l’indépendance de l’État, il n’y a pas de liber­tés et, en France, il n’y a qu’un seul pou­voir indé­pen­dant pos­sible, celui de notre Roi. Et nous ne pou­vons faire confiance à aucun des can­di­dats à la pré­si­den­tielle de 2022 car, même s’il y en avait un qui sou­hai­te­rait aller vers plus d’indépendance il serait pris dans le sys­tème et ferait comme les autres !

    Source : https://www.actionfrancaise.net/

  • Rapport Sauvé : l’Église en procès, ou le procès de l’Église ?, par Marie d'Armagnac.

    Un tsunami, une déflagration, une gifle, un uppercut : les superlatifs ne manquent pas pour qualifier le rapport, commandé et payé par l’Église de France (3 millions d’euros), que Jean-Marc Sauvé a conduit pour la CIASE, la « Commission d’investigation sur les abus sexuels dans l’Église », instaurée en 2018.

    4.jpgJean-Marc Sauvé, ancien vice-président du Conseil d’État, haut fonctionnaire aux états de service prestigieux, catholique et père de trois enfants, a donc remis solennellement à Mgr de Moulins-Beaufort, président de la Conférence épiscopale française, et à Sœur Véronique Margron, présidente de la Conférence des religieux et religieuses de France, les conclusions et recommandations de ce rapport.

    Commandée en 2018, cette enquête sur « les violences sexuelles dans l’Église catholique, France 1950-2020 » a été menée par une vingtaine de membres, choisis « sans aucune interférence extérieure » et experts dans divers domaines : sociologie, psychiatrie, secteur social et éducatif, histoire, théologie, droit civil et canonique. Trente-deux mois de travail, un rapport de 485 pages flanquées de 2.000 pages d’annexes pour aboutir à un chiffre effarant, inimaginable : 216.000 mineurs auraient été victimes de violences sexuelles dans l’Église, dans les 70 dernières années. Entre 1950 et 2020 le clergé français a compté près de 3.000 prêtres prédateurs sexuels sur 115.000, soit environ 2,8 % du clergé.

     

    Méthodes scientifiques utilisées pour parvenir à ce chiffre.

     

    Dans son avant-propos, le rapport explique que la parole des victimes « a été la matrice du travail de la commission ». La connaissance et le témoignage des victimes ont été rendus possibles par les enquêtes archivistiques (archives de 31 diocèses, du ministère de l’Intérieur et de la Justice, articles de presse) et par les appels à témoins : selon les chiffres donnés par Jean-Marc Sauvé lors de sa conférence de presse, mercredi, les appels à témoignages ont permis de recenser 2.700 victimes, quand l’enquête archivistique en a identifié 4.800. 243 auditions de victimes ont aidé à dresser un tableau « qualitatif » des violences subies.

    Par ailleurs, « afin de mieux caractériser la population des personnes ayant été abusées et d’étudier les logiques sociales et institutionnelles qui auraient favorisé ces violences, la CIASE a sollicité la sociologue-démographe Nathalie Bajos, directrice de recherche INSERM et spécialiste des enquêtes sur la sexualité et le genre » pour mener une enquête en population générale sur 28.010 personnes.

    Avec son équipe, dont notamment le sociologue Josselin Tricou, auteur d’une thèse sur Des soutanes et des hommes, subjectivation genrée et politiques de la masculinité au sein du clergé catholique français depuis les années 1980, la sociologue et démographe a rendu une étude de près de 500 pages. Elle livre ce chiffre fatal de 216.000, déterminé selon, donc, la méthode du sondage scientifique, « évaluation à plus ou moins 50.000, intervalle de confiance à 95 % », explique Jean-Marc Sauvé. Évaluation qui grimpe à 330.000 enfants abusés si on inclut les laïcs « en mission d’Église », c’est-à-dire les personnes œuvrant dans les aumôneries, les établissements d’enseignement catholique, les aumôneries, etc.

    Grâce à cette étude, l’INSERM et la CIASE alertent sur un phénomène qui touche la société entière : 5,5 millions de Français aujourd’hui majeurs auraient été victimes d’actes pédophiles, dans les cercles familiaux et amicaux, dans l’Église donc, mais aussi dans le sport, à l’école… Les agissements d’un ne relèvent pas d’un cas isolé mais d’un phénomène massif. On attend les enquêtes publiques menées dans la société française sur le modèle de ce que fait aujourd’hui l’Église.

     

     

    Le procès de la « domination masculine » dans l’Église

    Au-delà de l’étude chiffrée et dévastatrice, la sociologue Nathalie Bajos s’interroge sur les raisons de l’omerta, sur ce qui a poussé, pendant des décennies, certains clercs et hauts prélats à privilégier la logique institutionnelle à la vérité, nue et cruelle.

    À cet égard, elle porte sur l’Église en tant qu’institution un regard qui semble démentir le jugement porté par Jean-Marc Sauvé sur les experts qu’il a lui-même choisis, « pour leurs compétences et leur impartialité, de toutes opinions et confessions ». Ainsi, elle conclut les 500 pages de son étude par une accusation sans appel : « L’institution ecclésiale revendique encore ouvertement la domination masculine et l’inscrit dans sa culture et dans ses structures. Tant qu’elle refusera de renoncer au monopole masculin du pouvoir et à sa métaphorisation paternelle qui, toute symbolique qu’elle soit (sic), n’en a pas moins des effets réels, le risque de violence sexuelle au sein de l’ restera d’actualité. »

    En clair, l’Église « observatoire privilégié de la domination masculine, et plus précisément du fonctionnement d’un système patriarcal » est coupable, et le restera, tant qu’elle demeurera l’Église ! Confondre ainsi l’omerta, l’abus de pouvoir et la lâcheté avec l’exercice d’une autorité paternelle, dénoncer une prétendue masculinité toxique de l’Église en évoquant la fonction sacrée du sacerdoce : l’amalgame est dangereux.

    Que l’Église de France, dans un effort louable d’humilité, de contrition et de transparence face à des actes indicibles ait voulu percer l’abcès est une bonne chose. Qu’elle se soit, pour cela, aliéné les services d’experts dont on peut raisonnablement douter de la neutralité est une erreur qu’elle paiera cher.

     

    Des recommandations révolutionnaires

    Dans le même fil, Jean-Marc Sauvé, à l’issue de son rapport, formule 45 recommandations : « La commission propose des mesures sur les questions de théologie, d’ecclésiologie et de morale sexuelle parce que, dans ces domaines, certaines interprétations ou dénaturations ont, selon elle, favorisé abus et dérives. Elle fait aussi des propositions dans les domaines de la gouvernance de l’Église, de la formation des clercs, de la prévention des abus et de la prise en charge des agresseurs. » Plaidant longuement pour la mise en place de garde-fous indispensables afin que le phénomène de pédérastie pédophile dans l’Église soit éradiqué (80 % des victimes sont des garçons de 10 à 13 ans), il n’en formule pas moins d’autres recommandations surprenantes : ainsi, la commission enjoint l’Église de reconnaitre « la responsabilité civile et sociale de l’Église indépendamment de toute faute personnelle de ses responsables ». De passer au crible « la constitution hiérarchique de l’ au vu des tensions internes sur sa compréhension d’elle-même : entre communion et hiérarchie, entre succession apostolique et synodalité et surtout entre l’affirmation de l’autorité des pasteurs et la réalité des pratiques de terrain, de plus en plus influencées par des fonctionnements démocratiques ». Ou encore de « développer l’esprit critique et les capacités de réflexion et d’élaboration des séminaristes et des novices, notamment sur les questions d’autorité et d’obéissance », mais aussi de revenir sur le secret de la confession, d’ordonner prêtre des hommes mariés (il se réfère au synode sur l’Amazonie), de renforcer la présence des laïcs et des femmes dans les sphères décisionnelles catholiques… Si l’Église ne suit pas ces recommandations, alors ce rapport n’aura servi à rien, dit-il.

    Commandé par l’Église de France, ce rapport pourrait l’affaiblir doublement. D’une œuvre de purification nécessaire, on pourrait arriver à une œuvre de déstabilisation de ses fondements, d’une Église en procès au procès de l’Église.

    Est-ce que cela serait rendre véritablement aux victimes ? Pas sûr.

    L’impossible réparation se fera-t-elle au prix d’une révolution culturelle ?

    Ce serait, assurément, agir au détriment des plus de 97 % des prêtres et religieux qui, humblement, quotidiennement, sans bruit mais avec le panache d’une conscience droite et d’une vie offerte, œuvrent dans l’Église et portent déjà, aux yeux du monde et des médias, la responsabilité des crimes de quelques-uns.

     

    Marie d'Armagnac

    Journaliste
    Journaliste et auteur
  • Les ides de Janvier, par Georges-Henri Soutou.

    L’Union européenne et ses États-membres semblent se réfugier dans une posture irénique où tout conflit est banni : mais comment croire que les conflits les épargneraient alors que les intérêts nationaux et ceux de la mondialisation s'éloignent de plus en plus ?

    11.jpgLe mois de janvier 2021 restera comme un point de retournement de notre histoire contemporaine. Et pas seulement à cause de l’aggravation de la pandémie. Le 5, la Géorgie a élu deux sénateurs démocrates, donnant ainsi à Joe Biden (avec la voix prépondérante de la vice-présidente Kamala Harris) une majorité au Sénat, et donc la possibilité d’accomplir son programme, qui fera probablement peu plaisir, expérience faite et malgré leurs illusions initiales, aux Européens en général et aux Français en particulier. J’attire l’attention sur le fait que l’une des premières décisions du nouveau président a été de proposer un itinéraire pour les « sans-papiers » leur permettant d’accéder à la nationalité américaine en huit ans au maximum. Si le Congrès accepte cette mesure, ce sera en fait la mise en place d’un droit général à l’immigration, qui aura une bonne chance de devenir progressivement une norme internationale, étant donné la pression un peu partout dans ce sens. En Allemagne par exemple, le deuxième pays d’immigration après les États-Unis, de nombreux experts et associations vont dans le même sens, comme un peu partout d’ailleurs.

    Le 16, la CDU a choisi le successeur de Mme Merkel à sa tête : Armin Laschet, de tous les candidats celui qui a le plus affirmé sa continuité avec la chancelière. Il n’est certes pas encore chancelier, les élections n’auront lieu qu’en septembre, mais malgré l’agitation du pays depuis 2015 un désir de continuité l’emporte. On ne remettra pas en cause l’arrêt du nucléaire, le refus de la puissance, le multiculturalisme et l’orientation croissante vers Pékin. Cela rendra beaucoup plus difficile une réponse européenne, à base franco-allemande, aux défis actuels auxquels est affronté notre continent.

    D’autant plus que la Chine, vient-on d’apprendre, est sortie, sinon de la pandémie, du moins de ses conséquences économiques, avec une progression du PIB de plus de 6 % en un an. Pendant ce temps Navalny est rentré en Russie où il a été immédiatement arrêté : malgré sa réputation en Occident, il ne paraît pas en état de remettre en cause le pouvoir poutinien, ses partisans sont moins nombreux qu’on le prétend ici.

    Sur qui compter ? L’Italie a elle aussi choisi ce mois de janvier pour une crise politique. Et la Grande-Bretagne ne fait plus partie de l’Union européenne. Mais on se rend compte depuis le 1er janvier que le Brexit n’est pas terminé, la rupture provoque une série de problèmes qui vont nous accompagner pendant des mois, voire des années : les échanges commerciaux physiques rencontrent pour le moment de grandes difficultés, à cause du maquis des procédures douanières. La filiale fret routier de la Deutsche Bahn a récemment arrêté ses expéditions vers la Grande-Bretagne, le commerce alimentaire en produits frais, les pièces détachées pour l’industrie automobile sont particulièrement affectés. Quant aux services financiers, non couverts par l’accord de Brexit, ils sont bloqués dans l’Union les uns après les autres, Bruxelles refusant pour le moment systématiquement autorisations et équivalences. Il est impossible actuellement de savoir comment cela sera réglé. On constate cependant qu’il y a quelques jours la Suisse (qui s’est vu retirer par Bruxelles, en 2019, l’agrément annuel dont elle jouissait pour ses services financiers) et Londres ont conclu un accord pour la cotation des valeurs sur leurs marchés respectifs. Est-ce le début de la formation d’un centre financier anglo-suisse en marge de l’UE, ce qui poserait à celle-ci de vastes problèmes ? Il est trop tôt pour y voir clair dans ces questions complexes, mais qui ne vont pas encourager les Britanniques à adopter une humeur coopérative…

    Forces centrifuges

    On peut cependant penser qu’un contre-modèle anglo-suisse pourrait bien voir le jour : l’Autriche voulait consacrer une aide (modique) à son secteur du spectacle sinistré, elle doit attendre l’accord de Bruxelles, qui se réserve d’autoriser ou pas toutes les aides nationales dans le cadre de la pandémie, alors qu’au même moment la Suisse mettait en place une aide équivalente, sans problème évidemment. C’est très exactement cette souplesse que Londres compte bien mettre en œuvre. Le potentiel des deux pays, en matière de services financiers et d’innovation, est considérable, rappelons-le.

    L’Irlande du nord et son gouvernement « unioniste » connaissent une situation très difficile : contrairement à ce qui avait toujours été promis par Boris Johnson à Belfast, l’accord du Brexit maintient l’Irlande du Nord dans l’espace commercial et juridique de l’UE, donc du côté de Dublin, avec des contrôles entre le Royaume-Uni et l’Irlande du Nord, ce qui complique le commerce et provoque en ce moment des pénuries. Étant donné la complexité des relations entre les deux Irlandes, l’issue de cette situation est imprévisible, mais une réunification à terme de l’Irlande, et donc la sortie de l’Ulster du Royaume-Uni, ne peut plus être exclue.

    Au-delà du cas irlandais, beaucoup de Britanniques soupçonnent Bruxelles de vouloir encourager l’indépendantisme écossais pour affaiblir et « punir » le Royaume-Uni. Certes, la partie de l’accord du Brexit concernant la pêche est particulièrement pénible pour les pêcheurs écossais, et d’autre part le Premier ministre écossais, Mme Sturgeon, veut un nouveau référendum. Il n’est pas du tout sûr cependant que celui-ci ait lieu (il faut l’accord de Londres). L’Écosse représente 8,2 % de la population du Royaume-Uni, mais 7,4 % de son économie et ne réalise que 5 % de ses exportations. 61 % du commerce écossais se fait avec le Royaume-Uni, et 90 % transite par le Royaume-Uni. Et l’Écosse bénéficie massivement de la péréquation des dépenses publiques que pratique Westminster : 25 % de plus de dépenses publiques par habitant en Écosse qu’en Angleterre. Quant à la manne pétrolière, elle est à peu près épuisée. Si le référendum a lieu, il n’est pas sûr que les indépendantistes l’emportent.

    Mais l’important ici est que, si les responsables britanniques (à tort ou à raison, peu importe) estiment que les Continentaux veulent « détricoter » le Royaume-Uni, l’établissement de relations plus positives entre Londres et l’UE sera difficile… On constate par exemple que le Royaume-Uni vient de refuser d’accorder le plein statut diplomatique au représentant de l’Union européenne à Londres.

    En Europe, l’illusion du repli

    Par ailleurs, un récent sondage dans l’UE apporte une indication importante : deux tiers des Européens sentent que les choses vont mal, ils souhaitent rester neutres en cas de conflit entre les États-Unis et la Chine, ou entre les États-Unis et la Russie. Mais s’ils sont de plus en plus critiques à l’égard des États-Unis, de plus en plus conscients d’être européens et satisfaits de leur système de protection sociale, ils ne sont pas prêts à dépenser plus pour une véritable politique de défense européenne. En fait ils rêvent d’un repli sur eux-mêmes, dans une illusoire neutralité qui ne les mettrait pas à l’abri des pénétrations économiques, informatiques, migratoires, etc., qui sont la marque du monde actuel. Pour un grand ensemble géopolitique la neutralité n’est pas possible : « Si vous ne vous intéressez pas à la guerre, la guerre, elle, s’intéressera à vous », disait Trotski.

    Après ce noir mois de janvier, que faire ? Bien entendu lutter contre la dérive mondialiste qui, après la surprise de la pandémie, reprend de tout côté, en étant particulièrement attentif aux innovations juridiques et en suivant le conseil des vieux Romains : In principiis obsta. Ne pas déifier nous-mêmes le droit européen en gestation constante. Au niveau européen, ne pas céder à la tentation du financement bruxellois des aides budgétaires en ce temps de pandémie, solution de facilité mais qui sort du cadre fixé par les traités et prépare l’arrivée par la porte de service d’un État européen fédéral. Tout faire bien entendu pour réduire les conséquences négatives du Brexit pour notre commerce, pour notre industrie, pour notre capacité d’innovation, pour notre défense.

    Et pour le reste consacrer tous nos efforts à l’essentiel : maintenir une politique énergétique qui ne nous prive pas demain d’électricité, au nom de l’idéologie écologique dominante. Et pour la sécurité : rester ouvert aux nombreux cas de figure possibles, ne pas rêver à une défense européenne née toute armée, mais utiliser à fond les possibilités non négligeables de regroupements ad hoc que fournissent l’OTAN et l’UE pour pouvoir mettre sur pied, le cas échéant, en fonction des problèmes et avec ceux de nos partenaires qui le souhaiteront, des combinaisons de forces crédibles.

     

    Illustration : Flocke et ses trois oursons polaires nés dans le parc. Ils sont à l’abri dans un environnement contrôlé, petits citoyens européens protégés de tout et même de vivre. Marineland, Antibes.

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    Source : https://www.politiquemagazine.fr/

  • Comment l’Éducation Nationale flique ses profs pour installer la cancel culture, par Éric Verhaeghe.

    C'est un aspect peu connu de l'Éducation Nationale et de sa bureaucratie pédagogique, qui vaut pourtant le détour. Depuis l'inénarrable Vincent Peillon, rien n'a bougé : le mammouth impose un "référentiel de compétences" des enseignants qui constitue une véritable arme de guerre pour faire régner la police de la pensée dans les rangs, et pour rétrécir au maximum les espaces de liberté des profs vis-à-vis de la bien-pensance vivre-ensembliste et snessienne. Ou comment une armée d'1 million de profs est équipée pour broyer toute forme d'esprit critique dans ses effectifs et pour imposer au goutte-à-goutte la cancel culture dominante dans la caste.

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    11.jpgEn 2013, le ministre socialiste de l’Éducation, Vincent Peillon (qualifié de cerf-volant à piloter depuis le sol par l’un de ses proches collaborateurs) a imposé un « Référentiel des compétences professionnelles des métiers du professorat et de l’éducation » que Jean-Michel Blanquer n’a pas modifié. Ce texte, publié au Bulletin Officiel, sert aujourd’hui d’arme d’intimidation contre les enseignants qui refusent le diktat de la Cancel Culture et de la bien-pensance à outrance. Il faut absolument lire ce texte hallucinant, qui participe au naufrage éducatif dont nous sommes quotidiennement les témoins. 

    Pourquoi un référentiel du métier de prof ?

    En soi, l’édiction d’un « référentiel des compétences professionnelles » est une bonne idée, assez courante d’ailleurs dans le monde contemporain, qui permet de clarifier les attentes d’un employeur vis-à-vis de ses employés. C’est une démarche de transparence et d’explication sur qu’on attend d’un enseignant pour le considérer comme « un bon enseignant ». 

    Dans le domaine éducatif, cette logique est salutaire. 

    Ce qui est très instructif, c’est de détailler ce que la bureaucratie éducative y a rangé et consigné sous le quinquennat Hollande, et que personne n’a remis en cause depuis lors. 

    Aux origines du référentiel français

    Il faut lire attentivement le référentiel français pour noter qu’il découle d’un référentiel européen un peu mystérieux, contenu dans un avis du Parlement européen datant de 2006 ! La lecture de cet avis ne manque d’ailleurs pas d’intérêt, car le texte du Parlement est assez concis, plein d’ambitions, et empreint d’idées que nous pouvons assez facilement partager. 

    Pour le comprendre, on lira ici les compétences clés attendues d’un enseignant selon le Parlement européen :

    Les compétences sont définies en l’occurrence comme un ensemble de connaissances, d’aptitudes et d’attitudes appropriées au contexte. Les compétences clés sont celles nécessaires à tout individu pour l’épanouissement et le développement personnels, la citoyenneté active, l’intégration sociale et l’emploi.

    Le cadre de référence décrit huit compétences clés:

    1.

    Communication dans la langue maternelle;

    2.

    Communication en langues étrangères;

    3.

    Compétence mathématique et compétences de base en sciences et technologies;

    4.

    Compétence numérique;

    5.

    Apprendre à apprendre;

    6.

    Compétences sociales et civiques;

    7.

    Esprit d’initiative et d’entreprise; et

    8.

    Sensibilité et expression culturelles.

    Les compétences clés sont considérées comme étant aussi importantes les unes que les autres, dans la mesure où chacune d’entre elles peut contribuer à la réussite de l’individu vivant dans une société de la connaissance.

    On peut évidemment contester le jargon communautaire. Mais il a le bon goût de mettre en avant des compétences comme l’esprit d’initiative et d’entreprise qui font cruellement défaut à l’enseignement français, et dont il aurait bien besoin de s’inspirer. 

    Le Parlement européen contre la cancel culture

    Au passage, il n’est pas inintéressant (bien au contraire) de relever les affirmations du parlement européen sur le « Vivre Ensemble » et sa fçon de l’aborder à l’école. Par exemple cette citation riche de sens :

    La connaissance culturelle suppose d’avoir conscience du patrimoine culturel local, national et européen et de sa place dans le monde. Elle inclut une connaissance élémentaire des œuvres culturelles majeures, dont la culture populaire contemporaine. Il est essentiel de comprendre la diversité culturelle et linguistique en Europe et dans d’autres régions du monde, la nécessité de la préserver et l’importance des facteurs esthétiques dans la vie de tous les jours.

    Loin d’occulter les patrimoines locaux, le Parlement européen a donc appelé à en préserver l’apprentissage et la transmission. Cette idée est saisissante, car elle contraste singulièrement avec ce que la machine éducative a pu en déduire en 2013, comme nous allons le voir.

    Comment l’Éducation Nationale a « traduit » le référentiel

    Ce qui frappe à la lecture du référentiel français, c’est qu’il simplifie, appauvrit et amenuise fortement toutes les affirmations gênantes du référentiel français, pour en faire un document manifestement « téléguidé » pour mettre au pas les enseignants. 

    La reprise de la table des matières permet de mesurer la distance qui sépare l’ambition européenne et sa réduction française :

    1. Faire partager les valeurs de la République

    2. Inscrire son action dans le cadre des principes fondamentaux du système éducatif et dans le cadre réglementaire de l’école

    3. Connaître les élèves et les processus d’apprentissage

    4. Prendre en compte la diversité des élèves

    5. Accompagner les élèves dans leur parcours de formation

    6. Agir en éducateur responsable et selon des principes éthiques

    7. Maîtriser la langue française à des fins de communication

    8. Utiliser une langue vivante étrangère dans les situations exigées par son métier

    9. Intégrer les éléments de la culture numérique nécessaires à l’exercice de son métier

    10. Coopérer au sein d’une équipe

    11. Contribuer à l’action de la communauté éducative

    12. Coopérer avec les parents d’élèves

    13. Coopérer avec les partenaires de l’école

    14. S’engager dans une démarche individuelle et collective de développement professionnel

    Et encore, ces compétences s’entendent pour « tous les professeurs ». Il faut ensuite distinguer les compétences spécifiques pour chaque catégorie d’enseignants (CPE, documentalistes, lycée, collège, etc.). Rien qu’à ce stade, on s’interroge sur la profusion de compétences attendues, et sur le glissement de sens d’un certain nombre d’expressions européennes. 

    Par exemple, le Parlement européen recommandait d’être compétent dans la communication dans la langue maternelle. Cette compétence est devenue « maîtriser la langue française à des fins de communication » sous la plume de Peillon et de ses acolytes. Les deux expressions ne se valent pas : l’Europe préconise de communiquer, la France préconise de maîtriser la langue pour pouvoir communiquer. La nuance est de taille. 

    Comment la Cancel Culture est introduite par Peillon

    Ce qu’il faut surtout, c’est le détail de chacune de ces compétences, qui illustre comment la Cancel Culture a fait son introduction subreptice dans les programmes éducatifs, sous couvert de bienveillance et de bienpensance. 

    Qu’il nous soit permis d’en donner une illustration précise et méthodique. 

    Le lavage de cerveau commence dès le premier item, où il faut « faire partager les valeurs de la République ». Le petit livre rouge-vert de Vincent Peillon détaille ainsi cet objectif :

    Savoir transmettre et faire partager les principes de la vie démocratique ainsi que les valeurs de la République : la liberté, l’égalité, la fraternité ; la laïcité ; le refus de toutes les discriminations.

    On comprend donc que le « refus de toutes les discriminations » est une valeur républicaine aussi importante que la liberté ou la laïcité. Cet ajout curieux en dit long sur le fourre-tout dans lequel l’imagination pédagogique contemporaine a organisé le « refus de toutes les discriminations », et la suite du texte illustre parfaitement ce que cette expression suggère à demi-mots. 

    On découvre plus loin « qu’agir en éducateur responsable et selon des principes éthiques » (compétence étrange, au demeurant, comme si respecter l’éthique était une compétence…), signifie notamment :

    Se mobiliser et mobiliser les élèves contre les stéréotypes et les discriminations de tout ordre, promouvoir l’égalité entre les filles et les garçons, les femmes et les hommes.

    Autrement dit, ne pas adhérer à la théorie du genre, et autres élucubrations à la mode relève de la faute professionnelle. Peu à peu se dessine la fourberie avec laquelle, sous couvert de déterminer les compétences des enseignants, le ministre pratique une reductio ad opinionem temporis. 

    Cancel culture jusqu’au bout des ongles

    Mais l’injonction donnée aux enseignants (sur de très nombreuses pages) de refuser toutes les discriminations ne s’arrête pas à quelques mots creux. Elle est déclinée jusqu’aux pratiques pédagogiques elles-mêmes. 

    Par exemple, les professeurs « praticiens experts des apprentissages », doivent savoir toiletter leur discipline pour :

    Prendre en compte les préalables et les représentations sociales (genre, origine ethnique, socio-économique et culturelle) pour traiter les difficultés éventuelles dans l’accès aux connaissances.

    Traduction : on oubliera soigneusement de préciser, en cours d’histoire, que le monde arabo-musulman a largement pratiqué l’esclavage des Noirs, car il faut tenir compte des « représentations sociales » de chacun dans l’enseignement. 

    Ce point de doctrine est complété par la compétence suivante : 

    Sélectionner des approches didactiques appropriées au développement des compétences visées.

    Voilà un principe simple posé : il faut utiliser des « approches didactiques appropriées ». Tout un programme…

    Bien entendu, ces exigences ne visent pas nommément la « Cancel Culture ». Elles permettent seulement de poser le cadre disciplinaire dans lequel les enseignants sont piégés s’ils refusent la culture de la discrimination positive, de la lutte contre les s

  • Mourir pour Taïwan ?, par Antoine de Lacoste.

    La Chine est à la mode. Tous les géopolitologues, stratèges, généraux en retraite ou en activité planchent sur le sujet d’actualité : la Chine sera-t-elle la cause de la troisième guerre mondiale ? Et de prédire : « si le feu prend, c’est Taïwan qui en sera l’allumette ».

    LACOSTE.jpgUNE ILE SYMBOLE

    Taïwan, longtemps appelée Formose par les occidentaux, est une île symbole. C’est ce qui en fait son prix. Située à 180 kilomètres à l’est de la Chine, elle compte 24 millions d’habitants pour une superficie de 36 000 kilomètres carrés, soit une des plus fortes densités du monde mais aussi une fécondité catastrophique, avec à peine plus d’un enfant par femme.

    Tardivement conquise par la Chine, au XVIIIème siècle, elle fut ensuite cédée (de force) au Japon. Vaincu en 1945, ce dernier dut la rétrocéder à l’Empire du Milieu. C’est alors qu’elle entra dans l’Histoire.

    La guerre civile chinoise se termina en 1949 par la victoire des communistes et la défaite des nationalistes de Tchang Kaï-chek qui se réfugièrent à Taïwan, suivis par plusieurs millions de civils qui refusaient le joug communiste. Le parapluie américain se déploya immédiatement et les Chinois furent prévenus que Taïwan était désormais sous leur protection.

    Les nouveaux maîtres de la Chine continentale renoncèrent sagement à leur projet d’invasion voué à l’échec et portèrent leurs efforts sur la diplomatie. Il s’agissait de se faire reconnaître par le monde comme seul pays représentant la Chine. Deux attitudes s’opposèrent : les pays communistes ou compagnons de route reconnurent la Chine continentale, les autres Taïwan. Une reconnaissance excluait l’autre.

    Le basculement se fit à partir de 1971. La Chine et l’Union soviétique s’étaient fâchées dès le début des années cinquante et, après des années d’hésitation, les Etats-Unis décidèrent de se rapprocher de la Chine afin d’isoler l’Union soviétique. Ce spectaculaire réchauffement, qui démarra par un match de ping-pong, se traduisit par la visite historique de Richard Nixon à Pékin en 1972. Dès lors, la quasi-totalité des pays du globe reconnurent progressivement la République populaire de Chine. La France l’avait d’ailleurs fait dès 1964, afin de montrer à l’Amérique que ce n’était pas elle qui dictait le calendrier diplomatique mondial.

    Mais cet isolement diplomatique de Taïwan ne se traduisit pas par un isolement militaire. Les Etats-Unis continuèrent d’affirmer l’intangibilité de la sécurité de l’île. Des navires de guerre américains patrouillent depuis des décennies dans le détroit et l’armée taïwanaise elle-même est d’un haut niveau.

    LA CRISE DE 1995

    La Chine n’a jamais accepté cet état de fait et c’est pour ne pas la provoquer que Taïwan n’a pas souhaité proclamer officiellement son indépendance.

    En 1995 et 1996, l’armée chinoise tenta une spectaculaire opération d’intimidation. De nombreux missiles balistiques furent tirés tout près des ports de l’île et des opérations de simulation d’attaque furent organisées. Le Président Clinton réagit immédiatement et deux porte-avions croisèrent dans le détroit. Tout rentra dans l’ordre.

    Cette « crise des missiles » eut des conséquences majeures.

    C’est après elle que la Chine, humiliée mais pragmatique, s’engagea dans une spectaculaire modernisation de son armée. La marine fit l’objet de soins particuliers. De même, de très nombreux missiles furent fabriqués et testés. En 2020, la révolution était achevée avec le lancement inédit de deux missiles balistiques capables de détruire un porte-avion. Vulgairement appelés « tueurs de porte-avions », ces missiles inquiètent au plus haut point les Etats-Unis.

    Toute leur flotte est maintenant vulnérable et les forces militaires maritimes sont désormais proches, hors nucléaire où la prépondérance américaine reste importante.

    La donne a donc changé. Pour autant, peut-on affirmer que la Chine prendra le risque d’envahir Taïwan en préjugeant que les Américains ne bougeront pas ? Ce serait un pari extrêmement risqué et les dirigeants chinois ont montré ces dernières années qu’ils préféraient agir à coup sûr.

    UNE CHINE POUR DEUX SYSTEMES ?

    Jusqu’à présent, la stratégie chinoise a plutôt relevé de la méthode douce (le soft power comme on dit chez les mondialistes). Le but étant de convaincre Taïwan de rejoindre le giron continental en gardant son organisation démocratique : c’est une Chine pour deux systèmes. Ce concept n’est pas si irréaliste qu’on pourrait le penser.

    Tout d’abord, les Etats-Unis en ont eux-mêmes accepté le principe par le « Taïwan relations act » voté en 1979 (Biden faisait d’ailleurs partie des votants) qui indique notamment que les relations entre les Etats-Unis et Taïwan sont non officielles, ce qui est logique puisqu’il n’y a pas d’indépendance formelle de l’île. La même année les Etats-Unis reconnaissait officiellement qu’il n’y a qu’une seule Chine dont Taïwan fait partie, la nuance a son poids. Ces données doivent être connues si l’on veut comprendre toute l’ambiguïté du dossier.

    D’autre part, il faut savoir que les échanges entre les deux territoires (n’employons donc pas le mot pays) ont toujours été très importants. Autorisés depuis 1991, ils atteignent 200 à 300 milliards de dollars par an. Bon an mal an, ce sont près de la moitié des exportations de Taïwan qui partent vers la Chine continentale. De très nombreuses entreprises de Taïwan dépendent de la Chine dont elles ont également accompagné le développement. Plus d’un million de Taïwanais se sont installés à Shangaï où ils sont majoritairement chefs d’entreprises. Le partenariat sino-taïwanais est donc très étroit.

    Même l’opinion publique taïwanaise est mitigée. Seule la moitié des personnes consultées souhaite la proclamation de l’indépendance. L’autre moitié ne la demande pas. Non qu’elle ait la moindre sympathie pour le système communiste, mais c’est parce qu’elle a conscience d’être chinoise. D’où l’idée d’une Chine pour deux systèmes.

    L’OMBRE D’HONG-KONG

    Mais un élément nouveau est venu perturber ce beau projet. Il s’agit d’Hong-Kong. En livrant ce petit territoire à la Chine, les Anglais savait parfaitement ce qui allait arriver et le concert de protestations occidentales survenu lors de la répression des émeutes estudiantines relève de l’hypocrisie classique dans ce type de situation. Les Chinois étaient certains qu’il ne se passerait rien car Hong-Kong leur appartient. Il en de même pour les Ouïghours, dont la mise au pas a suscité une indignation toute théorique qui ne pouvait être suivie d’aucune action concrète, d’autant qu’il s’agit d’une province chinoise.

    Rappelons tout de même en passant que cette répression fut précédée de nombreux attentats islamistes (les Ouïghours sont des Turkmènes musulmans). Plusieurs centaines d’Ouïghours partirent même en Syrie faire le djihad. Beaucoup y sont encore.

    En réalité ce touchant et nouvel élan de compassion vers la population Ouïghoure relève d’une stratégie géopolitique on ne peut plus classique. L’Amérique craint de se faire dépasser par la Chine et la discréditer participe à l’organisation de la riposte. Docilement, l’Europe suit et la Chine est passée sous la présidence Trump du statut de puissance montante regardée avec curiosité voire admiration (les nouvelles routes de la soie) au statut d’ennemi. Mais c’est l’Amérique qui l’a décidé selon son principe de toujours « America first ».

    Sa stratégie est opportunément confortée par la nouvelle configuration politique de Taïwan. La présidente Tsai Ing-wen, élue en 2016 et réélue en 2020, fait partie de cette nouvelle génération qui souhaite prendre ses distances avec le continent. L’exemple de Hong-Kong fait peur et beaucoup de Taïwanais, en particulier les jeunes, craignent que le « Une Chine, deux systèmes » ne se transforme un jour en Une Chine, un système. On peut les comprendre.

    D’un autre côté, les brillants exploits guerriers américains des dernières années ont montré que leur fidélité à leurs alliés était à géométrie extrêmement variable. La livraison de l’Afghanistan aux islamistes talibans en constituant la cerise sur le gâteau.

    Alors que feront l’Amérique et la Chine au sujet de Taïwan qui constitue sans nul doute le plus grand risque de conflit direct entre les deux puissances ?

    Nul ne le sait bien sûr. Mais il est certain que la Chine ne renoncera jamais à Taïwan. C’est d’ailleurs inscrit dans sa Constitution. Tout comme la Russie n’avait jamais renoncé à la Crimée que Staline avait offert à l’Ukraine contre toute raison. Poutine a attendu le moment favorable pour récupérer cette terre russe sans tirer un coup de feu.

    Nul doute que Xi Jinping doit méditer cet exemple.

     

     Antoine de Lacoste

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    Source : https://politiquemagazine.fr/

  • L’EUROPE : VERS LE GRAND COMPROMIS ?, par Georges-Henri Soutou.

    Entre pandémie opportune et États-Unis décevants, l’Europe fédérale acquiert chaque jour un peu plus de substance. La Cour de justice s’efforce d’abolir les législations nationales, on lance une initiative commune chaque semaine, on punit les récalcitrants… La France de Macron y voit son avantage.

    5.jpgNombreux sont ceux qui souhaitent que l’Union européenne, à la faveur de la situation actuelle, fasse un pas décisif dans le sens fédéral. Leur projet progresse. D’une part, à cause de la pandémie, Bruxelles a brisé un tabou : l’Union prête directement quelques 750 milliards d’euros aux États membres. Ce n’est pas encore une « union fiscale », mais on s’en rapproche, par un endettement commun, sinon encore par une « mutualisation des dettes ». D’autant plus que les États doivent faire approuver par la Commission les programmes pour lesquels ils comptent utiliser ces prêts. C’est ainsi que l’Allemagne pourra les utiliser pour de nouvelles centrales à gaz, mais pas la France pour son programme nucléaire, ce qui est le comble du comble… Mais enfin, si ça peut contribuer à sevrer un peu la RFA du charbon, qui est redevenu cette année sa première source d’énergie…

    D’autre part le désastre de Kaboul a reposé la question d’une « autonomie stratégique » européenne par rapport aux États-Unis, comme le répète le président de la République. Le mot « autonomie » est très difficile à définir de façon précise. Disons que Paris souhaite reprendre un thème des années 1990, celui d’une véritable personnalité européenne de défense, le mot « autonomie » étant destiné à rassurer les partenaires qui continuent à compter d’abord sur l’OTAN pour leur sécurité. Mais si ces deux tendances concomitantes aboutissaient, on aurait bien affaire à un État européen fédéral. On parle d’un « moment Hamilton » de l’Union, allusion à l’histoire des États-Unis, quand le président Hamilton décida de doter les États de l’Union d’un budget commun.

    Certes, c’est bien le sens du discours optimiste « sur l’état de l’Union européenne » que Madame von der Leyen a prononcé le 15 septembre devant le Parlement européen. Mais la Commission de Bruxelles n’est pas un gouvernement, elle peut proposer tout ce qu’elle veut, elle ne sera pas forcément suivie par des États qui restent souverains. Pour qu’il en soit autrement, il faudrait un saut qualitatif.

    Mais ce saut peut intervenir de deux façons : d’abord de façon progressive, par une réinterprétation des traités existant dans un sens encore plus favorable à une intégration toujours plus poussée, c’est très exactement le rôle que s’est attribué la Cour de justice européenne de Luxembourg dès 1964, en déclarant le droit des Communautés européennes supérieur au droit des États membres et même, à partir de 1970, à leur constitution. Et la proclamation en 2000 de la Charte des droits fondamentaux de l’Union européenne a permis à la Cour de se prononcer sur à peu près tous les sujets, bien au-delà de son domaine de compétence initiale (l’interprétation et le respect des règlements européens).

    La démocratie chrétienne était la gardienne du statu quo : elle a perdu le pouvoir, une nouvelle constitution est possible.

    Mais il y a des freins. D’abord les États peuvent se rebeller. Le refus des Britanniques de renoncer à leur indépendance juridictionnelle a été l’une des raisons du Brexit. Actuellement la Pologne refuse de s’incliner devant Luxembourg, qui estime sa récente réforme judiciaire contraire au droit de l’Union, et Varsovie réaffirme la supériorité de sa constitution sur le droit européen. La Commission envisage des amendes, qui peuvent prendre la forme d’une suspension du versement de la part polonaise dans le prêt de reconstruction post-covid. Les dirigeants polonais menacent de quitter l’Union le cas échéant. Il s’agit bien sûr d’un bras de fer en cours, et cela m’étonnerait que l’on en arrive là, mais enfin on ne peut absolument pas l’exclure.

    Et surtout, depuis longtemps (cf. son arrêt de 2008 à propos du Traité de Lisbonne), le Tribunal constitutionnel de Karlsruhe a souligné que tout nouveau progrès de l’Union dans le sens du fédéralisme nécessiterait un accord spécifique du peuple allemand, par voie référendaire (sauf cas d’urgence, où un large consensus entre le gouvernement et le Bundestag pourrait suffire – ce qui est étonnant pour un esprit français mais correspond à une tradition juridique allemande bien ancrée).

    On se souvient que le dernier combat du Tribunal de Karlsruhe a été mené contre la Banque centrale européenne, accusée de dépasser son mandat avec son programme de quantitative easing. Celle-ci a dû fournir des explications et pour le moment la question est au repos. Et Karlsruhe est bien actuellement le rempart de la souveraineté de la RFA, mais aussi, par ricochet, des autres États membres.

    Mais les choses évoluent, et le Tribunal de Karlsruhe commence à susciter des oppositions en Allemagne elle-même. Le gardien sourcilleux de la « Loi fondamentale » (nom que porte la constitution allemande, adoptée en 1949 mais « provisoire ») paraît à beaucoup bloquer des évolutions nécessaires. En effet, nous ne sommes plus en 1949, la réunification, la construction européenne, les problèmes suscités par la mondialisation ou par la montée de l’écologie amènent de nombreux responsables à s’interroger sur l’adaptation de la Loi fondamentale à notre temps, malgré la stabilité politique qu’elle a contribué à assurer.

    D’autre part la pandémie et, plus ponctuellement, les toutes récentes inondations dévastatrices en Rhénanie ont reposé la question de la capacité de réaction de la RFA dans l’urgence face aux crises imprévues. Le livre passionnant du journaliste Robin Alexander, Machtverfall (l’écroulement du pouvoir), consacré à la fin de l’ère Merkel, montre que celle-ci, pour tenter d’organiser la lutte contre la pandémie du Covid, a dû recourir à des organismes informels non prévus par la constitution mais plus souples. Par ailleurs, démontre l’auteur, l’Internet remet complètement en cause les conditions d’exercice de la démocratie représentative.

    Or la RFA connaît une période d’élections capitales, à l’issue très ouverte. Elles pourraient conduire à des changements d’orientation inimaginables il y a peu. Ces changements pourraient toucher l’ordre constitutionnel : après tout le texte de 1949 était « provisoire », lors de la réunification en 1990 certains souhaitaient l’adoption d’une nouvelle constitution, ce qui était d’ailleurs prévu dans le dernier article de la Loi fondamentale. En outre celle-ci est un texte composite, reprenant parfois des articles de la constitution de Weimar de 1919, en particulier en ce qui concerne la place et le statut des Églises.

    La reconnaissance dans la Constitution de nouveaux droits sociaux, de l’écologie, la remise en cause des prérogatives de Karlsruhe et également du financement par l’État des Églises (les Allemands paient 8 ou 9 % de leur impôt sur le revenu à leur Église, pour quitter celle-ci il faut passer devant un tribunal, et plus question après de se marier devant Monsieur le Curé !), tout cela figure dans des revendications exprimées depuis des années dans différents segments du monde politique. La démocratie chrétienne était la gardienne du statu quo : elle a perdu le pouvoir, et si la nouvelle majorité dispose d’une majorité des deux tiers dans les deux chambres, Bundestag et Bundesrat, alors le champ sera libre pour des modifications à la Loi fondamentale (celles-ci ont d’ailleurs été fréquentes depuis 1949, plus de cinquante). Voire même pour une nouvelle constitution.

    On pourrait alors imaginer un grand compromis européen, avec un nouveau traité allant au-delà du grignotage constant de Luxembourg : les Allemands accepteraient l« union fiscale », la laïcité (de plus en plus d’Allemands rejettent désormais le statut des Églises comme « corporations de droit public », et ça réglerait le problème de plus en plus pressant du statut de l’Islam en Allemagne…) ainsi qu’une personnalité européenne de défense indépendante des États-Unis, que la CDU en fait refuse. En échange leurs partenaires, en particulier français, qui verraient ainsi bien de leurs souhaits satisfaits, accepteraient un saut fédéral européen.

    Bien entendu ce scénario, s’il n’est plus invraisemblable, reste hypothétique : il dépend des prochaines élections en Allemagne et en France, de l’évolution d’une pandémie loin d’être terminée, et d’une économie imprévisible, menacée par l’inflation et le désordre croissant du système monétaire international. Il dépend aussi des acteurs extérieurs, américains, russes, chinois… Et en Europe même des Européens de l’Est, soucieux de leur identité, et des Européens du Nord, très réticents à l’idée de payer pour les autres. Mais enfin la situation est désormais mouvante. 

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    Source : https://politiquemagazine.fr/

  • France, la maison de la guerre, par Philippe Germain.

    Ce ven­dre­di 2 octobre, Emma­nuel Macron a pré­sen­té son plan d’action contre … non pas le sépa­ra­tisme mais les sépa­ra­tismes ! Aïe, Aïe, comme tou­jours en démo­cra­tie cela com­men­çait bien et puis bada­boum, ni vu, ni connu, elle t’embrouille… la démo­cra­tie. 

    philippe germain.jpgD’ailleurs est-ce que cela com­men­çait si bien que cela avec la mise en avant du nou­veau terme de sépa­ra­tisme ? Pour se sépa­rer encore fau­drait-il faire par­tie de la France, or les musul­mans d’Algérie ont consi­dé­ré il y a plus de 60 ans, que vivre ensemble n’était ni sou­hai­table, ni pos­sible. Sou­te­nu en cela par les musul­mans du Maroc et de Tuni­sie. Sépa­rée des musul­mans, la France l’est donc depuis long­temps et par­ler de sépa­ra­tisme revient à faire comme si ce n’était pas le cas, une sorte de déni de réa­li­té. Nous, natio­na­listes inté­graux qui avions défen­du dans l’Algérie fran­çaise une pos­sible socié­té mul­ti­cul­tu­relle n’oublions pas la leçon de l’histoire. C’est aus­si simple que cela l’empirisme orga­ni­sa­teur. 

    Certes les plus « habiles » nous expliquent que sous le terme de sépa­ra­tisme c’est l’Islam « radi­cal » que le pré­sident de la Répu­blique vise­rait et que tout le monde avait com­pris. C’est un peu vrai, même si l’on ne com­prend pas pour­quoi il ne fau­drait pas appe­ler un chat un chat et ce qu’ajoute le terme « radi­cal ». C’est d’ailleurs si vrai que  tu atten­dais la fer­me­ture des mos­quées mais voi­là que tu récu­pères qu’il faut « ensei­gner davan­tage la langue arabe à l’é­cole ». Et oui, car « notre jeu­nesse est aus­si riche de cette culture plu­rielle ». Voi­là pour­quoi il est néces­saire pour lut­ter contre l’Islamisme radi­cal de créer « des postes sup­plé­men­taires dans l’enseignement supé­rieur ». C’est simple comme bon­jour et les tech­no­crates y ont pen­sé pour nous, pauvres citoyens-consom­ma­teurs. 

    Bon soyons hon­nêtes, tu ne l’attendais pas vrai­ment cette fer­me­ture des mos­quées. Il fau­drait du cou­rage et le mot ne fait même plus par­tie de notre voca­bu­laire. Tiens, puisqu’on aborde le voca­bu­laire, évo­quons cette mani­pu­la­tion des mots… Isla­misme pour Islam, mul­ti­cul­tu­ra­lisme pour isla­misme, com­mu­nau­ta­risme pour mul­ti­cul­tu­ra­lisme et main­te­nant sépa­ra­tisme pour com­mu­nau­ta­risme ; quel est le pro­chain ? Non vrai­ment, ni vu, ni connu, elle t’embrouille… la démo­cra­tie.

    Alors par­lons vrai – comme disait le pre­mier ministre socia­liste Michel Rocard – oui par­lons vrai. Uti­li­sons le bon voca­bu­laire et com­men­çons donc par l’islam. Avec un i minus­cule c’est une reli­gion mais Islam avec une majus­cule c’est la civi­li­sa­tion musul­mane. 

    Un pays isla­mique est un pays qui fait de l’islam et de la cha­ria le fon­de­ment de sa légi­ti­mi­té comme le Pakis­tan ou l’Arabie saou­dite. 

    Evi­de­ment un pays isla­mique fait par­tie de Dar al Islam, c’est-à-dire la mai­son de l’Islam, ces ter­ri­toires musul­mans ou s’impose la cha­ria ; la loi isla­mique.

    En dehors de Dar al islam il y a que Dar al Harb, la mai­son de la guerre, ter­ri­toires des non-musul­mans et, pour cette rai­son, voués à la conquête. La France est donc Dar al Harb et de fait vouée au Dji­had, la guerre sainte. N’oublions pas que le Dji­had est une obli­ga­tion pour tout musul­man mâle et en forme. Ce qui est clair.

    Voi­là donc en quelques termes, un voca­bu­laire plus pré­cis que celui uti­li­sé par le pays légal. En jetant un éclai­rage cru sur la réa­li­té de l’Islam conqué­rant, il per­met de pen­ser clair. Nous sommes effec­ti­ve­ment bien loin de l’islam reli­gion de paix.

    Oui mais, allez-vous me dire, vous ne tenez pas compte de Dar as-sulh la mai­son de la trêve… Et oui la démo­cra­tie nous embrouille, mais l’Islam n’est pas mau­vais à ce petit jeu. Nous le ver­rons dans notre pro­chaine rubrique : Mai­son de la trêve et ter­ri­toire per­dus de la Répu­blique

    PS : MACRON, LES « SÉPARATISTES » ET L’ÉDUCATION

    Comme d’hab, on dit qu’on lutte contre les sépa­ra­tismes au lieu de par­ler des isla­mistes poli­tiques, et à l’ar­ri­vée ça se trans­forme en une attaque admi­nis­tra­tive contre tout ce qui conteste le mono­pole de l’É­tat en matière d’é­du­ca­tion, qui est quand même une excep­tion fran­çaise (que le monde entier nous envie, bien sûr). Et ce sont donc les catho­liques, qui ne pensent pas vrai­ment à se sépa­rer (voir la manière dont la CEF com­mu­nique à chaque élec­tion et a appli­qué immé­dia­te­ment toutes les consignes sani­taires), qui vont en faire les frais. 

    11h34 : « Les écoles hors contrat feront l’ob­jet d’un enca­dre­ment encore ren­for­cé (…) sur le par­cours des per­son­nels, le conte­nu péda­go­gique des ensei­gne­ments, l’o­ri­gine des finan­ce­ments. »

    11h37 : « Dès la ren­trée 2021, l’ins­truc­tion à l’é­cole sera ren­due obli­ga­toire pour tous dès 3 ans. L’ins­truc­tion à domi­cile sera stric­te­ment limi­tée, notam­ment aux impé­ra­tifs de san­té », annonce Emma­nuel Macron.

    11h38 : « L’é­cole est notre tré­sor col­lec­tif. C’est ce qui per­met dans notre socié­té de bâtir ce qu’est la Répu­blique. Or, là aus­si, nous avons vu des dérives, nous voyons des contour­ne­ments et nous avons un com­bat à mener aujourd’­hui. »

    Source : https://www.actionfrancaise.net/

  • « Une nation, une langue » ou « une langue, une nation » (2ème partie) (38), par Jeunesse si tu savais et Poussières d'é

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    En contact avec les mouvements Jeunesse si tu savais et Poussières d'étoiles; voici les liens de leur page FB, de leurs sites officiels et de leur chaîne youtube :

     

    JEUNESSE SI TU SAVAIS

    https://www.facebook.com/jeunessesitusavais/

    https://www.jeunesse-si-tu-savais.fr/

     

    POUSSIERES D'ETOILES

    https://www.poussieresdetoiles.fm/

    Ouvrez le lien du site à l'aide du moteur de recherche GOOGLE CHROME.

    https://www.youtube.com/channel/UCvYtt4Ws_Uc4Cj0LeLCoEJQ/videos

     

    Et voici le trente huitième article (aussi en vidéo/audio) qu'ils nous ont adressé, en attendant la suite...

    Entre Nation et nationalités.
    C’est toute l’histoire contemporaine de la Révolution aux deux guerres mondiales que nous allons ainsi survoler. Dans cette partie l'influence sur l'Europe et la guerre de 1870.

    https://www.poussieresdetoiles.fm/uploads/newscast/0/0/24/7ccaa218-820e-4be9-b8c5-28ac4c89fc9a.mp3

     

    Exporté en Europe

    Lu dans l’autre sens, ce principe devient expansionniste ou séparatiste. C’est-à-dire que si on parle la même langue on doit créer un État qui corresponde à cette langue, et çà de gré ou de force. De la même façon si plusieurs régions parlent une langue ou un dialecte semblable, ils doivent quitter l’État ou l’Empire dans lequel ils sont, pour rejoindre ou être annexées par l’État d’à côté (encore une fois de gré ou de force). Les XIXe et XXe siècles ont donc été particulièrement influencés par cette doctrine. D’abord lors des révolutions qui ont eu lieu en Europe - notamment 1848 - dans l’Empire autrichien, dans l’ex St-Empire romain-germanique ou en Italie. Elles se faisaient selon ces mêmes principes, les révolutionnaires de l’époque considéraient qu’il y avait là des populations qui parlaient une langue commune, elles devaient se séparer du grand empire, du grand ensemble pour former un État à part.

    Première application, réalisée sans trop de heurts, pour les Hongrois. Les revendications des mouvements révolutionnaires à Budapest étaient de constituer un État indépendant pour toutes les populations qui parlaient hongrois (un royaume indépendant avait déjà existé au Moyen-Âge). Pour répondre à ces revendications, l’Empereur d’Autriche est devenu en même temps Roi de Hongrie, avec deux états différents (l’Autriche et la Hongrie), un aigle à deux têtes (selon le nouvel emblème des Habsbourg). Deux États réunis par la même personne, mais avec deux parlements, deux administrations et deux langues. Par contre les autres régions ou les autres peuples formant cet Empire autrichien n’ont pas eu le même privilège.

    A signaler – les mêmes causes produisant les mêmes effets- pour l’Italie, ce sont les guerres et occupations de la Révolution française et de l’Empire qui préparèrent - selon le même schéma que l’on va découvrir pour Allemagne - l’unité italienne (avec les éphémères République italienne et Royaume d’Italie (1797-1814). En répandant les idées révolutionnaires avec ce principe des nationalités. En chassant les souverains en place depuis plusieurs siècles, en fusionnant certains des états, transformant d’autres en départements français. Une préparation qui permit au XIXe de réaliser l’unité par la guerre et la révolution, sous l’autorité de la Maison de Savoie (soutenue par de nombreux francs-maçons) – ceci même avant l’unité allemande – et qui fut clôturée par la prise de Rome et des États pontificaux en 1870.

    Ainsi nombre de révolutionnaires ont puisé dans ce principe de la Révolution française une force pour déstabiliser les empires, les états et pour les faire éclater.

     

    Début de réalisation : 1870

    La guerre de 1870 a été la plus grande des guerres qui allaient illustrer ce principe au XIXe siècle. Le Roi de Prusse et son premier ministre Bismarck ont mis en pratique cette doctrine qui s’était développée tout au long du XIXe. Selon ce même principe « une langue, une Nation », qui pour l’Allemagne a pris le nom de « pangermanisme ». Tous les peuples qui parlent la langue allemande ou un dialecte germanique doivent être fusionnés dans un seul et unique État.

    La guerre de 1870 a permis à la Prusse de Bismarck de réaliser ce projet. Après avoir, dans une guerre éclair (Sadowa 1866), éliminé du jeu politique l’Autriche, la Prusse s’est mise à réaliser cette unité basée sur la langue. Les guerres révolutionnaires et de l’Empire avait déjà préparé la situation. L’Allemagne était en 1789 « le Saint empire romain germanique » présidé par l’Empereur de la maison des Habsbourg et Archiduc d’Autriche. Mais cet empire n’était qu’un empire électif. L’Empereur élu par des grands électeurs avait sous son autorité quelque 500 principautés, évêchés, villes libres, etc. Napoléon a conquis ce Saint Empire. L’Autriche s’est retrouvée repliée dans ses possessions autrichiennes et d’Europe de l’Est. Et quant au reste de l’Empire – où l’on parlait une langue germanique – Napoléon l’a regroupé en une quarantaine de petits états qui prenaient souvent du galon. En annexant des principautés ou des évêchés voisins, en se transformant de duché en royaume. Ce fut le cas des royaumes de Bavière, Wurtemberg, Saxe et Westphalie. A condition, bien sûr, de prêter allégeance à Napoléon. Et de lui apporter de l’argent et des hommes pour ses guerres incessantes. Sinon il nommait aussi des membres de sa famille à la tête de ces nouveaux états, voir les annexait à l’Empire français. Donc par la grâce de Napoléon on était passé de plus de 500 petits états, plus ou moins libres, qui composaient ce Saint Empire, à quatre royaumes et une trentaine d’états.

    Ce qui permettrait plus facilement le cas échéant de l’unifier. Cette unification - sous son autorité – devint le grand projet de la Prusse. Depuis la guerre de 1866, la Prusse avait mis de côté l’influence de l’Autriche (avec ses nombreuses possessions dans l’Europe centrale et jusqu’en Italie). Après le traité de Vienne (qui organisa l’Europe suite à la tourmente révolutionnaire et napoléonienne) l’Autriche avait récupéré entre autres la Dalmatie, l’essentiel de la République de Venise et la présidence héréditaire de la Confédération Germanique (qui avait succédé au St-Empire par la volonté de Napoléon). Le Roi de Prusse a décidé de mettre sur la touche l’Autriche - un autre État où l’on parlait allemand – qui depuis 5 siècles occupait la première place dans l’ère germanique (en tant qu’Empereur ou Président de la Confédération). Pour se donner les coudées franches et réaliser l’unité allemande à son profit.

    En 1870, Bismarck et la Prusse ont mis le marché entre les mains des différents états qui composaient cette Confédération germanique en leur disant si vous ne voulez pas subir le même sort que l’Autriche, il vous faudra vous unir à la Prusse pour que nous puissions former sous l’autorité du roi de Prusse un nouvel Empire. (Le deuxième Reich - le deuxième empire - le premier était le Saint Empire romain-germanique fondé par Charlemagne et le troisième fut celui d’Hitler.) Ce deuxième Reich devait se fonder en 1871 (à Versailles, dans la Galerie des glaces, après l’avancée des troupes prussiennes jusqu’aux portes de Paris) grâce à cette guerre de 1870 qui permit d’unifier – plus ou moins de force - l’ensemble des états allemands sous l’autorité du roi de Prusse. Avec pour premier objectif envahir la France en appliquant la doctrine du pangermanisme. En s’attribuant, comme butin, l’Alsace et la Moselle, régions françaises où on parlait un dialecte germanique. Les Alsaciens-Lorrains furent placés de force dans la corbeille de mariage (forcé lui aussi) des royaumes et des principautés germaniques fusionnant dans un nouvel Empire, dont le Roi de Prusse devenait le nouvel Empereur. Une certaine autonomie fut laissée aux anciens états qui devenaient des régions de ce nouvel Empire. Les Rois, princes et ducs gardant leurs titres honorifiques et certains de leurs privilèges. Jusqu’à la chute de l’Empire en 1918. Ce principe des nationalités - avec « une langue, une Nation »- venait de se réaliser, cette fois-ci, sur le dos de la France, et particulièrement de l’Alsace et de la Lorraine mosellane.

  • Trois français(e) catholiques tués à Nice, par Olivier Perceval.

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    Peut-on blas­phé­mer à pro­pos de la Répu­blique ?

    Immi­gra­tion mas­sive et sans contrôle depuis plus de qua­rante ans, ouver­ture des fron­tières à tous les vents sous pré­texte d’Union Euro­péenne, favo­ri­sant l’entrée en France de tous les virus, qu’ils soient COVID ou Isla­miste, idéo­lo­gie de l’antiracisme pous­sée à l’extrême pour don­ner nais­sance à un racisme anti-occi­den­tal et anti-fran­çais.

    olivier perceval.jpgAh qu’elle est belle l’Europe, anti­chambre de la mon­dia­li­sa­tion heu­reuse chère à nos élites qui ont mis en place le pré­sident Macron. (Le mot « élite » est lâché, je peux donc être ran­gé dans la case infa­mante des popu­listes.)

    Mais heu­reu­se­ment, face à la bar­ba­rie qui tue nous avons des réponse fermes : Bou­gies, marches blanches, ils n’auront pas ma haine ! Ils ne pas­se­ront pas !

    Ce qui est pour le moins cari­ca­tu­rale dans la nou­velle Geste de l’État laïque, c’est la guerre autour d’un tor­chon­heb­do­ma­daire, dont la rédac­tion certes fut igno­mi­nieu­se­ment déci­mée par les fous d’Allah, mais qui n’en demeure pas moins un tor­chon, de même que les vic­times ne sont pas néces­sai­re­ment héroïques parce que vic­times.

    Ce qui est cari­ca­tu­rale, c’est que face aux enne­mis de la France et des fran­çais, notre dra­peau, de tri­co­lore qu’il fut, s’est trans­mu­té en cari­ca­tures de Maho­met.

    Et voi­ci que la réponse natio­nale aux actes san­gui­naires, est de publier dans les manuels sco­laires de nos enfants, les couilles du pro­phète pour expli­quer la liber­té d’expression.

    Et après, on va nous expli­quer qu’il ne faut pas faire d’amalgame. Qu’il n’y a aucun lien entre les musul­mans immi­grés et l’Islamisme (radi­cal).

    Sauf que Maho­met est le pro­phète de tous les musul­mans, qu’ils soient radi­ca­li­sés ou non.

    On vat donc scan­da­li­ser toute la masse de ceux qui ne demandent qu’à prier tran­quille­ment et faire leurs ablu­tions, pour défier ceux qui tentent de nous impo­ser la Cha­ria et qui insultent chaque jour notre patrie.

    Cela dit pour sti­mu­ler et ren­for­cer l’islamisme, si c’est le but recher­ché, c’est une bonne stra­té­gie pour uni­fier les musul­mans.

    Pour ma part, face au laï­cisme hys­té­rique, je donne rai­son au pré­sident de l’IFCM, qui consi­dère que péda­go­gi­que­ment, une telle déci­sion pué­rile et aveu­glée par l’idéologie, de l’État ne s’impose pas et pour­rait être même contre-pro­duc­tive.

    Ain­si donc, cha­cun son sacré : Les musul­mans, comme les catho­liques du reste se consi­dèrent comme des créa­tures de Dieu (cha­cun le sien). Les répu­bli­cains quant à eux, incréés, sacra­lisent la laï­ci­té, (concept chré­tien à l’origine, ce qui lui confé­rait des limites) comme l’Alpha et l’Oméga de toute orga­ni­sa­tion humaine, et si ce n’est pas un dieu, ça s’en rap­proche sin­gu­liè­re­ment.

    Il n’est certes pas ici ques­tion de faire de la théo­lo­gie et de déter­mi­ner en les com­pa­rant, quelles sont les notions du sacré qui l’emportent en qua­li­té.

    En revanche, la France, terre d’asile, tient ce prin­cipe de l’ancienne monar­chie très chré­tienne. Sauf que ce prin­cipe s’appliquait au monde chré­tien et non à ceux que l’on com­bat­tait dans le cadre des croi­sades pour défendre la Jéru­sa­lem très chré­tienne.

    Aujourd’hui, en s’attaquant à une Église niçoise, en tuant selon le rituel du sacri­fice musul­man des parois­siens et parois­siennes, le maho­mé­tan inculte a cru s’en prendre à un sym­bole de la France, alors que notre Église en ruine ago­nise sous les coups de bou­toirs des répu­bli­cains les plus convain­cus consti­tués notam­ment par une bonne par­tie de son cler­gé sécu­la­ri­sé.

    Du reste, un cer­tain nombre de musul­mans sont hor­ri­fiés par le prin­cipe du crime com­mis dans une Église, crime qu’ils trouvent intui­ti­ve­ment blas­phé­ma­toire.

    Le droit au blas­phème, qui semble être la reven­di­ca­tion sacrée du moment, pour­rait signi­fier qu’au nom de la liber­té d’expression, toutes les idées, toutes les inter­pré­ta­tions de l’organisation humaine et socié­tale, dès lors qu’elles s’expriment en toute liber­té, offensent peu ou prou ceux qui sont pas­sion­né­ment d’un avis contraire. Et ça, pour­rait s’inscrire dans le concept de liber­té reven­di­qué par la France comme fai­sant par­tie de son ADN.

    Mais elle peut être aus­si la mise en cause des croyances d’une par­tie de la popu­la­tion par la mise en situa­tion ordu­rière de ce qu’elle vénère le plus. Les catho­liques qui vivent cela depuis deux siècles, après s’être insur­gés dans un pre­mier temps, ontle plus sou­vent fait le dos rond et ont prié pour les mécréants. Les musul­mans, dans leur grande majo­ri­té, récem­ment arri­vés sur notre sol et aujourd’hui ins­tal­lés en masse, sup­portent en grin­çant, menacent par­fois et fina­le­ment cer­tains passent à l’acte san­glant comme en témoigne le car­nage de Char­lie Heb­do.

    Les défen­seurs du droit d’expression ne voient pas qu’ils s’insurgent contre des effets dont ils sont res­pon­sables des causes , en lais­sant s’installer, au nom de la laï­ci­té les tenants d’une reli­gion contraire à celle qui est consti­tu­tive de notre culture natio­nale, en refu­sant de mettre en place un tra­vail d’intégration et d’assimilation sous pré­texte du res­pect de leur culture, et agis­sant comme si les outrances LGBT, et les blas­phèmes seraient sans effets sur cette popu­la­tion qui tient la plus-part de nos ban­lieues.

    L’entrée en piste de l’in-sultant Erdo­ghan s’affichant comme notre enne­mi, réveille en outre, chez nous, les immi­grés d’origine turque qui se donnent comme mis­sion sur notre sol de chas­ser les armé­niens, toute honte bue, comme au bon vieux temps du géno­cide.

    Nous atten­dons des fidèles de l’Église Laï­ciste et blas­phé­ma­toire qu’ils pro­fitent de l’occasion pour expul­ser les étran­gers pre­nant notre pays pour un champs de bataille. Ce serait un signe très clair envoyé au grand turc.

    Et puisque le blas­phème semble être la nou­velle reli­gion offi­cielle, qu’on me per­mette de décla­rer que la Répu­blique si révé­rée par ceux qui n’ont de cesse que de salir notre His­toire mil­lé­naire, est une vieille truie assise sur une France qu’elle a trans­for­mée en bauge insane et qu’il serait temps de la conduire à l’équarrissage.

    Source : https://www.actionfrancaise.net/