UA-147560259-1

Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Rechercher : Rémi Hugues. histoire

  • Thomas Flichy de la Neuville : Quel avenir pour la Turquie ?

    Manifestations pro et anti-régime à Téhéran
     
     
    par Thomas Flichy de la Neuville
     
    Turquie. Recep Erdogan a gagné, comme prévu, les élections présidentielles en Turquie avec 52,5 % des votants et une majorité législative. Il peut librement user de tous les pouvoirs pour gouverner comme il l’entend. L’histoire turque continue…Dans quelle direction ? 
     
     
     
    59f0754f488c7b0d1d8b4568.jpgLa réélection du président Erdogan ne saurait nous surprendre : la tendance politique générale observée depuis quelques année est celle du renforcement de régimes autoritaires avec différentes variantes, par exemple, celle du bonapartisme technocratique sur les terres mêmes du libéralisme.

    De ce point de vue, les Mémoires d’outre-tombe méritent relecture, tant il est vrai qu’elles décrivent cette mutation avec force : « Voyageur solitaire, je méditais il y a quelques jours sur les ruines des empires détruits. Et je vois s’élever un nouvel empire¹ ». Le regard de l’empereur était alors terrifiant : « Un moucheron qui volait sans son ordre était à ses yeux un insecte révolté² ». Napoléon fut pourtant défait par un régime plus ouvert que le sien, celui de la Russie. Dans ce duel, Bonaparte fut leurré par Alexandre. Lorsqu’il demanda son alliance le 21 mars 1812 en requérant de lui 100 000 soldats turcs, il lui offrit la Valachie et la Moldavie. Mais les Russes l’avaient devancé et leur traité fut signé le 28 mai 1812³.

    Versement géopolitique

    C’est donc Châteaubriand qui nous offre la clef des événements qui ont immédiatement suivi l’échec du coup d’État du 15 et 16 juillet 2016. La Turquie hésitait alors entre une improbable intégration européenne, la construction d’un nouvel empire turc oriental grâce à l’immense aire de civilisation dont elle dispose jusqu’à la Mongolie et un néo-ottomanisme méridional orienté vers la Syrie puis l’Egypte. Rien de tout ceci ne s’est produit. Car après l’échec du coup d’État, la Russie a retourné ce pays – comme elle l’avait fait en 1812 – au profit d’une alliance continentale avec la Chine et l’Iran.

    C’est ainsi que le nouvel empire mongol s’est reconstitué. Ce renversement géopolitique a été facilité par le fait qu’Iran et Turquie avaient multiplié leurs échanges économiques au cours de la dernière décennie, et ce malgré leurs dissensions géopolitiques. Quelles en seront les conséquences à moyen terme ? En janvier 2030, les frontières de l’Union européenne atteindront les frontières de la Biélorussie et de l’Ukraine. Cette nouvelle extension, qui précipitera encore l’affaiblissement européen, profitera à la Turquie. Ce pays cueillera en effet tous les fruits de son refus d’intégration dans le marché européen en proposant désormais un modèle alternatif et concurrent avec une Union turcique, réunion des États turcophones dans un marché commun assez souple s’étendant de la Méditerranée aux frontières de la Chine et de la Russie.

    Forces et faiblesses

    Dégagée des pressions de Washington qui lui intimait de rejoindre l’UE, Ankara rêvera de reconstituer l’un de ces grands empires mythiques issus des steppes d’Asie centrale. Mais au-delà du projet chimérique, la Turquie sera devenue un nouvel atelier du monde⁴, un géant démographique (90 millions d’habitants en 2040⁵) et une puissance militaire régionale⁶. Celle-ci lancera un appel à sa diaspora instruite d’Europe afin qu’elle revienne investir au pays. Les Turcs de l’étranger seront alors exhortés à ne pas oublier leurs racines culturelles et linguistiques, alors même que la mère patrie souffrira de vieillissement démographique⁷.

    Malgré l’essor de sa production, la Turquie ne deviendra pas pour autant la nouvelle Californie de l’Asie. En effet, l’innovation y sera de plus en plus bridée par les autorités religieuses désormais associées au pouvoir. Rompant avec l’héritage kémaliste, l’alphabet turc ottoman sera désormais conjointement enseigné avec les caractères latins pour permettre une meilleure compréhension des très riches héritages arabo-persans, ainsi que des gloires impériales. Ce retour aux sources, qui rejette l’occidentalisation imposée par Atatürk et profondément ancrée dans les mentalités de la jeunesse stambouliote, déterminera certains à quitter la Turquie : ils iront rejoindre des pays comme l’Allemagne ou même Israël où leurs compétences se trouveront employées au profit des industries de pointe.   ■  

     

    1. François-René de Chateaubriand, Mémoires d’outre-tombe, 1849, p. 29

    2. François-René de Chateaubriand, Mémoires d’outre-tombe, 1849, p. 406

    3. François-René de Chateaubriand, Mémoires d’outre-tombe, 1849, p. 161

    4. Taux de croissance de la Turquie en 2010 :
    9,2 %, 2011 : 8,8 %,
    2012 : 2,2 %.
    Il s’agit du 17e pays le plus riche en 2013. Son PNB a été multiplié par trois entre 2003-2013.

    5. Horizons stratégiques, ministère de la Défense, chapitre I, p. 39, mars 2013, mis en ligne le 5 août 2013.
    www.defense.gouv.fr/das/reflexion-strategique/prospective-de-defense/articles-prospective/horizons-strategiques

    6. Le Monde vu en 2030 par la CIA, éd. des Équateurs, 2013, p. 28.Horizons stratégiques, ministère de la Défense, chapitre I, p. 39, mars 2013, mis en ligne le 5 août 2013.
    www.defense.gouv.fr/das/reflexion-strategique/prospective-de-defense/articles-prospective/horizons-strategiques

    7. Le Monde vu en 2030 par la CIA, éd. des Équateurs, 2013, p. 97

     

    Thomas Flichy de la Neuville

    Enseigne à Saint-Cyr. 
  • Soljenitsyne, le Vendéen [5]

    25 septembre 1993, Les Lucs-sur-Boulogne

     

    par Dominique Souchet

    2293089609.14.jpgComment commémorer plus dignement qu'il n'a été fait à ce jour le centenaire du grand Soljenitsyne ? Et comment évoquer en même temps  l'écrasement de la Vendée par la fureur révolutionnaire autrement que par les indignations faciles et les formules toutes faites cent fois répétées ? Le superbe récit des relations entre Alexandre Soljenitsyne et la Vendée de Dominique Souchet que le dernier numéro de la Nouvelle Revue Universelle vient de publier répond à ce souci de façon passionnante. On a là un récit précis mais aussi une réflexion à l'altitude qui convient pour évoquer en les reliant Alexandre Soljenitsyne, la révolution russe et le massacre de la Vendée. L'horreur révolutionnaire en soi-même d'un siècle l'autre. Du XVIIIe au XXe. Nous avons entrepris dimanche dernier la publication de ce récit qui s'étendra aux jours suivants. En remerciant Dominique Souchet et la N.R.U. de nous l'avoir donné.  LFAR 

     

    Le récit

    4273640-6459671.jpg

    « NOUS N'AVONS TROUVÉ PERSONNE... »

    Moscou, monastère Donskoï, 6 août 2008. Il est 9 heures. Alexandre Soljenitsyne est mort il y a trois jours. Il a choisi d'être inhumé dans ce haut-lieu de l'histoire russe où les restes du général des armées blanches Anton Denikine et du philosophe Ivan Iline, expulsé d'Union Soviétique comme le fut Soljenitsyne, ont été trans­férés en 2005. Ce site porte les stigmates de l'impitoyable lutte antireligieuse menée par le régime bolchevik. Le dernier patriarche de la Russie impériale, Tikhon, y fut détenu jusqu'à sa mort. La splendide cathédrale a été érigée par le fils d'Ivan le Terrible pour remercier de ses protections la Vierge du Don, et pour honorer sa vé­nérable icône, de la main même de Théophane le Grec (XIVe siècle). Elle fut, un temps, subvertie en musée à la gloire de l'athéisme. Dans les années Brejnev, je l'ai visitée, dénaturée en musée d'architecture.

    800px-Donskoi_25-07-2017.jpgElle a, depuis, retrouvé sa vocation et sa beauté. C'est elle qui accueille, en cette journée orageuse au cœur de l'été, la dépouille de l'auteur de L'archipel du Goulag. Dimitri Medvedev, alors président de la Fédération de Russie, a interrompu ses congés d'été pour être présent aux obsèques.

    La famille, avec laquelle nous avions gardé des liens étroits depuis le voyage en Vendée, nous a invités, Philippe de Villiers et moi, à nous y rendre. Naturellement, nous prévenons notre ambas­sadeur à Moscou que nous serons auprès de lui pour cette cérémonie. Nous apprenons qu'il est en vacances et ne prévoit pas de rentrer. Nous interrogeons le jeune et sympathique chargé d'affaires, qui fera tout ce qu'il pourra. Mais quand nous lui demandons quelles person­nalités représenteront le gouvernement et les milieux culturels français, il répond : « Nous n'avons trouvé personne. — Comment cela... personne ? — Non, personne : il y a ceux qui ne veulent pas interrompre leurs vacances, et ceux qui font leurs bagages pour Pékin. — Pékin ? — Oui, pour parader au cœur de la Chine communiste, grande ordonnatrice des Jeux olympiques : il faut y être pour la grandiose cérémonie d'ouverture... C'est donc vous, les députés de la Vendée, qui représenterez la France, et je vous accompagnerai. »

    Dans ses Mémoires, Le moment est venu de dire ce que j'ai vu, Philippe de Villiers a décrit avec précision cette séquence histo­rique. Il y voit une illustration topique de la futilité d'une élite occidentale amnésique, se voulant sans dette ni devoir, obsédée de loisirs et toujours prête à la connivence avec le pire.

    Pour venir exprimer la reconnaissance infinie due à celui qui a délivré non seulement la Russie, mais le monde entier du vénéneux « charme d'Octobre », nous n'avons trouvé personne.

    Au pays qui sut accueillir les dissidents, et eut l'honneur de publier L'archipel du Goulag dans son édition originale russe, nous n'avons trouvé personne.

    Dans les autres pays d'Europe non plus, ni aux États-Unis, qui eurent pourtant l'honneur d'accueillir chez eux pendant vingt ans, à Cavendish, le laboratoire de la vérité sur le totalitarisme, nous n'avons trouvé personne.

    S'appliquait ainsi à son propre destin ce que Soljenitsyne, dans son discours de Harvard, avait dénoncé comme l'un des traits dominants de l'Occident actuel : la superficialité, la frivolité, la futilité.

    À l'Académie des sciences, lors du repas de funérailles qui suivit l'enterrement, la veuve de Soljenitsyne demanda à Philippe de Villiers d'évoquer, au nom de la France et de la Vendée, la mémoire du Maître. Après tous les éloges prononcés en russe, on entendit alors le Vendéen exprimer en français, aussitôt traduit par Nikita Struve, la dette immense de notre pays envers celui qui avait, sans crainte, osé mettre à nu la genèse des totalitarismes. Il dit son espoir que l'on ferait lire Soljenitsyne aux jeunes élèves français, en parti­culier le discours d'Harvard. Il exprima le souhait que l'on donnât le nom d'Alexandre Soljenitsyne à de nombreuses rues, places ou écoles, comme la Vendée venait de le faire pour le plus moderne de ses collèges, inauguré par son fils Ignat Soljenitsyne. Il manifesta enfin la profonde gratitude de la Vendée envers celui qui avait révélé le lien entre la « Roue rouge », persécutrice de la Russie, et les colonnes infernales qui ont martyrisé la Vendée, et envers l'homme qui avait lancé, en ouvrant son discours des Lucs : « Jamais je n'aurais pu imaginer, fût-ce en rêve, que j'aurais l'honneur d'inaugurer le Mémorial de votre héroïque Vendée ! »

    Les_Lucs-sur-Boulogne,_HIstorial_de_la_Vendée.jpgAlors, ce Mémorial des Lucs-sur-Boulogne, allez le voir, pour y méditer, pour y chercher l'inspiration !

    Allez-y pour retrouver la présence, toujours palpable, de celui qui lui a conféré sa dimension universelle !

    Allez-y pour retrouver la présence spirituelle de cet ami in­comparable de la Vendée, Alexandre Soljenitsyne ! ■ [FIN] 

    Lire les articles précédents ... 

    Soljenitsyne, le Vendéen [1]

    Soljenitsyne, le Vendéen [2]

    Soljenitsyne, le Vendéen [3]

    Soljenitsyne, le Vendéen [4]

    IMG.jpg

    La nouvelle revue universelle, 1 rue de Courcelles, 75008 PARIS - 4 numéros par an.  S'abonner

  • Soljenitsyne, le Vendéen [4]

    25 septembre 1993, Les Lucs-sur-Boulogne

     

    par Dominique Souchet

    2293089609.14.jpgComment commémorer plus dignement qu'il n'a été fait à ce jour le centenaire du grand Soljenitsyne ? Et comment évoquer en même temps  l'écrasement de la Vendée par la fureur révolutionnaire autrement que par les indignations faciles et les formules toutes faites cent fois répétées ? Le superbe récit des relations entre Alexandre Soljenitsyne et la Vendée de Dominique Souchet que le dernier numéro de la Nouvelle Revue Universelle vient de publier répond à ce souci de façon passionnante. On a là un récit précis mais aussi une réflexion à l'altitude qui convient pour évoquer en les reliant Alexandre Soljenitsyne, la révolution russe et le massacre de la Vendée. L'horreur révolutionnaire en soi-même d'un siècle l'autre. Du XVIIIe au XXe. Nous avons entrepris dimanche dernier la publication de ce récit qui s'étendra aux jours suivants. En remerciant Dominique Souchet et la N.R.U. de nous l'avoir donné.  LFAR 

     

    Le récit

    4273640-6459671.jpg

    GÉNÉALOGIE DE LA TERREUR

    Aux yeux de Soljenitsyne, la Vendée, comme laboratoire de la première Terreur idéologique, a incontestablement un caractère matriciel. Pour lui, les deux Terreurs s'emboîtent. 

    Lénine sera hanté par la nécessité d'éviter à tout prix Thermidor — d'où la suppression de toute assemblée, au profit d'un organe au fonctionnement secret, le parti. Et par la nécessité de susciter sans cesse de nouvelles Vendées, pour alimenter en continu le processus révolutionnaire et entretenir l'indispensable surenchère. Dès 1905, il a reconnu dans « les Vendéens » les adversaires les plus redouta­bles de l'idée révolutionnaire. Soljenitsyne le souligne aux Lucs : Thermidor fut la chance de la France, en empêchant le régime terroriste de déployer ses conséquences dans le temps long, en privant le moment Robespierre de la possibilité de se pérenniser en système durable. (Robespierre et Lénine, photo ci-dessous)

    lenine-que_faire-7862b.jpgPourtant, s'exclame Soljenitsyne, « l'expérience de da Révolution française aurait dû suffire. » Mais non, l'horreur de la Terreur jacobine n'a pas suffi à dissuader les repreneurs : « Nos organisateurs rationa­listes du "bonheur du peuple" », comme il les définit, vont en déployer les déclinaisons « à une échelle incomparable. »

    À partir de cette même expérience vécue par les Vendéens et par les Russes, Soljenitsyne en vient à définir le processus révolu­tionnaire lui-même, qu'il caractérise comme intrinsèquement des­tructeur : « Jamais, à aucun pays, lance-t-il aux Lucs, je ne pourrais souhaiter de "grande révolution". Il veut dire qu'il n'y a pas de « grande » révolution.

    Au terme du XXe siècle — « de part en part un siècle de terreur » on peut faire le bilan, et il est temps de le faire. Il est temps, dit-il, d'arracher à la Révolution « l'auréole romantique » dont l'avaient parée les Lumières et les artisans autoproclamés du « bonheur du peuple » au XVIIIe siècle. Il est temps de traiter lucidement de la question des origines des régimes terroristes : la Terreur du XXe siècle est l'accom­plissement, « l'effroyable couronnement, dit Soljenitsyne — ce sont les der­niers mots de son discours —, de ce Progrès auquel on avait tant rêvé au XVIIIe siècle » et qui a débouché sur les charniers de l'avenir radieux et la liquidation de ceux qui ont refusé de devenir des « hommes nouveaux ».

    C'est une véritable description clinique de la désarticulation des sociétés par le processus révolutionnaire, que Soljenitsyne effectue aux Lucs : « Les hommes ont fini par se convaincre, à partir de leurs propres malheurs, que les révolutions détruisent le caractère organique de la société et qu'elles ruinent le cours naturel de la vie... Toute révolution déchaîne chez les hommes les instincts de la plus élémentaire barbarie, les forces opaques de l'envie, de la rapacité et de la haine... »

    Mais les malheurs générateurs de lucidité s'oublient. L'aspiration utopique demeure comme une tentation sans cesse renaissante. La Révolution, sous quelque avatar que ce soit, est toujours prête à prendre la place du souci du bien commun. Alors quels garde-fous Soljenitsyne propose-t-il ? Il préconise, aux Lucs, un double contre­poison.

    D'une part, il ne faut pas cesser, il ne faut jamais cesser de regarder la réalité de la Révolution, là où elle a sévi, comment elle a effective­ment fonctionné, comment elle a broyé les hommes et les sociétés. C'est ce que fait aujourd'hui la Vendée, constate-t-il. Il vient le ratifier en espérant que la Russie sera capable demain d'en faire autant.

    D'autre part, il faut mettre en œuvre ce qu'il appelle « un déve­loppement évolutif normal » de la société. Au processus infernal de la « Roue rouge », il oppose une ligne empreinte de sagesse. Une ligne qu'il proposera à la Douma un an plus tard, pour permettre à la Russie de sortir de « 70 ans d'extermination spirituelle » : « Il faut savoir, dit-il aux Lucs avec beaucoup d'humilité et de modestie, améliorer avec patience ce que nous offre chaque "aujourd'hui". »

    Soljenitsyne est stupéfait par cette « révérence » persistante à l'égard de la Révolution qu'il observe avec consternation au sein de l'élite française. Elle crée chez lui un véritable malaise. Pourquoi, demande-t-il, règne-t-elle toujours en maître dans l'intelligentsia et les médias, alors que les travaux des historiens ont mis à nu les mécanismes de l'extermination ? Pourquoi, s'étonne-t-il, l'écrivez-vous toujours, cette Révolution, avec une majuscule, ainsi d'ailleurs que la Terreur ? Il aurait certainement approuvé les propos tenus à l'Ices lors de la Nuit de l'Histoire par Stéphane Courtois, montrant à quel point la France demeurait le conservatoire, non seulement du communisme, mais de l'idée révolutionnaire.

    145949321-612x612.jpgLors de son passage à Paris, Soljenitsyne, invité à l'émission Apostrophes, a été profondément choqué que Bernard Pivot tente de le dissuader de se rendre en Vendée. Outré que l'on ne comprenne pas l'importance qu'il attache au geste qu'il vient y accomplir, il répond avec vigueur devant les caméras : « Je n'ai pas eu le moindre doute, la moindre hésitation quand j'ai reçu l'invitation à me rendre en Vendée. Au contraire, j'ai estimé que c'était un honneur pour moi. » Fermez le ban.

    Pour lui, le sens de sa venue est clair et non dissimulé. Il se rend dans un lieu-origine, un lieu-source. Il vient saluer une terre de résis­tance. Il vient rendre hommage, sur les lieux mêmes où il a surgi, à ce « premier sursaut de liberté », qui fit que la Terreur, la première terreur idéologique, ne put l'emporter impunément, longuement, définitivement. Et il écrira plus tard : « Je mesure à présent combien mon projet de voyage en Vendée était exaspérant pour les cercles français de gauche, si aveugle est leur admiration, encore aujourd’hui, pour leur cruelle révolution. » Un cercle, en réalité, plus large encore qu'il ne le pensait...   ■  

    A suivre, demain jeudi.

    Lire les articles précédents ... 

    Soljenitsyne, le Vendéen [1]

    Soljenitsyne, le Vendéen [2]

    Soljenitsyne, le Vendéen [3]

    IMG.jpg

    La nouvelle revue universelle, 1 rue de Courcelles, 75008 PARIS - 4 numéros par an.  S'abonner

  • Contre le règne des partis, quelles institutions ?

    Les Etats-Généraux tels qu'ils se sont ouverts en 1789
     
    Par Jean-Philippe Chauvin
     

    1262631406.jpg

    Les partis politiques sont épuisés, si l'on en croit le nombre d'adhérents à jour de leur cotisation, et l'opposition, sous ses diverses étiquettes, ne semble pas mieux se porter que le mouvement du président actuel : la seule évocation du cas du parti des Républicains, qui est censé regrouper les restes des formations qui se réclamaient du gaullisme et de la droite conservatrice ou libérale, est éloquent, comme le démontre un article paru dans le quotidien L'Opinion ce lundi 24 septembre 2018, sous le titre « A Paris, à peine 6 % des adhérents LR ont moins de 30 ans » : sur 6.099 adhérents parisiens (pour une métropole de plus de 2 millions d'habitants...), certains arrondissements comptent moins d'une dizaine de membres anté-trentenaires ! Et pourtant, ce parti est considéré comme le parti modéré le plus représentatif de la Droite et celui qui peut être appelé à diriger à nouveau le pays dans quelques temps. Mais que dire, aussi, du Parti Socialiste, encore au pouvoir il y a deux ans, ou des autres partis dits de gouvernement ? Quant aux partis contestataires, leurs effectifs ont fortement diminué depuis leurs échecs respectifs de l'année 2017, année durant laquelle le « dégagisme » a porté M. Macron à la présidence de la République, sans troupes véritables mais avec des ambitions certaines. 

    Et pourtant ! La démocratie représentative contemporaine accorde aux partis une place prépondérante, au point que l'on peut supposer que, dans ce système, la démocratie est bel et bien, et uniquement, le règne des partis et de leurs servants, mais aussi de leurs financiers et commanditaires. Cela peut pourtant sembler exagéré et illogique au regard de la faible adhésion à ces partis et de la vacuité de leurs programmes, réécrits à la veille de chaque élection, au gré d'une adaptation permanente qui apparaît plus comme une nécessité électorale que comme un engagement vraiment politique... Il y a de quoi être perplexe devant les réunions d'avant-campagne durant lesquelles il est fait appel aux propositions des militants, celles-ci étant, en définitive, supplantées par des textes rédigés par des comités d'experts ou des technocrates, voire par des communicants pour lesquels la forme importe plus que le fond : en fait, il s'agit de conquérir le pouvoir, parfois sans idée précise de son exercice, ce que signalait, en son temps, François Mitterrand dont le livre fameux (et terriblement bien écrit tout autant qu'injuste pour le fondateur de la Cinquième République...) « Le coup d’État permanent » trouvera sa meilleure illustration durant le double septennat (1981-1995) de l'ancien lecteur de L'Action Française et rédacteur du bulletin royaliste L'Action angoumoise des années 30...

    incident1-1.jpgLe ras-le-bol français s'exprime souvent par une forme, plus verbale qu'active, d'antiparlementarisme et d'antipartisanisme qui, pour être compréhensible, n'en est pas moins proprement inefficace, et cela depuis fort longtemps, ne trouvant pas de débouché politique et confinant à une forme de désespérance qui, en définitive, permet au système d'éternellement perdurer sans trop d'inquiétude... L'abstention, que certains revendiquent comme une forme d'action politique de désaveu du système politicien, si elle peut être parfois fort sympathique et légitime, reste désespérément sans effet sur les politiques menées et les institutions : elle est juste révélatrice du malaise, et elle est évoquée en début de soirée électorale pour être totalement oubliée la minute d'après... Constatons qu'elle représente presque 60 % aux élections européennes sans que cela n'empêche ni la légitimation des élections ni les déclarations de victoire des partis, ni les élus de se déclarer les seuls représentants de la Vox populi, ceux ne votant pas (ou plus) étant renvoyés à leur « absence » et au silence. 

    La tradition royaliste ne refuse pas les partis, mais elle s'inquiète du règne de ceux-ci sur l’État, règne consubstantiel à la démocratie représentative : c'est une des raisons fortes de la nécessité royale pour la magistrature suprême de l’État, ainsi libérée des jeux de partis et des alliances politiciennes par la transmission héréditaire, la naissance ne s'achetant pas et le nouveau-né ne se choisissant pas plus que le jour de la mort de son prédécesseur n'est connu, a priori, de celui-ci et des autres... Cette « incertitude temporelle » qui est bien encadrée par des lois fondamentales de succession tout en restant profondément liée à la nature de l'homme elle-même, est sans doute une manière simple, la plus naturelle qui soit, de ne rien devoir aux partis et d'être le recours à ceux-ci lorsque la situation leur échappe et que le pays est menacé. 

    1654052_731908013552215_8115551183139222608_n.jpgAinsi, au regard de l'histoire tragique de la France au XXe siècle, s'il y a bien eu un de Gaulle en juin 1940 pour dépasser la défaite, il a manqué un roi en novembre 1918 pour gagner cette paix qui aurait permis d'éviter les malheurs du printemps 1940, malheurs dont les partis se sont vite exonérés en refilant le pouvoir défait à un vieux maréchal qu'ils étaient allés chercher dans son ambassade de Madrid... 

    Bien sûr, la Monarchie n'est pas un « sceptre magique », mais elle autorise à penser à une forme de démocratie qui ne doive pas tout aux partis, et qui n'en soit pas la prisonnière et, parfois, la victime expiatoire.  ■  

    Le blog de Jean-Philippe Chauvin

  • Le Prince Jean de France dans Le Figaro pour les 60 ans de la Constitution de 1958 : elle n'est pas à abolir mais est in

    Jean de France, Duc de Vendôme MELANIE FREY/Le Figaro Magazine

     

    blue-wallpaper-continuing-background-wallpapers-bigest-images - Copie.jpgLe Duc de Vendôme a publié un article dans le Figaro du 7 octobre qui mérite de notre part toute notre attention, car il  s’intéresse dans ce texte aux institutions actuelles de la France.

    Nul n’est mieux placé que lui pour aborder ce sujet et c’est pour nous une bonne nouvelle que de voir notre Dauphin faire connaître sa pensée en termes mesurés mais pleins de sens. Il rappelle que la Constitution de 1958 avait été rédigée pour revenir à un modèle parlementaire équilibré dans la ligne de la Charte de 1815 : un régime doté d’une représentation permanente, mais dans lequel le chef de l’Etat ne soit pas seulement un symbole mais un arbitre, « garant de la continuité et de l’indépendance nationale ». Une définition à la quelle la monarchie traditionnelle correspond parfaitement. La permanence du Souverain, en cas de désaccord avec les assemblées, était assurée par le recours au référendum dont il gardait l’initiative.

    Malheureusement, comme le montre le Prince, le Général de Gaulle institua l’élection du président au suffrage universel ce qui accentua le caractère partisan du régime, dans lequel le président devient l’élu « des uns contre les autres » et « le chef du parti majoritaire ». Ainsi nous dit le Dauphin, « le caractère arbitral n’est plus assuré ». De plus ajouterions-nous, l’absence de soutien populaire a conduit à renoncer au référendum.  Le régime est donc gravement bloqué.

    Le Prince conclut en envisageant l’hypothèse où la Constitution pourrait être réformée pour accomplir pleinement les buts pour lesquels elle avait été rédigée, qui est la perpétuation de la France dans son indépendance retrouvée. Nous connaissons les conditions nécessaires pour que notre pays retrouve sa voie naturelle.  LFAR

     

    TRAVAUX DIVERS - Largeur +.jpgLa Constitution de 1958 fête ses 60 ans.

    Dans notre pays, qui a adopté puis rejeté rapidement beaucoup de textes constitutionnels, cette longévité, qui fait de la Vème République le régime le plus long de notre histoire moderne après la IIIème République, est très appréciable. Surtout, les institutions approuvées par le peuple français le 28 septembre 1958 s'inscrivent dans la longue durée du régime parlementaire, fondé sous la Restauration, renforcé par la Monarchie de Juillet et qui avait été rétabli après le Second Empire dans l'attente du comte de Chambord. Le «grand refus» du prétendant et les circonstances politiques qui ont suivi, ont déséquilibré le régime que la monarchie royale devait équilibrer et le régime parlementaire s'est mué en régime d'assemblée sans que la IVème République ne parvienne à donner de la force aux gouvernements qui se succédaient. 

    En 1958, la Constitution de la Vème République a offert à la France ce qui lui manquait depuis 1877: un chef d'État arbitral, garant de la continuité et de l'indépendance nationale, véritable clef de voûte des institutions. Cette Constitution demeurait fondamentalement parlementaire puisque le principe de la responsabilité du Gouvernement devant l'Assemblée nationale était réaffirmé. Mais elle renforçait la démocratie en prévoyant le recours au référendum. D'éminents juristes ont considéré que la nouvelle Constitution instituait une monarchie démocratique et parlementaire, d'inspiration orléaniste - une Constitution devenue monarchie élective depuis que le Président est élu au suffrage universel.

    Jusqu'en 1969, le système institutionnel de notre pays impressionne par sa cohérence - même si l'autorité judiciaire reste par trop soumise aux injonctions de l'exécutif. La Constitution politique est adossée à une organisation administrative, héritage de l'Ancien régime, du Consulat et de la Restauration puisque Louis XVIII avait décidé de conserver l'acquis napoléonien. Cette administration forte, mais soumise au pouvoir politique, appuie le projet économique et social conçu pendant la Résistance et mis en œuvre à la Libération.

    Cependant, notre Constitution a révélé ses failles après le départ du général de Gaulle.

    La première tient au fait, déjà établi lors de l'élection présidentielle de 1965, que le président de la République est l'élu des uns contre les autres. Certes, le chef de l'État peut se hausser à la hauteur de sa fonction et incarner l'unité de la nation, mais en de trop rares moments de crise et sans jamais parvenir à se libérer de ses amitiés partisanes. La clef de voûte établie par la monarchie élective est fragile.

    La seconde résulte de la rivalité qui s'installe entre les deux pôles du pouvoir exécutif. Confit entre Jacques Chaban-Delmas et Georges Pompidou, entre Jacques Chirac et Valéry Giscard d'Estaing, entre Michel Rocard et François Mitterrand: hors des périodes de cohabitation, qui montrent la souplesse des institutions et rappellent leur nature parlementaire, ces guerres intestines ont gravement nui au fonctionnement régulier des pouvoirs publics.

    Ces failles n'ont pas été comblées par l'élection quinquennale du président de la République. Au contraire, un déséquilibre profond s'est installé dans nos institutions, aggravé par le fait que les élections législatives se déroulent immédiatement après l'élection présidentielle. Le temps du chef de l'État se confond avec le temps du Premier ministre et avec celui de l'Assemblée nationale, et il est scandé par les mêmes échéances électorales. Selon une logique implacable, le président de la République a pris en charge toute la politique de la nation au détriment du Premier ministre en titre et le chef de l'État est devenu, plus directement que jamais, le chef du parti majoritaire. La fonction arbitrale, qui se confond avec celle de chef de l'État dans notre tradition millénaire, n'est plus assumée de manière effective. Dès lors, il n'est pas étonnant que les Français, attachés à la symbolique politique, se prononcent à chaque élection présidentielle par des votes de rejet plus que d'adhésion.

    Malgré ses failles et ses dérives, notre Constitution n'est pas à abolir mais à transformer et à accomplir dans la perspective, inaboutie, que le général de Gaulle avait tracée au cours de son long dialogue avec mon grand-père. Je souhaite, dans la continuité des déclarations de mon grand-père et de mon père, que l'État soit, à nouveau, rétabli dans son indépendance selon sa vocation arbitrale afin qu'il soit pleinement au service de la France et des Français.  

    Jean de France, Duc de Vendôme

    Domaine Royal, Dreux, le 7 octobre 2018

  • Alain de Benoist dit ici de justes et belles choses sur les vertus sociales de la jeunesse et sur celles des « anciens »

      

    Par Alain de Benoist

    Ces derniers jours, Alain de Benoist a donné à Boulevard Voltaire plusieurs entretiens qui nous intéressent à l'évidence. Celui-ci en particulier [11.08]. Il y exprime des idées, au sens fort, fondamentales. Lisez !  LFAR   

     

    3650118671.7.png

    « Quand les « vieux » n’ont plus rien à nous apprendre c’est le passé qu’on oublie… »

    L’espérance de vie ne cesse de s’allonger. Ce phénomène n’est pas anodin, surtout depuis que les personnes âgées ne sont plus prises en charge par leur famille, comme c’est encore le cas en Afrique, mais par des établissements spécialisés qui coûtent de plus en plus cher et dans lesquels ils sont souvent maltraités. Une raison de plus pour ne pas vouloir vieillir ?

    D’abord, rien ne garantit que l’espérance de vie va continuer à augmenter, et donc que les enfants nés dans les années 2000 vivront plus longtemps que leurs parents (on a même quelques bonnes raisons d’en douter). D’autre part, l’espérance de vie en bonne santé et l’espérance de vie tout court ne sont pas la même chose (en France, 79-85 ans pour l’espérance de vie, 62-63 ans pour l’espérance en bonne santé), d’autant que la seconde augmente plus vite que la première. Mais vous avez raison, le sort de ceux qu’on appelle aujourd’hui pudiquement des « seniors » est souvent peu enviable. Il ne faut certes pas généraliser, mais dans le meilleur des cas, les vieux sont des pépés et des mémés qu’on aime bien, surtout quand ils peuvent rendre des services (garder la maison, nourrir le chat et s’occuper des enfants), dans le pire des vieillards à qui l’on n’a plus rien à dire et dont on attend, avec plus ou moins d’impatience, le transfert aux soins palliatifs, quand on ne les abandonne pas dans une supérette sur l’autoroute pour pouvoir partir en vacances !

    Il y a, à cela, de multiples causes. J’en vois au moins deux. La première tient au fait que la famille nucléaire exclut de plus en plus les grands-parents. L’évolution de l’habitat rend le plus souvent impossible la traditionnelle coexistence des générations. Et l’accélération sociale fait que les seniors ne peuvent plus transmettre leur expérience aux plus jeunes, dont le mode de vie et l’environnement technologique diffèrent radicalement de ce qu’ils ont eux-mêmes connu.

    L’autre raison est plus fondamentale. Aujourd’hui, on peut aimer les vieillards bien qu’ils soient des vieillards, mais il est très rare qu’on les respecte parce qu’ils sont des vieillards. Autrefois, c’était l’inverse. On respectait les vieux parce qu’ils étaient des « anciens » et qu’on vénérait les ancêtres. Toutes les sociétés traditionnelles rendent un culte aux ancêtres, parce que c’est à eux que l’on doit la tradition d’où sont sortis les mœurs et qu’ils ont été les fondateurs de la lignée. Pensez à ce que représentait le mos maiorum pour les Romains. L’idéologie du progrès a discrédité le passé, qui n’aurait plus rien à nous dire parce que demain sera nécessairement meilleur. Ce qui compte, c’est l’avenir, et donc la jeunesse qui va inventer un homme nouveau, tandis que le passé ne propose que des vieilleries, de croyances et de valeurs dépassées. Les vieux peuvent avoir des histoires à nous raconter, mais fondamentalement, ils n’ont rien à nous enseigner, car nous vivons dans un monde différent. La figure du père a elle-même été discréditée, à plus forte raison celle du grand-père. C’est la raison pour laquelle l’infanticide passe aujourd’hui pour le crime le plus horrible, alors qu’autrefois c’était le parricide.

    D’un côté, notre société magnifie la jeunesse, mais de l’autre, ce sont désormais les « seniors » qui, bénéficiant d’un pouvoir d’achat supérieur à la moyenne, sont l’objet de toutes les sollicitations publicitaires. La vieillesse serait-elle devenue un marché comme les autres ?

    Le senior est, à l’origine, un titre de respect : c’est de ce mot latin, dont la variante dénasalisée était seiior, que viennent le « sieur », le « sire » (cas-sujet du précédent), le « seigneur » (dérivé de la forme accusative seniorem) et la « seigneurie », le « monsieur » (« mon seigneur »), le « messire », le signor(e) italien, le señor espagnol, le senyor catalan, le sir des Anglais. Aujourd’hui, c’est une litote qu’on emploie pour faire croire aux anciens qu’ils sont encore jeunes. Et comme on leur a mis dans la tête que l’objectif de l’âge adulte est de refuser par tous les moyens de vieillir, que de surcroît ils disposent en effet souvent d’un pouvoir d’achat supérieur, ils constituent un marché juteux pour l’empire de la marchandise, qui leur propose mille recettes pour rester « toujours jeunes ». Cela n’empêche évidemment pas de voir aussi dans la jeunesse un marché très profitable. La logique du profit est ainsi faite qu’elle recouvre tout ce qu’elle peut avaler, même ce qui naguère ne pouvait être ni acheté ni vendu.

    En politique, les Français paraissent être à la fois nostalgiques de la figure du « vieux sage », le général de Gaulle ou Antoine Pinay, et très demandeurs de celle des « jeunes loups », comme Emmanuel Macron, voire des « jeunes louves », comme Marion Maréchal. Ces deux aspirations ne sont-elles pas contradictoires ?

    ulysse.jpgJe ne crois pas. Chaque âge à ses vertus et il n’est pas interdit de les apprécier toutes : l’énergie et le savoir, la combativité et la sagesse, le chevalier et le roi, le guerrier et le philosophe, etc. Dans les récits homériques, si Achille représente l’intensité, Ulysse (Illustration) représente la durée, ce qui n’empêche pas les Troyens comme les Grecs de respecter Priam ou Agamemnon. Dans le schéma trifonctionnel de l’idéologie indo-européenne tel que l’ont restitué Georges Dumézil et quelques autres, la première fonction (la souveraineté politique, juridique et religieuse) et la deuxième (la fonction guerrière) se complètent très bien. Il en reste heureusement encore quelques traces dans l’esprit de nos contemporains. 

    Intellectuel, philosophe et politologue

     
     
    Entretien réalisé par Nicolas Gauthier 
  • Sortir de l’ambiguïté • Par Jean-Baptiste d'Albaret

    Edito136OK             

     

    Cachez cette crèche que je ne saurais voir ! Le mois de décembre, qui est depuis 2 000 ans le mois de la fête de la Nativité, est aussi depuis plus de 100 ans celui où l’on commémore, en France, l’anniversaire de la loi de 1905 sur la séparation de l’église et de l’état. C’est l’occasion saisie par la « Fédération de la Libre Pensée » pour exiger que soit retirée des locaux du conseil général de Vendée, la crèche qui y est, selon l’habitude, installée tous les ans à l’approche de Noël. Le tribunal administratif de Nantes a sommé le président du Conseil général, Bruno Retailleau, de se plier aux exigences de ladite fédération dont la grotesque devise, « Ni Dieu, ni maître, à bas la calotte et vive la sociale ! », explique sans doute les indignations sélectives.

    Dans l’Hérault, c’est le préfet qui a demandé à Robert Ménard de démonter la crèche qu’il a fait placer dans sa mairie de Béziers. Il a refusé. Sa résistance a éveillé de nombreux soutiens, droite et gauche confondues.

    A défaut d’une expression de foi en l’avènement du Messie, ces manifestations de sympathie qui ont fleuri à travers tout le pays, notamment sur les réseaux sociaux, témoignent de l’attachement des Français à cette tradition populaire née du catholicisme. Une crèche dans un bâtiment public, et alors ? S’il est entendu que la foi relève d’une adhésion intime, le christianisme, n’en déplaise à Valéry Giscard d’Estaing ou à Jacques Chirac, irrigue en profondeur la culture des pays occidentaux.

    C’est en niant cette évidence qu’on érige en controverse ce qui n’est en réalité qu’un faux débat. D’abord parce que la laïcité étriquée, telle que la conçoivent les héritiers du petit père Combes, ne semble pas en mesure de répondre aux défis lancés par le fanatisme religieux – ce ne sont pas des catholiques qui posent aujourd’hui des bombes au nom de leur foi. Ensuite parce que la laïcité, ou mieux, la distinction de l’ordre laïc et de l’ordre religieux, n’est pas une fille des Lumières mais une notion apportée à l’histoire universelle par le christianisme. Et singulièrement dans notre pays, né en tant que nation politique par le baptême de Clovis, il y a 1 500 ans. Que nos hommes politiques reconnaissent ces simples faits d’évidence ! La vieille laïcité républicaine aura vécu et les Français, de toutes origines, ne s’en porteront que mieux.

    Politique magazine consacre un grand dossier aux dix-huit mois de pontificat de François. Ce pape qui se veut d’abord et avant tout évêque de Rome, impose son propre style, fait de simplicité affichée et de gestes spectaculaires. Or, ce style « bouleverse l’Église », comme affiche en « une » le Figaro Magazine du 19 décembre. Le Synode sur la famille a, en effet, suscité quelques incertitudes et inquiétudes quant aux intentions de François. Adulées par les médias, ses idées soulèvent, au Vatican même, des remous qui vont jusqu’à créer une certaine forme de résistance.

    L’inquiétude ressentie n’est pas tant au sujet de la forme d’une pastorale résolument missionnaire qu’à celui du fond qui touche aux questions de doctrine. Benoît XVI avait fait de « la réforme de la réforme » la priorité de son pontificat. Toute une jeune génération s’est identifiée à cette façon d’être catholique, décomplexée et à l’aise dans sa foi. Yann Raison du Cleuziou, dans l’enquête sociologique qu’il consacre aux « cathos d’aujourd’hui » (éd. Desclée de Brouwer), les appelle les catholiques « néoclassiques ». Forces vives du combat de la Manif pour tous, formés dans le creuset des JMJ et par l’enseignement magistériel de Jean-Paul II et de Benoît XVI, ils voient resurgir aujourd’hui des débats autour d’une prétendue « ouverture au monde » datant des années 70. Débats oubliés et, à vrai dire, bien usés…

    De cette question de l’attitude de Rome et des catholiques à l’égard du monde, agitée depuis 40 ans, dépend en partie l’avenir de l’Église. Or cet avenir – c’était la leçon du pontificat précédent – ne peut évidemment s’inscrire que dans l’unité et la continuité de la foi. Au risque de voir resurgir un vain combat entre anciens et modernes… où les modernes ne seraient pas forcément ceux qu’on croit.  

    * Politique magazine - L'éditorial

  • Roumanie : peut-on persécuter les minorités mal-pensantes ?, par Guillaume Staub.

    Persécutons les minorités tant que les persécuteurs sont europhiles et tant que les persécutés sont europhobes ! Telle pourrait être la nouvelle devise de l’Union européenne quand on observe comment celle-ci se comporte dans l’affaire de la minorité hongroise de Roumanie.

    1.jpgEn effet, n’existe-t-il pas une contradiction fondamentale entre la résolution du Parlement européen du 13 novembre 2018 sur les normes minimales pour les minorités dans l’Union européenne qui indique au point A que « considérant que les droits des personnes appartenant à des minorités font partie intégrante des droits de l’homme, qui sont universels, indivisibles et indépendants ; que la protection et la promotion des droits des minorités sont essentielles pour la paix, la sécurité et la stabilité et pour favoriser la tolérance, le respect mutuel, la compréhension et la coopération entre toutes les personnes vivant sur un territoire donné; » et le soutien inconditionnel de cette même institution à Klaus Iohannis qui se fait le héraut d’un nouveau nationalisme roumain qui tente d’opprimer sa minorité hongroise ?

    2.jpg

    La Roumanie, si elle est très majoritairement composée de roumains, possède de nombreuses minorités ethniques historiques dont la plus importante est la minorité hongroise – le sous-groupe le plus connu étant celui des Sicules, (székely) qui représentent la moitié des hongrois de Roumanie – avec près d’un million deux cent mille individus. Cette situation résulte de la perte de la Transylvanie par la Hongrie après le “diktat” signé à Versailles en 1920 qui rattache la région à la Roumanie. Cette minorité n’a pas oublié qu’elle fut un jour pleinement hongroise et manifeste régulièrement des revendications séparatistes, autonomistes ou de rattachement à la Hongrie. C’est ainsi que les Sicules célèbrent tous les ans, le 10 mars, le jour de la liberté du Széklerland, le Széklerland étant un Etat imaginaire, mais qui possèdent ses propres traditions induites de l’histoire, un drapeau, et un hymne national.

    Face à cette minorité hongroise remuante, la Roumanie ne cesse de multiplier les provocations ou les vexations vis-à-vis de la Hongrie et de sa minorité hongroise. C’est ainsi qu’en mai 2020 les députés roumains ont voté une loi faisant du 4 juin le “Jour du traité de Trianon”, c’est-à-dire le jour où la Hongrie fut amputée des deux tiers de son territoire avec trois millions de Hongrois qui se retrouvèrent à l’extérieur du pays, la plus grande partie se trouvant alors en Roumanie. Or, un homme politique incarne ce nouveau nationalisme roumain, il s’agit de Klaus Iohannis. Ce dernier fut visé récemment par une résolution adoptée par le Parlement hongrois condamnant ses propos magyarophobes. Qui est-il  ? Ancien président du parti national libéral et actuel président de la Roumanie, il fut notamment élu pour sa lutte contre la corruption, est connu pour sa relative fermeté contre l’invasion migratoire, et travaille à la réunification de la Roumanie et de la Moldavie. Néanmoins, il s’agit aussi d’un europhile déclaré, d’un eurofédéraliste fervent ainsi que d’un progressiste – progressiste par rapport à la société roumaine. Il répond si bien aux critères de l’Union européenne qu’il reçut le prix Charlemagne 2020, prix qui récompense les personnalités qui œuvrent à l’unification européenne.

    Ce prix lui fut décerné pour deux raisons simples  ; quand tous les peuples de l’Est se tournent vers des partis populistes conservateurs, lui engage son pays dans une politique pro-européenne et une politique engagée pour… «  la protection des minorités et la diversité culturelle  »  ! Or, comme le rappelle le quotidien Présent du vendredi 5 juin 2020, ce «  grand protecteur des minorités vient justement de recevoir une amende de la part du conseil national anti-discrimination (CNDC) roumain.  ». En effet, Klaus Iohannis ne cesse d’attaquer avec hargne la minorité hongroise qui comploterait avec la Hongrie pour la chute de l’État roumain. Autrement dit, les propos portés à l’endroit de certaines minorités n’ont que peu d’importance pour les instances européennes, du moins, dans ce cas précis  ! Après tout, il ne s’agit que de ces Hongrois réfractaires à tout changement  ; et puis, il s’agit d’un défenseur de l’Europe, qu’il fasse donc  ! Le président roumain est allé jusqu’à accuser ses ennemis de gauche, le parti PSD, de comploter avec la Hongrie pour que celle-ci récupère la Transylvanie. Pour le président roumain l’ennemi est désigné  : la Hongrie et les Hongrois, ces derniers subissant, en Roumanie, les attaques de ce héraut de l’Union européenne et du respect des minorités  ! Tout comme le racisme est autorisé – ou même encouragé – contre les personnes blanches, de même, il est autorisé au sein de l’Union européenne de s’attaquer à des minorités du moment que celles-ci ne s’accordent pas au projet cosmopolite européen ou sont issues de nations qui résistent aux menaces bruxelloises.

  • Macron ou l’impuissance du discours !, par Christian Vanneste.

    Il a osé crier victoire ! Dans le fond, Macron, c’est comme Napoléon, qui voudrait se relancer après Waterloo, se réinventer, prendre un nouveau chemin, bref continuer à exercer le pouvoir, mais avec cette différence abyssale qu’il n’y a pas eu d’Austerlitz, ni aucune autre bataille gagnée auparavant, ni aucune restauration de l’Etat, ni aucun élan donné à la Nation, ni aucune prééminence de la France en Europe. La seule victoire de Macron, c’est l’élection volée de 2017 par un socialiste ami des milliardaires, et qui a poursuivi le travail de sape commencé dans les cabinets obscurs : la démolition de la France !

    christian vanneste.jpgLa France n’allait pas bien en 2012. Cela fait 45 ans que son budget est en déficit. Macron, secrétaire général adjoint à l’Elysée, puis ministre de l’économie, dans un cadre socialiste, puis président de la République a-t-il amélioré les choses ? Evidemment non ! La dette était à 98,7% du PIB en 2019. On continuait à emprunter pour financer une politique inefficace. La France est un pays riche, avec une épargne abondante, des infrastructures solides, un patrimoine considérable, et les petits malins qui nous « gouvernent » à coup d’expédients pensaient que l’on continuerait à lui prendre ses obligations à taux négatif, qu’on accepterait de perdre de l’argent en finançant un pays qui offrait de meilleures garanties que d’autres. En somme, le présent vivait sur les trésors du passé. La dépense publique n’était pas diminuée. L’industrie s’effaçait du territoire. La balance commerciale demeurait déficitaire depuis près de 20 ans. Au début de cette année, le chômage était à près de 9 % malgré un contexte mondial favorisé par une embellie artificielle entretenue par la création monétaire. L’Allemagne était à 3,5%, et présentait un tableau positif là où celui de la France était négatif. Le Covid transforma l’essai en faveur de Berlin : 438 morts en France par million d’habitants, 105 en Allemagne. Dans son allocution d’hier, un discours aux allures de village Potemkine, superposant à la triste réalité une carte postale idyllique, Macron a carrément gommé les mauvaises décisions, les contradictions, les atermoiements, les retards, les pénuries, les mensonges, l’absence de masques et de tests, qu’il a remplacés par le mot vague de « produits ». Un mois de retard, c’est quatre points de PIB en moins de croissance ! Et il faudrait pavoiser parce qu’on rouvre les écoles à la mi-Juin (!) et les restaurants dans un pays où le tourisme est vital pour l’économie ! Aveuglement au départ malgré des informations précoces en provenance de Chine, choix politiques superficiels comme le maintien du match Lyon-Turin, comme le premier tour des municipales, avant un confinement trop général, trop coercitif, et trop long, parce que le gouffre s’était ouvert sous les pieds des gouvernants. Ils avaient vu se profiler l’ombre des juges à l’horizon de leurs mandats alors qu’ils ne parvenaient plus à obtenir les moyens indispensables à une stratégie sanitaire intelligente : tester, isoler, soigner ! Faute de lits en réanimation, et à deux doigts de la saturation, ce sont nos voisins allemand, suisse, luxembourgeois, et même l’Autriche, qui sont venus à notre secours, et toute honte bue, Macron s’en vante !

    Le déclassement de la France s’est accéléré avec cette crise sanitaire. Il est probable que les préteurs déjà beaucoup plus circonspects à l’égard de la France que de l’Allemagne le seront encore davantage puisque la dette va exploser ! On évalue la récession à hauteur de 11% du PIB au minimum ! Du jamais vu depuis la crise de 1929 ! Un pays dont les points forts sont le tourisme, l’aéronautique, la pharmacie (!), notamment, peut-il encore inspirer confiance ? On emprunte d’ailleurs pour alimenter un Etat obèse qui a montré son impuissance, et financer une protection sociale trop largement ouverte aux étrangers. Or, c’est d’investissement dont la France a besoin : son retard dans des domaines où elle vivait sur une réputation désuète est maintenant évident. L’économie n’est pas tout. Voilà trois ans que le pays traverse des bourrasques sociales et sociétales, que des quartiers et toute une population non-assimilée, échappent à la loi et à l’ordre, entretiennent des trafics, génèrent des violences et remplissent les prisons, que le mécontentement a fait quasi sans interruption souffler un vent de révolte dans les rues. La violence de la répression des Gilets Jaunes, dont les revendications initiales étaient légitimes, contraste étrangement avec la mollesse du pouvoir face à une contestation non du gouvernement mais de la France par des gens que Cicéron appelait des « Catilinaires », conglomérat de tout ce qui déteste notre pays, sa civilisation, son histoire, ses valeurs, barbares, délinquants et gauchistes ! Macron a centré son action et ses discours sur l’économie : en raison de ses déclarations passées, notamment sur la colonisation, de ses comportements ambigus, et des ministres qu’il a placés à la tête des ministères régaliens, il n’a pas le moindre crédit dans ce domaine, et ne pourra pas faire appel à la générosité de l’Allemagne comme il le croit à tort pour le reste.

  • «Jean Raspail, c’est le panache et l’élégance française qui prennent le deuil !», par Maximilien Varangot.

    L'écrivain et explorateur français Jean Raspail est décédé ce samedi 13 juin à Paris à l'âge de 94 ans.

    Source : https://www.billetdefrance.fr/

    Une plume n’est que le prolongement d’un esprit, certaines sont les instruments de démiurges. Jean Raspail était des leurs. Car, comment ne pas voir dans son héritage l’art de sublimer l’intemporel dans un monde mouvant et liquide, et celui de redorer le blason des causes déchues et oubliées ?

    Il va sans dire que l’œuvre de Raspail ne se lit qu’à travers sa vie. Et quelle vie ! Enfant de la campagne paisible d’Indre -et-Loire, il monte à Paris faire ses études dans le privé où son goût pour l’écriture se déclare, mais en vain, car une critique lui vole sa vocation d’écrivain pendant un temps. Qu’à cela ne tienne, c’est donc vers le vaste monde que Jean se tourne ! Son âme d’aventurier lui vient sans conteste de son engagement dans le scoutisme, où, de jeune scout promettant il finira Commissaire National, gravissant tous les échelons de la hiérarchie, et sera un des organisateurs du camp de la paix en 1946 qui rassemblât les scouts du monde entier dans une communion fraternelle. Ainsi Raspail va s’appliquer à vivre l’aventure scoute jusqu’au bout.

    L’appel du grand large

    Et le voyageur part au-delà des mers, à la rencontre des populations qui ne sont plus grand-chose face à un monde moderne et désenchanté. Il traverse de long en large les Amériques et fait aussi le tour du Japon. Témoin et porte-parole des causes désespérées, il s’attache tout particulièrement à un peuple, les Patagons. Ce peuple de géants, situé dans ce bout-du-monde qu’est la Patagonie, est l’occasion pour Jean l’aventurier de porter un autre étendard, celui de la royauté. En effet, il fait partie de ces rêveurs et défenseurs obstinés du royaume éphémère de Patagonie et d’Araucanie, dont il peint l’histoire folle dans son livre Moi, Antoine de Tounens, roi de Patagonie, sorti en 1981. Il va jusqu’à se proclamer consul général de Patagonie, ambassadeur convaincu d’un royaume oublié et d’un peuple méprisé.

    Mais ses convictions, Jean Raspail les a chevillé au corps, et c’est là toute la beauté de l’homme : parti pour explorer le monde, il n’a jamais oublié ce qu’il était, d’où il venait et ce en quoi il croyait. Son honneur était fidélité. Ce royaliste pétri de foi et de romantisme, Chateaubriand du XXe siècle, a permis, par ces romans, à plusieurs générations de renouer avec un héritage caché. La monarchie, cause perdue de la France païenne et républicaine, est redevenue sous la lanterne de Raspail une promesse plus qu’une utopie. Son engagement royaliste le pousse jusqu’à porter l’armure et partir au combat. Son fait d’arme le plus éloquent est bien sûr le 21 janvier 1993 lorsqu’il parvînt à réaliser un hommage place de la Concorde pour les 200 ans de la mort du « roi-martyr ». C’est une réussite, la foule est nombreuse, l’ambassadeur des Etats-Unis est là, et la manifestation interdite par la préfecture est finalement autorisée par le Président de la République François Mitterrand. Moment de grâce.

    Un esprit visionnaire

    Mais, au-delà du rêveur de grandes épopées, nous pouvons dire qu’il est, à l’image de Bainville durant l’entre-deux guerres, un prophète. Le Camp des saints, roman de l’apocalypse, résonne comme un écho dans notre actualité. Lucide, il a imaginé l’inévitable menace qui pèse sur la France : l’immigration massive. Pourquoi l’homme des cultures enfouies et des voyages lointains s’est-il inquiété de l’arrivée de ces gens venus d’ailleurs ? Parce qu’il n’oubliait pas que, ce qui importe pour un peuple, c’est d’être enraciné. Et c’est peut-être tout le sens de ses combats : l’enracinement. Et la France fait partie de sa liste des peuples menacés. Il nous a avertis. Certains y ont vu une réaction rance et xénophobe, d’autres ont entendu un cri d’alarme, ou plutôt le son du cor de Roland qui résonne à nouveau. Car, oui, lui se souvient des hommes qui ont défendu l’honneur.

    Ainsi, Jean à la silhouette droite, au style anglais et à l’arrogance française, a rejoint le Royaume des saints. Si certains disent que c’est la vieillesse qui a cueilli l’homme arrivé au bout de la jetée, je leur réponds que c’est parce qu’il n’a jamais perdu son âme d’enfant que Dieu l’a rappelé à lui. S’il n’a pas pu clamer Sire, et vu les lys refleurir, il restera comme l’un de ceux qui les ont semés.

    Jean Raspail, c’est le panache et l’élégance française qui prennent le deuil ! Une écriture de feu, un esprit visionnaire et un aventurier de l’ancien temps. Grâce à vous, Jean, le flambeau royaliste reste allumé, comme une lumière dans un monde qui se défait. Pour vous, je mets un genou à terre.

  • Quand la manif pour Traoré fait chou blanc. Il n'y avait en fait pas grand monde samedi!, par Céline Pina.

    Samedi 13 juin 2020 à Paris

    © LEWIS JOLY/SIPA

    Numéro de reportage: 00967154_000011

    Source : https://www.causeur.fr/

    Même si la manifestation a fait du raffut, seulement 15 000 personnes ont répondu samedi à l’appel du comité Adama, selon la préfecture de police. Les sornettes d’Assa Traoré sont reprises avec beaucoup de complaisance par les médias et nombre de politiques, mais les Français ne s’y trompent pas et ne rejoignent pas massivement le mouvement.

    3.jpgLa manifestation organisée par le comité Adama le 13 juin, officiellement contre le racisme et les violences policières a fait un bide. Est-ce à dire que la France et les Français seraient indifférent face au racisme ? Absolument pas. Ce qui est arrivé à Georges Floyd a choqué et ému le monde entier. Mais cette histoire n’a pas eu lieu en France et ceux qui essaient de l’exploiter, famille Traoré, militants gauchistes, indigénistes et plus discrètement mouvance islamiste, n’ont rien à voir avec le combat antiraciste. Ils en sont même la négation puisqu’ils ne voient les êtres humains qu’à travers le prisme de leur couleur de peau et n’imaginent entre eux qu’un seul lien, celui de la domination. Si le monde médiatique dans sa majorité n’y a vu que du feu et si les politiques se sont montrés incapables de défendre la police injustement attaquée, les Français, eux, n’ont pas été dupes : ils ont compris la manipulation et ne se sont pas déplacés.

    Rentrez chez vous les gauchistes!

    Avoir le soutien des médias et exploiter un drame qui a ému le monde entier pour ne réunir que 15 000 manifestants… Moins encore que lors du rassemblement devant le Palais de Justice ! En politique, on appelle cela un échec cinglant. Cela montre que cette tentative de radicalisation et de mise en accusation de la société par une famille de caïds et toute la mouvance gauchiste ne prend pas.

    2.jpg

    En sacrifiant sa police à des exaltés sans influence réelle, l’exécutif a donc paniqué devant un tigre de papier. Il a mis à mal la séparation des pouvoirs et humilié la police parce qu’il ne prend la mesure ni des situations ni de ses obligations. Ces comités Adama et consorts ne représentent rien. Ce qui leur donne du pouvoir, c’est la peur des politiques face à leur chantage et l’espace que l’État leur cède en les laissant mettre sous coupes réglées certains territoires. Cela montre aussi que les storytellings médiatiques ne fonctionnent plus quand elles sont aussi éloignées de la réalité. Certains journalistes étaient allés loin en occultant la violence endémique de la famille, pour renforcer la dimension de victimisation. La couleur de peau de certains membres des forces de l’ordre ayant procédé à l’arrestation a été tue, car certains étant noirs ou métis, ils mettaient à mal la théorie d’un dérapage raciste lors de l’arrestation d’Adama Traoré. Pareil pour la tentative de faire passer la police pour systématiquement raciste, alors que le racisme y est combattu, fait l’objet de procédures en cas de constat et que rares sont les commissaires qui apprécient les policiers qui jouent les cowboys et ne savent pas se tenir. S’il est normal de combattre toute forme de racisme dans les institutions, il est tout aussi normal de refuser les accusations infondées et les manipulations grossières. Cet échec de la manifestation ne parle pas d’une France qui refuserait de combattre le racisme, mais d’une France qui refuse la guerre des races et rejette ceux qui veulent l’entraîner là-dedans.

    Christophe Castaner nous met dans le pétrin

    Le comité Justice pour Adama détourne la juste cause de l’antiracisme. Adama Traoré n’est pas Georges Floyd et la France n’a pas l’héritage ségrégationniste, raciste et communautariste des États-Unis : la tentative de déstabilisation politique dont rêve le comité Adama et l’extrême-gauche ne prend pas, et si Christophe Castaner n’avait pas stupidement tiré dans le dos de la police (symboliquement !), l’État ne se serait pas mis dans un tel pétrin.

    Rappelons que l’antiracisme n’est pas la volonté de faire de la couleur de la peau une appartenance qui oblige. C’est au contraire la conviction que la couleur de la peau ne compte pas, ne dit rien sur ce qui fait un être humain, sa capacité à aimer, à apprendre, à comprendre, à construire et à agir, elle ne nous définit pas, ne nous enferme pas. On juge un homme à ses actes, pas à sa couleur ou à son sexe… L’inverse de ce qu’essaient de vendre ceux qui s’autoproclament antiracistes alors que leur pensée est essentialiste. Et c’est justement le cas des décoloniaux, proches du comité Adama, dont le meilleur exemple est Houria Bouteldja qui, dans son livre Les Blancs, les Juifs et Nous, indiquait par exemple qu’une Noire se faisant violer par un Blanc devait le dénoncer et en faire un argument politique. En revanche si elle se faisait violer par un Noir, elle devait se taire pour protéger son clan, sa race, sa famille. L’appartenance raciale passant donc avant toute quête de justice.

    Voilà à qui nous avons affaire : des gens qui brandissent la bannière antiraciste mais pour qui la couleur de peau est l’alpha et l’omega de l’appartenance. Et nos médias vont continuer longtemps de les présenter comme des représentants de l’antiracisme ? Il est peut-être temps d’appeler un chat, un chat et de dire que ces soi-disant antiracistes vont aujourd’hui plus loin dans le rejet de l’autre et la violence ethnique que l’extrême-droite. Le dire est risqué alors qu’attaquer l’extrême-droite, même quand elle est très en deçà du discours violent des décoloniaux, voire même quand elle se tait, vous vaut des points de pureté morale et de noblesse d’âme.

    Non au modèle de société américain !

    Espérons que ce pouvoir aux abois va enfin comprendre qu’il n’est victime aujourd’hui que de sa propre faiblesse et de son inconsistance, et qu’il n’y a pas un vent qui se lève en France en faveur du communautarisme et du séparatisme. Au contraire, c’est un grand ras-le-bol que l’on constate, celui d’une majorité des Français qui voudrait que leurs dirigeants défendent leur modèle de société.

    C’est le 16 juin, que se tiendront symboliquement la France et les Français, aux côtés des soignants. C’est là que nous pourrons défendre ce que nous sommes et ce modèle social qui soigne et soutient tous les malades sans se soucier de leur couleur de peau, de leur sexe, de leur philosophie, de leur religion, ou de leur âge (sauf quand il est sous-tension). La France, c’est ce modèle intégrateur qui recherche et trouve la concorde dans la fraternité, qui refuse les appartenances ethniques, la soumission aux dogmes religieux ou à la race. Le 13 juin, nous pouvons être fiers de ne pas être descendus dans la rue. Le 16 juin, la France qui manifestera sera celle aux côtés de ceux qui ont pris des risques pour elle, soignants et travailleurs qui ont beaucoup donné et sont toujours au front.

  • L'édit royal de 1315 : quand la Monarchie abolit l'esclavage, par Jean-Philippe Chauvin.

    1A.jpgLe 3 juillet 1315, il y a 705 ans, le roi Louis X le Hutin, fils de Philippe le Bel, signe un édit, applicable en tous lieux du domaine royal (en fait, le véritable royaume de France, et non les terres sur lesquelles le roi avait « seulement » la suzeraineté), qui abolit le servage et toute forme d’esclavage sur ceux-ci, ce dernier terme pouvant correspondre à la définition d’esclave communément admise de « personne humaine considérée comme une propriété privée de ses libertés, qui ne peut changer d’activité et maintenue dans un état de servitude à l’égard d’un propriétaire, état entretenu par la force ou sous une forme non contractuelle explicite ».

    jean philippe chauvin.jpgEn fait, l’esclavage lui-même avait déjà quasiment disparu du monde occidental sous la pression de l’Eglise et parce que, dès les rois mérovingiens (et parfois sous l’influence ou la régence de leur épouse ou mère, comme la reine Bathilde au VIIe siècle, sans doute ancienne esclave et devenue sainte quelques décennies après sa mort), cette pratique « d’abord » économique n’avait plus guère de défenseurs, pour des raisons autant économiques que religieuses. L’édit clôt par la loi un processus déjà quasiment abouti.

     L’esprit de cet édit est simple : « Selon le droit de nature, chacun doit naître franc (c’est-à-dire libre de condition) », d’où la maxime « Nul n’est esclave en France » popularisée et appliquée dans le royaume tout entier, ce qui le fait apparaître comme une terre de refuge pour les proscrits de toute l’Europe, et cela jusqu’à… nos jours ! Cette émancipation est aussi un élément de prestige et d’attraction valorisé par la Couronne face à des pays moins avancés sur cette question.

    Bien sûr, les raisons de cet édit ne sont pas forcément humanistes en tant que telles, car le roi évoque un achat de son affranchissement par les personnes de condition servile, achat qui doit permettre de ramener quelques pièces dans les caisses royales. Mais c’est cet édit qui permet néanmoins de fixer une fois pour toutes l’interdiction de l’esclavage en France métropolitaine, au point que, au XVIe siècle, lorsque les ports de l’Europe atlantique renouent avec la traite des esclaves en se fournissant sur les marchés de l’Afrique littorale et pour entretenir les grandes exploitations sucrières et cotonnières d’Amérique, les esclaves qui mettent le pied à Bordeaux sont libérés, comme le confirme l’arrêt de la cour de Bordeaux, en 1571, l’exprimant en ces termes : « La France, mère de liberté, ne permet aucuns esclaves », ce dont se félicitera Montaigne en dénonçant « les pratiques de conquistadores » des Espagnols qui baptisaient des hommes qu’ils suppliciaient ensuite sans remord. La France, par ses lois territoriales émancipatrices, ne pouvait ainsi être confondue avec les nations méditerranéennes, orientales et slaves, qui avaient peu de scrupules sur cette question de la possession d’êtres humains…

    Mais la colonisation française en Amérique remet en partie en cause l’application de cet édit, puisque les terres lointaines semblent échapper à cette législation et que grands propriétaires et négociants n’hésitent pas à pratiquer l’esclavage et la traite qui l’alimente dans les îles des Antilles, entre autres. Néanmoins, et malgré les pressions des puissances économiques de l’époque, l’Etat royal ne cède pas et l’édit de 1315 reste appliqué, parfois difficilement, sur les terres métropolitaines du royaume. Paradoxalement (quoique…), c’est au siècle des Lumières que les pressions pour « libéraliser » l’esclavage en France (au nom de la liberté économique, qui semble l’emporter, concrètement, sur toutes les autres libertés…) sont les plus fortes, mais elles restent, fort heureusement, vaines, le roi Louis XVI allant même jusqu’à envisager et tenter d’abolir l’esclavage dans les îles françaises d’Amérique en 1776, mais sans y parvenir, l’opinion publique y étant peu favorable, là encore suivant des motivations plus économiques que morales…

    En ces temps contemporains de grande confusion mémorielle, il n’est pas inintéressant de se pencher sur l’histoire pour en comprendre tous les ressorts et mieux saisir les enjeux d’aujourd’hui, au-delà des excitations médiatiques… Tout comme il n’est pas inutile de rappeler que, selon la définition de l’esclavage évoquée plus haut et inspirée de celle de l’UNESCO, et au regard des chiffres connus, il y aurait, à travers le monde, environ 40 millions d’esclaves… Oui, 40 millions d’esclaves, en 2020 ! Le silence des grands médias sur cette sinistre réalité est fort curieux et, disons-le tout net, absolument choquant et scandaleux ! L’occasion, donc, de ranimer l’esprit de l’édit royal de 1315, à l’échelle de la planète et épuré de ses considérations financières…

  • Le contre-sens suicidaire de la prétendue « écologie », par Christian Vanneste.

    Le grand paradoxe ou plutôt l’énorme mensonge de « l’écologie » politique repose sur une idée : la vie. La pandémie du Covid-19 a accentué au-delà du raisonnable la peur de la mort. Ni le nombre de morts, ni les tranches d’âge assez logiquement les plus touchées n’auraient du conduire à pareille panique planétaire augmentée dans notre pays par la gesticulation d’un gouvernement dépassé par la question. Sans doute la priorité donnée à la protection de la vie a-t-elle facilité un glissement de l’opinion vers ceux dont le fonds de commerce se confond avec l’exploitation politique de la peur face aux menaces chimique ou nucléaire.

    christian vanneste.jpgEntre pollution et contamination, l’amalgame sémantique a été depuis longtemps utilisé par les marxistes repeints en vert qui se sont emparés de « l’écologie ». Le climat mental créé par la crise sanitaire a donc développé surtout chez les urbains des grandes villes l’idée qu’il fallait améliorer la qualité de l’air, de l’alimentation, et se méfier davantage des produits d’une grande industrie cynique prête à jouer sur notre santé pour augmenter ses profits. Le rôle des grands laboratoires pharmaceutiques dans « l’étrange défaite » de notre système de santé et en particulier dans le navrant débat autour du « protocole Raoult » a donné du crédit à cette hostilité et permis la réunion contre le capitalisme du gauchisme assoiffé de révolution et des bobos soucieux de leur santé. Le taux d’abstention avec sans doute une mobilisation plus sélective des électeurs a fait le reste. On remarquera seulement que l’autre bénéficiaire politique potentiel de la pandémie, le souverainisme, qui dénonce lui de manière plus précise, et l’excessive circulation des biens et des personnes, et la délocalisation de notre production, qui expliquent à la fois la propagation rapide du virus et l’absence des moyens matériels pour le combattre, n’a pas su utiliser cette carte pourtant maîtresse.

    Ce n’est certainement pas en fermant Fessenheim et en diminuant notre production d’électricité nucléaire, en ruinant nos industries automobile et aéronautique par une pluie toxique de taxes et de réglementations que nous vivrons mieux. La France produit peu de gaz à effet de serre : 0,9% du total mondial de CO2, deux fois moins que l’Allemagne. Cette question ne devrait en aucun cas être sa priorité, et on se demande par quelle aberration le président accidentel que nous subissons en fait tout un fromage. Que le confinement ait baissé l’émission du CO2 de seulement 8%, comme il le souligne, est anecdotique par rapport au marasme économique et social que l’incarcération sanitaire des Français va entraîner en raison de l’impréparation de notre pays. ll voulait montrer par là que la décroissance n’améliorerait pas la qualité de notre air de façon significative. Certes, mais elle tuerait à coup sûr notre économie, nos emplois, notre pays. Et c’est dans cette contradiction que réside le grand mensonge vert : sous prétexte de mieux protéger la vie de chacun, sauf les avortés et les euthanasiés, bien sûr, les « verts » veulent surtout tuer notre vieille nation, comme si la survie de celle-ci n’était pas la première protection de la vie de chacun de ses membres, comme si la vie d’une nation ne pouvait pas être prolongée sans limite alors que tel n’est pas le cas pour les individus.

    Zemmour s’est fait brocarder récemment pour un de ses raccourcis tellement rapide qu’il risque de paraître ridicule. « Complotiste » s’est écriée en choeur la « bienpensance »…. Voilà que Zemmour confond le vert écologique, le vert gentil avec le vert islamiste, le vert méchant : aucun rapport, il délire ! Et pourtant non : s’il est vrai que la même couleur est le fruit du hasard, la convergence des luttes, elle, ne l’est pas ! Les ennemis de nos ennemis sont nos amis. Tous ceux qui veulent affaiblir, puis tuer la France, ensevelir son histoire sous un tombereau de honte, remplacer sa population, ravager sa culture, y répandre l’insécurité à force de laxisme, se liguent naturellement contre elle. Peu importent les oppositions cruelles sur les droits des « lgbt », sur l’égalité hommes/femmes, l’immigration africaine et musulmane est bienvenue, le multiculturalisme est l’avenir, le cannabis est bon pour la santé et il fait vivre un certain nombre de quartiers hors-la-loi. Notre société connaît une menace mortelle : c’est l’addition des communautés minoritaires unies pour renverser plus qu’un pays, une civilisation. L’intersectionnalité entre les groupes féministes, lgbt, antiracistes, anticapitalistes, indigénistes, végan, antifascistes, islamistes, antivoitures, écologistes, va faire que malgré les divergences considérables, on ne va pas se combattre, ni se critiquer, qu’on va même parfois défiler ensemble pour défendre la Palestine ou une famille de délinquants. Cette effervescence-là est le côté obscur des tribus d’internautes célébrées par Maffesoli. Comme un canard sans tête qui continue à courir, la gauche, privée du prolétariat ouvrier qui a compris qu’il n’avait rien à attendre d’elle, a choisi la stratégie prônée par les démocrates américains ou par Terra Nova : la majorité de demain sera l’addition des minorités. C’est un choix mortifère qui est celui de nos prétendus écologistes, de nos « pastèques », vertes à l’extérieur et rouges à l’intérieur, d’autant plus dangereusement mortelles qu’elles avancent en prétendant défendre la vie. Un signe ne trompe pas : le fond totalitaire transparaît avec l’intolérance et cette prétention exorbitante d’une politique fondée sur une science, sur une connaissance absolue. Le marxisme se voulait « socialisme scientifique ». Ses orphelins embrassent « l’écologie ». Or la politique n’est pas une science et la science elle-même est fondée sur le doute plus que sur la certitude. Raoult n’a cessé de le répéter à des journalistes obtus dont l’inintelligence et l’inculture sont pour beaucoup dans le suicide de notre pays.

  • Le monde d’après ? Ce sera 1929 et l’hyperinflation, par Marc Rousset.

    Source : https://www.bvoltaire.fr/

    Wall Street semble freinée dans son élan boursier, tout comme les Bourses asiatiques, car le virus inquiète, avec, selon l’université américaine Johns Hopkins, plus de 132.000 morts pour plus de 3,05 millions de cas aux États-Unis. Si un krach se produit effectivement en juillet-août 2020, nous vivrons la deuxième jambe de baisse, avant probablement d’autres remontées et d’autres baisses successives, comme en 1929, où le Dow Jones avait mis trois ans pour atteindre, en 1932, son point le plus bas.

    marc rousset.jpgIl est peu probable que la Fed et la BCE en viennent à acheter directement des actions pour éviter l’effondrement des cours, ce qui serait la suite logique de la politique du n’importe quoi, n’importe comment, « quoi qu’il en coûte », pour sauver le navire du naufrage immédiat, en imitant le Japon, mais la ficelle serait quand même un peu trop grosse, pouvant même déclencher une panique boursière. Il est peu probable que l’Allemagne accepte des mesures aussi folles qui pourraient déclencher les foudres de la Cour de Karlsruhe, même si le gouvernement allemand et le Bundestag pourraient, une nouvelle fois, mentir en affirmant que ces mesures sont conformes aux traités car elles sont tout à fait « proportionnelles » à la gravité de la crise.

    L’inflation pour l’ensemble de l’ devrait officiellement s’établir à 0,6 % en 2020 et 1,3 % en 2021. Nous pensons qu’elle risque d’être plus élevée et, surtout, de commencer à croître d’une façon inexorable à partir de 2021. Les banques centrales sont en train de semer les premières graines de l’hyperinflation à venir qui, pour l’instant, suite au fléchissement de la demande, aux surcapacités de production, à la concurrence internationale, ne se manifeste que pour l’inflation des actifs (bulle de l’ et bulle des actions) et non pas dans les prix des biens de consommation courante. Nous ne vivons que les tout premiers signes de l’hyperinflation à venir (méthodes non conventionnelles du « QE », taux d’intérêt négatifs, achat des émissions obligataires de l’Italie qui ne trouvent plus preneur…).

    La phase suivante, c’est lorsque la vélocité de circulation de la monnaie commence à augmenter, que les populations commencent à acheter de l’or ou des devises étrangères, qu’un marché noir apparaît, que les taux d’intérêt explosent, jusqu’au jour où les Européens commenceraient à refuser l’euro ou les monnaies locales en cas d’explosion de la zone euro. Historiquement, il y a un effet d’hystérésis et il faut attendre deux à trois ans de création monétaire accélérée par les banques centrales avant que l’hyperinflation n’apparaisse.

    Le fait que le déficit budgétaire des États-Unis ait été multiplié par 100, de juin 2019 (7,95 milliards de dollars) à juin 2020 (863 milliards de dollars) est un signe d’hyperinflation. La création monétaire à des niveaux stratosphériques par la Fed et la BCE montre que la planche à billets imprime à plein régime. 1.300 milliards de prêts TLTRO à un taux négatif de -1 %, selon Les Échos, la plus grosse opération de refinancement de l’histoire de la BCE, ont été accordés à 742 banques européennes, le 18 juin 2020 : du jamais-vu. Tout cela ne peut tenir à long terme et l’on va tout droit vers l’hyperinflation et la catastrophe monétaire en 2022.

    La BCE nous sauve de l’effondrement immédiat en réinvestissant, dans d’autres titres, l’argent correspondant au remboursement des titres remboursés, tout en augmentant le montant des titres rachetés. La Cour de Karlsruhe avait demandé des explications pour le programme PSPP (programme d’achat de titres du secteur public), mais il est probable qu’une nouvelle plainte sera déposée pour le programme pandémique PEPP. La dette publique des États n’est plus financée par l’épargne des particuliers mais par la création monétaire des banques centrales.

    L’élément nouveau, c’est que, face à la catastrophe en vue, l’Allemagne réalise qu’elle va perdre son marché européen et qu’elle sombrera comme les autres pays européens, tout en ayant des finances saines et équilibrées. C’est l’unique raison pour laquelle Merkel a viré de bord à 180° en mentant à la Cour de Karlsruhe, voulant éviter à tout prix l’explosion de la zone euro, qu’elle s’est unie avec Macron contre les pays « frugaux » pour une relance économique financée par emprunts de 750 milliards d’euros dans l’Union européenne. L’Allemagne met en place une digue supplémentaire, mais le tsunami de l’hyperendettement, du coronavirus, de la création monétaire, de la remise en cause du libre-échange mondialiste, de l’invasion migratoire et du populisme pourrait bien aussi faire céder cette dernière digue en 2022.

  • La France, homme malade de l’Europe ?, par Christian Vanneste.

    Ce n’est pas très agréable mais c’est une évidence ! La France est « l’homme malade de l’Europe » ! Depuis que le Tsar Nicolas 1er avait employé cette expression à l’encontre de l’Empire Ottoman, elle a fait florès. Elle désigne l’Etat qui s’enfonce, qui se noie, qui est à la veille de disparaître : les empires turc ou autrichien se sont ainsi disloqués après que ce diagnostic les eut visés . On n’imagine pas qu’un tel destin puisse advenir à notre pays…

    christian vanneste.jpgEt pourtant, des décennies de mauvaise gouvernance, une économie en capilotade, des finances vérolées, des services publics de moins en moins performants, une nation qui « s’archipélise », un peuple qui s’éloigne avec dégoût des isoloirs et des urnes… Les symptômes du mal sont nombreux et envahissants, mais l’oligarchie politique, administrative, financière et médiatique qui publie les bulletins de santé se veut rassurante. Un cancer ne peut pas être un bon médecin.

    45 ans de déficits budgétaires, un endettement qui croît d’année en année, des prélèvements obligatoires qui atteignent des sommets, une dépense publique de moins en moins maîtrisée, un commerce extérieur déséquilibré à notre détriment, une industrie qui joue les peaux de chagrin, un chômage qui gangrène la population active, une atmosphère politique qui désespère les citoyens. Plus personne n’ose parler du « modèle français » qui ressemble de plus à un épouvantail : la caricature de ce qu’il ne faut pas faire ! Les Français, en bons catholiques croyants ou non attendaient tout du Dieu-Etat, plutôt que d’eux-mêmes. Une élite reconnue pour sa compétence dirigeait tout depuis Paris, se procurait en impôts les moyens d’une providence inégalitaire auprès des Français assistés. La redistribution compensait royalement les inégalités. Les Français, par coutume, râlaient, mais oscillant entre une gauche « généreuse » avec l’argent factice et une droite élue avec des promesses de matamore et rejetée après un bilan timoré, ils accumulaient les avantages, la diminution du temps de travail, dans la vie, dans l’année, dans la semaine, les emplois publics hyper-sécurisés, comme si l’heure des comptes ne viendrait jamais. Le peuple souverain avait, puisqu’il était le roi, fait sienne la maxime prêtée sans doute à tort à Louis XV : « Après moi, le déluge » ! L’explosion des familles considérée comme un « progrès », et la déconstruction systématique de l’enseignement de notre histoire ont brisé la chaîne générationnelle. « Carpe Diem », « Cueille le jour présent », ce précepte hédoniste d’Horace est sympathique chez les poètes, disparus ou non, mais devrait conduire les politiciens qui s’en réclament devant le tribunal du peuple. Gouverner, c’est prévoir… prévoir, non sa réélection, mais les mesures qui peuvent assurer le salut public, le bien commun au moins à moyen terme….

    Lorsque la dépense publique atteint 57% du PIB d’un pays (Allemagne : 44%), que les prélèvements obligatoires vampirisent sa production de richesses à hauteur de 46% ( Allemagne 37%), on peut espérer que le socialisme au pouvoir garantisse au moins des services publics irréprochables, une formation performante des enfants, une protection de tous les habitants, ou au moins des nationaux, face au aléas de l’existence, comme les maladies, les catastrophes naturelles, les accidents, et la délinquance, présente dans tous les pays, mais à des degrés divers. La Scandinavie est souvent donnée en exemple de ce choix politique. Ce n’est déjà plus tout-à-fait vrai pour la Suède qui a entrepris des réformes il y a des décennies quand elle était au bord du gouffre. Le Danemark fait encore bonne figure, mais il est désormais derrière la France pour la dépense publique et les prélèvements… et il a gardé sa monnaie et bénéficie d’une fiscalité qualitativement très différente de celle que nous subissons, notamment en ayant mis en oeuvre la TVA sociale depuis très longtemps.

    La maladie française se traduit par le fait que justement, dans notre pays écrasé de taxes, de réglementations, et pourvu d’une armée de fonctionnaires (qui confirme la boutade de Clémenceau : La France est un pays extrêmement fertile : on y plante des fonctionnaires et il y pousse des impôts.), les administrations fonctionnent mal, les services ne sont plus assurés au public, et cela d’autant plus qu’ils sont plus nécessaires. L’Etat régalien ne remplit plus, ou très mal, ses missions : c’est avec effroi que les Français ont appris que Dijon avait été abandonnée pendant plus de deux jours à un règlement de comptes entre Tchetchènes et Maghrébins, armés ! Mais depuis, une gendarme ( Mélanie Lémée), un chauffeur de bus (Philippe Monguillot), et bien d’autres victimes soulignent « l’ensauvagement » d’un pays qu’on a transformé en un vaste terrain vague en forme d’hexagone destiné à accueillir tout la misère du monde. Partout, aux yeux de tous, une économie de trafics se répand, les zones de non-droit prolifèrent, et ce sont désormais les gendarmes, les policiers, mais aussi les pompiers, les personnels des urgences qui ont peur ! Pasqua disait qu’il fallait terroriser les terroristes ? Maintenant, la peur du gendarme, c’est la peur de celui qui dit à ses enfants : « surtout, à l’école, ne dîtes pas que papa ou maman sont gendarmes ou policiers ! La Justice est toujours à la portion congrue, mais contaminée par l’idéologie et la politique, elle étale au grand jour son impuissance et parfois sa nocivité. Qu’en pensent les parents de Thomas qu’un délinquant libéré trop tôt a assassiné ? L’école dont nous étions si fiers descend une à une les marches du classement PISA. C’est l’extrême-Orient qui brille désormais, comme c’est le cas aussi en matière de santé. Sans doute ce domaine est-il le mieux placé pour que les Français prennent conscience de la maladie. Nous pensions avoir le meilleur système de santé du monde : il a été terrassé par le Covid-19 !