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Rechercher : Rémi Hugues. histoire

  • La France n’a pas (beaucoup) de lits en réanimation, mais elle a des attestations !, par Gabrielle Cluzel.

    Ne dites pas que le Covid-19 nous empêche de voyager. En 48 heures, nous voilà revenus en Absurdistan, aux confins du Rondecuiristan. En 1976, on disait de la France qu’elle n’avait pas de pétrole mais qu’elle avait des idées. En 2022, on peut dire du pays de Raymond Devos et de Courteline qu’il n’a peut-être pas de vaccin ni de lits en réanimation, mais qu’il a des attestations et des interdictions. À foison.

    gabrielle cluzel.jpegL’attestation du 3, aura eu un règne aussi éphémère que Louis XIX : samedi après-midi, le précieux document avait déjà abdiqué, sous les quolibets et les moqueries. Il est vrai qu’il lui fallait deux pages, quinze tirets à la ligne et presque autant d’astérisques pour stipuler que son porteur s’était auto-autorisé à sortir à l’horaire de son choix pour une durée illimitée. Il précisait que si l’animal de compagnie n’avait pas le droit de dépasser un rayon d’un kilomètre, son propriétaire, lui, pouvait pousser jusqu’à dix. En règle générale, c’est plutôt le chien qui dépasse le maître essoufflé et tire sur sa laisse, mais pourquoi pas. Seulement, une question se pose. En quoi, passé cette distance, le canidé est-il plus contagieux que l’homme ? Le mystère reste entier et, comme toutes les grandes énigmes de l’Histoire, du Masque de fer à la Bête du Gévaudan, a été emporté dans la tombe par son machiavélique instigateur feu le précieux papier. Reste une certitude, ce seront une nouvelle fois les familles qui seront interdites de fêter Pâques ensemble cette année : les grands-parents ne verront pas les tout-petits courir derrière les œufs dans le jardin, un mur de Berlin virtuel s’élevant désormais entre les régions au moins jusqu’à mi-avril.

    Dans le même temps, la liste d’exonération des commerçants dispensés de fermeture s’est rallongée comme un inventaire à la Prévert : aux libraires et aux disquaires (parce qu’il paraît qu’il existe encore des disquaires… on a bien failli charger l’attestation sur Minitel) se sont rajoutés, vendredi, les coiffeurs, eux-mêmes rejoints par les fleuristes (par égard, sans doute, pour leurs stocks, pour Ronsard et pour Berthe Sylva), les cordonniers et les chocolatiers samedi, le bon sens, heureusement, ayant montré les crocs sur les réseaux sociaux et les plateaux télé : comment se débrouiller quand on est âgé, isolé, perclus de rhumatisme et d’arthrose, et donc incapable de faire seul son shampooing ? Quand les magasins de chaussures ont le rideau baissé et que vos semelles se décollent ? Quand le chiffre d’affaires se résume à deux périodes de l’année, Noël et Pâques ? Mais les quelques commerces éteints et clos n’en paraissent que plus brimés.

    Et pendant ces laborieux arbitrages, comme en octobre, les grandes surfaces, résignées, empaquetaient leurs jouets et leur prêt-à-porter dans un périmètre de sécurité : achtung, verboten, interdit d’acheter et même de toucher. Le lapin et l’ours en peluche, souvent made in China il est vrai, seraient-ils, comme le pangolin, vecteurs de transmission ? Non, mes chéris, mais il n’y a pas de raison. Quand on persécute les uns, il faut aussi persécuter les autres, cela s’appelle l’esprit de justice.

    Comment les forces de l’ordre pourront-elles réussir à faire respecter ces mesures fluctuantes et abstruses ? Nul ne le saura probablement jamais car déjà en sous-effectifs pour réprimer les émeutiers des quartiers – hier, c’était Verdun, aujourd’hui, Oyonnax, c’est fou comme on peut visiter la France et découvrir ses bourgades pittoresques au son et lumière des tirs de mortiers -, il est peu probable que les policiers mettent un zèle outrancier à s’exécuter.

    En attendant, alors que l’on ergotait sur les bienfaits comparés de la fermeture des modistes et des parfumeurs, un individu, heureusement non armé, s’est introduit pendant la messe dans la désormais tristement fameuse basilique de Nice, proférant qu’il « [soutenait] ses cousins musulmans ».

    Faut-il rappeler que le Covid-19 n’est pas le seul mal tragique dont souffre actuellement notre pays ?

     

    Gabrielle Cluzel

    Ecrivain, journaliste
  • Crise sanitaire Célébrer le mystère pascal, par Gérard Leclerc.

    Cathédrale Notre-Dame de Paris. Vigile Pascale.

    © P. Deliss / Godong

    Pourquoi ne pas le dire ? L’impossibilité de célébrer, cette année encore, la veillée pascale, constitue pour les chrétiens une vraie souffrance, même si les paroisses auront la possibilité de fêter le dimanche à l’aube l’événement de la Résurrection. C’est le pape Pie XII qui avait restauré cette veillée, en renouant avec la plus ancienne tradition de l’Église. 

    gerard leclerc.jpgCe faisant, il s’inscrivait dans un authentique renouveau liturgique, qui devait trouver son accomplissement dans la première Constitution de Vatican II. On peut certes regretter les défauts de l’application des principes préconisés par la réforme, mais ils contredisaient l’inspiration conciliaire.

    De quoi s’agissait-il en effet ? Le Père Louis Bouyer, dans un essai magistral paru dès 1945, avait condensé la substance doctrinale de ce que l’Église déploie durant la Semaine sainte : «  Tout le culte chrétien n’est qu’une célébration continue de la Pâque : le soleil qui ne cesse de se lever sur la terre traîne après lui un sillage d’eucharisties qui ne s’interrompt pas un seul instant, et chaque messe célébrée, c’est la Pâque qui se prolonge.  »

    «  La dramatique divine  »

    De là, la nécessité de cette grande semaine de l’année précédée des quarante jours de Carême, pour que le peuple chrétien comprenne pleinement, en s’associant à ce que le Père Balthasar appelait «  la dramatique divine  », le mystère chrétien qui se déploie jusqu’à l’accomplissement de Pâques. Car Jésus n’est pas un personnage de l’histoire, dont on se souviendrait comme une des figures majeures de l’humanité. Il est Dieu parmi nous et son œuvre est associée intimement à la volonté et à l’action trinitaires. Sa présence est agissante, aujourd’hui transformatrice de nos existences désormais emportées dans la dynamique pascale. Comme l’écrivait encore le Père Bouyer : «  De même qu’à cette Pâque pour l’heure de laquelle Jésus était venu, il extériorisa dans l’acte de la Croix l’amour obéissant au Père, l’amour compatissant à ses frères qui avait animé toute son existence, à chaque Pâque annuelle l’Église extériorise ce même amour qui était dans le cœur du Christ et qui s’en est échappé, comme l’eau et le sang, pour se répandre, par les sacrements, dans les cœurs des hommes dont il devient la vie éternelle.  »

    La veillée pascale, avec laquelle Pie XII avait voulu renouer, rassemblait toute la continuité de la Semaine sainte qui s’ordonne désormais dans les trois jours mémorables rappelant la fondation de l’Eucharistie, la Passion du Seigneur, son séjour parmi les morts et sa Résurrection.

    Car tout s’ordonne dans la même volonté salvifique, où le sacrifice reçoit son acception christique. C’est-à-dire l’expression de la miséricorde de Dieu qui, pécheurs, nous restitue à la Vie. En dépit des obstacles opposés cette année à la célébration de la Pâque, nous ne pourrons qu’éprouver plus profondément, en l’intériorisant, la beauté surnaturelle de ce que le Christ a accompli pour nous les hommes et pour notre Salut.

     

    Louis Bouyer, Le mystère pascal, Éditions du Cerf, 480 p., réédition en 2009.

    Source : https://www.france-catholique.fr/

  • Conflit Chine-Occident : une escalade inquiétante, par Henri Feng.

    Lu Shaye, l’ambassadeur de en , a été convoqué par notre ministère des Affaires étrangères, le 23 mars, pour avoir copieusement insulté un chercheur français, celui-ci ayant eu l’outrecuidance de défendre nos parlementaires voulant se rendre à Taïwan, ennemi historique de Pékin : « petite frappe », « hyène folle » et « troll idéologique », via son compte Twitter.

    8.jpegEn l’occurrence, la tension ne cesse de monter entre l’empire du Milieu et l’Occident, tension exacerbée par l’origine chinoise du Covid-19. Autre élément à charge : le régime néo-maoïste n’hésite pas à persécuter les ouïghours, peuple turcophone et musulman du Xinjiang. Des crimes face à nos droits de l’homme : camps de rééducation et de concentration, puis stérilisation des femmes, entre autres. D’où les récentes sanctions de l’Union européenne contre quatre dirigeants de cette région : interdictions de visas et gels d’avoirs. Comme une déclaration de guerre.

    Rappelons que les han, l’ethnie majoritaire, subissent, depuis 1997, des attaques de nature djihadiste, une des plus violentes étant celle qui a abattu des dizaines de personnes à Urumqi (capitale du Xinjiang), en mai 2014. Des motivations tant géographiques que religieuses : tels les Tibétains, les ouïghours veulent faire sécession. Seulement, la Chine n’est ni l’ ni l’. Par conséquent, les Américains ne peuvent y faire de l’ingérence, et non sans provoquer le Choc des civilisations, initialement redouté par Samuel P. Huntington en 1996. Ce serait, en effet, lourd de sens à l’endroit de cette multimillénaire, celle qui a créé une première forme d’écriture, trois mille ans avant notre ère.

    En réalité, Washington craint la constitution progressive d’un bloc eurasiatique, principalement de Moscou à Pékin, potentiellement supérieur et spectaculaire si l’Europe de l’Est se mêlait à la fête. Et contre l’Union européenne qui n’est, dans les idées et dans les actes, qu’un appendice des USA. Puisque deux modèles civilisationnels s’opposent : le Village global et le Royaume, autrement dit, le et le nationalisme. À terme, il ne sera donc plus question, pour les Machins, de badiner avec « les gestes barrières » à l’endroit de « l’usine du monde », le tout signifiant encore une dialectique hégélienne du maître et de l’esclave. C’est le destin funeste des nations devenant moyennes, voire faibles, car si hantées par l’angoisse de ne pas avoir été plus dominatrices. Après quoi, il n’y a qu’une alternative : se rallier ou dépérir.

    En outre, nos démocraties libérales n’ont pu enrayer, en un an, la pandémie de coronavirus : à tous les niveaux un manque criant de puissance. Néanmoins, le président Xi devait impérativement revoir sa copie : en octobre 2020, il a, enfin, interdit l’élevage de 45 espèces, dans la mesure où ce SARS-CoV-2 aurait été généré par la négligence et le manque d’hygiène. « Le monde humain est le royaume du hasard et de l’erreur », avait affirmé Schopenhauer.

    Alors, attention à la prochaine étincelle ! Dans le Pacifique, d’abord, car Taipei, Séoul et Tokyo font office de colonies de l’Oncle Sam : LGBTisation, racialisation et même islamisation des masses, servies, qui plus est, par une titanesque numérisation des esprits depuis la Silicon Valley. Sans oublier les luttes d’influence que mène Pékin, notamment en Afrique. Incontestablement, un troisième conflit mondial a commencé.

     

    Henri Feng

    Docteur en histoire de la philosophie
     
  • Pourquoi l’État islamique est en train de se répandre en Afrique noire, par Nicolas Gauthier.

    La tension vient de monter d’un cran au Mozambique, ancienne colonie portugaise, l’une des nations les plus pauvres au monde, avec la prise de la ville côtière de Palma, ce lundi 29 mars, par Ahlu Sunna wal Jamaa (ASWJA), groupe lié à l’État islamique.

    Au-delà de l’inquiétude légitime, voilà qui pose au moins deux questions.

    2.jpgLa première, c’est qu’en cette région déshéritée, des compagnies telles que le Français Total, l’Italien Eni et l’américain Exxon sont en train d’explorer des gisements gaziers à peu près aussi gigantesques que ceux du Qatar. Ce qui, vu ces enjeux économiques et stratégiques pour les décennies à venir, tombe plus que mal, sachant que cette nation, aux frontières issues de la portugaise et découpées en dépit du bon sens, oblige à faire cohabiter plusieurs ethnies rivales, certaines musulmanes, d’autres chrétiennes : entre 20 % et 40 % pour les unes, le reste pour les autres.

    La seconde, c’est que l’on ne récolte jamais que ce que l’on a semé. Ainsi, lors de l’invasion de l’ par les Soviétiques, en 1979, les Américains estiment pertinent de remettre à l’honneur un concept théologique depuis longtemps tombé en désuétude : l’islamisme de combat, soit le « petit djihad », d’ordre militaire, à ne pas confondre avec le « grand djihad », relevant du domaine spirituel, mais concept qui, avec les pétrodollars de l’, a fini par redevenir d’actualité. Et c’est ainsi qu’au nom de la lutte anticommuniste furent créées des générations de desperados sans frontières. Ce grand « rêve » que les gauchistes tiers-mondistes n’ont su accomplir au siècle dernier – le Che promettant d’allumer des locaux avant le grand anti-impérialiste –, les islamistes sont en train de le réaliser au-delà de toute espérance. Quelle ironie…

    Ces réflexes issus de la guerre froide persistent encore, le méchant islamiste ayant pris la place, dans les opinions publiques occidentales, de l’affreux bolchevique. Une conception manichéenne de l’ qui n’est pas forcément la meilleure manière d’appréhender la marche du vaste monde. Car la véritable question se niche ailleurs : comment expliquer pourquoi des peuplades, même musulmanes de et plutôt paisibles de nature, versent tout à coup dans l’islamisme de combat. Il y a, certes, le gigantesque enjeu gazier, mais ce sont aussi les incidences d’un capitalisme mondialisé qu’il convient de prendre en compte.

    Ainsi, le site Observatoire des multinationales nous explique que, là-bas, ces mêmes multinationales plus haut citées ont fait en sorte, afin de forer large et profond, que les pêcheurs soient relégués à l’intérieur des terres, au même titre que les paysans du cru, leur interdisant ainsi tout moyen de subsistance. Certes, les grands chantiers à venir pouvaient être promesses d’emplois pour les Mozambicains. Sauf que la majeure partie des postes qualifiés se trouve réservée aux cadres européens ou à l’oligarchie locale.

    Résultat ? Le petit peuple des pêcheurs et des paysans a faim. Le seul espoir de ne pas finir entassé dans un bidonville ? Rejoindre les rangs de Daech, organisation qui, elle au moins, paye généreusement chaque fin de mois. Certains de nos lecteurs qualifieront éventuellement L’Observatoire des multinationales d’organisation de « gauche », ce qui n’est pas faux. Il est, en revanche, plus intéressant de constater qu’un Éric Zemmour et un Éric de Riedmatten, son comparse en matière économique sur le plateau de « Face à l’info » sur CNews, aient pu souvent développer les mêmes conclusions.

    L’islamisme est certes un péril pour l’ noire, mais le mondialisme est loin de faire figure de bénédiction. En attendant, les autochtones pleurent sur un lait versé par d’autres qu’eux.

     

    Nicolas Gauthier

    Journaliste, écrivain
  • L’édito du mois : les pierres crieront !

    Édito d’avril par Pierre de la Taille, co-organisateur de la Marche vers Notre-Dame

    « Je vous le dis : si eux se taisent, les pierres crieront. »

    « (…) ainsi ma parole, qui sort de ma bouche, ne me reviendra pas sans résultat, sans avoir fait ce qui me plaît, sans avoir accompli sa mission » (Is 55, 11).
    « Je vous le dis : si eux se taisent, les pierres crieront. » (Lc, 19, 40)

    8.jpgIl y a deux ans, au cœur de la Semaine Sainte, le monde entier avait les yeux rivés sur Notre-Dame de Paris en proie aux flammes. En ce Lundi saint, que l’histoire n’oubliera pas, le peuple parisien assistait impuissant et médusé à la « Passion » de sa cathédrale…

    Ce soir là, nous avons pris conscience que celle qui avait traversé tant de tempêtes, porté tant de douleurs, célébré tant de joies, pouvait disparaître du jour au lendemain.

    Mais après la sidération et la tristesse, vinrent le soulagement et l’espérance : grâce au labeur acharné des soldats du feu, aidés par la Providence, la « Première Dame de France » était sauvée. Au milieu des décombres et de la cendre, la Croix dorée et lumineuse du maître-autel était toujours debout, intacte. Tout comme le coq surplombant la flèche de Viollet-Le-Duc, abritant de précieuses reliques, retrouvé miraculeusement dans les gravas…

     

    « Vous aussi, comme pierres vivantes, entrez dans la construction de la demeure spirituelle, pour devenir le sacerdoce saint et présenter des sacrifices spirituels, agréables à Dieu, par Jésus Christ. » (1P 2,5)

     

    Bien plus qu’un événement matériel et historique, l’incendie de Notre-Dame peut être vu comme un puissant symbole, ainsi qu’un appel pressant à redécouvrir nos racines profondes, et pour les chrétiens à être, plus que jamais, les véritables « pierres vivantes », à la suite du Christ, « pierre angulaire » de l’Eglise.

     

    « Lève-toi car je t’établis témoin de ce que tu as vu ! » (Ac, 26, 16)

     

    L’Eglise et le monde d’aujourd’hui ont tant besoin d’une jeunesse généreuse et déterminée à vivre radicalement l’Evangile, et transmettre la Bonne Nouvelle de Jésus-Christ, mort et ressuscité pour chacun de nous.

    Animé d’un tel esprit, un groupe de jeunes laïcs catholiques invite chacun, croyant ou non, à participer à une grande Marche vers Notre-Dame de Paris, le dimanche 18 avril 2021. La procession s’élancera de la Chapelle de la rue du Bac et se conclura par un temps de recueillement et de prière au pied de la Cathédrale.
    En nous mettant en marche à la suite de Marie, Patronne de la France, nous lui présenterons toutes nos intentions et nous lui demanderons d’intercéder particulièrement auprès de son Fils pour les plus pauvres et les plus vulnérables de notre société. Ce sera également l’occasion de manifester notre soutien aux artisans et aux ouvriers qui travaillent sans relâche pour redonner à la cathédrale sa splendeur d’antan. Enfin nous nous rappellerons, en ces temps marqués par l’épidémie, que l’Amour lui aussi est « contagieux » ! Pour reprendre le titre d’un livre du Pape François…

    N’hésitez pas à contribuer à ce projet en vous portant volontaire via le lien suivant : https://forms.gle/15aoEBBMRUxr8mym6

    Par ailleurs, un événement facebook est en ligne pour plus d’information.

    Merci d’avance de votre soutien !

    Joyeuse Pâques,

    Pierre de la Taille, Pole communication de la Marche

    © Yannick Boschat

    Source : https://www.paris.catholique.fr/

  • Aristote est bien léger, par Charles de Meyer.

    Le 25 mars 1821, la Grèce entamait la longue lutte qui la mènerait à se libérer du joug ottoman. Dix années de guerre allaient continuer cet engagement fondamental. L’empire de l’époque était imposant et les patriotes durent affronter des troupes venues d’Égypte, et d’autres limes de son extension.

    4.jpgJe concède ne m’enflammer que médiocrement pour Lord Byron et l’engagement romantique. J’ai trop croisé d’infirmités existentielles qui crurent que l’étranger les laveraient de leurs blessures… quand rien d’autre qu’eux-mêmes ne pouvait vouloir les panser. Mais quel moment de l’histoire continentale ! Quel élan pour nos origines que les martyrs de Chios et les volontaires du Péloponnèse ! D’ailleurs, le génocide arménien ne connut pas ses débuts dans les quartiers grecs de la Turquie par inadvertance.

    Dix années de guerre et deux cents années d’indépendance. Pour quel écho dans le monde contemporain ? Questionnée par un député ou l’autre, la nomenklatura bruxelloise fit savoir qu’elle ne s’associerait que sur invitation aux réjouissances. Seul dirigeant d’une nation phare de l’Europe de l’Ouest, Emmanuel Macron a plutôt dignement célébré l’évènement. À vrai dire, avec un peu plus de cran, le locataire de l’Elysée figurerait souvent un médiocre épigone de Byron. C’est cependant une autre question.

    Pourquoi un tel silence d’une entente continentale pourtant si désireuse d’inventer des moments d’unité ? À l’heure où le secrétaire d’État américain, le terrible Blinken, amorce ses visites internationales, le moment eût été plutôt choisi pour célébrer l’allié grec. Las, la Grèce est un ami encombrant.

    D’abord, elle ne plaît pas à l’Allemagne. S’il exista un jour une culture européenne, elle fut sa seule matrice. Ça ne plaît ni au nationalisme de Fichte, ni aux rodomontades des préfets de Merkel. La crise financière aidant, Berlin fit son choix. Il fallait massacrer la Grèce et accélérer la prospérité turque. Ce ne fut après tout que la répétition d’une stratégie éculée avant 1914 et après 1933.

    La Grèce abaissée, la Turquie fut toujours plus avide. On peut excuser l’Allemagne, qui ne connaît pas le précédent Aristide Briand. Alors la Turquie d’Erdogan multiplia les incursions, les ruptures de souveraineté, les provocations dans les Cyclades. Dernière équivoque en doute, l’île de Chypre vient de rejoindre les urgences d’Ankara. Pour beaucoup d’observateurs, le centenaire de la Turquie moderne pourrait donner prétexte à un référendum pour absorber une partie de l’île au sein de l’État turc. Si la faiblesse – et en réalité la discrète complicité – de l’UE perdure, on pourra même y voir une forme de soutien tacite.

    Chacun comprendra bien que Bruxelles n’en fasse pas beaucoup pour célébrer l’anniversaire de l’émancipation d’un de ses États membres. Aristote ne pèse pas grand-chose entre Erdogan et la BCE. Byron, quant à lui, est toujours aussi lointain. Les moines des Cyclades rejettent toujours les fiancées dévêtues. C’est mal, pour tant de nos contemporains.

    Il vaut mieux fermer les yeux sur nos compromissions internationales avec un pouvoir qui nous veut le plus grand mal. Après tout, Washington aime Ankara, l’Union européenne lui délègue ses risques migratoires, et le monde arabe se laisse séduire par son potentat.

    Dernièrement, Erdogan proposait aux Libanais qui se reconnaitraient une ascendance turque d’en obtenir la nationalité. Si nous lâchons un Grec, nous lâcherons bien un Levantin ?

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    Source : https://www.politiquemagazine.fr/

  • Jean d'Orléans: «La France a besoin de commémorer le bicentenaire de la mort de Napoléon».

    Jean d'Orléans. Fabien Clairefond

    Le comte de Paris, descendant direct du roi Louis-Philippe, qui a fait revenir la dépouille de Napoléon de Sainte-Hélène aux Invalides en 1840, explique pourquoi le président de la République doit s’incliner sur la tombe du vainqueur d’Austerlitz le 5 mai.

    Napoléon Bonaparte meurt le 5 mai 1821. Quoi qu’on pense de lui, il est une des grandes figures de notre histoire. Nous sommes ses héritiers, pour le meilleur et pour le pire ; nous le sommes de nos cinq Républiques comme de la Révolution française, des quarante rois qui ont fait la France et de la Gaule romaine.

    Napoléon, c’est aussi l’un des noms français les plus connus dans le monde avec celui de Victor Hugo ou de Jeanne d’Arc, un nom dont la puissance nous aide encore à rayonner malgré notre déclin relatif. C’est aussi un nom admiré par les peuples mêmes qui l’ont vaincu. Le commémorer, c’est s’unir. Lui rendre honneur, c’est rendre honneur au peuple français, se rendre honneur à soi-même.

    Le roi Louis-Philippe ne s’y trompe pas lorsqu’il décide et obtient de la Grande-Bretagne le retour des cendres de l’Empereur. Il charge le prince de Joinville, celui de ses fils qui s’illustra dans la marine, d’aller chercher sa dépouille à Sainte-Hélène et de l’escorter jusqu’à Paris.

     

    La France traverse une période de doutes, de difficultés sociales et matérielles.

     

    En 1840, 25 ans après la défaite de Waterloo et la Restauration, c’était une décision audacieuse, d’une grande intelligence politique et d’une modernité étonnante ; quand tant de grognards ou fils de grognards étaient encore en vie comme les opposants à l’Empire, des jacobins aux ultras en passant par les libéraux. Quelle émotion, quel risque aussi de rallumer nos querelles intestines! Et pourtant, ce retour des cendres, l’ensevelissement de l’Empereur aux Invalides, «au bord de la Seine, au milieu du peuple français que j’ai tant aimé» (Napoléon Bonaparte), forme l’un des actes marquants de notre conscience nationale.

    C’est d’ailleurs dans ce même esprit que Louis-Philippe entreprend la sauvegarde du château de Versailles et dédicace son musée «à toutes les gloires de la France».

    Cette largeur de vue doit nous inspirer aujourd’hui. La France traverse une période de doutes, de difficultés sociales et matérielles. Elle ne croit plus en la force de son destin. Des territoires entiers sont abandonnés. Nous ne savons plus intégrer les nouvelles générations de ceux qui sont venus chercher sur notre sol une vie meilleure.

    Ce n’est pas la première fois que notre pays doit affronter des épreuves. Pour construire l’avenir, retrouvons le temps long et puisons dans nos propres fondements.

    L’unité du pays ne peut se maintenir sans l’attachement à cet héritage millénaire qui nous apprend à regarder vers l’avenir en le façonnant pas à pas, dans un esprit de civilisation et avec un sens profond de l’homme.

    Si le génie de la France est de tendre à l’universel, comme le veut notre pacte national, alors célébrons avec nos différences la fierté et la joie d’être français, et donnons à nos enfants le goût de la vie et la foi en l’avenir.

    Oui, nous devons commémorer Napoléon. Oui, le chef de l’État, chef des armées, doit aller s’incliner sur la tombe du vainqueur d’Austerlitz.

    C’est le descendant d’un combattant de Jemappes qui vous le dit, mais aussi de Bouvines et de bien d’autres batailles. La première bataille que doit livrer notre France aujourd’hui est un combat sur elle-même, c’est le désir d’ÊTRE.  

    Source : https://www.lefigaro.fr/vox/

  • « Ordure », « bon Arabe de l’extrême droite » : l’époux d’un ministre ne devrait pas dire ça…, par Gabrielle Cluzel.

    S’est-on moqué des petites dames de jadis, façon Tante Yvonne ou Germaine Coty, qui restaient dans l’ombre de leur mari, leur petit sac serré contre elles, le bibi sur la tête, tout justes bonnes à couper les rubans des inaugurations, à distribuer les cadeaux de Noël et à se pencher pour tapoter les joues des enfants. 

    gabrielle cluzel.jpegCertains se souviennent d’Anne-Aymone Giscard d’Estaing, associée, le 31 décembre 1975, aux vœux présidentiels, empruntée, mal à l’aise, ayant de l’impair. C’est qu’elles craignaient de nuire à leur prestigieux époux. On peut en sourire. Cela avait pourtant quelque chose de beau, de sacrificiel et de touchant. De respectueux pour la fonction et le pays aussi.

    Mathias Wargon n’a pas les mêmes délicatesses avec son épouse de ministre , déjà pourtant justement en délicate situation dans une sombre histoire de « faites-ce-que-je-dis-ne-faites-pas-ce-que-je fais » en matière de mixité sociale. Il pourrait se faire tout petit, éviter de lui rajouter des ennuis, du bad buzz, de la polémique sur le dos, et de mettre encore une fois le nom « Wargon » en tendance sur les réseaux sociaux. Pas du tout, en matière matrimoniale, Mathias Wargon fait du manspreading : sa femme, bien assise dans la vie, a une belle place au soleil, il s’assoit à côté d’elle en écartant les jambes pour capter lui aussi la lumière. Car s’il n’était pas le mari de la dame, tout , passé la porte du service des urgences de l’hôpital de Saint-Denis, se soucierait comme d’une guigne des saillies de salle de garde et des grossièretés du docteur Wargon. Comme l’écrivait Le Monde, en avril 2020, « il réagit à tout, à la fois en traitant ses contradicteurs de “débiles” et de “gros tarés”, mais aussi en publiant des liens vers des travaux de sommités (“c’est chiant, mais c’est précis”). Bien sûr, tout cela serait presque banal si cet adepte de l’émoticône “doigt d’honneur” n’était à la ville l’époux d’Emmanuelle Wargon. » Un certain nombre de ses pairs confient entre haut et bas ne pas lui avoir pardonné – un minimum de confraternité étant quand même de mise, dans le métier – d’avoir traité le professeur Perronne, l’hiver dernier, de « guignol », l’accusant de « ne dire que des conneries ».

    S’il a été mis, par l’ARS, à la tête de l’Observatoire régional des urgences et des soins non programmés (ORUSNP) pour l’Île-de-, il garde comme une blessure le fait de ne pas avoir été nommé professeur : « Je l’ai longtemps regretté. Ma grande gueule m’a coûté une ­partie de ma carrière. Je suis beaucoup dans l’­affrontement, pas très machiavélique. » Comme si l’élémentaire politesse était synonyme de calcul, d’intrigue et de machination.

    Mathias Wargon vient donc encore de frapper, cette fois à l’endroit de , assenant tout d’abord dans un tweet « qu’il y a les bons Arabes, et les mauvais Arabes », avant de le retirer et de préciser : « Ne vous faites pas plus c… que vous êtes », « Effectivement, vous êtes le bon Arabe de l’extrême . Riche, énarque et chrétien. Pas maghrébin », lui jetant à la figure, plus loin, le terme de « cher ami » que Jean Messiha avait utilisé pour s’adresser à lui : « Cher ami ? Non mais, ça va pas ! Mes amis ne sont pas des ordures qui chaque soir défèquent leurs idées pourries dans les médias. »

    Peu importe, à dire vrai, le fond du débat. Comme le commente sur , « traiter quelqu’un d’ordure parce qu’on n’aime pas ce qu’il pense et dit, sur Twitter ou ailleurs, est lamentable. Qu’on soit ou non compagnon d’une ministre. Ce délitement est-il fatal ? »

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    Ce « délitement » risque, en tout cas, d’être « fatal » à un certain personnel , qui s’abaisse lui-même, ou qui est abaissé par son entourage, lequel veut bien tous les avantages et les droits d’une fonction – ils sont nombreux… – mais en aucun cas les inconvénients et les devoirs, en particulier tenir son rang et donc sa langue. Le déclassement d’un pays se voit aussi, hélas, à ces choses-là.

     

    Gabrielle Cluzel

    Ecrivain, journaliste
  • Mélenchon tire ses dernières cartouches sur les « militaires factieux », par Georges Michel.

    Cette fois-ci, y a pas, la République est en danger. C’est un expert qui le dit. Pas comme ça, mais en gros, c’est l’idée. L’expert, évidemment, c’est Jean-Luc Mélenchon. D’ailleurs, le député des Bouches-du-Rhône est plus qu’un expert en République, il est la République. En toute simplicité. C’est celui qui dit qui est. Donc, ça ne se discute même pas.

    2.jpegIl vient d’où, le danger ? De hordes égorgeant nos femmes dans nos banlieues ? Pas du tout. À Rambouillet, pour Jean-Luc Mélenchon, il s’agit seulement d’un « révoltant meurtre ». Service minimum, comme l’ont fait remarquer certains sur les . Non, la République est en danger après « l’appel des militaires (en ) factieux, diffusé par l’hebdo d’extrême droite Valeurs actuelles ». Un appel, en plus – horreur absolue -, « soutenu par Marine Le Pen » et qui « reste sans réaction de , chef des armées ». Factieux ? « Qui fomente des troubles, prépare une action violente contre le pouvoir établi ; séditieux », nous dit le dictionnaire.

    Mais, en fait, de quoi s’agit-il, comme disait le maréchal Foch ?

    Des généraux en deuxième section ainsi que des officiers, sous-officiers et même quelques militaires du rang en retraite, qui n’ont donc pas accès à l’armurerie (au cas où Mélenchon l’ignorerait !), signent une tribune à l’adresse du président de la République. Une initiative dont Jean-Pierre Fabre-Bernadac, bien connu des lecteurs de Boulevard Voltaire, est à l’origine. Le titre de cette tribune : « Pour un retour de l’honneur de nos gouvernants. » Et que lit-on, dans cette tribune ? Un appel à la sédition ? Pas vraiment. Jugez-en.

    D’abord, un constat que beaucoup de Français partagent sans doute. « Délitement qui, avec l’islamisme et les hordes de banlieue, entraîne le détachement de multiples de parcelles de la nation pour les transformer en territoires soumis à des dogmes contraires à notre . » Un constat qu’Emmanuel Macron doit partager, sinon il n’aurait pas lancé, en 2018, le concept, avec le succès que l’on sait, de « quartiers de reconquête républicaine ».

    « Délitement, car la haine prend le pas sur la fraternité lors de manifestations où le pouvoir utilise les forces de l’ordre comme agents supplétifs et boucs émissaires face à des Français en exprimant leurs désespoirs. » On ne reviendra pas sur cet épisode douloureux de notre histoire contemporaine et qui restera peut-être, toutes proportions gardées, comme l’expression d’une haine d’une certaine classe de la France d’en haut pour la France d’en bas. Cette « France d’en bas » qui n’hésite pas, d’ailleurs, à donner ses filles et ses fils pour servir le pays sous l’uniforme pour de maigres soldes. Certains y laissant leurs jeunes et belles vies.

    Ensuite, face à ce constat, que souhaitent ces anciens militaires ? Que « ceux qui dirigent notre pays doivent impérativement trouver le courage nécessaire à l’éradication de ces dangers. Pour cela, il suffit souvent d’appliquer sans faiblesse des lois qui existent déjà. » Appliquer la loi : on a vu plus factieux !

    Mais pour Jean-Luc Mélenchon, des anciens militaires qui se rassemblent, même armés de leur seule plume, ça sent le putsch. En plus, le 21 avril, c’était le soixantième anniversaire de celui d’Alger : vous imaginez, l’occasion était trop belle ! Et, brochant sur le tout, Marine Le Pen qui tend la main à ces anciens militaires ! Et Macron qui ne réagit pas, non franchement. Alors que…

    Alors que tout le monde s’est mobilisé « contre l’UNEF pour de pauvres réunions de groupe de parole »… On est bien d’accord, ces « pauvres réunions de groupe de parole » de l’UNEF sont ces réunions où l’on demande aux Blancs de rester gentiment dans le couloir ? On a du mal à suivre Jean-Luc Mélenchon, l’universaliste. Face à de factices factieux, Mélenchon veut réveiller une tout aussi factice : « Il est temps de nous entendre alors que, depuis plus d’un mois, nous appelons à une marche des libertés. » La ficelle est grosse, mais on ne sait jamais, sur un malentendu. Disons que l’Insoumis tire ses dernières cartouches avec son pistolet à eau.

     

    Georges Michel

    Colonel à la retraite
  • Sur la page FB de nos amis du GAR : la leçon politique du roi Henri IV.

    Devant la statue équestre du roi Henri IV, ce n'est jamais une simple commémoration que nous devons faire, c'est un rappel de l'histoire et un appel politique.

    Henri IV, qui deviendra le « bon roi Henri » avant même sa mort et sa postérité populaire, a renoué les fils de l'unité française et a permis la réunion des Français alors divisés par tant de guerres civiles, religieuses et politiques tout à la fois.

    Ce n'était pas une mince affaire, mais il a pu mener cette œuvre parce qu'il a assumé la charge de roi, de ce roi qui n'était pas un suzerain, ni le premier des nobles ni le premier des catholiques, mais bien plutôt, fondamentalement, par son statut de roi de France peu à peu reconnu après son sacre de Chartres, le souverain, le roi de tous les Français, y compris de ses adversaires d'hier et de ceux du moment...
    Cette position de hauteur institutionnelle n'est pas la plus facile et elle aurait pu lui donner le vertige. Mais l'on ne choisit pas de devenir roi : c'est le destin ordonné, c'est l'ordre d'une succession dynastique, un ordre forgé jadis et source de légitimité malgré les contestations et les jalousies.
    Roi, Henri IV a su réunir autour de lui ceux qui l'aimaient et ceux qui ne l'aimaient pas : miracle de la Monarchie, comme le disait Thierry Maulnier !
    Roi, il était la France et on le suivait pour cela, on l'écoutait pour cela : sa parole, ferme, était celle d'un souverain, père et arbitre, et elle portait et, surtout, tranchait, garde du dernier mot...
    Roi, il n'était pas un Créon de passage, il était une Antigone qui, du sommet de l’État, sait l'importance de la justice et de l'honneur, ces vertus qui motivent les hommes et les ordonnent au Bien commun.
    Roi, il n'était pas le candidat ou l'homme d'un parti : il n'était pas de l'un ou de l'autre, il était au-dessus et, même, au-delà des partis. « La Monarchie n'est pas un parti », répétait à l'envi le comte de Paris du XXe siècle...
    C'est bien cette situation de hauteur et de service qui manque tant aujourd'hui, République oblige : car la République, qu'on le veuille ou non, c'est la querelle des féodaux, plus vive encore en période de présidentielle. Quand les arguments des candidats s'affrontent, quand les promesses s'accumulent, quand les postures s'affichent, ce n'est pas la France qui peut en sortir grandie ou réconfortée.
    Un président élu, souvent par la peur et par défaut ces dernières décennies, n'est pas un roi : il peut en imiter les gestes, il peut mimer, même, la Monarchie mais tout cela reste la République ; à l'heureux élu président, il manquera toujours le temps, car cinq ans, c'est bien court, comme le remarquait il n'y a pas si longtemps le philosophe Michel Serres. De plus et contrairement au roi, le président sera toujours l'élu d'une partie des Français contre les autres, et on le lui reprochera souvent, malgré tous ses efforts qui peuvent être, reconnaissons-le, méritoires et louables, mais épuisants et souvent inutiles.
    Quoique le président élu fasse, la République, par principe, sera toujours la division politique jusqu'au sommet de l’État : la République, c'est la « soustraction permanente », les gagnants moins les perdants...
    Henri IV, lui, nous a montré que si la Monarchie n'est pas toujours facile, elle est, d'abord, l'addition des uns et des autres, quelles que soient leurs opinions, leurs positions et leurs antagonismes. Elle est l'unité par le haut qui permet la diversité à tous les étages.
    Elle n'a pas vocation à tout régler, ni à créer un « homme nouveau », mais la Monarchie est ce régime capable d'oublier les fautes des uns ou des autres pour ne valoriser que leurs qualités et leurs énergies, comme l'a prouvé Henri IV et tant de nos rois, avant et après lui.
    En ces temps de longue et dure querelle présidentielle, Henri IV nous rappelle que l'union des Français autour de l’État et du pays est toujours possible, au-delà des divergences d'opinion ou de sensibilités. Et c'est la Monarchie qui est le meilleur moyen de cette union nécessaire pour affronter la rudesse des temps qui sont et de ceux qui viennent.
    Pour que vive la France, dans la paix, la concorde et le libre débat, oui, encore une fois et quatre siècles après le règne d'Henri, reprenons le vieux cri du pays : Vive le Roi !
     
  • Contradictions, la chro­nique de Sté­phane Blan­chon­net (Le Bien Commun).

    A l’occasion de la Publi­ca­tion de la fameuse tri­bune des géné­raux, la Toile se gaus­sait, – à juste titre –, d’un mon­tage pré­sentant côte à côte deux tweets de l’inénarrable Jean-Luc Mélen­chon. Dans le pre­mier d’entre eux le líder maxi­mo au petit pied décla­rait mar­tial en 2019 : « Dans la consti­tu­tion de 1793 qui fonde la Répu­blique, l’insurrection est un droit et un devoir.

    Stéphane Blanchonnet.pngVous ne pou­vez pas empê­cher des gens comme moi de pen­ser que les atti­tudes d’insurrection per­son­nelle sont la garan­tie pour que vive la flamme de la Répu­blique. » Dans le second, beau­coup plus fri­leux, le tri­bun d’opérette réagis­sait ain­si au texte des mili­taires de 2021 : « Il est inter­dit par la Consti­tu­tion fran­çaise d’attenter à la forme répu­bli­caine de l’État. L’appel à l’insurrection est puni par les articles 412­4 et 412­6 du code pénal. ». Voi­là la confir­ma­tion, – s’il était vrai­ment néces­saire d’en avoir une ! –, que le prin­cipe de non-contra­dic­tion, pilier de la       lo­gique, est tout à fait incon­nu à la France insou­mise. Mais nous pou­vons et nous devons élar­gir le constat d’incohérence bien au­ delà de ce par­ti et de son chef. Souvenons­ nous du téles­co­page en 2018 du mou­ve­ment des Gi­lets jaunes et des com­mé­mo­ra­tions des évè­ne­ments de 1968. La Répu­blique macro­nienne dans un exer­cice d’« en même temps » de haute volée célé­brait très offi­ciel­le­ment un mou­ve­ment insur­rec­tion­nel vieux de cin­quante ans tout en condam­nant avec les mots les plus durs un autre mouve­ment insur­rec­tion­nel, tout juste nais­sant, aus­si dif­fèrent dans ses moti­va­tions que simi­laire dans son expres­sion, mais qui avait le tort de se sou­le­ver contre le pou­voir du jour. Il faut dire que c’est un genre de contra­dic­tion auquel nous sommes par­ti­cu­liè­re­ment habi­tués dans un pays où la fête natio­nale com­mé­more une émeute qui vit une foule enra­gée s’emparer d’une pri­son vide, mas­sa­crer son gou­ver­neur, le déca­pi­ter et pro­me­ner sa tête en tro­phée au bout d’une pique ! Et puisque nous par­lons de la « glo­rieuse » Révo­lu­tion, il n’est peut­ être pas inutile de poin­ter une ultime contra­dic­tion, qui concerne beau­coup de nos com­pa­triotes. Après chaque atten­tat isla­miste ces der­nières années, lors de chaque céré­mo­nie en l’hon­neur des vic­times, on voit des foules émues enton­ner de vibrantes mar­seillaises avant de reprendre le cours ordi­naire de leur exis­tence… jusqu’à l’attentat sui­vant. Peut-être les Fran­çais devraient­ ils se pen­cher un peu sur le sens des paroles qu’ils entonnent de façon si mé­canique. Ils consta­te­raient qu’elles n’ont pas été écrites pour un peuple fati­gué, sou­la­gé d’être sor­ti de l’histoire, rési­gné à son efface­ment, mais pour une nation jeune, fière et fer­me­ment déci­dé à orga­ni­ser sa défense.

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    Source : https://www.actionfrancaise.net/

  • Sur la page FB de nos amis du GAR : la Monarchie face à la mondialisation. Partie 3 : L'indépendance de la parole royale

    Pour tenir sa place dans le concert des nations, la France se doit d'être elle-même et d'avoir la volonté de sa liberté, mais aussi d'enraciner sa politique dans la durée et la mémoire, ce que, mieux qu'une République présidentielle ou parlementaire, peut faire et assumer une Monarchie royale qui ne détient pas son pouvoir ni sa légitimité d'un « vote de fracture » d'une majorité contre une minorité : par essence, la Monarchie royale, « non élue », n'est pas d'un camp contre l'autre, elle est au-dessus de la mêlée politique sans pour autant être indifférente ou insignifiante.

    En somme, elle est arbitrale, et, comme l'arbitre d'une rencontre de balle-au-pied, elle suit la partie mais ne la joue pas, se contentant de « distinguer » entre des points de vue qui peuvent être, pour de multiples raisons, divergents, et de décider de valider ou non telle ou telle option de grande politique, par sa signature ou son « conseil ».
    Car la Monarchie royale, de par sa position au-dessus des débats politiques et des actes gouvernementaux eux-mêmes, et en dehors du Pays légal partisan (sans pour autant méconnaître son existence et nier ses particularités, ce qui ne veut pas forcément dire que le souverain s’en satisfasse…), assume et incarne l’unité de la nation, comme une sorte de clé de voûte discrète et trop haute pour qu’on l’aperçoive nettement ou que l’on s’y intéresse vraiment en temps ordinaires. Les temps de grande crise (militaire ou, ici, sanitaire) révèlent la force discrète et tranquille de la Couronne, en offrant aux citoyens un point de repère dans la tempête qui, comme un phare scintillant, rassure et prévient (et prémunit ainsi) du danger. « Voici une autorité unipersonnelle. Elle n’est pas affectée par les changements politiques qui peuvent intervenir dans les hémicycles parlementaires. Elle n’est pas tributaire d’une élection périodique. Elle n’est pas affectée par la composition en mosaïque qui préside à l’aménagement des autres institutions publiques. Peut-être même fait-elle, dans les Etats les plus diversifiés ou les plus complexes, figure de symbole des préoccupations communes ? (1) ». Le souverain est celui qui porte, à travers sa personne (qui n’est « une » que physiquement, étant « famille » historiquement et étatiquement, et se voulant « toutes » nationalement), la charge émotionnelle de l’Etat, comme la protection accordée à tous : il apparaît comme une sorte d’intercesseur entre les individus de la nation et des forces mystérieuses auxquelles l’on croit plus facilement, parfois de façon superstitieuse plus que religieuse, dans les périodes agitées ou sombres de l’histoire. Marc Bloch avait bien compris cela quand il évoquait les « rois thaumaturges » et « le mystère de Reims » (lieu du sacre des rois de France), sortant apparemment du simple « rationnel » pour voir plus profond dans la psychologie des hommes… C’est cette sorte de « magie » qui fait que la Monarchie, quelle qu’elle soit son influence réelle sur les événements et sur les pouvoirs, est écoutée quand les pouvoirs gouvernementaux sont, eux, plus facilement accusés (à tort ou à raison, selon les cas) de « ne pas tout dire » : la parole royale n’est pas attendue comme une explication ni comme une médication, mais comme une médiation et un appel à une sorte « d’au-delà du politique ». Du coup, elle donne du sens aux choses, et s’avère plus rassurante, voire plus « résistante » : elle n’est pas une promesse, elle est plutôt l’espérance ou, en reprenant le fameux mot de Bernanos, « le désespoir surmonté ». Il n’est que de relire le message du roi George, père d’Elisabeth, ce fameux « discours d’un roi » dont le beau film éponyme montre l’élaboration difficile. La reine sa fille, 80 ans après, poursuit cette œuvre royale : « Venant d’une souveraine qui a connu les heures les plus sombres de la Seconde Guerre mondiale, les mots prennent un sens rare. Et c’est bien à cet « esprit de la nation » cher à son père, le roi George VI, qu’elle a, dans ce discours écrit par ses soins, subtilement fait appel. ». Et il est intéressant de noter que, dans les monarchies d’Europe où le monarque s’est exprimé, le ressenti a été le même : « à l’ombre des grands arbres, l’on se presse pour éviter les feux trop brûlants du soleil ou les chutes infernales des eaux sur terre », pourrait-on dire. Cela est d’autant plus visible quand les gouvernements locaux sont controversés…
    (à suivre)
  • Anne Hidalgo #saccageparis : à quand la fin du cauchemar ?, par Serge Federbusch.

    3.jpgDepuis 2008, mon site Internet Delanopolis a fait un recensement de toutes les démagogies, massacres et aberrations, architecturales, urbanistiques, financières et sociales de Bertrand Delanoë puis d’. Où étaient, alors, les pourfendeurs d’aujourd’hui ? Ils étaient tétanisés par le marchand de sable qui régnait à l’hôtel de ville. Qui, pour contester les aberrantes pistes cyclables et teufs à neuneu ? Pas grand monde. Et encore moins pour s’opposer à la destruction de la place de la République ou du boulevard de Magenta que l’association Vigilance République que je présidais fut seule à combattre.

    Ce qui est plus gênant, c’est que je ne suis pas sûr que ces néo-opposants à Mme Hidalgo aient compris la véritable nature du problème. Un système clientéliste et prédateur s’est emparé de la ville en 2001. C’est une sangsue qui n’arrêtera de nuire que lorsque la ville sera ruinée ou lorsque l’État s’opposera au délabrement financier et physique de sa capitale.

    Observez les résultats des dernières régionales, et législative partielle à Paris. Anne Hidalgo se moque de #saccageparis tant que les populations logées en HLM et encadrées par des associations subventionnées vont voter, le jour J, pour elle ou ses alliés écolos. Du reste, la plus grand menace qui plane sur le maire de Paris, ce sont les écolos qui réclament encore plus de destruction de chaussées, de , d’accueil de , etc.

    Ce système peut durer tant qu’il y a de l’argent pour le financer. Et, hélas, Paris est riche et continue de bénéficier d’entreprises multinationales ou des transferts de l’État qui entretiennent une partie de la ville et y paient un nombre important de hauts fonctionnaires qui y vivent.

    Quand Anne Hidalgo devra augmenter durement la taxe foncière, les dents vont grincer, sachant qu’elle se refusera à faire de même avec la taxe d’habitation pour ne pas faire de mal à ses électeurs. Quand elle ne pourra plus rénover le moindre logement de sociétés HLM dont les comptes auront été siphonnés, le problème se posera aussi.

    En réalité, il faudrait que la préfecture et la Cour des comptes mettent la ville sous tutelle en anticipant le plus possible sur sa faillite. Car ne vous faites aucune illusion : les électeurs d’Hidalgo se moquent pas mal de Notre-Dame, de la Sainte Chapelle ou de l’esthétique haussmanienne. Ce n’est pas leur culture et souvent pas leur non plus.

    Le problème est donc éminemment . J’avais tenté, avec « Aimer Paris », d’unir les oppositions et d’arrêter le massacre lors des dernières municipales.

    Je terminerai néanmoins sur une note optimiste. Paris en a vu d’autres et des bien pires : occupations étrangères, pestes, hordes barbares passant à proximité, ligues, révolutions, famines.

    Quand le cauchemar socialiste sera dissipé, nous retrouverons une chose simple et merveilleuse : le spectacle de la plus belle ville du monde où tous les styles architecturaux ou presque sont représentés depuis l’Antiquité jusqu’au XXIe siècle, dans une harmonie voulue par les rois, les empereurs et même certains présidents, les plus décadents et ignorants étant ,hélas, les plus récents. Détruire les pistes cyclables, bitoniaux et mobilier urbain déshonorants sera aisé. Anne Hidalgo sera renvoyée dans les poubelles de l’Histoire, comme disent ses amis marxistes.

    Vive Paris !

     

    Serge Federbusch

    Homme politique
    Élu conseiller du 10e arrondissement (2008), fondateur d'Aimer Paris, candidat à l'élection municipale de 2020
  • Guillaume Bigot : “Le front républicain contre le RN est un réflexe corporatiste et anti-démocratique”.

    A quelques heures de la fin de la campagne des régionales, plusieurs figures de la gauche, de LREM, ou de réactivent le front républicain contre le . Guillaume Bigot estime qu'”on peut reprocher beaucoup de choses au RN, mais pas d’être anti-républicain“.

    https://soundcloud.com/bvoltaire/guillaume-bigot-5

    Qu’est-ce que le front républicain que l’on voit depuis plusieurs décennies dans la vie ?

    C’est une sorte de regroupement de tous les partis politiques contre le Rassemblement national. Cela a commencé du temps du Front national, lorsque ses discours et en particulier celui de son président soulevaient des questions d’éthique républicaine, ses mauvais jeu de mots étaient désagréables pour un républicain bon teint. Depuis la purge, l’éviction du père et des brebis galeuses et le recalage du Rassemblement national avec un discours authentiquement républicain, on peut reprocher beaucoup de choses à Marine Le Pen et au rassemblement national, on peut contester son diagnostique et ses propositions, mais on ne peut pas le faire d’un point de vue républicain.
    Ce front républicain est une usurpation, car il est question d’intérêt politique ou partisan, mais pas du principe même de la république dans cette manœuvre.
    Depuis longtemps, on a vu un cordon sanitaire autour de l’extrême . Sous la IVe République, il y avait une pratique un peu oubliée que l’on appelait les apparentements : lorsque les partis dominants c’est-à-dire, c’est-à-dire le et le RPF gaulliste était archi dominant dans l’opinion publique, tous les autres partis étaient obligés de se grouper entre eux en se drapant dans les grands principes de la république.

    On a cette volonté de front républicain pour faire battre le RN et en même temps On se plaint du désintérêt des électeurs qui est peut-être une des conséquences du front républicain. Ils ont le sentiment de vol d’élections car les listes RN qui se retrouvent au premier tour sont finalement battues grâce à des alliances contre nature.

    Exactement, c’est d’autant plus vrai dans un scrutin régional où les fusions de liste sont autorisés pour le deuxième tour. Lorsque personne n’atteint la majorité absolue pour le premier tour, on a ce mécanisme dans lequel des formations très différentes sont obligées de se regrouper. Cela alimente l’abstention car les électeurs considèrent que LFI n’a rien à voir avec LR ou autres… tous ces partis qui ont des propositions incompatibles vont finalement d’un seul coup se retrouver d’accord. On voit que l’enjeu est moins de défendre la république que de défendre leurs prébendes, c’est une forme de corporatisme de politiciens professionnels que le général appelait les politichiens. Ils trouvent un moyen de maintenir leurs positions quitte à faire de la place sur leur liste pour ceux de la liste d’à côté. Il y a quelque chose d’anachronique dans ce front républicain, et même quelque chose de psychanalytique car les gens qui appellent à ce front républicain sont les mêmes qui ont effacé le résultat du démocratique de 2005. Ils ne cessent de battre en brèche la souveraineté populaire en refusant d’organiser des référendums, de peur de les perdre et se proclament d’une souveraineté européenne parfaitement illégale voire inique eut égard aux principes républicains.

    De plus ces partis qui se réclament de la gauche et comptent les gens en fonction de la couleur de leur peau s’attaquent à la racine des principes de la république. Il y a quelque chose de profondément antirépublicain. La république est le gouvernement du peuple par le peuple et pour le peuple, c’est indissociable de la et ce réflexe corporatiste de s’allier pour éviter d’être battu par la majorité est antidémocratique. On est prêt à tout pour que le meilleur ne l’emporte pas.

    Le RN est-il antidémocratique et antirépublicain ?

    S’il était antidémocratique et antirépublicain, il suffirait de l’interdire comme dit Michel Onfray. On interdit bien les groupuscules qui portent atteinte aux principes de la république. Il y a différentes formes d’anti république : les mouvements monarchistes qui voulaient remplacer la république par la monarchie, ou les communistes avec la dictature du prolétariat et l’Union européenne.
    On peut reprocher beaucoup de choses au Rassemblement national, mais pas d’être antirépublicain.
    Ils se garderont bien de supprimer le Rassemblement national pour une simple raison, ce Rassemblement national leur donne encore un minimum de contenance. Cette histoire de front républicain fonctionne comme une prophétie réalisatrice : à force de crier au loup ils le font venir. S’ils étaient vraiment convaincus de ce danger pour la république, ils ne s’y prendraient pas ainsi. Ils n’ont plus d’autres projets politiques que de faire barrage au Rassemblement national. Ils ne cessent de mettre le Rassemblement national au cœur du jeu démocratique et ils alimentent ainsi le discours du Rassemblement national.

     

    Guillaume Bigot

    Politologue et chroniqueur
  • Passe sanitaire contesté dans son propre camp : la crédibilité d’Emmanuel Macron mise à mal, par Frédéric Sirgant.

    Passe voté, passe contesté, mais passe dépassé. Avant même son application officielle le 9 août ! Cette affaire du passe est bien mal engagée et l’on se demande quel conseiller a bien pu pousser à monter dans cette galère.

    9.jpegLa liste des coûts de tous ordres s’allonge chaque jour : coût économique pour les secteurs concernés qui venaient juste de redémarrer leur activité, coût politique avec la montée en puissance d’un mouvement populaire attaché à la défense des libertés. Mouvement que ledit conseiller, sans doute en stage durant les deux ans de gilets jaunes, a clairement sous-estimé.

    Pour Emmanuel , c’est une crédibilité déjà abîmée qui risque d’en prendre un coup. Revenons donc sur le « coup » du 12 juillet : reniant sa promesse solennelle du mois de mai de ne pas étendre le passe sanitaire pour des actes de la vie quotidienne, le Président se dédit. Ce retournement n’est pas pour rien dans l’affluence lors des manifestations : la confiance dans la parole présidentielle est mise à mal. Mais Emmanuel Macron pouvait espérer compenser les pertes par des gains substantiels sur deux plans : celui de l’autorité (les Français aiment de plus en plus) et celui de l’efficacité sanitaire dans la lutte contre l’épidémie.

    Or, le Président pourrait perdre sur les deux tableaux. Passé le succès médiatisé de la vaccination des millions de Français a priori récalcitrants mais poussés à coups de pied au derrière vers les « vaccinodromes » pour pouvoir continuer à travailler, pas sûr que ces vaccinés contraints se montrent très reconnaissants pour cet acte d’autorité qui les visait tout spécialement. Idem pour les réfractaires endurcis. Surtout quand les dernières nouvelles du variant montrent la protection toute relative conférée par les vaccins. En outre, le fait que 50 % des Français, selon un récent sondage, comprennent la mobilisation anti-passe et que 40 % la soutiennent montre que cet acte d’autorité n’a pas été plébiscité par l’opinion, contrairement aux assertions des petits macronistes qui font semblant de croire que la progression de la vaccination traduit celle de l’adhésion à ladite vaccination et encore moins à Emmanuel Macron. Vu leurs résultats aux dernières élections, on comprend qu’une marche vers les 90% les fasse fantasmer. Mais une vaccination n’est pas un vote.

    Surtout, dès avant son application, l’efficacité du passe sanitaire est remise en cause, et dans le camp même des partisans de la vaccination et du Président qui pousse l’idée de la vaccination obligatoire. Certes, Emmanuel Macron avait lui-même pris la précaution d’ouvrir cette possibilité dans son allocution du 12 juillet. En gros, le passe ne suffira pas, il ne sera pas efficace. Dimanche, c’est le président de la Fédération hospitalière de France qui l’a dit : « Nous n’avons plus le luxe de prendre des demi-mesures. » Un camouflet pour le Président.

    Visiblement, autour d’Emmanuel Macron, on a senti venir l’embrouille. Le JDD se fait l’écho des états d’âme de ce petit monde : « Aux yeux d’Emmanuel Macron, il [le passe] suppose donc une contrepartie : l’absence de restrictions nouvelles. “On va perdre les gens si on cumule passe sanitaire et mesures à l’ancienne” », a-t-il prévenu, mercredi, lors du Conseil des ministres. « C’est pour ça qu’on ne referme pas les discothèques, explique un membre du gouvernement. Que diraient les gens si on leur mettait le passe, puis on leur démontrait qu’il ne sert à rien en remettant des restrictions ? » Des restrictions qui, soit dit en passant, ont déjà été remises ici et là. Et que diraient-ils, les gens, si, après (avant ? Avec ?) le passe, on leur collait la vaccination obligatoire ?

    La Macronie a réussi cet exploit en une semaine : démontrer elle-même l’inefficacité d’une mesure présentée comme LA solution, votée à la hussarde, impliquant des atteintes majeures aux principes de liberté et d’égalité et ayant réussi à mettre, en plein été, des centaines de milliers de Français dans les rues depuis trois semaines.

    Par ailleurs, le pourrait censurer le texte en profondeur, comme l’y appellent de nombreux juristes. Et le « tsunami » annoncé par pourrait n’être, selon le JDD, qu’une vague ou une vaguelette en comparaison des trois premières.

    Quoi qu’il advienne, la crédibilité d’Emmanuel Macron restera durablement abîmée par le passe sanitaire.

     

    Frédéric Sirgant

    Professeur d'Histoire

    Source : https://www.bvoltaire.fr/