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  • Marseille : Le rôle de « La Provence » dans le cadre des violences d'extrême-gauche

     

    D'un abonné de La Provence à son journal...

    par François DAVIN 

    Depuis quelques temps, il se passe des choses, à Marseille et dans ses environs, et La Provence en rend compte d'une façon qui me paraît pour le moins surprenante. Je veux parler de ce qui touche au mouvement des jeunes d'Action française Provence, dont les actes ont, jusqu'à aujourd'hui, été rapportés d'une façon systématiquement défavorable, notamment hier, dimanche 17 avril, en page 4, par Laurent d'Ancona.

    Il y a déjà eu deux ou trois articles sur le sujet; une question me vient à l'esprit : Laurent d'Ancona, et ceux ou celles qui ont écrit avant lui, sont, je pense, des journalistes. Pourquoi personne, à La Provence, n'a-t-il pris contact avec l'un ou l'autre de ces jeunes, pour avoir leur point de vue ? Déontologiquement - et même si c'est par la suite pour critiquer ou condamner ledit point de vue, il me semble que c'est là le b.a.-ba du journalisme, sérieux et honnête : donner la parole à chacun. Ensuite, le journaliste est libre de commenter, le lecteur de juger, mais au moins, on a entendu la partie dont on parle.

    Je propose donc à Laurent d'Ancona de me rencontrer, pour avoir certaines informations dont manifestement, me semble-t-il, il ne dispose pas. Pourquoi moi ? Parce que ce samedi 16 avril, je me trouvais au local d'Action française, où il m'avait été demandé de prononcer une conférence sur Marseille, « Ville sans nom », au temps de la période révolutionnaire. J'ai d'ailleurs décliné mon identité complète (nom, adresse, profession...) à celle - Commissaire de police - que Laurent d'Ancona appelle « une gradée », et qui a bien vu qui j'étais, et que j'étais vêtu tout à fait normalement, sans « casque » ni « brassard jaune » (qui ont frappé Laurent d'Ancona), que je me trouvais bien là où j'avais été annoncé, et que tout dans mon comportement relevait du pacifique et du calme.

    Pourquoi cette conférence, un samedi matin à 11h30 ? Parce qu'une provocation avait été montée par un groupuscule autoproclamé « Collectif antifasciste Marseille » : il s'agissait de venir pique-niquer devant le local, les débordements de la Nuit Debout à Paris permettant aisément d'imaginer les suites qu'une telle inconscience - de plus, en régime d'état d'urgence - permettait de prévoir. Le Préfet n'ayant pas jugé bon d'interdire cette provocation (et l'état d'urgence ?), les jeunes d'Action française ont donc simplement voulu défendre leur bien, et montrer que - pour l'instant du moins - les casseurs ne faisaient pas la loi à Marseille. Des casseurs qui - et d'ailleurs, cela, Laurent d'Ancona le dit d'un cœur léger - clament haut et fort leur filiation terroriste puisqu'ils scandaient "Guillotine ! guillotine !" ou un savoureux (!) "Reviens Robespierre, y'a du boulot à faire !" Au moins, les choses sont claires : on sait qui était en face de qui...

    Je peux témoigner que, de 10h30 à 14h15 (mon heure d'arrivée et de départ, comme celle des jeunes royalistes), je n'ai entendu de leur part aucun cri ou slogan condamnable; ils se sont contentés d'être là, pour éviter que leur local ne soit vandalisé (comme il devait l'être la nuit suivante, vers 3 - 4 heures du matin, la porte étant détruite et un nombre important de tags et d'insultes grossières (mais les terroristes, on le sait, ont l'habitude...) venant souiller nombre de murs des environs immédiats...

    Voilà où nous en sommes. Alors qu'en 2016 la France s'effondre sur elle-même avec ses six millions de chômeurs; ses huit millions et demi de pauvres et mal-logés (chiffre Fondation Abbé Pierre); ses plus de 1.500 « zones de non-droit » (!); son identité historique qui s'efface un peu plus chaque jour; un terrorisme islamiste qui frappe fort, où et quand il veut; le mépris quasi-généralisé des citoyens pour une classe politique quasi-généralement rejetée; ses 420.000 lois, décrets et règlements (se contredisant d'ailleurs parfois... ) qui découragent d'entreprendre; une expatriation inquiétante de ses jeunes et de ses seniors etc... etc... une bande de hurleurs haineux en appelle à Robespierre et prétend faire taire des jeunes qui n'ont pas la même conception de la vie qu'eux.

    Voilà deux ou trois choses - mais il y en a bien plus, en fait... - que j'aimerais dire à Laurent d'Ancona, s'il ne négligeait pas de dialoguer avec un abonné de son journal, présent rue Navarin au moment des faits qu'il relate, et qui pense qu'il y a mieux, et plus urgent à faire - au moment où la France va si mal - que de laisser la rue aux amoureux du terrorisme, nostalgiques de la guillotine; que de perdre son temps à ressasser des vieilleries (Pétain, à qui la Chambre du Front populaire a confié les pleins pouvoirs en 40 !); ou que n'avoir que l'accusation de « racisme » à la bouche, alors que Jules Ferry, encore Chef du gouvernement de la République quatre mois auparavant, déclara devant l'Assemblée le 28 juillet 1885 (propos transcris au Journal Officiel) :

    « Messieurs, il faut parler plus haut et plus vrai ! Il faut dire ouvertement qu'en effet les races supérieures ont un droit vis à vis des races inférieures ... parce qu'il y a un devoir pour elles. Elles ont un devoir de civiliser les races inférieures... »

    Cordialement dédié, avec mon non moins cordial salut, aux antifas de samedi dernier ! 

    Voir aussi : 

    La Fédération Royaliste Provençale et les dérapages de « La Provence » [15.04.2016]

     

  • Deuxième front majeur en Syrie : la Province d'Idlib

     

    Par Antoine de Lacoste 

    Cette note - en quelque sorte une note d'information et de réflexion - fait suite à un premier article déjà publié dans Lafautearousseau : « Opérations militaires en Syrie : trois fronts concomitants et tout d’abord Alep ». On s'y rapportera avec profit.  LFAR

     

    Ce deuxième front (qui fait donc suite à celui d'Alep) est nettement moins médiatique que le précédent.

    C'est pourtant là que pourrait se jouer une prochaine bataille majeure et c'est à cause de sa prise par les islamistes que Poutine a décidé l'intervention des forces russes en Syrie en septembre 2015.

    La province d'Idlib se situe au nord-ouest du pays. Elle est limitrophe de la Turquie au nord, et est bordée par la province d'Alep à l'est et celle de Lattaquié à l'ouest, symbole emblématique du pays alaouite (du nom de la religion à laquelle appartient la famille Assad).

    Une forte minorité turkmène y habite : elle est sunnite et très influencée par l'islamisme. Elle a donc bien évidemment rejoint les rangs de la rébellion dès 2012 et bénéficie depuis d'une base arrière idéale avec le voisin turc, dont elle est si proche religieusement et ethniquement. Le reste de la population est essentiellement sunnite mais quelques villages chrétiens existent encore.

    La province est assez vite tombée aux mains des islamistes, où le Front al Nosra (devenu Fatah al Cham) joue un rôle majeur, et seule la capitale Idlib restait aux mains des loyalistes.

    Tout a changé au printemps 2015 : une offensive conjointe de plusieurs groupes islamistes a isolé la ville qui est tombée après quelques jours de combats acharnés, malgré des raids massifs de l'aviation syrienne, trop imprécise. Les effectifs engagés n'étaient pas considérables des deux côtés mais l'essentiel était ailleurs : la chute d'Idlib ouvrait la voie vers la province de Lattaquié (appelée aussi la vallée alaouite) et, un peu plus au sud, vers la base navale russe de Tartous.

    La progression lente mais régulière des factions islamistes était suivie de très près par les observateurs militaires russes qui ont, au cours de l'été, acquis la conviction que l'armée syrienne ne tiendrait plus longtemps. Or la chute de Lattaquié aurait sonné le glas du régime. De plus, les Russes ne pouvaient tolérer que leur unique base navale méditerranéenne soit menacée.

    En septembre, Poutine ordonne donc l'inéluctable intervention russe, à laquelle l'armée se préparait d'ailleurs depuis quelques temps.

    Fort logiquement, c'est donc dans la province d'Idlib qu'a porté l'essentiel de l'effort russe dans les semaines qui ont suivi. Il fallait à tout pris desserrer l'étau qui menaçait Lattaquié.

    Bien sûr, comme Daech n'était pas présent dans le secteur, la grande entreprise de désinformation pouvait commencer: les Russes s'attaquaient à la rébellion modérée (le Front al Nosra !) et ne s'intéressait pas au seul ennemi identifié par nos journalistes incultes : l'Etat islamique.

    Quelques semaines plus tard, alors que le front s'est enfin stabilisé, l'impensable se produit : un chasseur turc abat un bombardier russe qui aurait violé l'espace aérien de la Turquie. Les deux pilotes s'éjectent : l'un, blessé, est capturé et massacré par des islamistes turkmènes. On découvre à cette occasion qu'un civil commandait ce groupe de quelques centaines d'hommes : un militant nationaliste turc, membre des Loups gris, présent sur ordre des services secrets turcs. L'idée est en effet d'annexer à terme la province, une fois la chute de Bachar accomplie; la forte minorité turkmène en serait le prétexte. L'intervention russe, évidemment, risquait de mettre un terme à cet ambitieux projet qui aurait prolongé l'annexion du Sandjak d'Alexandrette en 1939, réalisée à cause de la lâcheté de la France (nous y reviendrons dans un article ultérieur).

    Quant au deuxième pilote, il est exfiltré, non sans mal, grâce à une intervention éclair des forces spéciales russes.

    La réaction de Poutine sera très énergique et Erdogan devra faire de plates excuses quelques mois plus tard, marquant ainsi l'échec de sa tentative d'intimidation. On notera aussi que quelques hélicoptères turcs seront peu après abattus par des insurgés kurdes du PKK au moyen de missiles russes récemment livrés....

    La grande nouveauté c'est que depuis quelques semaines, l'activité militaire a repris dans la province d'Idlib, notamment depuis que la chute d'Alep est inéluctable. L'aviation russe a lancé de nombreux raids comme pour préparer le front suivant. Des chars syriens commencent à faire mouvement et une nouvelle bataille, difficile, pourrait prochainement commencer.

    Comme toujours, ce sont les Russes qui sont maîtres du calendrier et qui décideront du moment de l'attaque.

    Les Saoudiens, de leur côté, observent avec inquiétude, l'éventualité de ce nouveau champ de bataille. Car rien ne va plus pour leurs alliés : Daraya, dans la banlieue de Damas, est tombée cet été et Alep va bientôt suivre. Les alentours de Homs et de Hama sont progressivement nettoyés. La chute d'Idlib dans ce contexte serait une catastrophe.

    Alors les grands moyens vont être employés et la CIA est à la manoeuvre pour aider les amis de son fidèle allié. Son patron lui-même, John Brennan, s'est déplacé à Ryad en octobre dernier pour mettre au point la livraison aux islamistes de 500 lance-missiles antichars. Les Russes sont bien sûr au courant et équipent actuellement les chars syriens d'appareils électroniques de brouillage.

    Personne ne sait si le Département d'Etat américain approuve ces initiatives de la CIA mais celle-ci a acquis une autonomie d'action et de décision particulièrement inquiétante. Aux Etats-Unis aussi les conflits de pouvoir sont complexes.

    En tout état de cause, la bataille d'Idlib semble inéluctable et son issue victorieuse libérerait presque totalement l'ouest de la Syrie.

    Après ce sera Raqqua, capitale de l'Etat islamique... 

     

    A lire aussi dans Lafautearousseau ...

    Opérations militaires en Syrie : trois fronts concomitants et tout d’abord Alep

    [Merci de ses transmissions à Philippe Lallement]    

  • CULTURE & VOYAGE • ELOGE DE TÉTOUAN

    Hanbali dans son atelier 

     

    Par Péroncel-Hugoz 

    Après Tanger passée au microscope*, notre confrère est resté au Maroc septentrional d’où il nous envoie un petit message artistique à sa façon.

     

    441212410.5.jpgLassé des « installations », des empilements de vieux vêtements ou de bouteilles en plastique, j’ai eu faim de « vraie peinture ». De doctes experts m’ont dit, en me tapotant doucement les omoplates comme si j’étais malade : « Revenez à Gharbaoui, Belkaya, Melehi ou bien Chaâbia ou encore Roman Lazarev, cet artiste russe né au Maroc — Merci, je les connais de longue date, et je les apprécie, et j’y ajoute  également Nabili**. 

    Mais, je suis têtu, je voulais du neuf, vraiment neuf et, en furetant, je suis tombé sur Rachid Hanbali. O rien à voir, contrairement aux bévues d’Internet, avec le hanbalisme cher à la Séoudie ! … 

    Non, Rachid Hanbali est né en 1970 à Sidi-Ifni, au sud d’Agadir, comptoir espagnol de 1934 à 1969, un des trésors naturels cachés du Maroc méridional. Le tempérament d’emblée artiste du jeune Rachid fut intelligemment canalisé vers deux pôles magistraux de beauté artistique et historique : la belle inconnue timide nommée Tétouan, héritière légitime de feu l’Andalousie arabo-berbère et Grenade, la Gharnatta où rodent encore les fantômes de la dernière dynastie arabe d’Espagne, renvoyée au Maghreb en 1492 par les Rois catholiques. 

    Quand j’ai commencé à vanter ma « découverte », à montrer des reproductions d’œuvres de Rachid Hanbali où défile tout le Maroc profond, ses foules, ses métiers, ses minarets, ses chevaux, ses souks de blédards, j’ai entendu se lever un concert de remarques aigres-douces : « Mais ce sont des tableaux pour touristes ou pour nouveaux riches, vous avez beaucoup mieux dans le genre chez Hassan El Glaoui ou même chez Zine ou bien chez des orientalistes européens type Cruz Herrera ou Pontoy, et blablabla …» 

    Eh ! bien non, je trouve beaucoup plus de mouvement, de fraîcheur, de simplicité, d’âme pour tout dire chez Hanbali. Je revois surgir chez lui la spontanéïté de Mohamed Ben Ali R’bati*** (1861-1939), ce Tangérois d’adoption et de formation, premier peintre islamo-marocain, parrainé par rien de moins que John Lavery, fameux portraitiste des monarques britanniques, résidant à Tanger. Plus encore, je sens une filiation avec Mattéo Brondy**** (1866-1944), cet ancien vétérinaire de l’armée franco-chérifienne, mué ensuite en initiateur du voyage culturel à Meknès et surtout en ré-inventeur au Maroc de la peinture figurative sans artifices, sans jus de crâne, sans message, bref une peinture qui montre sans chichis ce que l’artiste a saisi chez gens, bêtes, monuments, paysages. Un art reposant, apaisant, sans discours intello, un art qui ne donne pas le torticolis et ne vous pose pas de questions métaphysiques insolubles. Ouf ! 

    Que ce coup d’œil (bien plus que coup de dent !...) sur Hanbali, me soit également l’occasion d’esquisser un éloge de Tétouan et surtout, cette fois, de l’Ecole des beaux-arts de cette ville. Une institution lancée en 1945 par le peintre andalou marocophile Mariano Bertuchi (Dieu lui fit la grâce de naître en 1884 à Grenade et de mourir en 1955 à Tétouan). Un dahir sultanien de 1946 légitima cette école dont Mohamed V vint inaugurer le nouveau siège en 1957, et à laquelle Hassan II, quoique réputé ne jamais rien faire pour le Nord, conféra le précieux statut universitaire. 

    D’abord très judéo-hispanique, l’Ecole de peinture de Tétouan fut vite investie, autour des années 1950, par toute une pleïade d’artistes arabo-berbères en herbe, cornaqués alors par leurs aînés Mohamed Serghini ou Bouabid Bouzaïd et plus tard Mohamed Chabâa. Et le vigoureux talent des jeunes impétrants fit le reste, parmi lesquels Rachid Hanbali, exposé en solo à New-York dès 2009 et, la même année, primé à Pékin, apprécié à Tokyo, avant même de l’être au Maroc et en Espagne.  • 

    * Voir mon « coup de dent » du 13 mai 2016. Et signalons que les éditions marocaines Marsam viennent d’éditer un excellent petit livre sur Nabili 

    ** Voir mes « coups » relatifs à Nabili sur « le360 » en 2015 et 2016 

    *** Voir « Mohamed Ben Ali R’bati. Naissance de la peinture marocaine », par Zineb Abderrazik-Chraibi, Marsam. 50 pages illustrées couleurs. 

    **** Voir « Des vétérinaires au Maroc sous Protectorat français », par Jamal Hossaini-Hilali, avec un intéressant développement sur Mattéo Brondy, Adrar Edition, Rabat, 2015. 190p. illustrées noir et blanc. Et également, « a colonisation via les vétérinaires », par Péroncel-Hugoz, in « la Nouvelle Revue d’Histoire », Paris, janvier 2015. 

    Péroncel-Hugoz

    Repris du journal en ligne marocain le 360 du 03.06.2016

  • La dhimmitude au quotidien [4]

     

    PAR PÉRONCEL-HUGOZ

    Œuvrant en terre d'Islam depuis 1965 (administrateur civil, correspondant ou envoyé spécial du Monde, directeur de collection éditoriale et, à présent, chroniqueur au 360, un des principaux quotidiens marocains en ligne), Péroncel-Hugoz n'est sans doute pas le plus mal placé pour décrire le sort des chrétiens vivant sous autorité musulmane.

     

    IMG - JPEG - Copie.jpgLE CAS FARAG FODA 

    Je ne doute pas, j'en suis même convaincu car j'en connais, au Levant ou au Maghreb, qu'il existe des musulmans assumés et qui désapprouvent les traitements honteux ou criminels infligés un peu partout à travers l'Islam aux chrétiens vivant en son sein ; des musulmans qui, en privé, n'ont pas de mots assez durs pour les méfaits des djihadistes et autres Frère musulmans - mais ces esprits critiques, il est vrai, ne se manifestent prati­quement jamais en public. Pourquoi ? Tout simplement parce qu'ils ont peur d'avoir à en payer chèrement le prix. Je me réfère au cas exemplaire de Farag Foda (1946­-1992) ; cet intellectuel musulman égyptien, modéré en tout et qui eut le courage et l’imprudence au Caire, en 1992, d'affirmer que la dhimmitude imposée aux chrétiens en Égypte et ailleurs était « contraire aux droits de l’homme », ce que tout le monde sait de longue date mais ne dit pas. Le lendemain, Foda était abattu en pleine ville et certaines mosquées justifièrent ce crime par l' « aposta­sie » de la victime, qui ne s'était pas convertie à une autre foi mais avait uniquement violé l'omerta qui lie de facto tous les musulmans du monde face aux méfaits de leurs. Feu le journaliste tiers-mondiste de gauche Guy Hennehelle disait : « la politique des musulmans c'est celle du banc de poissons. Celui qui le quitte est perdu ». La notion de personne, dérivée à notre époque en individualisme, est l'apanage du christianisme ; la spécialité de l'Islam est la solidarité communautaire, dérivée en communautarisme. Les dhimmis d'Orient en savent quelque chose... Pour ceux d'Occident, ça ne fait que commencer... 

    QUID DU MAROC ?

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    Le roi du Maroc Mohamed VI. Le souverain chérifien, descendant du Prophète, paraît mieux armé que d'autres Etats musulmans pour faire face à la menace islamiste.

     

    Et quid de la dhimma au Royaume chéri­fien se demandera le lecteur sachant que j'y vis. Eh ! Bien, cet État musulman sunnite, gouverné depuis trois siècles et demi par une dynastie se rattachant à la lignée de Maho­met (comme les Hachémites de Jordanie, le sultan de Brunei et l'Aga-Khan), a en quelque sorte résolu l'épineuse question de La dhimmitude par le seul fait que sa natio­nalité ne peut appartenir qu'aux fils du sol, tous mahométans donc (à part quelque trois mille israélites indigènes, au reste invi­sibles parmi les 35 millions d'habitants). Les quelque 70000 chrétiens (ou réputés tels) établis à présent en Chérifie (sans compter les Espagnols de Ceuta et Mailla) ne sont pas traités en dhimmis mais avec déférence en « étrangers de passage », même si certains traits de la dhimmitude sont présents au Maroc, discrètement il est vrai, depuis la fin du Protectorat franco-hispanique (1912-­1956) ; les cloches de églises ne peuvent plus sonner; tout prosélytisme non-mahométan est interdit et tout non-musulman voulant épouser une Marocaine « vraie croyante » doit impérativement se convertir à l'islam. Cette situation « tranquille » ne durera peut-être pas éternellement en raison du nombre grandissant de Subsahariens - étu­diants, commerçants, trafiquants, clandes­tins, prostituées, etc. - s'installant depuis 10 ans au Maroc. Une part notable de ces migrants sont catholiques ou protestants, ce qui a déjà ressuscité plusieurs paroisses à travers le pays, avec des rassemblements de plus en plus voyants de fidèles, des com­merces informels, des trafics divers et quelques incidents « raciaux », bref une situation qui est loin de plaire à tous les Marocains. Allah jacta est ... 

    (Fin)

    PÉRONCEL-HUGOZ 

    Grand-reporter, essayiste, auteur d’une dizaine d’ouvrages sur les pays du Sud, Péroncel-Hugoz a été notamment correspondant du Monde en Égypte de 1973 à 1981. Connaisseur de la civilisation mahométane, il publia en 1983 Le Radeau de Mahomet (Ed. Lieu commun, réed. Champs-Flammarion), livre prémonitoire sur l’évolution du monde musulman. Il prépare pour cette année la réédition au Maroc d’un essai oublié de Balzac, Rois de France, indisponible depuis 70 ans.

    Lire ...
     
     
     


    Repris de La Nouvelle Revue d'Histoire avec l'aimable autorisation de l'auteur

    LA NOUVELLE REVUE D'HISTOIRE • 43 Hors-série n° 12 • Printemps 2016

  • LA LIBERTÉ SCOLAIRE, UN COMBAT DE CIVILISATION

     

    par François Marcilhac 

     

    Fr-Marc.jpgNajat Vallaud-Belkacem serait-elle en train d’obtenir en 2016, mais par des moyens détournés, ce qu’en 1984 Alain Savary n’avait pu réaliser, à savoir la disparition de la liberté de l’enseignement ? En tout cas, les mesures qu’elle a annoncées ce jeudi 9 juin sont gravissimes puisqu’elles remettent en cause une liberté fondamentale garantie par la Constitution. 

    En quoi consistent-elles ? Non seulement à renforcer les inspections — malveillantes ? — dans les familles qui exercent leur droit d’instruction auprès de 25 000 jeunes ou dans les établissements hors contrat — un millier d’établissements, dont 300 confessionnels –, mais surtout à passer d’un régime de déclaration d’intention à un régime d’autorisation préalable. Bref, à substituer l’arbitraire à la liberté. En clair, désormais, pour ouvrir une école hors contrat, il faudra avoir obtenu préalablement l’autorisation du ministre de l’éducation ...et des lobbies dont il est le pantin. C’est pourquoi le député du Parti chrétien démocrate Jean-Frédéric Poisson, vent debout contre ce coup de force, a prévenu qu’il saisirait l’instance de la rue de Montpensier, s’il en était besoin. Car ce que vise le pouvoir socialiste, ce sont bien « les libertés pédagogiques, intellectuelles, religieuses et philosophiques » revendiquées haut et fort par ces établissements, comme l’observe Guillaume Drago, professeur à l’Université Panthéon-Assas Paris II, dans La Croix du 8 juin.

    L’UMP EN RÊVAIT, LE PS LE FAIT

    Gageons que Stalinette n’en a cure. Outre que les garanties apportées à nos libertés par les « Sages » sont à géométrie variable, Poisson est bien seul à droite. Et pour cause : la collusion de l’ex-UMP et de la gauche est totale sur le sujet. A plusieurs reprises la « droite » a déposé des propositions de lois au Parlement en vue de supprimer la liberté de l’enseignement : au Sénat, en 2013, et récemment à l’Assemblée nationale, où le député Eric Ciotti et vingt-huit de ses collègues LR ont présenté un texte « visant à renforcer l’encadrement des établissements privés hors contrat et à limiter les possibilités de dérogation à l’obligation scolaire ». L’Association des maires de France, dirigée par François Baroin, qui se rêve déjà en premier ministre d’un Sarkozy réélu président, n’avait-elle pas déclaré, fin 2015 : « La facilité, permise par la loi, de créer sous forme associative des structures scolaires confessionnelles interroge [sic] l’AMF » ? L’UMP le voulait, le pouvoir socialiste le fait. Qu’il s’agisse de l’Europe, du syndrome atlantiste, de l’invasion migratoire, de la promotion du communautarisme, de la destruction de la famille, et maintenant de l’école, l’union antinationale entre la gauche et la droite mondialistes existe déjà dans les faits. Pas besoin de Juppé pour la sceller ! Du reste, en s’apprêtant à violer la Constitution par voie d’ordonnance, le pouvoir socialiste rend service à l’UMP en empêchant la médiatisation d’un débat parlementaire qui n’aurait pas manqué d’interroger les Français sur cette collusion. Des petits services qu’on se rend entre amis...

    L’ISLAMISME A BON DOS

    La crainte de la radicalisation islamiste des jeunes échappant à l’école officielle a évidement bon dos. Peut-être l’argument est-il sincère chez Les Républicains, ce qui prouverait, s’il en était besoin, que nous avons affaire à la droite la plus bête du monde. En fait, nul besoin d’inspections ou d’autorisations préalables pour juguler l’islamisme. Comme pour les mosquées salafistes, la police suffit pour connaître les foyers de radicalisation et fermer, tout en respectant nos libertés constitutionnelles, les « écoles » qui poseraient problème. Mais Belkacem le veut-elle, elle qui, au contraire, après sa bévue sur l’enseignement de la théorie du genre à l’école, qui est mal passé auprès des populations immigrées, a décidé de favoriser, dans l’espoir stupide de l’encadrer au sein de l’institution, le repli identitaire islamiste, par exemple en déclarant que le porc est un « aliment confessionnel » ou en promettant l’enseignement de l’arabe dès le CP — assuré par qui, au fait ? Comme le remarque encore le professeur Drago, « ce sont en réalité de nombreux établissements catholiques que l’on veut atteindre », non pas ceux d’un enseignement diocésain domestiqué par le pouvoir — en ce sens, Savary a réussi : l’enseignement diocésain a été, sinon officiellement, du moins idéologiquement intégré à l’enseignement public —, mais ceux qui revendiquent leur liberté et refusent le pédagogisme. Ultime vengeance contre des catholiques redevenus indisciplinés et revendicatifs depuis la Manif pour tous ?

    LA HAINE DE LA LIBERTÉ DE CONSCIENCE

    Plus profondément, c’est la haine de la liberté de conscience qui anime le pouvoir, car les établissements catholiques indépendants ne sont pas les seuls visés. Les établissements laïques le sont tout autant, comme ceux de la Fondation Espérance banlieues, créée en 2012 pour favoriser le développement d’écoles indépendantes d’excellence en plein cœur des banlieues. Et qui réussissent là où l’école publique échoue. Il en est ainsi de l’établissement Alexandre-Dumas, à Montfermeil, ville de la Seine-Saint-Denis dont le maire est un certain... Xavier Lemoine. On comprend qu’Anne Coffinier, la directrice générale de la Fondation pour l’école, qui concourt à l’essor d’établissements scolaires libres, ait annoncé, dans un communiqué publié le 9 juin, sa décision de contester la légalité des mesures décidées par le pouvoir.

    D’autant que Belkacem entend également supprimer la liberté pédagogique en imposant à ces établissements le respect des programmes de l’Education nationale. Car elle a un double défi à relever : imposer partout, au nom d’un égalitarisme mortifère, ses réformes ravageuses que parents et enseignants, dans leur grande majorité, rejettent, tout en remédiant à la fuite vers les écoles indépendantes que ces mêmes réformes provoquent. D’ailleurs, ce n’est pas sans un mélange d’ingénuité et de cynisme qu’elle avoue avoir décidé ces mesures en raison de « l’augmentation importante du nombre d’élèves scolarisés dans des établissements privés hors contrat ». S’est-elle demandé pourquoi ? Quand elle ose parler de remédier à des « enseignements trop lacunaires, voire attentatoires aux valeurs républicaines » (Conférence de presse du 9 juin), à la fois on croit rêver et on comprend sa priorité. Car les enseignements lacunaires et ce qui va avec, l’échec scolaire, c’est elle qui les organise, à travers ses réformes du collège et des programmes, la destruction de l’apprentissage de l’orthographe — et de l’orthographe lui-même avec l’imposition de la « réforme » de 1990 —, la disparition des classes bilangues ou du latin et du grec, les enseignements fourre-tout imposés par les Diafoirus du pédagogisme et improvisés par les Trissotin de l’interdisciplinarité, ou encore l’interdiction idéologique ... et budgétaire du redoublement. En revanche, elle ne supporte pas que les élèves échappent à l’endoctrinement mondialiste, sociétal et communautariste que recouvre sa priorité de transmettre les « valeurs républicaines ».

    La défense de la liberté scolaire est, elle aussi, un combat de civilisation.

    L’Action française 2000

  • Médias • M6, une chaîne néo-réac ? Islam, FN : les chiens de garde scandalisés

     

    Par Hadrien Desuin

    Entre son émission « Dossier Tabou » sur l'islam français et l'entretien de Karine Le Marchand avec Marine Le Pen, M6 essuie ces derniers jours une polémique bien de chez nous. Hadrien Desuin donne ici [Causeur - 10.10] une analyse pertinente qui nous intéresse : tout ce qui pointe le terrorisme intellectuel, notamment celui des médias, est utile et bienvenu.  LFAR

     

    L’intrusion du journaliste Bernard de La Villardière au fin fond de la Seine-Saint-Denis vaut au présentateur de la sixième chaîne une indignation qui souffle du plateau de Cyril Hanouna au blog du directeur adjoint de L’Express en passant par le quotidien gratuit 20 minutes. Comme un écho du flot d’insultes déversées sur son compte Twitter. Le CSA a été saisi et Nicolas de Tavernost, président de la chaîne M6 a reçu une docte lettre du président de L’Observatoire de la laïcité, Jean-Louis Bianco. Pour l’ancien secrétaire général de François Mitterrand « la généralisation des difficultés telles que présentées par ce reportage donne une vision déformée de la réalité ». Comble de la vanité, il s’étonne que M6 n’ait pas mentionné le « travail considérable » effectué par son organisme. La défense de la laïcité par Jean-Louis Bianco mériterait en effet un “Dossier Tabou” à lui tout seul…

     

    L’islam, une vache sacrée médiatique

    Le célèbre journaliste de “Zone Interdite” et “Enquête exclusive” a plutôt bien choisi le titre de sa nouvelle émission. Selon le Larousse, un tabu est étymologiquement en polynésien “un interdit de caractère religieux qui frappe un être, un objet ou un acte en raison du caractère sacré ou impur qu’on leur attribue.” Par extension, le tabou “a un caractère social et moral qu’il serait malséant d’évoquer, en vertu des convenances sociales ou morales.” “L’islam en France, la république en échec”: le titre de la première émission de Dossier tabou avait tout de la vache sacrée médiatique.

    En préliminaire, la présentation de l’émission avait le mérite de ne pas tourner autour du pot. ” Nous avons découvert que les imams les plus extrémistes gagnent du terrain aux dépens de modérés républicains, parfois menacés de mort  (…)  L’Union des Organisations Islamiques de France a pour but de déconnecter la communauté musulmane du reste de la société, de grignoter peu à peu l’espace public au nom de la liberté d’expression pour installer la charia en France. Elle organise de grands rassemblements et attire des centaines de milliers de personnes qui peuvent écouter des prédicateurs étrangers souvent homophobes, antisémites et favorables à la lapidation des femmes. D’anciens Frères Musulmans ont accepté de témoigner pour dévoiler la stratégie cachée du mouvement qui veut former les élites islamistes de demain.
     
    Aussitôt accusé de racolage télévisuel, le sujet choisi par La Villardière avait en effet l’inconvénient d’intéresser le français moyen, au point de réaliser pour sa première un très joli score d’audience, 2,4 millions de téléspectateurs. La « mosquée Daech » de Sevran, louée par un imam de l’UOIF, la branche française des frères musulmans, ne méritait sans doute pas qu’un journaliste se déplace jusque là. Filmer à Sevran une mosquée salafiste clandestine ou une école coranique sur un terrain municipal, franchement quel intérêt sinon de stigmatiser les salafistes? Pour Stéphane Gatignon, maire écolo de Sevran interrogé sur RMC, la venue de l’équipe de M6 n’est rien d’autre que “de la provoc””. Bernard de la Villardière a voulu “faire de l’audience sur le dos de la ville de Sevran” Dans un communiqué il dénonce “une polémique politicienne cherchant à faire de Sevran un Molenbeek français”. Si les jeunes de Sevran partent en Syrie, c’est donc la faute de la course à l’audimat chez M6. Allez comprendre.

    Complotisme mainstream

    Les chiens de garde du PAF ont aussi pointé, avec un soupçon de complotisme, le montage de la scène d’agression dont La Villardière était forcément le déclencheur. S’appuyant sur une vidéo amateur censée dédouaner les jeunes de Sevran, un certain Ousmane, venait donner du grain à moudre à l’observatoire de l’islamophobie, pardon à l’Observatoire de la laïcité (pardonnez la confusion, mais l’équipe de Jean-Louis Bianco passe visiblement plus de temps à traquer les pourfendeurs de l’islam radical que les ennemis de la laïcité). Silence gêné en revanche quand le Ousmane en question se révèle être un grand admirateur de Dieudonné. La vidéo complète diffusée ensuite par M6 pour éteindre la polémique ne laisse aucun doute sur la bande de voyou ceinturant l’équipe de reportage. Frappés et mis au sol, les journalistes sont contraints de quitter les lieux.
     
    Un geste de solidarité ou un mot de soutien était bien le minimum qu’on pouvait attendre de la part des confrères de La Villardière. Face à un délit d’entrave à la liberté de la presse, la gauche morale, d’habitude si prompte à défendre les libertés, s’est retournée sur l’agresseur blanc à particule. Lequel n’aurait pas dit « bonjour » aux individus qui tentaient d’interrompre son interview (la vidéo de M6 devait démentir cette accusation grotesque). Un peu de sérieux et d’honnêteté suffisent à constater que le journaliste et son équipe étaient au contraire d’une patience infinie avant leur prise à partie.
     
    Au lieu de s’interroger sur la violence de l’islamisme dans certains territoires perdus de la République, les petits marquis de la bien-séance médiatique reprochent à l’équipe de M6 de ne pas avoir demandé aux caïds de la cité l’autorisation de filmer leur terrain de jeu. Pour ne pas traiter le fond du sujet, on lance un contre-feu qui en dit long sur l’état de la liberté d’expression en France. 

    Hadrien Desuin
    Expert en géo-stratégie, sécurité et défense

    Lire aussi dans Lafautearousseau ... ce grain de sel

    M6 : Bernard de La Villardière a parlé vrai dans son « Dossier tabou » sur l'Islam

     

  • Histoire & Enseignement • Affaire Lorànt Deutsch : quand les enseignants s'érigent en grands prêtres de l'Histoire

     

    Par Philippe Delorme      

    Deux professeurs d'Histoire ont mis leur veto à la tenue d'une conférence de Lorànt Deutsch. Philippe Delorme expose ici [Figarovox, 26.10] que si les enseignants considèrent ne pas devoir « faire aimer la France » - « position surprenante » - ils ne doivent pas transformer son histoire en « cauchemar national ». Il a raison.  LFAR

     

    3038070342.jpg« Nous ne sommes pas là pour faire aimer la France à nos élèves ». Telle est la déclaration surprenante que viennent de faire deux professeurs d'Histoire de Trappes, dans les Yvelines. Ils cherchaient par là à justifier leur veto à la tenue d'une conférence de Lorànt Deutsch dans leur ville. Accusé de trop aimer « les rois et les grands personnages », le comédien s'est donc vu interdire l'accès de cette cité de la banlieue parisienne, dont la majorité des habitants sont issus de l'immigration. Pourtant, à travers ses livres à succès - dont ses deux Métronome -, Lorànt Deutsch a prouvé que les Français ont soif de connaître leur passé. Et cette évidence seule devrait interpeller nos deux censeurs trappistes…

    Le rôle d'un professeur d'Histoire est-il de « faire aimer la France » ? Peut-être pas en effet. Et personnellement, je suis farouchement opposé à la réécriture d'un « roman national » comme celui de Jules Ferry, au nom duquel ont été formatées des générations de jeunes patriotes républicains, prêts à se sacrifier la fleur au fusil. Mais la mission d'un professeur n'est pas non plus d'entretenir la détestation ni la haine du pays où - quelles que soient leurs origines - ses élèves sont appelés à grandir et à vivre. Or, depuis plusieurs décennies, l'Histoire de France telle qu'elle est transmise, apparaît comme une inexpiable repentance, battant inlassablement la coulpe sur la poitrine de nos ancêtres. Inquisition, traite négrière, colonialisme, régime de Vichy, guerres d'Indochine et d'Algérie… Le « roman national » d'autrefois s'est transformé en un véritable « cauchemar national ». Le professeur d'Histoire n'est ni le grand prêtre d'une liturgie officielle, ni le juge des actions passées.

    Devoir de mémoire: voilà le maître-mot de ces contempteurs de notre héritage. Mais la mémoire n'est pas l'Histoire. Car elle est sujette à manipulation, à déformation. Elle est pétrie de sentiments, de parti-pris manichéen et d'affectivité, et elle pêche souvent par anachronisme. Cette mémoire doit donc être « digérée » par les historiens, dont la tâche est d'abord d'établir les faits dans leur vérité. Cependant, si nos contemporains chérissent la « mémoire », ils se hérissent devant la notion de « vérité ». Pour beaucoup d'entre eux, tout est relatif et question de point de vue. Toutefois, sans établir préalablement les « faits têtus » du passé - selon l'expression de Lénine -, comment prétendre ensuite les analyser ou les comprendre ? Certes, l'Histoire n'est pas une science, mais c'est un art délicat qui exige une méthodologie scientifique.

    Ainsi, s'il ne doit pas « faire aimer » la France - ni la faire détester bien sûr -, le professeur d'Histoire digne de sa fonction aura pour premier devoir d'en éclairer la réalité et la complexité, dans une exigence d'objectivité, même si cela reste un but inatteignable. Or, il faut bien convenir que la vision véhiculée aujourd'hui par nombre d'enseignants est non seulement biaisée, mais également tronquée. Pour beaucoup d'entre eux, la nation française naît en 1789. Auparavant, tout ne serait qu'obscurité et oppression. À cet égard, il est dommageable que les nouveaux programmes scolaires insistent à l'excès sur l'époque contemporaine, et particulièrement sur les épisodes les plus sombres de la Seconde guerre mondiale.

    L'authentique « récit national », qui reste à composer devra s'inscrire dans la longue durée. Assurément chronologique, sinon strictement linéaire. Certes, le destin de la France n'était pas établi depuis l'éternité des siècles. Il doit être largement ouvert sur l'universel, et parler de « nos ancêtres les Gaulois » n'a guère de signification. Il n'empêche que notre présent est le résultat de deux millénaires et davantage d'une lente maturation, d'une aventure commune où se sont succédé les pages de gloire et celle d'infamie, une Histoire avec ses grandeurs et ses faiblesses, à l'image de ce qu'est la nature humaine. Car toute Histoire est avant tout Histoire des hommes. Des humbles, des anonymes qui ont tissé la trame des jours. Mais aussi de ces « grands hommes » - chefs d'État, capitaines illustres, savants et religieux, découvreurs, femmes d'exception -, qui peuvent offrir autant d'exemples à méditer.

    Car en définitive, à quoi sert l'enseignement de l'Histoire ? Certainement pas à soumettre de jeunes cerveaux à l'inutile apprentissage de listes de dates qu'ils s'empresseront d'effacer. Encore moins à cultiver les antagonismes communautaires, non plus d'ailleurs qu'à distiller une propagande en faveur d'un hypothétique « vivre ensemble ». À l'instar des sciences exactes - comme les mathématiques ou la physique -, l'Histoire servira d'abord à faire acquérir aux élèves les bases d'un raisonnement rigoureux, les outils nécessaires pour jeter un regard critique sur les informations contradictoires dont l'univers médiatique les abreuve. La capacité de trier le bon grain de l'ivraie, la vérité du mensonge.   

    Philippe Delorme      

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    Historien et journaliste, auteur de nombreux ouvrages, Philippe Delorme vient de publier Théories folles de l'Histoire (éd. Les Presses de la Cité, 2016).     

  • La Russie, puissance musulmane ?

    Mosquée d'Akhmad Kadyrov à Grozny

     

    Par Péroncel-Hugoz

    Le rôle grandissant joué par Moscou sur la scène arabo-musulmane conduit notre chroniqueur à rappeler certains chiffres, faits et vérités un peu trop négligés, selon lui.

     

    peroncel-hugoz 2.jpgOn sait bien sûr que diplomates et militaires russes s’activent de plus en plus autour du dossier proche-oriental, notamment dans son volet syrien, et que cet interventionnisme choque ou étonne nombre de gens en Occident et en Arabistan. On connaît moins certaines données justifiant aux yeux des Russes eux-mêmes leur présence de plus en plus visible sur le théâtre musulman. 

    En effet : l’actuelle Fédération de Russie est historiquement et démographiquement une puissance mahométaine : 20 à 25 millions de musulmans autochtones, soit environ 15% de la population russe totale, vivent en 2016 dans la Fédération. Et c’est à noter, en bonne intelligence avec des non-musulmans, surtout depuis que s’est terminée la guerre de Dix-Ans, en Tchétchénie, en 2009. 

    LE CONGRÈS DE GROZNY 

    C’est précisément dans le chef-lieu tchétchène, Grozny, où se trouve désormais la plus vaste mosquée de toute la Fédération russe et à l’ombre de ses minarets, que s’est discrètement tenu en août 2016 un « Congrès sunnite » international, convoqué par les autorités russo-tchétchènes ; ce Congrès a réuni quelques 200 savants religieux reconnus, tous dûment enturbannés ou encalottés, venant de divers pays du Sunnistan : Turquie, Jordanie, Soudan, Yémen, Syrie, Russie, Egypte, Europe occidentale, etc. Le maréchal Sissi avait envoyé rien de moins que le grand-mufti d’Egypte et un ancien prestigieux grand-imam d’El Azhar, tandis que Damas en pleine guerre civile avait néanmoins délégué son grand-mufti. Si Bachar El Assad est né dans la minorité chiito-noçairie (ou alaouite, sans rapport avec la dynastie marocaine), il a épousé une compatriote sunnite et il va prier dans des mosquées sunnites. 

    Le Maroc n’était représenté à Grozny qu’à « titre privé » et cela a un peu étonné car c’est la pensée aâcharite, dont l’ « Islam de Juste Milieu » du Maroc se réclame plus que jamais, qui a été à l’honneur au Congrès. L’imam médiéval irakien Aboul Hassan El Aâchari est, tout de suite après son aîné le grand juriste arabe Malik Ben Anas, l’inspirateur du sunnisme marocain réputé donc malékite aâcharite. 

    Cependant Rabat, proche allié de Ryad, ne pouvait officiellement être représenté à un Congrès dont le but avoué était de décréter « non orthodoxe » la doctrine wahabite*, en vigueur depuis le XVIIIe siècle au sein du sunnisme séoudien ; les congressistes ont qualifié le wahabisme de « non-conforme » avec la pensée musulmane classique et ils l’ont accusée d’être à présent «  dangereusement proche » de Daech, quant à l’idéologie. 

    En tout cas, sur le terrain maghrébin, nul n’ignore que le rigorisme wahabite est en contradiction avec le bienveillant soufisme nord-africain, populaire ou littéraire. Pareillement, en Fédération russe, Tchétchénie et Daguestan sont de vieilles terres soufies. 

    KAZAN « LA BELLE MUSULMANE » 

    A 700 km de Moscou, la superbe ville de Kazan, présentée par les voyagistes russes du XXIe siècle comme « la Belle Musulmane », fait figure de métropole de l’Islam de Russie. C’est souvent de Kazan que partent livres, films et idées vers les 8000 actuelles mosquées russes (12 000 avant la Révolution bolchévique de 1917, 343 seulement à la chute du communisme en 1989). 

    C’est en pensant à cet Islam-là que Vladimir Poutine, lui-même s’affichant comme « croyant » (chrétien orthodoxe), a proclamé en août 2012 : « les traditions de notre Islam sont basées sur les valeurs éternelles de bonté, miséricorde et justice ». Rappelons pour finir que la Russie est depuis 2005 un très présent membre observateur à l’Organisation de la coopération (ex-conférence) islamique (OCI), institution née au Sommet islamique de Rabat en 1969 et siégeant depuis lors à Djeddah. La France, qui a à peu près le même pourcentage de musulmans que la Russie parmi ses habitants, n’a pas eu l’idée d’emboîter le pas à Moscou sur la question de l’OCI. Sans doute par manque d’audace et aussi parce que Paris n’a plus de vraie politique islamique depuis 30 ou 40 ans.   

    * Par refus des modes et en accord avec la graphie française classique des mots arabes, j’écris wahabite avec un seul « h » et Séoudite et non pas Saoudite. 

    Péroncel-Hugoz

    Repris du journal en ligne marocain le360 du 07.10.2016

  • L’Angleterre et le grand Nihil

     

    Par Lars Klawonn

    A tous ceux, très nombreux, qui pensent que hors UE l’Angleterre est perdue, adressons un grand rire moqueur. L’inverse paraît plus probable.

     

    Grâce à la démocratie, tant haïe par les technocrates de Bruxelles, l’esprit de tempête redonne une âme au peuple anglais. La patience est une de leurs grandes qualités. Il a le don de subir longtemps sans broncher. Le goût du risque en est une autre. Les Anglais sont un peuple fier, pragmatique, libéral. Dans ce pays de libre échange et de commerce par excellence, l’aigle de la liberté a refait surface. C’est le peuple et non pas l’élite qui a rétabli la souveraineté que la Grande-Bretagne n’a d’ailleurs jamais entièrement abandonnée puisqu’elle avait conservé sa propre monnaie.

    L’Angleterre a montré un autre visage d’elle-même, un visage longtemps caché, celui de sa fibre patriotique. Je dis bien : l’Angleterre autrement dit le peuple et l’élite du pays. Il ne faut pas oublier que c’est le gouvernement qui a décidé de faire voter le peuple alors que la Constitution ne l’y obligeait pas de même qu’il n’est pas non plus légalement obligé de se tenir au résultat du vote. En guise de comparaison, les cantons et le peuple suisses ont un pouvoir constitutionnel non pas de consultation mais de décision. Or force est de constater que la liste des initiatives acceptées par le peuple mais non appliquées est déjà assez longue alors même que l’Assemblée fédérale est tenue par la Constitution, sur laquelle tous les membres ont prêté serment, de mettre en œuvre les décisions du peuple. Dernier exemple en date : l’initiative du 9 février 2014 sur l’immigration de masse qui stipule l’introduction des contingents. A l’état actuel, une grande partie du parlement de même que le gouvernement cherchent à contourner les contingents… Cet irrespect envers le peuple exercé par les acolytes de Bruxelles qui siègent à Berne illustre parfaitement le divorce entre le peuple et son élite et la lente décomposition du système politique et démocratique de la Suisse. Ce ne paraît pas être le cas de l’Angleterre. Que le premier ministre britannique ait donne sa démission après le vote du Brexit, montre au contraire qu’il éprouve un certain respect pour le peuple car il est cohérent de dire qu’on ne peut pas défendre une politique que l’on a combattue auparavant. En Suisse, une telle chose est impensable. Même désavoués par le peuple, les conseillers fédéraux restent en place.

    Le resurgissement du la fibre patriotique n’explique pourtant pas tout. Les Anglais savent aussi raisonner terre à terre. Ils se sont dits qu’il y en avait marre de payer pour les autres alors qu’ils ont suffisamment de problèmes chez eux : chômage, islamisation massive des grandes villes, ghettoïsation, terrorisme, un taux de criminalité assez élevé. etc. Ils se sont dits que plutôt que de donner de l’argent aux autres, il valait mieux penser d’abord à soi-même. Chez les mondialistes multiculturels, ce raisonnement passe pour égoïste. Chez les autres, c’est le simple bon sens. Le même résultat sortirait des urnes si on donnait aux autres peuples riches la possibilité de s’exprimer sur la question. Et pourquoi ? Parce que c’est un raisonnement sain et juste. Il est insensé de demander des sacrifices à un peuple qui souffre déjà passablement dans son pays. Ce qui est injuste et égoïste, c’est la mondialisation sauvage car au nom d’une économie sans frontières, elle crée toujours plus d’inégalité entre les peuples forcés à se déplacer, de dépendance et de précarité chez les gens les plus pauvres. En engraissant les cadres, les bobos des métropoles, les décideurs économiques et politiques, et les fonctionnaires de l’UE, la politique de la mondialisation engendre les inégalités et le racisme qu’elle prétend combattre.

    Grâce à son peuple et grâce aux calculs stratégiques erronés de son élite trop convaincue que les Anglais voulaient rester au sein de l’UE, la grande nation qu’est l’Angleterre s’est réveillée. L’Angleterre relève la tête et regarde droit devant. L’Europe contient quatre grandes nations : l’Angleterre, la Russie, la France et l’Allemagne. L’Angleterre vient de se réveiller. Encore faudrait attendre pour voir si ce réveil est durable. La Russie est réveillée depuis la fin du régime sovietique et tellement réveillée qu’elle n’arrive même plus à dormir. La France continue obstinément de se renier et d’avoir honte de son passé, et l’Allemagne comme toujours tire son épingle de jeu dans le dos des autres. Elle exerce le pouvoir. Elle fait ce qu’elle a toujours su faire le mieux : travailler dur et imposer son pouvoir aux autres par la force. Et sa force, c’est actuellement l’Euro et l’austérité. Elle avance masquée sur l’échiquier de la guerre économique qu’on nous voile de concert derrière des beaux discours abstraits et vide de sens.

    La clique des moneymakers, des nihilistes, des cyniques, et des cruels rationalistes qui nous gouvernent se fiche éperdument d’être aimée. Les peuples ne les aiment pas mais ils s’en fichent. Tout ce qu’ils veulent, c’est imposer à tout le monde la nouvelle société. Et d’amasser chaque jour un peu plus de pactole, peu importent les dégâts qu’ils causent.

    Leurs mépris et leur dégoût de la vie sont incommensurables.

    Il nous faut en finir avec ces ogres voraces et sans scrupules, formés pour tuer la vie. Les gens n’ont pas besoin de leurs progrès et de leurs belles phrases encore moins. Ils ont besoin de choses concrètes, de leur pays et de leur langue ; de postes de travail à proximité, de sécurité et d’infrastructures. Ils ont besoin de la liberté d’entreprendre, d’une économie de proximité, d’une économie régionale et locale. Personne n’a envie d’acheter des produits chinois mais on n’a guère le choix. Ils ont besoin de propriété privée, ils ont besoin de faire des économies, ils ont besoin d’échanges et de partage.

    Ils ont besoin d’avoir un chez soi, de vivre, d’être heureux, de fonder une famille. Ils ont besoin de prospérité. Ils ont besoin d’être reliés à quelque chose ; ils ont besoin de sens, de plénitude et d’amour.

    Ils ont besoin de clarté, de courage et de détermination. La précarité est la dernière chose dont ils ont besoin. Mais c’est la première chose qu’on leur offre. 

    Lars Klawonn

    Journaliste culturel, collaborateur au journal La Nation (Lausanne), à la revue Choisir (Genève) et à la Nouvelle Revue Universelle

    Repris du site de Politique magazine - Consulter ... S'abonner ...

  • Histoire & Actualité • Regards sur les rapports Islam-Europe depuis treize siècles [4]

     

    Publié le 3.07.2009 - Actualisé le 3.09.2017

    TRAVAUX DIVERS - Largeur +.jpgNous allons donc conclure - provisoirement - notre série de réflexions [Cf. liens en fin d'article] sur quelques points d'Histoire importants des rapports Islam-Europe. 

    Nous le ferons en donnant la parole à Chateaubriand. Citer ce grand auteur ne revient pas à occulter ou à abandonner la critique de fond que l'école d'Action Française a développée à son égard - notamment par Charles Maurras, dans Trois idées politiques, Jacques Bainville, dans son Histoire de France, ou Pierre Boutang, dans son Maurras.  Il se trouve cependant que le texte de Chateaubriand repris ici est superbe et semble écrit aujourd'hui, à d'infimes détails près, ce qui montre bien que les problématiques actuelles ne sont pas nouvelles, et que les problèmes que nous avons aujourd'hui avec l'Islam datent de fort longtemps.

    Nous avons rappelé précédemment les deux agressions militaires de l'Islam contre l'Europe : la première à partir de 711 par l'Espagne, et la seconde à partir de 1353 par la Grèce.

    Entre ces deux assauts s'intercale ce que l'on peut considérer comme une contre-attaque des Européens. C'est du moins ainsi que le voit Chateaubriand. Il s'agit, bien-sûr des Croisades.

    Dans son Itinéraire de Paris à Jérusalem et de Jérusalem à Paris, Chateaubriand propose cette défense des Croisades (La Pléiade, Œuvres romanesques, tome II, pages 1052 à 1054). 

     

    portrait_francois_rene_1768_1__hi.jpg« ... Les écrivains du XVIIIème siècle se sont plu à représenter les Croisades sous un jour odieux. J'ai réclamé un des premiers contre cette ignorance ou cette injustice. Les Croisades ne furent des folies, comme on affectait de les appeler, ni dans leur principe, ni dans leur résultat. Les Chrétiens n'étaient point les agresseurs. Si les sujets d'Omar, partis de Jérusalem, après avoir fait le tour de l'Afrique, fondirent sur la Sicile, sur l'Espagne, sur la France même, où Charles Martel les extermina, pourquoi des sujets de Philippe Ier, sortis de la France, n'auraient-ils pas faits le tour de l'Asie pour se venger des descendants d'Omar jusque dans Jérusalem ?

    C'est un grand spectacle sans doute que ces deux armées de l'Europe et de l'Asie, marchant en sens contraire autour de la Méditerranée, et venant, chacune sous la bannière de sa religion, attaquer Mahomet et Jésus-Christ au milieu de leurs adorateurs. 

    N'apercevoir dans les Croisades que des pèlerins armés qui courent délivrer un tombeau en Palestine, c'est montrer une vue très bornée en histoire. Il s'agissait, non seulement de la délivrance de ce Tombeau sacré, mais encore de savoir qui devait l'emporter sur la terre, ou d'un culte ennemi de la civilisation, favorable par système à l'ignorance, au despotisme, à l'esclavage, ou d'un culte qui a fait revivre chez les modernes le génie de la docte antiquité, et aboli la servitude ?

    Il suffit de lire le discours du pape Urbain II au concile de Clermont, pour se convaincre que les chefs de ces entreprises guerrières n'avaient pas les petites idées qu'on leur suppose, et qu'ils pensaient à sauver le monde d'une inondation de nouveaux Barbares.

    L'esprit du Mahométisme est la persécution et la conquête ; l'Evangile au contraire ne prêche que la tolérance et la paix. Aussi les chrétiens supportèrent-ils pendant sept cent soixante-quatre ans tous les maux que le fanatisme des Sarrasins leur voulut faire souffrir ; ils tâchèrent seulement d'intéresser en leur faveur Charlemagne ; mais ni les Espagne soumises, ni la Grèce et les deux Sicile ravagées, ni l'Afrique entière tombée dans les fers, ne purent déterminer, pendant près de huit siècles, les Chrétiens à prendre les armes. Si enfin les cris de tant de victimes égorgées en Orient, si les progrès des Barbares déjà aux portes de Constantinople, réveillèrent la Chrétienté, et la firent courir à sa propre défense, qui oserait dire que la cause des Guerres Sacrées fut injuste ? Où en serions-nous, si nos pères n'eussent repoussé la force par la force ? Que l'on contemple la Grèce, et l'on verra ce que devient un peuple sous le joug des Musulmans.

    Ceux qui s'applaudissent tant aujourd'hui du progrès des Lumières, auraient-ils donc voulu voir régner parmi nous une religion qui a brûlé la bibliothèque d'Alexandrie, qui se fait un mérite de fouler aux pieds les hommes, et de mépriser souverainement les lettres et les arts ?

    Les Croisades, en affaiblissant les hordes mahométanes aux portes mêmes de l'Asie, nous ont empêchés de devenir la proie des Turcs et des Arabes. Elles ont fait plus : elles nous ont sauvé de nos propres révolutions ; elles ont suspendu, par la paix de Dieu, nos guerres intestines ; elles ont ouvert une issue à cet excès de population qui, tôt ou tard, cause la ruine des Etats ; remarque que le Père Maimbourg a faite, et que M. de Bonald a développée.

    Quant aux autres résultats des Croisades, on commence à convenir que ces entreprises guerrières ont été favorables aux progrès des lettres et de la civilisation. Robertson a parfaitement traité ce sujet dans son Histoire du Commerce des Anciens aux indes orientales. J'ajouterai qu'il ne faut pas, dans ces calculs, omettre la renommée que les armes européennes ont obtenue dans les expéditions d'outre-mer.

    Le temps de ces expéditions est le temps héroïque de notre histoire ; c'est celui qui a donné naissance à notre poésie épique. Tout ce qui répand du merveilleux sur une nation, ne doit point être méprisé par cette nation même. On voudrait en vain se le dissimuler, il y a quelque chose dans notre cœur qui nous fait aimer la gloire ; l'homme ne se compose pas absolument de calculs positifs pour son bien et pour son mal, ce serait trop le ravaler ; c'est en entretenant les Romains de l'éternité de leur ville, qu'on les a menés à la conquête du monde, et qu'on leur a fait laisser dans l'histoire un nom éternel ... »   

    Lire les 3 premiers articles de cette suite ...

    Histoire & Actualité • Regards sur les rapports Islam-Europe depuis treize siècles [1]

    Histoire & Actualité • Regards sur les rapports Islam-Europe depuis treize siècles [2]

    Histoire & Actualité • Regards sur les rapports Islam-Europe depuis treize siècles [3]

  • Quand le « politologue » Jean-Yves Camus traite de l'Action française en Provence : le vrai et le faux

     

    Nous revenons sur les réponses apportées au quotidien La Provence par le politologue Jean-Yves Camus  sur les activités de l'Action française dans la région provençale, à la suite des manifestations d'étudiants d'Action française de décembre et janvier, à Aix, pour réclamer la démission du député PS Jean-David Ciot. Lequel fait partie des divers élus PS des Bouches-du-Rhône qui ont fait - ou font encore - l'objet d'informations judiciaires pour détournement de fonds publics, créant, d'ailleurs, de sérieux problèmes et remous au sein même du Parti Socialiste où le malaise grandit et des têtes sont demandées, comme c'est aujourd'hui de notoriété publique.

    Voici donc le jeu des trois questions-réponses publiées par le quotidien La Provence [27.01.2016] et les quelques réflexions que nous y ajoutons en notes.

    Et comme il est bon de savoir qui est Jean-Yves Camus qui nous décrit, nous évalue et, en un sens, nous juge, nous y ajoutons in fine un lien permettant de lire la fiche que lui consacre Wikipédia. On y verra que l'objectivité du chercheur et spécialiste est relativisée par ses propres orientations politiques. PS, bien-entendu ! Neutralité non garantie !  Lafautearousseau. 

     

    jean-yves-camus-source-streetpress.jpgSpécialiste de l'extrême droite [1] en France et chercheur à l'Institut de relations internationales et stratégiques (Iris), Jean-Yves Camus n'est pas surpris par les apparitions désormais récurrentes du groupuscule Action française. [2] 

    1. Comment faut-Il interpréter ces deux opérations à Aix en moins de deux mois ?

    Il y a une tradition assez ancienne de l'Action française à Aix et Marseille. Cela est très lié au fait que Maurras était de Martigues. La maison qu'il avait offerte à sa ville de naissance, où une très belle bibliothèque prend la poussière, a longtemps été un lieu de pèlerinage pour les militants royalistes. La section de Marseille est particulière. Son leader, pendant la Seconde Guerre mondiale, était un collaborateur, coupable d'exactions [3], ce qui n'était pas vraiment le parti pris de l'Action française. Ces nationalistes n'aimaient pas voir une armée d'occupation. Certains s'accommodaient toutefois de la devise de Pétain. Depuis, l'Action française a toujours su entretenir la flamme, même par petits groupes, ne serait-ce qu'en organisant des rassemblements réguliers aux Baux-de-Provence.

    2. Constatez-vous un regain récent de ces groupes dans notre région ?

    Depuis deux ou trois ans a émergé, notamment à Marseille, une nouvelle génération plus activiste et plus tapageuse qu'avant. On le voit notamment grâce à l'activité sur internet de groupes comme La faute à Rousseau [4] ou le Mouvement d'action sociale qui reflètent la particularité marseillaise. Ces noyaux, que l'on retrouve sous une autre forme à Nice ou à Aix, sont issus d'une bourgeoisie de l'Action française qui existait déjà dans les années 30 et qui n'a pas disparu par enchantement. Il y a d'ailleurs une certaine qualité intellectuelle dans certains de ces noyaux où l'on trouve des racines universitaires.

    3. Faut-il rapprocher ce regain d'activité des soies du Front national et de la personnalité de Marion Maréchal-Le Pen ?

    Le climat est effectivement assez favorable et l'arrivée de Marion Maréchal sur le devant de la scène a créé un regain de confiance. Elle aime les catholiques traditionnels et les gens de l'Action française le sont. Elle s'est mise en première ligne au côté de la Manif pour tous et ils y étaient. Elle s'est entourée d'identitaires comme Philippe Vardon sur ses listes et, même si les familles sont différentes, tous se retrouvent derrière elle dans ses meetings. Recueilli par François TONNEAU 

    Notes

    [1] On est libre de nous classer comme on veut. Nous mêmes, nous ne nous situons pas à l'extrême-droite. Mais « ailleurs », car nous ne participons pas au jeu des partis et n'en sommes pas un. De plus, cette appellation est utilisée de façon systématique dans un but évident de stigmatisation.

    [2] « Groupuscule » est du même ordre. D'intention péjorative et stigmatisante.

    [3] Jusqu'à preuve du contraire, cette assertion est fausse. Une accusation ausi grave peut-elle être portée par un chercheur sans donner de nom, de preuve, et de précisions ? Drôle de procédé ... Même si le patriotisme de l'Action française est affirmé dans la phrase qui suit.  Et si, plus loin, quelques appréciations censées positives sont exprimées, comme concédées.  

    [4] « L'activité sur internet de (...) Lafautearousseau » est présentée comme faisant partie de celles qui auraient émergé depuis deux ou trois ans. A Marseille. Or Lafautearousseau existe depuis huit ans et son audience est nationale. Jean-Yves Camus est-il aussi informé qu'il devrait l'être ? Nous n'avons d'ailleurs jamais eu de sa part aucun contact ni demande d'information. Est-ce normal dans l'activité professionnelle d'un chercheur IRIS ? Nous sommes au moins consultables ...

    Jean-Yves Camus - Wikipédia

    Voir aussi

    « Violences de l'Action française contre le PS à Aix-en-Provence » ? Ou lamentations d'une fédération déchue ?  [Lafautearousseau]

  • CHÔMAGE : L’ARNAQUE DE HOLLANDE

     

    par François Marcilhac

     

    500021990.jpgLors de ses vœux aux Français, le 31 décembre dernier, François Hollande avait décrété « l’état d’urgence économique et social » : c’est qu’en trois ans et demi son bilan en matière d’emploi est pire que celui de cinq années de Sarkozy, qui n’était déjà pas brillant.

    Quelques chiffres pour résumer la catastrophe : plus 764 500 chômeurs de longue durée, c’est-à-dire inscrits à Pôle emploi depuis plus d’un an, avec une ancienneté moyenne passant de 103 jours à 570 jours ; une destruction de 217 600 emplois marchands ; 10,6 % de la population touchés par le chômage (plus 0,9 %) et 25 % des jeunes (plus 1,7 %), lesquels étaient pourtant la priorité du quinquennat. Ainsi, les 300 000 contrats aidés et 70 000 services civiques, le pacte de responsabilité et de solidarité, visant à « rendre nos entreprises compétitives » et à « créer les conditions de la création d’emplois » via la baisse du coût du travail et celle, progressive, de l’imposition des entreprises — 28 % en 2020 contre 33 % aujourd’hui —, le vote de la loi fourre-tout Macron I et 7 milliards d’euros annuels en traitement social du chômage n’auront servi de rien. On peut toujours se consoler en disant que la situation serait encore pire si toutes ces mesures n’avaient pas été prises. Et feindre de placer des espoirs démesurés dans la transformation prochaine du CICE en baisses des « charges » sociales. On peut aussi regretter une politique erratique baissant l’aide à l’apprentissage ou asphyxiant par la fiscalité les entreprises ou les ménages, notamment les familles nombreuses des classes moyennes, avant des rétropédalages bien tardifs et surtout peu opérants.

    Pour Hollande, l’essentiel n’est pas là : s’il a décrété le 31 décembre dernier seulement « l’état d’urgence économique et social  » et non plus tôt, alors que la situation le méritait dès sa prise de fonction compte tenu du bilan, nous l’avons dit, déjà peu brillant de son prédécesseur — depuis 2007, Sarkhollande, ce sont plus d’1,5 million de chômeurs supplémentaires —, c’est parce que la lutte contre le chômage n’est pour lui qu’un argument électoral. En promettant qu’il ne se représenterait en 2017 que s’il réussissait à inverser durablement la courbe du chômage, il se condamnait, ou plutôt il condamnait les Français à ne préparer que pour le début de la campagne électorale des mesures aux effets aussi rapides qu’éphémères. Car il ne s’agit pas pour Hollande de prendre des mesures pérennes, permettant de lutter en profondeur contre le fléau social du chômage, qui n’est que la conséquence d’un autre fléau, celui de la désindustraliation préméditée du pays par des élites dénationalisées soumises aux marchés financiers mondiaux : non, pour ce faire, il faudrait rompre avec la politique suivie par la droite et la gauche depuis la libéralisation complète des capitaux opérée par le Traité de Maëstricht en 1992 et avec une immigration toujours plus invasive, et non pas se contenter, comme le veut la droite libérale, qui a les yeux rivés sur le XIXe siècle, d’un détricotage du code du travail qui ne profiterait qu’aux cabinets d’avocats tout en renforçant sa complexité, et accroîtrait le nombre de travailleurs pauvres et précaires. Car une certaine dose de libéralisation du marché du travail ne peut être envisagée qu’avec l’arrêt de l’immigration et dans le cadre d’un protectionnisme intelligent. Or la droite libérale est fanatiquement immigrationniste et libre-échangiste ... au même titre que la gauche, et finalement pour les mêmes raisons : en finir avec les identités nationales qui sont autant d’obstacles à la suprématie du marché globalisé.

    Non, pour Hollande, il s’agit simplement de manipuler les chiffres du chômage le temps de la campagne électorale. Or celle-ci a débuté, début décembre, le soir même du second tour des élections régionales, qui ont été mauvaises sans être catastrophiques pour la gauche et décevantes pour la droite, tout en confirmant l’isolement du Front National. Comment manipuler les chiffres ? Grâce notamment à l’annonce, ce 18 janvier, d’un énième plan de formation des chômeurs qui, visant 500 000 demandeurs d’emploi, permettra d’inverser artificiellement, au moins jusqu’en mai 2017, d’autant la courbe du chômage. La ficelle est un peu grosse, mais serions-nous toujours en république si l’électeur ne pratiquait pas le vote de l’autruche et ne se laissait pas duper ? C’est ainsi que 2 milliards d’euros vont être dépensés pour subventionner ...jusqu’à la fin de 2017 !, l’embauche dans les TPE-PME, financer un nouveau plan de formation ou encore créer 1000 postes supplémentaires de formateurs pour développer l’apprentissage.

    À un journaliste de Boulevard Voltaire lui demandant, ce 13 janvier, pourquoi, lui, le maire de Béziers, qui avait déclaré ne vouloir se consacrer qu’à sa ville, appelait à un combat national, Robert Ménard a répondu : « Si la France n’était menacée ni par l’immigration ni par l’islamisation, si des millions de Français ne souffraient pas du chômage et de la pauvreté, si nos enfants allaient dans des écoles où on les instruisait plutôt que les préparer à « s’insérer » dans un marché du travail mondial, etc., alors l’essentiel des problèmes qui se posent à un maire, car ils se posent à ses administrés, disparaîtrait. Il existe un lien constant entre l’échelon local et le niveau national. Il n’y a donc pas de rupture mais, au contraire, prolongement de l’action. » Cette réponse résume à elle seule la situation dans laquelle nous nous trouvons. L’état général du pays est le fait de responsables économiques et politiques, plus généralement d’élites qui n’ont plus aucun souci du Bien commun et vendent la France à l’encan : ce qu’il reste de ses trésors industriels — récemment encore Alstom —, l’unité de son peuple, la richesse de sa civilisation et son pacte social millénaire, tout est délibérément sacrifié à des intérêts étrangers à ceux de la nation.

    En ce 21 janvier 2016, que le souvenir du roi-martyr soit une invitation à redoubler d’efforts et de détermination pour imposer à nos concitoyens la conviction que rien n’est perdu si les patriotes savent, par-delà leurs querelles partisanes et, plus encore, leurs luttes d’ego, créer une dynamique nationale rassemblant, sans exclusive aucune ni arrière-pensée boutiquière, tous ceux qui sont convaincus que le temps de la France n’est pas encore révolu. A l’heure où plusieurs nations européennes se réveillent de l’engourdissement mortel dans lequel les a plongées la ciguë de l’idéologie européenne et confient à des gouvernements patriotes le soin d’administrer à leur pays des antidotes puissants, il appartient aux Français de rejoindre ce grand mouvement de libération des peuples, et, pourquoi pas, d’en prendre la tête. 

    L’Action Française 2000  [Editorial]

  • Alain de Benoist : « L’impopularité de Macron ne peut que croître, et le réservoir protestataire devenir explosif »

    Illustration Figaro magazine, 6 octobre 2017 

     

    Par Alain de Benoist

    Dans cet entretien donné à Boulevard Voltaire [6.10] Alain de Benoist livre une exacte et intéressante analyse de la situation politique en France, notamment du côté des partis.  Il se risque par surcroît à prendre un pari : celui selon lequel « l’impopularité de Macron ne peut que croître, et le réservoir protestataire devenir explosif ». Ce pronostic, au moins dans son premier terme, nous semble sans grand risque.   LFAR   

     

    3650118671.7.pngIl est évidemment un peu tôt pour juger l’action d’Emmanuel Macron. Il semble pourtant déployer un peu plus d’habileté politique que ses deux prédécesseurs. Mais est-ce vraiment un exploit ?

    J’avais inventé, il y a quelques années, l’expression de « pensée unique », qui est aujourd’hui reprise partout. Ayant écrit, dès 1977, qu’il fallait penser simultanément ce qu’on avait pensé jusque-là contradictoirement, ce n’est pas moi qui pourrais être choqué par le « en même temps » cher à Macron. Mais encore faut-il savoir ce que recouvre cette expression.

    Au lendemain de primaires qui se sont révélées désastreuses à droite comme à gauche, mais qui ont très bien fonctionné comme révélateur de la crise des partis, Macron a été le seul à faire primer la logique électorale sur la logique « identitaire » parce qu’il était le seul à n’être sûr ni de perdre (comme Hamon) ni de gagner (comme Fillon). C’est ce qui lui a permis de l’emporter avec, au premier tour, moins d’un quart des suffrages exprimés. Dans une démocratie devenue liquide, sinon gazeuse, il a su instrumentaliser à son profit l’épuisement du clivage droite-gauche et l’aspiration au « dégagisme » d’un électorat qui ne supportait plus la vieille classe politique. Il a également compris que l’alternance des deux grands partis ne mettait plus en scène que des différences cosmétiques, et que l’heure était venue de les réunir en un seul.

    Macron est avant tout un contre-populiste. Il reprend à son compte le nouveau clivage « conservateurs » contre « progressistes », mais c’est pour choisir la seconde branche de l’alternative : réunir les partisans de l’« ouverture » (en clair : les bourgeoisies libérales de tous bords) contre les tenants de la « fermeture » (en clair : ceux qui s’opposent, instinctivement ou intellectuellement, à l’idéologie dominante).

    Contrairement à l’hyper-Président Sarkozy et à l’hypo-Président François Hollande, Macron est un homme difficile à cerner. Il a un ego hypertrophié et un tempérament autoritaire, un mental d’adolescent cynique qui rêverait d’un bonapartisme moderniste et libéral. Mais il n’est pas Napoléon, et l’on ignore comment il se comporterait en situation d’urgence. Pour l’instant, il communique plus qu’il ne règne. Il fait des déclarations contradictoires (certaines ne sont pas mauvaises) dans l’espoir de séduire chacun, mais en prenant le risque de décevoir tout le monde. Il ne supporte pas qu’on lui résiste, il n’aime pas les corps intermédiaires, il est insensible aux aspirations populaires, il n’a rien à dire à la France qui va mal. Tout cela n’est pas de bon augure.

    Pour quelles raisons, exactement ? 

    Parce que nous assistons à une autre révolution, sociologique celle-là : c’est la disparition progressive de ces classes moyennes qui n’avaient cessé de grossir à l’époque du compromis fordiste, quand la richesse accumulée en haut de la pyramide sociale finissait par redescendre vers le bas. Aujourd’hui, la pyramide a été remplacée par un sablier : les riches sont toujours plus riches, les pauvres toujours plus pauvres, et les classes moyennes sont en voie de déclassement et de paupérisation. C’est ce qu’observe depuis longtemps Christophe Guilluy : « Le grand sujet caché depuis trente ans, c’est la disparition de la classe moyenne au sens large […] Ce qui explose, c’est la classe moyenne occidentale qui n’est plus intégrée au modèle économique mondialisé […] La loi Travail n’est que la suite d’une longue succession de mesures qui ne visent qu’à dépouiller une classe moyenne qui ne sert plus à rien. » 

    La nouvelle structuration de l’électorat est le reflet de cette dynamique économique et sociale. Le vote Macron en est l’illustration parfaite : il a obtenu ses meilleurs résultats dans les grandes villes mondialisées, à commencer par Paris, où il a aussi bien gagné les suffrages des bobos et des libéraux de gauche que de la bourgeoisie de droite (y compris celle de la Manif pour tous). De même, les électeurs parisiens de Mélenchon se sont en quasi-totalité rabattus sur Macron au second tour, alors qu’ailleurs beaucoup ont préféré s’abstenir (39 %) ou, plus rarement, voter pour Marine Le Pen (14 %). Les retraités, eux aussi, ont massivement voté pour lui – avant de découvrir qu’ils étaient les grands perdants de sa nouvelle politique fiscale…

    Après les ouvriers, les employés et les commerçants, les professions intermédiaires et bientôt les retraités : les classes moyennes sont appelées à rejoindre les classes populaires face à un « monde d’en haut » qui se trouve de plus en plus dans une position de domination de classe, car il a définitivement renoncé à prendre en charge « ceux d’en bas ». C’est aussi pourquoi l’impopularité de Macron ne peut que croître, et le réservoir protestataire devenir explosif. D’autant qu’en période d’insécurité et d’attentats, tout le monde se radicalise.

    L’avenir de La France insoumise ?

    Avec 19,6 % des voix au premier tour, Jean-Luc Mélenchon a réalisé le meilleur score d’un candidat « de gauche » à la présidentielle depuis Georges Marchais en 1981. Par rapport au FN, La France insoumise est beaucoup plus interclassiste et moins populaire. Elle touche bien moins d’ouvriers et d’employés que le Front national (25 et 24 % des voix contre 39 et 30 %), mais beaucoup plus de diplômés des couches moyennes et supérieures (26 % contre 17 %). Elle est aujourd’hui passée en tête chez les jeunes, et réalise des scores deux fois supérieurs à sa moyenne nationale dans la population d’origine immigrée.

    La France insoumise a certainement de l’avenir. Pour l’heure, elle tire un grand bénéfice d’être une force nouvelle. Elle a vampirisé le PS et traite par le mépris les derniers restes du PC. Elle profite de la crise du FN pour se poser comme la seule force d’opposition au macronisme. La grande question, à moyen terme, est de savoir si elle pourra à elle seule occuper l’espace ouvert à gauche par la formation du bloc macronien. Difficile d’en dire plus pour l’instant.  

    Intellectuel, philosophe et politologue

     
     
    Entretien réalisé par Nicolas Gauthier
  • Quelques réflexions sur ce qu'a écrit Théodore Zeldin, sur la Royauté...(2/2)

            De toutes les façons, on pourrait faire une remarque à Théodre Zeldin, qui, certes, semble parler plutôt pour le XXème siècle. C'est que dans son jugement à l'emporte-pièce - un peu à la hache... - il ne prend pas de recul, et qu'il manque de hauteur de vue : dans son absence de perspective historique - mais peut-il l'avoir, dans le cadre étroit d'un article malgré tout assez court ?... - il ne semble pas tenir compte du fait - ou alors il le tient pour rien... - que, historiquement, des trois types de Régime qu'a connu la France - Royauté, République et Empire - le seul qui ait reçu la consécration populaire, si l'on peut dire, sous forme de soulèvement armé en sa faveur est la Royauté....

            Alors que les deux autres Régimes - les deux Empire et les quatre République - ont été bien inacpables de susciter, lors de leur chute respective, une telle adhésion populaire. Et que cela, d'une façon ou d'une autre, signifie quelque chose....

            Nul ne s'est levé pour défendre Napléon III, en 1870, pas plus que Napoléon Premier en 1814 et 1815. Tout au plus la caste militaire (par réflexe corporatiste ?...) s'est-elle ralliée à lui, au moins en partie, lors des Cent jours... On sait ce que cela a donné... Quant aux différentes Républiques, on sait les cris de joie qui ont salués Thermidor et comment s'est passé la fin de la Première; l'indifférence qui a accompagné la fin de la Deuxième; pour la Troisième, le désastre et la fuite éperdue, sans nulle gloire ni dignité, de ses représentants légaux, trop heureux de confier le pouvoir à un vieil homme de quatre vingts ans, afin de fuir plus rapidement pour tâcher d'enfouir leurs responsabilités; enfin, pour la quatrième, le discrédit total, confinant au mépris, dans lequel elle disparut...

            Seule, donc, la Royauté a reçu une marque évidente de soutien populaire, dans une Geste qui, au moment même où les révolutionnaires lançaient leur message qui devait aboutir au Totalitarisme et au premier Génocide des Temps modernes, a lancé au monde l'autre message, celui de la résistance au Totalitarisme, et qui furent bien, ainsi, les premiers résistants du monde (1)....

            Une dernière chose, concernant ce que dit Zeldin de Louis-Philippe - mais qu'on peut étendre à Charles X - presque à la fin de son entretien :

            "...Louis-Philippe a été le roi le plus habile, le plus malin de tous. Roi des français et non de France (2). Admirateur du régime britannique qu'il a pris pour modèle. Il n'a pas été renversé en 1848. Face à l'insurrection il a eu peur. Il a abdiqué et s'est enfui. Comme on dit en Angleterre, "il n'a pas eu les nerfs"; et il a gagné l'Angleterre sous le nom de Mr. Smith..."

            Dit sans tact et sans élégance, ni sans prendre de gant - ce qui est surprenant, pour un britannique... - c'est, hélas, la pure vérité. Et c'est la même chose pour Charles X. Si ces deux rois s'étaient battus, avaient affronté l'émeute, ultra-minoritaire, en s'appuyant sur l'immense masse du pays (3) et sur ces "vingt-six millions de royalistes" dont parle Alain Decaux - il n'est que trop évident qu'ils auraient conservé leur trône. C'est vrai, ils ne se sont pas battus, ils sont partis. Et pourtant, comme le disait Maurras, les fils de Louis-Philippe étaient maîtres absolus des armées de terre et de mer. La république naissante, en 1870, n'aura pas ces scrupules et n'hésitera pas une seconde à écraser la Commune, et ne laissera pas, une nouvelle fois, Paris dicter sa loi à un pays qui n'en voulait pas; elle trouvera d'ailleurs, dans cette fermeté, sa légitimité, comme l'a très bien expliqué Jacques Bainville dans son Histoire de France...

            Alors, faut-il employer les mots de "peur", de "lâches" de "fuite" ? Et cultiver de vains regrets ? Il faut, c'est certain, établir la vérité pour ceux qui croiraient qu'il y avait une marche irrésistible d'une majorité de citoyens pour la République et la Révolution : la masse du peuple français, jusqu'en 1870, était royaliste, et le suffrage universel aurait non seulement sauvé mais consolidé la royauté. Alain Decaux a raison de dire que, s'il l'avait institué, Louis-Philippe aurait fini ses jours en Roi...

             A la décharge de ces souverains, qui méritent donc, certes, ce reproche de n'avoir pas affronté l'émeute, il faut cependant rappeler - comme seule "excuse" - les horreurs qu'ils avaient vécues, et tout ce à quoi, fût-ce de loin, ils avaient assisté durant les années monstrueuses de la Révolution. Le simple mot de Terreur en dit long... Zeldin n'en tient strictement aucun compte, et préfère donc tout mettre - tous échecs confondus - sur le compte, pour les uns, de la stupidité, et pour les autres, de la peur ou de la lacheté. C'est son droit, comme c'est le nôtre de marquer notre réserve, en disant simplement que cette façon de voir les choses est partiale et partielle; et qu'elle constitue un raccourci un peu rapide, certainement injuste, et, au final, éloigné de la réalité vraie des faits....

     

    (1) : Voir à ce sujet notre Album Totalitarisme ou Résistance ? Vendée, "Guerres de Géants"...

    (2) : là, Zeldin joue sur les mots, car, pour ne prendre qu'un seul exemple, il est arrivé à Louis XIV - mais oui, Louis XIV... - de se faire appeler "roi des français" : sur l'inscription qu'il a ordonné de graver sur le Fort Saint Nicolas de Marseille :

    "De peur que la fidèle Marseille, trop souvent en proie aux criminelles agitations de quelques-uns, perdît enfin la ville et le royaume, ou par la fougue des plus hardis, ou par une trop grande passion de la liberté, Louis XIV, roi des Français, a pourvu, en construisant cette citadelle, à la sûreté des grands et du peuple".

    Il faut donc se méfier des formules, et ne pas vouloir leur faire dire trop de choses.....   

  • Louis XVI 2020 (I/II) : TRADITION CONTRE REVOLUTION, LES DEUX MESSAGES...

    Imaginées par les Encyclopédistes, imposées par la brutalité et la fureur sanguinaires des terroristes révolutionnaires, propagées par les Républiques et les Empires en Europe, les idées folles de ceux que Maurras appelait "Les princes des nuées" se sont répandues jusqu'aux extrémités du monde : en Extrême-Orient, en Afrique, dans l'Amérique latine jusqu'au Mexique des Cristeros...

    C'est la Révolution, par son acte fondateur des Totalitarismes modernes que fut le 21 janvier, qui est la mère et la matrice de toutes les horreurs qui suivront, en France, en Europe et dans le monde, et c'est de cela que nous faisons mémoire, chaque 21 janvier.

    Aucun folklore, aucune nostalgie, donc : nous marquons simplement, nous datons l'origine de nos maux, en remontant à la source d'un assassinat qui fut suivi de tant d'autres : la Reine, puis le second roi martyr, l'enfant-roi Louis XVII, puis le Génocide vendéen, les villes françaises martyrisées (Lyon, Toulon, Marseille, les noyades de Nantes...), la folie sanguinaire et destructrice déchaînée partout en France; puis les révolutionnaires du monde entier, héritiers de cette funeste révolution, répandant à leur tour ses horreurs chez eux : Goulag, Lao Gai et Camps de ré-éducation; Guépéou/KGB, Stasi, Securitate, Gardes rouges et Khmers rouges; Lénine/Staline, Mao, Ho Chi Minh, Pol Pot, la monarchie marxiste léniniste des Kim en Corée, Castro...

    Voilà pourquoi, à côté de toutes les manifestations, les Messes qui seront dites à cette occasion le seront, comme chaque année depuis ce sinistre 21 janvier 1793 "pour Louis XVI et toutes les victimes de la Révolution"... : en France, en Europe, dans le monde...

    Une Révolution qui tue, martyrise et opprime encore aujourd'hui...

    LES DEUX MESSAGES

    A partir de 1789, les principes du Totalitarisme furent énoncés, ses bases en furent jetées, et il fut appliqué méthodiquement avec -comme conséquence inévitable- le Génocide, qui en découlait fatalement.

    Au même moment, le principe opposé fut également proclamé : liberté intérieure face à l'oppression d'un pouvoir sans limite qui, ne se reconnaissant aucune autorité supérieure, se révélait vite mille fois plus tyrannique que les antiques oppressions qu'il prétendait abolir.

    Deux messages, antinomiques, contradictoires et irréconciliables, furent donc lancés au monde en France, et par la France, au moment de l'ouverture du grand cycle révolutionnaire...

    TERREUR GUILLOTINE 1.jpgLe 21 janvier 1793 est l'acte fondateur de tous les Totalitarismes modernes et il est à l'origine de toutes les horreurs qui devaient suivre: Staline, Hitler, Mao, Pol Pot...

    Il est également - selon le mot fort juste de Prosper de Barante - "l'évènement le plus terriblement religieux de notre Révolution", car c'est bien une religion nouvelle qu'il veut instaurer, la Nouvelle Religion Républicaine, prétendant effacer toute trace de l'antique religion chrétienne...

    De ce fait, le 21 janvier dure encore aujourd'hui, par ses conséquences désastreuses, qui ont affecté non seulement la France mais toute l'Europe et, aussi, la terre entière..... Il ne s'agit pas d'un fait historique "terminé".

    Il est l'origine du premier crime de masse contre l'Humanité des Temps modernes -des crimes dont on sait qu'ils sont imprescriptibles...

    A l'inverse, le soulèvement vendéen est lui aussi l'acte fondateur de toutes les révoltes modernes contre l'oppression tyrannique d'un Etat sans limites.

    VENDEECoeurVendeen 2 SAINT MALO.jpgEn tant que fait historique donné, avec ses formes extérieures qui appartiennent maintenant à l'Histoire, les Guerres de Vendée, "Guerre de Géants" comme les a qualifiées Napoléon, sont évidemment terminées, et depuis longtemps.

    Mais, en tant que première expression collective du refus de l'oppression, de la défense de la liberté intérieure de la personne, de la Résistance à l'Etat tout-puissant, tyrannique et oppresseur, elles sont un message universel, comme l'a très bien vu et très bien compris Soljenitsyne. Et ce message appartient à l'Histoire en même temps qu'à chaque être humain.

    De ce point de vue - évidemment fondamental - les Guerres de Vendée ne sont pas terminées elles non plus, pas plus que le 21 janvier, leur acte fondateur contraire.

    Les Vendéens, les chouans, ne se soulevaient pas pour imposer l'Etat partout, le Totalitarisme, aux autres habitants de France. Ils n'étaient pas agresseurs, ils étaient agressés. Ils ne souhaitaient pas imposer, ils souhaitaient qu'on ne leur impose pas. Ils se soulevèrent contre l'Etat, pour refuser son intrusion dans la sphère privée, pour l'empêcher d'organiser tout, de réglementer tout, d'installer une loi unique régissant tout et tous, jusques et y compris - et surtout - dans les consciences. Les paysans vendéens, les chouans ne se sentaient pas porteurs d'un modèle parfait qu'ils prétendaient imposer aux autres. Ils demandaient juste que l'Etat ne sorte pas de sa sphère, et ne s'arroge pas le pouvoir sur les consciences. Ils voulaient qu'on les laisse en paix, et qu'on les laisse vivre comme ils l'entendaient.


    VENDEE DRAPEAU ARMEE CER.jpgLes Vendéens - et Louis XVI en refusant la Constitution civile du Clergé et ce qui en découlait - sont bien les premiers résistants de France, et du monde, au Totalitarisme qui pointe à la fin du XVIIIème, et qui va ravager la terre, sous ses diverses formes - diverses mais semblables, au fond - au XXème.

    Les Vendéens ont lutté contre l'Etat totalitaire, en affrontant ceux qui ont lutté pour l'imposer...

    Ce combat de titans entre liberté intérieure et oppression étatique dure encore, le cycle révolutionnaire n'étant pas achevé. Et il durera jusqu'à la fin de ce cycle... Jusque là, pour reprendre le beau titre de la chaîne publique Arte pour l'une de ses émissions, on appellera les Vendéens "Dissidents: les artisans de la liberté..."

    Depuis plus de deux siècles maintenant, les victimes attendent non pas la vengeance, mais la Justice: qu'avec la reconnaissance officielle du Génocide vendéen, il soit mis fin au négationnisme, au révisionnisme, au mémoricide dont se rend coupable le Système actuel, héritier des criminels de guerre de 1793/1794 et du régime totalitaire qu'ils ont imposé à la France...

    lafautearousseau.jpg