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  • SOUTENEZ, PARTICIPEZ ! ACTIVITÉS DES ROYALISTES ET/OU DU PAYS RÉEL DANS TOUTE LA FRANCE...

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    Cette page est ouverte à tous, lafautearousseau se voulant "la maison commune" de tous les royalistes, de toute obédience (RN/CRAF, NAR, GAR, DEXTRA, indépendants/"électrons libres"...)

    Aux deux seules conditions que l'on soit dans la double fidélité à l'école de pensée de l'Action française et à notre Famille de France, à laquelle nous sommes particulièrement attachés...

    Mais elle est aussi ouverte à d'autres groupes, pas forcément royalistes, ou exclusivement royalistes, qui mènent des actions allant dans le sens de la défense du Bien commun : SOS Éducation, le Collectif Némesis / La Cocarde étudiante /Jeunesse, si tu savais-Poussières d'étoiles / Baguette Musette / le Cercle d'Artagnan / Les Chemises blanches / Défendons notre Patrimoine...

     

    Envoyez-nous les annonces et/ou les visuels de réunions de rentrée, Cercles d'études et de formation, Cafés politique/actualité/histoire, manifestations diverses etc...

    • Conférences, Réunions, Cercles de formation, Manifestations diverses... dans la France entière...

     

     

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    Samedi 02 Octobre à 10h, l'Action Française Clermont-Ferrand vous convie à sa Réunion de Rentrée Militante.
    À toi jeune Clermontois qui attend le bon moment pour t'engager politiquement.
    À toi jeune Clermontois qui est à la recherche d'une formation militante et intellectuelle de qualité. Rejoins-nous !
    Camaraderie, sport, conférences, un monde est à ta portée.
    Allier défense de la nation et épanouissement personnel !
    Plus d'informations en MP.

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    Samedi 02 Octobre à 11h, l'Action Française La Rochelle vous convie à sa Réunion de Rentrée

    Local de section (en mp)

    Nous vous attendons nombreux pour les conférences, la visite de la ville, le bilan et le repas /banquet.
    Une participation aux frais de 5 euros sera demandée.
    N'hésitez pas à nous contacter par Facebook ou par mail (inscrits sur le visuel) afin de confirmer ou d'infirmer votre présence parmi nous.
    Et pour que vive la France, vive le Roi

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    Samedi 02 Octobre à 17h, l'Action Française Lyon organise sa Réunion de Rentrée.

    Venez pour nous rejoindre, adhérer ou simplement prendre contact.
    Au programme :
    -Bilan et projets
    -Vente de @librairie_de_flore
    -Buffet
    Informations en MP, inscriptions (places limitées) :

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    Samedi 02 Octobre à 18h30, l'Action Française Le Mans organise sa Réunion de Rentrée.
    Que tu sois militant, sympathisant ou simple curieux, contactes nous pour nous rencontrer et pour venir découvrir nos idées !
    Tu pourras venir prendre connaissance des projets militants prévus pour cette année 2021/2022 tout en passant un bon moment de convivialité !

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    Samedi 02 Octobre à 18h30, l'Action Française Arras et Lille organisent leur Réunion de Rentrée.
    Près de la Bassée
    Inscription en MP ou par mail
    10 euros
    Conférence, présentations et banquet !

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    Samedi 02 Octobre à 19h30, l'Action Française Strasbourg organise sa Réunion de Rentrée.

    Une nouvelle année militante s'annonce et c'est pour cela que nous vous donnons rendez-vous.

    Au programme:
    - Conférence par Jean-Luc Schaffhauser sur la souveraineté divine et la démocratie
    - Présentation des différentes activités de la section
    - Verre de l'amitié, dîner et camaraderie
    N'attends plus, rejoins-nous !
    Plus de renseignements par message privé.

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    Mercredi 06 Octobre à 20h00, l'Action Française Toulon organise sa Réunion de Rentrée.

    Antoine de Crémiers nous présentera une conférence autour de son prochain ouvrage " Regard sur l'actualité et les élections présidentielles ", avec une critique sur le Libéralisme comme il sait si bien la faire.
    Toutes les informations vous seront communiquées par mail toulon@actionfrancaise.net ou en MP

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    Jeudi 07 Octobre à 20h00, l'Action Française Vannes vous convie à son prochain Cercle de Formation dont le thème sera " Introduction aux idées politiques " animée par Erwan Boreau.

    L'Action Française, c'est d'abord de la formation au service de l'action militante !
    Plus d'informations et lien Discord en MP. Faites passer autour de vous !

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    Dimanche 10 Octobre à 18h30,

  • Les enjeux de la bataille d’Afrin

    Offensive d'Afrin

    Par Antoine de Lacoste

     

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    Voilà maintenant plusieurs jours que l’armée turque a lancé son offensive contre l’enclave kurde d’Afrin, au nord-ouest de la Syrie. Les résultats ne sont guère tangibles pour l’instant (hormis la destruction stupide d’un site assyrien vieux de 3000 ans inutilement bombardé…).

    Les pertes semblent faibles des deux côtés et les kurdes ne sont pas encore menacés de perdre leur bastion d’Afrin.

    On sait que c’est l’annonce par Rex Tillerson, le secrétaire d’Etat américain, de la prochaine création d’une milice arabo-kurde (surtout kurde en fait) de 30 000 hommes chargée de garder la frontière turco-syrienne qui a déclenché l’ire turque.

    Il n’est en effet pas question pour Erdogan d’accepter à sa porte une telle force payée par les Américains et proche du PKK, le mouvement séparatiste kurde qui opère en Turquie.

    Afin d’éviter des pertes trop importantes, la Turquie a mis en première ligne les hommes de l’ASL, l’armée syrienne libre, qu’elle finance depuis maintenant plusieurs mois. C’est une évolution intéressante.

    En effet, l’ASL nous a longtemps été présentée comme l’opposition syrienne modérée sur laquelle s’appuyer pour reconstruire la Syrie après le départ de Bachar el Assad. Cette fiction a aujourd’hui disparu surtout depuis la bataille d’Alep. Non seulement cette bataille fut le tournant militaire de la guerre mais en plus elle a mis en lumière les multiples exactions des combattants de l’ASL qui tenaient plusieurs quartiers Est de la ville.

    Lâchée par les Américains (qui préfèrent maintenant les FDS kurdes), laminée par les bombardements russes, l’ASL n’avait plus que la Turquie pour ne pas disparaître tout à fait. Celle-ci l’a donc remise en selle à son profit.

    L’ASL est aujourd’hui composée de Turkmènes (insurgés islamistes ethniquement proche des Turcs), des Frères musulmans syriens (l’idéologie originelle d’Erdogan) et de petits groupes rescapés des programmes d’aide du Pentagone qui rêvait alors de renverser le régime syrien.

    Ce mouvement hétéroclite d’environ 7000 hommes tente donc, avec l’armée turque, de mettre fin à l’autonomie kurde qui prévaut à Afrin depuis 2012.

    Même si, pour l’instant, les Kurdes repoussent sans mal les médiocres assauts turco-ASL, leur inquiétude est cependant réelle : ils ont créé une partition de fait qui a provoqué la colère de la Syrie (qui n’avait guère les moyens de l’empêcher) et refusé la médiation russe ; celle-ci en effet passe par un refus de toute partition du pays, or c’est l’objectif ultimes des Kurdes.

    En fait, ils comptaient fermement sur Washington pour demander à Erdogan de ne pas déclencher son offensive. Mais les Américains, peu soucieux d’envenimer davantage leurs relations avec Erdogan, n’ont rien fait.

    Alors, les autorités kurdes se sont résignées à aller à Canossa et ont demandé à la Syrie « d’assumer ses obligations souveraines, de protéger ses frontières des attaques de l’occupant turc et de déployer ses forces armées pour sécuriser ses frontières dans le secteur d’Afrin » !

    Les kurdes parlant d’obligations souveraines de la Syrie : on croit rêver et l’on se dit qu’il n’y a que l’Orient pour nous offrir des revirements aussi improbables…

    Damas se frotte les mains et attend que les Russes et les Turcs se parlent pour trouver un modus vivendi, ce qui arrivera à un moment ou un autre. Plus que jamais le temps joue en faveur de Bachar.

    Quant aux Américains, ils ont, une fois de plus, démontré aux acteurs du théâtre syrien que leur présence dans ce pays est tout à fait superflue.  

    Retrouvez l'ensemble des chroniques syriennes d'Antoine de Lacoste dans notre catégorie Actualité Monde.

  • Un point d'histoire : le Sandjak d'Alexandrette

    Alexandrette, de nos jours

    Par Antoine de Lacoste 

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    Si l'on regarde attentivement une carte de la Syrie, on s'aperçoit que dans sa partie Nord-Ouest sa frontière avec la Turquie subit un brusque décroché vers le sud. Cela ampute donc une partie non négligeable du territoire syrien au profit de la Turquie.

    Cette enclave turque a une histoire et un nom : le Sandjak d'Alexandrette.

    Il faut remonter au mandat français pour comprendre ce qui s'est passé. Au lendemain de la première guerre mondiale, les alliés confient à la France un mandat pour administrer et développer les territoires de la Syrie et du Liban afin de les amener progressivement à l'indépendance. Les accords Sykes-Picot de 1916 avaient déjà réglé la question de la frontière avec l'Irak dont l'administration est confiée aux Anglais. L'Etat islamique abolira d'ailleurs symboliquement cette frontière en 2015 pour montrer que le califat a une vocation universelle.

    Pour exercer ce mandat, la France nomme en 1920 le général Gouraud Haut Commissaire au Levant (nom englobant la Syrie et le Liban). Le Général Weygand lui succédera en 1923.  Pour composer avec tous, ils vont successivement morceler ce territoire en 6 parties : le Liban (dont il proclame l'indépendance symbolique mais qui ne le sera vraiment qu'en 1943), l'Etat de Damas, l'Etat d'Alep, le Territoire autonome des Alaouites (d'où est issue la famille Assad), le Djebel Druze et le Sandjak d'Alexandrette.

    Le Général Weygand justifiera cette décision dans ses mémoires :"Pourquoi pas un seul Etat dans lequel on eût réservé au Liban un statut ? C'est que les Libanais refusèrent catégoriquement le maintien d'une servitude dont ils avaient souffert dans le passé; que le pays d'Alep, habitué par les débouchés de son commerce à regarder vers le nord ne tenait pas à lier son sort à celui de Damas; qu'enfin les Alaouites exprimèrent sans détour leur volonté de jouir de l'autonomie sous la protection de la France. Il apparut alors plus avantageux de reconnaître ces autonomies."

    Le Sandjak d'Alexandrette relève d'une autre logique, nettement plus discutable : il faut négocier avec les Turcs après qu'ils nous aient repoussés de Cilicie sous l'impulsion de Mustapha Kémal dont l'armée se rapproche alors dangereusement d'Alep. Or une importante minorité turque vit dans ce sandjak (mot qui signifie subdivision administrative) où elle cohabite avec des turqmènes, des arabes sunnites, des alaouites et des chrétiens dont beaucoup d'Arméniens qui ont fui les persécution turques et se sont mis sous la protection de la France.

    La capitale en est Alexandrette (fondée par Alexandre le grand), port important à l'époque, et la ville emblématique Antioche, plusieurs fois détruites au cours de son histoire mais dont le passé romain et chrétien est unique (Saint Luc était originaire d'Antioche). Elle s'appelle aujourd'hui Antakya.

    Mustapha Kémal va tomber amoureux de cette région verte et vallonnée baignée par l'Oronte et veut l'annexer à la Turquie. Pendant des années il va organiser l'implantation de milliers de turcs afin de les rendre majoritaires.

    En 1936, Ankara devient plus pressante. En effet, le nouveau gouvernement français du Front Populaire signe un traité avec la Syrie organisant la marche vers l'indépendance. Paris cède en outre sur deux points essentiels pour les Syriens : les territoires druzes et alaouites feront partie de la future Syrie.

    Les Turcs sont inquiets de l'apparition programmé de ce nouvel Etat et saisissent l'occasion pour exiger une concession sur le Sandjak d'Alexandrette. La France cède, en échange de la neutralité de la Turquie en cas de guerre avec l'Allemagne. Un accord est signé en 1938 et les troupes turques pénètrent aussitôt dans le sandjak. Un referendum est organisé, des milliers de nouveaux électeurs turcs s'installent (de force pour beaucoup d'ailleurs) et le sandjak est officiellement rattaché à la Turquie.

    Pour les Arméniens, un nouvel exode commence et la plupart s'installent au Liban. Les Arabes sunnites s'en vont également pour rejoindre Alep notamment. Seuls restent les Alaouites, car la plupart sont ouvriers agricoles et sont indispensables aux nouveaux dirigeants turcs qui ne les laisseront pas partir.

    C'est ainsi qu'Antioche est devenue turque et ce n'est pas à l'honneur de la France. Pour la Syrie c'est une spoliation qui n'a jamais été acceptée. 

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    La Syrie sous le mandat français

  • Les Syriens et les Russes lancent une offensive dans le Sud de la Syrie.

    Deraa capitale de la province de même nom

     

    Par Antoine de Lacoste

     

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    Depuis la reprise de la Ghouta et du camp de Yarmouk dans la banlieue de Damas, il ne reste plus que deux zones tenues par les islamistes en Syrie : la province d’Idleb, au nord-ouest, et celle de Deraa dans le sud.

    Russes et Syriens se sont mis d’accord pour s’attaquer d’abord à celle de Deraa, moins bien défendue qu’Idleb.

    Deraa est symbolique : c’est dans cette ville (la capitale de la province porte le même nom que la province elle-même) qu’ont démarré les premières émeutes lors des « printemps arabes », en 2011. De timides au départ, les manifestations sont vite devenues insurrectionnelles et islamistes. La maladroite et brutale répression du gouverneur de l’époque n’avait fait qu’envenimer les choses. Il fut d’ailleurs relevé de ses fonctions par la suite.

    Un long ballet diplomatique a précédé cette offensive. Il fallait en effet parler avec les Américains et les Israéliens afin de sonder leurs intentions.

    Les Américains tout d’abord, car Deraa se situe dans une zone de « désescalade », où les combats sont sensés ne pas reprendre. Washington avait alors assuré les insurgés de son soutien en cas d’attaque syrienne. De plus, la base américaine d’al Tanf se situe non loin de là, à l’est.

    La teneur des discussions russo-américaines n’est pas connue à ce jour, mais la conclusion, quant à elle, fut très claire : les Américains ont averti les insurgés qu’il ne fallait pas compter sur leur soutien. Pourquoi ce revirement qui a provoqué la fureur des islamistes condamnés dès lors à la défaite ? L’avenir le dira sans doute mais il n’est pas exclu que la Jordanie ait joué un rôle dans cette affaire.

    Elle est en effet un allié traditionnel de Washington et elle a très mal pris le transfert de l’ambassade américaine de Tel Aviv à Jérusalem, dont, depuis 1948, elle est le gardien des lieux saints musulmans. C’est une humiliation qui n’est pas digérée et qui embarrasse les Américains.

    Par ailleurs le roi Abdallah II souhaite normaliser sa relation avec la Syrie. La reprise de Deraa par l’armée syrienne ne lui déplairait donc pas et on ne peut exclure que les Américains aient voulu faire un geste en direction d’Amann.

    Les conversations avec Israël sont évidemment plus complexes, car le Golan est tout près. Poutine et Netanyahu en ont longuement discuté à Moscou. Il sera intéressant de voir si l’armée syrienne se rapproche du Golan, au risque de se faire bombarder. Ce qui est sûr c’est que les Iraniens ne participeront pas à cette offensive car l’aviation israélienne attaquerait immédiatement.

    Au fond, Netanyahu n’a guère envie de voir l’armée syrienne se réinstaller au pied du Golan, qu’Israël occupe illégalement depuis 1967 et qui appartient en fait à la Syrie. Mais il souhaite conserver de bonnes relations avec la Russie et il sait maintenant que l’insurrection islamiste ne peut plus gagner.

    L’issue militaire de cette offensive ne fait certes aucun doute, mais pour peu qu’Israël n’intervienne pas. Ce serait toutefois un bien dangereux engrenage. 

    Retrouvez l'ensemble des chroniques syriennes d'Antoine de Lacoste dans notre catégorie Actualité Monde.

  • France anti-passe sanitaire : immigration et France périphérique, si on en parlait aussi…, par Frédéric Sirgant.

    Comme tout lecteur de Fernand Braudel, je suis toujours ravi quand je vois décryptés des phénomènes contemporains par le prisme de la longue durée. La fronde vaccinale et la révolte contre le méritaient une telle investigation. 

    2.jpegC’est à cet exercice que s’est livré le politologue en s’appuyant sur les études cartographiques du géographe Emmanuel Vigneron, pour la fondation Jean-Jaurès, une étude publiée par Le Figaro.

    L’enquête a permis d’établir des cartes très précises de la survaccination et de la sous-vaccination, en neutralisant le facteur démographique de l’âge. Ainsi, la carte de la réticence à la vaccination met en valeur « des écarts entre les zones rurales et le cœur des agglomérations, du fait d’une plus ou moins grande proximité aux centres de vaccination » mais aussi « de fortes disparités régionales avec, comme fait majeur, une couverture vaccinale nettement moins élevée dans un grand Sud courant des Pyrénées au sud des Alpes avec une extension dans la vallée de la Garonne ». La France du sud est donc la grande frondeuse, la mauvaise élève de la classe du passe.

    À partir de là, nos auteurs plongent dans l’Histoire de France pour en exhumer les camisards, les maquisards, José Bové, Francis Cabrel et même les cathares ! C’est sympathique et même folklorique. C’est en partie fondé. Mais cela passe à côté de trois phénomènes majeurs liés, pour le coup, à l’histoire récente et non à la longue durée. Et pas seulement les phénomènes des médecines douces et de l’agriculture bio.

    Première erreur, et premier oubli : les limites de la longue durée dans une qui, consciemment ou non, pour le meilleur et souvent pour le pire, s’est coupée de son passé et de ses référents historiques. Les manifestations populaires des samedis choisissent spontanément comme slogans la et la résistance mais, pour la plupart des manifestants, tout l’arrière-plan des luttes historiques, révolutionnaires ou hostiles au pouvoir central restent très lointaines. Cela n’enlève d’ailleurs rien à la pertinence et à la force de leur mouvement. Au contraire. Et, entre parenthèses, cela devrait faire réfléchir ledit pouvoir.

    Deuxième erreur : l’oubli de la France périphérique. Le concept n’apparaît pas dans le texte cosigné par Jérôme Fourquet. Or, c’est bien d’elle qu’il s’agit en grande partie. Expliquer la réticence à la vaccination par l’éloignement des centres de vaccination est réducteur. Si la France périphérique des villages demeure rétive au passe sanitaire, c’est qu’il n’est que la énième contrainte, après les auto-attestations, les couvre-feux, les confinements, le en extérieur, de mesures liberticides et inefficaces sanitairement quand elles ont été imposées d’en haut à des régions, des villages ou des petites villes : une absurdité criante qui n’a toujours pas effleuré Emmanuel Macron, qui devrait davantage se souvenir de sa grand-mère de Bagnères-de-Bigorre.

    Enfin, troisième non-dit de l’étude de la fondation Jean-Jaurès, que nous avions déjà dénoncé ici : l’immigration.

    Le mot, là aussi, est absent de l’article de Jérôme Fourquet. Comme si le sujet était tabou, dans cette affaire de la vaccination. Pourtant, le pouvoir n’hésite pas à s’en prendre très vivement à certains, essentiellement les « Gaulois réfractaires ». Or, si les cartes de la sous-vaccination suivent bien celles du vote populaire, et notamment , et si la contestation populaire des samedis est majoritairement portée par ce courant, ces mêmes cartes sont néanmoins éloquentes et recouvrent deux populations bien distinctes. En effet, quel point commun rassemble l’arc méditerranéen, la vallée de la Garonne, du Rhône, les quartiers nord de Marseille, les de Lyon et la Seine-Saint-Denis ?

    La population rétive à la vaccination est donc autant composée de personnes d’origine immigrée que de Gaulois réfractaires. En revanche, la lutte anti-passe sanitaire est quasi exclusivement portée par la seconde catégorie. Une population elle aussi très variée, mais c’est un autre sujet.

     

    Frédéric Sirgant

    Professeur d'Histoire

    Source : https://www.bvoltaire.fr/

  • Militer pour le Bien commun : un été à Arras, par Robin Vaillant, res­pon­sable de l’AF Arras.

    Les mou­ve­ments sociaux ont connu cet année un point his­to­rique : en pleines grandes vacances, tan­dis que les esprits sont tour­nés vers le soleil (s’il y en eu) et à la plage, des mil­lions de Fran­çais sont des­cen­dus heb­do­ma­dai­re­ment dans les rues du pays en pro­tes­ta­tion contre le passe sani­taire.

    Cette grande mobi­li­sa­tion, qui laisse pré­sa­ger un élar­gis­se­ment du mou­ve­ment en sep­tembre, est une énième colère contre les poli­tiques délé­tères en matière de lutte contre le Covid, et plus lar­ge­ment contre le quin­quen­nat Macron. Et par­tout, comme à l’époque des Gilets jaunes, l’Action fran­çaise a au moins par­ti­ci­pé à ces ras­sem­ble­ments, et au mieux, don­né des dyna­miques locales déci­sives. Mais que font des roya­listes dans ce bourbier ?

    A Arras, dès la pre­mière semaine, nous étions pré­sents en sou­tien du pays réel. Alors, les ras­sem­ble­ments étaient spon­ta­nés, et se carac­té­ri­saient par un agré­gat de petits groupes sur la place de Héros. Rien de consis­tant en somme. Mais dès la semaine sui­vante, ins­pi­rés par nos cama­rades mul­hou­siens, une ban­de­role fut arran­gée, et les gens, ravis que des jeunes donnent leur éner­gie à la cause, se rameu­tèrent der­rière nous, et nous don­nèrent ain­si la tête de cor­tège. Can­ton­nés à une place, la déci­sion a été prise de débor­der et de cham­bou­ler le centre-ville à coups de fumi­gènes et de slo­gans au méga­phone. L’effet fut immé­diat, le mou­ve­ment tri­pla en nombre sept jours plus tard.

    Puis vinrent les articles de la Voix du Nord, nous qua­li­fiant de « mas­cu­li­nistes au crâne rasé et aux vête­ments dis­tinc­tifs ». La gauche, enra­gée d’être relé­guée au second plan, nous accu­sa de nazisme, en élu­cu­brant l’apparition de salut épo­nyme. Bref, nous tenions le groupe, avec l’aval des orga­ni­sa­teurs, devant ména­ger la chèvre et le chou, et la gauche mori­bonde était spo­liée de ses habi­tuelles parades cégé­tistes. Leurs accu­sa­tions n’étaient que le miroir de leur égo blessé.

    Car pour­tant, nous étions comme tout le monde. Des citoyens atteints dans leurs liber­tés, et dési­reux de sou­te­nir une cause juste. Notre pré­sence dans le cor­tège est poli­tique, et non pas polé­mique. Elle n’est pas pro­sé­lyte. Elle n’est pas fon­dée sur des vel­léi­tés élec­to­ra­listes ou publi­ci­taires. Nous ne para­dons pas avec des lys, encore moins avec des signes dis­tinc­tifs d’Action fran­çaise. Nous lut­tons pour le Bien com­mun, et par consé­quent, nous sommes humbles, nous sommes simples, nous sommes altruistes. Les défi­lants de la pre­mière heure nous appré­cient pour cela, bien qu’ils ne soient roya­listes. Nous sommes là tous les same­dis, nous demeu­re­rons pré­sents chaque semaine. Car nous avons le devoir de gar­der jalou­se­ment la tête, pour évi­ter que les mains crasses de la gauche fassent aux mani­fes­ta­tions anti-passe, ce qu’elles firent aux Gilets jaunes, les divi­ser, les détour­ner, les tra­hir. Voi­là ce qu’est un mili­tan­tisme à l’Action fran­çaise, un mili­tan­tisme hon­nête : c’est vou­loir ser­vir, sans se servir.

    Source : https://www.actionfrancaise.net/

  • Délinquance en hausse à la campagne ? Même Le Monde admet l’évidence !, par Nicolas Gauthier.

    Voilà qui ressemblerait à une « fake news », pour reprendre l’actuelle sémantique médiatique, mais ne peut tout à fait en être une, puisque publiée, ce 20 octobre, dans Le Monde, arbitre des élégances démocratiques : « Insultes, dégradations, refus de l’autorité municipale… Pour le maire de Clairac [en Lot-et-Garonne, NDLR] comme pour ceux de communes voisines, l’air du temps a changé, sans qu’ils aient les moyens d’y remédier. »

    6.jpgEt les deux reporters du quotidien vespéral de dresser un assez joli portrait de Michel Pérat, maire divers droite de cette bourgade d’à peine trois mille habitants, façon France d’avant, entre « pruneaux ramenés par les frères bénédictins après les croisades du XIIe siècle » et « abbaye léguée » par ce bon roi Henri IV, histoire de fêter son passage du protestantisme au catholicisme. L’actuelle réalité municipale semble pourtant moins riante. Michel Pérat : « Depuis plus d’un an, “quatre ou cinq” ados “emmerdent” et “pourrissent” le quotidien de Clairac. » Et le même de poursuivre : « À cause de toutes ces incivilités, on en a pour dix mille euros de dommages, rien que pour cette année. » Tiens donc.

    Et comme l’insécurité ne saurait se résumer à ce seul « sentiment d’insécurité » si cher aux hautes sphères du pouvoir, Le Monde nous apprend que l’édile a été violemment frappé par l’un de ces sauvageons qu’il tentait de sermonner. Résultat ? Trois jours d’ITT ; pas mal, pour un adolescent de moins de seize ans. Dans la foulée, Michel Pérat porte plainte, surtout quand les amis de son agresseur menacent de s’en prendre à sa propre fille. L’événement est aussitôt rapporté par la presse locale, ce qui vaut à l’édile près de 300 témoignages de soutien, dont celui du préfet local. Affaire isolée ? Même pas, Le Monde assurant que de telles violences surviennent quotidiennement dans toutes les communes avoisinantes. Mais Le Monde ne serait pas tout à fait Le Monde s’il ne se mélangeait pas un brin les pinceaux entre les propos du maire en question.

    D’un côté, il estime : « Tout a commencé avec le mouvement des gilets jaunes : la crise sanitaire a accéléré les choses. » De l’autre, il dénonce « les loyers payés par la CAF, les parents démissionnaires ». Le portrait type du gilet jaune ou du sceptique quant au passe sanitaire ? Le tout est d’y croire et Le Monde excelle en cet exercice consistant à ne pas piper mot, évidemment, sur le lien possible entre immigration et insécurité qui, l’une comme l’autre, ont pu gagner les « territoires », tels que disent les cuistres.

    Et France Info de révéler, le 30 mars dernier : « Près de 1.300 agressions, menaces ou insultes recensées en 2020 contre des élus, soit trois fois plus qu’en 2019. » Bigre… Et l’Association des maires de France (AMF) de constater : « Le phénomène augmente depuis plusieurs années déjà. »

    Une chance que les pouvoirs publics prennent le problème à bras-le-corps, à en croire cette initiative conjointe de François Baroin, président de l’AMF, et Gérald Darmanin, consistant à inciter les 35.000 maires de France, provinciaux le plus souvent, à s’adresser au GIGN afin de suivre « des modules de formation et apprendre à faire retomber la pression quand ils sont pris à partie ». Et mettre les trublions à l’ombre ? Voilà un concept qui ne paraît pas effleurer nos têtes pensantes.

    Dans le même temps, Le Figaro notait déjà, en janvier dernier : « 8 % de hausse des violences en 2020 dans les zones rurales et périurbaines. Alors que ces mêmes violences ont baissé de plus de 5 % dans les zones urbaines. Rien ne va plus dans la France des campagnes, décidément de moins en moins paisible. »

    On remarquera que dans les grandes villes, personne n’est non plus à l’abri, la très progressiste députée LREM Coralie Dubost et son compagnon ayant été violemment dépouillés, ce mardi dernier, à la sortie d’une restaurant du VIIe arrondissement parisien. Montant du larcin ? Une montre valant 12.000 euros et deux colliers à quasiment 1.000 euros pièces. Insécurité ? Juste un « sentiment », mademoiselle…

     

    Nicolas Gauthier

    Journaliste, écrivain
  • Vous avez dit « entendre » ?

     

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    « Il est décidément bien difficile à un Chef d’Etat élu de ne pas mentir à ses concitoyens.  »

    Il y a des mots, dans une période déterminée et dans des circonstances particulières, qui connaissent une fortune inopinée, une vogue dont ils n'avaient guère joui jusqu'alors. Du moins à ce degré. Nous voulons dire qu'on les emploie soudain à tort et â travers. À tout bout de champ. Au point que, pour qui réfléchit un tant soit peu, leur utilisation politique hors norme devient suspecte. Suspecte d'hypocrisie et de tactique. Les deux, comme il se doit... 

    En l'occurrence le mot dont nous parlons est un verbe. Le verbe entendre, lequel a de multiples sens qui s'étendent et glissent de l'un vers l'autre. Le premier sens tient simplement de l'ouïe, le second de la compréhension, le troisième, à la forme pronominale, de l'entente et même de l'accord. « Je vous entends » : en premier lieu avec mes oreilles, en second lieu avec mon intelligence, ce qui revient à dire « je vous comprends ». « Ils se sont bien entendus » signifie convergence et bonne intelligence ; mais au-delà, « ils se sont entendus » veut dire « ils se sont mis d'accord ». De même que celui qui dirait à quelqu'un d'autre « je vous ai écouté » peut très bien vouloir lui signifier qu'il a suivi ses conseils. De l'ouïe initiale, pure et simple, la langue passe ainsi à l'intelligence, la compréhension, le conseil, l'accord. 

    dbc05ca38ab91b399138dcd937b68ee1c48cb9a9.jpgAvez-vous remarqué que le verbe entendre n'a jamais été aussi prononcé que dans les trois ou quatre mois que nous venons de vivre ? Le président de la République « entendait » la révolte des Gilets jaunes qui, au moins dans leurs commencements, disaient à grand fracas et parfois à haut risque, la colère des Français. Mais le Premier ministre aussi a fini par les « entendre » lui aussi, malgré qu'il en ait très certainement, et les ministres, les porte-parole, les parlementaires et même les journalistes, trop heureux que le tohu-bohu de la rue leur rapporte cet audimat si nécessaire ... tout ce beau monde détesté des Gilets jaunes et de nombre de Français entendait. De façon répétitive et mécanique. Comme lorsqu'on a un tic. Qu'est-ce que cela pouvait bien vouloir dire qui ne fût pas du vent ? 

    L'entendement du Pouvoir, c'est à dire d'Emmanuel Macron,  se résolut à débloquer 10 milliards pour calmer l'émeute après les samedis où Paris avait vécu des heures de guerre civile, où l'on craignit pour la sécurité du Président à l'Elysée, où un ministre dut être discrètement exfiltré de son ministère en compagnie de ses collaborateurs ébahis, où l'effigie du Chef de l'État avait été promenée dans la ville, suspendue à des guillotines virtuelles. Etc. En haut lieu, on répétait incessamment que l'on « entendait ». 

    Sans-doute entendait-on surtout au sens de l'ouïe. Beaucoup moins au sens de la compréhension et pas du tout au sens de l'entente ou de l'accord.  

    Du haut de l'appareil d'État, à vrai dire, l'on avait eu peur, ce qui ne s'était plus vu depuis mai 68 et au-delà depuis mai 58. La crainte avait conduit à entendre à hauteur des 10 milliards de décembre. Mais de compréhension, entente ou empathie, point du tout.  

    http___o.aolcdn.com_hss_storage_midas_97e623f1ef9d42bfa1b146cc2798d5f8_206729355_Macron.JPGCela est si vrai qu'après avoir reconnu compréhensible et même légitime la colère des Gilets jaunes, l'on redevint critique sitôt que leur mouvement eut commencé à faiblir et le soutien des Français à s'effriter. Pour le discréditer, les casseurs, Blacks Blocs et Antifas, les racailles de banlieue, les pillards des cités avaient été laissés libres d'agresser, de casser et de piller. Les Gilets jaunes en porteraient la responsabilité... Les porte-parole et les médias - ce qui revient un peu au même - s'en sont chargés. Le ministre de l'Intérieur - si soucieux d'éviter tout amalgame aux musulmans vivant en France – n’a pas eu ce genre de délicatesse envers les Gilets jaunes. Il a usé contre eux de mauvais stratagèmes. Nécessité fait loi. 

    Qu'est-ce que tout cela signifie ? Sans-doute que lorsque les hautes autorités gouvernementales du régime qui est le nôtre commencent à nous répéter en boucle qu'ils nous entendent, il y a toutes raisons de penser qu'ils se moquent de nous sans vergogne. L’usage intensif et commode de ce verbe polysémique est fait pour tromper, enfumer, mentir. Ce n'est pas d'hier, mais il est décidément bien difficile à un Chef d’Etat élu de ne pas mentir à ses concitoyens.  

    Retrouvez l'ensemble des chroniques En deux mots (117 à ce jour) en cliquant sur le lien suivant ... 
    En deux mots, réflexion sur l'actualité
  • Le vent tourne

    par Louis-Joseph Delanglade 

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    Les choses commencent à bouger. Au moins dans les paroles, ce qui est déjà un signe. Mme Lagarde : « il faut que les bienfaits de la mondialisation soient partagés par tous et non pas par quelques-uns » (F.M.I., mardi 4) : c’est reconnaître que la mondialisation a produit des méfaits. M. Macron : « Aucun pays n'avance s'il n'entend pas aussi cette part de colère légitime de nos peuples » (Sommet européen, jeudi 13) : c’est reconnaître la légitimité de la poussée populiste en Europe. 

    C’est l’heure du désenchantement pour M. Macron. Surnommé « l’Européen », un peu trop vite, après son élection, en raison de l’engagement explicite de vingt-six de ses propositions de campagne ; porté aux nues pour ses discours dans des lieux hautement symboliques (la colline de la Pnyx face à l’Acropole, le Grand Amphithéâtre de la Sorbonne, le parlement de Strasbourg, le Bundestag) ; récompensé enfin par le prix Charlemagne dans la salle du couronnement de l’Hôtel de ville d’Aix-la- Chapelle… M. Macron a(vait) foi en l’Europe de Bruxelles et l’Europe de Bruxelles a(vait) foi en M. Macron. Mais, confronté à la réalité des choses en France même, en l’occurrence la révolte de Gilets jaunes qui dénoncent une situation, dont on sait qu’elle est en grande partie la conséquence de l’européisme militant auquel il s’était rallié, M. Macron doit en rabattre un peu. 

    Un peu ? C’est selon… Quand l’Italie « populiste » - celle de de MM. Conte, Di Maio et Salvini - présente un budget à 2,4% de déficit, elle s’attire les foudres excommunicatrices de la commission de Bruxelles et le mépris d’un M. Moscovici qui, ministre des Finances de François Hollande (jusqu’en mai 14) avait proposé des budgets en déficit d’environ 4% (et, rappelons-le, une augmentation des impôts de 52 milliards d’euros, dont les 2/3 tiers pour - mieux vaudrait dire « contre » - les ménages des classes moyennes). En revanche, quand la France « progressiste » de M. Macron s’apprête, sauf ultime tour de passe-passe technocratique, à franchir sans vergogne la barre des 3% (on parle de 3,4), cela devient pour le même M. Moscovici « envisageable ». Mansuétude suspecte quelles que soient les contorsions justificatrices. 

    Et preuve évidente que l’idéologie est le fondement même de cette Union aux dogmes pourtant chiffrés. C’est pour ne l’avoir pas compris que M. Macron est en situation d’échec. Le Président français était déjà incapable de convaincre ses partenaires dans sa vision régénératrice d’une Union européenne essoufflée. Il comptait, mais ce fut en vain, sur un soutien allemand. Echec « majeur » donc d’une relation franco-allemande qui devait pallier le départ de la Grande-Bretagne et « redonner du sens à la construction européenne ». En effet, l’Allemagne reste essentiellement soucieuse de préserver ses intérêts commerciaux et financiers. Un seul exemple, précis et d'actualité : son refus de taxer au niveau européen les fameux « GAFA » par crainte de mesures de rétorsion états-uniennes qui pénaliseraient ses propres exportations de véhicules automobiles ; Mme Merkel préfère un très hypothétique « impôt minimum mondial » dont on imagine mal qu’il puisse voir le jour. Du coup, sachant que la Grande-Bretagne envisage une taxe dès 2020, des voix s’élèvent en France qui suggèrent des mesures concertées avec Londres qui, à cette date, ne fera plus partie de l’Union : cherchez l’erreur. 

    A six mois des élections européennes, les autres pays s’interrogent avec inquiétude sur la France. Si Berlin reste sur une prudente réserve, la presse d’outre-Rhin, et c’est significatif, critique violemment « le chaos » français et dénonce une « nouvelle Italie » (Die Welt). Voilà donc notre président fortement décrédité. On ne s’en plaindra pas car cela pourrait lui permettre de se recentrer sur la France, de comprendre que l’Europe mérite mieux que sa caricature européiste de Bruxelles et de renoncer à sa vision manichéenne et moralisatrice de deux camps (progressiste et populiste). Sinon, il risque fort de recevoir un nouveau camouflet lors des élections européennes de mai 2019, comme le laisse entendre un tout récent sondage.  

  • Pourquoi l’État islamique est en train de se répandre en Afrique noire, par Nicolas Gauthier.

    La tension vient de monter d’un cran au Mozambique, ancienne colonie portugaise, l’une des nations les plus pauvres au monde, avec la prise de la ville côtière de Palma, ce lundi 29 mars, par Ahlu Sunna wal Jamaa (ASWJA), groupe lié à l’État islamique.

    Au-delà de l’inquiétude légitime, voilà qui pose au moins deux questions.

    2.jpgLa première, c’est qu’en cette région déshéritée, des compagnies telles que le Français Total, l’Italien Eni et l’américain Exxon sont en train d’explorer des gisements gaziers à peu près aussi gigantesques que ceux du Qatar. Ce qui, vu ces enjeux économiques et stratégiques pour les décennies à venir, tombe plus que mal, sachant que cette nation, aux frontières issues de la portugaise et découpées en dépit du bon sens, oblige à faire cohabiter plusieurs ethnies rivales, certaines musulmanes, d’autres chrétiennes : entre 20 % et 40 % pour les unes, le reste pour les autres.

    La seconde, c’est que l’on ne récolte jamais que ce que l’on a semé. Ainsi, lors de l’invasion de l’ par les Soviétiques, en 1979, les Américains estiment pertinent de remettre à l’honneur un concept théologique depuis longtemps tombé en désuétude : l’islamisme de combat, soit le « petit djihad », d’ordre militaire, à ne pas confondre avec le « grand djihad », relevant du domaine spirituel, mais concept qui, avec les pétrodollars de l’, a fini par redevenir d’actualité. Et c’est ainsi qu’au nom de la lutte anticommuniste furent créées des générations de desperados sans frontières. Ce grand « rêve » que les gauchistes tiers-mondistes n’ont su accomplir au siècle dernier – le Che promettant d’allumer des locaux avant le grand anti-impérialiste –, les islamistes sont en train de le réaliser au-delà de toute espérance. Quelle ironie…

    Ces réflexes issus de la guerre froide persistent encore, le méchant islamiste ayant pris la place, dans les opinions publiques occidentales, de l’affreux bolchevique. Une conception manichéenne de l’ qui n’est pas forcément la meilleure manière d’appréhender la marche du vaste monde. Car la véritable question se niche ailleurs : comment expliquer pourquoi des peuplades, même musulmanes de et plutôt paisibles de nature, versent tout à coup dans l’islamisme de combat. Il y a, certes, le gigantesque enjeu gazier, mais ce sont aussi les incidences d’un capitalisme mondialisé qu’il convient de prendre en compte.

    Ainsi, le site Observatoire des multinationales nous explique que, là-bas, ces mêmes multinationales plus haut citées ont fait en sorte, afin de forer large et profond, que les pêcheurs soient relégués à l’intérieur des terres, au même titre que les paysans du cru, leur interdisant ainsi tout moyen de subsistance. Certes, les grands chantiers à venir pouvaient être promesses d’emplois pour les Mozambicains. Sauf que la majeure partie des postes qualifiés se trouve réservée aux cadres européens ou à l’oligarchie locale.

    Résultat ? Le petit peuple des pêcheurs et des paysans a faim. Le seul espoir de ne pas finir entassé dans un bidonville ? Rejoindre les rangs de Daech, organisation qui, elle au moins, paye généreusement chaque fin de mois. Certains de nos lecteurs qualifieront éventuellement L’Observatoire des multinationales d’organisation de « gauche », ce qui n’est pas faux. Il est, en revanche, plus intéressant de constater qu’un Éric Zemmour et un Éric de Riedmatten, son comparse en matière économique sur le plateau de « Face à l’info » sur CNews, aient pu souvent développer les mêmes conclusions.

    L’islamisme est certes un péril pour l’ noire, mais le mondialisme est loin de faire figure de bénédiction. En attendant, les autochtones pleurent sur un lait versé par d’autres qu’eux.

     

    Nicolas Gauthier

    Journaliste, écrivain
  • Covid : il faut recentrer le discours sur l’essentiel, par Dr. Jacques Michel Lacroix.

    Depuis le début de l’épidémie, les nous abreuvent d’opinions, de données, de courbes et de statistiques sur l’état de la pandémie, et chacun y va de son discours pour, en réalité, la plupart du temps, défendre ses propres intérêts ou ceux de sa corporation sans pour autant faire avancer la discussion. À quelques mois d’intervalle, on peut comparer les discours des intervenants, rien n’a changé.

    17.jpegCette épidémie est, certes, dangereuse et peut être mortelle, mais le pourcentage de morts se situe un peu en dessous de 1 %. On est très loin (et heureusement) des pourcentages de morts d’autres épidémies ou d’autres pathologies mais, en matière de comme dans beaucoup d’autres domaines, à force de discourir, on oublie la finalité de la discussion, on palabre sur l’écume des vagues et non sur la puissance de la houle.

    Face à cette épidémie, les deux critères les plus importants qui devraient faire l’objet de discussions sont : la dangerosité de l’épidémie pour notre , sa létalité et ses conséquences sociales et économiques, et les moyens d’y faire face en étudiant toutes les possibilités thérapeutiques et humaines disponibles.

    Hélas, depuis le début, on ne considère comme possibilité thérapeutique que les possibilités offertes par l’hospitalisation publique qui, évidemment, s’est vite vue débordée par la vague de malades, sachant que, depuis trente ans, on réduit drastiquement le nombre de lits afin de gérer l’hospitalisation publique comme en gérerait n’importe quel secteur industriel (mais ici, le produit, c’est l’humain et il est inadmissible de le traiter à flux tendu). L’administration, dans ses communiqués, n’évoque jamais les possibilités de traitement par la médecine de ville et les journalistes se référant au discours officiel n’en parlent que très rarement.

    Les discussions portent donc uniquement sur le nombre de malades et les possibilités d’absorption par des services hospitaliers réduits, pour cause de rentabilité, à la portion congrue. On essaie d’adapter la maladie aux possibilités de traitement plutôt que d’adapter nos possibilités thérapeutiques à cette épidémie. C’est un peu comme si les , ne disposant d’une grande échelle ne pouvant atteindre que le 3e étage, on interdisait les incendies à partir du 4e étage!

    De plus, pour les autorités, le salut ne peut venir que d’un remède miracle que l’industrie mettrait à notre disposition (à des prix défiant toute concurrence) et toute autre possibilité thérapeutique est immédiatement récusée, voire accusée de charlatanisme.

    Alors, en l’absence de produit miracle, il reste la vaccination. On ne peut qu’être d’accord pour considérer que la vaccination est le meilleur moyen pour endiguer une épidémie, mais l’élaboration des vaccins ayant été faite en urgence, les procédures habituelles d’expérimentation avant la mise sur le marché n’ont pu être effectuées dans des conditions normales, nous sommes encore en phase expérimentale, il est donc parfaitement logique qu’il y ait des effets secondaires qui n’avaient pu être prévus auparavant.

    À l’échelon individuel, nous avons donc le choix, aujourd’hui, entre courir le risque d’attraper une maladie potentiellement grave et parfois mortelle ou se vacciner et accepter le risque d’effets secondaires sans doute rares mais mal connus pour l’instant.

    À l’échelon de la société, le rapport bénéfice/risque est très en faveur de la vaccination, on ne peut donc que l’encourager, surtout si on refuse de remettre en cause la sanitaire qui nous a conduits à la situation dans laquelle nous sommes actuellement, sans parler de la puissance des lobbies économiques qui influent sur les décisions.

    Il serait d’urgent de recentrer le discours sur les données de base et éviter de discourir sur le sexe des anges.

     

    Dr. Jacques Michel Lacroix

    Médecin
    Médecin urgentiste et généraliste
  • Halte au sketch : le vrai scandale n’est pas le rosé, l’office de Pâques ni les pas de danse…, par Gabrielle Cluzel.

    À chaque jour, son lot de scandales baroques et dérisoires. Avant-hier, sur la plage de La Grande-Motte, c’était des gendarmes – on en compte une dizaine sur la photo qui a circulé sur les – apparemment armés jusqu’aux dents, qui sont venus arrêter une famille, assise sur la plage, s’apprêtant à boire du rosé. 

    gabrielle cluzel.jpegSelon la presse locale, ils venaient de la ville voisine de Lunel… celle que l’on nommait, il n’y a pas si longtemps, Djihad City, eu égard à son nombre impressionnant d’administrés partis en . Il est vrai qu’on lit, ici et là, que le nouveau maire travaillerait à lui refaire une nouvelle virginité. On imagine néanmoins, Madame Claude ne se transformant pas aisément en rosier de Madame Husson, que la gendarmerie locale – et même si personne ne lui jette la pierre, après tout, elle ne fait qu’obéir aux ordres – serait plus utile à traquer les islamistes que les buveurs de rosé qui, par définition, ne sauraient l’être.

    Notons que les promeneurs en goguette ont écopé de la coquette amende de 405 €. À ce tarif-là, à la piquette sur un coin de serviette plein de sable, ils auraient dû préférer un dîner à Chala table de Pierre-Jean lençon. Avec l’insigne avantage que ce Restogate n’étant qu’un vaste poisson (sauce meunière) d’avril, ils ne se seraient, en sus, pas fait pincer.

    Aujourd’hui, c’est une vigile pascale sans « gestes barrières » suffisants qui déclenche l’ouverture d’une enquête. Le frère d’un des nouveaux baptisés – qui a préféré changer de nom, c’est plus prudent, les catholiques sont si violents – l’a dénoncée avec indignation. Je ne crois être ni « masquophobe » (on s’y plie bien, bon gré mal gré, dans les supermarchés, pourquoi pas dans les églises ; dans quel catéchisme est-il écrit qu’en porter est un péché ?) ni « masquolâtre » (permettez à mon esprit lent d’avoir du mal à changer de cap à 180° : il y a à peine un an, il était non seulement inutile mais nuisible et, à présent, il faudrait, comme ses sous-vêtements, l’enfiler le matin et ne jamais s’en séparer en public sous peine de susciter le scandale et la réprobation des ligues de vertu). Mais on ne m’empêchera pas de penser que se rendre à l’invitation de son frère à une fête – qu’elle s’appelle d’ailleurs baptême, bar-mitzvah ou soirée échangiste -, goûter aux petits fours et au champagne pour, le lendemain, en guise de remerciement, doucher sa joie en crachant sur l’assistance – au sens figuré, car attention, ces gens-là sont très respectueux des gestes barrière – n’est pas une façon de faire très élégante.

    Filmer à leur insu dans l’obscurité, depuis l’immeuble d’en face, deux ou trois obscurs inconnus en costume-cravate esquissant quelques pas de danse au ministère de l’Enseignement par la lucarne éclairée et poster en justicier cette preuve accablante sur les réseaux sociaux, non plus. Comme si le scandale était dans ces gestes de sociabilité, même relâchés. Comme s’il fallait à tout prix faire porter la responsabilité de cette sanitaire à des Français pourtant la plupart du temps extrêmement dociles et disciplinés, et pas dans sa gestion ubuesque et erratique par le gouvernement depuis plus d’un an.

     

    Gabrielle Cluzel

    Ecrivain, journaliste
  • La Rochelle : les quatre martyrs oubliés de la Révolution française, par Thomas Brosset.

    La salle du corps de garde de La Rochelle (au premier plan, porte rouge), tour de la Chaîne, où eut lieu le massacre. © Crédit photo : Xavier Léoty

    HISTOIRE - Le 21 mars 1793, quatre hommes d’Église réfractaires à la Révolution étaient arrêtés et conduits à La Rochelle. Ils devaient être débarqués pour l’île de Ré quand les émeutiers, avec à leur tête Darbelet, les ont massacrés. Cet article a été publié le 10 octobre 2012 dans nos colonnes.

    On connaissait les prêtres réfractaires de l’île Madame, ceux du couvent des Carmes à Paris, tous « bienheureux martyrs » des sans-culottes. Mais on ignorait que La Rochelle avait également payé son écot au bain de sang révolutionnaire. Reprenant les données d’un ouvrage de l’avocat Claudy Valin paru en 1992 (1), Rodolphe Huguet, guide dans les tours de La Rochelle et passionné d’histoire, s’est replongé dans cet épisode pour le moins barbare du passé rochelais pour le raconter, en 2012, dans le bulletin de l’« Association des bienheureux martyrs de 1792 », créée par les familles des victimes afin de perpétuer leur mémoire.

    Procédure judiciaire

    Et il n’épargne aucun détail dans sa relation des faits commis à la tour de la Chaîne il y a 228 ans : « Sans protection, les prêtres sont alors massacrés et coupés en morceaux par les émeutiers qui se partagent des lambeaux de chair humaine. Les têtes des prisonniers sont promenées au bout de fourches. Les corps mutilés sont traînés dans les rues de la ville, derrière une charrette. Un dénommé Albert récupère deux des têtes pour les mettre à fumer dans sa cheminée… »

    Les quatre hommes d’Église ainsi transformés en vulgaire viande le 21 mars 1793 (six mois après les exécutions du couvent des Carmes) s’appellent Charles Cornuault, Jean-Michel Ogeard, Christophe Violleau et Louis Hulé. Réfractaires à la Révolution, ils ont été arrêtés, conduits à La Rochelle, et devaient être embarqués pour l’île de Ré quand les émeutiers, menés par un ultra du nom de Darbelet, ont forcé leur escorte. C’est dans le corps de garde de la tour de la Chaîne qu’ils ont finalement été tués avec la délicatesse décrite plus haut.

    Le lendemain, le même Darbelet est à la tête d’un nouvel attroupement à l’arrivée d’un bateau avec trois autres prêtres. Deux subissent le même sort que ceux de la veille, les pères Dauche et Vergé. Leurs corps sont découpés en morceaux et exposés sur le quai.

     

    « Dans les tours de La Rochelle, on ne parle jamais de cet épisode. »

     

    Deux ans plus tard, une procédure judiciaire est engagée contre les émeutiers. Mais une loi d’amnistie les absout, à l’exception de Darbelet, qui est condamné à dix ans de prison. Il effectuera onze mois. Quant aux six prêtres lapidés, s’ils ne furent pas canonisés, leur mémoire a été honorée avec ferveur dimanche dernier et pour la première fois au monastère Saint-Joseph-des-Carmes de Paris, au même titre que tous les autres « bienheureux martyrs ».

    « Dans les tours de La Rochelle, on ne parle jamais de cet épisode. C’est pourquoi j’ai voulu le ressortir du placard aux oublis. À la suite de l’article que j’ai publié dans leur bulletin, les responsables de l’Association des bienheureux martyrs de 1792 ont décidé de venir faire un pèlerinage à La Rochelle. Sans doute au printemps 2013 », expliquait Rodolphe Huguet en 2012. Pour faire poser une plaque dans la tour de la Chaîne ? L’idée est dans l’air.

    L’histoire de La Rochelle n’en finit pas d’être redécouverte.

    (1) « Autopsie d’un massacre. Les journées des 21 et 22 mars 1793 à La Rochelle », 1992, éditions Bordessoules.

    Source : https://www.sudouest.fr/

  • Livre : La Fin d’un monde, de Patrick Buisson, par Aristide Leucate.

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    1960-1975. Les années du grand tournant, le vrai « Grand Remplacement », selon Patrick Buisson, celui d’Homo Sacer par Homo Consumens. En un peu plus d’une décennie, tous les artisans de la – progressistes de tout poil, curés défroqués, féministes post-marxistes adeptes de la « French Theory », etc. – se sont consciencieusement évertués, pierre après pierre, à desceller, démanteler, désosser le lourd et majestueux édifice des mœurs, des croyances, des coutumes patiemment élevé par nos aïeux, depuis les premières lueurs de la civilisation. 

    2.jpgQuinze années décisives, « quinze piteuses », qui éclairent rétrospectivement notre actuelle chienlit hypermoderne.

    Nous devons savoir infiniment gré à Patrick Buisson, chaussé de ses lunettes d’historien et de sociologue, d’avoir pris le temps de disséquer et dépecer cette ère si courte mais, ô combien !, dense et dévastatrice au cours de laquelle la modernité, traduction philosophique du capitalisme devenu consumériste, a opéré, non pas une transmutation nietzschéenne des valeurs, mais bien leur inversion, sinon leur permutation. Pour Buisson, il ne fait aucun doute que nous sommes entrés dans une ère de décadence dès l’instant que tout a concouru à la destruction méthodique de toute culture populaire.

    Cela a, en effet, commencé par le concile II qui allait désorganiser, désordonner, désarticuler tout un écosystème anthropologique occidental aux équilibres subtils, en s’en prenant aux murs porteurs qu’étaient l’Eglise, ses rites, ses piétés multiples, ses dévots, ses fidèles, ses servants, ses anges, ses saints, sa hiérophanie, bref tout ce qui faisait, depuis des siècles, la trame épaisse et complexe de nos us, de nos coutumes, de notre culture, de notre art de vivre, de notre littérature, de notre architecture, de notre « weltanschauung ».

    Pour la première fois dans l’histoire de l’Eglise et de la chrétienté, occidental allait être exfiltré de la religion de ses pères dans un mouvement de submersion absolue que Buisson qualifie, en reprenant le mot du sociologue François-André Isambert, d’« exchristianisation », réalisant ce que Bernanos fustigeait comme étant la « conspiration universelle contre toute espèce de vie intérieure ».

    Cet effondrement conciliaire de l’Église des humbles, mêlée de paganisme, de ritualisme festif, de fidéisme sentimentaliste, au prétexte de revenir aux sources originelles du christianisme primitif supposément plus pur, allait progressivement vider les églises, leurs troncs et leurs confessionnaux, tandis qu’une néo-prêtrise bourgeoise et intellectualisante, en habit de ville, narcissique et infatuée, descendra de sa chaire pour supplanter Dieu au milieu de brebis égarées tout d’abord, qui s’égailleront ensuite.

    Ces murs porteurs une fois mis à bas, les fondations civilisationnelles devaient inexorablement commencer à se lézarder, jusqu’à laisser place à d’incoercibles béances. Puisque Dieu le Père Tout-Puissant avait chu, c’était au tour du pater familias et, avec lui, du principe d’autorité de déchoir. Buisson rappelle opportunément le lien indissociable qui unissait, de toute éternité, l’autorité du père à celle du Ciel, le « patriarcat » au « monothéisme ». La chute du père devait s’accompagner, sous les coups de boutoirs d’un féminisme radical et militant, d’un vaste mouvement de dévirilisation des valeurs attachées à la masculinité, tandis que la féminisation des mœurs recouvrait la de son long manteau d’émollience et d’hédonisme, consacrant l’assomption de « l’homme mou » et la « débandade de l’homme blanc ».

    De manière convaincante, Buisson, foin de toute provocation, dresse un implacable constat , sociétal, moral, intellectuel et spirituel de notre décivilisation en cours et donne les clés de compréhension d’un monde qui s’ébroue dans une horizontalité existentielle où le nihilisme et le matérialisme se sont substitués à la sacralité substantielle, verticale et transcendante des anciens.

    NDLR On reverra le long entretien que Patrick Buisson a donné à Boulevard à l’occasion de la sortie de son livre La fin d’un monde.


    La Fin d'un monde: Une histoire de la révolution petite-bourgeoise (Français) Broché – 5 mai 2021

     

     

    Aristide Leucate

    Docteur en droit, journaliste et essayiste
  • UNE CURE D’ALTITUDE MENTALE AVEC MARCEL PROUST, la chronique de Stéphane Blanchonnet (LBC).

    Nul n’ignore à l’AF, le ju­ge­ment élo­gieux por­té par Proust en 1920 sur L’Action Fran­çaise quo­ti­dienne, l’ancêtre de notre Bien com­mun : « Ne pou­vant plus lire qu’un jour­nal, je lis, au lieu de ceux d’autrefois, L’Action fran­çaise […] dans quel autre jour­nal le por­tique est­-il déco­ré à fresque par Saint Simon lui-même, j’entends par Léon Dau­det ? 

    Stéphane Blanchonnet.pngPlus loin, ver­ti­cale, unique en son cris­tal infran­gible, me conduit infailli­ble­ment à tra­vers le désert de la poli­tique exté­rieure, la colonne lumi­neuse de Bain­ville. Que Maur­ras, qui semble déte­nir aujourd’hui le record de la hau­teur, donne sur Lamar­tine une indi­ca­tion géniale, et c’est pour nous, mieux qu’une pro­me­nade en avion, une cure d’altitude men­tale. » (Contre Sainte-­Beuve, Pas­tiches et Mélanges, Essais et articles, Paris, Gal­li­mard, Biblio­thèque de la Pléiade, 1971).

    Je vou­drais aujourd’hui inver­ser les rôles et invi­ter nos lec­teurs à prendre chaque jour leur cure d’al­titude men­tale à la lec­ture des dif­fé­rents tomes d’À la Recherche du temps per­du. Quel plus sublime moyen en effet pour un Fran­çais du XXIe de retrou­ver la France d’avant le Grand rem­pla­ce­ment, la France d’avant la Grande décul­tu­ra­tion et, par­ des­sus tout, la langue fran­çaise dans la per­fec­tion de sa forme, avant la débâcle orthogra­phique et la bar­ba­rie inclu­sive ? L’œuvre de Proust nous appa­raît de plus en plus comme une arche immense sur laquelle tous les tré­sors de la fran­ci­té ont été dépo­sés en pré­vi­sion d’un déluge immi­nent. Tous les usages, popu­laires ou mon­dains, toutes les hié­rar­chies, sociales ou cultu­relles, tous les raf­fi­ne­ments, de la langue, du cœur ou de l’art, qui firent le fond de la civi­li­sa­tion fran­çaise pen­dant des siècles, ont trou­vé asile dans les mil­liers de pages de cette cathé­drale de mots.

    La réfé­rence aux concepts de Renaud Camus, à la « Grande décul­tu­ra­tion » en par­ti­cu­lier, dans le para­graphe pré­cé­dent n’a bien sûr rien d’acciden­tel. Proust, par la méti­cu­lo­si­té de son verbe, par la finesse de ses juge­ments moraux et esthé­tiques, par l’enracinement de son œuvre dans la France éter­nelle, incarne pré­ci­sé­ment ce qui se perd au­jourd’hui sous l’effet conju­gué de l’effondrement du niveau sco­laire et de l’effacement de tous les repères his­to­riques et de toutes les trans­mis­sions. Parce que l’œuvre de Proust est comme le sym­bole, – le résu­mé –, de ce que signi­fiait, dans l’an­cien régime du sens, la culture, elle consti­tue le meilleur anti­dote à la can­cel culture.

    Source : https://www.actionfrancaise.net/