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Délinquance en hausse à la campagne ? Même Le Monde admet l’évidence !, par Nicolas Gauthier.

Voilà qui ressemblerait à une « fake news », pour reprendre l’actuelle sémantique médiatique, mais ne peut tout à fait en être une, puisque publiée, ce 20 octobre, dans Le Monde, arbitre des élégances démocratiques : « Insultes, dégradations, refus de l’autorité municipale… Pour le maire de Clairac [en Lot-et-Garonne, NDLR] comme pour ceux de communes voisines, l’air du temps a changé, sans qu’ils aient les moyens d’y remédier. »

6.jpgEt les deux reporters du quotidien vespéral de dresser un assez joli portrait de Michel Pérat, maire divers droite de cette bourgade d’à peine trois mille habitants, façon France d’avant, entre « pruneaux ramenés par les frères bénédictins après les croisades du XIIe siècle » et « abbaye léguée » par ce bon roi Henri IV, histoire de fêter son passage du protestantisme au catholicisme. L’actuelle réalité municipale semble pourtant moins riante. Michel Pérat : « Depuis plus d’un an, “quatre ou cinq” ados “emmerdent” et “pourrissent” le quotidien de Clairac. » Et le même de poursuivre : « À cause de toutes ces incivilités, on en a pour dix mille euros de dommages, rien que pour cette année. » Tiens donc.

Et comme l’insécurité ne saurait se résumer à ce seul « sentiment d’insécurité » si cher aux hautes sphères du pouvoir, Le Monde nous apprend que l’édile a été violemment frappé par l’un de ces sauvageons qu’il tentait de sermonner. Résultat ? Trois jours d’ITT ; pas mal, pour un adolescent de moins de seize ans. Dans la foulée, Michel Pérat porte plainte, surtout quand les amis de son agresseur menacent de s’en prendre à sa propre fille. L’événement est aussitôt rapporté par la presse locale, ce qui vaut à l’édile près de 300 témoignages de soutien, dont celui du préfet local. Affaire isolée ? Même pas, Le Monde assurant que de telles violences surviennent quotidiennement dans toutes les communes avoisinantes. Mais Le Monde ne serait pas tout à fait Le Monde s’il ne se mélangeait pas un brin les pinceaux entre les propos du maire en question.

D’un côté, il estime : « Tout a commencé avec le mouvement des gilets jaunes : la crise sanitaire a accéléré les choses. » De l’autre, il dénonce « les loyers payés par la CAF, les parents démissionnaires ». Le portrait type du gilet jaune ou du sceptique quant au passe sanitaire ? Le tout est d’y croire et Le Monde excelle en cet exercice consistant à ne pas piper mot, évidemment, sur le lien possible entre immigration et insécurité qui, l’une comme l’autre, ont pu gagner les « territoires », tels que disent les cuistres.

Et France Info de révéler, le 30 mars dernier : « Près de 1.300 agressions, menaces ou insultes recensées en 2020 contre des élus, soit trois fois plus qu’en 2019. » Bigre… Et l’Association des maires de France (AMF) de constater : « Le phénomène augmente depuis plusieurs années déjà. »

Une chance que les pouvoirs publics prennent le problème à bras-le-corps, à en croire cette initiative conjointe de François Baroin, président de l’AMF, et Gérald Darmanin, consistant à inciter les 35.000 maires de France, provinciaux le plus souvent, à s’adresser au GIGN afin de suivre « des modules de formation et apprendre à faire retomber la pression quand ils sont pris à partie ». Et mettre les trublions à l’ombre ? Voilà un concept qui ne paraît pas effleurer nos têtes pensantes.

Dans le même temps, Le Figaro notait déjà, en janvier dernier : « 8 % de hausse des violences en 2020 dans les zones rurales et périurbaines. Alors que ces mêmes violences ont baissé de plus de 5 % dans les zones urbaines. Rien ne va plus dans la France des campagnes, décidément de moins en moins paisible. »

On remarquera que dans les grandes villes, personne n’est non plus à l’abri, la très progressiste députée LREM Coralie Dubost et son compagnon ayant été violemment dépouillés, ce mardi dernier, à la sortie d’une restaurant du VIIe arrondissement parisien. Montant du larcin ? Une montre valant 12.000 euros et deux colliers à quasiment 1.000 euros pièces. Insécurité ? Juste un « sentiment », mademoiselle…

 

Nicolas Gauthier

Journaliste, écrivain

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