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  • NOTRE FEUILLETON ESTIVAL : UN ETE AVEC JACQUES BAINVILLE...

    Illustration : La tombe de Rousseau, transportée au Panthéon le 11 octobre 1794, malgré les protestations du marquis de Girardin, chez qui Rousseau fut d'abord enterré. 

    Il est significatif et révélateur, ce fait que les Révolutionnaires, pères fondateurs de l'idéologie de la Nouvelle religion républicaine, aient souhaité ce transfert : il veut bien dire quelque chose, "quelque part", comme on dit aujourd'hui dans le jargon.... 

    En 1812, pour le centenaire de la naissance de Rousseau, aucune commémoration officielle n'eut lieu : Napoléon avait bien d'autres chats à fouetter, il partait attaquer la Russie, c'était pour lui le commencement de la fin...

    Par contre, son bicentenaire fut célébré très officiellement en 1912, par une République encore mal assurée : cette célébration souleva d'ailleurs une tempête de protestations, comme le discours "anti-Rousseau" de Barrès à la Chambre : "profondément imbécile" (pour le Contrat social) et "demi-fou" (pour Jean-Jacques), Barrès n'y était pas allé de main morte !... Comme Jules Lemaître qui, peu auparavant, en 1907, écrivait : "(Rousseau) qui, semble-t-il, ne savait pas bien ce qu'il écrivait..". Sans parler bien sûr de "Charles" (Maurras) et son "misérable Rousseau"...

    Et puis, en 2012, pour le tricentenaire : rien....

    A partir du vendredi 19 juillet, et jusqu'à la fin du mois d'août, nous vous proposerons de découvrir, ou de mieux connaître, mais aussi de faire découvrir à d'autres (par le jeu des partages) l'immense Jacques Bainville, par le biais d'une photo quotidienne tirée de notre "Album Jacques Bainville" (lafautearousseau vous propose également un "Album Léon Daudet" et un "Album Charles Maurras").

     

     

    Aujourd'hui : 9. Encore Jean-Jacques Rousseau

     

    A table, l'autre soir, on parlait de Rousseau. C'est l'homme du jour et il est de moins en moins probable que la fête de son bi-centenaire soit très heureuse pour sa mémoire. Chaque fois qu'une affreuse curiosité ramène la pensée sur Jean-Jacques, c'est pour découvrir chez lui un peu plus d'ignominie. Et pourtant, ce livre monstrueux, ce musée des horreurs qui s'appelle les Confessions, ce n'est pas un livre que le dégoût fasse refermer. Jean-Jacques a beau être, selon le mot d'un personnage de M. Anatole France, un "plat coquin", l'ouvrage où il s'est déshabillé et mortifié en public, ouvrage écoeurant, révoltant même si l'on veut, n'a pas la moindre platitude. Le sortilège de l'art le soutient et plusieurs de ces épisodes (celui du gué, celui des cerises, celui de la courtisane vénitienne) resteront parmi les choses célèbres de la littérature de tous les temps, en dépit de leur fausse innocence ou de leur troublante impureté.

    C'était un très grand, un très puissant écrivain que Jean-Jacques. Quel critique a dit que sa période, pour l'ampleur, n'avait d'égale que celle de Bossuet ? Il est certain que son action n'a été si profonde qu'en raison du charme de sa voix. 

    Je ne sais comment l'on peut soutenir quelquefois que le peuple français n'est pas un peuple artiste, car il faut que, vraies ou fausses, les idées lui soient présentées d'une certaine manière pour entraîner son adhésion. Il y a un génie littéraire à l'origine de toutes les révolutions de notre pays, et jamais l'ignoble et barbare philosophie de Rousseau, n'eût pu tourner les têtes françaises si, par un surprenant hasard, ce Genevois n'eût joué d'un des instruments les plus mélodieux dont ait disposé un homme. Il fait songer à la légende de ce preneur de rats qui, en sonnant de sa délicieuse musique, conduisit au fond de la rivière non seulement tous les rongeurs qui infestaient la ville, mais les habitants de la ville avec eux. 

    La merveille, chez Rousseau, c'est que son infamie, son angoisse nerveuse, son cynisme et, comme disaient de son temps ses adversaires, sa "lycanthropie" (transformation de l'homme en loup, ndlr), ne soient pas exclusives d'une atmosphère poétique. On y fut pris de son temps et la cour de Versailles elle-même voulut entendre le Devin du village. Cette opérette parut fraîche. Le coeur de Rousseau était cependant plus flétri et plus gros de turpitudes que celui du plus roué des hommes du monde d'alors. Ca ne faisait rien : ce rustre perverti répandait l'illusion de l'innocence. Il y a toujours eu autour de lui un fluide; je défie qu'on visite par exemple les Charmettes sans se sentir baigné dans un air qui n'est pas celui d'ailleurs. Ce n'est pas à dire que cet air soit ni pur ni sain.

    Il s'en faut de beaucoup que l'histoire du laquais errant et de Mme de Warrens soit hygiénique et moins encore qu'elle soit belle. Il existe un portrait de Mme de Warrens par Largillière. Et Largillière, ce n'est pas un peintre qui se tourmente, qui trouve des dessous à la nature humaine. Son image de "maman" est néanmoins bien inquiétante et le dessin de la bouche y dément étrangement la tranquillité du regard. On place, malgré soi, Jean-Jacques d'un côté de ce tableau et Claude Anet de l'autre. On se souvient de ce qui se passait dans la petite maison rustique de la route de Chambéry et qui ne se raconterait pas décemment devant d'honnêtes femmes. Mais quelle magie, sinon celle de l'écrivain, a pu faire que les Charmettes soient tout de même restées comme un paysage d'idylle ?

    L'enthousiasme et la sensibilité firent même longtemps que cette espèce de mauvais lieu en garda le caractère d'un temple. "Qui de nous, écrivait un jour Georges Sand en parlant des Charmettes, n'y a pas vécu en imagination les plus beaux jours de sa jeunesse ?" Merci bien, madame. Mais "qui de nous", en 1912, paraît un peu exagéré, et nous n'allons pas jusque là.

    Arsène Houssaye eut un jour la curiosité de dépouiller le registre où les visiteurs des Charmettes consignent leurs impression à la façon immortelle de M. Perrichon. Il fit des trouvailles étonnantes pour toute la épriode qui va de 1820 à 1860. Il y avait presque côte à côte l'écriture d'une dame de la meilleure société qui se flattait d'avoir cueilli dans le petit jardin "la dernière pervenche oubliée par Rousseau", et la signature d'Orsini, "adepte et dévoué aux principes de l'immortel Jean-Jacques". La femme du monde et le terroriste, la petite fleur et la bombe, c'est bien tout le génie de Rousseau, c'est toute son influence et toute son oeuvre, et c'est l'allégorie des ravages qu'il a exercés parmi l'espèce humaine en général et sur la France en particulier.

    Un des logis qu'il habita est moins "poétique" que les Charmettes. Allez le voir : c'est à Paris, en retrait de la rue Monge. Une plaque de marbre le désigne aux passants. Là Rousseau vécut avec Thérèse, et c'est de là, je pense, qu'il portait ses enfants au tour et ses livres funestes à l'imprimerie. De pauvres gens, des prolétaires habitent de nos jours ce taudis. Si l'ombre de Jean-Jacques vient les hanter, doivent-ils faire de mauvais rêves ! 

    L'Action française, 23 juin 1912 


     

    Tiré de notre Album "Maîtres et témoins"... (II) : Jacques Bainville" (186 photos)

  • Histoire • Action Française : Les royalistes sur la Canebière

     

    Le Comité du Vieux Marseille, association de défense du patrimoine, vient de sortir une superbe plaquette de 194 pages sur l’histoire de la Canebière. Parmi celles-ci, quatre pages évoquent l’Action Française à propos de Jeanne d’Arc, surtout dans les années 30. Ces éléments de l’histoire de l’Action Française marseillaise intéressent les lecteurs de Lafautearousseau.

     

    Affiche tract expo CANEBIERE v4.jpgL’importance de Jeanne d’Arc

    Après la Grande Guerre, la droite prit l’habitude de se montrer dans la rue à l’occasion de la fête de Jeanne d’Arc.

    Des hommages avaient commencé, avant 1914, souvent à l’initiative de l’Action Française. Après avoir été béatifiée en 1909, la libératrice d’Orléans fut canonisée le 16 mai 1920. Deux mois plus tard, le 10 juillet, une loi votée par les députés et sénateurs (et toujours en vigueur) instaurait « la fête nationale de Jeanne d’Arc et du patriotisme », le deuxième dimanche du mois de mai.

    Chaque année, pour une journée, le centre-ville et surtout la Canebière furent ainsi occupés par le cortège d’un grand nombre d’associations religieuses et politiques de droite.

    L’exemple du cortège du dimanche 10 mai 1935, tel qu’il est décrit par Le Petit Marseillais, Le Soleil et L’Action Française, montre comment on l’avait organisé et qui furent les participants. En tête, après la fanfare, venaient les porteurs des fleurs offertes par le Comité des Fêtes de Jeanne d’Arc, présidé par Dominique Piazza, le créateur de la carte postale illustrée. Puis, ce fut le tour des jeunes sportifs des patronages et des scouts. La partie catholique se terminait avec les groupes de travailleurs chrétiens, après qu’eurent défilé des délégations d’anciens combattants et d’officiers de réserve. La seconde partie comprenait les « groupements nationaux », c’est-à-dire les partis politiques nationalistes. On aperçut Solidarité française et les Jeunesses Patriotes de Francis d’Azambuja, mais on remarqua surtout le gros des troupes, constitué par les royalistes de l’Action Française. Ils suivaient le commandant Louis Dromard, président de la fédération provençale, et l’amiral Antoine Schwerer, président national de la Ligue d’Action Française, de 1930 à 1936, venu à Marseille assister au Cinquième congrès de la fédération, prévu ce même jour. Parmi les adhérents, se distinguaient les Dames et Jeunes Filles Royalistes, l’Association Marius Plateau (anciens combattants), les étudiants d’AF et les Camelots du Roi (service d’ordre du mouvement). Il faut noter que les Croix de Feu défilèrent de façon indépendante, un peu avant les autres.

    Le cortège démarra à 9 h 30, cours Pierre Puget, passa place de la Préfecture et rue Saint-Ferréol pour déboucher sur la Canebière qu’il remonta jusqu’à l’église des Réformés. Sur le trajet, les façades des immeubles étaient souvent décorées à la gloire de l’héroïne. On déposa des fleurs au pied du monument aux Mobiles, puis, en l’absence des autorités civiles, militaires et religieuses déjà entrées dans l’église Saint-Vincent-de-Paul, il y eut une minute de silence qui s’acheva par le cri de « Vive la France », poussé trois fois par Dominique Piazza ; la foule entonna enfin La Marseillaise et la messe solennelle put commencer. À 11 heures, la Société des Touristes du Midi donna un concert, au kiosque. Les festivités se poursuivirent l’après-midi au jardin zoologique avec un festival de chanteurs. Enfin, à 21 heures, les Marseillais purent profiter d’un feu d’artifice tiré sur la colline Notre-Dame de La Garde. En 1934, des navires de guerre japonais en escale à Marseille donnèrent le ton en braquant leurs puissants projecteurs sur la basilique pour l’illuminer.

    Si un tel déploiement de population donnait une grande impression de puissance il n’empêchait pas les incidents. Ainsi, le 10 mai 1935, à la sortie de la messe, des bagarres se produisirent entre vendeurs de journaux. D’autres, plus importantes, opposèrent, à l’angle du cours Belsunce, communistes et royalistes à la sortie de leur banquet. Dix Camelots du roi furent blessés. Dix ans auparavant, le 9 février 1925, une réunion catholique salle Prat, rue Paradis, avait été attaquée par l’extrême-gauche. La bagarre avait fait deux morts. La mairie de Siméon Flaissières prit prétexte de ce drame pour interdire plusieurs manifestations. Ce fut le cas de l’hommage à Jeanne d’Arc du 9 mai 1926. Les ligues politiques bravèrent l’interdiction sans incident.  (A suivre)

    AF Canebière réformés.jpg

    En 1943, le cortège de Jeanne d'Arc se termina par l’inauguration de la statue de la sainte placée sur le parvis des Réformés. L’oeuvre de Louis Bottinelly avait été financée au moyen d’une souscription lancée par le Comité Jeanne d’Arc en 1941. Le 9 mai 1943, le commandant Dromard, devenu président du comité, remit officiellement, en présence de Mgr Delay, la statue à la ville de Marseille, représentée par Henri Ripert.

  • Attaque de Cornellà :  un an après presque jour pour jour, réplique des attentats de Barcelone et Cambrils

    La galère de Don Juan d'Autriche au Musée Maritime de Barcelone

     

    soleil.jpgL'attaque, hier lundi, du commissariat de police de Cornellà est un échec pour son auteur car il n'a fait ni victimes ni  dégâts. Il ne provoque pas non plus cet intense écho médiatique et cette émotion universelle que suscitent les morts et les blessés en grand nombre. Seul le terroriste a été tué. C'est un raté.    

    Mais, un an après presque jour pour jour,  il se voulait clairement une réplique des attentats de Barcelone et Cambrils des 17 et 18 août 2017 qui, eux, avaient  été très meurtriers. (21 morts dont 5 terroristes et 130 blessés) et avaient eu un effet médiatique de grande ampleur. Qu'en avions-nous dit à l'époque ? 

    Des archives de Lafautearousseau nous extrayons cet article écrit peu après ces événements... Sont-ils déjà passés au domaine de l'Histoire  ? Sans-doute mais ils se prolongent aussi dans l'actualité et se renouvelleront probablement pendant longtemps. De l'histoire en train de s'écrire. Bonne lecture ...  LFAR 

    Barcelone : « No tinc por » [22 août 2017]

    L'attentat de Barcelone - réplique des précédents à travers le monde, sur lesquels tout a déjà été dit - a donné aux médias l'occasion de diffuser leur dispositif de propagande idéologique habituel et, en appui, les images qui correspondent. Ce ne sont que des clichés rebattus.

    Ainsi, l'on n'a pas manqué de présenter Barcelone comme capitale du tourisme, au sens postmoderne - celui de l'homme au bermuda, ainsi nommé par Philippe Murray - et du « festivisme » comme idéal et religion du temps. Barcelone, en somme, ce serait un grand Bataclan, pour fête servile.

    Pour qui est concerné, Barcelone est en effet cela - qui reçoit 8 millions de touristes / an (3 à 4 fois sa population), dans une Espagne dont 20% des ressources proviennent du tourisme. Tourisme de masse, s'entend, qui a opéré dans ce pays, au fil du temps, ses ravages d'une ampleur égale à celle que peuvent produire les armes de destruction massive.

    Mais le Barcelone des touristes et des médias n’est pas la ville réelle. Naguère, au contraire de l’autre, on lui reprochait de n'être qu'une cité populeuse et laborieuse, marquée par le sérieux sans fantaisie du peuple catalan traditionnel. Le panache, le brillant, étaient à Séville ou à Madrid, où s'allument les feux aristocratiques de l'Espagne.  Les Catalans, de leur côté, travailleurs et bourgeois, prétendaient nourrir par leur seul travail le reste de l'Espagne dite paresseuse, exception faite pour les Basques, frères de labeur.

    Cette Barcelone subsiste, bien entendu, mais son peuple a déserté les Ramblas, n'y fait plus son paseo comme au temps jadis. Les Ramblas, à vrai dire, il les a abandonnées au tourisme interlope et à ses trafics. Et, in fine, aux Marocains terroristes qui y ont tué quatorze personnes et blessé cent autres. Principalement des étrangers.

    La réaction populaire ne semble pas avoir été très différente à Barcelone de ce qu'elle est, sous formatage médiatique, partout ailleurs : fleurs, peluches, bougies, pleurs etc.

    sagrada-familia-private-tour-independent-interior-visit-3780e.jpgCependant, tout Barcelone et au-delà s’est retrouvé dimanche, pour une Messe solennelle à la Sagrada Familia, autour du roi Philippe VI, de son premier ministre Rajoy, et, nonobstant l'indépendantisme catalan, du très contestable président de la Généralité, Puigdemont. 

    A la Sagrada Familia, donc, l'emblématique et improbable basilique toujours inachevée, imaginée par Antoni Gaudi à la fin du XIXe siècle, produit de sa passion mystique, d'un évangélisme profond et savant, d'un catholicisme ardent et des canons souvent excentriques de l’Art Nouveau.

    Ainsi le terrorisme islamique a-t-il eu d’autres conséquences que prévu : montrer une certaine dissociation entre une Espagne réelle, Catalogne incluse, pas vraiment disparue et celle des inévitables festifs mondialisés, ainsi que leurs fournisseurs en plaisirs vulgaires de tous ordres ; faire apparaître Barcelone pour ce qu’elle est : une grande ville d’Espagne, à coup sûr selon la modalité catalane, mais, qu’elle le veuille ou non, indéniablement espagnole ; enfin, une population confrontée, comme en d’autres temps, à l’agression de l’Islam, dont un imam tapi loin de là, à Ripoll, au fin fond des Pyrénées catalanes, avait préparé son attaque. « No tinc por », je n’ai pas peur, a été le cri de la foule et du roi.   

    Souhaitons donc à la Catalogne, bien qu’elle n’en prenne pas le chemin, de sortir de son tropisme antiespagnol, de calmer son hubris sectaire, de conserver son vieux fond traditionaliste et de mettre un frein à ses inclinations postmodernes naïves, d’ailleurs, et à tout coup, destructrices de ses traditions.

    Souhaitons à l’Espagne de garder son unité. L’Europe d’aujourd’hui est trop affaiblie face aux autres pour se payer le luxe de l’éclatement des grandes nations historiques. Un luxe (si l’on peut dire) dont personne ne profiterait.    

    Souhaitons, enfin, aux Barcelonnais comme à toute l’Espagne, de se souvenir, pour aujourd’hui ou pour demain, qu’au Musée Maritime, sur le port de Barcelone, tout en bas des Ramblas, est magnifiquement présentée la galère de Don Juan d’Autriche, ce jeune infant de 24 ans, qui à Lépante, en 1571, à la tête d’une flotte chrétienne, vainquit les Ottomans.  

  • Le prince Jean d’Orléans : « Je me souviens », par Frédéric de Natal.

    Source : http://www.monarchiesetdynastiesdumonde.com/

    Quand il n’est pas sur le terrain à rencontrer les autorités locales ou au chevet du patrimoine, le comte de Paris, le prince Jean d’Orléans, twitte. Célébration de l’Assomption oblige, le prétendant au trône de France a souhaité s’inscrire dans l’actualité. Le 15 août, il a eu une pensée pour les acadiens dont c’était aussi la fête nationale. Durant un siècle, la monarchie française a planté son drapeau sur cette partie du continent nord-américain où le prétendant au trône de France s’est rendu à diverses reprises. Il a rencontré nos cousins outre-atlantique qui défendent le français, « une langue de culture et de paix » selon lui.

    frédéric de natal.jpgSituée en Amérique du Nord, l’Acadie est un enjeu de taille que vont convoiter et occuper tour à tour écossais, néerlandais, britanniques ou français. C’est finalement le traité de Saint-Germain en Laye qui concède l’Acadie à la France en 1632. Avec le Canada et la Louisiane, cette colonie comptoir va former un ensemble territorial qui prend le nom de « Nouvelle France » (Nova Francia). Une aventure commencée presque un siècle plutôt sous le règne de François Ier. Elle va se développer grâce aux actions mercantiles du cardinal de Richelieu, de Colbert et aux « filles du roy », principalement originaires de l’Orléanais, venues contribuer à l’essor familial de cette seigneurie de la couronne française.

    2.jpg« En ce jour de l'Assomption, j'ai une pensée particulière pour les Acadiens dont c'est la fête nationale. La Maison de France adresse à cette occasion tous ses vœux à nos amis francophones des États-Unis et du Canada ! » a twitté le 15 août le prince Jean d’Orléans, comte de Paris. Un message loin d’être anodin puisque le prétendant au trône de France a tenu à rappeler les liens étroits qui unissent encore l’hexagone et cette partie francophone de l’Amérique du Nord que les affres de l’histoire ont placé sous le joug britannique. En effet, c’est en 1713 qu’une partie de l’Acadie sera cédée à l’Angleterre, illustrant le premier chapitre de la fin progressive de la domination française. Une histoire qui trouvera son épilogue avec la vente de la Louisiane par l’empereur Napoléon Ier, en 1803. Beaucoup d’acadiens vont alors fuir au Québec où ils vont essaimer. La résistance de ces français, devenus sujets du roi d’Angleterre, va permettre au royaume de France d’essayer de reprendre pied sur ce territoire perdu. Vaine tentative qui va s’accompagner d’un véritable traumatisme. Pour avoir soutenusla France ou être restés neutres, 8000 acadiens sont dispatchés dans les colonies anglaises d’Amérique du Nord. C’est le « Grand dérangement », encore enseigné dans les écoles du Canada. D'autres fuiront vers la Louisiane ou le Mississipi où ils donneront naissance à une nouvelle communauté, les cajuns, toujours très fiers de parler le français. La guerre de 7 ans (1756-1763) est passée par là, le royaume de France va bientôt perdre l’ensemble du Canada en échange de la Guadeloupe. Une nouvelle aventure de colonisation débute aux Antilles pour ces familles expatriées.

    3.jpg« Y a dans le sud de la Louisiane. Et dans un coin du Canada. Des tas de gars, des tas de femmes. Qui chantent dans la même langue que toi (...) » dit la chanson de Michel Fugain, «Les acadiens» Lorsqu’il évoque le Canada et toutes ses composantes françaises, le comte de Paris se souvient de ce voyage qu'il avait efectué en avril- mai 1987 avec son grand-père, le prince Henri d’Orléans. Nous sommes alors en plein « Millénaire capétien » et le Québec, où flotte au vent les fleurs de Lys, va faire un « accueil chaleureux » à ces princes de France comme le note le bulletin de l’Association des Amis de la Maison de France (AAMF). Aux Québécois qui se précipitent pour serrer la main au prétendant de France, Henri d’Orléans leur demande de continuer à « cultiver leur mémoire (…) et la langue française, ce patrimoine reçu en héritage ». « Avec vous, je retrouve ce que cette aventure française a eu de plus noble et de plus beau, (…), une autre France qui a fait [des Québécois], un peuple libre et fier. (…), moi aussi je me souviens » avait déclaré ce descendant d’Henri IV, reçu tour à tour par le maire de Québec et le premier ministre Robert Bourassa. Une véritable consécration et une reconnaissance internationale très médiatisée outre-atlantique.

    4.jpgUn voyage qui va marquer profondément l’actuel comte de Paris qui, étudiant ira lui aussi sur les traces de la présence française.  Notamment en Louisiane. Dauphin de France, il sera l’invité officiel de la « Belle province », en juillet 2008. Le Québec fête alors les 400 ans de la fondation de la ville par Samuel Champlain.  Le prince plaide autant pour que les liens se resserrent entre la France et le Québec qu’il se veut le défenseur de la langue française,   affirmait-il en 2009. « A Bâton Rouge, j’ai été reçu par le maire de la ville et par le Conseil pour le développement du français en Louisiane. A Lafayette, j’ai vu toutes les organisations acadiennes» rapportait encore  il y’a peu le prince Jean. Un prétendant au trône qui entremêlent ses pas à ceux d’un autre prince de France, Philippe VII,  ce français engagé dans les armées yankees lors de la guerre de sécession et  ceux de son grand-père,  en publiant un message de soutien aux Acadiens. Lesquels ont adopté le drapeau tricolore en 1884, en hommage à la mer, Jeanne d'Arc et à la foi catholique. Bon sang ne saurait mentir. 

    Copyright@Frederic de Natal

  • La manif du comité Traoré à Paris, c’est oui, la procession de la Lunade en Corrèze, c’est non !, par Gabrielle Cluzel.

    Source : https://www.bvoltaire.fr/

    Si l’on ne devait retenir qu’un symbole, terrible et grotesque, de cette France à deux vitesses – celle que l’on verrouille et celle que l’on redoute – en cette période post-Covid, ce serait celui-là : la procession de la , à Tulle, a été interdite.

    La Lunade, selon les mots du vicaire général du lieu, l’abbé Nicolas Risso, est « l’une des plus vieilles ostensions limousines et peut-être même de France ». Eu égard à son nom, et au culte que les Gaulois portaient à l’astre de la nuit, d’aucuns affirment que l’Église a pu, ici comme en d’autres endroits, sanctifier une cérémonie païenne dont elle n’avait pu obtenir l’abandon. Quoi qu’il en soit, en juin 1347, un moine du diocèse aurait eu une apparition de saint Jean-Baptiste lui commandant de défiler autour de la cité pour en éloigner la maladie. « La Lunade était née et la peste [avait] disparu. »

    1.jpgIl faut lire la description qu’en font les vieux livres, quelque part entre Sire et L’Anneau du pêcheur : « Après le coucher du soleil et dès que la lune paraît, à l’horizon, le clergé de la cathédrale et des trois autres paroisses de la ville, les confréries des pénitents blancs et bleus, les congrégations religieuses, suivis d’un nombreux concours de fidèle, sortent de l’église cathédrale, portant en grande pompe la statue du Saint-Précurseur. Cette statue en bois de chêne, grossièrement sculptée et noircie par le temps, est vêtue comme une madone italienne, d’une robe ou plus exactement d’un riche manteau de soie, noué au cou et ne laissant paraître ni les bras ni la taille. La tête est ceinte d’un diadème en argent ou cuivre doré. »

    Pour l’abbé Risso – qui avait bien prévu tous les gestes barrières d’usage -, elle « [trouvait] tout à fait son sens cette année dans le cadre de l’épidémie du Covid ». « Ce qui est assez étonnant, glisse-t-il, c’est que l’on a quand même été épargné en Corrèze. »

    De fait, la Corrèze n’a vraiment rien d’un cluster c’est le moins que l’on puisse dire : de rapides recherches dans la presse locale indiquent que seuls deux cas positifs ont été dépistés dans le département, ces quinze derniers jours, aucun en EHPAD, « le nombre de passages aux urgences concernant des suspicions de coronavirus est pratiquement nul ». Autant dire que l’on a plus de chance d’y mourir d’un accident de la route.

    Mais comme on n’est jamais trop prudent… la préfecture a interdit la procession (pas la voiture). Est-il utile de rappeler que, dans le même temps, en Île-de-France, les manifestations du comité Adama Traoré rassemblent des milliers de personne et, dans les grandes métropoles, dimanche dernier, la fête de la Musique a provoqué le déferlement d’une marée humaine ?

    La Lunade n’a connu qu’une seule interruption, en 1896, par un maire laïc et franc-maçon, Jean Tavé. « Une décision qui a provoqué un mini-tremblement de terre, dont les secousses ont été ressenties dans la cité pendant plusieurs années », rapporte La Montagne, exhumant les archives locales : « Douze gendarmes à cheval encerclant le porche empêchent les fidèles de sortir de la cathédrale avec la statue de saint Jean-Baptiste. Un deuxième cordon de soldats ceinture la place. » Il y a aussi « quatre régiments d’infanterie tenus à l’écart, prêts à intervenir ». Il faut dire que « la foule est compacte sur le parvis » et crie « Vive la liberté ! » Dans la nuit du 24 au 25 juin, certains s’introduisent dans la cathédrale et enlèvent la statue, pour faire procession au petit matin. À leur retour dans la cathédrale retentit le Magnificat

    Rien de tout cela, aujourd’hui. L’abbé Risso regrette que « l’État [fasse] décidément peu de cas des libertés publiques », et les fidèles, qui viennent chaque année, se déclarent « consternés ». Les catholiques sont devenus si bien élevés… trop bien élevés ? « On pourrait braver la loi », lance une certaine Christiane, à la sortie de la messe, devant un journaliste de La MontagneLa Voix de Christiane – il y a bien eu Les Yeux d’Irène – aurait pu être le titre du prochain roman de Raspail. Mais Raspail est mort, et Christiane n’a pas osé.

    L’honneur est cependant sauf : pour respecter le vœu, la statue de saint Jean a été malgré tout portée de croix en croix par l’abbé Risso et une poignée de paroissiens sur les hauteurs de la ville au crépuscule. Il suffit parfois de Sept cavaliers… Reste à savoir si les innombrables dévotions populations ancestrales, aux quatre coins de la France rurale, qui émaillent d’ordinaire l’été vont faire l’objet des mêmes iniques brimades. Et si nous allons le supporter.

  • Martigues : le feu au pays de Maurras...

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    Le feu de Martigues vu depuis la plage de la Pointe Rouge, à Marseille...

     

    Cinq départs de feu ont été recensés hier, à Martigues, Port-de-Bouc, Aubagne, Gignac et Carnoux-en-Provence, attisés par les rafales de vent jusqu'à 90 km/h, un vent qui a heureusement faibli hier soir et dans la nuit, et s'est quasiment arrêté ce matin...

    Plus de mille hectares ont brûlé à Martigues, particulièrement dans le quartier de La Gacharelle et celui de Bargemont, au sud de la ville. Le feu s'est ensuite déplacé vers Sausset-les-Pins, Carry-le-Rouet et la Côte bleue, donc en direction de Marseille, par le littoral : plus de deux cents hectares y ont déjà brûlés...

    Sausset-les-Pins, la Côte bleue, l'Estaque : l'une des "patries" des Impressionnistes !...

    A lafautearousseau, Maurras "nous est à coeur"; aujourd'hui, ce coeur est serré devant ce désastre qui frappe - une fois de plus, la cité de Gérard Tenque, de Joseph Boze, de Charles Maurras, pour l'instant toujours rejeté dans sa propre ville, refusé par la partie des siens qui, malheureusement, préside aux destinées de sa commune qu'il aimait tant ("mon Martigues plus beau que tout"...) et à laquelle il a généreusement, mais imprudemment, offert sa Bastide...

    Passons quelques instants avec lui, en esprit, et relisons ce très beau prologue des Quatre nuits de Provence, dans lequel il est chez lui, à sa fenêtre, sur sa terrasse...

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    Prologue des Quatre nuits de Provence...

    "La journée va finir sans flammes, j’ai prié qu’on n’allumât point.
    Que le soir monte avec ses fumées incertaines : le détail, l’accident, l’inutile y seront noyés, il me restera l’essentiel.
    Ai-je rien demandé d’autre à la vie ?

    Donc, çà et là, dans ses transparences divines, traversées de soudaines opacités, le Soir léger et pur se rend, peu à peu, à la Nuit. Sur la pente gauche du ciel, le croissant couleur de perle s’élève, glisse, coule à l’autre versant, pareil aux concessions d’une rêverie fatiguée qui se replie sans hâte et ne faiblit pas sans honneur. Cette face souffrante pourrait décliner en silence. Mais l’accent de sa flamme morte insiste, de très haut, et m’impose, en quelque manière, le ressouvenir du refrain d’un beau chant entendu, il y a de longues années, et qui n’a rien perdu de sa force sur ma pensée. Ses délices renaissent, leur voix remplit mon ciel, devenu tout entier musical et sonore :


    Va, mon ami, va,
    La lune se lève !
    Va, mon ami, va.
    La lune s’en va !



    L’astre, étonné, a fait une halte apparente. Ma veille est suspendue aussi, mais non le cours de mes pensées qui se précipitent, et les petits flots qu’elles roulent valent en nombre et en vertu les parcelles étincelantes dont l’éther est criblé.

    Le glissement lunaire reprend. J’ai quitté la fenêtre d’où je le regardais, et m’éveille sur ma terrasse provençale, un peu scandalisé du temps que je dissipe à subir la révolution nocturne des songes : car je les reconnais pour de simples échos du passé.

    Qu’on leur pardonne, ainsi qu’à moi ! Ces hôtes anciens d’une mémoire minutieuse et tenace ont d’abord été convoqués, s’il m’en souvient, comme les témoins du mouvement originaire de ma pensée : ils comparaissent devant moi pour m’aider à écrire un Mémorial intellectuel. Mais je vois bien qu’ils se moquent des témoignages et ne sont animés d’aucun désir étranger à leur joie de vivre ou plutôt de survivre.

    N’étant plus rien que ce qu’ils sont et ne voulant rien d’autre, ils marchent et ils parlent, ils pleurent et ils rient sur le théâtre intérieur sans autre objet que de reparaître tels qu’ils furent, non sans se retourner de temps en temps, pour me dire qu’il ne m’est pas permis de les laisser mourir.

    Pas plus que moi, ils ne s’étonnent de leur étrange résistance aux forces de ruine. Ils sont fidèles, étant vivaces, et me remplissent à mon tour de l’horreur d’un oubli qui doit les coucher avec moi. C’est pour cela que je redis à mes homuncules si vifs, en les dévisageant et en les nommant un par un :

    Va, mon ami, va.



    Un seul point me surprend, le charme que je trouve au jeu de mes ombres heureuses.

    Mais rien n’en délivre mon cœur, il est le prisonnier de ces figurines d’enfance que durant un demi-siècle je me suis montrées, racontées et presque chantonnées, à moi, il est vrai, pour moi seul…



    Va, mon ami, va,
    La lune s’en va !



    Qu’elle aille ! Seulement ne la suivez pas, vous autres, vieux amis, condamnés à passer comme elle ! Restez, attendez, revenez, pour revivre et briller, pour me baigner encore, pendant ces quelques nuits, d’un rayon du jour éternel."

    maurras maison se delabrant.jpg

    La Bastide de Maurras, au Chemin de Paradis...

  • Destructions de statues : une longue tradition anti-vendéenne.

    Détail de la statue de Real del Sarte, Le Vendéen

    Source : http://www.vendeensetchouans.com/

    Depuis les années 1830, les statues érigées en hommage aux héros de 93 ont constitué des cibles idéales aux yeux des adversaires de la Vendée. Le monument sculpté par Maxime Real del Sarte porte dans sa pierre, plus qu’aucun autre, la trace de cette lutte des mémoires.

    La Vendée – entendez la « région-mémoire » qui déborde largement le département éponyme – supporte depuis longtemps la dégradation ou la destruction de ses monuments. Les attaques des années 1830 la marquèrent par leur ampleur et leur caractère quasi institutionnel. Il s’agissait, pour la monarchie de Juillet et ses représentants, d’effacer la mémoire des Guerres de Vendée de l’espace public en supprimant les monuments commémoratifs qui avaient été érigés sous la Restauration.

    La statue de Charette, élevée en 1826 devant la chapelle Notre-Dame de Pitié, fut abattue dans le feu de la tentative de soulèvement de la duchesse de Berry, le 6 juin 1832, au soir du combat du Chêne, par des soldats du 36e régiment de ligne alors en garnison dans la ville.

    La statue de Cathelineau, qui trônait au centre du Pin-en-Mauges depuis 1827, fut abîmée lorsqu’on la descendit, très officiellement, de son piédestal : « Contre la loi qui protège toute propriété (1), le 24 juillet 1832, M. Merlet, sous-préfet de Beaupréau, d’après un ordre qu’il disait avoir reçu du ministre de l’Intérieur, s’est transporté au Pin-en-Mauges accompagné du substitut du procureur du roi près le tribunal de Beaupréau, de M. Lachèse, architecte du département, et escorté d’un détachement d’environ 200 hommes, pour ôter la statue de son piédestal. L’ayant mal attachée, on l’a mutilée en la descendant. M. le sous-préfet a laissé démolir par les soldats le piédestal, enlever les médailles et pièces de monnaie qu’on avait déposées dans la pierre de fondation, et, en outre, laissé mutiler les colonnes qui formaient le contour du monument » (2). La suite des péripéties de la statue de Cathelineau est à lire ici.

    Les coups s’abattirent également sur l’obélisque de Stofflet à Maulévrier, la Colonne de Torfou et celle de Saint-Florent-le-Vieil qui perdirent leurs ornements et leurs inscriptions, faute de pouvoir s’en prendre à leur maçonnerie trop volumineuse. C’est ce qui sauva d’ailleurs la chapelle du Mont des Alouettes.

    Il faudra de la persévérance aux défenseurs de la mémoire vendéenne pour rétablir ces monuments, à l’exception de la statue de Charette à Legé, disparue à jamais.

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      À gauche, la statue de Charette à Legé, détruite en 1832 ; à droite, celle de Cathelineau qui, après maintes péripéties, a trouvé refuge dans l'église Saint-Pavin au Pin-en-Mauges.

    Le Vendéen, symbole de la lutte des mémoires

    Le Vendéen réalisé par le sculpteur Maxime Real del Sarte (3) connut un sort similaire à une époque plus récente. Son histoire témoigne, dès l’origine, des enjeux et des luttes toujours vives autour de cette mémoire.

    Il fut inauguré le 5 septembre 1937 lors d’une cérémonie qui fit affluer à Cholet des milliers de personnes : « Les abords de l’église Saint-Pierre furent littéralement couverts de monde à la sortie de la messe. Une épingle n’aurait pu tomber sur le sol » (4). Cependant la statue avait été placée dans une propriété privée, au Bois-Grolleau, « afin de ne pas l’exposer à la vue du public ». Les autorités municipales se montraient prudentes sur les effets qu’un tel monument pouvait encore provoquer près d’un siècle et demi après l’insurrection de 1793.

    Le contexte politique de 1942 permit de mettre cette statue plus en vue en la déplaçant à l’intersection du boulevard de la Victoire et de la rue des Tisserands. Ce ne fut pas une si bonne idée, d’abord parce que le déménagement du Vendéen à cet endroit lui brisa la main et la faux qui dépassaient du camion, en passant sous le pont situé en haut de la rue Sadi-Carnot. D’autre part, et surtout, cette exposition livrait le monument à toutes les injures.

    « Dans la nuit du 13 au 14 novembre 1944 (5), des inconnus étrangers à Cholet – a-t-on dit – le firent sauter à la dynamite. La croix massive et toute la partie supérieure de la statue ont été brisées et il ne subsiste plus qu’un moignon informe et méconnaissable. Fait assez curieux : le chapelet du cou et le Sacré-Cœur de la veste demeurent encore, plus ou moins détériorés, comme si la Providence avait voulu permettre que soient respectés les emblèmes sacrés qui donnent leur plein sens à la levée d’armes vendéenne. En tout cas, un résultat que n’escomptaient sans doute pas les auteurs de cet odieux et stupide attentat a été le mouvement presque unanime de réprobation qui l’a accueilli (…) Suivant l’avis d’experts consultés, la statue serait réparable… » (6)

    Les débris de la statue avaient aussitôt été recueillis, ce qui permit de réparer tant bien que mal le monument, aux frais de la mairie de Cholet qui la déplaça à nouveau en un lieu plus discret, dans le parc Perroteau (7). Arborant les stigmates des violences qu’il a subies, le Vendéen est désormais à l’abri à l’intérieur du Musée d’Art et d’Histoire, dont il a intégré les collections, au titre des dépôts du Souvenir Vendéen (8), après sa restauration en 1998.

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    Le Vendéen avant l'attentat de 1944 et après la restauration de 1998

    Notes :

    1. Le terrain sur lequel avait été érigé le monument en mémoire de Jacques Cathelineau appartenait à M. de Lostanges.
    2. F. Uzureau, Le monument de Cathelineau au Pin-en-Mauges, L’Anjou historique, 1930, p. 57. En 1979, la statue de Cathelineau subit un nouvel outrage : son poignet droit, qui tenait l’épée, fut brisé et emporté. Chose curieuse, la seconde statue qui ornait la grande salle de la mairie du Pin-en-Mauges fut elle aussi mutilée, le fusil sur lequel s’appuyait Cathelineau fut brisé.
    3. Maxime Real del Sarte (1888-1954) était aussi le premier chef des Camelots du roi, mouvement antirépublicain lié à l'Action française.
    4. L’Ouest-Éclair, 6 septembre 1937.
    5. La ville de Cholet était libérée de l’occupation allemande depuis le 31 août précédent.
    6. Lettre du Souvenir Vendéen, 1er octobre 1945.
    7. Parc situé entre l'avenue Gambetta et la rue du Paradis.
    8. Le Vendéen de Real del Sarte demeure la propriété de l’association du Souvenir Vendéen.
  • Dans les campagnes, le Covid-19 est parfois devenu la nouvelle bête du Gévaudan…, par Gabrielle Cluzel.

    Source : https://www.bvoltaire.fr/

    L’histoire se déroule dans une petite ville du Sud. Une bastide jadis flamboyante fondée par Alphonse de Poitiers, une petite Venise traversée par l’Aveyron, dont les ruelles aux façades ciselées ceignent comme un étroit écrin la collégiale tendue vers le Ciel. Aujourd’hui, on croirait parfois une petite vieille en EHPAD, recroquevillée sur elle-même, ruminant son passé, quand elle était pimpante et joliette, courtisée et entourée – des portraits sur les murs témoignent, d’ailleurs, de sa beauté passée.

    gabrielle cluzel.jpegMais à présent, elle est désorientée, fatiguée, découragée, parfois revêche. Car elle a peur, peur et peur. Peur de mourir, au point qu’elle finit par mourir de peur.

    Dans sa gare, les trains ne passent presque plus. Peut-être un jour seront-ils tout à fait supprimés. Il faut dire qu’il y a peu de voyageurs. Peut-être parce que ceux qui s’essaient à prendre un billet se cassent souvent le nez : TER retardé ou annulé, correspondance ratée… qui est la poule, qui est l’œuf ?

    Chaque année, on compte les nouvelles vitrines vides, les commerçants qui ont déclaré forfait, les artisans ayant pris leur retraite ou jeté l’éponge. Un grand panneau rouge « À vendre », « À louer » ou « À céder » barre la porte en travers, comme les scellés de la scène du crime, et l’on aperçoit par la vitre sale les reliques de feu la dernière activité : des rayonnages, un escabeau, un poster publicitaire.

    Parfois, dans une sorte de thanatopraxie urbaine, de grandes photographies riantes – des paysans à béret y moissonnent gaiement sous le ciel bleu, des villageoises en tenue traditionnelle dansent la bourrée avec entrain – sont placardées sur les vitres. On ne sait si ces fresques panoramiques rendent les rues plus dynamiques ou pathétiques. Cet été, il n’y a même pas eu les traditionnelles fêtes votives, foires et festivités du 15 août pour réveiller la région.

    Peut-on accuser le maire ? Même pas. Nouvellement élu, il déploie des trésors de séduction – embellissement du marché hebdomadaire, stationnement gratuit – pour ramener dans le cœur de la ville les consommateurs qu’une zone commerciale en périphérie, avec son cortège d’enseignes banales et de ronds-points hideux, a contribué à chasser. Las, le Covid-19 a eu raison de sa volonté. C’est qu’il ne suffit pas d’attirer les clients, il faut aussi convaincre les boutiques de les accueillir. Dans les bourgs ruraux, il en va parfois du Covid-19 comme, jadis, de la bête du Gévaudan : on est d’autant plus angoissé qu’on ne l’a pas vu de près et que l’on en entend colporter – par le journal de 20 heures – d’effrayantes descriptions qui suscitent le fantasme. Car l’uniformité n’a pas seulement frappé les commerces, autrefois pittoresques et propres à chaque région, mais aussi la façon de raisonner, qui a cessé d’être originale et qui, elle aussi, semble être sortie d’une usine mondialisée de prêt-à-penser. Le bon sens paysan a déserté les campagnes quand la télé est entrée dans les foyers, disait mon grand-père. Et jamais celle-ci n’a été autant regardée que durant l’oisiveté forcée de ces derniers mois. Tant pis si ici, la densité de population moyenne dans la rue s’apparente à celle des grandes métropoles en période de confinement, rendant le risque de voir l’épidémie flamber plus que très minime.

    Les quelques vacanciers présents sont rarement là par hasard. Il faut avoir des attaches pour connaître le lieu. La Parisienne que je suis devenue se sent un devoir, l’été, de retour dans son terroir familial, de consommer local pour soutenir les commerces. Toutes les deuxièmes quinzaines d’août, j’y fais mes courses de rentrée scolaire, jugeant que les commerçants d’Île-de-France n’ont pas besoin de moi pour vivre. Ceux du Rouergue non plus, apparemment, c’est ce qu’ils viennent de me faire comprendre.

    L’un de mes fils passant en 6e, j’ai décidé, comme à ses aînés, de lui offrir un sac de collégien flambant neuf pour remplacer son cartable d’écolier. C’est un peu un rite initiatique. C’est toujours la même besace, celle que l’on voit sur le dos de tous les gamins, seule la couleur change. Choisie par l’enfant. Avec l’approbation de la fratrie qui l’accompagne invariablement en procession.

    Nous poussons la porte du maroquinier sous les arcades.

    Les enfants entrent gaiement les premiers sans se méfier. La femme au comptoir, derrière son rempart de Plexiglas™ dans lequel a été découpé une sorte de souricière, l’espace pour glisser le terminal de la carte bleue – dûment désinfecté -, fusille du regard et de la voix les plus jeunes : « Vous devez mettre un masque. » Mais ils ont moins de 11 ans, ce n’est pas obligatoire, essayé-je d’objecter poliment. Nous autres, adultes, en sommes bien sûr docilement équipés. Les adolescents aussi. La commerçante irascible ignore l’objection. « Vous ne devez pas être plus de deux », aboie-t-elle, encore, du fond de sa grande boutique vide, totalement vide, désespérément vide. Mais puisque nous sommes du même foyer ! Rien n’y fait. Le père, les frères et sœurs doivent sortir. Ce qui nous est autorisé dans un restaurant, un supermarché, un musée nous est interdit ici. Qu’il n’y ait aucun autre client n’y change rien. Chacun s’est bricolé ses règles sanitaires sans queue ni tête à l’aune de ce qu’il a cru entendre ou comprendre dans les médias. Et les assène avec le dogmatisme implacable d’un professeur Salomon doté de l’accent occitan et qui vendrait des sacs.

    L’enfant, seul, les larmes aux yeux, fait en une demi-seconde son choix. Dans la rue, derrière la vitre, le reste de la famille lui signifie gentiment par un pouce levé ce qu’il pense de la couleur. Mais le rite de passage, le petit plaisir qui fait digérer l’inquiétude de la rentrée est gâché, bâclé. La vendeuse nous tend notre paquet à bout de bras. On ne sait jamais, n’est-ce pas. Elle ne se pince pas le nez, ce ne serait pas hygiéniquement correct de tripoter cet organe, mais l’idée y est. Le petit frère encore en primaire, qui a tout suivi en silence, sur le trottoir, met sa main dans la mienne et chuchote : « Quand ce sera mon tour, on ira l’acheter à Paris. » J’acquiesce de la tête. La ne meurt pas, elle se suicide.

  • Action Française Picardie Lettre N°396 du 14 juillet 2020.

    af.picardie@free.fr 

     

     

    COURRIER N° 396  (14 juillet 2020)

     

     

     

    Toujours ignares et bornés, souvent faméliques et corrompus, voilà les maîtres de la France.  On nous dit qu’on les changera.  Changer le personnel ne servira à rien.  De pareilles institutions corrompent leurs hommes quels qu’ils soient.

     

    Charles MAURRAS

     


     

    14 JUILLET

    Une imposture partisane devenue pseudo fête nationale

     

    Symbole du despotisme et de l’arbitraire selon l’imagerie républicaine, la Bastille ne comptait que sept détenus le 14 juillet. Elle ne fut pas « prise par le peuple » mais déclarée ouverte par son gouverneur Bernard de Launay. C’est l’anniversaire de cette journée de massacre et de guerre civile que l’on nous impose chaque année.      

     

    Prison en voie de désaffection

     

    La Bastille était un vieux bâtiment militaire, dont la destruction était prévue. C’était une ancienne forteresse, édifiée quatre siècles auparavant pour la protection de Paris et devenue prison d’État en voie de désaffectation. Du 1er janvier 1789 au 14 juillet, il n’y était entré qu’un seul prisonnier. Le Grand Larousse du XXe Siècle, en six volumes, précise : « D’autre part, à cause du confort dont les prisonniers étaient entourés et à cause des traitements élevés des officiers de l’état-major, la Bastille coûtait très cher au gouvernement… »

    Le 14 juillet il y avait sept incarcérés en tout, mais aucun prisonnier politique. Quatre détenus de droit commun furent libérés par la populace au milieu des réjouissances, et réincarcérés par la suite. Deux fous, dont un Anglais qui fut porté en triomphe puis renfermé à l’asile de Charenton ; l’autre fou étant transféré cinq jours plus tard dans le même asile d’aliénés. Le septième interné était un jeune noble du Languedoc, dévoyé et débauché, enfermé provisoirement à la demande de sa famille, qui s’empressa de disparaître.

     

    Les «vainqueurs de la Bastille»

     

    La garnison était composée de 82 invalides de guerre, avec un renfort récent de 32 soldats. Le soir du 14 juillet, ces militaires sont menés sous escorte à l’hôtel de ville proche. En chemin, les menaces et les injures pleuvent sur eux. Le gouverneur de la Bastille est assassiné en cours de route. On confie le soin de décapiter son cadavre à un boucher, qui s’escrime d’abord avec un sabre qu’on lui a tendu, mais doit finir à l’aide de son couteau de poche. La tête fixée au bout d’une pique est promenée à travers la ville pendant deux jours. Trois officiers et trois invalides sont également mis à mort par la populace. Les auteurs de ces forfaits se déclarèrent « vainqueurs de la Bastille ».

    Près d’un siècle après, la IIIe République décide d’en faire la fête nationale de la France, que les Américains appellent le « Bastille Day » (le jour de la Bastille). À partir du 14 juillet 1880, cet épisode particulièrement sanguinaire de la Révolution – cette émeute dont l’anniversaire fut déjà stupidement célébré en 1790 sous le nom de Fête de la Fédération – devient la fête nationale avec la paradoxale obligation de service pour les militaires de parader à cette occasion.

     

     

    Bayonne/Agression 

     

    Depuis son lynchage par 4 "français de plastique", il était en état de mort cérébrale. Après une opération de la dernière chance, sa famille lui a courageusement dit au revoir.

     

    La France d'aujourd'hui ? 66 millions de victimes potentielles de la délinquance !  Par la faute du Système, responsable et coupable qui poubellise notre société depuis près d'un demi-siècle, nous sommes tous en danger, nous sommes tous des Philippe potentiels, nous risquons tous de croiser, à tout moment, en tous lieux, en toutes circonstances, des Selim, des Moussa, des Mohamed...

     

    SOURCE :  lafautearousseau

     

     

    Pendaison de la Gueuse par l’AF-Toulouse

     

    Le torchon Libération est choqué par le manque de " diversité" au sein des écoles militaires.  Mais ce même torchon est rédigé par une rédaction avec un taux de diversité proche de zéro.  Hâte que ce journal ne soit plus financé par le contribuable sur lequel il crache à longueur de journée.

     

     

     

    Le contribuable c'est le Français oublié, le #GiletsJaunes méprisé, le soignant sous-payé, l'ouvrier exploité, l'artisan assommé d'impôts, le petit patron qui se démène.  C'est le peuple et le petit peuple de #France, qui n'a pas vos obsessions raciales, et qui ne vous lit pas.

     

    SOURCE : https://www.facebook.com/action.francaise.restauration.nationale

     

    La bourde !!!

     

    Comme Macron en 2017, Castex a parlé de la Guyane comme d'une île !Depuis, il est rentré en Métropole.  Plus précisément, en Île de France.   Pour... nous mener en bateau ?

     

    SOURCE :  Lafautearousseau

     

     

     

     

    VIDEO :  https://www.youtube.com/watch?v=kinlHDJXMsM

  • Meurtre de Bayonne: Où sont les fascistes ?, par Régis de Castelnau.

    Pourquoi la "gauche" est-elle si discrète devant le martyre de Philippe Montguillot, tué par des voyous, et en même temps si disposée à encenser la petite frappe Adama Traore?

    Source : https://frontpopulaire.fr/

    Le mouvement ouvrier, issu du XIXe siècle et organisé au cours du XXe, a lui aussi été construit avec son roman national, ses mythologies et ses mythes.

    Parmi les figures les plus marquantes, c'est-à-dire celles qui constituent l’aristocratie ouvrière, il y a les mineurs, aujourd’hui disparus, les métallos, en voie d'extinction, les cheminots, qui payèrent un lourd tribut à la Résistance, et les traminots, qui assurent les transports dans les villes.

    4.jpgPhilippe Montguillot était un traminot. C'est du moins comme ça qu’on l’aurait appelé s’il y avait eu encore une gauche dans ce pays et un vrai Parti communiste.

    Chauffeur de bus sur une ligne régulière à Bayonne, il faisait bien son boulot, c’était sa fierté. Et s'il tenait à faire respecter les règles, c'est parce qu’il estimait qu'il s'agissait là tout simplement de son devoir.

    Payer son ticket, c’est respecter les autres, car cela consiste à leur épargner le surcoût de la fraude. Appliquer les consignes de sécurité sur le covid-19, c’est protéger les autres, car cela revient à les mettre à l'abri de l'épidémie.

    Pour avoir rappelé cela, Philippe Montguillot a été massacré par quatre de ces truands auquel notre État en faillite abandonne de plus en plus les villes et leurs habitants.

    Dire qu'il s’est trouvé un ministre pour qualifier ce meurtre «d’incivilité» sans avoir peur de l’infamie! Sans parler du président de la République, qui est resté muet sur ce sacrifice lors de son interview du 14 juillet...

    Quant à la «gauche», elle n’a pas bougé: Pas un mot juste, pas une action digne, pas un hommage pour ce «working class hero» comme disent les anglo-saxons. 

    On retiendra le tweet tardif de Jean-Luc Mélenchon, qui concentre à lui tout seul le désintérêt de cette "gauche" pour les travailleurs de ce pays: "Deuil affligé après la mort du chauffeur de bus bordelais (sic). Ces assassins nous révulsent. Puissent les autorités être plus soucieuses de ces gens qui font fonctionner ce pays à leur poste de travail."

    Sauf que le chauffeur de bus était de Bayonne, et qu’il avait un nom. Est-il possible d’être plus désinvolte?

    C’est que, le pouvoir et cette "gauche" ont d’autres préoccupations, d’autres héros à mettre en avant, d’autres comportements à saluer. Pour ces gens-là, la référence c'est la famille Traoré. C’est face à elle qu'ils mettent genou en terre. C’est à elle qu’ils donnent des façades d’immeubles municipaux pour y peindre des fresques à la gloire du frère disparu Adama. C’est pour elle qu'ils se précipitent ventre à terre à des manifestations entièrement fondée sur le mensonge.

    Rappelons en effet qu’Adama Traoré n’a pas été interpellé parce qu'il était noir et que la preuve n’a pas été apportée que son décès soit dû à des violences de la part des gendarmes. En faire un symbole de persecutions policières racistes est déjà une imposture.

    Mais il y a pire. Entendre aujourd’hui Assa Traoré prétendre que ses frères incarcérés sont des «prisonniers politiques» est insupportable: ils ont été condamnés pour des infractions particulièrement abjectes comme par exemple celles d’extorsion de fonds sur personne vulnérables. Et leurs casiers judiciaires continuent à se remplir.

    En somme, depuis que le Comité Adama est parvenu à importer en France l'affaire George Floyd, nous assistons à la nouvelle alliance entre la bourgeoisie au pouvoir, les couches moyennes prétendument de gauche et tout une population de délinquants dont la fratrie Traoré est le représentant achevé.

    Il n’a été que d’assister effaré aux réactions officielles d’Emmanuel Macron demandant à sa garde des Sceaux de recevoir en urgence les Traoré. Ou d’entendre le ministre de l’Intérieur décréter pour eux une dispense du respect de la loi.

    Depuis, toute la presse appartennant à l’oligarchie ne cesse de mettre en avant l'icône Assa Traoré, avec la volonté affirmée d’imposer le fake news du martyre de son frère.

    La revue des couvertures des magazines de papier glacé, de Paris-Match à Vogue en passant par le M Le Monde et Les Inrocks, permet de constater que ce sont les mêmes qui avaient assurés la promotion massive d’Emmanuel Macron en 2017.

    Ce type d’alliance a déjà existé dans l’Histoire. Karl Marx utilisait l’expression de "Lumpenprolétariat" pour décrire ce phénomène dans son ouvrage Le 18 Brumaire de Louis Bonaparte (1852) sur l’arrivée au pouvoir de Napoléon III l'année précédente.


    Certes le fascisme du XXe siècle ne se réduit pas à cette alliance, mais elle y fut extrêmement importante. Forme terroriste de la domination du Capital, le fascisme a pu s’instaurer grâce à la combinaison de plusieurs volontés: d’abord celle de la bourgeoisie classiquement fascinée par le milieu et soucieuse d’une défense étroite et sans scrupule de ses intérêts. Ensuite celle d’une petite bourgeoisie dépravée, base de masse classique du fascisme, et dont nous avons aujourd’hui l’expression avec ces habitants des métropoles défenseurs acharnés de la censure, armés de leur souverain mépris des couches populaires, et indifférent à la violence d’État que celles-ci subissent. Et enfin, la pègre elle-même, celle qui aujourd’hui a pris le pouvoir dans les parties du territoire que l’État lui a abandonné, ou pire, dont il lui a confié la gestion.

    Gangsters et mafieux, grands ou petits ont toujours eu une place importante dans les dictatures fascistes, que ce soit en Europe ou en Amérique latine. Rappelons juste une petite anecdote, même si comparaison n’est pas raison: l’histoire d’Horst Wessel, petit proxénète nazi transformé en héros par les siens et qui donna son nom à l’hymne de son parti, devenu quasiment un chant patriotique du Troisième Reich.

    Il y a du reste quelque chose de frappant lorsque l’on fait un petit tour dans les autres pays occidentaux qui ont été marqués par le phénomène Black Lives Matter. Partout, les grands intérêts soutiennent bec et ongles le mouvement et le financent massivement, faisant apparaître de façon criante une convergence d'intérêts.

    Dérives liberticides, censure, répression brutale des mouvements populaires comme celui des gilets jaunes, petite bourgeoisie arrogante et répressive, espaces publics abandonnés à la pègre, tout ceci fabrique un cocktail auquel il faut prendre garde.

    Les fascistes ne sont peut-être pas là où on nous le dit.

  • L’Afro-futurisme, nouvelle mythologie, par Frederic de Natal.

    Source : https://www.politiquemagazine.fr/

    Afrique. L’Afrique a besoin de rêver. En s’appropriant les codes culturels de l’Occident (super-héros, luttes sociales et urbanisme utopique), l’afro-futurisme tente une synthèse qui exalte l’Afrique et gomme le colonialisme.

    frédéric de natal.jpgIl y a des milliers d’années de cela, cinq tribus africaines se sont affrontées pour la possession d’une météorite dans laquelle se trouvait un métal précieux, le vibranium. Un jour, un des guerriers décida de manger une herbe altérée par cette pierre de l’espace et acquit ainsi de superpouvoirs. Transformé, il réussira à unifier quatre des cinq tribus en une seule nation scientifiquement avancée. Nous sommes en 1966, le Wakanda est né, sorti tout droit de l’imagination de l’écrivain et éditeur Stan Lee, qui inventa tous les super-héros Marvel, ou presque. Les États-Unis sont à ce moment (déjà ?) en proie à une crise identitaire et raciale et les afro-américains ont leur groupe terroriste, les panthères noires. Les Américains découvrent alors dans leurs librairies un nouveau héros, noir, roi d’un pays qui se révèle être l’un des plus avancés de son temps sur le plan technologique. L’afro-futurisme tente de s’imposer alors comme la culture de l’avenir.

    La sortie du film Black Panther a permis le retour inattendu d’une vague littéraire et artistique que l’on croyait enterrée dans les livres d’histoire, les vieux Marvel et les sixties. Cette production à succès a remis au goût du jour ce courant qui se veut à l’intersection des cultures africaine et afro-américaine, mélangeant, avec une esthétique baroque, science-fiction et réalité économique et sociale du continent noir, à laquelle on a ajouté un zeste d’afrocentrisme. Longtemps ignoré par un Occident qui a imposé son modèle durant des décennies au continent africain, l’afro-futurisme est devenu une véritable tendance. Un moyen pour l’Afrique de se réapproprier son passé et son histoire, de s’affranchir de son passé colonial, à travers un concept qui dessine désormais un certain nombre d’enjeux et d’avantages non négligeables pour ce continent émergent. « Un courant qui choisit de se tourner vers le futur afin de corriger les erreurs du passé », affirme l’écrivain antillais Anthony Joseph.

    Affirmer son indépendance culturelle

    Le symbole de cet afrofuturisme se trouve sans nul doute en Côte d’Ivoire. À l’heure du « miracle ivoirien », son président Félix Houphoüet-Boigny voyait les choses en grand. Ce sera la fameuse Pyramide (aujourd’hui délabrée) dans le quartier d’affaires d’Abidjan. Un édifice datant de 1968 et que l’on peut même apercevoir dans une courte scène qui nous présente la capitale du Wakanda, avec ses rues sans voitures, où les piétons circulent au milieu d’échoppes qui cohabitent avec des immeubles plus futuristes comme ceux que l’on aperçoit dans le film Blade Runner. Il n’y a qu’un pas entre l’utopie cinématographique et la réalité. L’afro-futurisme a des adeptes au Nigeria. En 2007, ce pays de l’Afrique de l’Ouest a lancé le projet Eko Atlantic à Lagos. Il s’agit pour la ville de régler son problème de surpopulation en créant une île artificielle de 820 hectares devant la marina de Victoria Island et de la transformer en mégalopole attractive sur le modèle avant-gardiste et informatisé de Dubaï. Le Nigéria n’est pas le seul pays à rêver. Un projet d’urbanisme similaire a été présenté au Burkina Faso, une « smart city » en marge de Ouagadougou-la-belle, une ville connectée qui porterait le nom de Yennenga, comme la princesse mossi du même nom.

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    Le jeu video camerounais “Aurion”

    L’Afrique en devenir entend concurrencer architecturalement ses alter ego européens, mais aussi dans d’autres domaines artistiques variés. Dans les années 1990, le free jazzman Herman Poole Blount (1914-1993) affirmait avec sérieux qu’il était originaire de Saturne et se produisait en « pharaon de l’Espace », nous rappelle avec une certaine ironie l’hebdomadaire Jeune Afrique. Sun Ra, de son nom de scène, était sans contexte une modèle de l’afro-futurisme musical qui intégrait dans ses compositions des références psychédéliques et mythologiques africaines. Aujourd’hui, « Caleb Rimtobaye veut rendre les Africains maîtres de leur destin » nous précise Jeune Afrique qui voit en ce musicien tchadien le nouveau maître de la bande-son électronique noire. Habillé d’un costume qui semble sorti tout droit d’un univers située entre Star Wars et Le cinquième élément, il a fondé le groupe AfrotroniX qui puise ses origines dans la rythmique mandingue et moderne afro-américaine. Un style qui inspire désormais des chanteuses comme Beyoncé ou Rihanna et que l’on retrouve dans la mode africaine qui y puise également ses propres influences. Le cinéma africain n’est pas en reste. Deux ans avant la sortie du blockbuster Black Panther, il y a eu la série Jongo, l’histoire d’un noir sud-africain devenu le héros des townships, doté de superpouvoirs grâce à une pierre bleue qui n’est pas sans rappeler le vibranium du Wakanda. La série s’est voulue avant tout urbaine et cosmopolite, avec dans le rôle du méchant le blanc machiavélique de service, lui-même doté de pouvoirs maléfiques. Et, dans la série des jeux vidéos qui contribuent allègrement à renforcer aujourd’hui le mythe afro-futuriste, Aurion. Créé au Cameroun, Aurion est le héros d’un fantasy-game à l’africaine, préambule à une nouvelle génération noire qui entend être indépendante des grandes sociétés occidentales et démontrer au monde qu’il faut désormais compter avec elle dans ce type d’industrie.

    Une dérive marketing ?

    Certains afro-futuristes, loin d’être majoritaires, déplorent pourtant que le courant ne soit devenu qu’une vulgaire expression marketing, comme l’auteur de science-fiction d’origine nigériane Nnedi Okorafor. Cette prophète de l’afro-futurisme 2.0, installée aux États-Unis (et peut-être un peu éloignée de la scène africaine) regrette que le thème, peu prisé des grands romanciers, architectes ou artistes africains ou de sa diaspora, ne soit plus aujourd’hui qu’une source de travail afro-américain. Selon la revue Usbek et Rica, « l’afro-futurisme se transforme en une mode pour hipsters ». Le film Black Panther n’a d’ailleurs pas échappé lui-même à la critique, accusé de « diffuser une version épurée, dépolitisée et commercialisable de ce courant à la fois philosophique et esthétique qu’est l’afro-futurisme » et d’être « porteur d’un nationalisme conservateur » trahissant la culture noire en la dévoyant. On ne peut pas plaire à tout le monde !

  • Groupe Action Royaliste : sociaux parce que royalistes.

    Le combat royaliste est aussi un combat social, et les affichages royalistes dans les quartiers dits populaires ont bien souvent été mieux accueillis par les populations locales que ceux qui se déroulaient en centre-ville ou dans les quartiers considérés comme aisés : est-ce si surprenant, en définitive ?

    Tout d'abord, et il s’en trouve confirmation dans nombre de manuels scolaires (ceux des années 1960 jusqu'à nos jours), la République n'a pas été naturellement favorable au monde ouvrier ni, même, aux classes populaires dans leur ensemble, et cela remonte aux origines de la République et à cette Révolution dont nous n'avons pas encore fini de payer le prix, trop lourd pour le pays comme pour ses peuples, de la Bretagne à la Provence, de la campagne à l'usine... Les idées mêmes des Lumières n'accordent que peu d'intérêt aux travailleurs mais beaucoup plus aux échanges et aux fruits du travail, suivant la célèbre (et terrible) formule de Benjamin Franklin qui résume cet état d'esprit : « Le temps, c'est de l'argent », terrible négation de la véritable valeur du temps qui est, encore et d'accord, la vie et « le temps de vivre », ce dernier offrant aux hommes la flânerie, la rêverie et l'espérance du lendemain. A lire les manuels scolaires sur cette période et en approfondissant un peu, l'on peut être surpris que les philosophes « oublient » les travailleurs et que pas un mot ne semble surgir sous leur plume pour en appeler au respect de conditions de travail décentes pour les mineurs ou les tisserands d'usine quand, dans le même temps, c'est un roi, Louis XVI, qui, pour la première fois, emploie la formule « justice sociale », appelée à une si grande destinée et prospérité au XXe siècle...
    Au-delà de 1789 qui apparaît, dès juin, comme la récupération par la bourgeoisie urbaine du grand élan initié par la convocation des états-généraux par le roi lui-même, l’année 1791 est une année maudite pour la condition ouvrière en France, et toutes les luttes sociales du XIXe siècle mais aussi d'une grande part du XXe ne seront rien d'autres, en définitive, que la « réparation » des malheurs nés des deux textes majeurs et si peu sociaux de cette année-là. Le décret d'Allarde et la loi Le Chapelier mettent à bas tout l'équilibre social hérité des siècles précédents, au nom d'une « liberté du travail » qui n'est rien d'autre que l'application de la théorie libérale du « laisser faire, laisser passer » et, surtout, la liberté de celui qui possède l'argent sur celui qui n'en a pas, la liberté de l'argent face à celles, rabaissées, des travailleurs. Dans un livre qui reste un des livres de chevet de tout royaliste social (Le Prolétariat, publié en 1937), le comte de Paris rappelle, avec grande justesse, que « les principes de 1789 ont créé le Prolétariat », et que « La loi Le Chapelier du 17 juin 1791 est l'acte de naissance du Prolétariat » : « Après le coup d'état bourgeois de 1789, l'ouvrier abandonné à lui-même, inapte à s'associer, incapable de se défendre, fut asservi par les employeurs.
    « Le vote d'une loi aussi inhumaine avait-il au moins donné lieu à des incidents de séance ? Avait-il déchaîné des répliques violentes ou suscité des interventions généreuses ? Non. La Constituante se désintéressait à un tel point de la classe ouvrière qu'elle adopta la loi Le Chapelier à l'unanimité. (…) En permettant au détenteur du capital de jouir d'une pleine liberté, en enlevant à l'ouvrier tout moyen de défendre ses intérêts professionnels, elle a précipité les classes laborieuses dans le prolétariat, cycle infernal où elles devaient, sans cesse, tomber plus bas au cours du siècle suivant. »
    Pourquoi cette unanimité de l'Assemblée constituante pour la suppression des corporations et, dans le même temps, l'interdiction des grèves et des associations professionnelles, interdiction qui ne sera relevée, en deux temps, qu'en 1864 et en 1884 ? Sans doute parce qu'il n'y avait aucun ouvrier des villes dans cette assemblée et qu'elle était dominée par la Bourgeoisie que l'on pourrait ici définir comme « classe d'intérêts », classe hétérogène dans sa constitution mais bien plus homogène dans son esprit libéral « à l'anglo-saxonne », fascinée par le modèle économique et social anglais et, dans le même temps, par celui, plus politique, des États-Unis naissants. Sans doute aussi parce que nombre de Français ne mesuraient pas encore les conséquences ni ne soupçonnaient les formes de l'industrialisation émergente telles qu'elles commençaient à s'imposer au-delà de la Manche. Sans doute aussi parce que les anciennes formes corporatives semblaient pesantes faute d'avoir accompagné et apprivoisé les mutations techniques en cours et les désirs montants des consommateurs, devenus les alibis d'une bourgeoisie libérale soucieuse de s'enrichir plutôt que de servir un Bien commun qui lui semblait moins immédiatement profitable...
    Ce qui est étonnant, au regard des manuels scolaires contemporains, c'est le grand silence ou, au mieux, la grande discrétion de ceux-ci sur la question sociale dans la Révolution et sous la Première République : la suppression des corporations et des protections sociales n'est pas évoquée, la plupart des temps, ou expédiée en une phrase, parfois en une ligne... Quant au sort des ouvriers, il n'est même pas abordé, pas plus, d'ailleurs, que celui des paysans, pourtant majoritaires dans la France des années révolutionnaires ! Si l'on parle du calendrier républicain et de ses décades qui remplacent les semaines de sept jours, aucune information ne transparaît pourtant sur l'augmentation conséquente du temps de travail ouvrier qui en est la conséquence la plus immédiate et sensible pour les travailleurs d'usine et des chantiers, malgré la survie, dans nombre d'endroits, des traditions de fêtes religieuses, traditions combattues avec la plus grande virulence par la bourgeoisie républicaine qui y voit, en bonne héritière de la logique franklinienne, du « temps perdu » et, donc, des profits moindres.
    Ainsi, « l'émancipation » que certains évoquent à propos de la Révolution n'en est une que pour les puissances de l'argent et les classes possédantes, mais nullement pour les travailleurs, désormais condamnés au « travail captif » et à la « servitude professionnelle » : des murailles effondrées d'une Bastille qui faisait surtout peur aux « puissants » que l’État royal pouvait y emprisonner, vont naître de nouvelles forteresses et de nouveaux murs d'argent, toujours en place aujourd'hui, et qui ne semblent guère menacés par les contestations sociales éparses, faute de frapper aux fondements mêmes de la logique capitaliste et, en France, si éminemment républicaniste...
    Les Royalistes sociaux, eux, n’ont pas de ces timidités, et souhaitent, encore et toujours, un État qui, sans négliger les nécessités économiques, accorde au travail et à ceux qui en vivent (tout en livrant ses fruits aux consommateurs) leur juste place et leur juste récompense au sein de notre société. Certains nous répliqueront que la mondialisation empêche cette justice sociale pourtant éminemment nécessaire : nous répondrons alors que la France n’a pas à se livrer pieds et poings liés à cette gouvernance oublieuse des hommes, et que tout l’honneur social de la Monarchie capétienne est, justement, de s’imposer face aux féodalités de l’économique et non de céder aux oukases des puissants du moment, puissants qui ne le sont que par les faiblesses des États ayant renoncé à « être État ».
     
     
  • L’enjeu africain !, par Christian Vanneste.

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    On se demande pourquoi il reste encore un seul Français pour soutenir un pouvoir dont le bilan est calamiteux.  Il se voulait exemplaire et les démissions se multiplient dans un bruit persistant de casseroles. Il se voulait réformateur et efficace. 

    christian vanneste.jpgLes résultats de la France dont la dette vient de passer les 100% du PIB sont moins bons que ceux de nos voisins et partenaires. Qui plus est, la méthode employée pour la réforme des retraites a été dévastatrice. On pouvait penser qu’avec sa maîtrise de l’anglais, Macron existerait sur la scène internationale. Sa provocation sur l’OTAN en mort cérébrale a montré au contraire à quel point il était isolé. Et cela s’est produit au moment même où 13 de nos soldats mouraient au Mali dans une guerre sans fin.

    Le successeur du général de Villiers, comme chef d’état-major des armées, François Lecointre a déclaré : ” si nous laissons le chaos s’installer, les États sahéliens vont s’effondrer sur eux-mêmes, laisser la place à l’État islamique, ce qui provoquera une pression migratoire sur l’Europe, avec tous les risques populistes que cela entraînera.” On observe dans cette phrase un enchaînement logique : la lutte contre les rebelles islamistes sahéliens protège les Etats fragiles de cette région. Si ceux-ci étaient renversés par les islamistes, il y aurait de nombreux réfugiés en Europe et une réaction populiste des peuples européens. Mais on remarque aussitôt que cette logique est plus politique que militaire :  elle reprend les discours du Président, et du Ministre des Affaires étrangères, et désigne le populisme comme danger ultime. Que vient faire le populisme ici ? L’ennemi que combat l’armée française est le djihadisme. Le “populisme” est un adversaire politique du pouvoir français que le général Lecointre devrait servir, si les Français lui confiaient le destin du pays. Ce n’est pas un risque mais un choix démocratique qui sort du champ réservé au militaire. Le populisme, c’est la volonté du peuple de faire entendre ses priorités comme souverain légitime d’une démocratie. Qu’il veuille préserver son identité et s’opposer à l’invasion migratoire est un choix légitime et non un danger qui justifierait curieusement qu’on s’oppose au djihadisme, comme péril secondaire. Le refus de l’immigration africaine, et singulièrement musulmane, n’a pas attendu les vagues migratoires issues du “printemps arabe” pour s’exprimer. C’est le remplacement de population qu’on constate à l’oeil nu dans les grandes villes, et que les chiffres des naissances confirment, qui depuis longtemps suscite une condamnation de la politique française, sans lien avec la guerre au Sahel

    C’est maintenant, dans l’année qui vient, que se joue l’avenir du Sahel” a ajouté le général Lecointre, annonçant qu’on allait passer à la vitesse supérieure, et se montrant pessimiste si la solution politique favorisée par la maîtrise militaire du champ de bataille n’apparaissait pas au cours de cette année “charnière

    Or, la situation au Sahel a de quoi rendre pessimiste. Sur le plan militaire, les armées des Etats du Sahel, à l’exception de celle du Tchad, peut-être celle de la Mauritanie, récemment formée et équipée et qui a remporté des succès sur le terrain, ne sont pas capables d’affronter les djihadistes. Les 71 morts et les 30 disparus (?) de l’armée nigérienne à la suite d’un raid djihadiste à Inates viennent encore de le démontrer tragiquement. Les moyens que l’armée française déploie dans le cadre de l’opération Barkhane sont sans proportion avec l’enjeu : 4500 hommes, 200 blindés, 6 avions de combat, une vingtaine d’hélicoptères et quelques drones. Elle reçoit l’aide de quelques dizaines de Britanniques et d’Estoniens des forces spéciales. Par ailleurs, au Mali, la MINUSMA intervient au nom des Nations Unies notamment pour maintenir l’ordre et la sécurité dans les villes et soutenir le gouvernement légitime. Elle mobilise 16 000 hommes essentiellement des militaires et des policiers venant de près d’une cinquantaine de pays, avec une dizaine de gros contributeurs, dont des pays d’Afrique francophone, du Sahel en particulier, et, il faut le souligner, un millier d’Allemands. La France n’est pas seule mais c’est elle qui assure les missions les plus dangereuses pour entraver au nord du Mali et au Niger le passage des armes et des combattants depuis la Libye. Quant à la poussière d’unités venant du bout du monde, par exemple de Chine ou du Bangla Desh islamiste, on peut s’interroger sur les raisons de leur présence et sur l’efficacité de ce type de mosaïque militaire déployée par l’ONU qui n’a jamais fait ses preuves. La France déplore 41 morts depuis l’opération Serval, la Minusma, 198. Peut-on espérer des résultats définitifs sur un territoire de près de 5 millions de KM2, dont 1,2 pour le seul Mali alors que l’ennemi qui ne comprend que quelques milliers de combattants est véloce et furtif, bénéficie de soutiens dans la population et utilise les antagonismes tribaux ?

    Sur le plan politique, la fragilité des Etats issus d’une décolonisation menée au pas de charge est un handicap considérable. Le Mali, le Niger, le Tchad ont leur capitale au sud de pays immenses dont les populations sont diverses et souvent opposées, comme les Touaregs du Nord et les Bambaras de Bamako, sans compter les Peuls au Mali. Bâtir des démocraties libérales dans un tel contexte est une illusion. La présence d’armées étrangères dans ces pays musulmans dont les peuples ont appris de leurs gouvernements souvent corrompus que tous leurs malheurs venaient de la colonisation présente un risque majeur : celui d’un basculement de la population. Des manifestations ont déjà visé les troupes françaises. Des Maliens nombreux réfugiés en France et des soldats français risquant leur vie au Mali pour y assurer la paix, avec un courage et une intelligence qui compensent la faiblesse des moyens, et qui se font insulter sur place, c’est insoutenable !

    Si l’espoir d’assurer la consolidation des gouvernements dans cette région du monde doit demeurer modeste, il y a une  priorité stratégique qui peut seule mettre fin au djihadisme : il faut rétablir le verrou que constituait la Libye de Kadhafi. Celui-ci avait des visées d’expansion qui nous avaient amenés à le combattre au Tchad, mais il s’opposait aux islamistes et contrôlait la marqueterie tribale de son pays. L’intervention en faveur de ses ennemis, notamment les Frères musulmans de Misrata, a été plus qu’une faute. Il est indispensable que la Libye retrouve un régime fort sur l’ensemble de son territoire. C’est la clef de la pacification du Sahel !

    Source : https://www.christianvanneste.fr/

  • La France était une démocratie. C’était avant…, par Christian Vanneste.

    Ainsi donc, Brune Poirson claque la porte de l’Assemblée Nationale. Madame s’ennuie sans doute. Mais elle continuera à naviguer dans les eaux macroniennes en demeurant responsable des relations internationales de LREM, et en tant qu’administratrice de la Fondation de la Mer, elle restera dans son élément favori, celui de la biodiversité marine, et donc de la transition écologique dont elle a été chargée durant 3 ans comme secrétaire d’Etat.

    christian vanneste.jpgManifestement, l’Assemblée, ses électeurs, ça compte peu chez la diplômée de la Kennedy School de Harvard entrée par le haut dans la politique, par les cabinets. Elle attend désormais de nouvelles fonctions. Le terme “fonction” est significatif. Pour elle, être députée, ce n’est pas une mission au service d’une nation, pour écrire la loi et contrôler le pouvoir exécutif, au nom d’électeurs, c’est un job, “en marche” dans une carrière, en passant pourrait-on dire. C’est Delevoye qui lui a attribué la 3e circonscription du Vaucluse par l’entremise d’Hubert Védrine. La vague macronienne a fait le reste d’autant plus que Marion Maréchal, élue dans le mandat précédent, avait eu le grand tort de déserter le combat. Pas la moindre trace de cet enracinement qui faisait la force des “députés de terrain” accrochés à leur terre d’élection, souvent titulaires de mandats locaux. Ce qui l’intéresse est l’écologie et rien d’autre que ce soit à New-York, à Londres, à Nagpur ou ailleurs. Elle a la double nationalité américaine et française et a travaillé souvent à l’étranger, notamment en Inde pour Veolia où elle a laissé un souvenir périssable en obtenant le Prix Pinocchio du développement durable de l’Association Les Amis de la Terre dans la catégorie “Une pour tous, tout pour moi”. Un grand quotidien indien anglophone a montré en effet que la distribution d’eau s’était peu améliorée, et que les prix avaient augmenté.

    Ce départ est révélateur de la décrépitude de la démocratie en France. Il y avait en 1965 un Président élu avec une participation de 85% aux deux tours. Le choix était équilibré entre de Gaulle et Mitterrand. L’actuel locataire de l’Elysée, élu dans des circonstances douteuses après l’élimination du favori par un coup d’Etat judiciaire, a été élu avec un soutien quasi unanime des partis et des médias contre Marine Le Pen et avec 75% de participation. Dans le premier cas, les électeurs avaient choisi de Gaulle. Dans le second, ils ont refusé Marine Le Pen. En 1958, l’abstention aux élections législatives était de 25%. Pour l’Assemblée actuelle, elle a été de 57% amenant au Palais Bourbon une masse de nouveaux venus et de socialistes recyclés élus grâce à la potion magique macronienne. Le député du début de la Ve République était désigné par des électeurs qui le connaissaient. Il détenait souvent un autre mandat, local. Enfin le décalage entre le mandat présidentiel et le législatif donnait à l’élection des députés une autonomie qui leur conférait une véritable importance. Ils ne sont plus que les commis de la Présidence, et il a fallu les maladresses de celle-ci et de ses relais pour que certains se rebellent quand même avec le grand risque d’être écartés lors de la prochaine investiture. Bref, il n’y a plus de séparation des pouvoirs et donc comme le dit le préambule de notre constitution : “Toute société dans laquelle la séparation des pouvoirs n’est pas déterminée, n’a point de Constitution.”

    On comprend que l’ex-ministre ne juge pas cette activité parlementaire digne de ses talents, et qu’elle préfère s’adonner à ses sujets de prédilection, plutôt que de s’attacher à répondre aux exigences de ses électeurs et plus encore à celle du bien commun. Ce débat intérieur qu’un vrai parlementaire doit connaître intéresse fort peu les écologistes en général. Mme Poirson était sincèrement favorable à la taxe carbone, inutile pour l’environnement, mais indispensable selon M. Philippe pour soutenir le budget. L’écologie politique est sans doute aujourd’hui avec l’islamisme le plus grand danger pour la démocratie française. Comme le montrent les maires si mal élus de plusieurs grandes villes françaises : les priorités idéologiques appuyées sur la coercition doivent passer sur le corps des résistances et des traditions : Tour de France, arbres de Noël,  aéro-club, et surtout la bagnole, cet instrument de liberté, sont désormais proscrits partout où règne la terreur verte.  Mais quel crédit ont des élections municipales avec 55 et 58 % d’abstentions d’un tour à l’autre, séparés par une longue trêve, qui ont entraîné d’abord une reconduction massive des sortants et ensuite une vaguelette verte dans les villes les plus importantes ? A Bordeaux, seuls 38% des électeurs s’étaient déplacés !

    Enfin, la députée dépitée est franco-américaine, comme M. Valls est franco-espagnol et désormais conseiller municipal centriste de Barcelone, comme Mme Esther Benbassa, sénatrice,  est franco-turco-israélienne. N’est-il pas irresponsable d’accepter que des représentants du peuple français, en charge d’une part de sa souveraineté, dans des domaines où le choix de l’intérêt national est primordial et peut être en conflit avec celui d’autres Etats, soient “entre-deux”, ou plutôt selon eux, au-dessus, près de leur idéologie et loin du peuple ?

    Source : https://www.christianvanneste.fr/

  • David Brunat: Petit éloge des terrasses

    « «Terrasse !» semble être aujourd'hui le cri du cœur d'un grand nombre de nos concitoyens». Adobe Stock

    Ce mercredi 19 mai, les terrasses ont rouvert et le couvre-feu a été décalé à 21 heures. L'occasion pour l'écrivain David Brunat de clamer son amour des plaisirs simples et de ces joies retrouvées.

    2.jpg« Terre ! ». Tel était le cri qui, jadis, ponctuait la découverte du rivage par les marins lorsqu'ils apercevaient à l'horizon un sol ferme, île ou continent, après des mois d'épreuves embarquées et confinées sur les océans.

    « Terrasse ! » semble être aujourd'hui le cri du cœur d'un grand nombre de nos concitoyens, avides de reprendre possession d'une chaise et d'un bout de table sur les trottoirs de nos villes ou de nos villages. Pavée, bétonnée, bitumée ou bien sablonneuse et gazonnée, verdoyante et bucolique ou au contraire enfumée, bruyante de tous les vacarmes de la ville et cernée par le ballet des voitures pétaradantes, la terrasse est subitement devenue le symbole d'une reconquête, l'emblème de la liberté, le signe d'une espérance.

    Les politiques ne s'y sont pas trompés. Le président de la République et le Premier ministre, attablés avec une fierté gourmande à la terrasse d'un café proche de l'Élysée, ont salué « la liberté retrouvée. » Photographié en train de lire le journal sur un guéridon orné d'une modeste et archétypale tasse à café, le ministre de l'Économie Bruno Lemaire a savouré l'instant. Un instantané, à ses yeux, de « l'art de vivre à la française ».

    En grand nombre, des dirigeants publics de tout bord ont célébré ce moment particulier où les restaurants sont enfin autorisés à s'entrouvrir. Encore timidement, certes, puisque seuls leurs espaces en contact avec le bleu ou le gris du ciel peuvent se livrent dans la légalité aux désirs des consommateurs ; mais enfin, c'est un premier pas qui vaut d'être apprécié pour ce qu'il signifie et pour ce qu'il laisse espérer de la poursuite de l'effeuillage à mesure que la pandémie reculera et cédera du terrain, d'abord terrasses et toits ouverts, puis murs et espaces clos jusqu'à voler en éclat et à nous permettre de reprendre possession de toutes les parties des restaurants pour y faire bonne chère après une trop longue séparation de corps.

     

    J'ai toujours eu l'amour des terrasses de café, et la conception la plus flatteuse du Paradis serait, pour moi, une terrasse de café, d'où l'on ne partirait plus jamais.

    Alphonse Allais

     

    Voilà donc une petite victoire et un premier coup de boutoir dans la forteresse sanitaire. En attendant, espérons-le, de passer au stade supérieur, lorsque les salles, donc, nous accueilleront de nouveau à bras ouverts, sans autres gestes que ceux de la bonne humeur des convives et de la commande des plats et des boissons - avec modération sans doute, mais sans gestuelle barrière ni barricadière.

    Après des mois d'enfermement, le café crème matutinal, le ballon de rouge ou la mousse fraîche déjeunatoire ou encore le spiritueux vespéral auront donc eu en ce 19 mai un goût spécial pour tous les impatients qui n'auront pas voulu rater ces retrouvailles terrassières après des mois d'abstinence forcée.

    Chacun aura pu faire sien ces mots d'Alphonse Allais : « J'ai toujours eu l'amour des terrasses de café, et la conception la plus flatteuse du Paradis serait, pour moi, une terrasse de café, d'où l'on ne partirait plus jamais. »

    Évidemment, on ne manquera pas de faire observer que le paradis a pris un peu l'eau, cette épiphanie printanière s'étant malheureusement déroulée sous la bannière des parapluies – bannière moins affriolante sans nul doute que l'étendard des pergolas baignées de soleil … Comme si, par un fait exprès et par une sale impertinence du destin, la météo s'était ingéniée à gâcher la fête.

    En ce jour pluvieux du pas si joli mois de mai, on peut toujours chanter « les terrasses de rose et de jasmin en fleurs » comme Hugo dans les Orientales. Mais en se munissant d'un imperméable et d'un solide pébroque, plus utile en l'occurrence qu'une lyre d'aède.

    À Paris, à l'heure où j'écris ces lignes, le ciel bas et lourd pèse comme un couvercle après avoir déversé toutes ses larmes et il évoque davantage le spleen baudelairien que l'aube radieuse d'une journée qui tente de prendre le grand air en rêvassant, peut-être, devant une madeleine, un croissant, un bol de cacahuètes ou un menu complet. Mais ce couvercle est aussi, il est d'abord, celui d'une bonne théière, d'une soupière ou d'un plat à choucroute ou à gratin.

     

    Ces plaisirs simples, banals, triviaux, les voici, par le hasard des circonstances, revêtus d'une charge affective et symbolique sans précédent après des mois de privation.

    David Bruant

     

    Même trempés jusqu'aux os, combien d'entre nous auront bravé les éléments pour se placer dans les starting-blocks, faire partie des terrassiers privilégiés du 19 mai et contredire un autre poète en ne faisant pas, justement, « foin des bocks et de la limonade » mais en en consommant au contraire jusqu'à plus soif ? Ivresse de la quotidienneté retrouvée ! Griserie des rituels sociaux les plus anodins !

    La première gorgée de bière, la première lampée de vin, la première bouchée du tout premier croissant dégusté sur un guéridon en faux marbre d'un troquet quelconque transmué en palais enchanté des Mille et un Jours (avec extinction des feux à vingt-et-une heures), la première assiette avalée en terrasse depuis des lustres : ces plaisirs simples, banals, triviaux, les voici, par le hasard des circonstances, revêtus d'une charge affective et symbolique sans précédent après des mois de privation.

    Terrasser la tristesse, cacher sous une épaisse dalle martelée par les pieds de table l'abattement, le pessimisme, la peur des lendemains qui déchantent : tel est le programme.

    Vivent les brèves de table en terrasse à défaut de brèves de comptoir et de babillages de zinc. Tournée générale pour le retour à la normale ! Santé ! À la bonne vôtre !

     

    David Brunat est consultant et écrivain, associé chez LPM Communications et Stratégies.

    Sources : https://www.lefigaro.fr/vox/