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Rechercher : qu'est-ce que le Système

  • Le bouffon des temps tragiques

     

    PAR MATHIEU BOCK-CÔTÉ

    Cette tribune [2.08] - d'une pertinence toujours égale - est l'une de celles que Mathieu Bock-Côté donne sur son blogue du Journal de Montréal. Il aura été, depuis quelque temps déjà, un observateur lucide non seulement des évolutions politiques des pays dits encore occidentaux mais aussi de leur situation sociétale qui n'est pas de moindre importance.  L'esprit de ces chroniques, comme de celles qu'il donne au Figaro, est, au sens de la littérature et de l'histoire des idées, celui d'un antimoderne, même s'il n'est pas sûr qu'il acquiescerait à cette classification. Il s'est en tout cas imposé, selon nous, comme un esprit de première importance. Mathieu Bock-Côté n'est pas tendre ici pour Donald Trump, bien que, comme nous, il ait sans-doute préféré son élection à celle d'Hillary Clinton. Sur ce personnage, chef du plus puissant pays du monde, il nous paraît toutefois lucide.  Ce qui nous rappelle que, de par la nature de ce grand Etat, de ses intérêts, de son système politique et de sa classe dirigeante, les limites de l'alliance américaine doivent être toujours très présentes aux esprits français.  LFAR 

     

    501680460.5.jpgIl peut sembler facile, très facile, et même trop facile, de dire du mal de Donald Trump et de son administration. Hélas, il est difficile d’en dire autre chose !

    Nous sommes manifestement devant un pouvoir grotesque. Il a toutefois cela de particulier qu’il s’exerce à la tête de l’empire qui domine notre temps à un moment de l’histoire qui exigerait de grands dirigeants, capables de faire face à une époque tragique.

    Il y a quelque chose de saisissant à lire d’un côté les déboires d’un président fantasque et de l’autre, l’explosion d’une actualité internationale agitée qui laisse deviner des années difficiles.

    Histoire

    C’est le paradoxe de Trump : il prétend incarner un renouveau de la puissance américaine, mais il tourne son pays en ridicule sur la scène mondiale.

    Évidemment, l’Amérique survira à Trump, mais il aura contribué à son affaiblissement. Il en viendra un jour à représenter un dérèglement possible de la démocratie qui, toujours, peut céder aux démagogues, même si ceux-ci jouent souvent sur des inquiétudes populaires légitimes pour se hisser au pouvoir.

    Trump a conquis la Maison-Blanche en prenant au sérieux le sentiment de dépossession d’un grand nombre d’Américains. Il les trahit en se montrant incapable de se hisser à la hauteur de sa nouvelle fonction.

    Il voulait transgresser le politiquement correct, mais il en est venu à piétiner les exigences élémentaires de la décence.

    Revenons-y : l’époque est tragique et nous ne semblons toujours pas l’accepter.

    Revenons au début des années 1990. Après la chute du communisme, le monde occidental se croyait engagé sur le chemin de la paix perpétuelle. Certes, on trouverait encore ici et là des poches de résistance à la modernité.

    Mais le monde serait en voie de s’unir sous la pression du commerce et grâce au génie des droits de l’homme. La révolution technologique ferait de la planète un immense village.

    Les vieux conflits entre les pays, les religions et les civilisations deviendraient tout simplement incompréhensibles.

    Mondialisation

    Tout cela nous semble aujourd’hui terriblement ridicule.

    Qu’on pense seulement à la Russie de Poutine. Elle est dans une quête de puissance classique qui semble incompréhensible à ceux qui ne jurent que par la vie festive.

    Qu’on pense aux migrations massives, surtout celles qui frappent l’Europe : elles annoncent un monde chaotique qui fragilisera comme jamais le vieux monde.

    Qu’on pense aux fantasmes nucléaires de la Corée du Nord.

    Pensons, de manière plus heureuse, cette fois, au Brexit : en votant en sa faveur, les Britanniques ont rappelé que l’indépendance nationale demeure une valeur cardinale. Dans un monde bouillant, les peuples redécouvrent l’importance vitale des frontières.

    Retour à Trump. À certains égards, il représentait une révolte du peuple américain contre les excès de la mondialisation et un désir de réaffirmer une vision plus traditionnelle des États-Unis, plus adéquate pour affronter les temps nouveaux.

    Jusqu’à présent, il a tout gâché en se contentant d’être la caricature de lui-même. Il n’a pas su quoi faire de sa victoire. On ne voit pas comment il pourrait changer de cap.  

    MATHIEU BOCK-CÔTÉ

    Mathieu Bock-Côté est docteur en sociologie, chargé de cours aux HEC à Montréal et chroniqueur au Journal de Montréal et à Radio-Canada. Ses travaux portent principalement sur le multiculturalisme, les mutations de la démocratie contemporaine et la question nationale québécoise. Il est l'auteur d'Exercices politiques (VLB éditeur, 2013), de Fin de cycle: aux origines du malaise politique québécois (Boréal, 2012) de La dénationalisation tranquille (Boréal, 2007), de Le multiculturalisme comme religion politique (éd. du Cerf, 2016) et de Le Nouveau Régime (Boréal, 2017).

  • LIVRES - HISTOIRE • Arnaud Teyssier : « Richelieu fit du pouvoir un sacerdoce », entretien avec Raphaël de Gislain, po

    Arnaud-Teyssier.jpgArnaud Teyssier, haut fonctionnaire et biographe reconnu (Louis-Philippe, Charles Péguy) dresse un portrait du grand ministre de Louis XIII qui renouvelle l’approche de son œuvre politique. Approche qui peut, bien-sûr, être discutée...

    Vous décrivez Richelieu comme un homme d’une piété profonde, à l’opposé du Machiavel en habit rouge que l’on se plaît habituellement à peindre. Est-ce le secret qui éclaire son action politique ?

    Cela permet de l’envisager d’une manière beaucoup plus cohérente. Ce qui me frappe, c’est la façon dont on « exécute » en général toute la première partie de la vie de Richelieu. On explique qu’il fut un bon évêque de Luçon, non par vocation mais par esprit de devoir familial. On néglige le fait qu’il a passé des mois à Rome à une période de religiosité intense, qu’il a consacré beaucoup de temps à son diocèse, écrit un catéchisme pour ses prêtres, composé des traités théologiques jusqu’à son lit de mort. Ses travaux sont, certes, connus mais le doute est jeté sans aucune preuve tangible sur la sincérité de sa foi. Or l’énergie religieuse dont il fait preuve ne s’explique pas par la seule conscience de sa charge. Cette dimension n’a pas encore été vraiment étudiée. Elle met pourtant en lumière que le cardinal n’a rien d’un arriviste ; il accède au pouvoir en 1624, sept ans après ses premières missions, soit à quarante ans, ce qui n’a rien de fulgurant. Je crois que le problème vient du fait que l’on regarde les hommes d’église d’autrefois avec les yeux d’aujourd’hui. à l’époque, la foi est quelque chose de combatif, d’ardent ; cela fait partie du rôle du prêtre que d’agir pour la communauté, que de s’engager sur le terrain politique. Richelieu a cela ancré en lui.

    Lorsqu’il accède aux responsabilités politiques, au Conseil de la reine-mère Marie de Médicis et comme ministre de Louis XIII, quelles menaces pèsent sur le royaume ?

    Le royaume est déchiré. Il y a d’abord des guerres intérieures. Les grands du royaume, qui n’ont cessé de s’agiter depuis la mort d’Henri IV, ont été des acteurs du conflit qui a opposé Marie de Médicis à Louis XIII pendant de longues années ; il y a le problème de la puissance protestante, à la fois politique et militaire, héritage de l’édit de Nantes qui menace de faire vaciller le royaume : La Rochelle, au bord de la sécession, risque de provoquer une rébellion généralisée. Les dangers intérieurs sont donc énormes, surtout si l’on tient compte de l’affaiblissement politique de le France durant la régence de Marie de Médicis. La deuxième menace est d’ordre extérieur. Richelieu en prend conscience dès son passage au Conseil du roi en 1616 ; la stratégie d’unité des Habsbourg et de la monarchie espagnole qui vise à enfermer la France dans un étau lui semble un péril imminent. Entre 1624 et 1630, une partie du Conseil du roi, illustrée par Louis de Marillac rejoint par Marie de Médicis, souhaite se consacrer au rétablissement de l’ordre au sein du pays. Richelieu s’en dissocie. Il lui paraît nécessaire de se battre en même temps sur les fronts intérieur et extérieur, malgré les difficultés diplomatiques. Après la journée des Dupes en 1630, lorsqu’il est confirmé dans ses fonctions, sa politique est pleinement adoptée par le roi tandis que les rivaux sont écartés. 

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    Richelieu présente Poussin à Louis XIII

    Quelle relation se met en place entre Louis XIII et Richelieu ?

    On a beaucoup glosé sur cette question et la véracité des sources est parfois douteuse. Il me semble qu’entre le Richelieu du début et le jeune Louis XIII, l’entente n’a pas été immédiate, dans la mesure où le roi a pu être influencé négativement par son entourage. Cette méfiance s’estompe lorsque Richelieu devient une figure principale du pouvoir. Il apprend au roi à se garder de la calomnie comme de ses propres faiblesses ; il existe des échanges extraordinaires à ce sujet… Richelieu incarne progressivement une sorte de directeur de conscience pour Louis XIII ; on retrouve là le prêtre qu’il a toujours été. Ce lien se renforce au moment du siège de La Rochelle, lorsqu’en butte à la dépression, le roi trouve un appui solide en son ministre. Pour lui qui n’a jamais eu d’entourage fiable, ce soutien est une découverte. La journée des Dupes témoigne peut-être moins de la force de caractère insoupçonnée du roi contre la cour que de cette confiance exceptionnelle qui s’est nouée entre les deux hommes. L’idée répandue selon laquelle Richelieu aurait manipulé Louis XIII est à mon avis contraire à la nature de leur relation. Richelieu avait un respect absolu de l’autorité royale et savait que son œuvre était d’aider le roi à advenir, à être à la hauteur de sa charge.

    Quelle philosophie du pouvoir Richelieu développe-t-il ?

    Pour mettre un terme à la décadence du royaume, la première idée du cardinal est que « chacun doit revenir en sa charge » pour que les institutions soient incarnées comme elles le doivent. Sa deuxième grande réflexion concerne l’administration de la société humaine, l’organisation de la vie collective, qui doivent s’accomplir parallèlement à l’exécution des devoirs du chrétien. Son premier devoir est d’aimer les autres en pratiquant la charité active ; être utile à sa famille, à sa communauté. L’ordre des affaires publiques fonctionne sur le même modèle, il revient à faire passer le service d’autrui et les intérêts collectifs avant les intérêts privés. C’est une leçon très simple. On observe cette correspondance en lisant le Traité de la perfection du chrétien et le Testament politique. Je ne crois pas que Richelieu avait deux dimensions, une politique et une religieuse, mais qu’il en avait une seule : celle du prêtre.

    N’aurions-nous pas besoin de Richelieu dans la France d’aujourd’hui ?

    Je crois que De Gaulle avait dit que de toute façon, si Richelieu revenait, il serait battu aux élections ! Dans un pays comme la France, qui n’a pas rompu avec une conception monarchique du pouvoir, la survivance de l’idée du prince est un facteur essentiel d’unité, étant donnée la faiblesse de nos institutions. Ce dont nous avons besoin aujourd’hui, et que Richelieu nous enseigne, c’est de retrouver une conception sacerdotale du pouvoir. Bien sûr, on imagine mal le retour à la tête de l’état d’un prêtre ardent comme l’était le cardinal, mais il faut que l’on reconsidère cette idée qu’il nous transmet que l’unité du pays et la suprématie de l’intérêt général possèdent une dimension sacrée. Ce qui est étonnant, c’est que cette conception chrétienne de la politique est restée dans la société française laïcisée d’aujourd’hui. C’est un paradoxe et une grande difficulté. Comment l’incarner dans un système moderne et déchristianisé ? Aucun régime, ni la monarchie parlementaire, ni le Second Empire, ni la République, ni même De Gaulle, n’ont réussi à « resacraliser » le pouvoir… 

    Richelieu, l’aigle et la colombe, d’Arnaud Teyssier, éditions Perrin, 24,50 € 

    (Politique magazine - )
  • Après l'émotion, il faudra bien prendre conscience de la situation de guerre où nous sommes entrés, sans-doute pour long

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    Il était bien prévisible que l'otage français capturé en Algérie par les islamistes ne tarderait pas à être exécuté. Il a fallu que ce soit chose faite, dans les horribles conditions que l'on sait, que l'on a vues, pour que l'émotion s'empare, fortement cette fois-ci, de l'opinion française et de ceux qui la font. L'onde de choc de telles images et de telles émotions peut s'étendre loin dans l'espace (en Europe notamment), dans le temps (le renouvellement de tels actes est évidemment à prévoir), et dans l'ordre des conséquences : politiques, militaires, sociales et idéologiques. 

    Dans cette situation, le rappel des responsabilités des uns et des autres serait vain si l'on n'en tirait aucunes conséquences idéologiques et politiques. Ces dernières devraient aller de soi.

    Sur le plan extérieur, sans remonter trop loin dans l'histoire récente, il est clair que les interventions américaines en Afghanistan et surtout en Irak, à quoi s'ajoute l'initiative stupide de la France en Libye, ont bouleversé le toujours fragile équilibre proche-oriental et y ont libéré les forces - et les armes - qui nous frappent aujourd'hui. Sans-doute pour longtemps. Savait-on, à Washington et à Paris ce que l'on risquait en touchant, sans autre projet politique sérieux que d'y installer des démocraties paisibles, au monde arabe ? Les avertissements n'avaient pas manqué. Ils étaient justifiés. Mener sa politique, sans suivre aveuglément les Etats-Unis (comme elle l'a fait en 2003, où elle s'est abstenue de participer à la deuxième guerre d'Irak), en éliminer l'idéologie et le moralisme qui la corrompent trop souvent, soutenir, partout où cela sera possible, les hommes et les régimes qui constituent ou pourront reconstituer des zones d'ordre qui ne nous menacent pas, en somme, mener une politique réaliste et non une politique de principes, voilà qui devrait s'imposer à la France. Saura-t-elle opérer cette rupture ? Pour l'instant, elle n'a d'autre choix que de frapper, elle aussi, affaiblir, détruire autant qu'il sera possible, les forces en guerre contre nous, libérées par nos propres inconséquences. Il est probable que nous venons d'entrer dans une période de guerre de longue haleine. Guerre de trente ans, guerre de cent ans ? En tout cas, ce genre de guerre - dite, aujourd'hui, asymétrique - dont il n'est pas possible d'entrevoir le terme ...   

    La menace intérieure est l'autre face de ce conflit, en lien et synergie avec la précédente. Elle est majeure. Le consentement de la France à une immigration massive en provenance des pays d'Islam en est l'élément principal. Certes, comme on nous en rebat suffisamment les oreilles, les immigrés de religion ou de culture musulmane ne doivent pas, individuellement, et même collectivement, être suspectés de terrorisme. La plupart souffrent de la situation actuelle. Ces considérations n'empêchent pas que les politiques d'immigration menées en France ces quarante dernières années, aboutissant à la présence sur notre sol de dix à douze millions d'immigrés de religion ou de culture musulmane, sont directement responsables du climat d'insécurité, de la crise d'identité, et, pour une part non négligeable, des difficultés économiques, qui ont conduit à la démoralisation des Français. Le parti immigrationniste (en fait, ce que nous appelons le Système) - politiques, intellectuels, journalistes, syndicalistes (y compris le patronat), monde de l'Education, nébuleuse des associations, églises, jusqu’au plus haut niveau - ont, à quelques courageuses exceptions près, imposé leur loi politique et morale à la France. Leur responsabilité est terrible. Aujourd'hui s'ajoute au malaise identitaire, la menace terroriste intérieure. Concrète et terrifiante. Issue qu'on le veuille ou non - très minoritaire, il est vrai, mais fanatique, résolue à toutes les extrémités et en lien avec le jihadisme international - de la communauté immigrée. Une politique de l'immigration en rupture radicale avec celle suivie jusqu'à présent, devrait donc s'imposer. Ce n'est pas le lieu d'en décrire le détail. Mais nous devrions y revenir prochainement.

    Quelles seront les suites politiques, idéologiques, électorales, européennes, militaires, du choc - pour l'instant surtout émotionnel - que la France vient de connaître ? Entraînera-il une réaction déterminante, ou sera-t-il récupéré, canalisé par la conjonction des idéologues et des bonnes consciences ? Amplifiera-t-il les réactions qui commencent à poindre aussi, en Europe, comme Louis-Joseph Delanglade l'a indiqué, ici, avant-hier ? Permettra-t-il, comme le suggérait un commentaire reçu, hier, dans notre blog, de "crever l'abcès en liquidant toute cette menace mise à jour une bonne fois" ? L'on peut en douter. Il n'est pas non plus interdit de l'espérer.  u

     

    Lafautearousseau

     

  • Plein accord, là, pour le coup, avec Alain de Benoist : le but du sans-frontiérisme est de créer un homme hors sol

    592bfe96545823139a07ac761c088575.pngEntretien avec Alain de Benoist réalisé par Nicolas Gauthier, mis en ligne le 17 juillet, dans Boulevard Voltaire.

    Entre les uns qui veulent les abolir et les autres qui entendent les restaurer, les frontières semblent s’être réinvitées au cœur du débat politique ?

    La « frontière » est à l’origine un terme militaire, qui désigne tout simplement la ligne de front et qui n’apparaît qu’assez tardivement (on se contentait auparavant de parler de « confins »). Ce n’est qu’à partir du XVIe siècle, dans le contexte de la formation des États nationaux, puis avec la généralisation du modèle westphalien (1648), que le terme acquiert le sens politique et juridique que nous lui donnons. La frontière délimite alors le territoire sur lequel s’exerce l’autorité souveraine de l’État. Elle garantit du même coup l’identité de ceux qui vivent à l’intérieur de ce territoire, en leur permettant de jouir d’un mode de vie partagé. La frontière est par ailleurs une notion tellurique, liée à la logique de la Terre. Les « frontières maritimes » ne sont en effet que des conventions arbitraires, dont la définition dépend de l’existence de territoires terrestres, îles et littoraux (les « eaux territoriales »).

    Les frontières existent toujours. Dans son bel Éloge des frontières, Régis Debray signale même que, depuis 1991, tandis que la mondialisation progressait à grands pas, 27 000 km de frontières nouvelles ont été créés en Europe en en Eurasie. « La plupart des peuples, ajoute-t-il, entretiennent avec leurs limites un rapport émotionnel et quasiment sacré ». Le problème, c’est que les frontières n’arrêtent plus grand-chose, ni les programmes d’information, ni les technologies, ni les flux financiers, ni les marchandises ou les migrations humaines. Elles étaient des écluses, elles deviennent des passoires. Elles restent pourtant indispensables sur le plan politique : il n’y a de démocratie possible qu’à l’intérieur de frontières territoriales déterminées, car c’est seulement dans un tel cadre qu’il est possible de distinguer entre citoyens et non-citoyens. « C’est à la frontière d’assurer la paix en permettant à chaque peuple de connaître et de faire connaître, de délimiter, de faire respecter et de défendre ses droits », écrit Hervé Juvin dans La grande séparation.

    Faites-vous un distinguo entre les frontières naturelles et celles ne devant leur légitimité qu’au compas des géomètres, au Moyen-Orient ou en Afrique noire ?

    C’est surtout à partir de la Révolution que se développe l’idée de « frontières naturelles », en particulièrement chez les Jacobins qui, acquis à l’esprit de géométrie, veulent faire de la nation un espace rigoureusement unifié. Le 31 janvier 1793, Danton assure que « les limites de la France sont marquées par la nature », laissant ainsi croire à une sorte de prédestination naturelle (ou providentielle) de l’Hexagone. Très en vogue au XIXe siècle, cette idée est aujourd’hui en grande partie abandonnée. La géographie physique explique beaucoup de choses, mais elle n’explique pas tout. Les grands fleuves, comme le Rhin, longtemps considéré comme la « borne naturelle des Gaules », unissent les peuples des deux rives autant qu’ils les séparent, comme c’est aussi le cas du Nil. Il en va de même de la plupart des chaînes de montagne : le peuple basque vit aujourd’hui des deux côtés des Pyrénées. Les mers elles-mêmes sont des frontières naturelles toutes relatives, comme le montre l’existence d’une « civilisation méditerranéenne ». Les véritables frontières naturelles relèvent en fait plutôt de la géographie humaine : ce sont celles qui séparent des peuples ou des cultures sociales-historiques distinctes.

    Il est au fond plus facile d’identifier les frontières artificielles. À la fin de la Première guerre mondiale, le démantèlement des empires austro-hongrois et ottoman a créé des nations nouvelles totalement artificielles, comme la Yougoslavie et la Tchécoslovaquie. Sous pression américaine, la carte de l’Europe fut ainsi redessinée. On sait ce qu’il en est advenu.

    Certains militants européens souhaitent supprimer les frontières intra-européennes sans pour autant les renforcer à l’extérieur. Angélisme, suicide ou syndrome d’un Vieux monde fatigué ?

    Un peu de tout cela sans doute. Mais le « sans-frontiérisme » me paraît moins développé chez les « militants européens » (qui, pour la plupart, sont parfaitement conscients des frontières de l’Europe) que chez les libéraux, dont le mot d’ordre a toujours été la maxime attribuée à Vincent de Gournay : « Laissez faire, laissez passer ». Depuis ses origines, le capitalisme est un système qui pousse à la suppression des frontières, puisqu’il est dans son essence d’aspirer à un libre marché toujours plus vaste. Tout ce qui fait obstacle à cette expansion doit être supprimé. Une certaine gauche qui se présente souvent comme « radicale », mais qui est en fait acquise aux idées libérales, aspire elle aussi à faire disparaître les frontières, qu’elle juge « archaïques » et dépassées. Le but est de créer un homme hors-sol, délié de toute appartenance, ouvert à tous les mélanges, à toutes les hybridations. Un monde de « citoyens du monde », qui oublient seulement qu’on ne peut être citoyen que d’une entité politique et que le « monde » n’en est pas une. On pourrait dire qu’avec le « sans-frontiérisme », la logique de la Terre s’efface au profit de celle de la Mer, qui ne connaît que des flux et des reflux.

  • Fin de régime par Hilaire de Crémiers *

    H D C - Copie.jpgLa ruine dans l'ignominie, tel est le bilan à ce jour de François Hollande. Pourra-t-il même durer ? Cette interrogation commence à être posée publiquement, même par les esprits les plus rassis. Alors se posera la question du régime. Car à quoi sert de continuer dans les mêmes errements.

    La situation générale de la France empire de jour en jour. Le chômage touche directement plus de 5 millions de personnes et affecte en contre-coup près du tiers de la population du pays. Aucune des politiques publiques qui ne sont jamais que matières à discours pour politiciens en mal de démagogie, n'a enrayé le développement de cette maladie qui ronge à l’intime la société française. Dans l'état actuel des choses, un point de non-retour est atteint. Toutes les activités du pays s'en ressentent avec des enchaînements de masse que personne ne contrôle plus.

     

    LA RUINE 

    La France entre en déflation et la raison en est simple : le dynamisme économique suppose la confiance et l'aisance ; elles ne sont plus là. L'État a tout fait pour les tuer. Les chiffres que les experts assènent à tour de bras pour imposer des explications plus ou moins idéologiques, ne viennent, en réalité, que corroborer la triste atonie de la vie française. La croissance ne sera pas au rendez-vous et elle ne peut pas l'être : le r 0% estimé se révèle à mi année impossible à obtenir. L'effet récessif deviendra cumulatif, une chute d'activité en entraînant une autre, comme c'est prévisible : ainsi dans le bâtiment qui est, comme chacun le sait, un exemple topique de l'ensemble des comportements économiques. Une kyrielle de chiffres s'ensuivra auquel Manuel Valls ne pourra rien et qui s'abattra sur toutes ses prétentions : moindres rentrées fiscales, déséquilibre budgétaire, effondrement des comptes sociaux, cascades de dégringolades consécutives sur l'ensemble du front économique et financier, jusqu'au moment où le doute se portera sur la dette souveraine. C'est évidemment ce que redoute la Cour des comptes. Hollande aura beau supplier, ni Angela Merkel, ni Matteo Renzi, le bel Italien, ni Jean-Claude Juncker, le nouveau président de la Commission européenne, ne viendront à son secours. Il sera seul devant une France dévastée où plus aucun accord social ne sera possible - et c'est déjà pratiquement le cas - et dont les réactions et les colères seront imprévisibles. Le pacte de responsabilité prend des allures fantomatiques et, les largesses du gouvernement ne cessant de s'étendre dans le but vain de récupérer un électorat perdu, aucun redressement n'est sérieusement envisageable.

    Or, imperturbablement, le gouvernement poursuit son programme législatif, fondamentalement maçonnique, de destruction systématique, comme si de rien n'était : la famille, la filiation, les territoires et leur découpage, la loi pénale, la santé, la vie, la mort, la morale élémentaire, tout y passe. La France sera un pays totalement déresponsabilisé, à l'image de ces barbaries modernes qui usurpent le nom de civilisation : le fameux « meilleur des mondes » où les «  alphas » réduisent en esclavage les « epsilons ». Le but évident est de casser les ressorts de la vieille nation pour en faire une proie facile, tout autant des marchés que des petits groupes de pression qui s'imaginent manipuler l'univers, des monstres à l'idéologie froide et perverse que ne retient aucun scrupule.

     

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    C'est d'ailleurs ce qui fausse les analyses les plus pertinentes d'un certain nombre d'experts financiers et économiques. Ils refusent d'envisager la dimension morale, spirituelle, essentiellement politique, de cette catastrophe qui s'annonce. Bien sûr que la France est dans une totale incohérence à vouloir, à la fois, poursuivre la mondialisation en activant le fédéralisme européen, le traité transatlantique, la concurrence universelle, Le libre-échange généralisé, et garder dans le même temps son socialisme archaïque et inadapté. Ce n'est pas une raison pour en conclure qu'il suffit de faire sauter les dernières digues nationales pour que la France se retrouve à l'aise dans l'océan du mondialisme, d'ailleurs, plein de courants trompeurs et de pirates pilleurs sous tous les pavillons. Tout est fait pour la noyer et c'est concrètement ce qui se passe sous nos yeux en dépit des rodomontades d'un Valls ou d'un Montebourg ; bientôt il n'y aura plus d'entreprises françaises, proprement françaises, plus rien, et les savants experts, de leur plume acérée, continueront encore à analyser, réanalyser, sans tirer la vraie et seule conclusion qui s'impose : la France est mal gouvernée.

     

    L’IGNOMINIE 

    De quoi s'agit-il ? Dix mille, quinze mille personnes tout au plus, cinq mille au vrai, Ies heureux bénéficiaires des prébendes politiques, sociales, économiques... et médiatiques. Ils tiennent tout, sans rien tenir vraiment. Ils n'ont aucune idée concrète de la réalité française ; pas plus qu'ils ne comprennent l'état d'esprit du peuple dans ses différentes composantes : ils en ont peur, car les réactions des familles, des provinces, des professions, toutes durement atteintes par des lois et des directives aussi criminelles qu'insensées, leur échappent totalement. Ne parlons pas de l'immigration dont la plupart d'entre eux ignorent les conséquences, installés dans leurs bureaux, leurs quartiers, sous surveillance constante, à l'abri physique de tout danger réel ; ils peuvent pérorer sans même avoir aucun souci véritable de ces populations abandonnées et qui, d'ailleurs, maintenant, les abandonnent ; ils feraient bien de se méfier ; ils ne pourront plus longtemps continuer à les instrumentaliser. Issus, pour la plupart d'entre eux, de milieux protégés grâce auxquels, même quand ils sont d'origine modeste, ils ont réussi, ils feignent de croire, tel un Valls - voir le livre d'Emmanuel Rattier Le vrai visage de Manuel Valls, Editions Facta, (16 €) - et tel aussi un Hollande ou n'importe quel autre de cette gente politicienne, qu'ils doivent tout à la République pour mieux se l'approprier. Ce n'est plus « la chose publique », c'est devenu « leur chose » à eux.

    Le problème pour eux est qu'ils se la disputent. Ne pensant qu'à 2017, ce qu'ils veulent, c'est placer « leur » candidat face à Marine Le Pen en pensant ainsi triompher au deuxième tour. Voilà à quoi se résume leur stratégie. D'où la nécessaire élimination des autres. Prêts alors à tous les coups pour satisfaire leurs ambitions de carrière, ils « flinguent », moralement d'abord, judiciairement et politiquement ensuite, tout adversaire potentiel. Aujourd'hui, c'est Sarkozy la cible et les moyens les plus vils sont utilisés. Quand, s'il vous plaît, les investigateurs se pencheront-ils sur le cas Hollande avec son trésorier de campagne aux comptes placés aux îles Caïmans ? Mediapart ni les juges « du mur des cons » ne s'y intéressent donc ? Curieux, non ?

    En fait, le règlement de comptes devient l'ultime loi entre les partis dits de gouvernement, tout comme dans « le milieu », et maintenant cette loi du milieu règne jusqu'à l'intérieur des partis et des groupes : gauche contre droite, gauche contre gauche, droite contre droite, centre contre tout le reste et contre le centre lui-même, la vie politique française est un enfer ou la haine et la vengeance régissent les rapports humains. Chacun accuse l'autre de tricher, sans jamais reconnaître que c'est le système lui-même qui est une immense tricherie.

     

    Source Politique magazine, n°131 - Juillet-août 2014

     

  • Notre hypohèse est que le ”coup d'Etat” de Valls échouera et qu'il ne sortira pas la France de la crise

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    On nous excusera de parler de coup d'Etat. Le terme est excessif et n'est que repris d'un titre du Figaro. Excessif et néanmoins en partie fondé : il est vraisemblable que Manuel Valls a imposé le limogeage d'Arnaud Montebourg à François Hollande, lequel, selon son habitude, et même selon sa nature, eût sans-doute préféré temporiser. Temporiser, biaiser, mentir, comme toujours. Mais Valls ne lui a sans-doute pas laissé le choix; De Gaulle eût dit : il lui a mis le marché en mains. ("C'est lui ou moi"). Et le départ du Premier Ministre, c'eût été pire ! Coup d'Etat évident, provocation nette, aussi, vis à vis du parti socialiste, de son idéologie, de ses courants, de son électorat et ... de ses élus à l'avenir, aujourd'hui, plus qu'incertain. En dévoilant clairement, brutalement, sa ligne dite social-libérale, en nommant à la succession d'Arnaud Montebourg, Emmanuel Macron, jeune surdoué notoirement plus libéral que socialiste, en se rendant à Jouy en Josas à l'université d'été du Medef, pour y déclarer combien il aime le monde de l'Entreprise, Valls n'a certes commis aucun crime. Sauf celui de rompre avec l'orthodoxie socialiste et avec le mythe de l'unité du parti.  En fait, il a imposé la ligne qu'il avait défendue lors de la primaire socialiste. Primaire qu'il avait largement perdue; primaire, d'ailleurs, qui n'a cessé de se prolonger depuis l'élection de François Hollande à la présidence de la République; primaire qui en est la trame, qui empoisonnera son quinquennat (?) jusqu'à la fin. Fin dont, aujourd'hui, nul ne peut plus prévoir la date. Nous l'avons dit : c'est le retour, désormais, du plein régime des partis; des tractations et des majorités introuvables; des gouvernements éphémères. A Gauche, d'ailleurs, comme à Droite. Et c'est l'une des raisons, politique, celle-là, pour lesquelles notre hypothèse est que Manuel Valls échouera et ne sortira pas la France de la crise. 

    Une autre raison essentielle est l'extrême fragilité de notre économie. Non pas, nécessairement, à cause de la situation interne des entreprises, encore moins de leur incompétence. Mais bien plutôt à raison des boulets dont l'économie française prise dans son ensemble, doit supporter l'impossible charge. Il s'agit donc d'une fragilité plus systémique que conjoncturelle. De cette fragilité, les paramètres sont connus : le lourd service de la dette et ses aléas, nos dirigeants vivant dans l'angoisse perpétuelle, toujours dissimulée, d'une attaque des marchés et de l'augmentation des taux d'intérêt, laquelle ferait aussitôt exploser budgets et prévisions de réduction de dépenses; le coût global d'un chômage exceptionnellement élevé, en hausse récurrente, supporté par la collectivité nationale; le taux des prélèvements obligatoires, fondamentalement trop important en France pour permettre un véritable retour à la croissance; le déficit devenu chronique de notre commerce extérieur (- 70 milliards en France / + 200 milliards en Allemagne !) qui manifeste, en la matière, le dramatique décrochage de la France; sans-doute, aussi, rarement avancé, difficilement chiffrable sans contestation, le coût de l'immigration massive, certainement très lourd, très probablement supérieur au service de la dette ... De fait, les grands secteurs économiques sont tous en crise : production industrielle, commerce, bâtiment, tourisme... C'est pourquoi, là encore, notre hypothèse est que l'actuel et quelque peu pathétique recours du gouvernement Valls au patronat et aux entreprises pour sortir le pays de la crise, échouera, n'atteindra pas l'objectif. A soi seules, les entreprises n'en ont plus les moyens. Leur concours sera de faible effet.

    C'est que la crise dont nous parlons n'est plus seulement politique ni économique. Elle est structurelle et sociale. Les tenants de l'économique d'abord, qui primerait tout, selon nous ont tort. Il n'y a pas de santé économique possible sans le substrat de la santé politique et sociale. Sans un niveau éducatif, culturel et professionnel suffisant, sans cohésion sociale, sans un minimum d'accord et de cohérence dans l'ordre moral, sans confiance dans son pays, sans conscience d'appartenance à une communauté, une identité stable et définie, sans une jeunesse au travail, sans un Etat qui assume cet ensemble, le fasse sien et, en quelque sorte, le dynamise, il n'y a pas de retour à la santé possible pour l'économie non plus.

    C'est, nous le savons bien, ce qui accroît la difficulté et repousse assez loin les limites du problème français. Mais faut-il se cacher les réalités, au risque de ne résoudre vraiment jamais rien ? Remettre en question les fondements mortels de notre régime politique, remettre en cause ce que, par extension, nous nommons aussi le Système, n'est pas dans la vocation de Manuel Valls, ni de son gouvernement. Et c'est pourquoi notre hypothèse est que Manuel Valls échouera, qu'il ne sortira pas la France de la crise.

    Il y faudra d'autres idées, d'autres principes d'autres moyens et d'autres circonstances.

    Lafautearousseau

  • Alain de Benoist dans Boulevard Voltaire : « La dette ? Une machine devenue folle et proche de ruiner tous les États »

     

    Nous avons donné hier l'analyse de Phoenix Capital sur ce qui devrait se passer quand la Fed cessera de soutenir les marchés. Alain de Benoist dit ici ce qu'il pense de la dette des Etats. Nous partageons son point de vue.  

     

    1530443371.jpgLa dette… La dette… La dette ! Elle obsède tout le monde, et c’est sans doute à juste titre. Mais comment en est-on arrivé là ?

    La possibilité offerte aux ménages d’emprunter pour couvrir leurs dépenses courantes ou acquérir un logement a été l’innovation financière majeure du capitalisme d’après-guerre. À partir de 1975, c’est ce qui a permis de compenser la baisse de la demande solvable résultant de la compression des salaires et de la précarité du travail. Le crédit a ainsi représenté pendant des décennies le véritable moteur de l’économie. Aux États-Unis, cette tendance a encore été encouragée dans les années 1990 par l’octroi de conditions de crédit de plus en plus favorables, sans aucune considération de la solvabilité des emprunteurs. Quand la crise financière de 2008 a éclaté, les États se sont encore endettés pour empêcher les banques de sombrer. La machine s’est alors emballée de façon telle que les États surendettés sont devenus prisonniers de leurs créanciers, ce qui a limité d’autant leur marge de manœuvre en matière sociale et politique. Aujourd’hui, ils se retrouvent pris dans un système usuraire, puisqu’ils n’ont d’autre alternative que de continuer à emprunter pour payer les intérêts de leur dette (la France emprunte, à cet effet, 50 milliards d’euros par an), ce qui augmente encore le montant de cette dette.

    Résultat : le volume total de la dette mondiale atteint aujourd’hui le chiffre faramineux de 200.000 milliards de dollars, soit 286 % du PIB mondial, contre 142.000 milliards de dollars en 2007. Et encore ne tient-on pas compte des dettes contingentes comme la dette bancaire ou celle des retraites à servir !

    La dette cumulée de tous les États atteint des niveaux stratosphériques. Les particuliers et les ménages savent bien pourtant que personne ne peut vivre perpétuellement à crédit…

    Il semble, en effet, préférable de ne pas dépenser plus que ce que l’on gagne. Mais le problème est qu’on ne peut assimiler le budget d’un État à celui d’un ménage. Un État est tenu de faire des investissements à long terme qui, ne pouvant être financés sur la base des seules recettes courantes, doivent obligatoirement l’être par l’emprunt. Les nations, en outre, ne sont pas des êtres mortels : un pays ne fait pas faillite à la façon d’une entreprise ou d’un particulier. Enfin, quand il emprunte, un État n’engage pas sa propre fortune, mais celle de ses citoyens (il gage une partie de l’épargne des plus aisés plutôt que de la prélever par le moyen de l’impôt). Ce faisant, il se soumet, en revanche, aux marchés financiers. Le montant de la dette indique le degré d’aliénation de l’État.

    Tout le monde fait les gros yeux à la Grèce, en affirmant qu’elle « doit payer sa dette ». Michel Sapin dit même que, si elle ne la payait pas, cela coûterait 600 ou 700 euros à chaque Français. Mais que faire quand on ne peut pas payer ?

    Rappelons d’abord que, contrairement à ce que prétend la vulgate médiatique, l’envolée de la dette grecque est due pour l’essentiel à des taux d’intérêt extravagants et à une baisse des recettes publiques provoquée par des amnisties fiscales qui ont surtout profité à l’oligarchie. Quant à Michel Sapin, il dit n’importe quoi. Les prêts que la France a consentis à la Grèce sont, en effet, déjà comptabilisés dans la dette publique française, que la France n’a pas plus que la Grèce l’intention (ni les moyens) de payer. Il n’y a, en fait, aucun avenir pour la Grèce à l’intérieur d’une Union européenne qui cherche à constitutionnaliser les politiques d’austérité afin de museler la souveraineté populaire : comme l’a dit sans fard Jean-Claude Juncker, porte-parole des étrangleurs libéraux et subsidiairement président de la Commission européenne, « il ne peut y avoir de choix démocratique contre les traités européens » (sic). La Grèce n’a d’autre choix que de passer sous la table ou de la renverser, c’est-à-dire de faire défaut sur sa dette et de sortir de l’euro.

    Ceux qui font les gros yeux à la Grèce devraient essayer de comprendre que, si la morale est de mise en matière de dette privée (cf. l’allemand Schuld, « dette », et schuldig, « coupable »), elle ne l’est pas en matière de dette publique. Quand un État emprunte, il ne s’engage pas moralement, mais conclut un simple accord financier. La valeur de cet accord est subordonnée à des exigences politiques, en ce sens qu’aucun État ne peut saigner à mort son peuple au seul motif que les accords signés doivent toujours être respectés (pacta sunt servanda). L’économie de la servitude n’est, en effet, pas supportable : on ne saurait exiger d’un peuple qu’il rembourse une dette contractée dans le passé à ses dépens. Au demeurant, les exemples ne manquent pas qui montrent que l’obligation de rembourser une dette publique n’a jamais été considérée comme absolue. La dette de l’Équateur a été supprimée en 2008, celle de l’Islande en 2011. En Pologne, dès l’arrivée au pouvoir de Lech Wałęsa, en 1990, les créanciers de ce pays ont réduit sa dette de 50 %. Quand ils ont envahi l’Irak en 2003, les États-Unis ont épongé la dette irakienne pour assurer la solvabilité du pouvoir qu’ils venaient de mettre en place à Bagdad. Quant à l’Allemagne, elle ferait bien de ne pas oublier qu’après la guerre, le « miracle économique » allemand n’a été rendu possible que grâce à l’accord de Londres du 27 février 1953, qui a d’un trait de plume supprimé plus de la moitié de sa dette extérieure. C’est la meilleure preuve que, lorsqu’une dette devient insupportable, il n’y a pas d’autre solution que de l’annuler ou de la restructurer. 

    Boulevard Voltaire

     

  • Immigration : Besancenot-Laurence Parisot, même combat ! C'est ce que dit Alain de Benoist, dans Boulevard Voltaire

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    Autrefois, il y avait l’infernal tandem libéral-libertaire incarné par Daniel Cohn-Bendit et Alain Madelin. Il y a aujourd’hui celui formé par Najat Vallaud-Belkacem et Emmanuel Macron, avec cette particularité qu’ils appartiennent l’un et l’autre au même gouvernement. Alliance contre-nature ?

    Alliance parfaitement naturelle, au contraire, puisque le libéralisme économique et le libéralisme sociétal dérivent tous deux de la même conception d’un « homme économique » fondamentalement égoïste ayant pour seul but de maximiser rationnellement son utilité, c’est-à-dire son meilleur intérêt. Ce qu’on appelle l’axiomatique de l’intérêt n’est rien d’autre que la traduction en termes philosophiques de cette disposition naturelle de l’être humain à l’égoïsme. Le libéralisme pose l’individu et sa liberté supposée « naturelle » comme les seules instances normatives de la vie en société, ce qui revient à dire qu’il fait de l’individu la seule et unique source des valeurs et des finalités qu’il se choisit. La liberté libérale suppose ainsi que les individus puissent faire abstraction de leurs origines, de leur environnement, du contexte dans lequel ils vivent et où s’exercent leurs choix, c’est-à-dire de tout ce qui fait qu’ils sont tels qu’ils sont, et non pas autrement. La vie sociale, dès lors, n’est plus affaire que de décisions individuelles, de négociations procédurales et de choix intéressés.

    Historiquement parlant, le libéralisme économique s’est certes le plus souvent exprimé « à droite », tandis que le libéralisme sociétal se situait « à gauche ». C’est ce qui a permis à une certaine gauche de présenter le capitalisme comme un système autoritaire et patriarcal, alors qu’il est tout le contraire. Marx voyait plus juste quand il constatait le caractère intrinsèquement révolutionnaire de l’illimitation capitaliste, qui revient à noyer toute valeur autre que la valeur marchande dans les « eaux glacées du calcul égoïste ». Par là s’explique le rapprochement de ces deux formes de libéralisme. Pour étendre le marché, le libéralisme économique ne peut que détruire toutes les formes traditionnelles d’existence, à commencer par la famille (qui est l’un des derniers îlots de résistance au règne de la seule valeur marchande) ; tandis qu’à l’inverse, ceux des héritiers de Mai 68 qui voulaient « interdire d’interdire » et « jouir sans entraves » (deux slogans typiquement libéraux) ont fini par comprendre que c’est le capitalisme libéral qui pouvait le mieux satisfaire leurs aspirations.

     

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    On sait depuis longtemps que, si la gauche a trahi le peuple, la droite, elle, a fait de même avec la nation. Et les deux de se réconcilier dans le même culte du marché. Quelle réalité derrière ce constat probablement un brin hâtif ?

    La nation n’acquiert un sens politique qu’au moment de la Révolution. Ce qui revient à dire qu’elle est née « à gauche » avant de passer « à droite ». La façon dont un fossé, qui ne cesse de s’élargir, s’est creusé entre la gauche et le peuple est un des traits majeurs du paysage politique actuel. La raison majeure en est que la « gauche », qui s’était rapprochée du mouvement socialiste et ouvrier au moment de l’affaire Dreyfus, s’est aujourd’hui ralliée à la société de marché, renouant du même coup avec ses origines libérales (idéologie du progrès, religion des droits de l’homme et philosophie des Lumières). Comme l’a fait remarquer Jean-Claude Michéa, il ne serait jamais venu à l’idée de Proudhon ou de Sorel, et moins encore de Karl Marx, de se définir comme des « hommes de gauche » !

    Même le travail est devenu un marché puisqu’on raisonne désormais en termes de « marché du travail ». Mais ce « marché » marche-t-il aussi bien que le prétendent ses infatigables promoteurs ?

    Selon la vulgate libérale, le marché est à la fois le lieu réel ou s’échangent les marchandises et l’entité virtuelle où se forment de manière optimale les conditions de l’échange, c’est-à-dire l’ajustement de l’offre et de la demande et le niveau des prix. Il est donc supposé autorégulateur et autorégulé, ce qui veut dire qu’il fonctionne d’autant mieux que rien ne fait obstacle à son fonctionnement « spontané », ce qui implique que rien n’entrave la libre circulation des hommes et des marchandises, et que les frontières soient tenues pour inexistantes. Adam Smith explique cela très bien quand il écrit que le marchand n’a d’autre patrie que celle où il réalise son meilleur profit. L’idée générale, en arrière-plan, est que l’échange marchand constitue la forme « naturelle » de l’échange. Étonnez-vous après cela que le patronat veuille toujours plus d’immigration ! Besancenot-Laurence Parisot, même combat !

    La forme d’échange propre aux sociétés traditionnelles n’est en réalité pas le troc (dont on ne retrouve la trace nulle part), mais la logique du don et du contre-don. Loin d’être « spontané », le marché, au sens moderne de ce terme, a été institué par l’État, comme l’a bien montré Karl Polanyi dans La Grande Transformation. L’idée d’une concurrence « pure et parfaite », enfin, n’est qu’une vue de l’esprit : les échanges commerciaux ne peuvent s’épargner de prendre en compte les phénomènes de pouvoir qui sont à l’œuvre dans toute société humaine. Le libéralisme prend fin dès l’instant où, face à la théorie libérale d’une « harmonie naturelle des intérêts », on reconnaît l’existence d’un bien commun primant sur les intérêts particuliers. ♦

     

    Source : Boulevard Voltaire - Entretien réalisé par Nicolas Gauthier

  • Pau : François Bayrou honore un partisan de la décapitation ♦ Lettre ouverte d'Alexis Arette *

    Il y a déjà un certain nombre d’années, nous nous souvenons d’avoir écouté, autour d’Hilaire de Crémiers, à l’occasion d’un camp d’été destiné à la formation de jeunes royalistes, non loin de Pau, Alexis Arette parler, avec cette éloquence particulière qui le caractérise, de son pays, le Béarn, des libertés régionales que la France a perdues, et de tout ce qui lui a été ravi d’autre, par ailleurs, qui lui venait de son Histoire, de sa terre, et de son peuple. Les Provençaux présents, virent aussitôt en Alexis Arette, une sorte de Thibon béarnais. Voici que nous retrouvons aujourd’hui Alexis Arette, vice-président de l’Académie de Béarn, parce qu’il vient d’écrire, le 28 octobre dernier, à François Bayrou, après l'inauguration à Pau d'une allée en l'honneur d'Abd-el-Kader, la lettre ouverte qui suit. Nous l’avons retrouvé dans ces lignes égal à lui-même.  ♦

     

    Arette-Alexis-e.jpg« François,

    Je ne pense pas que l’inauguration de l’allée Abd-el-Kader améliorera les problèmes de circulation que la précédente municipalité t’a laissés en cadeau, et je doute que le geste soit assez fort pour convaincre les coraniques palois de voter en faveur du Pays de Béarn. Si tu y avais ajouté le geste audacieux d’une circoncision publique, peut-être… 

    À cette occasion, il m’est revenu à l’esprit qu’Abd-el-Kader était un humaniste tout à fait particulier. Dans la guerre qu’il menait contre les Français, pour les droits de l’homme musulman de conserver un harem et de pratiquer l’esclavage, il y eut quelques trêves, et au cours de l’une d’elles, les Français acceptèrent de rendre à l’émir une centaine de ses esclaves noirs, qui avaient cru trouver la liberté en se réfugiant sous notre drapeau. Abd-el-Kader les fit tous décapiter. Il n’était, ce faisant, qu’un très modeste émule de Mahomed qui, lui, avait fait couper le cou des 900 juifs de la tribu des Banou-Caraïza, pour mettre leurs jolies femmes dans le lit de ses guerriers. Tamerlan devait faire mieux encore en édifiant des pyramides avec les têtes des infidèles tombées sous le cimeterre. 

    Mais ce ne sont là que des broutilles de l’histoire, et même le Pape François, en accord avec les Imams qui prolifèrent en France comme des champignons, nous affirme que l’Islam est, contrairement à quelques apparences, tolérant et miséricordieux. Bien sûr, les historiens Occidentaux affirment qu’il y eut entre le seizième et le dix-huitième siècle, 4 millions de chrétiens razziés sur nos côtes, et plus de 18 millions de noirs réduits en esclavage, et châtrés afin qu’ils ne se reproduisent pas, mais je me demande si ces historiens n’avaient pas été contaminés par le virus Lepéniste ! La bête immonde est partout ! La preuve ? C’est que même quelques mahométans sont gagnés par le virus, tel l’anthropologue Malek Chebel qui écrit : « Parce que je suis un intellectuel musulman (…) je me sens missionné pour dénoncer ce drame de l’esclavage qui a contaminé tous les pays où l’Islam a prospéré ! »  

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    Fort heureusement, des gestes comme l’inauguration de l’allée Abd-el-Kader prouvent que l’on peut être esclavagiste et coupeur de têtes, et tout de même tenu pour un grand homme par la République. Madame Taubira même, a tenu à aller plus loin dans l’humanisme. Dans l’Express du 4 Mai 2006 elle affirmait : « Il ne faut pas trop évoquer la traite négrière Arabo-Musulmane pour que les jeunes Arabes ne portent pas sur leur dos tout le poids de l’héritage des méfais de leurs Pères ! » A remarquer que la justice Taubirienne a déjà porté ses fruits : je lis aujourd’hui sur internet qu’un certain Karim vient d’être interpellé par la police pour la 197ième fois ! En voilà un au moins qui n’est pas traumatisé par l’héritage de ses pères, et qui pourra revoter Hollande la prochaine fois. Nous n’en avons pas fini de découvrir les beautés du Système ! 

    De leur côté, les humanistes de Boko Haram et quelques autres ne relâchent pas leurs efforts pour arracher la jeunesse Africaine à la déchéance Occidentale. Il y a quelques semaines, c’était 200 lycéennes qui étaient enlevées à Chibok. Avant-hier c’étaient 60 femmes enlevées à Wagga. Hier c’étaient 30 Jeunes razziés à Mafa. La religion d’Abd-el Kader manifeste partout une semblable ferveur, et à mon sens ce n’est pas une simple allée qui devrait garder la mémoire du premier vaincu du Djihad, mais une autoroute !Avec bien sûr, dès l’entrée, l’emblème du croissant et de l’étoile, pour éclairer les destinées de la république. »  ♦

     

    Inauguration d'une allée en l'honneur d'Abd-el-Kader 

    * Source : Michel Janva  Lien permanent 

  • Economiser en France ? Chiche ! Par Péroncel-Hugoz*

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    © Copyright : DR

    Péroncel-Hugoz donne derechef un coup de dent à la France, ou plutôt à la « folie emprunteuse » de cette République française, qui parle sans cesse d’économiser un peu les deniers publics mais n’en continue pas moins à alourdir sa dette internationale.

    La France est riche, surtout grâce à sa productivité que les experts donnent pour la plus forte au monde malgré les grèves; mais son Etat est couvert de dettes: 2000 milliards d’euros, soit l’équivalent d’une année entière du revenu national ! Comme la cigale de la fable de La Fontaine, la République est emprunteuse. Lorsque le très monarchique général de Gaulle, ancien chef de la France libre à Londres (1939-1944), revint au pouvoir à Paris, suite au soulèvement des partisans de l’Algérie française (13 mai 1958), son premier soin fut d’édicter des mesures drastiques qui, effectivement, apurèrent la dette de Paris déjà importante à l’époque. 

    Les épigones du Général, après sa démission en 1969, laissèrent filer derechef la dette, par facilité, démagogie ou absence de patriotisme. Le gouvernement socialiste actuel parle beaucoup d’ « économies » ne serait-ce que pour calmer l’anxiété des Français et aussi avoir l’air de souscrire aux principes d’équilibre budgétaire défendus par l’Union européenne; mais on ne voit venir aucune épargne sérieuse… Il tombe pourtant sous le sens des Français un peu observateurs et nostalgiques des finances saines de l’ère gaulliste, que des économies substantielles pourraient être rapidement opérées dans l’Hexagone. Par exemple ? 

    1. Supprimer le Sénat (348 élus) et le Conseil économique, social et environnemental (CESE), institutions aussi coûteuses qu’inutiles et qui servent  surtout à caser ou recaser des amis du régime. (Je crois qu’au Maroc la Chambre des conseillers et le CESE n’ont guère d’utilité non plus …) 

    2. Supprimer les départements qui ne servent plus à rien, si ce n’est à entretenir une armée de bureaucrates, depuis qu’existent les régions. 

    3. Réduire de moitié le nombre des élus à tous les niveaux; diminuer aussi de moitié les traitements et primes des ministres et anciens ministres, élus et ex-élus, etc. Même un homme du système actuel, Alain Juppé, maire de Bordeaux, ex-Premier ministre chiraquiste, préconise maintenant de « diviser par deux le nombre de parlementaires de l’Assemblée nationale » (577 membres) … 

    4. Réduire drastiquement le train de vie des hauts représentants de l’Etat, du président aux préfets: moins de réceptions, moins de résidences secondaires officielles, moins de monde dans les voyages officiels en province et à l’étranger, etc. Sait-on que la République française, même sans compter ses ruineuses campagnes et scrutins électoraux, coûte plus cher que chacune de la plupart des trente royautés toujours debout à travers la planète, que ce soit la sobre monarchie espagnole ou la brillante monarchie britannique ? 

    5. Supprimer les ambassades de France chez les 27 autres membres de l’Union européenne puisque les dirigeants politiques communiquent maintenant directement et qu’en outre le Quai d’Orsay n’a plus vraiment de diplomatie en Europe, suivant toujours plus ou moins les directives de Bruxelles et surtout Washington… (Il conviendrait en revanche de renforcer les représentations culturelles et économiques françaises qui continuent d’avoir un rôle utile à jouer sur le terrain européen) 

    6. Supprimer toutes les aides et subventions, distribuées souvent pour des raisons électoralistes et clientélistes, à des myriades de syndicats, associations et autres organisations non gouvernementales, qui n’ont qu’à vivre, comme jadis, des cotisations et dons de leurs adhérents, etc. etc. 

    7. Supprimer le très coûteux  régime social préférentiel accordé à plus de 100.000 « intermittents du spectacle » (figurants) et l’aligner sur celui des autres professions. Selon le « Figaro-Magazine » du 14 novembre 2014, ce statut spécial reviendrait « à plus d’un milliard d’euros » par an. 

    8. Abolir l’aide médicale gratuite accordée automatiquement, pour tout traitement, à tout étranger entrant en France, même illégalement; régime généreux unique au monde et qui, en 2015, devrait coûter un milliard d’euros au contribuable français, lequel ne bénéficie plus désormais du remboursement complet de ses frais médicaux… Ainsi que l’avait proclamé en son temps le socialiste orthodoxe Michel Rocard, Premier ministre de Mitterrand : « La France ne peut pas accueillir toute la misère du monde ! ». Maintenant, endettée jusqu’au cou, la France n’en a tout simplement plus les moyens. Et puis, comme dit le vieil adage: « Charité bien ordonnée commence par soi-même ! » 

    Cette liste des économies qu’on pourrait faire en France n’est évidemment pas exhaustive. Rappelons quand même que si le millénaire régime royal chuta en 1789 ce fut en grande partie parce qu’il fit banqueroute, suite aux dépenses faramineuses, non pas de la reine ou de la Cour, mais de la guerre que Louis XVI tint à mener contre les Anglais en Amérique du Nord, en faveur des futurs Etats-Unis, au lieu de laisser les Anglo-Saxons, ennemis héréditaires de la France depuis la guerre de Cent Ans, s’entredévorer… Et tout ça pour aboutir à un président Sarkozy décrit comme « un Américain à passeport français » par son ministre Eric Besson (élevé au Maroc, à Fédala, la future Mohamédia)…Un Sarkozy qui, après son échec devant François Hollande, avait annoncé son renoncement à la politique; un « renoncement » auquel il a récemment renoncé, se démenant à présent tout azimut, pour retourner à l’Elysée…   

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    Péroncel-Hugoz - Le 360ma

  • SOCIETE • Statistiques ethniques : le décryptage de Michèle Tribalat *

    Crédits photo : PASCAL GUYOT/AFP

     

    Après la polémique née du décompte d'enfants musulmans par Robert Ménard , la question de l'utilité des statistiques ethniques est relancée. Michèle Tribalat plaide pour le recensement du pays et de la nationalité de naissance des individus et de leurs parents.


    Michèle Tribalat est démographe. Son dernier ouvrage, Assimilation. La fin du modèle français, est paru en 2013 aux éditions du Toucan.


    La collecte d'informations personnelles est soumise, depuis la loi Informatique et libertés de 1978, à un contrôle exercé par la Cnil. Elle interdisait, dans son article 31, la collecte de données dites sensibles, telles que l'origine raciale, ethnique ou religieuse, mais prévoyait des exceptions: avis favorable de la Cnil et recueil de l'accord exprès des personnes, décret en Conseil d'État après avis de la Cnil pour des données déclarées d'intérêt public. La loi de 2004 énonce le même interdit dans son article 8 mais reconnaît implicitement que la statistique publique concourt à l'intérêt public puisqu'elle la dispense de l'accord exprès. Celle-ci ne doit plus recueillir que l'avis du Cnis (Conseil national de l'information statistique) et de la Cnil (article 8-I-7). La loi de 2004 a également intégré la disposition de la convention 108 du Conseil de l'Europe pour la protection des personnes exigeant que les données recueillies soient «adéquates, pertinentes et non excessives», ce dont la Cnil se fait juge déjà depuis l985. La statistique publique (Insee et directions statistiques des ministères) peut donc, désormais, recueillir plus facilement des données dites sensibles. Cependant, le 15 novembre 2007, le Conseil constitutionnel a interdit le recueil d'informations ethno-raciales (noir, arabe…) qu'il a déclaré contraire à l'article 1er de la Constitution. Il a jugé qu'il fallait se contenter d'informations objectives. Un commentaire du Conseil constitutionnel a néanmoins précisé que les données sur «le ressenti d'appartenance» n'étaient pas visées par cet interdit. La décision du Conseil constitutionnel recoupe les recommandations de la Cnil qui, quelques mois plus tôt, avait renvoyé au législateur, sous contrôle du Conseil constitutionnel, le soin de définir, s'il le souhaitait, un référentiel ethnoracial à l'anglaise ou à l'américaine.

    De mon point de vue, l'essentiel de ce que la statistique publique est autorisée à faire suffit largement à construire une connaissance sur les populations immigrées et d'origine étrangère. Les catégories ethnoraciales sont volatiles de même que le «ressenti d'appartenance». Elles ne permettent pas un suivi dans le temps qui ait du sens. Au contraire, le pays et la nationalité de naissance des individus et de leurs parents ne varient pas au fil de la vie. Des données de ce type sont collectées désormais dans la plus part des pays européens qui ont connu une forte immigration. Ils en ont très bien compris l'utilité. Le Royaume-Uni, lui, s'en tient aux données ethnoraciales, dans ses recensements depuis 1991, auxquelles il a ajouté les informations sur l'affiliation religieuse en 2001.

    L'Insee n'a pas attendu les recommandations de la Cnil de 2007 pour collecter ce type de données. Le processus a été long mais c'est aujourd'hui un acquis. L'Insee inclut, désormais, dans ses grandes enquêtes annuelles, des questions sur le pays et la nationalité de naissance des parents. C'est le cas des enquêtes Emploi depuis dix ans. Il lui reste à faire deux choses:

    1) Trouver un vocabulaire adéquat pour désigner les nouvelles catégories de population qu'il observe. Comme à l'Ined, à l'Insee, on ne sait toujours pas nommer les personnes qui sont nées en France de deux parents nées en France autrement que par un privatif (ni immigré, ni descendant d'immigré) ou par «population majoritaire» (qui ne fait référence qu'à une appréciation numérique) ;

    2) Étendre aux enquêtes annuelles de recensement le recueil des informations utiles sur les parents. C'est sans doute l'étape la plus difficile à franchir pour l'Insee qui ne le fera pas tant que les débats sur la question des statistiques ethniques seront aussi venimeux et sans l'approbation ferme et non ambiguë du pouvoir politique. Le recensement est la colonne vertébrale de l'ensemble du système statistique français qui ne dispose pas de registres de population comme de nombreux pays européens. L'Insee craint donc comme le feu toute remise en cause du recensement. La Cnil s'est déclarée favorable au recueil du pays et de la nationalité de naissance des parents «dès lors que toutes précautions méthodologiques auraient été prises pour garantir la protection des données et que l'acceptabilité publique de ces questions aurait été préalablement testée.» Les grosses enquêtes de l'Insee peuvent être considérées comme une série de tests réussis sur l'acceptabilité publique des questions sur le pays et la nationalité de naissance des parents. L'extension aux enquêtes annuelles de ces données serait un moyen de donner un peu de contenu aux discours sur la ségrégation ethnique. La mesure cantonnée aux seuls immigrés est tout à fait insuffisante. En 2011, on comptait 8,7 % d'immigrés, mais 19,2 % de personnes d'origine étrangère sur deux générations. Cette proportion montait même à près de 30 %, dès que l'on incluait la génération suivante, calcul réalisable seulement pour les moins de 60 ans.

    * Michèle Tribalat - FigaroVox

  • Emmanuel Macron, « en marche » vers l’Elysée ?

     

    par Olivier Pichon

    De Pompidou, il a le passé professionnel dans la banque ; de Lecanuet, le sourire enjôleur ; de Giscard, le profil du social démocrate venu de la gauche… même si ce dernier était issu de la droite. Pour l’heure, créature de Hollande, c’est le ministre de l’Économie qui semble tirer « les Macron du feu » pour le plus grand dépit de Manuel Valls.

    D’aucuns se délectent de la nouveauté de son initiative. Pourtant, rien n’est plus inexact comme nous allons le voir.

    Macron social libéral ?

    Quel est le sens de « social-libéral » ? On veut signifier, par-là, que l’homme veut abandonner les vieilles lunes du socialisme : appropriation collective des moyens de production, rôle massif de l’État et l’arsenal bien connu des socialistes de droite et de gauche. Ces oripeaux, la gauche française a toujours eu du mal à s’en défaire, car la France est le pays de l’idéologie des… idéologies et le dernier pays communiste d’Europe.

    Son dérivé, le terme longtemps employé de « social-démocratie », fut une insulte pendant des années. J’ai souvenir qu’à l’université, dans les années 70, se faire traiter de « social-démocrate » était infamant, attestant le caractère « communiste » de l’université. A dire vrai, et c’est là qu’il n’y a pas nouveauté, ce concept est le fait des Allemands à la fin du XIX siècle. S’étant aperçu que le capitalisme permettait la redistribution, les socialistes allemands ne voulurent pas tuer la poule aux œufs d’or, d’autant que, pendant ce temps-là, Bismarck, le dirigeant le plus conservateur de l’Europe de la fin du XIXe siècle, inventait « l’État providence » en se basant sur les théories de l’économiste Adolphe Wagner.

    Il fallait financer retraite, chômage et couverture maladie… financements qui vinrent beaucoup plus tard en France. C’est la troisième Internationale qui donna quelque poids au socialisme « réel » (entendez désormais communisme). Fondée à Moscou, en 1919, elle refusait tout compromis avec le capitalisme. En France, malgré le congrès de Tours, en 1920, (séparation entre socialistes et communiste), la gauche aura beaucoup de mal à ne pas être communiste…

    Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, les Allemands, encore eux, poussent à fond la logique de la « Soziale Marktwirtschaft » (économie sociale de marché) tandis que la gauche française, jusqu’au programme commun, restera profondément anti social-démocrate et dotée d’un parti communiste puissant.

    Macron fait son congrès de Tours

    Au fond, Macron nous fait son congrès de Tours. Rien de neuf sous le soleil ! La bonne nouvelle et, à dire vrai, la seule nouveauté, tient dans la mort du socialisme rêvé par les socialistes français. Certes, il reste l’extrême gauche. Mais la perspective d’une « gauche unie », dont Mitterrand se servit comme d’un marchepied, paraît impossible. On voit mal Macron jouer les Florentins. Le ministre de l’Économie enterre donc le socialisme et l’union de la gauche, ce qui fait beaucoup pour un seul homme. Certains lui feront payer ses actes.

    Tous sociaux libéraux !

    En réalité, toute la classe politique est plus ou moins social-libérale. Depuis des décennies, Keynes aidant, les politiques ont su saigner la bête capitaliste suffisamment pour qu’elle continue de vivre et de prospérer. La symbiose est totale depuis longtemps et les capitalistes, de leur côté, ont su se servir au mieux du pouvoir politique pour leur intérêt. Le système redistributif qui en découle est, d’ailleurs, aujourd’hui le problème et non plus tout à fait la solution : même le fameux modèle allemand souffre. La réponse est désormais de faire maigrir non le capitalisme – encore que – mais bien l’État, compte tenu de son endettement et de son poids excessif dans l’économie.

    La vraie question : le modèle français face à la mondialisation

    Le problème, pour Macron, est d’affronter un pays profondément conservateur et pas dans le meilleur sens du terme. Le tout dans un contexte complexifié par la grande mondialisation – qu’illustre, par exemple, le Tafta – et par la petite mondialisation, en Europe, dont il est partisan. La tâche sera rude et la rhétorique du « ni droite, ni gauche », qu’on retrouve aussi au FN, s’explique ainsi. Face aux 35 heures, au statut de la fonction publique, au rôle de l’État dans l’économie, il aura contre lui une partie de la gauche mais aussi une partie de la droite et de l’extrême droite. La véritable question est donc la suivante : peut-on être mondialiste et toujours français ?

    Une tactique pas une stratégie

    Pour l’heure, la logique Macron permettra de maintenir une partie du PS dans les sphères du pouvoir sans le socialisme, mais avec les prébendes qui vont avec. Tactique, encore, lorsqu’il s’agit de doubler un Valls sur le même créneau modernisateur, mais en version autoritaire.

    En attendant le joker du président le plus démonétisé de la Ve république , s’il parvenait à lui succéder, sera-t-il condamné à nous refaire, sous couvert de social-libéralisme et de gouverner au centre, le coup de Giscard ? Celui-ci, au final, augmenta les prélèvements obligatoires et fit, en fait de « libéralisme avancé », avancer le socialisme. Tout changer pour que rien ne change ! 

  • Traités de libre-échange : bienvenue dans le monde d'Orwell

     

    Par Jean-Michel Quatrepoint

    Le Comité Orwell a organisé le 27 septembre un colloque autour des traités de libre-échange. Jean-Michel Quatrepoint dénonce cette nouvelle forme de guerre économique que mènent les Etats-Unis contre l'Europe [Figarovox - 23.09]. L'analyse que Jean-Michel Quatrepoint fait ici - comme toujours, lucide et réaliste - intéresse les patriotes français et, dans notre cas, les royalistes.  LFAR

     

    4163199303.jpgNous sommes en guerre ! On pense, bien sûr, à Daech et au terrorisme islamiste. Mais il y a aussi une autre guerre, plus sournoise, plus vicieuse, puisqu'elle nous oppose à des amis, des alliés. Je veux parler de la guerre avec les États-Unis, de la guerre entre l'Europe et les États-Unis, de la guerre aussi entre le modèle culturel anglo-saxon, un modèle communautariste, et notre modèle républicain, laïc. Cette guerre a un champ de bataille : le marché, l'économie. Avec un objectif pour les États-Unis, ou plutôt pour les multinationales, en très grande majorité anglo-saxonnes : assurer un nouvel ordre mondial, où le rôle des États est réduit à la portion congrue, où les citoyens sont cantonnés à un rôle de consommateurs, où la politique s'efface devant les impératifs du marché et d'un libre-échange total, absolu.

    Cette bataille, elle se joue aussi sur les traités commerciaux, à travers le TAFTA, le TPP pour le Pacifique, le TISA pour les données. Sans oublier le traité entre l'Europe et le Canada qui a servi en quelque sorte de matrice aux négociations transatlantiques sur le TAFTA. Cette offensive américaine se déroule comme à la parade. Dans un premier temps, les autorités judiciaires d'outre-Atlantique ont mis en place un arsenal juridique pour imposer peu à peu l'extraterritorialité du droit américain. C'est ainsi qu'on a vu se multiplier, depuis des années, les amendes colossales contre les groupes européens. Amendes pour avoir obtenu des contrats dans divers pays du Tiers Monde avec des commissions. On pense, bien sûr à Alstom. Amendes pour avoir financé des opérations commerciales avec des pays frappés d'embargo par les États-Unis. On pense, bien sûr, à BNP Paribas. Amendes pour avoir bidouillé, comme Volkswagen, les moteurs Diesel vendus sur le marché américain, etc. À chaque fois ce sont des montants considérables. Des milliards, voire des dizaines de milliards de dollars.

    Pis, ces menaces pèsent sur le système bancaire européen qui n'ose plus financer les investissements des entreprises, françaises et autres, dans des pays sensibles. Ainsi, les banques françaises sont très frileuses sur l'Iran, sur la Russie. Nos entreprises ratent des contrats. Pour le plus grand profit… des Américains. Bref, tout se passe comme si cette menace subliminale que fait peser la justice américaine et Washington sur les banques et entreprises européennes était destinée à les paralyser, à les tétaniser. Parallèlement, le capitalisme américain a déployé sur une très grande échelle une forme moderne de corruption : l'influence, le trafic d'influence. Plus besoin de verser des bakchichs, il suffit d'offrir aux dirigeants politiques, aux élites européennes de belles et rémunératrices fins de carrière, ou de faciliter l'accès de leurs progénitures aux cercles restreints du pouvoir des multinationales.

    Aujourd'hui, les masques tombent. C'est un ancien président de la Commission européenne dont on savait qu'il était très proche des Américains qui pantoufle chez Goldmann Sachs. On découvre qu'une ancienne commissaire à la concurrence avait pris systématiquement des décisions nuisibles aux intérêts industriels européens tout en étant administrateur d'un fonds off shore aux Bahamas. Cerise sur le gâteau : elle a intégré Bank of America et, au printemps dernier, le groupe américain… Uber. Un autre commissaire, négociateur et thuriféraire de l'accord TAFTA, a, lui, rejoint les conseils d'administration de CVC Partners, un fonds américain et Merit Capital. Bref, les Américains savent remercier ceux qui ont œuvré pour eux. Mais ceux qui rechignent à intégrer ce nouvel ordre mondial sont frappés. Volkswagen, mais aussi Deutsche Bank et maintenant Airbus que l'on menace de dizaines de milliards d'amende, parce que le groupe aurait bénéficié de subventions européennes. Mais comment Boeing s'est-il développé sinon avec l'argent du département de la Défense ? Comment la Silicon Valley est-elle devenue ce qu'elle est sinon avec les subsides sous diverses formes de l'État américain ? Comment les GAFAM et autres NATU (Netflix, Airbnb, Tesla et Uber) prospèrent-ils sinon en optimisant fiscalement aux États-Unis (les multinationales américaines ont exporté plus de 2 000 milliards de dollars dans les paradis fiscaux) et en ne payant pratiquement pas d'impôt en Europe ? Et lorsque une commissaire européenne ose s'élever contre les avantages exorbitants accordés par l'Irlande à Apple, c'est le président Obama et 250 patrons américains qui volent au secours de la firme et somment l'Europe d'abandonner ses poursuites.

    Trop, c'est trop! Ou les Européens se couchent et nous allons collectivement basculer dans un monde où quelques monopoles régneront sur notre vie de tous les jours, géreront nos données… un monde digne de Big Brother. Ou l'Europe se réveille, refuse ces diktats, renvoie les accords TAFTA aux calendes grecques. On ne négocie pas dans une position de vassal. Voilà pourquoi la bataille du TAFTA est symbolique. Voilà pourquoi si nous voulons défendre nos valeurs, une certaine idée de la géopolitique, il faut dire non au TAFTA, relancer l'idée de la préférence communautaire, défendre nos banques et nos grandes entreprises. À condition, bien sûr, qu'elles veuillent être défendues et qu'elles n'aient pas déjà pactisé avec l'Oncle Sam… pour un plat de lentilles.   

    Jean-Michel Quatrepoint est journaliste économique et vice-président du Comité Orwell.

  • François et la théorie du genre : surprise, le pape est... catholique !

     

    Par Alexis Feertchak  4.10

    Le pape François a estimé que la théorie du genre était une « colonisation idéologique ». Gérard Leclerc expose comment la gauche s'est trompée en croyant que l'évêque de Rome obéissait aux canons du progressisme. [Figarovox - 4.10]

     

    XVM495e5cb0-8a51-11e6-8bce-57b23a9183a7-100x108.jpgLe pape François a vivement critiqué les manuels scolaires qu'il juge imprégnés par la théorie du genre. Il a employé des termes forts, notamment celui de « colonisation idéologique ». Cela vous étonne-t-il ?

    Ce n'est pas la première fois qu'il emploie le terme de colonisation. J'ai le sentiment que, comme Argentin, le pape a une sensibilité à vif sur ces phénomènes d'intoxication idéologique à grande échelle que le continent sud-américain a historiquement bien connus. On importe sur certains continents des idéologies venues d'ailleurs.

    Par ailleurs, on sait que le Vatican est un lieu de réception tout à fait exceptionnel de l'information à l'échelle planétaire car Rome est au centre de réseaux divers, diplomatiques mais pas seulement, qui couvrent le monde entier. Je ne pense pas que ce soit sans biscuit que le pape s'est embarqué ainsi. Il y a un tas d'informations qui lui remontent du monde entier sur cette idéologie du genre qui fait partout des ravages.

    À gauche, Najat Vallaud-Belkacem a rapidement réagi, expliquant que le pape avait été victime d'une campagne de désinformation. Cela vous paraît-il crédible ?

    Non, pas du tout. Il y a deux choses néanmoins. Il y a le fait que le pape se réfère à un témoignage personnel venu de France : un papa qui a été très étonné de la réaction de son fils quand celui-ci lui a dit qu'il voulait devenir une fille. D'après le père en question, cela venait de l'école. Mais au-delà de ce témoignage personnel, n'oublions pas que c'est en 2011 sous le ministère Chatel que les manuels scolaires de Sciences & Vie de la Terre ont introduit en classes de Première quelques éléments de la théorie du genre. Il ne faut pas non plus sous-estimer l'enseignement direct. Souvent, les professeurs eux-mêmes transmettent ces idées-là à leurs élèves. Ce n'est d'ailleurs pas étonnant car ce sont des idées qui courent le monde.

    Le ministre de l'Éducation nationale a ajouté que la théorie du genre n'existait pas. Ces idées qui courent le monde et que vous venez d'évoquer sont-elles assumées ouvertement ?

    Certains journaux de gauche sont quand même gonflés ! Ils nous ont vanté depuis le début de notre jeune siècle les mérites de Judith Butler, intellectuel génial et qui aurait renouvelé le champ de la philosophie et des sciences humaines. Ils nous l'ont vendue comme une révélation bouleversante qui dynamitait la culture ancienne. Pensons aux débats au moment du Mariage pour tous: Christiane Taubira parlait alors d'un véritable changement de civilisation. Alors, il faudrait savoir ! S'est-il vraiment produit une révolution dans le champ culturel et anthropologique ? Avec le Mariage pour tous, a-t-on vraiment assisté à une rupture de civilisation ? Il faudrait qu'ils se mettent d'accord avec eux-mêmes car aujourd'hui les mêmes journaux et les mêmes réseaux nous serinent qu'il n'y a pas de théorie du genre, mais qu'il n'y a en fait que des « études de genre » (gender studies) qui ne seraient structurées par aucune philosophie, mais qui reposeraient uniquement sur des méthodes d'observation. On serait dans le domaine de la pure scientificité. Évidemment, c'est se moquer du monde car il est bien certain que tout ce secteur des sciences humaines qui s'est développé d'une façon absolument démesurée est structuré par des courants philosophiques, ne serait-ce que par la fameuse French Theory qui eut des conséquences considérables dans le monde universitaire américain en important la pensée de philosophes français comme Louis Althusser, Gilles Deleuze, Jacques Derrida, Michel Foucault et bien d'autres.

    Que pensez-vous des personnes qui, à gauche, s'étonnent des propos du pape François ? Ces derniers expliquent en substance que les mots du pape sur la théorie du genre sont en inadéquation avec ses propos progressistes sur les questions économiques, sociales, écologiques et migratoires. Qu'en est-il ?

    Ces personnes ont fabriqué une image stéréotypée du pape François sur un modèle préfabriqué de type progressiste qui ne correspond pas du tout à la réalité. Ils ont retenu un certain nombre de choses : son discours écologique, ses sorties contre l'argent, sa défense des migrants, mais ça ne veut pas dire pour autant que le pape est un parfait progressiste selon leurs canons à eux. Ils choisissent dans les propos du pape ce qui les arrange. Car s'ils étaient un peu sérieux, ils s'apercevraient que ce pape aurait de quoi leur faire peur ! Par exemple, c'est le premier pape que je vois citer avec autant de force un auteur comme le terrible Léon Bloy. Dans sa première homélie de pape, François a cité l'écrivain en disant : « qui n'adore pas le Christ adore le diable ». D'ailleurs, parmi les papes modernes, François est sans doute celui qui ose le plus parler du satanique et du diabolique. C'est un jésuite formé aux disciplines de la spiritualité de saint Ignace. C'est quelqu'un d'extrêmement rigoureux, qu'on ne prendra pas en défaut sur la doctrine catholique. On objectera tout ce qui a eu lieu et ce qu'il a dit à propos de la famille, notamment de l'ouverture de l'eucharistie aux personnes divorcées. Mais, à mon sens, on a surévalué cet aspect-là car le pape, même quand il veut opérer une ouverture sur ce côté, se montre très prudent avec des conditions qui font que l'exercice de cette ouverture eucharistique est quand même soumise à des canons en définitive très limités. À mon sens, il y a un mythe qui s'est constitué autour d'un François progressiste. On est très loin du personnage réel. 

    Gérard Leclerc est un journaliste, philosophe et essayiste. Il est éditorialiste à France catholique et à Radio Notre-Dame.

    Alexis Feertchak   

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  • Les propos choc de Nadine Morano

     

    par Yves Morel

    Nadine Morano a encore défrayé la chronique, et ce n’est pas peu dire. En effet, elle a tenu sur Canal+, au cours de l’émission Le Supplément, des propos iconoclastes jugés racistes par toute la classe médiatique.

     

    La députée européenne, qui n’a pas la langue dans sa poche, s’est permis de dire : « Regardez la gare du Nord, on n’a plus l’impression d’être en France, on a l’impression d’être en Afrique ». Ali Baddou, animateur de l’émission lui ayant alors demandé : « La gare du Nord, c’est l’Afrique ?», Mme Morano a répondu : « Je vous laisse juger par vous-même, et je laisse aussi juger tous ceux qui viennent de regarder pourquoi il y a dans ce quartier toute une concentration d’une population dont on voit bien que c’est une population immigrée, dont on voit bien que c’est une population qui est concentrée dans ces quartiers, comme vous avez plein de ghettos en France ».
    Conséquence : explosion de réactions indignées sur Facebook, Twitter et tous les réseaux sociaux. Des régiments de bons esprits sonnent le tocsin, vaticinent et annoncent le retour des temps maudits, la déferlante du racisme et la montée continue de l’extrême-droite, qui réussit son entreprise de lepénisation des esprits et tient désormais un discours aussi « décomplexé » que « nauséabond ».

    Des vérités d’une évidence pourtant criante

    En réalité, Nadine Morano n’a fait qu’énoncer une vérité évidente, tout comme elle l’avait fait le 26 septembre dernier lors de l’émission On n’est pas couché, sur France 2. Seulement cette évidence, nos classes politique et médiatique ne veulent pas l’admettre. Elle est pourtant on ne peut plus criante. Des communes entières de la région parisienne (Saint-Denis, Montreuil, Stains, Bobigny, Sevran, entre cent autres), de la banlieue lyonnaise (Villeurbanne, Vénissieux, Saint-Fons, Feyzin, Saint-Priest, etc..), des quartiers de Marseille, de Toulouse (le Mirail), de la conurbation lilloise, de Rouen, du Havre et de partout ailleurs sont devenus de véritables enclaves étrangères, peuplées majoritairement de maghrébins, de turcs et d’africains et où les petits commerçants traditionnels cèdent la place aux boucheries halal, aux pizzerias et boulangeries turques, aux kebabs et aux restaurants exotiques, dont les rues sont parcourues par des femmes voilées et des hommes en djellabah, dont les cliniques et les cantines se trouvent contraintes de proscrire la viande de porc, et où le ramadan vaut aux riverains français de souche un mois de nuit bruyantes et sans sommeil.

    Certes, la plupart des habitants d’origine extra-européenne ont la nationalité française et sont donc des « Français de papier », mais ils ne le sont pas culturellement. Car, contrairement à ce que l’on nous serine sans cesse, ces gens ne s’intègrent pas à la communauté nationale et ne souhaitent pas le faire au-delà de ce qui est strictement nécessaire pour pouvoir évoluer sans difficulté dans notre société. Ils parlent français, fréquentent nos écoles, respectent en général nos lois, mais ils ne se sentent pas français et demeurent attachés d’âme, de cœur et de tripes à leur religion, à leurs coutumes, à leur mode de vie, au pays de leurs ancêtres. Et on ne saurait les en blâmer. Comment auraient-ils envie de s’intégrer à une nation déclinante, qui a abdiqué sa souveraineté à Maastricht et à Lisbonne, qui a perdu sa prééminence politique en Europe, se voit sans cesse tancée par Bruxelles et Berlin en raison de ses déficits budgétaires, dont l’Etat vend ou laisse vendre ses grosses entreprises, ses grands aéroports, ne peut plus financer son système de protection sociale et ses services publics, lesquels tombent en décrépitude, et ne parvient à rémunérer ses fonctionnaires qu’en recourant à des emprunts à l’étranger, où les conditions de vie et de travail de ses habitants se dégradent toujours plus ?

    D’autant plus que pendant les deux septennats de M. Mitterrand, les politiques, les médias et l’intelligentsia leur ont chanté leurs droits éminents sur tous les tons et les ont expressément incités à affirmer leurs spécificités culturelles respectives, au motif qu’ainsi « la France de toutes les couleurs » « s’enrichirait de ces différences » en raison des bienfaits assurés de la « diversité ».

    Tout cela n’est que trop évident et que trop connu, mais nos journalistes, nos hommes de radio et de télévision, nos intellectuels, nos politiques ne veulent ni le reconnaître, ni même le voir, et ils prétendent condamner leurs compatriotes à cette mauvaise foi et cette cécité délibérée. Et lorsqu’une personnalité comme Mme Morano enfreint cette règle perverse et ose dire ce que le monde sait, voit et constate tous les jours, elle est aussitôt accusée de « dérapage », taxée de racisme, accusée de tenir des propos « nauséabonds » (ou « nauséeux »), revêtue de la robe d’infamie et clouée au pilori. Or, Nadine Morano ne dérape pas, elle ne fait que dire tout haut ce que tout le monde pense tout bas, ce que tout un chacun sait et voit. Y compris ceux qui appartiennent à une tendance politique opposée à la sienne. Nous nous permettrons ici de mentionner des témoignages personnels à l’appui de cette assertion.

    Il y a de cela trente ans, un adjoint au maire de Montreuil, membre du parti communiste, nous disait (hors antenne) que sa ville ressemblait à une ville africaine et qu’elle était peut-être « la deuxième ville du Mali ». A Villeurbanne, plusieurs personnes qui, il y a trente ans également, arboraient fièrement l’épinglette « Touche pas à mon pote », de SOS Racisme, et applaudissaient à tout rompre aux proclamations de M. Mitterrand (et de Madame) et des socialistes en faveur de l’immigration, de la pluralité ethnique et culturelle et du métissage sans frein, pestent aujourd’hui contre ce qu’elles appellent « l’invasion ». Il y a de cela quelques mois, une professeur documentaliste, de sensibilité socialo-écologiste (et électrice de Hollande) affirmait qu’au quartier des Minguettes, de Vénissieux, où elle est en poste, elle avait « l’impression d’être à l’étranger ». A Clermont-Ferrand, un instituteur, socialisant lui aussi, déclare « ne plus pouvoir voir les Arabes » du quartier de son école, qui peuplent sa classe à hauteur de 80%.

    Ce n’est pas Nadine Morano qui dérape, ce sont nos médias et nos chefs politiques

    Non, en dépit de tout ce que nos terroristes intellectuels des médias et de la classe politique nous affirment, tous ces gens (de gauche pour la plupart) ne sont pas racistes, ne sont pas immondes, et leurs réflexions n’ont rien de « nauséabond ». Simplement, ils souffrent dans leur être et dans leur vie quotidienne car ils ont le sentiment justifié de ne plus être chez eux, d’être devenus des étrangers dans leur propre pays, et de n’avoir pas même le droit de gémir et de se plaindre sans se voir voué aux gémonies. Ils en ont assez de se voir contraints à cet aveuglement intellectuel et moral, à ce conformisme, à ce politiquement correct imposé par des Yann Moix qui juge le mot « race » indécent et affirme tranquillement que « demain la France sera peut-être musulmane » et que le respect de la laïcité impose absolument de ne rien tenter pour s’opposer à ce que Renaud Camus appelle « le grand remplacement » ou « le changement de peuple ». Au fait, dans quelle ville ou dans quel quartier vit Yann Moix ? Et dans quelle ambiance professionnelle évolue-t-il ?

    Non, Nadine Morano ne dérape pas, ce sont nos maîtres des médias et nos chefs politiques qui dérapent, et ce depuis fort longtemps, et qui, au nom de leur idéologie universaliste, mondialiste et égalitaire, ont fait ressembler notre pays à ce qu’était l’Empire romain d’Occident au Ve siècle, celui des grandes invasions barbares et de la chute finale. Voilà la vérité.  

     

    Docteur ès-lettres, écrivain, spécialiste de l'histoire de l'enseignement en France, collaborateur de la Nouvelle Revue universelle