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Rechercher : qu'est-ce que le Système

  • Loi El Khomri : obstinément à côté de la plaque

     

    par Dominique Jamet

    Une analyse qui nous est apparue lucide et équilibrée et où les critiques exprimées à l'encontre du projet de loi El Khomri portent sur l'essentiel. De sorte que nous les partageons [Boulevard Voltaire 09.03]. Une seule remarque de notre part, à propos d'un aspect des choses sans-doute secondaire : les manifestants de la journée de mobilisation du 9 mars ne semblent pas avoir été des millions; plutôt quelques centaines de milliers cumulés à travers la totalité du territoire français. Reste l'essentiel : nos six millions de chômeurs, le travail refusé de facto à une large part de la jeunesse française, et notre déclin économique, pour l'instant toujours dramatiquement en cours. Dominique Jamet en indique les causes les plus évidentes et l'incapacité de notre Système politique à les combattre.  LFAR

     

    3312863504.jpgLes quelque douze cent mille signataires présumés de la pétition lancée sur Internet contre les modifications du Code du travail voulues par Manuel Valls, soutenues par Emmanuel Macron, cautionnées par François Hollande et présentées par Myriam El Khomri, les quelques millions de Français qui vont débrayer ou défiler pour manifester leur hostilité à ce projet ont-ils seulement pris la peine de s’en procurer et d’en lire le texte, le connaissent-ils dans le moindre détail, en comprennent-ils toutes les modalités, en mesurent-ils toutes les conséquences ? Évidemment non. Pas plus que leurs parents ou leurs aînés lorsqu’ils manifestaient en 1986 leur hostilité à la loi Devaquet, en 1994 leur opposition au contrat d’insertion professionnelle d’Édouard Balladur, en 1995 à la réforme des régimes spéciaux de retraite proposée par Alain Juppé ou en 2006 au contrat première embauche de Dominique de Villepin, et qu’ils faisaient chaque fois reculer le gouvernement. À chacun son travail et c’est naturellement au législateur qu’il revient normalement, en dernière analyse, de rédiger, d’amender, de corriger ou de repousser un projet de loi.

    En revanche, les opposants à la loi dite « El Khomri » se trompent-ils sur l’orientation et la philosophie d’une réforme que ses promoteurs tentent de faire passer pour nécessaire, justifiée et créatrice d’emplois ? Certainement non. La plupart des mesures envisagées rééquilibrent le Code du travail en faveur des employeurs, et plus précisément des grandes entreprises, au détriment des salariés. Plafonnement des indemnités accordées par les prud’hommes, diminution de la majoration des heures supplémentaires, facilitation des licenciements économiques, négociations sociales au sein de l’entreprise, généralisation des contrats à durée déterminée… il n’est pas surprenant que la droite, qui n’avait pas osé aller si loin quand elle était aux affaires, applaudisse discrètement l’esprit de cette loi, et que le MEDEF, Le Figaro, Les Échos, L’Opinion et, d’une manière générale, tous les tenants du libéralisme jugent qu’elle va dans le bon sens.

    Sont-ils pour autant fondés à dénoncer, comme d’habitude, l’obstruction bornée des adversaires de toute « réforme », de tout desserrement des carcans bureaucratiques, de toute simplification des règles qui ligotent notre économie, et de cette fameuse « flexisécurité » qu’ils accusent de créer plus d’angoisse et de malheur que de sécurité ? Pas forcément.

    Il est assez légitime, en tout cas lorsqu’on est de ceux qui ont permis en 2012 au Président, au gouvernement et à la majorité d’accéder au pouvoir, d’être révolté par le cynisme de dirigeants qui se font élire sur un programme de gauche et mènent une politique de droite. Il est assez compréhensible que les propos maladroits, pour ne pas dire stupides, de ceux des représentants du patronat qui se sont publiquement réjouis à la perspective de pouvoir licencier plus facilement aient été ressentis comme une provocation dans un pays où trois millions et demi de chômeurs à temps complet, trois millions de chômeurs à temps partiel et quelques millions de retraités vivent dans la gêne, la précarité ou la misère. Enfin, comment s’étonner que les lycéens ou les étudiants, que l’on dit un peu vite non concernés par cette querelle, se joignent à un mouvement social à la veille de déboucher sur un marché du travail qui, pour beaucoup, n’est qu’un marché du chômage et des bas salaires ?

    Allons plus loin, et jusqu’au fond des choses. Aucun élément, aucun argument sérieux n’incite à penser que les nouveaux allégements des contraintes patronales suffiront plus que les précédents à inverser la courbe du chômage et à nous faire retrouver les chemins de la croissance. L’actuel Code du travail n’empêche nullement les entreprises prospères de recruter. La réforme du Code du travail n’amènera pas les entreprises en difficulté ou au bord de la faillite à embaucher. Ce n’est pas pour faire plaisir au gouvernement qu’un patron normalement constitué embauche, ce n’est pas pour se faire plaisir qu’il licencie, c’est en fonction de son carnet de commandes.

    Ce n’est pas le salarié qui est l’ennemi de l’emploi, mais la routine, la concurrence déloyale, la mondialisation sans frontières. Ce n’est pas seulement de la bureaucratisation de la vie économique que nous souffrons, du manque de trésorerie, du manque d’imagination, du manque d’audace, du manque de grands projets, de grandes aventures industrielles, techniques ou simplement commerciales. Les dirigeants actuels, pas plus que leurs prédécesseurs, n’ont cherché ni trouvé de remèdes à ces maladies. De gauche aujourd’hui, de droite hier, le gouvernement de la France mise obstinément à côté de la plaque.  • 

    Journaliste et écrivain
    Il a présidé la Bibliothèque de France et a publié plus d'une vingtaine de romans et d'essais. Co-fondateur de Boulevard Voltaire, il en est le Directeur de la Publication
     
  • La Monarchie que nous voulons

     

    Au moment même où nous voyons se réunir, réfléchir, agir, une nouvelle génération d'Action française courageuse, ardente et décidée, qui réveille, en un sens, des énergies plus anciennes, il est bon que l'Action française rappelle et pose ses fondamentaux. S'il y a lieu de les discuter, de les actualiser, sans en renier le fond, il sera toujours temps, ensuite, une fois nos principes posés, d'en débattre et d'en décider. Dans la tradition et dans l'esprit de l'Action française.

    Mardi dernier [08.03], nous avons publié une réflexion utile de Stéphane Blanchonnet* sur ce quadrilatère maurrassien repris des premières publications de Maurras sur la monarchie à réinstaurer pour le salut de la France : Dictateur et Roi, prélude à son Enquête sur la Monarchie, ouvrage qui, publié en l'année 1900, ouvrait le XXe siècle. Voici ce même quadrilatère maurrassien vu par Sébastien L. dans le cahier d'Action française n°3, supplément au n° 2177 d'Aspect de la France du jeudi 31 janvier 1991. Il y a donc 25 ans. L'article porte le titre : La Monarchie que nous voulons. Le rédacteur de ce texte est un jeune militant d'Action française [20 ans, tout juste] de cette période. Il y pose, avec pertinence, nos fondamentaux, selon nous, pérennes.  Lafautearousseau  

     

    MAURRAS 7.JPG« Oui ou non l'institution d'une monarchie traditionnelle, héréditaire, antiparlementaire et décentralisée est-elle de salut public ? »

    La question que pose Maurras au début de son enquête sur la Monarchie écarte les présupposés, les sentiments et les préjugés. Elle est concise, direct et rationnelle, car c'est sur le terrain de la raison, celui-même sur lequel se croit fondée la démocratie que le Martégal défend et batit la Monarchie. Aujourd'hui, alors que six quarts de siècle nous séparent de la dernière expérience monarchique et que l'idée royale a été systématiquement défigurée par les républicains, nous devons défendre nos idées, retrouver ce ton maurrassien clair, dense, précis, presque socratique, qui seul imposera la monarchie face aux nuées démocratiques. Ainsi avons-nous utilisé le « quadrilatère » maurrassien (une monarchie traditionnelle, héréditaire, antiparlementaire, décentralisée) pour esquisser, en esprit puis en acte, LA MONARCHIE QUE NOUS VOULONS.

     

    Une Monarchie Traditionnelle

    Pour commencer, il semble indispensable de rappeler que la Monarchie n'a jamais été un modèle fixe, un prêt-à-porter ; elle a su au contraire s'incarner dans différents registres tout en gardant l'esprit qui était le sien. C'est cette continuité à travers les changements nécessaires qui caratérise le vrai sens de la tradition qui, d'après Paul Valéry, « n'est pas de refaire ce que les autres ont fait mais de retrouver l'esprit qui a fait ces choses et qui en ferait de toutes autres en d'autres temps ». Ainsi, nous ne voulons pas restaurer une monarchie figée en un XVIIIéme siècle oublié, mais rétablir ce qui est d'abord un principe, principe d'autorité, de responsabilité et d'unité, et qui saurait s'incarner dans notre propre réalité économique, politique, culturelle et sociale.

    Une Monarchie héréditaire

    L'hérédité du pouvoir est sans doute le principe qui a été le plus attaqué depuis trois siècles. Pourtant que représente-t-il réellement lorsque l'on a écarté toute la mythologie méritocratique ? Il apparaît que l'hérédité a ce premier avantage d'éliminer la compétition pour le pouvoir, c'est-à-dire la radicalisation des conflits d'intérêts. Elle assure ainsi un Etat fort, indépendant et arbitre capable d'entreprendre des réformes administratives, économiques et sociales ou de laisser des libertés aux citoyens, sans craindre d'être toujours renversé. L'hérédité permettra à la nation d'être enfin gouvernée et non plus seulement gérée à court terme comme c'est le cas en république. De plus, le pouvoir étant à l'origine indépendant des forces d'argent, il peut gouverner sans, et même contre elles, et seul le roi héréditaire a pu châtier les Semblançay et les Fouquet que le régime actuel eût laissé courir. Enfin, l'hérédité assure la médiation active du peuple avec ses propres racines historiques : la nation, c'est la naissance, c'est-à-dire la reconnaissance d'une continuité historique.

    Une Monarchie antiparlementaire

    La tradition et l'hérédité étant posées, on pourrait être tenté d'y ajouter une institution parlementaire censée assurer la représentation populaire.

    « A d'autres cette demi-royauté bourgeoise et parlementaire plus décrépite encore s'il le faut » s'écriait Maurras. Le parlementarisme, qui suppose l'existence de partis, est le contraire même de la monarchie qui est faite pour unir. D'ailleurs, le parlementarisme au niveau de l'Etat ne représente personne puisqu'il ne repose pas sur les réalités économiques, politiques et sociales mais sur le jeu formel des partis.

    La Monarchie, au contraire, chercherait une représentation du pays réel par de multiples assemblées locales, culturelles et professionnelles souveraines en leur ordre et capables de défendre les intérêts de leurs membres. Nous n'en voulons en effet absolument pas au vote.

    « L'ancienne France votait beaucoup, précise Maurras, cela est oublié. Cela reste vrai tout de même. On y votait pour quantité d'objets pour lesquels le Français moderne reçoit avec respect le choix et les volontés des bureaux ». Ce à quoi nous en voulons, c'est au système qui regroupe arbitrairement les individus en fonction de leurs opinions ou de leurs options métaphysiques dans le cadre de partis peu adaptés à la juste détermination de l'intérêt général. Et c'est pourquoi nous luttons pour la restauration d'une monarchie antiparlementaire où, les Français pourront, grâce à de multiples assemblées fédérées par un pouvoir indépendant, être représentés dans leurs intérêts tangibles et concrets, et ainsi passer du stade d'administrés abrutis et atomisés, à celui de citoyens responsables et actifs.

    Une Monarchie décentralisée

    Nous avons parlé de représentation d'intérêts locaux ; en effet antiparlementarisme et décentralisation sont deux caractères indissolublement liés. Nous sommes antiparlementaires parce que partisans d'une renaissance des collectivités locales. Cette volonté de promouvoir les richesses et les diversités de notre pays de façon intégrale est une composante essentielle de notre nationalisme. Nous voulons laisser s'organiser le pays réel en multitude de républiques locales, autonomes et souveraines, compénétrées les unes les autres et capables de prendre en main leur avenir. Mais ces communautés ne peuvent rester liées entre elles sans un tiers-pouvoir. Comme l'expliquait Pierre-André Taguieff, « il doit y avoir un troisième membre qui doit être “hors jeu” en quelque sorte. C'est la monarchie comme pouvoir transcendant, d'où la nécessité que le roi ne soit pas élu ou choisi, mais qu'il vienne d'ailleurs, qu'il soit inconditionnel ».

    Voici posées les grandes lignes de la monarchie que nous voulons, c'est-à-dire la monarchie française adaptée à notre temps.

    N'oublions pas cependant que « l'objet vrai de l'Action française, ce n'est pas, à bien dire, la monarchie, ni la royauté, mais l'établissement de cette monarchie, l'acte d'instituer cette royauté ». Seul notre engagement militant prouvera la possibilité d'une telle restauration, et même son imminence si elle est servie par des citoyens actifs, prêts à mourir avec joie, avec bonheur, pour notre Sire le roi de France. 

    * Le Quadrilatère maurrassien vu par Stéphane Blanchonnet.

    Merci à Philippe Lallement qui nous a transmis ce texte.

     

  • La Monarchie que nous voulons

     

    Publié le 11 mars - réactualisé le 12 septembre 2016

    En réponse à un lecteur [Camelot] qui, hier, dans les commentaires, disait vouloir en savoir plus sur notre royalisme. D'autres éléments de réponse suivront ...

    Au moment même où nous voyons se réunir, réfléchir, agir, une nouvelle génération d'Action française courageuse, ardente et décidée, qui réveille, en un sens, des énergies plus anciennes, il est bon que l'Action française rappelle et pose ses fondamentaux. S'il y a lieu de les discuter, de les actualiser, sans en renier le fond, il sera toujours temps, ensuite, une fois nos principes posés, d'en débattre et d'en décider. Dans la tradition et dans l'esprit de l'Action française.

    Mardi dernier [08.03], nous avons publié une réflexion utile de Stéphane Blanchonnet* sur ce quadrilatère maurrassien repris des premières publications de Maurras sur la monarchie à réinstaurer pour le salut de la France : Dictateur et Roi, prélude à son Enquête sur la Monarchie, ouvrage qui sera volontairement publié en l'année 1900, ouvrant ainsi le XXe siècle. Voici ce même quadrilatère maurrassien vu par Sébastien L. dans le cahier d'Action française n°3, supplément au n° 2177 d'Aspect de la France du jeudi 31 janvier 1991. Il y a donc 25 ans. L'article porte le titre : La Monarchie que nous voulons. Le rédacteur est un jeune militant d'Action française de cette période [il a alors 20 ans, tout juste] qui a fait son chemin, depuis. Il y pose, avec pertinence, nos fondamentaux, selon nous, pérennes.  Lafautearousseau  

     

    3948186140.jpg« Oui ou non l'institution d'une monarchie traditionnelle, héréditaire, antiparlementaire et décentralisée est-elle de salut public ? »

    La question que pose Maurras au début de son enquête sur la Monarchie écarte les présupposés, les sentiments et les préjugés. Elle est concise, directe et rationnelle, car c'est sur le terrain de la raison, celui-même sur lequel se croit fondée la démocratie que le Martégal défend et batit la Monarchie. Aujourd'hui, alors que six quarts de siècle nous séparent de la dernière expérience monarchique et que l'idée royale a été systématiquement défigurée par les républicains, nous devons défendre nos idées, retrouver ce ton maurrassien clair, dense, précis, presque socratique, qui seul imposera la monarchie face aux nuées démocratiques. Ainsi avons-nous utilisé le « quadrilatère » maurrassien (une monarchie traditionnelle, héréditaire, antiparlementaire, décentralisée) pour esquisser, en esprit puis en acte, LA MONARCHIE QUE NOUS VOULONS. 

    Une Monarchie Traditionnelle

    Pour commencer, il semble indispensable de rappeler que la Monarchie n'a jamais été un modèle fixe, un prêt-à-porter ; elle a su au contraire s'incarner dans différents registres tout en gardant l'esprit qui était le sien. C'est cette continuité à travers les changements nécessaires qui caractérise le vrai sens de la tradition qui, d'après Paul Valéry, « n'est pas de refaire ce que les autres ont fait mais de retrouver l'esprit qui a fait ces choses et qui en ferait de toutes autres en d'autres temps ». Ainsi, nous ne voulons pas restaurer une monarchie figée en un XVIIIéme siècle oublié, mais rétablir ce qui est d'abord un principe, principe d'autorité, de responsabilité et d'unité, et qui saurait s'incarner dans notre propre réalité économique, politique, culturelle et sociale.

    Une Monarchie héréditaire

    L'hérédité du pouvoir est sans doute le principe qui a été le plus attaqué depuis trois siècles. Pourtant que représente-t-il réellement lorsque l'on a écarté toute la mythologie méritocratique ? Il apparaît que l'hérédité a ce premier avantage d'éliminer la compétition pour le pouvoir, c'est-à-dire la radicalisation des conflits d'intérêts. Elle assure ainsi un Etat fort, indépendant et arbitre capable d'entreprendre des réformes administratives, économiques et sociales ou de laisser des libertés aux citoyens, sans craindre d'être toujours renversé. L'hérédité permettra à la nation d'être enfin gouvernée et non plus seulement gérée à court terme comme c'est le cas en république. De plus, le pouvoir étant à l'origine indépendant des forces d'argent, il peut gouverner sans, et même contre elles, et seul le roi héréditaire a pu châtier les Semblançay et les Fouquet que le régime actuel eût laissé courir. Enfin, l'hérédité assure la médiation active du peuple avec ses propres racines historiques : la nation, c'est la naissance, c'est-à-dire la reconnaissance d'une continuité historique.

    Une Monarchie antiparlementaire

    La tradition et l'hérédité étant posées, on pourrait être tenté d'y ajouter une institution parlementaire censée assurer la représentation populaire.

    « A d'autres cette demi-royauté bourgeoise et parlementaire plus décrépite encore s'il le faut » s'écriait Maurras. Le parlementarisme, qui suppose l'existence de partis, est le contraire même de la monarchie qui est faite pour unir. D'ailleurs, le parlementarisme au niveau de l'Etat ne représente personne puisqu'il ne repose pas sur les réalités économiques, politiques et sociales mais sur le jeu formel des partis.

    La Monarchie, au contraire, chercherait une représentation du pays réel par de multiples assemblées locales, culturelles et professionnelles souveraines en leur ordre et capables de défendre les intérêts de leurs membres. Nous n'en voulons en effet absolument pas au vote.

    « L'ancienne France votait beaucoup, précise Maurras, cela est oublié. Cela reste vrai tout de même. On y votait pour quantité d'objets pour lesquels le Français moderne reçoit avec respect le choix et les volontés des bureaux ». Ce à quoi nous en voulons, c'est au système qui regroupe arbitrairement les individus en fonction de leurs opinions ou de leurs options métaphysiques dans le cadre de partis peu adaptés à la juste détermination de l'intérêt général. Et c'est pourquoi nous luttons pour la restauration d'une monarchie antiparlementaire où, les Français pourront, grâce à de multiples assemblées fédérées par un pouvoir indépendant, être représentés dans leurs intérêts tangibles et concrets, et ainsi passer du stade d'administrés abrutis et atomisés, à celui de citoyens responsables et actifs.

    Une Monarchie décentralisée

    Nous avons parlé de représentation d'intérêts locaux ; en effet antiparlementarisme et décentralisation sont deux caractères indissolublement liés. Nous sommes antiparlementaires parce que partisans d'une renaissance des collectivités locales. Cette volonté de promouvoir les richesses et les diversités de notre pays de façon intégrale est une composante essentielle de notre nationalisme. Nous voulons laisser s'organiser le pays réel en multitude de républiques locales, autonomes et souveraines, compénétrées les unes les autres et capables de prendre en main leur avenir. Mais ces communautés ne peuvent rester liées entre elles sans un tiers-pouvoir. Comme l'expliquait Pierre-André Taguieff, « il doit y avoir un troisième membre qui doit être “hors jeu” en quelque sorte. C'est la monarchie comme pouvoir transcendant, d'où la nécessité que le roi ne soit pas élu ou choisi, mais qu'il vienne d'ailleurs, qu'il soit inconditionnel ».

    Voici posées les grandes lignes de la monarchie que nous voulons, c'est-à-dire la monarchie française adaptée à notre temps.

    N'oublions pas cependant que « l'objet vrai de l'Action française, ce n'est pas, à bien dire, la monarchie, ni la royauté, mais l'établissement de cette monarchie, l'acte d'instituer cette royauté ». Seul notre engagement militant prouvera la possibilité d'une telle restauration, et même son imminence si elle est servie par des citoyens actifs, prêts à mourir avec joie, avec bonheur, pour notre Sire le roi de France.  n

    * Le Quadrilatère maurrassien vu par Stéphane Blanchonnet.

    Merci à Philippe Lallement qui nous a transmis ce texte.

  • Rentrée scolaire • Quand Jack Lang soulage sa conscience

     

    Par Eric Zemmour 

    Une critique acérée et argumentée de la politique éducative sous le quinquennat de Hollande signée Jack Lang. C'est une loi d'airain : les ex-hôtes de la Rue de Grenelle confient tous leurs remords au papier. Ce que fait ici Eric Zemmour, plus que d'un homme, c'est la critique du Système en soi-même. Qui détruit la France et ses enfants. Soi-disant ceux de la République. En quoi son analyse rejoint la nôtre, nous intéresse.  LFAR

     

    XVM46b79742-8908-11e5-8758-aadd64fa74f8.jpgC'est un classique de la vie politique française. Tout ministre de l'Éducation nationale, aussitôt qu'il a quitté les ors délavés de la Rue de Grenelle, devient le procureur le plus impitoyable de ses successeurs, avec une prédilection pour ceux de son camp. Jack Lang ne fera pas exception à cette règle d'airain. Il a été ministre de l'Éducation nationale il y a vingt-quatre ans. Lui au moins s'en souvient. Son livre est bref, mais la charge est lourde. Bien sûr, en vieux loup de mer, Lang prend soin d'éreinter le bilan des années Sarkozy, qu'il qualifie avec nuance de « vandalisme d'État ». Mais on sent vite que sa « colère » vise ailleurs. Plus tard, plus loin, plus haut. Vincent Peillon est déchiqueté sans ménagements ; brouillon et velléitaire ; sa loi de « refondation » est verbeuse, inutile ; sa réforme des rythmes scolaires calamiteuse ; ses cours de « morale laïque » ridicules : « La morale, tout court, est par définition laïque. »

    Avec Najat Vallaud-Belkacem, Lang se fait plus doucereux, mais c'est comme le loup avec le Petit Chaperon rouge, pour mieux la dévorer. Sa réforme du collège est louée dans son « architecture », mais dynamitée dans chacune de ses dispositions : suppression du latin, des classes bilangues (critiquée au nom de la défense de l'arabe !), des classes européennes, Lang condamne tout, de la langue pédantesque des pédagogistes aux tergiversations sur la chronologie dans les programmes d'histoire. Ne lui en déplaise, Jack Lang tient parfaitement son rang au milieu des « réactionnaires », « élitistes » et « pseudo-intellectuels » dénoncés par sa soi-disant protégée rue de Grenelle.

    Il fait pire. Ou mieux. Il n'hésite pas à reconnaître que « cette fois c'est établi : le niveau des élèves baisse. Trop d'études nationales et internationales convergent en ce sens pour que le doute soit permis ». Phrase qui lui aurait valu les foudres de tous les progressistes quand il était ministre.

    Mais pris par l'enthousiasme du pénitent, notre apostat ne s'arrête pas en si bon chemin. « Si l'on compare aux années 60, on a perdu l'équivalent d'une année scolaire entière entre l'entrée en CP et la fin de troisième. » Il s'appuie sur les travaux de Stanislas Dehaene en imagerie du cerveau, pour reconnaître l'incontestable supériorité de la méthode syllabique d'apprentissage de la lecture ; et sur un rapport de l'Inserm pour s'inquiéter que « les enfants des familles monoparentales multiplient les signes de moindre réussite scolaire ». Se souvenant avec nostalgie de sa jeunesse, Lang fait l'éloge de l'internat au cadre rigoureux qui a sauvé l'enfant chahuteur qu'il était, et n'hésite pas à critiquer Mai 68, et la gauche qui a « érodé sans le souhaiter la belle notion d'autorité ». En guise de révolution scolaire, il prône : « La langue d'abord. Belle écriture… Lecture à voix haute. » On se pince pour y croire. On regarde la couverture pour être sûr que le livre est signé Lang. On entend le tombereau de brocarts que Lang lui-même et ses habituels acolytes progressistes ont déversé (et continuent de déverser) sur tous ceux qui n'ont eu que le tort de dire la même chose que notre auteur mais avant lui : et pourquoi pas le retour de la plume Sergent-Major ? La nostalgie populiste digne du film Les Choristes ne fait pas une politique… Passéisme… Café du commerce…

    Mais il faut aller au-delà de cette légitime vindicte. La guérilla systématique menée par l'amicale des anciens ministres de l'Éducation nationale contre leurs successeurs contraste avec l'impression laissée à tous les observateurs d'une remarquable continuité depuis quarante ans. Les majorités changent, les réformes se succèdent, mais c'est toujours la même politique. Les ministres se succèdent, mais la rue de Grenelle reste. La rue de Grenelle et sa cohorte de technocrates et de spécialistes de sciences de l'éducation, pédagogistes zélés, dont Philippe Meirieu est la figure emblématique et tutélaire.

    Tous les ministres, qu'ils l'aient voulu de bonne ou de mauvaise grâce, ont été avant tout les porte-parole de leur administration. Tous ont mis en œuvre le programme « réformateur » voulu par les hiérarques de la Rue de Grenelle depuis les années 60, et même avant, depuis le rapport d'inspiration communisant de 1945, Langevin-Wallon. Tous les ministres ont été responsables sinon coupables de la dégradation continue de notre école, dénoncée à longueur de livres-témoignages par une cohorte de profs - à la suite du talentueux Jean-Paul Brighelli - ou de hauts fonctionnaires (rapport Obin) effarés par ce qu'ils voyaient et vivaient, jusqu'aux analystes les plus acérés, de Jean-Claude Michéa à Alain Finkielkraut. Tous les ministres, même ceux du général de Gaulle et de Georges Pomidou, Edgar Faure ou Joseph Fontanet, de droite ou de gauche, « républicains » ou « libéraux », ont été les complices, au moins passifs et impuissants, de cette machine éducative devenue folle, qui a confondu massification et démocratisation, a rejeté l'élitisme au nom de l'égalitarisme, a méprisé le mérite des meilleurs au nom du respect de tous, a dédaigné la transmission des savoirs au nom du « plaisir de l'enfant », a arraché tout sentiment d'amour de la France au nom de la repentance et du vivre-ensemble, et a transformé les classes en centres de propagande (théorie du genre, multiculturalisme, etc.) où sont surveillés, tancés et ostracisés les enfants qui pensent mal, que l'école s'est donné pour mission affichée d'arracher à leurs déterminismes et préjugés familiaux.

    Et tout cela au nom de la République, du progrès, de la Liberté, de l'égalité, de la fraternité !

    Une fois qu'on a refermé l'ouvrage de Lang, une dernière question se pose : pourquoi des ministres qui souvent ne manquaient ni de bonne volonté, ni de talent, ni même - ce qui devient fort rare - d'une grande culture - qu'ils s'appellent Chevènement, Bayrou, Jospin, Allègre, Ferry, Darcos ou Lang, etc. - ont-ils tous baissé pavillon face au tourbillon nihiliste charrié par leur administration ? Au lieu de dénigrer leurs derniers successeurs qui ne sont après tout que leurs médiocres héritiers, qui n'ont fait qu'achever le travail de destruction débuté sous leur magistère, ils devraient essayer de répondre à cette question. La réponse nous serait fort utile pour rebâtir sur ces ruines.   •

    « Cette fois c'est établi  : le niveau des élèves baisse. Trop d'études nationales et internationales convergent en ce sens pour que le doute soit permis »

    Jack Lang 

    « De Jack Lang », Éditions Kero, 120 p., 9,90 €.

    Eric Zemmour

    Article repris du Figaro du 01.09.2016    

  • Lafautearousseau : 10 ans aujourd'hui !

    « Tout ça pour ça ! »

     

    2504458051.3.jpg28 février 2007 - 28 février 2017

    Lafautearousseau a dix ans aujourd’hui

     

    C'est en effet le 27 février 2007 que fut mise en ligne la première note de ce qui allait devenir notre quotidien royaliste sur le net. 

    Avec Lafautearousseau, l'Action française dispose ainsi, à nouveau, d'un moyen d’expression quotidien, et ce, pour la première fois depuis 1944, année où une période de « Terreur » dénatura et souilla la libération du territoire national et permit aussi aux « révolutionnaires » d’alors de dépouiller l’Action française de ses biens (notamment son imprimerie) et d’interdire purement et simplement la parution du quotidien fondé en 1908, qui avait été l’une des gloires de la presse française.

    Bien sûr, notre quotidien ne prétend pas lui être comparé.

    Mais, en premier lieu, à l'exemple de l'Action française, il propose tous les jours de l’année, une ligne politique claire sur tous les sujets touchant aux grands intérêts de la France, sur le double plan intérieur et international [immigration, terrorisme, économie, culture, justice, institutions, grands enjeux géopolitiques]. Cette ligne politique d’Action française nous la proposons soit directement, à travers nos propres analyses, soit en les confrontant aux articles et réflexions de différentes autres publications, en y adjoignant nos commentaires. Ainsi, nos positions se dégagent souvent de riches débats …   

    Et nous le faisons dans l’esprit de L'Action française – un esprit « réellement d'opposition, c'est-à-dire prêchant ouvertement la subversion du régime » (Léon Daudet). Une subversion du régime ou du Système non pour elle-même, non par esprit révolutionnaire, mais pour « restaurer [au sens de Pierre Boutang] l’ordre légitime et profond ».

    Quels sont nos autres objectifs ? A quoi servons-nous encore ? Voici :

    Contribuer à faire connaître le Prince, et notre Famille royale, rendre compte de ses activités, de sa pensée, de sa vie familiale et publique, de sa présence sur le sol français, de sa participation à la vie nationale. Pour susciter envers le Prince un courant de sympathie, d'estime et d'affection, et préparer cet appel, ce recours au Prince qui ne manqueraient pas d’apparaître nécessaires aux Français si des circonstances graves l’exigeaient. Circonstances graves dont, de toute évidence, nous ne sommes pas très éloignés.
     
    Servir de caisse de résonance aux activités royalistes partout en France. L'on s'aperçoit alors qu'il y en a beaucoup ... Lafautearousseau (ainsi que ses pages Facebook et son compte tweeter) annonce et rend compte de toute activité importante (colloque, réunion, manifestation, actions militantes, etc.) organisée par ceux que nous considérons comme des amis, c'est à dire aux deux seules conditions que les dites activités se fassent dans la fidélité à la tradition, à la pensée, à la doctrine de l'Action française, et dans la fidélité au Prince et à la Famille de France.
     
    Servir - on nous passera l'expression – de « boîte à outils » ou, pour mieux dire, de riches et précieuses archives, à tous ceux qui veulent travailler à penser clair et marcher droit, et qui peuvent piocher à volonté dans cette véritable malle au trésor, où se trouve stockée, pour aujourd’hui et pour demain, une partie importante de la mémoire, de l’héritage, de l’Action française. Et ce, sous diverses formes [grands textes, albums, vidéos anciennes et récentes, dossiers, sans compter plus de 10 000 articles et les éphémérides de chaque jour]. Nous n’en dresserons pas ici un catalogue : on en trouvera un aperçu en cliquant sur lire la suite.
     
    Servir, enfin, à maintenir une liaison, une cohésion, et donc une unité, entre membres – anciens ou nouveaux car nombreux sont ceux qui arrivent – d’une même famille d’esprit. Cet ultime service que nous tentons de rendre – avec quelque succès ! – n’est sans-doute pas le moindre.

    Au compteur, donc, pour l'instant, dix ans de militantisme au quotidien.

    Et maintenant ?

    La réponse est claire : aussi longtemps que nécessaire, on progresse et on continue !

    A Lire aussi dans Lafautearousseau

    « LA » question de fond...

    Mercredi 27 février, première note de Lafautearousseau (aujourd'hui, plus de 10 176 notes 143 56 commentaires)

     

    Quelques données supplémentaires sur le contenu de Lafautearousseau

    Grands textes (36, tous illustrés), de Soljenitsyne à Benoît XVI, en passant par Jean-François Mattéi, Gustave Thibon, Wladimir Volkoff, Pierre Boutang, Hilaire de Crémiers, François Bluche, Yvan Blot, Raymond Poincaré, André Malraux, Chateaubriand et bien sûr Jacques Bainville et Charles Maurras.

    Albums (22) que nous avons voulus comme des mines d'informations sur le Prince ; la France et la Royauté prouvée par l’Histoire ; Bainville, Maurras et Daudet ; le totalitarisme révolutionnaire et le génocide vendéen ; les rassemblements royalistes des Baux de Provence ; nos racines et nos traditions (Versailles, le Mont Saint Michel, Reims et le Sacre, Saint Denis et la nécropole des Rois de France, etc.).;

    Dossiers (34 PDF et 19 « Pages ») qu'il vous suffit de télécharger d'un simple clic, qui traitent eux aussi de sujets très concrets et très actuels, et qui peuvent aider chacun à préparer discussions, cours, conférences, prises de parole. 

    Vidéos (246) consultables sur Viméo, classées par sujets.

    Les éphémérides pour chaque jour de l'année, parce que nous avons décidé, dès la création du quotidien, de donner une large part à la culture ; parce que nous n'imaginons pas que des militants royalistes ignorent, ou connaissent mal, ou trop peu, leur Histoire; et parce que nous n'imaginons pas de proposer aux Français un régime politique - la Royauté - sans faire référence explicite à l'authentique politique de civilisation qu'a menée, dès ses origines, cette royauté : on verra par là que, ce que nous voulons, est bien plus que la réinstauration d'un type, d'un mode de gouvernement et de gestion des choses et des gens, mais une Royauté au service de ce que Pierre Boutang appelait « l'ordre légitime et profond »; une Royauté qui n'ampute pas l'homme de sa dimension verticale et transcendante mais qui, bien au contraire, le place dans les meilleures conditions pour accomplir son devoir, ses devoirs. 

     

  • La Monarchie n'est pas un parti

    Au salon de l'agriculture 2017 : Le prince Jean avec le prince Joseph

     

    Par Jean-Philippe CHAUVIN

     

    1345578492.2.jpgLes actuelles joutes présidentielles nous démontrent à l'envi toute la dangerosité mais aussi le ridicule de cette course au Pouvoir de quelques ambitions personnelles et partisanes qui oublient les réalités pour s'attacher les votes des électeurs, du moins durant les jours de scrutin. Les promesses ne font pas un programme et les programmes ne tiennent pas leurs promesses, et les citoyens l'ont compris qui, pour beaucoup, désespèrent de voir des solutions concrètes et crédibles sortir des urnes printanières. La Nouvelle enquête sur la Monarchie* est aussi l'occasion de rappeler qu'il existe, au-delà de la République et de ses différentes formes, un « autre régime » que l'on peut, au regard de l'histoire et de la contemporanéité républicaines qualifier de « nouveau », hors et au-dessus des partis et de leur système... 

    La transmission héréditaire de la magistrature suprême de l’État est le meilleur moyen de l'indépendance royale, même si elle ne garantit pas forcément que le souverain soit totalement libre de toute influence. Ce qui est certain, en tout cas, c'est que l'hérédité libère l’État et que la Monarchie n'est pas, ne peut pas et ne doit pas être un parti, même royaliste, ce que le comte de Paris et son père, le duc de Guise, n'ont cessé de répéter en leurs temps respectifs, parfois aux dépens de l'Action Française qui, néanmoins et heureusement, restera toujours fidèle à la Maison de France. 

    Cela signifie-t-il que la Monarchie ne s'engage pas, et qu'elle reste politiquement neutre ? Dans la conception française de la Monarchie active, elle n'est pas un simple ornement institutionnel, et elle joue un rôle arbitral qui n'est pas, au contraire de la République encore mâtinée de jacobinisme (parfois très conscient et revendiqué, comme l'a prouvé le redécoupage des régions à la sauce « hollandaise » de ce quinquennat-là, qui n'a tenu aucun compte ni des réalités historiques ni des légitimes doléances régionalistes), un pouvoir arbitraire. Arbitrer n'est d'ailleurs possible que si les règles sont connues et l'arbitre reconnu : l'indépendance de nature de la magistrature suprême de l’État en Monarchie permet l'arbitrage dans de bonnes conditions, mais, dans le cadre de la Monarchie fédérative, les décisions royales ne sont pas aussi nombreuses que dans une République (plus « parisianiste » que française), ce qui au passage leur accorde aussi et ainsi plus de force et de crédibilité. Comme le disait un vieux sportif royaliste, « le roi laisse jouer » et il n'intervient que lorsque, faute de pouvoir dénouer une situation compliquée, l'on fait appel à lui. Au risque de surprendre, mais en reprenant une intuition de l'avocat monarchiste Jean-Marc Varaut, je dirai que la Monarchie joue, d'une manière certaine, le rôle de l'actuel Conseil constitutionnel ! Rien de moins, et sans doute un peu plus... 

    jean_neuilly-062.jpgCar, contrairement au Conseil constitutionnel, le roi n'est pas nommé par des personnalités institutionnelles et partisanes, ni en fonction de choix politiques : là encore, sa naissance le préserve de ce choix fait par d'autres que le « hasard contrôlé » inhérent à la Monarchie héréditaire et successible. De plus, le roi est le symbole visible, l'incarnation de la nation plurielle sans parti-pris, le double trait d'union, temporel entre le passé et le présent, et politique entre les toutes les composantes constituées de la France : il n'est pas l'homme d'un parti ou d'une partie contre l'autre, il est au-dessus des partis et des parties, et sa force est de ne jamais dépendre d'eux puisqu'il ne leur doit rien, et sûrement pas sa légitimité, de nature et d'origine « extra-démocratique », ce qui lui permet de garantir le libre exercice par chacun de ses droits, libertés et pouvoirs, sans interférer sur ceux-ci. Le roi est l'autorité « au-dessus » qui permet les libertés à tous les niveaux de la nation ; il est le sommet de la pyramide des pouvoirs et la condition de la nécessaire subsidiarité qui fait vivre, à tous les degrés de l'échelle, les pouvoirs concrets. La Tour du Pin résumait cela en expliquant qu'il fallait remettre la Monarchie dans l’État et la Démocratie dans les provinces, les communes et tous les autres corps intermédiaires : c'est, encore et toujours, le sens même du combat royaliste, un combat qui ne cherche pas la victoire d'un parti royaliste mais l'établissement d'une Monarchie sans parti-pris, pour servir le pays et non « se servir ». L'actuelle présidentielle, avec son lot de promesses et de scandales, semble bien loin d'une telle perspective : elle est, aujourd'hui, le meilleur argument a contrario de la Monarchie et il serait bien dommage de ne pas le faire savoir à nos concitoyens... 

    * A suivre intégralement sur le blog de Jean-Philippe Chauvin

    Le Blog de Jean-Philippe Chauvin

  • (Re)vive le roi ! Macron n’a pas de programme, Marin de Viry, oui !

     

    Par Thomas Morales

    Encore une fois, ce n'est pas nous qui le disons ; cet article n'émane pas de Lafautearousseau, il n'est pas signé de l'un de nos rédacteurs ; il a été publié le 19 mars, dans Causeur et nous en approuvons chaque ligne. Qu'y rajouter ? Il suffit de lire. L'essentiel est dit.  Lafauterousseau

     

    morales.jpgLe constat est partagé par tous les citoyens lucides. La bassesse morale de notre société, sa cupidité dégoulinante de mièvres sentiments et son impudeur tapageuse, sont de puissants moteurs à l’abstention pour certains, à la fronde pour d’autres. Pour régler ce désordre, s’extraire d’un système aussi cadenassé que vérolé, Marin de Viry opte pour une France « catholique et royale » dans « Un roi immédiatement », un essai décomplexé paru aux éditions Pierre-Guillaume de Roux. Les bonnes consciences de Droite et de Gauche s’étoufferont à la lecture de ce plaidoyer pro-domo, en l’espèce la Maison de France, les autres liront avec délectation ce pamphlet féodal, pure souche, assez revigorant dans le paysage actuel.

    C’est du brutal ! A la fois drôle, provocant, d’une logique implacable, pétillant de références philosophiques et de vérités acides sur notre déplorable époque. La virtuosité intellectuelle de l’auteur ne doit pas masquer son cri de Terreur. Cette longue plainte qui prend sa source dans le dévoiement de nos Institutions, la pente fatale dans laquelle une classe politique dépassée et défaitiste nous a jetés par manque de courage et de vision, il y a maintenant plusieurs décennies. Aujourd’hui, le peuple sans idéal, englué dans le conformisme et l’argent tout puissant, cherche en vain son salut. Il erre dans la Démocratie sentant au plus profond de son âme, sa fragilité constitutionnelle et son absence de substrat. Les réseaux sociaux et les élections, ces deux faces d’une même pièce jouée d’avance, lui ont ôté toute volonté de transcendance. L’apathie règne et le débat prend la forme d’un simulacre. Alors, quand tout a lamentablement foiré, pourquoi pas un roi ? Pour nous amener (sans user de la torture) à cette solution politiquement très incorrecte, la mécanique de Viry et son style coruscant marchent à plein (ancien) régime. On suit les étapes progressives du désenchantement d’un homme qui a cru jadis aux vertus d’une République émancipatrice et qui déplore l’effondrement de ses valeurs, voire sa vacuité.

    Une exigence quasi-existentielle

    Sous le ton trompeur de la blague, Viry dépèce méthodiquement la bête médiatico-politique, toujours aussi satisfaite d’elle-même et dotée d’une arrogance crasse. Tout y passe : les communicants gourous, les partis liberticides, les pubards rigolards, les professeurs distributeurs de moraline, les journaux exsangues, les ministres hors-sol, enfin tous les agents démobilisateurs. L’écrivain en appelle non pas à un sursaut, plutôt à une sorte d’élévation, une exigence quasi-existentielle, il faudrait donc serrer les rangs autour de figures proscrites par les manuels scolaires, les valeureux Bayard, Jeanne ou Godefroy. « J’associe la monarchie à l’idée d’une liberté venue d’en haut, qui ne gêne pas la liberté venue d’en bas, la nôtre. J’associe la monarchie aux noces du grand et du petit. C’est-à-dire au bénéfice du petit », écrit-il. Il va même jusqu’à l’associer à « l’idée du bonheur personnel ». Derrière sa rhétorique jubilatoire qui dégomme tous les totems, la sincérité de son Te Deum cueille le lecteur quand il parle d’un roi « portier de l’invisible » ou quand il transgresse les images folkloriques de la monarchie pour ne conserver que cette passerelle vers « une communauté engagée dans l’histoire ». Ce livre révolutionnaire par sa forme et son propos commence par un échange de mails entre le narrateur-professeur et son étudiante, un condensé délirant de toutes nos tares. On en redemande, le règne du « sympa » supplanté par celui du « cool » dans les rapports humains démontre notre état palliatif. La meilleure définition du journalisme, lue depuis un bail, est la suivante : « dans sa version dévoyée, une industrie de séquençage, de formatage, et de distribution numérique des préjugés ». Fermez le ban ! S’en suit une conversation avec une ravissante collègue allemande, Brigit à la dialectique aussi redoutable que son anatomie. Chez Viry, le retour du roi peut s’opérer même dans la République, c’est un espoir à méditer. Et puis un livre qui fait référence à Aldo Maccione et au « Guépard » pour appuyer sa logique aura toujours mon adoubement !  

     

    Un roi immédiatement de Marin de Viry – Editions Pierre-Guillaume de Roux

    Marin de Viry

    Thomas Morales
    Né en 1974, Thomas Morales est journaliste indépendant et écrivain.

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    « Un roi immédiatement » ... Un livre dont on parle déjà beaucoup : réactions dans les commentaires ...

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  • Alexandre Devecchio : « Derrière l'affaire Théo, les banlieues en sécession »

     

    Par Alexandre Devecchio 

    Alexandre Devecchio analyse ici fort justement - d'un point de vue factuel - [Figarovox 14.02] comment l'« affaire Théo » est révélatrice des fractures françaises. Et comment les émeutes urbaines mettent en lumière la sécession de certains quartiers et la désaffiliation d'une partie de la jeunesse. Mais laquelle ? Ce vocabulaire est-il approprié ? Et donc, en un sens, la réflexion elle-même ? Les fractures dont il est question sont-elles réellement françaises ? Faut-il consentir à ce terme, en ignorant ce qu'il implique de concession, d'abandons ? Fractures françaises ou fractures franco-islamiques ? ou Français-Etrangers ? Alexandre Devecchio n'ignore pas - son article en porte les traces - que les politiques, les médias, les juges, les associations - le Système - ont forgé tout un vocabulaire ad hoc destiné à cet enfumage de l'opinion, dont ils ont besoin pour que la politique immigrationniste, multiculturaliste et diversitaire en cours soit poursuivie, sans de trop grandes oppositions. Que sur le plan légal, une partie des jeunes, de la jeunesse, des individus concernés, soit de nationalité française change-t-il le problème au fond ? Ici, nous ne le croyons pas. A ceux qui haïssent et combattent la France, la qualité de Français, de jeunesse française, par delà tout formalisme juridique, doit être déniée.  Lafautearousseau        

     

    sans-titre vv.png« Justice pour Théo ! » La banlieue brûle et le même slogan est diffusé sur toutes les ondes. La majorité des médias et une partie des politiques, relayant le discours des « associations », s'indignent, en chœur, des « violences policières » contre les « jeunes » des « quartiers ».

    La visite de François Hollande au chevet de Théodore, dit Théo, 21 ans, blessé jeudi 2 février à la cité de la Rose-des-Vents d'Aulnay-sous-Bois lors d'une interpellation d'une extrême violence n'a rien apaisé. C'était pourtant un geste fort et rare. Pour mémoire, le président de la République n'avait pas rendu visite aux policiers gravement brûlés par une attaque au cocktail Molotov à Viry-Châtillon le 8 octobre 2016. Quatre agents des forces de l'ordre ont été mis en examen, et, si bavure il y a eu, celle-ci doit être sanctionnée de manière exemplaire. Pour autant, en quoi la justice pour Théo passe-t-elle par la destruction de la gare routière de Bobigny ? En quoi justifie-t-elle les voitures incendiées, les bus caillassés ou les commerces vandalisés à Argenteuil ? Est-ce bien pour Théo que retentissent les « Allah Akbar » ? Au-delà des dysfonctionnements de la police, l'affaire Théo est révélatrice des fractures françaises. Elle met en lumière la sécession de certains quartiers et la désaffiliation d'une partie de la jeunesse. Elle témoigne de l'enracinement d'une sous-culture de la haine qui rend possible l'embrasement de la violence à la moindre étincelle. Les casseurs ne se vengent pas seulement des policiers, ils marquent leur territoire et expriment leur ressentiment alimenté par le discours victimaire. Aidé en cela par les professionnels de l'antiracisme. Ceux-là mêmes que le premier ministre, Bernard Cazeneuve, recevait hier à Matignon après deux jours d'affrontements.

    Alors que les échauffourées se multiplient à Aulnay, Bobigny, Tremblay-en-France, Le Blanc-Mesnil, Stains ou Neuilly-sur-Marne, le spectre des émeutes de 2005 est dans toutes les têtes. Comme le souligne Gilles Kepel dans Banlieue de la République (Gallimard), c'est une grenade lacrymogène tirée par la police près d'une mosquée alors que le ramadan battait son plein qui est la cause cette année-là de la propagation des émeutes dans toute la France (elles avaient été déclenchées par la mort de Zyed Benna et Bouna Traoré dans un transformateur à Clichy-sous-Bois). L'incident, grossi et rapporté comme « le gazage de la mosquée Bilal », est alors interprété par une partie de la jeunesse de banlieue comme une déclaration de guerre à l'islam. Il ravive le ressentiment entretenu par des années d'idéologie de la repentance. Durant vingt jours, les violences et les dégradations au sein des cités, comptabilisant 200 membres des forces de l'ordre blessés et 10 000 véhicules incendiés, firent que, pour la première fois depuis la guerre d'Algérie, l'exécutif décréta l'état d'urgence. D'ores et déjà à cette époque, les émeutes illustraient la désintégration en cours. Cependant, sociologues, médias et politiques - omettant qu'aucun sans-culotte de 1789 n'avait jamais crié « nique la France ! » - s'obstinèrent à les analyser dans les termes purement économiques d'un traditionnel conflit de classe, allant jusqu'à les qualifier de « révolte sociale ». On continua à déverser des sommes faramineuses dans la politique de la ville en alimentant les communautarismes, et en recouvrant d'un voile les questions qui fâchent. Quid de la problématique des flux migratoires, des tensions ethnico-culturelles, des pratiques mafieuses ou encore de la montée en puissance de l'islamisme ?

    Depuis les émeutes de 2005, les fameux territoires perdus de la République n'ont cessé de s'étendre et les fractures de se creuser. « Il y a un toboggan dans lequel on est installé depuis plusieurs années qui nous amène à l'irréparable, puisque maintenant ces quartiers produisent des terroristes », constatait Malek Boutih en 2015, lors du dixième anniversaire des émeutes. « Comment peut-on éviter la partition ? » s'interrogeait Hollande dans un incroyable aveu rapporté par Gérard Davet et Fabrice Lhomme. La partition avec la France des cités, mais aussi avec la France périphérique. Les « petits Blancs », victimes de l'insécurité physique, économique et culturelle, chassés des grandes métropoles comme des banlieues sensibles, font eux aussi sécession. Au cri de « Justice pour Théo! », ils risquent fort de répondre, dans les urnes, par « On est chez nous ! ». 

    « Quid de la problématique des flux migratoires, des tensions ethnico-culturelles, des pratiques mafieuses ou de l'islamisme  ? » 

    Alexandre Devecchio 

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    Alexandre Devecchio est journaliste au Figaro, en charge du FigaroVox. Il vient de publier Les Nouveaux enfants du siècle, enquête sur une génération fracturée (éd. du Cerf, 2016) et est coauteur de Bienvenue dans le pire des mondes (éd. Plon, 2016).

  • PS, date de péremption dépassée

     

    par Olivier Pichon

     

    thU42DGU00.jpgLa primaire du PS pourrait constituer l’annonce de la fin du parti socialiste, si ce n’est du socialisme. Ne nous réjouissons pas prématurément ; en 1993 il fut balayé à l’assemblée nationale, en 2002, absent au second tour des présidentielles. Il a su se redresser depuis, en partie sous la houlette de son secrétaire général, un certain François Hollande. Aujourd’hui le cadavre bouge encore, mais son fossoyeur pourrait bien en être Benoît Hamon, électoralement parlant du moins. Il en a d’ailleurs la tête…

    Valls et Hollande sanctionnés, la paresse plébiscitée

    Sans préjuger des résultats du second tour et a fortiori de la présidentielle, les militants (peu nombreux) ont voté non pour un présidentiable mais pour un candidat qui conserverait les valeurs du socialisme. Examinons de près ces valeurs en question. Parmi celles-ci, les tendeurs de sébile ont voté massivement pour le revenu universel de Benoît Hamon. Ils attendent encore de l’Etat qu’il distribue, sans comprendre que ce sera un grain de mil dans la bouche d’un âne et qu’il y a belle lurette que l’on distribue en creusant la dette, sur le dos des générations à venir. Un vote égoïste, ignorant et archaïque.

    Il y a « 11 millions de pauvres » en France, nous apprend la presse, chiffre en augmentation, et l’on continue à redistribuer ! En bonne logique, ce chiffre devrait baisser. Hamon a-t-il pensé avec son revenu universel, au gendre de Marx (l’époux de Laura, Paul Lafargue, qui était mal vu par son Beau-père), qui fit l’éloge de la l’inactivité dans un livre : « Le droit à la paresse » 1883 (l’année de la mort de Marx). Il défendait l’idée que les ouvriers ne devaient pas réclamer le droit au travail – c’est une erreur masochiste selon Paul Lafargue.
    La sécurité sociale contre la sécurité nationale.

    Plus de 750 milliards d’euros, c’est le budget social de la France. Contre 35 milliards pour le budget militaire ! En cette période troublée voilà qui ne laisse pas d’inquiéter. Mais Benoît Hamon ne nous a guère parlé de souveraineté et d’indépendance nationale, voire de sécurité publique. Il a reçu le soutien de Martine Aubry et d’une vingtaine de dinosaures échappés de Jurassic Park.

    Dans ces conditions on serait tenté presque de défendre Valls qui a quelques lumières sur le fait que le socialisme remonte à deux siècles et qu’il est une vieille lune promise à l’oubli de l’histoire. Il semble entrevoir qu’à côté de l’Etat providence, il existe un Etat régalien étouffé par le premier. La réduction du temps de travail et les loisirs, voire l’oisiveté rentière sont beaucoup plus le résultat de la productivité, de l’investissement, du marché et du capital que de la loi.

    Mais où est donc Macron ?

    Nous avons donc en matière d’offre politique les socialistes sans le socialisme, Valls par exemple, les socialistes « socialistes » avec Mélenchon, Hamon, Montebourg, les socialistes sans le dire avec Philippot mais le cas le plus complexe est incontestablement Macron. Il est de gauche mais pas socialiste. Pour simplifier, il est sur la ligne Valls mais en plus charmeur, et en amputant son discours de la souveraineté, de l’identité et de l’autorité, sur lequel Valls a eu la témérité d’aller – ce qu’il vient de payer cher.

    Macron sera donc de gauche sans le socialisme ou de gauche avec le sociétal. Mais ses positions sur la sécurité sociale, sur le temps de travail, sont des positions partagées à gauche, surtout n’y rien changer ! Là où il fait preuve d’un peu plus de hardiesse, c’est sur l’apprentissage et le statut des autoentrepreneurs. Il veut être le candidat du travail, (pas d’accord avec Paul Lafargue!) : baisse des charges, maintien du CICE. Simplifier le code du travail ? Du bon sens tout simplement.

    Tout cela ne justifie pas enthousiasmes et ralliements, il demeure assez largement étatiste lorsqu’il transfère les cotisations salariales sur la CSG et augmente la taxation du capital, alors même que celui-ci est déjà fortement taxé et constitue la première cause du refus de prise de risque, qu’il préconise par ailleurs. Quant aux retraités, s’il s’en trouve qui votent Macron… c’est par ignorance ou masochisme. Ils sont dans le collimateur du gentil gendre idéal. Des mots que tout cela, beaucoup de flou et de contradictions. Macron, pour capter les centristes, affirme aimer l’Europe. Mais de quelle Europe s’agit-il, celle de Jean-Claude Junker ou celle des patries ?

    Sur le plan électoral, si Hamon l’emporte au second tour, il peut tailler des croupières à Mélenchon. Mais pour Macron, décidément favorisé par le sort, Hamon peut jouer le rôle de repoussoir et lui permettre d’engranger les voix qui se seraient portées sur Valls. L’heure de vérité devrait sonner pour l’enfant chéri des dieux de la gauche et du système. Sa présence au second tour n’est pas improbable, de même que son élection à la présidence, tout dépendra de l’adversaire qu’il aura face à lui. On peut deviner déjà celui ou celle qui le ferait élire. La France aura alors un président socialiste et tout rentrera dans l’ordre !   

    Politique magazine - 01.2017
  • Éducation nationale, la chute finale

     

    par Jean Aymard

    Le système d’enseignement français a touché le fond avec le règne ubuesque de Mme Vallaud-Belkacem à la tête de ce qui fut l’honorable Instruction Publique devenue Éducation Nationale. Comment cette personne a-t-elle pu être supportée par les corps constitués de cette institution qui suscita naguère l’admiration du monde entier ?

     

    En 1980, un directeur de l’ENS Ulm fut nommé par Raymond Barre, alors Premier Ministre de la France. Ce nouveau directeur (appelons le X) était un archicube scientifique, mais dont la renommée dans sa partie n’était notoirement pas à la hauteur du prestige de la grande ENS Ulm, à l’autorité unanimement reconnue bien au-delà de l’Hexagone. Une sourde protestation feutrée courut dans la sphère maths-physique. Des pétitions circulèrent, la presse à scandales fut discrètement sollicitée.

    L’écho de ce désordre parvint à Raymond Barre qui prit conscience, que sa propre fonction pouvait en sortir ternie, et que le président Giscard d’Estaing lui-même risquait d’en être éclaboussé à 18 mois des élections présidentielles !

    Alors Raymond Barre fit le nécessaire pour éteindre l’incendie près de s’emballer. Il obtint que s’effaçât X, qui accepta un poste de compensation convenable, loin des projecteurs médiatiques.

    Pourtant, étant aussi diplômé que ceux qui exigeaient son départ, sa position était juridiquement forte et il aurait pu résister. Il était trop intelligent pour s’abaisser à cela. A sa place fut nommé un directeur à l’autorité scientifique incontestée, et personne ne parla plus jamais de l’affaire.

    Avec Mme Vallaud-Belkacem, nous tombons dans un tout autre univers. Pour le cas précédent, nous étions dans Le Misanthrope de Molière, dans le grand monde de la haute noblesse d’épée, Oronte n’est ni Vadius ni Trissotin.

    Depuis Mme Vallaud-Belkacem, à la place d’Oronte, nous avons eu droit à Diafoirus et aux Fourberies de Scapin et ses peu glorieux coups de bâton, mâtinées des plus piètres, Précieuses Ridicules !

    Et malgré cette dégringolade où la dignité en prend un vieux coup, point de rébellion ! Point d’incendie qui menace à l’horizon ! Avec l’affaire X, l’orage en gestation ne venait que d’un conflit dans le champ clos de la Haute Science, un affrontement dans l’honneur entre une nouvelle noblesse de robe et une ancienne noblesse d’épée jalouse de ses prérogatives gagnées de haute lutte au fil de belles avancées scientifiques.

    Tandis qu’avec Mme Vallaud-Belkacem devenue ministre donc « grand maître (ou maîtresse ?) de l’université », on se retrouve brutalement dans la fosse aux farces de bas étage ! Le ridicule de cette nomination aurait dû tuer l’intéressée et rejaillir vilainement sur l’ensemble de l’auguste institution….

    Quand on pense que cette Mme Vallaud-Belkacem était la supérieure hiérarchique des membres de l’Institut des Hautes Etudes Scientifiques, elle qui se distingua, devant un parterre peu choisi de spectateurs de petit niveau intellectuel, en avouant ne pas savoir ce qu’est une hypoténuse ! (et encore, le journaliste eut la délicatesse et le savoir-vivre de ne pas lui demander d’épeler le mot….). La plus cruelle des Maximes de notre grand moraliste venait toute seule à l’esprit :

    « Le ridicule déshonore plus que le déshonneur  »

    Et l’institution, ridiculisée, traînée dans la fange intellectuelle, qui ne réagit même pas ! Aucune voix ne s’éleva, ni dans la presse ni au sein de l’Académie des Sciences, pour dénoncer cette pantalonnade, la mascarade de cette pécore ignorante et inculte commandant à tous ces vénérables savants ! On ne pouvait pas ne pas penser à Mme Ceausescu qui, quelle que soit la discipline, se faisait systématiquement nommer docteur honoris causa de toutes les universités roumaines qu’elle visitait !

    Cette Institution qui avait déjà, toute honte bue, enduré en silence les dérisoires et débiles « Journées de la Jupe » et la bouffonnerie de la « théorie du genre » X aurait eu beau jeu d’opposer l’honorabilité de sa mésaventure au déshonneur de cette absence de réaction devant l’inacceptable, que dis-je, devant l’arrogance de l’ignorance revendiquée !

    Cette comparaison nous dispensera d’en dire davantage, et elle éclaire de la plus implacable logique la déconfiture de notre soi-disant éducation dite nationale dans les instances d‘évaluation à l’échelle internationale. On ne peut pas tomber plus bas. 

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  • Mathieu Slama : « La France d'en haut s'apprête à confisquer aux classes populaires l'élection présidentielle »

     

    Par Mathieu Slama

    ANALYSE - « Mathieu Slama voit dans le résultat du premier tour du scrutin présidentiel la preuve que la politique ne peut pas exister en dehors de la lutte des classes ». Il ne peut s'agir de lutte des classes au sens ancien. L'analyse qui suit [Figarovox, 24.04] met toutefois légitimement en lumière les deux France que le Système a dressées l'une face à l'autre, la France d'en-haut - minoritaire - et celle d'en-bas. La dialectique qui oppose ces deux catégories au détriment de l'unité et de l'intérêt du Pays, est familière aux royalistes, plus particulièrement aux maurrassiens. Or la France d'en-haut, en un sens le Pays légal a perdu le sens du Bien Commun. Ce dernier doit être refondé et rétabli.  LFAR    

     

    3724_2016-06-22_16-49-56_Slama .jpg - Copie.pngOn croyait le concept de lutte des classes dépassé. Les intellectuels de gauche Chantal Mouffe et Jean-Claude Michéa, pourtant nourris à la pensée marxienne, déclaraient récemment qu'il devait être repensé. Aucun candidat de gauche, à l'exception de Nathalie Arthaud, n'ont évoqué le concept lors de la campagne.

    Or il n'en est rien. La lutte des classes ressurgit politiquement à la faveur d'un duel de second tour qui va opposer le libéral Emmanuel Macron à la souverainiste Marine Le Pen.

    L'électorat de Macron réunit la France qui va bien, la France optimiste, la France qui gagne bien sa vie, la France qui n'a besoin ni de frontières ni de patrie, ces vieilles lunes de l'ancien monde: cette France «ouverte», généreuse parce qu'elle en a les moyens. La France de Marine Le Pen est la France qui souffre, celle qui s'inquiète. Elle s'inquiète de son avenir, de ses fins de mois, elle souffre de voir les patrons gagner autant d'argent, elle gronde face à l'incroyable arrogance de cette bourgeoisie qui lui donne des leçons d'humanisme et de progressisme du haut de ses 5000 euros par mois.

    La France de Le Pen perdra sans doute face au «front républicain» qui se prépare. Quoiqu'on pense de la candidate du Front national, il y a là une forme d'injustice qui interroge: la France d'en haut s'apprête à confisquer aux classes populaires l'élection présidentielle, la seule élection qui engage véritablement leur destin.

    Il suffisait de constater, hier soir, la différence entre les militants de Macron - des consultants branchés, des étudiants en écoles de commerce, sûrs de leur supériorité de classe -, et les soutiens de Le Pen, des gens simples, timides, ne maîtrisant pas les codes sociaux et médiatiques. Quel contraste, également, entre l'ambiance vulgaire de boîte de nuit chez Macron et le bal improvisé chez Le Pen.

    Derrière cette lutte des classes se cache un affrontement entre deux visions du monde. La vision libérale et universaliste, qui ne croit ni en l'État, ni en la nation ; et la vision que l'on nomme aujourd'hui populiste ou encore souverainiste, qui veut restaurer l'État, les frontières et le sens de la communauté face aux ravages de la mondialisation. C'est le grand combat qui, au final, n'aura jamais cessé depuis 1789.

    Malgré son talent indéniable, l'ancien banquier Emmanuel Macron ne révolutionne rien. Karl Marx le décrivait déjà dans le Manifeste du Parti communiste: la bourgeoisie, écrivait-il, a brisé sans pitié les liens complexes entre les hommes «pour ne laisser subsister d'autre lien, entre l'homme et l'homme, que le froid intérêt, les dures exigences du paiement au comptant» ; «elle a fait de la dignité personnelle une simple valeur d'échange» ; elle a «dépouillé de leur auréole toutes les activités qui passaient jusque-là pour vénérables et qu'on considérait avec un saint respect. Le médecin, le juriste, le prêtre, le poète, le savant, elle en a fait des salariés à ses gages.». Elle a donné «un caractère cosmopolite à la production et à la consommation» et a «soumis la campagne à la ville». Avec son concept d'homme-entreprise, Macron poursuit la logique implacable du capitalisme qui réifie l'Homme et relègue la politique à un simple instrument de soutien aux intérêts privés. La manière dont il a utilisé tous les codes de l'entreprise et du management durant sa campagne présidentielle n'est pas anodine et mériterait une analyse approfondie.

    L'erreur de Mélenchon est d'avoir cru qu'il était possible de jouer sur tous les tableaux. Il a eu, incontestablement, une intuition géniale en s'adressant non plus à la gauche mais au peuple dans son ensemble, celui qui est victime de la mondialisation sauvage. Mais il a échoué parce qu'il a refusé d'aller jusqu'au bout de cette logique et d'embrasser la cause populiste et souverainiste. Il a aussi échoué parce qu'on ne peut pas défendre le peuple avec un régime parlementaire, régime de tous les compromis qui profitent toujours aux lobbies et aux intérêts privés. La justice sociale n'est possible qu'avec un État fort et un président qui décide souverainement, exerçant le mandat que lui a confié le peuple.

    L'erreur de la droite dans cette campagne a été symétrique de celle du Parti socialiste: celle de croire que la politique pouvait s'extraire des enjeux de classe. La recomposition politique dont on parle tant se fera en partie autour de cet enjeu parce qu'il sous-tend tous les autres: le rapport à la mondialisation, à l'État et à la nation. Et peut-être assistera-t-on, dans un avenir lointain, à une réunion de la France de Le Pen et celle de Mélenchon contre la France des libéraux. 

    Mathieu Slama         

    Consultant et analyste politique, Mathieu Slama collabore à plusieurs médias, notamment Le Figaro et Le Huffington Post, où il intervient particulièrement sur les questions de politique internationale. Il est l'auteur de La guerre des mondes, réflexions sur la croisade de Poutine contre l'Occident, (Ed. de Fallois, 2016).   

  • Société & Actualité • Le vibrant réquisitoire de Régis Debray contre Emmanuel Macron

     

    Par Arnaud Guyot-Jeannin

    Il est naturellement intéressant de savoir comment Régis Debray a réagi aux péripéties de la présidentielle et au cas Macron, phénomène imprévu de la consultation, elle-même gouvernée par les médias, selon le mode le plus totalitaire qui soit. Debray est, si l'on nous passe l'expression, un électron libre, une intelligence aux analyses non-conformistes, elles aussi souvent inattendues. Mais un homme d'esprit et de culture, qui n'a pas cessé d'être attaché aux réalités de notre civilisation, de notre histoire, de la terre où nous sommes nés. Il suffit de lire ce qu'il pense d'Emmanuel Macron pour en prendre la mesure.  Dans cette intéressante chronique [Boulevard Voltaire, 3.05], Arnaud Guyot-Jeannin analyse les récents propos de Régis Debray qui éclairent la figure de Macron d'un jour qui ne suscitera pas la sympathie. C'est le moins que l'on puisse en dire !  LFAR

     
    ad2d62187246b67bb88c9d87ec2fa1a9.jpeg.jpgRégis Debray s’avère un brillant pourfendeur du candidat d’En marche ! Emmanuel Macron. À l’occasion de la publication de son livre ce 4 mai, Civilisation – Comment nous sommes devenus américains (Gallimard), il commente l’actualité de l’élection présidentielle dans la presse.
     
    D’abord, Régis Debray plante le décor dans Le Monde du jeudi 4 mai lorsqu’il rappelle les deux destinations qui ont le plus profité électoralement à Macron « le patriote » autoproclamé : « Mais où a-t-il obtenu son meilleur score, au premier tour, avec une majorité absolue ? Chez les Français de New York et de la City, patriotes un peu étranges, disons : évasifs. » Une ironie qui fait mouche !
     
    De la City à la Rotonde, il n’y a qu’un pas que Régis Debray franchit sans hésiter en affirmant qu’il faut empêcher que le monde se défasse, « c’est-à-dire conserver autant que faire se peut l’imparfait du subjonctif, la Sécurité sociale, les poulets de ferme, une vieille méfiance envers les banques d’affaires, plus une tendance invétérée à préférer la souveraineté du peuple à celle du people, des copains du Fouquet’s ou de la Rotonde ». Et d’avouer sincèrement : « Certes, quand on est un bobo, et j’en suis un, on aime mieux le chic rive gauche que le fric rive droite, mais il y a tant de passerelles entre Neuilly et Montparnasse. » Et sur ce que symbolise la fête de la Rotonde : « Et cette fête impudique, sans attendre, avec les vedettes très in du Tout-Paris branché… Allez les ploucs, vous n’avez pas le choix, alignez-vous, et vite ! »
     
    Mais revenons au résultat du premier tour… S’adressant cette fois-ci à Alain Finkielkraut dans L’Express, Régis Debray constate qu’un vote de classe a eu lieu et auquel correspond une attitude type de l’électorat : « […] Le clivage des classes aura rarement été aussi net. Le Pen : petites villes industrialisées et zones rurales, les paumés [NDLR : un dernier terme un peu condescendant]. Fillon, la bourgeoisie tradi, à Paris, le XVIe et le XVIIe, les satisfaits, vieux patrimoine. Mélenchon : 34 % en Seine-Saint-Denis et à Mantes-la-Jolie, les mécontents qui ont raison de l’être, Macron : le haut de gamme aisé, diplômé et heureux » (« L’autre débat de l’entre-deux-tours », propos recueillis par Alexis Lacroix et Anne Rosencher, du 3 au 9 mai). 
     
    Debray fait appel alors à ses souvenirs : « Notre vaillant et futur président a, en effet, réussi une belle synthèse entre la tradition catholique sociale [NDLR : plutôt « démocrate-chrétienne »], Bayrou et Delors, et la ligne protestante, Rocard et Jospin. Cette martingale miraculeuse avait fait défaut à son lointain prédécesseur, Lecanuet, candidat à la présidentielle de 1965, démocrate-chrétien, agrégé de philo, jeune et photogénique, européen et atlantiste qui lui aussi voulait casser le système et remettre, textuellement, “la France en marche” » (Le Monde).
     
    Il reste à Régis Debray de décrire Macron comme un archétype hypermoderne, une tête de pont du néolibéralisme mutant : « Le néo-protestantisme sécularisé, c’est le substitut culturel du self-made-man […] Le post-moderne estime pouvoir tout choisir de son existence, y compris lui-même, sans fil à la patte. Pas de destin, pas d’appartenance à subir et le moins de passé possible. On préfère le conceptuel au charnel. D’où l’attrait pour une Europe hors-sol, la cité conceptuelle par excellence » (L’Express).
     
    À l’instar du candidat Mélenchon, pour lequel il a voté au premier tour – même s’il ne partage pas toutes ses vues -, Régis Debray ne tient pas à dire pour qui il votera au deuxième tour. En tout cas, il va lui être difficile de glisser un bulletin Macron dans l’urne. Ses arguments assument une insoumission résolue à l’ordre libéral-libertaire et post-national.   

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    Journaliste et essayiste
  • Ce qui bloque la France

     

    Par Bernard PASCAUD


    2920517656.jpgQuel que soit celui ou celle des (deux) candidats en lice à l'élection présidentielle qui parviendra au sommet de ses ambitions, la Ve République restera ce qu'elle est devenue, l'ombre d'elle-même.

    En cela elle s'apparente à toutes les Constitutions précédentes dont aucune depuis deux siècles n'a fonctionné comme il était prévu. Celle de 1958 visait à faire du chef de l'État la « clé de voûte » des institutions : un président qui arbitre mais qui ne gouverne pas. On est loin aujourd'hui de ce cas de figure. Le renforcement de l'exécutif, prétendue réponse aux errements et aux blocages des très parlementaires Ille et IVe Républiques, s'est régulièrement délabré. De l'élection du président au suffrage universel direct à l'adoption du quinquennat, en passant par les périodes de cohabitation, la dénaturation du régime voulu par De Gaulle est complète, ou presque. Le système désastreux des partis que critiquait le fondateur polarise à nouveau la vie politique, comme le démontreront à l'évidence les législatives à venir et l'Assemblée qui en résultera. (...) A cet affaiblissement des institutions nationales s'ajoute la perte de souveraineté consécutive à la construction européenne : juste soixante ans après le Traité de Rome, on mesure l'ampleur des atteintes faites à notre indépendance nationale et à nos libertés.

    Le désenchantement actuel s'explique aussi par le niveau calamiteusement bas du débat politicien. Aujourd'hui dans le contexte du dixième épisode de la série « Marianne V» la chansonnette ne prend plus. Elle susurre : De Giscard à Hollande, vous avez aimé le thème du changement, vous adorerez celui de la rupture. Mais rien n'y fait vraiment. La campagne a des allures de pavane pour espérances défuntes.

    Pour ranimer les ardeurs électorales en même temps que révolutionnaires, Mélenchon en appelle à une Vie République. Mais le plus malin dans la tentative de réenchantement politique, c'est Macron. C'est aussi (...) le plus dangereux. Certains le prennent pour un Hollande rajeuni et enfin élégant ; d'autres pour une sorte de Giscard bobotisé.

    Dans les deux cas, ce n'est pas flatteur. Ce qui est certain c'est que les divers affluents qui ont fait le fleuve Macron charrient finalement une eau des plus troubles. Progressiste de coeur, libéral-mondialiste de raison et sectaire de tempérament, il essaie de ratisser large pour remplir sa « mission ». Car, bien sûr, il est de ces esprits brillants qui sont des faiseurs de solutions, quand tous les autres ne sont que des faiseurs de problèmes. « J'ai vu ce qui bloquait notre pays », a-t-il déclaré le soir du premier débat de campagne. Sous-entendu : « je sais ce qu'il faut faire et je sais le faire ». Veni, vidi, vici. Est-il de gauche, est-il de droite ? Ni l'un ni l'autre, prétend l'homme chauve-souris. « Moi souris...Je suis oiseau, voyez mes ailes ». De quoi ratisser large. On peut venir à lui de partout pour peu qu'on récuse comme lui et la droite intrinsèquement perverse et la gauche intrinsèquement inefficace. De gauche en lui il n'y a que le goût pour un socialisme à hauteur d'homme, et de droite le parti pour la liberté... prît-elle la forme d'un libéralisme déshumanisant. Rien de clair donc, encore moins de rassurant. Il promet de « nouveaux visages » et de « nouveaux usages ». En frétillent d'impatience les jeunes loups formatés sciences-po ou ENA, tous ceux qui comme lui se disent religieusement démocrates et pratiquement oligarques. Après tout ce goût de l'élitisme n'est-il pas aussi hérité des Lumières ? Il y a ceux qui savent et il y a ceux qui suivent. Ceux qui savent, les technocrato-mondialistes, toisent les peuples. C'est vrai au niveau national, comme au niveau européen. Les peuples n'ont qu'à suivre. Le contraire est du populisme ! Un peuple aujourd'hui ne saurait être qu'un marché. Écrasons le Peuple, le nouvel Infâme !

    Ce portrait du personnage n'est ici développé que parce qu'il est archétypal de ce que le conditionnement idéologique, les fiches à concours et l'état d'esprit mental et culturel actuels produisent de plus monstrueusement éloigné de ce qu'est la vraie politique. Ç'en est l'exact contraire et c'est pourquoi le réenchantement républicain escompté risque de finir au grenier des illusions.

    Pour réenchanter la politique il faudrait a minima s'attaquer aux problèmes qui inquiètent les Français encore lucides. A commencer par notre identité confrontée au risque de l'immigration et de l'islamisation ; nos emplois malmenés par la mondialisation ; nos libertés étouffées à Bruxelles. Sans cela le rêve d'une France soi-disant remise « en marche » se brisera sur les miasmes du quotidien et le manque de vue à long terme. Il est peu probable qu'avec une majorité introuvable ou incertaine, une durée limitée et une absence de direction dans l'action inspirée du Bien commun, un redressement significatif puisse devenir réalité. Pire, il est à craindre que l'oeuvre de déconstruction ne connaisse aucune rupture.

    Laissons la République enterrer la République. Ayant vu, nous aussi, mais plus clairement, ce qui bloque la France, cherchons à réenchanter le royalisme. Il y faut du labeur et de l'intelligence. Ne mêlons pas notre cri d'amour pour la France à celui du regret de ne pas avoir tout fait pour le redressement français.

    Repris du n°48 de Restauration Nationale

  • Histoire • Rois de France, de Balzac : La « secte » des Encyclopédistes, la décomposition morale - élites et société -

     

    C'est en 1837 que Balzac publia Rois de France, un ouvrage concis fort intéressant, consacré aux six derniers « Louis » rois de France, de Louis XIII à Louis XVIII. Malheureusement peu réédité par la suite, cet ouvrage était devenu, de ce fait, indisponible, depuis 1950.

    Notre confrère Péroncel-Hugoz a pris l'heureuse initiative de faire rééditer Rois de France, au Maroc, par les Editions Afrique Orient. Nos lecteurs peuvent d’ailleurs lire Péroncel-Hugoz ici-même, régulièrement, puisqu’il nous fait l’amitié de sa participation – très appréciée – à Lafautearousseau.

    Nous donnerons quatre extraits de Rois de France - des « bonnes feuilles » - dans nos prochaines parutions du week-end. 

     

    415470906.jpg1er extrait : La « secte » des Encyclopédistes, la décomposition morale - élites et société - au XVIIIe siècle [pages 75 à 79]

    « Les idées réformatrices se sont généralisées, et, comme il arrive toujours, elles ont été exagérées par leurs adeptes jusqu'aux derniers excès. Il ne s'agit plus que de l'anéantissement de tous les principes qui ont jusque-là régi les sociétés. La ridicule monstruosité de ses doctrines est comme un bouclier pour la nouvelle secte : car c'est bien une véritable secte avec ses chefs, ses affiliations, ses enthousiastes, ses martyrs, sa perfidie et sa vitalité puissante ; singulière secte, toutefois, dont la doctrine n'est qu'une négation de toutes les autres ! On se demandait ce qu'ils feraient quand ils auraient tout détruit, comme si ceux qui détruisent peuvent jamais réédifier. On peut rire des utopies créatrices, mais non des autres. Comme autrefois le protestantisme, la secte philosophique avait su conquérir le patronage de la noblesse. C'était dans les châteaux et dans les hôtels appartenant aux petits-neveux des compagnons de Coligny, que les théories nouvelles, écloses sous la lampe et dans la poudre des cabinets des penseurs, venaient revêtir un vernis de bel air et se mettre à la mode. Les nouveaux prêcheurs savaient aussi persuader aux Grands que tout l'honneur des réformes serait pour eux.

    C'est ainsi qu'ils obtinrent l'abolition de la Société des Jésuites, dont nous ne pouvons réviser ici l'interminable procès, mais qui se recommandait pour les connaissances universelles dont elle était dépositaire. Ces religieux avaient élevé, pour ainsi dire, toute la génération d'alors ; mais l'ingratitude ne devait point effrayer les hommes du dix-huitième siècle, et la condamnation que les Jésuites subirent est presque une absolution aux yeux des hommes réfléchis. Les parlements concoururent aussi à la chute de cette société puissante ; cependant, ils n'étaient point les alliés constants des philosophes, par lesquels ils se trouvaient dépassés ; dans cette circonstance, ils n'avaient été dirigés que par une opposition dogmatique. 

    Pendant le règne de Louis XV, l'attitude indécise de la magistrature est non moins remarquable. Elle aussi a senti la monarchie s'effondrer dans ses fondements : tantôt elle poursuit son système d'opposition et de patient agrandissement, cherchant à se soumettre toutes les autres institutions du royaume ; tantôt, voyant ces institutions menacées, elle sent que si elles sont renversées, elle périra elle-même, et alors elle se présente pour les défendre. Malgré son maintien agissant, l'institution des parlements fut la première qui tomba, et ce fut le pouvoir royal qui la renversa, se privant ainsi lui-même d'une barrière puissante contre des ennemis plus dangereux, barrière dans laquelle il devait seulement se garder de s'emprisonner. Les philosophes battirent des mains quand ils virent la chute de ce formidable corps. C'est à la fin de l'année 1770 que fut frappé ce coup d'Etat, déterminé par des querelles particulières, et non par une pensée politique. Louis XV, à cette occasion, fit preuve d'une vigueur qu'on regrette de ne pas l'avoir vu déployer plus souvent et dans des occasions plus importantes...

    ...Ce fut à cette époque que l'on put apprécier à quel point l'esprit national était déchu en France. La nouvelle d'une défaite n'excitait plus, comme aux nobles temps de la monarchie, le deuil et la colère publiques, mais plutôt une joie maligne. La nation avait fait scission avec la couronne ; le roi n'était plus l'Etat. Dès que les choses étaient ainsi, la nation et le roi devaient être ennemis, jusqu'au jour où l'un des deux disparaîtrait devant l'autre. Tous les anciens ressorts étaient brisés ; chacun, sentant vaguement qu'une dissolution générale était proche, avait jeté là les préjugés et les idées antiques que ses pères lui avaient transmis, et dont ses fils avaient pu répudier, de gré ou de force, l'héritage. Les prêtres avaient oublié la religion, les militaires la discipline, les magistrats la justice, et les femmes la pudeur. La noblesse, à laquelle il eût appartenu de rappeler le roi et la nation à leurs devoirs respectifs et de reconstituer la monarchie, ne formait plus un corps assez compact et assez puissant pour rien tenter. A part quelques protestations isolées, on voit les seigneurs se laisser maîtriser entièrement par leurs habitudes, et se borner à rester à la tête du mouvement qui s'opère, sans examiner où ils vont et sans réfléchir que pour être les premiers, ils ne donnent point inévitablement l'impulsion.

    La monarchie recueillait les fruits des mesures prises par Richelieu et par Louis XIV pour l'abaissement du corps de la noblesse. Par leurs alliances et par leurs habitudes citadines, les gentilshommes s'étaient trouvés confondus avec la bourgeoisie et les anoblis, sans conserver aucune démarcation, ni politique ni morale. Ils n'avaient donc plus droit à des privilèges et à des distinctions devenues purement traditionnels. Leur position était des plus difficiles, également insoutenable pour eux et pour la nation. En faisant alliance avec les hommes d'intelligence et d'idées, ils avaient eux-mêmes commis une faute contre leurs propres intérêts. Ils ne virent point qu'ils n'étaient pour ceux-ci qu'un instrument. Après avoir ruiné toutes les institutions dont ils étaient les défenseurs-nés, et sur lesquelles ils s'appuyaient, pensaient-ils qu'on les épargnerait ? Cherchaient-ils en la raillant à se faire pardonner leur domination, réelle autrefois et devenue depuis honorifique ? Espéraient-ils conserver des insignes qui cessaient d'exprimer des idées et des faits ? Ou bien pensaient-ils que toute cette guerre si active n'était qu'un jeu et comme un tournoi de la pensée, qui remplaçait pour leur caractère inquiet les tournois de la lance et de l'épée ? Cette dernière idée fut sans doute la plus générale ; c'était celle qui devait dominer, mais bien souvent interrompue par de terribles pressentiments. 

    A voir cette société brodée, poudrée et musquée, dont Watteau nous a laissé un si aimable portrait, qui eut pu croire qu'elle portât dans ses flancs la plus grande et la plus furieuse révolution que l'histoire puisse raconter ? Comment tant d'énergie et de colère pouvaient-elles couver sous cette enveloppe d'esprit, de galanterie et de gaieté ? Mais on eut frémi peut-être en écoutant plus sérieusement les discours avinés et parfumés qui se tenaient dans les petites maisons, dans ces jolis petits appartements dorés et soyeux, entre une débauche des tables et une débauche amoureuse. Quelle audace dans la parole des gens d'esprit, comme on les appelait alors ! Quelle imprudente folie dans les applaudissements des seigneurs ! Et souvent aussi, que de haine dans le persiflage mielleux des premiers ! Et que de dédain dans la familiarité des seconds ! Les bourreaux et les martyrs auraient déjà pu se deviner... » 

    A lire dans Lafautearousseau … 

    Histoire • Rois de France, de Balzac, republié par Péroncel-Hugoz : Présentation [I]

    et aussi  ...

    Sortie au Maroc de « ROIS DE FRANCE suivi de NAPOLEON » , essai de Balzac paru en 1837 et indisponible depuis 1950

  • Mathieu Bock-Côté : ce que révèle le discours de Macron à Marseille

     

    Par Mathieu Bock-Côté           

    Mathieu Bock-Côté expose ici [Figarovox, 4.04] comment, en égrenant l'origine des citoyens venus à son meeting, Emmanuel Macron a dévoilé sa vision idéologique multiculturaliste. Macron est toutefois donné favori à l'élection présidentielle et de ce seul fait, bien qu'il ne soit pas dans notre rôle de donner quelque consigne de vote que ce soit, chacun de nos lecteurs étant assez grand pour en décider, s'opposer à Emmanuel Macron au titre de notre patriotisme, de notre identité menacée et de notre héritage, nous paraît aller de soi, constituer une sorte d'impératif.   Lafautearousseau

     

    1985674552.3.jpgC'est la grande prouesse d'Emmanuel Macron depuis le début de cette campagne présidentielle: il arrive à se faire passer pour un candidat post-idéologique, réconciliant les contraires et faisant éclater les vieux clivages qui étoufferaient la vie politique française. Loin des passions idéologiques, il délivrerait un pays otage des extrêmes et de leurs fantasmes. Il se veut de gauche et de droite, sans être ni à gauche ni à droite. Il confesse par coquetterie une nostalgie monarchiste tout en se voulant le chantre de la modernité la plus radicale. Il applique cette logique à presque tous les enjeux, au point où sa candidature devient l'objet de récurrentes moqueries, comme si le macronisme n'était qu'un hollandisme revampé et relooké, carburant essentiellement à l'art de la synthèse bancale, au point de rassembler sur sa barque bien des éclopés de la politique française des dernières décennies, qu'ils soient communistes, ultralibéraux ou chiraquiens.

    Il y a pourtant un noyau idéologique du macronisme, à tout le moins lorsqu'émerge la question identitaire, dont on ne saurait contester l'importance vitale pour notre temps. Et il s'agit du multiculturalisme, que le candidat fait semblant de dénoncer alors qu'il en embrasse la logique. Ce n'est pas surprenant: l'adhésion à l'idéal diversitaire est la marque distinctive du progressisme contemporain. On le sait depuis quelques semaines déjà, il n'y a pas pour Emmanuel Macron de culture française. L'art français ne semble pas lui dire grand-chose non plus. En fait, la culture française ne serait qu'un communautarisme parmi d'autres dans un univers soumis à la loi du multiple. Et on ne voit pas pourquoi ce communautarisme surplomberait les autres et se poserait comme culture de convergence. La déclaration est tellement grosse qu'elle colle à sa candidature depuis. Comment ne pas y voir une représentation presque caricaturale de l'hostilité profonde des élites mondialisées aux nations ?

    À Marseille, Macron en a rajouté. L'homme qui confond manifestement la vocifération avec l'éloquence a terminé son discours en égrenant l'origine des citoyens présents dans la salle, comme s'il avait le souci de n'en oublier aucune. Maliens, Sénégalais, Ivoiriens, Marocains, Tunisiens et bien d'autres: tous étaient convoqués, dans une étonnante célébration d'une république renvoyant chacun à ses origines, ce qui est radicalement contradictoire avec le principe assimilationniste qui invitait chacun à se fondre dans la nation. La nation selon Macron se définit plutôt comme un rassemblement de communautés cohabitant grâce à la magie sémantique du « vivre-ensemble ». On se demandera quelle est la place, dans cette mosaïque, des Français que faute de mieux, on dira « d'origine française » - à moins que ce terme aussi ne fasse scandale. De quelle histoire sont-ils les héritiers et quelle origine peuvent-ils revendiquer ?

    On retrouvait là le dogme fondamental de l'orthodoxie multiculturaliste : nous sommes tous des immigrants. La trame fondamentale d'un pays serait d'abord celle des vagues d'immigration l'ayant constitué. Faut-il arracher la France à son histoire pour la rendre inclusive ? Ne risque-t-on pas ainsi de radicaliser le sentiment de dépossession de bien des Français qui craignent de devenir étrangers chez eux et qui ne voient pas trop pourquoi ils devraient s'en réjouir ? L'angoisse identitaire n'est pas un fantasme régressif, à moins qu'on ne considère que le besoin d'enracinement et de continuité historique relève des pathologies politiques à combattre au nom de l'émancipation. L'histoire du monde serait celle d'une perpétuelle migration et la fixation de certaines populations sur certains territoires serait à la fois arbitraire et provisoire. Un peuple n'aurait pas le droit de vouloir se sentir chez lui: ce sentiment relèverait de l'extrême-droite.

    Poursuivons le décryptage de la logique macronienne : Marseille serait une ville modèle parce qu'elle serait une ville-monde, dont l'histoire serait finalement étrangère, ou du moins distincte, de celle de la nation française. D'ailleurs, dans la philosophie multiculturaliste, la métropole est appelée à se substituer à l'État-nation, une tendance qu'encourage aussi la mondialisation avec laquelle Emmanuel Macron entretient un rapport quasi-euphorique. La philosophie du candidat Macron converge à bien des égards avec celle qui traverse l'Histoire mondiale de la France pilotée par Patrick Boucheron. À tout le moins, la grande ville mondialisée serait un meilleur cadre pour chanter la diversité heureuse que la nation, otage souvent de populations ancrées dans des schèmes culturels dépassés - c'est la fameuse France périphérique qui se reconnaît bien peu dans le candidat Macron, alors qu'il est célébré dans la France mondialisée. Cette grande ville célébrant la diversité serait appelée à s'extraire du cadre national - on a vu cette tentation s'exprimer à Londres et à Paris au moment du Brexit.

    Macron suscite le même enthousiasme médiatique qu'Alain Juppé du temps où ce dernier était célébré par les rédactions au nom de sa philosophie de l'identité heureuse, même si nous sommes passés de la célébration du père rassembleur à celle du jeune leader dynamique. Il s'agit chaque fois d'expliquer aux peuples en général et aux Français en particulier qu'ils ont tort de s'inquiéter de la dissolution de leur patrie et de leur civilisation et qu'il leur suffit de s'adapter à la nouvelle époque de bonne foi pour voir leurs craintes se dissiper. Il n'est pas certain que si cette élection se transformait en référendum sur l'avenir de la nation française, la philosophie d'Emmanuel Macron serait majoritaire dans les urnes. De là l'importance pour le système médiatique de centrer pour encore quelques semaines son attention sur les «affaires», pour détourner l'élection des véritables enjeux qui devraient mobiliser la population.  

    Mathieu Bock-Côté        

    XVM7713ddbc-9f4e-11e6-abb9-e8c5dc8d0059-120x186.jpgMathieu Bock-Côté est docteur en sociologie, chargé de cours aux HEC à Montréal et chroniqueur au Journal de Montréal et à Radio-Canada. Ses travaux portent principalement sur le multiculturalisme, les mutations de la démocratie contemporaine et la question nationale québécoise. Il est l'auteur d'Exercices politiques (éd. VLB, 2013), de Fin de cycle: aux origines du malaise politique québécois (éd. Boréal, 2012) et de La dénationalisation tranquille (éd. Boréal, 2007). Son dernier livre, Le multiculturalisme comme religion politique, vient de paraître aux éditions du Cerf.