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Rechercher : Rémi Hugues. histoire

  • Ultra Vomi, par Marc Obregon.

    Édi­to­rial de « l’Incorrect »

    Il l’avait promis, il l’a fait. Macron a transformé l’Elysée en piscines à balles pour Youtubeurs.

    Certains « commentateurs » s’en étonnent encore à droite…il y a pourtant bien longtemps que la République n’est plus qu’un rideau de fumée destiné à cacher la marche funèbre du siècle.

    2.jpgCe siècle qui entame son ultime métamorphose : après s’être vautré dans les baudruches de la sécularisation et de la parade continue des egos, il se rétracte comme une membrane échaudée, il se recroqueville sur ses propres ligatures.

    La jeunesse décérébrée convoquée par Macron, d’ailleurs, n’est pas si jeune et pas si décérébrée – rappelons que « Mc Fly et Carlito » (je mets des guillemets, je refuse de laisser croire que je connaissais ces deux larves avant leur intronisation au ministère des cotillons) sont des trentenaires bien tassés qui gagnent des millions avec leurs pastilles télévisées inspirées par Jacky et Corbier.

    Ces nouvelles mascottes du néant qui trustent désormais les plus hautes places de l’opinion publique valent bien une autre arène politique. Elles n’incarnent rien ni personne, si ce n’est une émulation de la jeunesse, l’idée que s’en font les serpents de mer dans leurs palaces souterrains et dans leurs cuves de formol.

    Il y a quelque chose de presque rassurant à voir Macron – ou Biden, mais c’est exactement la même chose – s’adonner avec si peu de pudeur aux enfantillages fatals de la dromosphère.

    On avait peur qu’ils fassent semblant de ne pas lui appartenir, mais non, c’est « acté », comme disent les psychiatres : les masques de carnaval sont désormais cousus à même la peau, impossibles de les retirer – pendant que les humoristes, eux, sont montrés du doigt par les sentinelles du bon goût et autres ministres à bec de lièvre « parce ce qu’ils ne font plus rire personne ».

    Forcément, il ne peut plus y avoir d’humoristes dans un monde qui a kidnappé le rire, pour en faire cette ultime soupape du technique et du totalitaire. Mc Fly et Carlito, Youssoupha, Cyprien, que sais-je encore – Julien Rochedy, le playmobil Pétrole Hahn du Rassemblement National, tous ces sous-fifres du Grand Réseau qui tweetent sans vergogne pour « buzzer », pantomimes de la jeunesse, ne constituent aucun contre-pouvoir, ils incarnent en revanche complètement la phase terminale du politique, la grande comédie globale du pouvoir.

    Les réseaux sapent tout, même la fin du monde, et leur fameuse transversalité qui juxtapose tout sans souci de hiérarchie, sans souci d’importance, a réussi son œuvre la plus funeste. Le XXème siècle avait vu l’enfance se dilater dans le temps et dans l’espace, les villes se transformer en parcs à thèmes, en cours de récréation, aujourd’hui il n’y a pas une interstice du réel qui ne soit pas occupée par le babillage et les gloussements perpétuels de l’Enfantillat.
    Tout avait commencé déjà sous Mitterrand, la lente digestion des enfants terribles et des marottes du jeunisme par les machines du système, la transformation du socialisme en entreprise de démolition, en ravalement de façade, en cosmétique destinée à nous faire paraître inédits les mêmes tropes sinistres., les mêmes chevilles de déréglementation de la réalité…

    C’est rassurant, donc, de voir l’enfant Macron s’amuser ainsi, à peine sortie des braies de l’Europe Digitale qui l’a vomie sur le sol des énarchies…c’est rassurant de le voir assister à un concert d’Ultra Vomit, sans doute le groupe de métal le plus régressif qui soit  – ce qui n’a sans doute pas été fait au hasard…

    La démocratie sera donc le Vomit Orchestra, la scatologie choisie des élites qui faute de gouverner se rapetassent dans les fétiches… Macron n’est plus un président, c’est devenu une pure créature de la post-histoire, c’est presque respectable d’incarner à ce point son propre retournement, de céder la place à son mirage…

    Avec un timing presque parfait, trois jours après ce stupéfiant coming out de la bêtise élyséenne, Macron livre un entretien au magazine Zadig où il compare l’époque à un nouveau Moyen-Age, stigmatisant la violence des Gilets Jaunes tout en fermant soigneusement les yeux sur celles des terroristes ou des banlieusards…

    Et en omettant de dire que ce nouveau moyen âge, c’est bien ceux de son espèce qui l’ont créé, en bâtissant des forteresses à coups de pétro dollars, en murant la démocratie dans un cirque numérique, en se coupant définitivement des prérogatives du peuple pour leur préférer les hululements des racailles subventionnées.

    Le moyen-âge, d’ailleurs, fut sans doute le vrai âge des Lumières, le moment où le temps de l’histoire était parfaitement synchronisé au temps des hommes, ce qui explique sans doute sa longévité, sa presque éternité.

    L’époque moderne à contrario n’est qu’une rognure de temps, l’ombre d’une ombre, et ce que Macron appelle de ses vœux, une nouvelle époque accouchée par la sidération sanitaire, un nouveau paradigme invoqué par les bouches torves du néo-capital, ne sera qu’un pansement sale sur la plaie béante de notre civilisation.

    Malgré son arrogance et sa prestance de roitelet bouffonnant, il y a fort à parier que l’histoire ne retiendra de lui que ses zozotements d’eunuque proférés dans la nuit du politique. 

    Par Marc Obregon 

    Sources : https://lincorrect.org/

    https://artofuss.blog/

    https://www.actionfrancaise.net/

  • « Sans doute nos contemporains vont-ils progressivement découvrir qu’il est des retours en arrière salutaires », par Pat

    Votre dernier essai est un plaidoyer pour le catholicisme populaire et ses marques de dévotion extérieures. Le pèlerinage parisien du 29 mai dernier sous l’égide du diocèse de Paris en mémoire des martyrs de la Commune a dû vous réjouir. Que vous inspire l’attaque par l’extrême gauche dont elle a fait l’objet ?

    La haine du sacré est depuis l’origine le moteur de la modernité. Ce qui est nouveau, c’est que la volonté d’en effacer jusqu’à la moindre trace dans l’espace public s’exprime aujourd’hui avec une intensité et une sans précédent à travers la christianophobie ambiante et, n’en déplaise à d’aucuns, à travers certaines formes laïcistes du rejet de l’. Ce qu’il faut bien comprendre, c’est que ce ne sont pas les libres-penseurs et les athées qui ont fait du sacré une terra incognita pour une majorité de la société française mais le clergé conciliaire qui s’est acharné à en détruire toutes les expressions populaires qui formaient le substrat du christianisme de masse. Les adeptes de l’« enfouissement » ont été en réalité les fossoyeurs du catholicisme en . Par un étrange paradoxe, ceux qui parlaient le plus de l’évangélisation des pauvres n’ont eu de cesse d’éradiquer tous les moyens qui rendaient l’Évangile accessible aux pauvres. En particulier ces moyens pauvres du sensible et du sensoriel qui assuraient la circulation du sacré et répondaient au besoin de merveilleux de l’âme humaine.

    Sous couvert de solidarité avec le prolétariat, nul n’a plus œuvré que le clergé progressiste pour prolétariser les petits et les humbles en les dépouillant de leurs racines et de leur culture. L’ancien directeur de La Vie, en digne héritier des entrepreneurs en démolition du catholicisme populaire, nous explique avec l’autorité d’un nouveau docteur de l’Église que le Christ n’avait pas le sens du sacré puisqu’il a été condamné pour blasphème, et que l’important, c’est la sainteté. Ah bon ! En lisant saint Jean (II, 14-16), je me dis que le Christ devait avoir un peu plus le sens du sacré que ce M. Denis, ou alors sa sainteté devait connaître des intermittences, car pourquoi, dans ce cas, a-t-il chassé avec pertes et fracas les marchands du Temple, en se faisant un fouet avec des cordes et en les couvrant de mots qu’on ne saurait qualifier ni d’aimants ni d’aimables ? Il faut vraiment être au dernier degré de la dégénérescence moderne, sans même avoir l’excuse d’être allemand et protestant, pour imaginer un Dieu insacré.

     

    Quelles conséquences voyez-vous à cette disparition du sacré ?

    La question du sacré n’est pas un symptôme. Elle est au cœur de la crise de civilisation. On ne fait pas société, on ne fait pas communauté sans , fût-elle séculière, civile ou politique. La religion, ce sont les murs porteurs. Sans sacré partagé, l’édifice menace ruine et finit par s’écrouler. La faiblesse symbolique des sacrés de substitution que sont, sur le plan politique, la République et, sur le plan matériel, la religion des choses ne leur aura guère permis de faire illusion au-delà de quelques générations. En distinguant « transascendance » et « transdescendance », Jean Wahl a bien montré qu’il ne suffit pas de dépasser. Encore faut-il savoir si c’est par en haut ou par en bas. Les religions modernes sont des transdescendances incapables de s’opposer au trop-plein conquérant de l’islam . Que faire face à cette dynamique qui est devenue le problème central, sinon chercher à réveiller le feu sacré de la religion historique des Français ?

     

    Dans une récente tribune parue dans La Croix, le théologien et politologue Jacques Rollet vous reproche à mots couverts de mélanger – à l’instar de – foi et religion, et de voir en somme dans le catholicisme un outil politique de régulation sociale. Et de citer la phrase de Monseigneur Marty en 1968 : « Dieu n’est pas conservateur… » Que lui répondez-vous ?

    Quelle idée, de citer ce pauvre Marty et de nous rappeler comme une sentence fameuse ce minable accès de démagogie cléricale comme si, en Mai 68, la chienlit avait eu besoin qu’on la bénisse. Bien sûr que si, Dieu est conservateur ; si Lui ne l’est pas, qui le sera ? Créer l’homme, c’est implicitement vouloir le conserver, et il se trouve qu’il a même explicité cette volonté de conserver par la rédemption. La résurrection des corps est le plus beau, le plus grand de tous les programmes conservateurs. Mon Dieu, que ces petits gris sont petits, et gris. Eux qui sont là pour transmettre le dépôt de la foi, ils devraient avoir honte de jouer ainsi sur les mots. La transmission est, par étymologie, la tradition, et elle suppose qu’il y a quelque chose à transmettre, donc la conservation. Par opposition, les clercs conciliaires auront été les bigots de la modernité ou, si l’on préfère, les intégristes de la désintégration. Pour le reste, l’Église a été grande dans notre Histoire, non en tant que force de régulation sociale, mais à travers son extraordinaire aptitude à créer du lien, à être au sens propre une religion. De religare : « ce qui relie ». Elle fut à la fois religion du sol et religion du ciel, microscosme et macrocosme, reliant en même temps les hommes entre eux et les hommes à Dieu pour former ce trésor civilisationnel infiniment supérieur aux autres que fut la chrétienté. Le drame aura été, au moment où les organisations séculières empruntaient au catholicisme la recette de ses robustes socialités, d’abandonner les terrains sur lesquels l’Église avait pris un bon millénaire d’avance et, comme l’a si bien dit Georges Suffert, de « se coucher devant les nouveaux dieux comme un chien devant son maître ».

     

    Dans Le Figaro Histoire, l’avocat, essayiste et député Jean-Louis Thiériot, quoique laudatif, fait cependant le grief à votre livre de manquer d’espérance. On peine à croire que votre devise soit « no future »… 

    Au contraire, les raisons d’espérer ne manquent pas. Attendez le tome II ! D’abord, ceux qui ont brandi le christianisme comme l’étendard d’une « conversion personnelle », les nouveaux cathares, ont si bien rayonné qu’ils ont pratiquement disparu. L’espèce des chrétiens progressistes ne s’est pas reproduite. Ils n’ont pas été semence de chrétiens mais semence de vide. Cela libère la place. On juge l’arbre à ses fruits, dit l’Évangile, et le jugement de l’Histoire aura, sur ce point, été cruel. Ensuite, avant de s’interroger sur les capacités de renaissance, il faut faire l’inventaire et comprendre ce qui a été détruit, par qui et pourquoi. Enfin, à l’heure où la pandémie impose un coup d’arrêt au stupide mantra de la « marche en avant » et du « aujourd’hui mieux qu’hier et bien moins que demain », sans doute nos contemporains vont-ils progressivement découvrir qu’il est des retours en arrière salutaires. Celui de l’Allemagne après douze ans de nazisme. Celui de la après soixante-dix ans de stalinisme. Pourquoi ce qui a été possible dans l’ordre politique ne le serait pas sur le plan surnaturel ?

     

    Patrick Buisson

    Historien, écrivain, journaliste
  • Michel Onfray: «La messe en latin, un patrimoine liturgique».

    Michel Onfray. JOEL SAGET/AFP

    TRIBUNE - L’écrivain et philosophe*, bien qu’athée, voit dans l’Église catholique et ses rites le pouls de notre civilisation. Il explique pourquoi la décision du pape François de restreindre la messe en latin le consterne.

    Je suis athée, on le sait, mais la vie de l’Église catholique m’intéresse parce qu’elle donne le pouls de notre civilisation judéo-chrétienne bien mal en point. Car si Dieu n’est pas de mon monde, mon monde est celui qu’a rendu possible le Dieu des chrétiens. Quoi qu’en disent ceux qui pensent que la France commence avec la Déclaration des droits de l’homme, ce qui est aussi stupide que de croire que la Russie est née en octobre 1917, le christianisme a façonné une civilisation qui est la mienne et dont j’estime que je peux l’aimer et la défendre sans battre ma coulpe, sans avoir à demander pardon pour ses fautes, sans attendre une rédemption après confession, contrition et agenouillement. C’est fou comme ceux qui répugnent au christianisme en disant qu’il n’a pas eu lieu s’en trouvent imprégnés comme de rhum le baba que l’on sait!

    Benoît XVI fut un pape philosophe formé à l’herméneutique et à la phénoménologie allemande. Il a également lu les auteurs catholiques français dans le texte. Son Jésus de Nazareth (2012) s’inscrit dans l’histoire de l’idéalisme allemand, notamment de l’hégélianisme qu’on dit de droite pour le distinguer de celui qui, dit de gauche, conduit au jeune Marx.

    Le pape François n’est pas de ce niveau théologique, loin s’en faut. Mais il ne manque pas de la rouerie jésuitique qui fait que, venant de la Compagnie de Jésus, il choisit pour nom de souverain pontife celui qui se trouve le plus à l’opposé des intrigues et des antichambres du pouvoir où les jésuites aiment à se trouver, à savoir celui de François d’Assise. Jorge Mario Bergoglio, chimiste de formation, vient du péronisme ; Joseph Ratzinger, théologien de formation, de l’antinazisme.

    À mes yeux, l’acte majeur du pape Benoît XVI a été le discours de Ratisbonne où, le 12 septembre 2006, dans l’université allemande où il a été professeur, il a fait son travail de pape en estimant que le christianisme et l’islam entretiennent par les textes une relation antinomique, notamment sur l’articulation entre foi et raison, mais également sur la question de la violence en général et sur celle du djihad en particulier. Je dis par les textes car c’était ici son souci, il présentait en effet l’exégèse personnelle d’un dialogue situé au début du XV siècle entre l’empereur Byzantin Manuel II Paléologue et un érudit persan. L’invitation à réfléchir sur cette question fut prise pour une insulte planétaire faite à l’islam…

    L’acte majeur du pape François est, toujours selon moi, de s’être fait photographier devant un crucifix sur lequel Jésus porte le gilet de sauvetage orange des migrants. C’est ici l’icône triomphante de Vatican II qui congédie tout sacré et toute transcendance au profit d’une moraline tartinée de façon planétaire comme une gourmandise de scout.

    C’est selon cette logique qu’il faut comprendre la décision du pape François d’abroger, disons-le dans un terme profane, la décision prise par Benoit XVI de permettre la messe en latin, dite messe Tridentine, pour ceux qui le souhaitent. Dans Summorum pontificum, Benoît XVI libéralisait la messe dite de Pie V. Dans Traditionis custodes, François efface cette libéralité. Benoît XVI voulait dépasser le schisme avec les traditionalistes, François va le restaurer en prétextant bien sûr, jésuite un jour, jésuite toujours, qu’il entend de cette façon réunir ce qu’il sépare. Les vocations chutent avec Vatican II. Mais les religieux qui conservent le rite latin ne connaissent pas la désaffection,mieux, ils remplissent les séminaires. Le pape François préfère les églises vides avec ses thèses que pleines avec celles de Benoît XVI.

    Séparer n’est-ce pas la fonction dévolue… au diable ? L’étymologie témoigne. Si j’avais la foi catholique, je ne pourrais m’empêcher de penser à l’Épître de Jean qui dit: «Tout esprit qui divise Jésus-Christ n’est point de Dieu ; et c’est là l’Antéchrist, dont vous avez entendu dire qu’il doit venir ; et il est déjà maintenant dans le monde.» (I.4:3).

    Ce qui se joue dans cette affaire, c’est la suite de Vatican II, autrement dit l’abolition du sacré et de la transcendance. La laïcisation du rite réduit à une liturgie dont La vie est un long fleuve tranquille a montré toute la puissance avec son curé cool qui joue de la guitare et chante bêtassement «Jésus, Jé-é-é-é-sus, reviens». On peut préférer le chant grégorien sans être pour autant un nostalgique de Vichy…

    Or le génie du christianisme, les différents conciles sur la possibilité ou non de figurer le Christ en témoignent, a été de rendre possible une civilisation de l’allégorie, de la symbolique, de la métaphore. Le génie juif se trouve dans l’herméneutique, celui du christianisme dans l’explication des paraboles. Les juifs inventent l’herméneutique pour les plus savants, les rabbins lecteurs de la kabbale ; les chrétiens élaborent l’herméneutique populaire, pour les fidèles à qui l’on raconte des histoires à déchiffrer avec l’histoire sainte. Notre civilisation de l’image, de la raison explicative, de la philosophie séparée de la théologie, procède de ce monde-là.

    La messe en latin est le patrimoine du temps généalogique de notre civilisation. Elle hérite historiquement et spirituellement d’un long lignage sacré de rituels, de célébrations, de prières, le tout cristallisé dans une forme qui offre un spectacle total – un Gesamtkunstwerk, pour utiliser un mot qui relève de l’esthétique romantique allemande.

    Pour ceux qui croient en Dieu, la messe en latin est à la messe du Long fleuve tranquille celle que semble affectionner le pape François, ce qu’est la basilique romaine contemporaine de saint Augustin à une salle polyvalente dans une barre d’immeubles à Aubervilliers: on y chercherait en vain le sacré et la transcendance. Quelle spiritualité dans ces cas-là ?

    Disons-le de façon énigmatique, le pape François fait bien ce pour quoi il est là où il se trouve… Ajoutons d’une façon tout aussi énigmatique, mais pas tant que ça, qu’on se demande pourquoi nous vivons dans une époque avec deux papes.  

    * Précision donnée par Valeurs actuelles : Une statistique confirmée par le magazine catholique La Nef, dans son récent dossier consacré aux « tradis » : l’âge moyen des prêtres diocésains est de 75 ans. Celui des prêtres traditionalistes, 38 ans. De quoi s’interroger sur le risqué pari d’avenir du pape François.

    Source : https://www.lefigaro.fr/vox/

  • Dans le monde, et dans notre Pays légal en folie : la revue de presse de lafautearousseau...

    Ben voyons !

    Valérie Pécresse ne souhaite débatte qu'avec "les candidats qui ont leur parrainage" et ne veut pas "servir de marche-pied aux candidats en recherche d'un souffle". Ētre nulle, c'est arrivé à beaucoup de femmes, dans l'Histoire, mais se défausser de cette façon, c'est pire qu'être nulle : c'est être minable...

    Vraiment, pas glorieux ! Pardon, "glorieuse" (il faut "féminiser" !...)

    https://www.jeanmarcmorandini.com/article-484336-valerie-pecresse-ne-souhaite-debatte-qu-avec-les-candidats-qui-ont-leurs-parrainages-et-ne-veut-pas-servir-de-marche-pied-aux-candidats-en-recherche-d-un-souffle.html

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    1. Entretien mené par Par Raphaël Stainville, dans ValeursLa grande confession d’Éric Zemmour : "Je me sens chargé d’âmes"...Diabolisation politique, violence des antifas et des racailles, mépris des médias que contrebalance la ferveur de ses sympathisants. Pour Valeurs actuelles, Éric Zemmour porte un regard introspectif sur sa campagne, dévoile son projet autant que sa mission et canarde Macron, Pécresse, ces nouveaux “clones” de la vie politique française...

    https://www.valeursactuelles.com/clubvaleurs/politique/la-grande-confession-deric-zemmour-je-me-sens-charge-dames/?fbclid=IwAR0HfTElNpgEQ7Fj6MaYoFvLVAJp8dP_ZFzSI7bKKpQv0vba6dGK68w2P8A

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    2. D'accord, une fois de plus, avec André Bercoff :

    André Bercoff
    "Le président Hollande fut le commentateur assidu de sa propre inaction. Reconnaissons-lui néanmoins une belle connerie : la suppression de l’anonymat des 500 élus nécessaires afin de parrainer tel ou tel candidat à l’Elysee. Du coup, les vrais Parrains surveillent. Et punissent."

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    3. Et encore un encouragement de plus des "juges rouges" aux terroristes d'extrême gauche et de l'islamo gauchisme ! : à Lyon, deux des "Daltons" qui ont tiré au mortier d'artifice sur la police qui sécurisait la venue de Jordan Bardella et Morandini à la Guillotière, le 24 novembre dernier... :  

    https://www.valeursactuelles.com/regions/auvergne-rhone-alpes/rhone/lyon/politique/lyon-deux-daltons-condamnes-pour-avoir-tire-au-mortier-lors-de-la-venue-de-jordan-bardella/

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    4. D'accord avec Benoit, sur tweeter :

    "Guigou avait dit : "Jamais de mariage gay"; Taubira avait dit : "La PMA pour toutes n’est pas dans notre projet"; aujourd’hui ⁦Jadot veut ouvrir le débat sur la GPA. À gauche, le reniement ne doit rien au hasard : il est inscrit dans l’ADN"

    https://www.lefigaro.fr/vox/societe/gpa-ethique-apres-l-homme-deconstruit-de-rousseau-jadot-nous-presente-la-femme-deconstruite-20211215

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    5. Héritier, comme la défunte URSS, de la sinistre Révolution française, le Parti communiste chinois fait comme elle : terreur, violences en tous genres et, surtout, mensonge officiel par la promotion d'une vérité d'État qui n'est rien d'autre qu'une grossière ré-écriture de l'histoire du pays. Comme ici, chez nous, en France, épicentre et matrice de la Révolution universelle, initiée et "lancée" par les Encyclopédistes... Il faut toujours remonter à la source...

    https://fr.irefeurope.org//Publications/Les-pendules-a-l-heure/article/Le-Parti-communiste-chinois-poursuit-sa-politique-de-reecriture-de-l-histoire-nationale?utm_source=IREF&utm

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     Le 23 décembre, les agents de l’Université de Hong Kong ont déboulonné une œuvre d’art faite en hommage aux étudiants morts en 1989 sur la place Tian’anmen. Comme en Fran ce, où les révolutionnaires terroristes sanguinaires ont détruit entre le quart et le tiers de notre inestimable patrimoine artistique, il faut faire disparaître tout ce qui rappelle le "monde d'avant". Comme dans tous les Totalitarismes (Islam compris, voir l'affaire des Bouddhas de Bâmiyân...)

     

    6. À lafautearousseau, on sait bien que notre Royauté s'enracine, entre autres, dans l'héritage gréco-romain, Rome étant, selon le mot magnifique de Pierre Grimal "la Patrie humaine", rassemblant en un même Empire, l'Ibère et le Juif, l'Africain et le Grec, le Breton (aujourd'hui, Anglais) et l'Égyptien... Nous n'avons jamais été "racistes", et ne le serons jamais, tout simplement parce que cette "folie pure et sans issue" du racisme (le mot est de Maurras, dans l'A.F. quotidienne) est exclue irrévocablement par nos Traditions fondatrices (Héritage Gréco-Romain, Évangile, Traditions militaires, Mariages des enfants de la Famille royale avec des personnes de l'Europe entière, de l'Ukraine et de la Pologne à l'Espagne ou l'Angleterre...). Et, si "le rap" n'est pas, en soi, notre tasse de thé, c'est avec une réelle admiration que nous disons "Bravo" au rappeur Kaotik 747, qui a assisté à une agression d’une personne âgée dans la rue à Nice. Il a pris en chasse les deux suspects qui ont finalement été placés en garde à vue... 

    ouest-france.fr/societe/faits-

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    7. Juste pour alimenter le débat... On dit ça, on a rien dit...

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    À DEMAIN !

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  • Pourquoi l’Action Française voulait une alliance avec l’Italie de Mussolini... Un commentaire à lire.

    « Le fascisme italien, ses racines dans le passé » Léon Daudet

     

    1417414836 - Copie.jpgL'entretien de Frédéric Le Moal avec Eugénie Bastié à propos du fascisme italien - que nous avons publié hier - a suscité un commentaire riche de remarques et de citations intéressantes. En l'occurrence, celui de François Davin. On le lira avec intérêt.  LFAR  

    Le commentaire de François Davin

    Ceux qui hurlent si volontiers, et si hypocritement, contre le fâchisme oublient volontairement - ou alors ils l'ignorent - que Mussolini était un homme de gauche, venu du parti socialiste, et qu'une idéologie totalitaire, quelle qu'elle soit, n'est jamais pour nous, par définition, qu'une théorie intellectuelle et abstraite ; et donc forcément en opposition avec les réalités concrètes et charnelles, héritées de l'Histoire, dont nous partons toujours. […]

    Aucun accord possible, donc, dans le domaine des idées, entre un totalitarisme (ici le fascisme italien) et le « royalisme » venu du fond des âges et « prouvé par l'histoire » que propose l'Action française ; comme le montre bien Léon Daudet dans le court passage que je vous propose plus bas.

    Ceci étant, et pour en revenir au contexte des années 35, la guerre venant, il fallait chercher des alliés contre la puissance allemande qu'un Pays légal républicain criminel, sabotant la victoire si chèrement acquise en 1918, avait laissé se reconstituer.

    Or, Mussolini, malgré ses bravades et fanfaronnades effectivement, parfois, ridicules, pouvait parfaitement - avec toutes les réserves et les reproches que l'on pouvait par ailleurs lui faire sur le plan doctrinal - être « fréquenté » pour créer un large front d'opposition à un Hitler sans cesse plus agressif : n'est-ce pas Mussolini qui s'opposa à Hitler, et le fit reculer, en mobilisant ses troupes sur le Brenner en 1935 ? Hitler venait de faire assassiner le chancelier Dollfuss, en vue de l’annexion de l’Autriche, l'Anschluss. 

    Le 25 juillet, lorsque Mussolini envoya ses deux divisions sur le Brenner, Hitler recula. 

    C'est dans cet esprit que l'Action française souhaitait que l'on s'alliât avec Mussolini : évidemment pas par affinité ou par proximité idéologique, mais uniquement par pur intérêt stratégique, immédiat et pressant.

    Dans la même optique que François Premier s'alliant avec le Grand Turc après sa déroute de Pavie, au moment où il semblait que Charles Quint et les Habsbourgs allaient écraser la France : il est bien évident qu'en s'alliant avec le Grand Turc […] François premier ne songeait nullement à se convertir lui-même à l'Islam, ni à faire de la France une nation musulmane et à la couvrir de mosquées ! […]

    Mutatis mutandis, c'est dans le même esprit que l'Action française envisageait les choses, vis-à-vis de Mussolini, juste avant la guerre : il nous fallait des alliés, fussent-ils, par ailleurs, loin de nous « idéologiquement » : la République préféra, justement pour des raisons idéologiques, jeter finalement Mussolini dans les bras d'Hitler, alors qu'il avait commencé par le combattre ! […]

    De Léon Daudet, dans « Député de Paris », pages 176-177 :

    « La méconnaissance de l'immense mouvement qu'est le fascisme italien, de ses racines dans le passé, de son animateur, comptera comme une des grandes bévues de la République finissante française.

    Nous sommes séparés du fascisme par l'immense fossé de la religion d'Etat - religion politique, s'entend - dont nous a dispensés le régime le plus souple et le plus évolué de l'Histoire, la monarchie française.

    Nous ne croyons pas, organiquement parlant, à la congestion indéfinie du centre, avec anémie consécutive de la périphérie, ou plutôt nous connaissons les dangers de cette forme du jacobinisme et de la politique du poulpe.
    Une des raisons décisives qui m'ont amené à Maurras, c'est sa formule de décentralisation administrative, si décongestionnante et si claire, dont nous n'avons cessé de nous émerveiller, ma femme et moi, depuis les inoubliables articles de la Gazette de France, de 1902 à 1908. 

    Ce que je redoute dans le Syllanisme fasciste, par ailleurs séduisant, c'est la décompression presque fatale d'un tel système, le jour de la disparition de son chef, comme il arriva précisément pour Sylla. 

    A la centralisation étatiste, même louis-quatorzienne, il faut la main d'un homme de génie. 

    S'il s'en va, on risque le jacobinisme ou l'anarchie, ou un fléau dans le genre de Bonaparte, mêlé d'étatisme et d'insanité.

    Je m'excuse de ces considérations qui, touchant à la politique italienne, aujourd'hui rapprochée de l'Allemagne par notre faute, peuvent sembler accessoires. »

    Il est souvent intéressant et instructif - et, parfois, presque amusant, comme ici - de rapprocher des textes émanant de personnes que tout oppose : ainsi, après avoir lu ce passage de Daudet, peut-on trouver matière à réflexion dans ... « Le Populaire » du 25 octobre 1934, où Léon Blum écrit ceci :

    Blum.jpg« Quand on place avant tout autre l'intérêt de la stabilité gouvernementale, on est monarchiste.

    On l'est consciemment ou inconsciemment, en le sachant ou sans le savoir, mais on l'est ! Seule la monarchie est stable par essence, et encore la monarchie totale, où le roi gouverne en même temps qu'il règne. 
    Les dictatures fascistes ne sont pas stables ; même si le dictateur évite les cataclysmes analogues à ceux qui l'ont porté au pouvoir, il reste une cause d'instabilité majeure qu'il ne peut éluder : sa succession
    . »
     

    « Il n'y a jamais eu autant d'antifascistes depuis que le fascisme a disparu » ... Analyses de L'historien Frédéric Le Moal

  • Macron aux USA entre incantations (beaucoup) et réalisme (beaucoup moins) ...

    Devant le Congrès

     

    En deux mots.jpg

    Le voyage américain d'Emmanuel Macron s'est ouvert et poursuivi sous les auspices de trop de paroles verbeuses, trop d'idées planétaires, trop de « rêves » revendiqués, trop d'idéaux brandis, trop d'exaltation affichée, pour ne pas susciter de sérieuses inquiétudes. Derrière ces nuées, y a-t-il une « realpolitik » française ? S'il en est une, elle n'apparaît guère, elle est bien cachée.

    A ce jeu-là, il ne nous paraît pas sûr du tout que ce ne soit pas finalement le langage clair, direct et crû, les idées simples et pratiques, le volontarisme univoque de Trump qui doive avoir le dernier mot et finisse par imposer ses vues. Pas sûr du tout que ce soit notre jeune président si habile, intelligent et cultivé soit-il, mais apparemment chimérique, qui sortira vainqueur de son duo - ou duel - avec Donald Trump. Leur numéro de duettistes avait commencé par la poignée de main virile que l'on sait. Que l'on nous montre et remontre à satiété. Et où chacun des deux hommes entendait en réalité signifier à l'autre non pas la nature supercéleste de ses rêves et de ses idéaux mais le poids de sa force, de sa ténacité et de sa détermination.

    Depuis la nuit des temps ces rencontres sont tissées en même temps, de cette confrontation des forces et de ces gestes d'empathie, ou même d'affection, ces tapes dans le dos, ces accolades chaleureuses, ces amabilités et même ces protestations d'amitié virile qui en compensent la rudesse et la tension.

    Nous repensons ici à Jean Giraudoux qui a immortalisé la double nature de ces moments privilégiés où les chefs de deux grands peuples se rencontrent pour se mesurer l'un à l'autre en des moments cruciaux et tentent de soupeser leur puissance respective. Quels que soient les hommes, les lieux et les temps de l'Histoire, ces rituels ressemblent toujours au dialogue d'Ulysse et Hector, le Grec et le Troyen, tel qu'il est mis en scène dans La Guerre de Troie n'aura pas lieu.

    Entre les États-Unis et la France, il n'est pas question de guerre, autre qu'économique, culturelle et, aujourd'hui, numérique, puisque dans ce dernier domaine les Américains ont trouvé et imposé grâce aux GAFA un nouvel instrument de déploiement de leur impérialisme mondial et d'accroissement de leur richesse. Ce n'est pas rien.

    Nous sommes de vieux alliés jusque dans nos oppositions. De Gaulle pas plus qu'un autre, n'a voulu rompre cette alliance née de l'Histoire, de ses réalités comme de ses légendes et de ses ambiguïtés. Simplement, il savait ce qu'il en est de toute alliance. Il en savait les limites. « Les nations n'ont pas d'amitiés. Elles ont des intérêts ». Ceux-ci évoluent avec les recompositions de l'Histoire, les changements de toute nature, en bref, les circonstances. Il n'y a ni allié ni ennemi éternel. De Gaulle ne remettait pas en question l'amitié franco-américaine née dans les combats qui furent menés ensemble mais aussi par l'imaginaire qu'ils ont engendré. Notre alliance a fonctionné la dernière année de la première guerre mondiale et les trois dernières de la seconde, puis au temps de la guerre froide avec les soviétiques. De Gaulle savait aussi - et ne ratait jamais de leur rappeler - que dans le premier conflit mondial les Etats-Unis s'étaient d'abord déclarés neutres et n'étaient entrés en guerre à nos côtés qu'après trois ans de terribles combats ; qu'il en avait été de même en 1939, les Etats-Unis n'ayant pris part au conflit mondial que fin 1941, après que les Japonais les eurent attaqués à Pearl-Harbor, qu'ils eurent déclaré la guerre au Japon et qu'en vertu des traités l'Allemagne à son tour leur eut déclaré la guerre. De Gaulle savait encore que les Américains nous ont combattus en Indochine, en Afrique du Nord, notamment en Algérie. Comme, plus tard, ils nous entraîneraient dans leurs échecs irakien et afghan. En pure perte et à notre détriment.

    L'Amitié américaine est à consommer avec modération, ce qui veut dire surtout avec réalisme et esprit d'indépendance. En toute connaissance de leurs prétentions à l'empire, sinon du monde car ils ont aujourd'hui fort à faire avec la Chine, du moins de ce que nous continuons d’appeler l'Occident. L'amitié avec les Etats-Unis ne doit pas non plus être exclusive. A l'égard de quiconque, notamment des Russes à qui nous serions bien avisés de réserver un traitement analogue d'amitié mesurée, indépendante et vigilante. Une politique étrangère est surtout faite de rapports de force et d'équilibres. Surtout s’il s’agit des plus grands.

    Emmanuel Macron leur préfère souvent ces grandes incantations idéalistes, ces grands moments d'exaltation idéologique pour lesquels il est évidemment doué d'un charisme singulièrement communicatif. On l'a vu hier encore devant la Chambre des Représentants enthousiaste à Washington.

    Mais les périodes incantatoires fussent-elles bien rédigées et dites avec conviction ne sont pas ce qui fait la politique de la France ni ce qui sert ses intérêts. Le prochain voyage de Moscou, en mai, nous en dira peut-être plus sur la vraie nature de la politique étrangère macronienne, et sur l'issue du conflit qui se livre en elle comme chez son auteur entre idéologie et réalisme.  

     

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    En deux mots, réflexion sur l'actualité

  • Le président de la République au pied du mur s'obstinera-t-il ?

     

    En deux mots.jpgQue fera le président de la République lorsque ses grandes conceptions – l’européenne et la mondialiste - finiront par buter sans retour contre le mur des réalités ? S'obstinera-t-il à courir après des solutions impossibles et caduques ou sera-t-il capable de tirer les conséquences de la situation telle qu'elle est vraiment ? Sera-t-il suffisamment souple d'esprit, aura-t-il assez de lucidité et de volonté réunies, pour redéployer sa politique - celle de la France -  la redéfinir de sorte qu'elle soit applicable, selon le vieux précepte qui veut que la politique ne soit rien d'autre que l'art du possible ? C'est en soi une question intéressante pour l'observateur de l'histoire politique en train de s'écrire. Elle est cruciale pour qui n'est pas indifférent au sort de la France, de l'Europe et du monde. 

    Cet homme jeune, cultivé, volontaire et avide de réaliser se condamnera-t-il longtemps - toujours ? - à une fidélité inféconde aux idées chimériques que de fumeux aînés lui ont inculquées ? Ou opèrera-t-il ce retournement réaliste qui lui sauverait la mise et pourrait donner â la France, à l'Europe, une politique salvatrice ? Comment le savoir ?

    Il semble bien en effet que nous nous trouvons à l'un de ces tournants de l'histoire où les cartes se rebattent et où le jeu reprend sur des bases renouvelées.

    Voyons ! Du Brexit aux élections italiennes qui viennent d'aboutir à la formation d'un gouvernement antisystème à Rome, en passant par la constitution du groupe des pays de Visegrad, par l'essor de l'AfD en Allemagne, par la présence de Marine Le Pen au second tour de la présidentielle française, et par le vote autrichien, il est clair que le rejet des institutions de Bruxelles par les différents peuples d'Europe, va croissant, comme une déferlante qui finira par les recouvrir. Fonctionnaires bruxellois, tremblez pour vos sinécures ! Il n'y a plus grand monde pour les défendre. Leur discrédit est grand, quasi général. Leur Europe se défait, malgré qu'ils en aient. Une Contre Europe s'organise hors des institutions technocratiques de Bruxelles. Une Europe réelle face à une Europe légale. 

    Quant au couple franco-allemand qui est en tout cas le seul vrai moteur de toute construction européenne, il est clair – nous l’avons dit souvent - qu'il se disjoint. Ce n'est pas qu'on le veuille consciemment des deux côtés du Rhin. C'est seulement qu'il arrive un jour où quelques données objectives essentielles se chargent de défaire ce dont on avait longtemps rêvé et fait semblant de pratiquer. Alors, après les sourires de convenance et les accolades fraternelles, les mots fusent.  De sourds reproches et des impatiences jusque-là contenues finissent par s'exprimer. Ainsi d'Emmanuel Macron qui trouve qu'Angela Merkel est toujours trop lente à décider. Alors que tout simplement elle n'a ni l'envie ni le pouvoir de le suivre vers plus de fédéralisme européen. Plus amer encore, Emmanuel Macron fait remarquer que les bénéfices des uns font les déficits des autres. Cruel reproche qui touche au cœur d'une terrible disparité entre les deux nations, celle de leur commerce extérieur. A quoi s'ajoutent l'excédent budgétaire allemand et le déficit français.

    L'Allemagne quant à elle, a deux fermes résolutions : ne rien céder de sa souveraineté et ne pas payer pour les autres davantage qu'elle ne le fait déjà. Ou moins s'il se peut. Elle n'est tout de même pas assez puissante pour être l'hégémon dont l'Europe aurait besoin pour se constituer en État mais elle restera dominante et, en tout cas, souveraine, soyons en assurés. Macron n’y changera rien.

    Le délitement structurel du couple franco-allemand obère donc l'avenir de l’U.E. au moins autant que la montée des populismes dans presque tous les pays de l'Union.

    Du reste, si le fossé se creuse entre la France et l'Allemagne, il se creuse aussi entre cette dernière et ses voisins de la Mitteleuropa :  Autriche, Hongrie, Pologne, Tchéquie, Slovaquie, etc. En gros, d'ailleurs, l'ex-empire des Habsbourg en quelque sorte reformé. L'Europe bruxelloise craque aussi à l'Est ...

    Que l'on ne se méprenne pas : ce rejet ne vaut pas hostilité à l'Europe en tant que telle. Il y a, à vrai dire, au sein des peuples européens, fort peu d’opposants à l'idée d'Europe en soi. Au contraire. Le reproche des peuples est bien plutôt dirigé contre le cosmopolitisme, l'universalisme, le multiculturalisme, le libre-échangisme sans frein ni limites de Bruxelles. En matière de politique migratoire comme en matière d'ouverture de l'Europe aux quatre vents du mondialisme économique et financier. A bien y regarder, ce qui est reproché aux instituions de Bruxelles est bien plutôt de n'être pas vraiment, pas assez, et même fort peu européennes. Les nations d'Europe veulent simplement rester elles-mêmes, conserver leur souveraineté, leur identité, et ne pas être envahies de migrants. Mais, sur ces bases, elles restent ouvertes à une Europe des nations ou, plus précisément, des États. Ce chemin respectueux et réaliste reste ouvert. Ainsi pourrait se définir une nouvelle politique européenne de la France. Il est même possible qu’elle finisse par s'imposer d'elle-même - da se - comme la solution réaliste, le recours obligé. Nonobstant Macron, le fédéraliste.

    En même temps, l'irruption de Donald Trump sur la scène internationale semble sonner aussi le glas de la mondialisation programmée et paisible dont Jacques Attali avait transmis naguère le rêve à Emmanuel Macron. Trump est en train de briser la ligne imaginaire de cet horizon qu'Attali avait dit indépassable au jeune Macron. Sens de l’Histoire oblige. Attali a toujours attendu l'avènement d'une gouvernance mondiale. Trump renoue à l'inverse avec le protectionnisme et déchire les traités signés par son prédécesseur. Ses discours martiaux, ses drôles de gesticulations et de mimiques le font parfois ressembler à une sorte de Mussolini yankee, qui eût été le chef de la première démocratie du monde ... Mais laquelle ? 

    Hubert Védrine signale au contraire, il nous semble à juste titre, que cette évolution des États-Unis d'Amérique - America first ! - ne tient pas essentiellement à la personnalité de Donald Trump lui-même mais plutôt à une sorte d'État profond américain qui aspire à restaurer sa puissance. Fût-ce au détriment de ses amis et alliés européens. Les nations, on le sait bien, n'ont pas d’amis ; elles ont des intérêts.

    Trump met ainsi l'Europe au pied du mur - sous le joug américain dans l’affaire iranienne. Il la révèle à elle-même : malgré sa cohésion de façade, l'Europe n'est pas une puissance. Parce qu’elle n’est ni un seul peuple ni un Etat.  Seulement une communauté de civilisation.  Ce n'est pas la même chose. Emmanuel Macron s’obstine à le nier. En vain. 

    Ni Maurras ni De Gaulle ne s'y sont trompés : nous ne sommes pas encore sortis de l'ère des nations. Tant s'en faut.   

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    En deux mots, réflexion sur l'actualité

  • Pour la France, comme pour l’Amérique, le libre-échange ce sont des déficits

    Finies les embrassades ?

     

    En deux mots.jpg

    Ce que nous rappelle l'offensive économique de Donald Trump - qui a surpris le monde et dérangé brutalement ses habitudes - c'est que le mondialisme, le libre-échangisme, ne sont que des idéologies et en ont la fragilité. 

    Les idéologies sont un puissant moteur de l'Histoire, il est vrai. Mais quelles que soient leurs prétentions philosophiques ou éthiques, elles naissent et meurent de réalités plus déterminantes encore, devant lesquelles, en définitive, elles cèdent un jour ou l'autre.

    Les anglo-saxons ne parlent pas de mondialisation mais de globalisation, laquelle, dans leur logique et leur esprit, signifie surtout l'abaissement généralisé des taxes douanières instituant un marché mondial unique ou si l'on veut globalisé. De cette évolution dont les anglo-saxons ont été les promoteurs parce qu'ils la pensaient favorable à leurs industries et à leur commerce, l'on a fait un dogme, l'on a forgé une idéologie. Surtout en Europe, d'ailleurs, et surtout en France, reconnaissons-le, où l'on a volontiers l'esprit abstrait. Les buts d'affaires des anglo-saxons y étaient naïvement assimilés aux vieux rêves hugoliens ou plus récemment attaliéns ou encore démochrétiens, d'unité du monde ! Ce n’est pas ainsi que l’on raisonne au Texas ou dans l’Arizona.

    Mais les réalités économiques du monde ont évolué autrement que prévu. La donne a changé. La Chine, en particulier, n'est plus cet immense marché à conquérir qui a été comme un mirage que l'on fixait avec avidité ; elle n'est même plus cet atelier du monde auquel on a un temps transféré en masse des travaux manufacturiers bas de gamme, à faible coût. La Chine est un dragon capable de haute technologie, qui a commencé de ruiner les économies occidentales, américaine en premier lieu. Comme elle avait ruiné l'Angleterre au XVIIIe siècle avec son thé. Le déficit commercial des Etats-Unis avec la Chine aura atteint 276 milliards de dollars en 2017... 

    L'autre dragon du monde actuel est l'Allemagne. Elle prend chaque année de considérables bénéfices sur la plupart des grandes économies du monde, dont ses partenaires européens, qui semblent pour l'instant s'y être résignés, mais aussi sur les Etats-Unis de Donald Trump qui, lui, ne se résigne à rien du tout. 

    Reconnaissons à Emmanuel Macron d'avoir admirablement résumé la situation à l'endroit de l'Allemagne - mais tout aussi bien de la Chine : « les bénéfices des uns sont les déficits des autres ». On ne saurait mieux dire les choses ni définir plus simplement à quoi aboutit aujourd'hui le libre-échange généralisé.

    Donald Trump sait au moins compter. Il a pris la mesure du déficit du commerce extérieur de son pays : près de 600 milliards de dollars par an, soit près de 10 fois le nôtre (62 milliards) pour un PIB autour de 19 000 milliards, soit seulement près de huit fois le nôtre (2 400 milliards). 

    Donald Trump a donc sifflé la fin de partie de cette phase de l'histoire moderne où l'on a cru sottement à la fin de l'Histoire et au primat de l'économique, qui devait demeurer l'unique réalité d'un monde uni et pacifié. Il ne nous semble pas que Donald Trump ait la moindre notion de ces utopies ou, en tout cas, qu'il leur accorde un quelconque crédit.

    En matière économique, comme politique ou militaire, la ligne du président américain est simple, elle n'est pas nouvelle, elle renoue avec le sentiment américain le plus ancien, le plus profond et le plus constant, c'est à dire avec sa soif maintenant multiséculaire de richesse et de puissance. Trump l'a résumée dans la formule sans détour : America first.

    Alors, les hiérarques européens se sont indignés, Macron a repris son postulat anachronique et faux : « le nationalisme, c'est la guerre » et Le Figaro n'a pas reculé devant le risque de tourner notre président en ridicule en titrant à la une : « Emmanuel Macron met en garde les Etats-Unis ». Allons donc ! L'Allemagne boude après la taxation de ses exportations d'acier et d'aluminium vers les Etats-Unis, mais modérément parce qu'elle inonde le marché américain de ses grosses voitures et qu'elle voudrait bien éviter à son industrie automobile le sort de sa sidérurgie. Rien n'est moins sûr, d'ailleurs. La Chine proteste de sa bonne volonté et promet d'ouvrir son marché intérieur. Elle n'y croit sans-doute pas beaucoup plus qu'elle n'est crue.

    Il nous paraît en revanche assez clair que le libre-échange universel - du moins tel qu'on le rêve à l'OMC ou à Bruxelles - dérange aujourd'hui trop d'intérêts puissants pour demeurer en l'état. A commencer par ceux de la première nation économique - et militaire - du monde, les Etats-Unis d'Amérique.

    Trump n'a pas été élu par la population assemblée de l'humanité toute entière. Il n'est pas en charge de l'univers mais des intérêts américains. C'est d'ailleurs à eux qu'il pense pour être réélu d'ici à deux ans. Et c'est pourquoi il s'emploie à protéger sans états d'âme trop universels, ses industries, son commerce, les travailleurs et les patrons américains. Ses électeurs. Nous serions étonnés qu'Emmanuel Macron ou Justin Trudeau soient de taille à le faire changer d'avis.

    Nous serions sans aucun doute résolument libre-échangistes, mondialistes, universalistes, si nous étions Chinois ou Allemands. Nous  trouverions à cela d'excellentes raisons idéologiques et morales. Nous en ferions notre propagande. Et nous accumulerions les milliards.

    Nous avons en commun avec Donald Trump et les Américains de n'être ni Chinois ni Allemands et d'avoir avec ces deux grands peuples qui ne sont nos ennemis ni l'un ni l'autre, des déficits de nos échanges commerciaux considérables. Trump en a tiré la conséquence et nous ferions bien d'en faire autant. Le libre-échange n’est pas affaire de doctrine, d’idéologie ou de principe. C’est affaire de circonstances, d’époque, et d’opportunité. Pour la France, comme pour l’Amérique, depuis déjà nombre d’années, le libre-échange ce sont des déficits.  ■ 

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    En deux mots, réflexion sur l'actualité

  • Soljenitsyne, le Vendéen [3]

    Cosaques du Don, 1920 

    par Dominique Souchet

    2293089609.14.jpgComment commémorer plus dignement qu'il n'a été fait à ce jour le centenaire du grand Soljenitsyne ? Et comment évoquer en même temps  l'écrasement de la Vendée par la fureur révolutionnaire autrement que par les indignations faciles et les formules toutes faites cent fois répétées ? Le superbe récit des relations entre Alexandre Soljenitsyne et la Vendée de Dominique Souchet que le dernier numéro de la Nouvelle Revue Universelle vient de publier répond à ce souci de façon passionnante. On a là un récit précis mais aussi une réflexion à l'altitude qui convient pour évoquer en les reliant Alexandre Soljenitsyne, la révolution russe et le massacre de la Vendée. L'horreur révolutionnaire en soi-même d'un siècle l'autre. Du XVIIIe au XXe. Nous avons entrepris dimanche dernier la publication de ce récit qui s'étendra aux jours suivants. En remerciant Dominique Souchet et la N.R.U. de nous l'avoir donné.  LFAR 

     

    Le récit

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    LA VENDÉE... FAMILIÈRE DEPUIS L'ENFANCE

    En réalité, l'intérêt de Soljenitsyne pour la Vendée et son histoire est ancien. Très ancien même, puisqu'il remonte à son enfance.

    C'est sa mère qui, à Rostov-sur-le-Don, lui a donné le goût de la lecture dès l'âge de huit ans, comme il le révélera dans son discours des Lucs, « les récits évoquant le soulèvement de la Vendée, si courageux et désespéré » suscitant, dès cet âge, son « admiration ».

    Soljenitsyne est frappé très tôt par la ressemblance entre les soulèvements paysans vendéen et russe contre le « régénération » que l'idéologie révolutionnaire veut imposer. Dans une lettre de 1992, par exemple, il écrit : « Pour moi, la Vendée est un symbole important : c'est l'ana­logue exact de nos deux grandes révoltes paysannes contre les bolcheviks. »

    L'analogie s'étend au déni qui affecte les deux événements. À l'occultation du soulèvement vendéen en France correspond celle qui frappe les soulèvements de populations rurales entières dans la Russie des années 1920. En Russie aussi, il y eut une résistance populaire. Une résistance paysanne qui fut, elle aussi, ardente et finalement vaincue. Et Soljenitsyne enrage qu'elle soit pareillement méconnue et occultée en Occident.

    Il confie son exaspération au magazine Le Point qui l'a consacré « homme de l'année » en 1975 : « Vous ignorez et tout le monde ignore, ce qu'a été la résistance des peuples russe et ukrainien. J'écrirai cela. Parce que l'Occident n'a jamais su et ne sait toujours pas : des horizons entiers de paysans armés de fourches, avançant par milliers contre des mitrailleuses. Des entassements de morts, partout. En fait, nous avons été décimés. Le mystère n'est pas dans notre affaissement. Il est dans notre résistance. »

    sans-titre.pngC'est après son passage en Vendée, une fois rentré en Russie et après être allé sur place interroger les descendants des survivants, qu'il réalisera son projet. Il consacre un livre entier, Ego, publié en 1995 — ce sera sa première publication en Russie après son retour —, à l'insurrection paysanne de la région de Tambov en 1920-21, dont le Charette s'appelle Alexandre Antonov. (Photo ci-contre). Un récit particulièrement intense. À trois reprises y surgit l'interrogation : est-ce une nouvelle Vendée ? Et Soljenitsyne conclut : oui, c'est incontestablement une Vendée russe », la plus emblématique peut-être. À une exception près : l'attitude du clergé orthodoxe, dont il déplore la passivité générale, contrastant avec le courage général du clergé catholique qu'il relève en Vendée.

    Alexandre Soljenitsyne s'est explicitement et longuement référé dans son discours des Lucs au soulèvement de Tambov : « Nous pouvons en être fiers en notre âme et conscience, nous avons eu notre Vendée, et même plus d'une. Ce sont les grands soulèvements paysans, celui de Tambov, en 1920-21, de la Sibérie occidentale en 1921. » Il anticipe alors sur le récit qu'il fera dans Ego : « Un épisode bien connu : des foules de paysans en chaussures de tille (écorce de tilleul), armés de bâtons et de fourches, ont marché sur Tambov, au son des cloches des églises avoisinantes, pour être fauchées par les mitrailleuses.

    NicolasII-Cosaques.jpgLe soulèvement de Tambov s'est prolongé pendant onze mois, bien que les communistes, pour le réprimer, aient employé des chars d'assaut, des trains blindés, des avions, bien qu'ils aient pris en otages les familles des révoltés et qu'ils fussent à deux doigts d'employer des gaz toxiques. Nous avons connu aussi une résistance farouche chez les Cosaques du Don... (Photo ci-contre) étouffée dans des torrents de sang, un véritable génocide. » Nous retrouvons ici le parallèle entre le Don et la Vendée, magnifié par Marina Tsvetaieva.

    On voit bien que pour Soljenitsyne, ces soulèvements paysans et cosaques ne sont nullement anecdotiques et que pour lui, ils constituent au contraire une grande page de l'histoire russe et de l'histoire tout court. Il en va de même, à ses yeux, pour la Vendée. Sa venue, il la conçoit comme devant être pour le plus grand nombre possible de Français, un révélateur : « Aujourd'hui, je le pense — c'est ainsi qu'il conclue son grand discours des Lucs — les Français seront de plus en plus nombreux à mieux comprendre, à mieux estimer, à garder avec fierté dans leur mémoire, la résistance et le sacrifice de la Vendée. »

    33159085_510815492699099_5825379128429248512_n.jpgLa question du parallèle entre les deux Révolutions et les deux résistances qu'incarnent la Vendée française et les Vendées russes ne cesse de l'habiter. Il avait même rédigé, en 1984, une étude intitulée Les deux Révolutions dans laquelle il souligne les « ressemblances déter­minantes » entre les deux Terreurs, leur « ampleur et leur caractère inhumain » et entre les méthodes d'abomination utilisées pour réduire les deux résistances paysannes, la vendéenne et la russe. (Photo ci-contre : les noyades de Nantes). ) Un point qu'il reprendra et développera aux Lucs : « De nombreux procédés cruels de la Révolution française ont été docilement réappliqués sur le corps de la Russie par les communistes léniniens et par les socialistes internationalistes ; seuls leur degré d'organisation et leur caractère systé­matique ont largement dépassé ceux des Jacobins. » ■  

    A suivre, demain mercredi.

    Lire les articles précédents ... 

    Soljenitsyne, le Vendéen [1]

    Soljenitsyne, le Vendéen [2]

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  • Procès des attentats du 13 novembre 2015 : vous n’aurez pas notre résilience, par Natacha Polony.

    Depuis 2015, certains nous vendent la « résilience » de la société française, cette formidable capacité à dépasser le traumatisme.
    © Hannah Assouline

    Le 13 novembre 2015 est une date dont on pressent qu’elle sera analysée comme le début de quelque chose. Et pourtant, nous avons tout fait pour l’effacer, déplore Natacha Polony.

    Des chiffres, des visages, et la démesure affichée pour nous convaincre que nous sommes à la hauteur de l’événement. Le procès des attentats du 13 novembre s’ouvre et doit durer neuf mois. Vertige, tout à coup. Neuf mois… Comme une dilution de ce qui fut un paroxysme brutal, un concentré d’horreur sur quelques heures.

    Au moins faut-il se dire qu’un tel procès a la vertu de faire ressortir des limbes ce qui y avait été savamment enfoui. La violence inouïe d’une attaque coordonnée. La monstruosité de ce qu’on ne saurait qualifier d’acte de guerre puisqu’il n’y était pas question de soldats mais d’innocents massacrés par des lâches. Regardons les choses en face : nous nous sommes habitués. Nous acceptons, au fond, la possibilité du 13 novembre. Nous avons absorbé l’événement comme nous avions absorbé le massacre de Charlie Hebdo et de l’Hyper Cacher. Comme nous avions accepté de vivre dans un pays où Mohamed Merah pouvait tuer des enfants juifs à bout portant. Comme nous acceptons aujourd’hui qu’un professeur, en France, ait été décapité pour ce qu’il enseignait.

    Le 13 novembre 2015 est une date qui marque l’histoire de France. Une date dont on sait qu’elle figurera dans les livres d’histoire et dont on pressent qu’elle sera analysée comme le début de quelque chose. Comme un basculement. Et pourtant, nous avons tout fait pour l’effacer. Pas à l’échelle des services de renseignement. Les pouvoirs publics ont au contraire amplifié la surveillance, ont amélioré leurs dispositifs, ont déjoué d’autres attentats. Nous avons amélioré notre protection pour nous offrir le luxe de vivre comme avant, mais surtout de penser comme avant. Pour continuer à faire comme si le terrorisme islamiste n’existait pas.

    Écœurante rhétorique de l’excuse

    Il faut se souvenir de la campagne présidentielle de 2017.Quelques mois après l’horreur, les 250 morts, ceux de Charlie Hebdo, ceux du Bataclan, ceux de Nice. Et nous avons réussi l’exploit de faire comme si tout cela n’existait pas. Aucun débat, lors de l’élection qui engage les destinées de la France, sur la façon dont nous devions envisager collectivement ce fait : des jeunes gens qui ont grandi en Occident, dans nos sociétés, nous haïssent au point de tuer avec une froideur sadique d’autres jeunes gens. Il y a eu les fleurs et les bougies sur les trottoirs, il y a eu les « je suis en terrasse », les « vous n’aurez pas ma haine », tout ce qui permettait de vite revenir à la vie d’avant sans prendre à bras-le-corps cet encombrant et monstrueux défi à notre tranquillité de consommateurs pacifiques : nous avons engendré cette masse de frustration et de nihilisme.

    Prenons garde. Il ne s’agit nullement de dire que « nous » serions coupables. On se souvient des mots du sociologue Geoffroy de Lagasnerie, caricature de petit-bourgeois se vivant comme l’avant-garde éclairée d’un peuple qu’il fantasme : les terrasses de café sont des lieux où les jeunes de banlieue seraient discriminés, où l’on refuserait de les servir, et les assassins du 13 novembre « ont plaqué des mots djihadistes sur une violence sociale qu’ils ont ressentie quand ils avaient 16 ans ».

     

    « Le combat contre le terrorisme est aussi culturel. Voulons-nous le mener ? »
     

    L’écœurante rhétorique de l’excuse, qui efface par magie l’infiltration islamiste dans les banlieues et la formidable entreprise de régression que constitue la radicalisation religieuse partout dans le monde, sert avant tout à amplifier la mécanique du ressentiment qui est en train de détruire nos sociétés. En revanche, ne pas analyser les forces centrifuges qui décomposent la France et détruisent toute forme de communauté politique est une folie. Faire comme si l’entassement dans des banlieues sordides de gens dont les référents culturels, les structures familiales sont à ce point opposés à ce qu’affichent les sociétés occidentales n’allait pas produire chez leurs enfants un vertige mortifère relève d’un aveuglement irresponsable.

    Ne pas poser les questions qui fâchent

    Depuis 2015, certains nous vendent la « résilience » de la société française,cette formidable capacité à dépasser le traumatisme. S’il s’agit de dire que, contrairement aux prédictions de tous ceux qui dénoncent à tour de bras un pays raciste et islamophobe, les Français, malgré 250 morts, n’ont jamais sombré dans la violence ou le rejet, on ne le soulignera en effet jamais assez. Mais on ne parle pas de cela. La « résilience » organisée collectivement consiste à ne surtout pas poser les questions qui fâchent, à se cantonner aux questions sécuritaires – plus ou moins d’état d’urgence, plus ou moins de peines de prison – sans jamais aller sur le terrain miné de notre identité collective et des moyens de la perpétuer.

    Sommes-nous fiers de vivre dans un pays où l’on ne convoque pas Dieu à chaque phrase, où la raison humaine est le fondement de l’organisation collective, où hommes et femmes partagent l’espace public et peuvent même se désirer librement, où, malgré les horreurs et les erreurs de l’Histoire, la vie est plus belle qu’ailleurs ? Alors, demandons-nous comment le transmettre, l’affirmer, le partager, notamment contre tous ceux qui préfèrent le confort moral de la haine de soi, la satisfaction de se sentir quelqu’un de bien parce qu’on explique à l’autre qu’il est une victime. Le combat contre le terrorisme est aussi culturel. Voulons-nous le mener ?

    Source : https://www.marianne.net/

  • Sur le site officiel de l'Action française : « Heureux comme Dieu en France », l’éditorial de Stéphane Blanchonnet (Le B

    Quoi de plus dif­fi­cile que de se défi­nir soi-même ? Par­fois recou­rir à autrui se révè­le­ra beau­coup plus per­ti­nent. Cette évi­dence de psy­cho­lo­gie indi­vi­duelle pour­rait aus­si valoir pour les nations. J’en veux pour preuve le remar­quable Essai sur la France (1930) d’Ernst-Robert Cur­tius, qui m’apparaît comme la meilleure intro­duc­tion à la com­pré­hen­sion de l’être fran­çais. 

    Stéphane Blanchonnet.pngCet Alle­mand, fran­co­phone et fran­co­phile, spé­cia­liste de Bal­zac et de Proust notam­ment, nous pro­pose une sorte de Guide vert des pro­vinces de l’âme française.

    Cur­tius com­mence par rele­ver cette carac­té­ris­tique fon­da­men­tale de la France qui est de se conce­voir comme uni­ver­selle. Il ne s’agit pas pour elle de se mettre au ser­vice d’une idée uni­ver­selle mais bien d’en être l’incarnation exclu­sive. Il relève trois mani­fes­ta­tions de ce phé­no­mène : la France comme incar­na­tion de la Chré­tien­té (à par­tir du Moyen Âge), la France comme incar­na­tion de la Culture (à par­tir de la Renais­sance), la France comme incar­na­tion du Droit et de la Liber­té (à par­tir du XVIIIème siècle). Ces dif­fé­rentes mani­fes­ta­tions se suc­cé­dant dans le temps sans pour autant qu’aucune ne s’efface au pro­fit des autres. D’où ces conflits, ces oppo­si­tions extrêmes de « valeurs », qui carac­té­risent le débat public français.

    L’essayiste se livre ensuite à un brillant expo­sé syn­thé­tique sur la géo­gra­phie et l’histoire du pays. On en retien­dra prin­ci­pa­le­ment l’idée selon laquelle le sou­ve­nir de Rome et l’action des Capé­tiens se sont com­bi­nés pen­dant des siècles pour pro­duire un État, lui-même matrice d’une nation, dont le sen­ti­ment d’unité et de conti­nui­té par­vint à un tel degré que les réa­li­tés géo­gra­phiques, pour­tant tout à fait contin­gentes en elles-mêmes (il n’existe pas de fron­tières tota­le­ment natu­relles comme le rap­pe­lait Bain­ville), en acquirent une forme de natu­ra­li­té. Le mythe de l’hexagone en est une des expres­sions les plus populaires.

    Autre idée trai­tée avec beau­coup de finesse par Cur­tius : la France comme patrie lit­té­raire. Aucun autre grand pays dans l’Histoire n’a accor­dé à la lit­té­ra­ture ce rôle qua­si litur­gique au ser­vice du culte de la nation. La France prend prin­ci­pa­le­ment conscience d’elle-même, de sa « per­son­na­li­té » (Cur­tius affirme que la France est la plus par­faite « per­sonne morale » de l’Histoire), à tra­vers les grands clas­siques de sa lit­té­ra­ture. L’auteur note au pas­sage que la lit­té­ra­ture fran­çaise pos­sède une uni­té, au-delà des genres, des cou­rants et des époques, uni­té dont les carac­té­ris­tiques sont un esprit d’analyse, — un esprit cri­tique —, très déve­lop­pé (des mora­listes du XVIIème siècle aux roman­ciers réa­listes du XIXème) et un culte de la per­fec­tion formelle.

    En fer­mant ce livre tout à fait extra­or­di­naire, et à mettre entre les mains de tous les patriotes, on ne peut que déplo­rer qu’il n’ait pas connu de réédi­tion récente.

    Source : https://www.actionfrancaise.net/

  • On préfère toujours l’original à la copie…, par Christian Vanneste.

    On peut penser ce qu’on veut de Zemmour, le constat s’impose : c’est lui qui donne le “la” de la campagne présidentielle naissante, qui concentre sur lui l’actualité, en dicte les thèmes essentiels. C’est lui aussi qui est la cible de tirs nourris venant de toutes parts.

    christian vanneste.jpgSa priorité est l’immigration et particulièrement celle de peuples musulmans dont il pense qu’elle menace à terme par sa démographie, et le maintien de son identité différente voire hostile, l’existence même de la nation française. Sa connaissance des chiffres actuels et des processus historiques balaie les critiques. Pourtant, personne ne songe à réduire sa pensée à une copie de celle du Rassemblement National. D’abord parce que ses idées viennent de plus loin et de plus haut que celles de l’actuelle direction de ce parti. Chargées d’histoire et de réflexion, elles tracent leur chemin dans l’opinion avec une continuité rare en politique et ne cherchent pas à s’adoucir ou à se durcir en fonction des sondages et de l’air du temps. La normalisation confinant à l’affadissement circonstanciel de Marine Le Pen, et au rebours, la gesticulation de Macron sur les visas du Maghreb ou ses dérapages sur l’Algérie ou le Mali, qui démentent depuis quelques jours la politique menée depuis plus de quatre ans, sont les méandres des tactiques politiciennes. Il ne sert à rien de refuser quelques visas quand on a vanté et facilité l’entrée en France de plus de deux millions d’immigrés. Il n’est pas utile de fustiger le gouvernement algérien quand on a passé son temps à se prosterner devant lui, qu’on a encouragé son culte des “héros” jusqu’à déposer des fleurs au pied des monuments érigés à la gloire de tueurs de soldats français, et qu’on a cultivé la repentance “coloniale” à l’égard d’un pays qui doit à la colonisation son existence, sa population et les richesses qu’il dilapide.

    Zemmour est devenu la cible, le diable que la bien-pensance veut exorciser. Ce n’est pas facile. Même si Jean-Marie Le Pen se dit prêt à le soutenir s’il dépasse sa fille, on ne confondra jamais le Juif Zemmour avec l’auteur de saillies antisémites. Mais l’atout de ce “sémite”, c’est qu’il est aussi patriote que le Breton, et exprime davantage un amour passionné de la France qu’une détestation de certains Français. Surtout, ce Pied-Noir dont les parents ont été chassés d’Algérie s’affirme gaulliste avec une lucidité sans faille sur la politique algérienne du Général, implacable, cruelle, mais nécessaire pour éviter ce Colombey-les-deux-mosquées que ses successeurs ont néanmoins laissé venir. Alors, on lui cherche des poux dans la tête. Il serait le défenseur de Pétain. Non, il a simplement constaté que l’existence de l’Etat français et d’une “zone libre” pendant plus de deux ans a permis à la France d’avoir un moins grand nombre de victimes de la Shoah que d’autres pays entièrement occupés et soumis. Tel n’était certes pas le but du régime de Vichy, mais c’est le résultat. Pour le coup, voilà un point d’histoire, et non un détail : je crois avec Jacques Bourdu ( L’armistice de 1940, l’histoire d’une faute tragique ) que l’intérêt de la France était de continuer la guerre, mais il est évident que l’occupation aurait été plus dure et que la France affaiblie pouvait y succomber, comme le pense Zemmour en sachant qu’il prête le flanc à la critique. C’est la preuve de son honnêteté intellectuelle, étrangère à toute nostalgie pétainiste.

    Comme on peut difficilement l’attaquer sous l’angle du racisme puisqu’il s’en tient au choc des civilisations et non des races et se réfère à Huntington et à Levi-Strauss, en dépit de l’abrutissement idéologique qui a importé des Etats-Unis le “racialisme” et son obsession des couleurs, on insiste davantage sur les “genres” qu’il continue à appeler des sexes. Zemmour défend le conservatisme du bon sens, ce terrain sur lequel il rencontre Orban, mais aussi, en France, Marion Maréchal, la “droite hors les murs”, celle qui résiste à notre décadence sociétale, pétrie de contradictions suicidaires. Comment une nation peut-elle survivre en favorisant l’avortement ou les “couples” infertiles, et cela parfois au nom de ceux qui se proclament défenseurs de la nature ? Le respect de la nature implique la reconnaissance des spécificités sexuelles, du Yin et du Yang, comme disent les Chinois. Cela ne veut pas dire l’inégalité, mais le refus de l’indifférenciation, de l’interchangeabilité des individus, de ce monde de particules humaines en mouvement, dominé et géré par une oligarchie aspirant au transhumanisme. Son débat avec Onfray a mis en lumière la complémentarité de ces deux beaux esprits, et laissé loin derrière, ou plutôt tout-en-bas, la poussière des politiciens avec leurs recettes à court terme, en vue de conserver leur part de fromage.

    Il leur reste l’économie, non pas la vraie, celle des entreprises et des travailleurs, mais la tuyauterie de la pompe à finances et de la redistribution. Comment prendre au sérieux de prétendus spécialistes dont les résultats sont calamiteux, les projets entièrement fondés sur la surchauffe d’une planche à billets dont on sait que la panne approche ? Les réponses de Zemmour sur ces questions ne peuvent que rassurer les gens raisonnables : est-il possible de voir naître enfin cette union des droites ( et pas seulement), des fillonistes aux identitaires, avec cette “droite-hors-les-murs” , ces Français patriotes, libéraux-conservateurs, souverainistes, que voulait fédérer Robert Ménard à condition qu’ils cessent leurs incantations, leurs querelles de chapelles, et leur irréalisme.

    On préfère toujours l’original à la copie, et l’original, celui qui vient de loin, et a tracé son sillon bien droit, c’est Zemmour, ce qui fait de lui un original à l’autre sens du terme, bien séduisant pour ces Français qui n’en peuvent plus de la médiocrité de leurs politiciens.

    Source : https://www.christianvanneste.fr/

  • Année des 150 ans de Charles Maurras • Discours de Michel Déon, de l'Académie française, à Martigues, le 27.09.1997

     
    Par Michel Déon
    de l'Académie française

    C'est un document émouvant, un superbe témoignage, que nous vous donnons à lire aujourd'hui, grâce au concours de Mme Nicole Maurras, et qui n'a probablement jamais été publié ailleurs à ce jour.

    Il s'agit du discours prononcé par Michel Déon dans le jardin de la maison de Maurras, lorsque les clés en furent remises par Jacques Maurras au maire de Martigues, Paul Lombard, le 27 septembre 1997. Nous publierons un jour prochain un récit de cette cérémonie, l'intervention de Jacques Maurras, la réponse du maire, etc.

    La Municipalité de Martigues ayant arbitrairement décidé de fermer la maison de Charles Maurras aux visites, il est d'autant plus important de rappeler dans quelles circonstances elle en devint propriétaire. Des circonstances qui obligent.  Nous y reviendrons. Écoutons Déon ! Lafautearousseau.

       

    gettyimages-538943220-1024x1024.jpgPermettez-moi d'évoquer un souvenir qui a déjà près d'un demi-siècle.

    C'était à Tours, un matin affreusement grisâtre, sous un ciel si bas qu'il écrasait la ville. Toute la nuit, il avait neigé et le cortège qui accompagnait Charles Maurras à son dernier voyage pataugeait, transi, dans la boue. Le vieil et indomptable lutteur nous quittait, mais nous savions bien les uns et les autres qu'il n'était déjà plus avec nous. Certes, grande avait dû être sa tristesse de nous abandonner à nos tourments.

    725228852.jpgMais à la seconde où ses yeux se fermaient pour toujours, quelle joie avait dû s'emparer de son âme envolée à tire d'ailes vers la lumière de Martigues dont les servitudes de la vie l'avaient si souvent éloigné. Il n'était pas là dans ce triste cercueil, dans le froid et la neige, il était retourné à ses origines, à son étang de Berre qui, écrivait-il dans sa belle adresse aux félibres de Paris, le matin blanchit et le soir s'azure, qui de ses mille langues vertes lèche amoureusement le sable des calanques et ronge les rochers où l'on pêche le rouget*. 

    La France avait été sa grande patrie aimée d'un amour si passionné qu'il s'autorisait à la rudoyer, la tancer de n'être pas toujours à la hauteur de ce qu'il attendait d'elle, mais la petite patrie, à laquelle il appartenait plus qu'à toute autre, n'avait connu de lui que les douceurs d'une pure piété filiale. Là, pour lui, s'arrêtaient les querelles des hommes. L'allée conduisant à sa bastide ne s'appelle-t-elle pas Le Chemin de Paradis, titre de son premier livre ? Cette minute où l'âme est enfin délivrée de ses colères et de ses joies terrestres, il ne l'avait jamais mieux exprimée que dans un poème écrit en prison**, publié sous le pseudonyme de Léon Rameau, ce rameau d'olivier tendu en signe de paix : 

    Lorsque, enfin déliés d'une chair qui les voile
    Les bons, les bienfaisants bienheureux, les élus
    Auront joint le nocher sur la mer des étoiles,
    Le sourire du Dieu ne leur manquera plus. 

    Mais sur les pauvres os confiés à la terre
    L'épaisseur de la nuit, le poids du monument,
    La sèche nudité de l'adieu lapidaire
    Font-ils la solitude et l'épouvantement ? 

    Une œuvre, une action, un chant ne s'éteignent pas avec leur créateur quand ils ont ce serein espoir. Ils éclairent les générations à venir. Encore faut-il que ce qui n'a pas été gravé dans le marbre soit conservé. Dans ses dernières lettres de prison, Charles Maurras n'avait cessé de se préoccuper du sort de ses livres, des documents et des lettres qui avaient accompagné sa vie intellectuelle, sa quête de la vérité tout au long de l'histoire de France en ce terrible XXème siècle, le plus sanglant de l'histoire du monde. Il y avait là un trésor à classer, déchiffrer, commenter. La justice des hommes, si faillible, peut croire qu'une condamnation sans appel rayera de notre patrimoine une pensée fût-elle controversée ou exaltée. Vaine prétention ! La pensée est comme l'arbre de vie : elle a ses racines dans la terre et tend ses branches vers le ciel. Dans l'histoire des civilisations, elle est le maillon d'une chaîne qui ne s'interrompra qu'avec la fin de l'humanité.

    1361709957.JPGLe temps voile ses erreurs passionnelles pour n'en conserver que l'essence. En sauvant les murs de la maison de Charles Maurras, en l'ouvrant à des chercheurs venus de tous les horizons politiques et humains, la Municipalité de Martigues exauce les vœux derniers d'un homme sur qui l'on voudrait faire croire que tout a été dit alors que tout reste à découvrir et à méditer. 

    Succédant à Charles Maurras au seizième fauteuil de notre Académie française, cette Académie que Maurras appelait avec respect « sa mère », le duc de Lévis-Mirepoix terminait l'éloge de son prédécesseur par ces mots : Comme Socrate, il a encouru la colère de la Cité. Oui, mais pas la colère de sa Cité de Martigues. Soyez-en remercié, vous qui au nom de la liberté de penser, au nom de la poésie, avez su vous élever au-dessus des querelles de notre temps et reconnaître en cet homme debout un des grands philosophes politiques de notre temps, et un grand, un très grand poète. 

    * Les trente beautés de Martigues
    ** Ainsi soit-il !
  • La prétendance au trône de France

    Visuel La Couronne 

    80338160_o.jpgJusqu’il y a peu, on appelait « prétendant » celui qui aspirait à la main d’une femme – et « soupirant » celui qui en était amoureux. En politique, prétendre à la couronne de France suppose un grand amour pour elle, tant la belle semble lointaine. Semble seulement, car la duègne républicaine qui la tient en tutelle est, aux dires éplorés de ses partisans eux-mêmes, assez mal en point.

    N’empêche, la situation de prétendant est aléatoire, incommode, compliquée. Il nous a paru utile, et instructif, de nous pencher sur ses principales caractéristiques, ses inconvénients et avantages tant psychologiques que sociaux, ses chances, ses probabilités, et ses sortes de réussite.

    Être  prétendant, c’est assumer un fait de naissance qui vous désigne roi virtuel d’un pays, d’un peuple et, de toutes façons, continuateur réel d’une lignée éminente. La virtualité est plus ou moins virtuelle selon le degré de probabilité de la résurgence de la royauté, mais pas seulement. La renommée de la lignée, principal héritage social, donne matière, plus ou moins dense, à cette virtualité. La densité exceptionnelle de l’histoire de la royauté en France, exceptionnelle au point que la désinformation systématique, scolaire et médiatique, n’est pas parvenue à la réduire complètement, confère à l’héritage virtuel un poids réel. Ainsi donc, lorsqu’elle est fondée sur l’impressionnante histoire d’une dynastie millénaire et – phénomène plus exceptionnel encore – continûment nationale, lorsqu’elle est peu ou prou soutenue par un inconscient collectif encore vivace, la prétendance est une fonction fort singulière certes, mais inéluctable, inépuisable, qui coule de source.

    Comment la définir ? D’abord par ce qu’elle n’est pas. Elle n’est ni un métier, ni un emploi professionnel  reconnu. Ce serait plutôt une activité libérale, non rémunérée, de représentation patrimoniale et de communication politique non institutionnelle, assurée par une sorte de droit coutumier. C’est une fonction de représentation patrimoniale en ce que son détenteur incarne la richesse d’un immense passé et une part de l’imaginaire français. À l’heure du devoir de mémoire et de la quête fervente des ascendants familiaux, c’est une fonction généalogique et invocatrice. Le piège serait de la confiner à celle de gardien de musée, alors que son objectif est de rendre ce passé présent, vivant, attractif et porteur d’avenir. Concrètement, cette fonction consiste, entre autres, à participer à des cérémonies, à honorer des manifestations internationales, nationales, régionales. C’est aussi une fonction de communication politique, originale de par la position de celui qui l’exerce, à la fois à l’écart des jeux politiciens et intimement concerné par la vie et le destin d’un pays auquel peu de dirigeants peuvent s’identifier autant que lui.

    Mais élevé pour le servir par son règne, comment le servir quand on ne règne pas?

    Les marges de manœuvre d’un prétendant sont à la fois considérables et très restreintes. Considérables puisque la fonction n’est définie par aucune constitution, réglementation, obligation stricte de résultats. Restreintes parce que la charge d’un legs historique sacralisé – en tout cas vécu comme très précieux -, embarrasse l’initiative. En outre ses partisans comme ses adversaires attendent de l’homme qu’il soit à la hauteur du mythe qu’il incarne ! Ce qui n’est pas une mince affaire…

    Même vis-à-vis des royalistes et royalisants, le prince ne détient qu’un certain pouvoir symbolique – et passablement énigmatique – d’influence. Sans eux, il ne peut guère agir ; avec eux seuls, il ne peut réussir. Entre ceux qui, au fond aimeraient l’enfermer dans une sorte de reliquaire et ceux qui le pressent de foncer à tout-va, sa position n’est pas aisée. Mais on n’est pas prétendant pour ses aises ! Fonction, oh combien ingrate et captivante !  Captivante en un double sens : elle tient captif tout en étant passionnante. Captivité due à un fait de naissance auquel le dynaste ne peut (presque) rien, à part se dérober avec lucidité ou embarras. Passion due au fait d’une identité incorrigible, d’une raison d’être sublime, trop peut-être, d’une image de marque exigeante, d’une position sociale bien particulière, à vrai dire tout à fait unique.

    Citoyen ordinaire en République, mais pas complètement car tenu à l’œil l’air de rien – et individu extra-ordinaire dans l’imaginaire de ses concitoyens, soient-ils hostiles ou sympathisants, le prétendant pâtit et jouit de cette ambivalence. Car, présentement, la fonction ne comporte pas que des inconvénients. Les bénéfices secondaires, psychologiques et sociaux, ne sont pas minces. Être entouré de fidélités sincères et d’animosités constantes, recevoir quantité de signes de reconnaissances positifs et négatifs, voilà qui est royal ! Son état lui ferme des portes, mais lui en ouvre d’autres, et sans doute davantage. Il est à même, pour peu qu’il le veuille, grâce à ses relations et aux connivences les plus inattendues de la part de gens en principe opposés, de visiter et connaître son pays de fond en comble, ses entreprises, ses laboratoires, ses associations, ses institutions, ses écoles et académies, ses armées…

    Quant aux ouvertures sur l’Europe et le grand large, elles sont, pour un capétien, à portée de main. Dans tous les pays où la France, par son histoire, a marqué le destin d’un peuple, ou d’une élite, ou d’une minorité, le prétendant ressent de mystérieuses et troublantes accointances, qui sont le plus souvent parfaitement perçues par les interlocuteurs qu’il y rencontre.  Enfin l’identification à une lignée et à une nation riches de drames, de réalisations, de gloires, de mémoires douloureuses ou consolantes, si elle peut être écrasante, est aussi parfaitement exaltante, transcendante. Toute promue qu’elle soit par des actifs historiques, sa fonction s’exerce en pleine actualité. Elle adresse un joyeux pied-de-nez à sa suffisance la modernité. Il faut vivre avec son temps, dit le perroquet. Nous sommes avec le temps, dit le prince.   

    Bernard Lhôte,

    « La Prétendance », aux éditions « Compagnie d’Artagnan et Planchet »

  • La déconstruction : de l'hermetisme derridien à l'hermeneutique macronienne, par Louis Soubiale.

    La modernité serait-elle le résultat d’une régression d’ordre infantile, voire le signifiant de cette régression elle-même ? Un auteur comme Jacques Derrida (1930-2004) nous incite à le penser. Le jeune enfant, qui ne serait pas guidé et soutenu par la férule, certes bienveillante mais inflexible du tuteur ou du maître, est enclin à ne bâtir que sur du sable, livré aux impétueux courants de ses désirs incontinents et contradictoires. 

    5.pngSon château une fois édifié sera balayé par sa petite main aussi maladroite qu’irascible et capricieuse, cette destruction provoquant probablement, aux tréfonds de sa psyché encore incertaine, un cataclysme mystérieux que sa raison toute juvénile est impuissante à éclairer. C’est alors que, désordonné, erratique, hésitant, il partira en quête d’autres aventures ludiques qui l’affronteront à d’autres murs d’incompréhension toujours plus inexpugnables. L’homme (hyper)moderne est cet enfant qui, face à l’autorité, l’histoire, la religion, les mœurs, ne s’embarrasse pas de sens, de logique, d’ordre, d’héritages : il détruit, déconstruit et refaçonne à sa guise, en fonction de ses goûts et dilections du moment. Bref, construire, déconstruire, reconstruire, détruire participe pleinement du jeu. Pour le moderne hédoniste – ou postmoderne (lequel n’est que le moderne en transit entre le moderne proprement dit issu des Trente Glorieuses et l’hypermoderne, soit l’acmé d’une modernité parvenue à un stade suprême, dont le transhumanisme serait la première marche) –, l’existence ne serait rien d’autre qu’un parc d’attractions.

    La référence au jeu nous est suggérée par Derrida lui-même qu’il substitue au logos, dans l’objectif de défier ouvertement les fondements de la philosophie occidentale, à commencer par la métaphysique. Dans L’Écriture et la différence (1967), il définit le jeu comme « un système dépourvu de centre, qui permet des déplacements et des transformations infinies sans que rien ne vienne l’arrêter ». Au prix d’une interprétation dévoyée de la pensée de Nietzsche et de ses prophéties zoroastriennes sur l’assomption de ce que Derrida – prenant, sans doute, ses désirs nihilistes pour des réalités révolutionnaires – nomme le « peut-être » – qu’il emprunte, en l’extrapolant, au Par-delà le bien et le mal de l’Allemand – Derrida, donc, propose de « démonter », démembrer, démantibuler cette pensée occidentale, de Platon à Kant, jusqu’à Husserl et Heidegger – de la « Destruktion » duquel il s’inspirera pour forger sa propre « déconstruction » – jugée trop contrainte et limitée. Mais à quelles fins ? Derrida ambitionnait de dépasser le « logocentrisme » à l’œuvre, selon lui dans toutes les théories de la connaissance, en philosophie, comme en littérature et, plus tard, dans, l’art, la politique, l’histoire, etc.

    Constater que la déconstruction est à l’origine des gender studies, des cultural studies, des queer studies, comme de ses avatars, féministes, décoloniaux, indigénistes ou trans/inter-sexués que sont le political woke, ou la cancel culture, revient cependant à camper au milieu du gué, si l’on ne conserve présent à l’esprit que le dessein d’une doctrine aussi corrosive est de s’attaquer par principe à toute anamnèse sur les origines de ce qui constitue notre être primordial en tant qu’héritier d’une multiséculaire civilisation gréco-latine, judéo-chrétienne et germano-celte. Le « logocentrisme » de la métaphysique occidentale ainsi déconstruit laissait entrevoir ce que Derrida n’hésitait pas à appeler le « phallogocentrisme ». Dès cet instant, en rupture radicale avec les permanences et les invariants anthropologiques, c’est, comme un mot d’ordre lancé tous azimuts, la totalité de l’édifice moral, spirituel, culturel, intellectuel de l’Occident qui devait s’écrouler tel un vulgaire château de cartes (autorité, transmission, transcendance, rapports au beau, au juste, décence commune, sens des limites, etc.). À l’époque de Derrida, soit dans les années 1965-1975, l’enjeu de la déconstruction était de faire pièce au structuralisme alors triomphant dans toutes les sciences humaines. En pulvérisant les cadres conceptuels hérités de la linguistique saussurienne, la théorie de la déconstruction tendait, par là-même, à les discréditer – notamment en ringardisant les classiques oppositions masculin/féminin, vérité/mensonge, esprit/corps, essence/existence, etc. – et à laisser place nette à un poststructuralisme de nature expérimentale – dont la création de l’université de Vincennes en 1968 sera le poste avancé.

    Si Derrida assumait de ne jamais pouvoir apporter une définition précise de la déconstruction, métonymie ambivalente de l’indécidabilité, de l’indifférenciation, de l’indétermination, de la polysémie, de la ductilité, de la labilité – en résumé, de l’auberge espagnole et du capharnaüm –, gageons que des continuateurs, tel Emmanuel Macron, lançant le 18 avril 2021, à une journaliste américaine de CBS, que « nous devons déconstruire notre propre histoire », sauront en faire un usage herméneutique qui éclairera l’hermétisme déconcertant du maître.

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    Source : https://www.politiquemagazine.fr/