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Rechercher : Rémi Hugues. histoire & action française. Rétrospective : 2018 année Maurras

  • Feuilleton : ”Qui n 'a pas lutté n'a pas vécu”... : Léon Daudet ! (221)

     

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     (retrouvez l'intégralité des textes et documents de ce sujet, sous sa forme de Feuilleton ou bien sous sa forme d'Album)

    Aujourd'hui : 1936 : la mort du deuxième "frère"...

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    ndlr : ce sujet a été réalisé à partir d'extraits tirés des dix livres de souvenirs suivants de Léon Daudet : Paris vécu (rive droite), Paris vécu (rive gauche), Député de Paris, Fantômes et vivants, Devant la douleur, Au temps de Judas, l'Entre-deux guerres, Salons et Journaux, La pluie de sang, Vers le Roi...

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    Accompagné et soutenu par Maurras lors de l'enterrement de son fils Philippe, assassiné, en 1923, Daudet a ce mot lorsqu'il relate la journée - on l'a vu plus haut - : "..notre frère Maurras..."
    Daudet n'a jamais employé ce mot de "frère" pour parler de Jacques Bainville, mais si le mot manque, il est bien clair que "la chose" était réelle : comme en témoigne le discours prononcé par Daudet lors de la mort de celui avec qui il partagea la même table de travail dans les locaux de l'Action française, durant presque trente ans (1).
    Ce discours fut prononcé par Léon Daudet, à partir de midi, dans la cour de l'immeuble où mourut Bainville, rue de Bellechasse.
    Les obsèques religieuses lui ayant été refusées - l'Action française étant encore frappée par les injustes sanctions vaticanes... - le cercueil de Jacques Bainville fut exposé dans la cour de l'immeuble, où eut lieu la seule "cérémonie" à laquelle Bainville eut droit : l'hommage de la foule immense, et les deux discours de Me Henri Robert, directeur de l'Académie Française et de Léon Daudet :

    "C'est comme vis-à-vis quotidien de Jacques Bainville, à notre table commune de travail de l'Action Française depuis vingt-huit ans, que je viens apporter à l'admirable veuve et au fils de notre cher ami, le suprême témoignage de notre douleur et aussi de notre fierté.
    Fierté que peuvent partager tous les collaborateurs de ce grand écrivain qui fut aussi un grand patriote.
    Eadem velle eadem nolle ea est vera amicitia. Vouloir les mêmes choses, ne pas vouloir les mêmes choses, voici la véritable amitié. La fidélité amicale de Bainville était connexe à la fidélité de ses convictions politiques.
    II disait de Charles Maurras qu'il lui devait tout, sauf le jour. Cette formule pourrait être celle de la plupart d'entre nous.
    Tant de peines profondes et aussi de joies et de certitudes en commun ont créé entre nous, les maurrassiens, une solidarité que la mort même ne saurait anéantir. S'il est vrai que l'amour est plus fort que la mort, cela n'est pas moins vrai de l'amitié et au-delà des tombeaux quand il s'agit d'écrivains et d'hommes d'action, celle-ci se continue par leurs oeuvres, par leurs actes, par leurs intentions fraternelles.
    Amis, nous le fûmes dans la patrie, dans la France, notre mère, dont les dangers, les risques nous apparurent ensemble.
    Historien né, objectif et clairvoyant, pressentant les effets dans les causes comme un Thucydide et un Fustel de Coulanges, Bainville était atteint de cette transe des époques troubles : l'angoisse pour le pays. II n'était pas de jour qu'il ne m'en parlât ou n'y fît allusion.
    Poète par surcroît et de l'esprit le plus vif, le plus spontané, il voyait, navigateur des âges écoulés, monter à l'horizon les points noirs, annonciateurs de la tempête.
    Un article de lui dans la revue d'Action Française du 14 juillet 1914, intitulé "Le Rêve serbe", annonce avec précision et clarté le mécanisme de la guerre européenne qui vient...
    Sa plume ne tomba de ses mains qu'à la dernière minute. Jusqu'à ses derniers moments il s'entretint avec nous des sujets les plus divers, de ceux surtout qui lui tenaient au coeur.
    Cela nous permettait à nous, les collaborateurs de chaque jour, de lui cacher notre inquiétude.
    La veille de sa mort, il s'occupait avec Maurras de La Bruyère et il nous parlait de ses projets.
    Une seule plainte : quand pourrai-je reprendre avec vous nos petits dîners d'amis.
    Cher Bainville, tendre, délicat, grandiose ami, jusqu'à l'heure d'aller vous rejoindre, quand nous aurions dû vous précéder, nous ne cesserons de penser à vous, de vous pleurer, de prier pour vous."

    (1) : Ce discours est repris mot pour mot dans l'Introduction à l'ouvrage collectif "Le Souvenir de Jacques Bainville", consultable dans notre Album Jacques Bainville...

  • SOUTENEZ, PARTICIPEZ ! ACTIVITÉS DES ROYALISTES ET/OU DU PAYS RÉEL DANS TOUTE LA FRANCE...

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    Cette page est ouverte à tous, lafautearousseau se voulant "la maison commune" de tous les royalistes, de toute obédience (RN/CRAF, NAR, GAR, DEXTRA, indépendants/"électrons libres"...)

    Aux deux seules conditions que l'on soit dans la double fidélité à l'école de pensée de l'Action française et à notre Famille de France, à laquelle nous sommes particulièrement attachés...

    Mais elle est aussi ouverte à d'autres groupes, pas forcément royalistes, ou exclusivement royalistes, qui mènent des actions allant dans le sens de la défense du Bien commun : SOS Éducation, le Collectif Némesis / La Cocarde étudiante /Jeunesse, si tu savais-Poussières d'étoiles / Baguette Musette / le Cercle d'Artagnan / Les Chemises blanches / Défendons notre Patrimoine...

     

    Envoyez-nous les annonces et/ou les visuels de réunions de rentrée, Cercles d'études et de formation, Cafés politique/actualité/histoire, manifestations diverses etc...

    • Conférences, Réunions, Cercles de formation, Manifestations diverses... dans la France entière...

     

     

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    Samedi 02 Octobre à 10h, l'Action Française Clermont-Ferrand vous convie à sa Réunion de Rentrée Militante.
    À toi jeune Clermontois qui attend le bon moment pour t'engager politiquement.
    À toi jeune Clermontois qui est à la recherche d'une formation militante et intellectuelle de qualité. Rejoins-nous !
    Camaraderie, sport, conférences, un monde est à ta portée.
    Allier défense de la nation et épanouissement personnel !
    Plus d'informations en MP.

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    Samedi 02 Octobre à 11h, l'Action Française La Rochelle vous convie à sa Réunion de Rentrée

    Local de section (en mp)

    Nous vous attendons nombreux pour les conférences, la visite de la ville, le bilan et le repas /banquet.
    Une participation aux frais de 5 euros sera demandée.
    N'hésitez pas à nous contacter par Facebook ou par mail (inscrits sur le visuel) afin de confirmer ou d'infirmer votre présence parmi nous.
    Et pour que vive la France, vive le Roi

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    Samedi 02 Octobre à 17h, l'Action Française Lyon organise sa Réunion de Rentrée.

    Venez pour nous rejoindre, adhérer ou simplement prendre contact.
    Au programme :
    -Bilan et projets
    -Vente de @librairie_de_flore
    -Buffet
    Informations en MP, inscriptions (places limitées) :

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    Samedi 02 Octobre à 18h30, l'Action Française Le Mans organise sa Réunion de Rentrée.
    Que tu sois militant, sympathisant ou simple curieux, contactes nous pour nous rencontrer et pour venir découvrir nos idées !
    Tu pourras venir prendre connaissance des projets militants prévus pour cette année 2021/2022 tout en passant un bon moment de convivialité !

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    Samedi 02 Octobre à 18h30, l'Action Française Arras et Lille organisent leur Réunion de Rentrée.
    Près de la Bassée
    Inscription en MP ou par mail
    10 euros
    Conférence, présentations et banquet !

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    Samedi 02 Octobre à 19h30, l'Action Française Strasbourg organise sa Réunion de Rentrée.

    Une nouvelle année militante s'annonce et c'est pour cela que nous vous donnons rendez-vous.

    Au programme:
    - Conférence par Jean-Luc Schaffhauser sur la souveraineté divine et la démocratie
    - Présentation des différentes activités de la section
    - Verre de l'amitié, dîner et camaraderie
    N'attends plus, rejoins-nous !
    Plus de renseignements par message privé.

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    Mercredi 06 Octobre à 20h00, l'Action Française Toulon organise sa Réunion de Rentrée.

    Antoine de Crémiers nous présentera une conférence autour de son prochain ouvrage " Regard sur l'actualité et les élections présidentielles ", avec une critique sur le Libéralisme comme il sait si bien la faire.
    Toutes les informations vous seront communiquées par mail toulon@actionfrancaise.net ou en MP

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    Jeudi 07 Octobre à 20h00, l'Action Française Vannes vous convie à son prochain Cercle de Formation dont le thème sera " Introduction aux idées politiques " animée par Erwan Boreau.

    L'Action Française, c'est d'abord de la formation au service de l'action militante !
    Plus d'informations et lien Discord en MP. Faites passer autour de vous !

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    Dimanche 10 Octobre à 18h30,

  • Heurs et malheurs : fidélité à la mémoire nationale ce 21 janvier prochain

    Par  Lafautearousseau

    blue-wallpaper-continuing-background-wallpapers-bigest-images - Copie.jpgDans une conférence à Marseille le 3 mars 1988 - dont il existe, par chance, une vidéo - Pierre Boutang dit à un moment, comme réfléchissant pour lui-même, au détour d'un raisonnement fulgurant, à sa manière, évoquant sa jeunesse d'Action française et ce qu'il y faisait avec ses camarades dont beaucoup, dans cette génération, merveilleux d'intelligence, d'enthousiasme, de dévouement et de courage : « finalement, lorsque nous restaurions le culte de Jeanne d'Arc, c'était peut-être ce que nous faisions de mieux ». Humilité du vrai militant. Le pays, miné par les vices du régime, roulait alors vers la guerre tragique que Maurras pensait perdue d'avance,  désastre qui advint en juin 40. 

    images.jpgBoutang considère un demi-siècle plus tard, que cette actualité poignante, quelles que soient les passions légitimes et les combats justes qu''elle suscitait alors, passerait ; que la France traverserait les terribles épreuves qui manqueraient la tuer ; mais que restaurer le culte de l'héroïne nationale, la pure figure du patriotisme français, salvifique dans le pire malheur, était, finalement, ce que l'on pouvait faire de mieux. Ce qui était le plus important. Ce qui ne passerait pas. Maintenir vivants pour la France les plus anciens symboles de sa capacité à survivre aux pires épreuves et à renaître plus forte y compris en faisant appel au secours de la transcendance, voilà ce qui primait. Et Boutang poursuit sa réflexion : il y a aussi la figure de nos rois et ce qu'il en subsiste de profond dans la mémoire populaire. Que celle-ci retrouve, qu'elle invoque et qui la rassemblent, dans les périodes difficiles de son histoire. Et Boutang d'évoquer ses modèles successifs : Louis XIV pour la grandeur et la force ; Louis XI pour la ruse, que prône Machiavel ; Henri IV pour la concorde restaurée, la vaillance, son sens du peuple ...

    saint-louis-roman.jpgEn définitive, avec l'âge et la maturation de son esprit, il dit mettre Saint-Louis plus haut que tout, ce roi saint qui pourtant n'a pas craint de guerroyer, d'aller porter au loin la Croisade, de s'opposer au pape, lorsqu'il le fallait pour la défense du Royaume. Saint-Louis, le Prince chrétien par excellence, archétype d'un pouvoir juste et fort. 

    Ces hauts symboles français sont vivants dans la mémoire populaire. Ils ressurgissent dans nos épreuves. Et c'est sans-doute ce qui explique les dizaines et dizaines de Messes, de conférences, de débats, de manifestations diverses, qui sont prévus à travers la France dans cette deuxième moitié du mois de janvier. [Voir plus loin]. 

    1005466-Louis_XVI.jpgLa mort de Louis XVI guillotiné, n'est pas symbole de victoire ni de gloire françaises. Et de fort loin.  Elle en est même le contraire. Elle constitue dans notre histoire nationale un acte singulier de rupture tragique avec nous-mêmes qui a bouleversé la France et le monde, les jetant dans une suite interminable de révolutions et de guerres dont nous ne nous sommes  jamais relevés. 

    À aucune époque ultérieure, cet événement si hautement symbolique n'a été vraiment oublié. Dans cette période chaotique où nous sommes de nouveau plongés, restaurer le lien historique qui nous rattache à notre histoire et à nos rois, dont le malheureux Louis XVI, c'est sans-doute, là encore « ce que nous pouvons faire de mieux ». Partout en France, soyons présents. Justement, pour l'avenir de notre Patrie. LFAR  

  • À la découverte du fonds lafautearousseau (32) : sur Proudhon...

    lafautearousseau, c'est plus de 28.000 Notes ou articles (et autant de "commentaires" !), 21 Albums, 49 Grands Textes, 33 PDF, 16 Pages, 366 Éphémérides...

    Il est naturel que nos nouveaux lecteurs, et même certains plus anciens, se perdent un peu dans cette masse de documents, comme dans une grande bibliothèque, et passent ainsi à côté de choses qui pourraient les intéresser...

    Aussi avons-nous résolu de "sortir", assez régulièrement, tel ou tel de ces documents, afin d'inciter chacun à se plonger, sans modération, dans ce riche Fonds, sans cesse augmenté depuis la création de lafautearousseau, le 28 février 2007...

    Aujourd'hui : Sur Proudhon...

    (tiré de notre Éphéméride du 19 janvier)

    (retrouvez l'ensemble de ces "incitations" dans notre Catégorie :

    Á la découverte du "Fonds lafautearousseau")

     

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    1865 : Mort de Proudhon

     

    Pierre-Joseph Proudhon ne cesse d’intéresser la réflexion contemporaine. Le mouvement socialiste français et européen eût sans-doute été très différent si les idées de ce penseur considérable y avaient prévalu sur celles de Marx. L'histoire du XXème siècle, probablement sauvée des totalitarismes, et la réalité du nôtre auraient été aussi tout autres.

    On sait qu'il y eut, autour des années 1910 et suivantes, un cercle Proudhon à l'Action française; et l’on va voir que Maurras ne niait pas qu'on pût le ranger, "au sens large", parmi "les maîtres de la contre-révolution". Le texte qu’on va lire ici est certes daté, motivé, comme souvent, par les circonstances. Maurras y exprime néanmoins, à grands traits, le fond de sa pensée sur Proudhon et y manifeste, après réserves et nuances, la considération tout à fait particulière qu’il a toujours eue pour ce grand penseur et patriote français... 

     

     

    De Charles Maurras (Paru dans les Cahiers du Cercle Proudhon, n° 1 de janvier 1912 - le texte date de 1910) :

    "...Au lendemain du jour où l'Italie fête le centenaire de Cavour, nous verrons une chose horrible : le monument Proudhon, à Besançon, sera inauguré par M. Fallières (ci dessous)*. Le fonctionnaire qui représente l'Étranger de l'intérieur, la créature des Reinach, Dreyfus et Rothschild officiera devant l'image du puissant écrivain révolutionnaire, mais français, à qui nous devons ce cri de douleur, qu'il jette à propos de Rousseau : "Notre patrie qui ne souffrit jamais que de l'influence des étrangers…"

    19 janvier,cezanne,aix en provence,sainte victoire,terre adelie,dumont d'urville,louis philippe,neon,georges claude,thibon,maupeou,parlementsLes idées de Proudhon ne sont pas nos idées, elles n'ont même pas toujours été les siennes propres. Elles se sont battues en lui et se sont si souvent entre-détruites que son esprit en est défini comme le rendez-vous des contradictoires. Ayant beaucoup compris, ce grand discuteur n'a pas tout su remettre en ordre. Il est difficile d'accorder avec cet esprit religieux, qu'il eut vif et profond, sa formule "Dieu, c'est le mal", et, dans une intéressante étude du Correspondant, M. Eugène Tavernier nous le montre fort en peine d'expliquer son fameux "La propriété, c'est le vol". Nous remercions Proudhon des lumières qu'il nous donna sur la démocratie et sur les démocrates, sur le libéralisme et sur les libéraux, mais c'est au sens large que notre ami Louis Dimier, dans un très beau livre, l'a pu nommer "Maître de la contre-révolution".

    Proudhon ne se rallie pas à la "réaction" avec la vigueur d'un Balzac ou d'un Veuillot. Il n'a point les goûts d'ordre qui dominent à son insu un Sainte-Beuve. Ses raisons ne se présentent pas dans le magnifique appareil militaire, sacerdotal ou doctoral qui distingue les exposés de Maistre, Bonald, Comte et Fustel de Coulanges. La netteté oblige à sacrifier. Or, il veut tout dire, tout garder, sans pouvoir tout distribuer; cette âpre volonté devait être vaincue, mais sa défaite inévitable est disputée d'un bras nerveux. On lit Proudhon comme on suit une tragédie; à chaque ligne, on se demande si ce rustre héroïque ne soumettra pas le dieu Pan.

    Son chaos ne saurait faire loi parmi nous, et nous nous bornerions à l'utiliser par lambeaux si ce vaillant Français des Marches de Bourgogne ne nous revenait tout entier dès que, au lieu de nous en tenir à ce qu'il enseigne, nous considérons ce qu'il est. De cœur, de chair, de sang, de goût, Proudhon est débordant de naturel français, et la qualité nationale de son être entier s'est parfaitement exprimée dans ce sentiment, qu'il a eu si fort, de notre intérêt national. Patriote, au sens où l'entendirent les hommes de 1840, 1850, 1860, je ne sais si Proudhon le fut. Mais il était nationaliste comme un Français de 1910. Abstraction faite de ses idées, Proudhon eut l'instinct de la politique française; l'information encyclopédique de cet autodidacte l'avait abondamment pourvu des moyens de défendre tout ce qu'il sentait là-dessus.

    19 janvier,cezanne,aix en provence,sainte victoire,terre adelie,dumont d'urville,louis philippe,neon,georges claude,thibon,maupeou,parlementsEt, là-dessus, Proudhon est si près de nous que, en tête de son écrasant réquisitoire contre les hommes de la Révolution et de l'Empire, à la première page de Bismarck et la France **, Jacques Bainville (ci contre) a pu inscrire cette dédicace : "À la mémoire de P.-J. Proudhon qui, dans sa pleine liberté d'esprit, retrouva la politique des rois de France et combattit le principe des nationalités; à la glorieuse mémoire des zouaves pontificaux qui sont tombés sur les champs de bataille en défendant la cause française contre l'unité italienne à Rome, contre l'Allemagne à Patay."

    — Quoi ? Proudhon avec les zouaves pontificaux ?

    — Oui, et rien ne va mieux ensemble ! Oui, Proudhon défendit le Pape; oui, il combattit le Piémont. Au nez des "quatre ou cinq cent mille badauds" qui lisaient les journaux libéraux, il s'écriait, le 7 septembre 1862 : "Si la France, la première puissance militaire de l'Europe, la plus favorisée par sa position, inquiète ses voisins par le progrès de ses armes et l'influence de sa politique, pourquoi leur ferais-je un crime de chercher à l'amoindrir et à l'entourer d'un cercle de fer ? Ce que je ne comprends pas, c'est l'attitude de la presse française dominée par ses sympathies italiennes. Il est manifeste que la constitution de l'Italie en puissance militaire, avec une armée de 300.000 hommes, amoindrit l'Empire de toutes façons." L'Empire, c'est ici l'Empire français, dont je vois le timbre quatre fois répété sur mon édition princeps de La Fédération et l'Unité en Italie.

    "L'Italie", poursuivait Proudhon, votre Italie unie, "va nous tirer aux jambes et nous pousser la baïonnette dans le ventre, le seul côté par lequel nous soyons à l'abri. La coalition contre la France a désormais un membre de plus…" Notre influence en sera diminuée d'autant ; elle diminuera encore "de tout l'avantage que nous assurait le titre de première puissance catholique, protectrice du Saint Siège".

    "Protestants et anglicans le comprennent et s'en réjouissent; ce n'est pas pour la gloire d'une thèse de théologie qu'ils combattent le pouvoir temporel et demandent l'évacuation de Rome par la France !" Conclusion : "Le résultat de l'unité italienne est clair pour nous, c'est que la France ayant perdu la prépondérance que lui assurait sa force militaire, sacrifiant encore l'autorité de sa foi sans la remplacer par celle des idées, la France est une nation qui abdique, elle est finie."

    Portrait_of_Pierre_Joseph_Proudhon_1865.jpgEt, comme ces observations de bon sens le faisaient traiter de catholique et de clérical, "oui", ripostait Proudhon, "oui, je suis, par position, catholique, clérical, si vous voulez, puisque la France, ma patrie, n'a pas encore cessé de l'être, que les Anglais sont anglicans, les Prussiens protestants, les Suisses calvinistes, les Américains unitaires, les Russes grecs; parce que, tandis que nos missionnaires se font martyriser en Cochinchine, ceux de l'Angleterre vendent des Bibles et autres articles de commerce." Des raisons plus hautes encore inspiraient Proudhon (ci contre), et il osait écrire : "La Papauté abolie, vingt pontificats pour un vont surgir, depuis celui du Père Enfantin, jusqu'à celui du Grand Maître des Francs-Maçons", et il répétait avec une insistance désespérée : "Je ne veux ni de l'unité allemande, ni de l'unité italienne; je ne veux d'aucun pontificat."

    Deux ans après avoir écrit ces lignes, Proudhon expirait; assez tôt pour ne pas assister à des vérifications qui devaient faire couler à flots notre sang, mutiler notre territoire, inaugurer le demi-siècle de l'abaissement national ! Cet "immense échec" qu'il avait prévu sans parvenir à comprendre, comme il le disait encore, "l'adhésion donnée par la presse libérale française à cette irréparable dégradation", confirma point par point ce regard d'une sublime lucidité. L'unité italienne et l'unité allemande nous ont fait perdre tout à tour la prépondérance qu'assurait notre force militaire et l'autorité qu'imposait notre foi.

    Le cléricalisme a été vaincu, le pape dépouillé, et l'on nous a imposé ce gouvernement dont la seule idée stable 19 janvier,cezanne,aix en provence,sainte victoire,terre adelie,dumont d'urville,louis philippe,neon,georges claude,thibon,maupeou,parlementsest l'abaissement du Saint-Siège, le règne de la franc-maçonnerie et de ses grands maîtres divers. Si l'Empereur a disparu, sa politique dure; la parti républicain en a été quarante ans légitime et fidèle héritier.

    Certes, et nous l'avons dit, avec Dumont, avec Georges Malet, avec le Junius de L'Écho de Paris, aux avocats de l'empereur : rien n'efface cette responsabilité napoléonienne que Napoléon III lui-même rattache à la tradition de Napoléon 1er; mais la vérité fondamentale établie, il faut en établir une autre et rappeler aux hommes de gauche, que leurs aînés, leurs pères, leurs maîtres et, pour les plus âgés, eux-mêmes, en 1860, ils étaient tout aussi Italiens et Prussiens que Napoléon III ! Sauf Thiers, en qui s'était réveillé l'ancien ministre de la monarchie, l'élève de Talleyrand, qui fut l'élève de Choiseul, tous les républicains et tous les libéraux du dix-neuvième siècle ont été contre le Pape et contre la France avec l'Empereur des Français.

    Il faut relire dans Bismarck et la France ces textes décisifs auxquels nous ramène Bainville; le ministre Ollivier développant à la tribune la thèse idéaliste des nationalités et M. Thiers, traditionnel pour la circonstance, s'écriant : "Nous sommes ici tantôt Italiens, tantôt Allemands, nous ne sommes jamais Français", toute la gauche applaudissait qui ? Émile Ollivier ! Guéroult défendait l'unité allemande, Jules Favre, un des futurs fondateurs de la République, déclarait le 4 juillet 1868 que nous n'avions "aucun intérêt à ce que les rivalités se continuent entre les deux parties de l'Allemagne" !

    19 janvier,cezanne,aix en provence,sainte victoire,terre adelie,dumont d'urville,louis philippe,neon,georges claude,thibon,maupeou,parlementsTelle était la tradition révolutionnaire impériale ou républicaine et Proudhon s'y étant opposé presque seul, la présence de M. Fallières au monument de Proudhon est plus qu'un scandale, c'est un contresens. Je partage sur la personne de M. Fallières le sentiment de Léon Daudet (ci contre) l'appelant le plus lâche et le plus méprisable des ruminants; et l'appréciation de Jacques Delebecque, telle qu'on la lira plus loin sur l'harmonie de cet animal et de la fonction constitutionnelle, me semble l'expression de la vérité pure. Mais le nom de Proudhon met en cause plus que la personne ou la magistrature de M. Fallières; le nom de Proudhon met en accusation le régime avec son revêtement de blagologie nuageuse, avec son fond de sale envie et de bas appétits. Ce grand nom de Proudhon frappe d'indignité et Fallières, et sa présidence et la démocratie parce qu'il évoque le grand nom de la France et l'étoile obscurcie de notre destin national. Ce régime ne signifie que le pontificat de la maçonnerie que Proudhon avait en horreur. Il ne figure rien que les hommes et les idées que Proudhon combattait en France, en Europe, partout.

    Proudhon était fédéraliste; que lui veut cette république centralisatrice ? Il était syndicaliste; que lui veut cette république étatiste ? Il était nationaliste et papalin; que lui veut cette république anticatholique, antifrançaise ?

    Je ne sais quelles bouffonneries l'on débitera à la louange de ce grand écrivain sorti, comme Veuillot et tant d'autres, des entrailles du peuple ; mais les lettrés devront répondre à la venue de M. Fallières par la dérision et le peuple par les huées.

     Charles Maurras   

     

    19 janvier,cezanne,aix en provence,sainte victoire,terre adelie,dumont d'urville,louis philippe,neon,georges claude,thibon,maupeou,parlements* Les 13, 14 et 15 août 1910, à Besançon, est inaugurée une statue en bronze de Pierre-Joseph Proudhon, réalisée par le sculpteur bisontin Georges Laethier.

    La décision d'ériger cette statue

  • « Le grand rire de l’Immortel ! », par Hilaire de Crémiers.

    Comment le plus normal devient le plus extraordinaire.

    Mercredi 19 février, à l’Institut de France, quai de Conti, face au Louvre et dans la perspective unique de la Seine que rehaussent de symboliques festons les clartés vespérales, au sein de ce Paris royal où bat le cœur de la France, dans les salons du Secrétaire perpétuel de l’Académie française, Madame Hélène Carrère d’Encausse. Cela se passe bien chez elle, dans ce logement qu’elle a voulu aménager elle-même lors de son installation avec son propre mobilier pour bien signifier que, quand elle reçoit, c’est elle qui reçoit, elle et nul autre, et bien sûr tout ce qu’elle représente, dont les portraits en nombre des académiciens d’avant la Révolution qui regardent fixement les invités de l’heure du haut des cimaises de l’une des salles de réception.

    hilaire de crémiers.jpgImpressionnant, donc, mais tout aussi bien familier. Une vingtaine de personnes sont conviées à cette soirée, dont le Prince Gabriel de Broglie, de l’Académie française, chancelier honoraire de l’Institut de France, et le Professeur Georges-Henri Soutou, membre de l’Institut.

    Il y a dans l’assistance de l’étonnement, de l’amusement aussi, une solennité de bon aloi doublée d’une charmante simplicité, bref une ambiance créée par et pour l’occasion. L’événement est historique ; chacun en a parfaitement conscience ; et, cependant, rien n’est plus naturel, plus raisonnable, plus sensé, plus logiquement français que la cérémonie qui se déroule. Madame le Secrétaire perpétuel de l’Académie française reçoit des mains de Madame Nicole Maurras l’épée d’académicien de Charles Maurras. En dépôt perpétuel ! Sont joints à ce don les originaux de tous les documents, notes et papiers divers, que Maurras avait conservés de son voyage à Athènes en 1896, quand il couvrit, à vint-huit ans, comme journaliste pour la Gazette de France, les premiers jeux olympiques organisés par le baron de Coubertin.

    Maurras, quai Conti

    Voilà qu’en ce jour de 2020 Maurras rentre à l’Académie. De nouveau. Mais l’a-t-il jamais quittée, cet Immortel qu’on a prétendu vouer à la mort définitive ? Il y est à sa place en toute honorabilité, sous le regard de ses vieux confrères, toujours vivant et dont l’immortalité ne saurait être remise en cause.

    Madame Carrère d’Encausse ne manque pas de l’affirmer avec vigueur, sans user d’aucune de ces contorsions alambiquées dont il est courant de se servir pour évoquer l’homme et l’œuvre. C’est qu’elle connaît son sujet ! Maurras est assurément un grand écrivain, l’un des plus grands de langue française : il faut être inculte ou d’une mauvaise foi insigne pour ne pas le reconnaître. Elle sait, et dit tout uniment, à la fois, et l’inanité des jugements portés contre l’intellectuel, attaché comme aucun autre à sa petite patrie provençale et à sa grande patrie française, et l’injustice commise envers le polémiste, philosophe autant que politique, le plus anti-allemand de notre histoire nationale. Elle retrace en quelques mots aussi vifs que spirituels les rapports, en effet singuliers, que le Martégal, devenu le plus parisien des parisiens et le plus français des Français, entretint avec l’Académie française. C’était le seul honneur auquel il tint, comme il l’écrivit à son ami Barrès, et qu’il accepta de revendiquer.

    En 1923, l’Académie lui préféra un certain Jonnart, homme politique, alors ambassadeur de France près le Saint-Siège, ambassade dont, d’ailleurs, Charles Maurras avait réclamé inlassablement le rétablissement à l’encontre du stupide anticléricalisme qui dominait encore la République française. Le concurrent abusa de sa situation, note le Secrétaire perpétuel. Et de raconter en souriant comment les camelots du roi se gaussèrent joliment dans le quartier latin de l’élection du politicien dont l’œuvre littéraire n’était composée que de pages blanches. À moins de prendre des discours électoraux pour des chefs-d’œuvre de littérature.

    Maurras fut élu le 9 juin 1938 au fauteuil d’Henri-Robert. Condamné en 1945 à la dégradation nationale à la suite d’un procès inique, comme tant d’autres à cette époque, et dont il récusa l’autorité du verdict jusqu’à sa mort, il aurait dû être radié de l’Académie comme l’exigeaient les maîtres du moment. L’Académie française, précise Madame Carrère d’Encausse, s’honora de ne point obtempérer et de décider, malgré toutes les pressions, comme pour le maréchal Pétain, de ne déclarer vacant le siège qu’à la mort de l’intéressé. Et, donc, très logiquement le duc de Lévis-Mirepois qui fut élu au siège de Maurras en 1953, fit un éloge bien senti de son prédécesseur dont il était un ami. Maurras était bien Immortel : les Immortels, ses collègues, dans leur institution royale et nationale, le garantissaient. Et Madame le Secrétaire perpétuel le certifie aujourd’hui.

    Un bijou de symboles

    Nicole Maurras parle de l’épée. La plume de Maurras en était déjà une, dit-elle, comme l’avait écrit en 1915 l’archevêque de Bordeaux, le cardinal Andrieu, celui-là même qui, en 1926, abusé par une cabale, lança la procédure de condamnation ecclésiastique, aussi absurde et aussi injuste que toutes les autres, et qui sera levée en 1939 par le pape Pie XII et par acte de simple justice, comme disait le Cardinal Villeneuve, archevêque de Québec.

    Cette épée offerte par une souscription nationale, a été ciselée par Maxime Real del Sarte et confectionnée par le joaillier Mellerio, dit Meller, de cette fameuse maison qui se flatte toujours de son antique privilège royal. Elle fut remise à Charles Maurras le 4 mars 1939, salle Wagram, par Charles Trochu, alors président du Conseil municipal de Paris. Il est bon aujourd’hui d’évoquer ces temps-là !

    Nicole Maurras décrit l’étonnant parcours de la superbe épée qui, avant sa remise, pélerina littéralement à Lisieux, sur les traces mêmes de celui qui devait si fièrement la porter et qui laissa dans la chapelle du Carmel son ex-voto de « vieux pèlerin » : elle alla de la châsse jusqu’au lit d’infirmerie d’où s’envola l’âme de la petite Thérèse que Maurras, dans une dévotion profonde – oui, dans son état si singulier – plaçait parmi les plus grandes.

    La France des Bourbon, de Mesdames Marie,
    Jeanne d’Arc et Thérèse et Monsieur Saint Michel.

    Quelle épée connut jamais pareil rite de sanctification ?

    Il revient à Christian Franchet d’Espèrey, petit-neveu du maréchal qui fut académicien au même fauteuil que madame Carrère d’Encausse, celui de Corneille, et qui fut parrain de Charles Maurras à cette même Académie – les choses sont vraiment bien faites –, de donner lecture de la description de l’épée.

    « Sa poignée représente sainte Geneviève protégeant des mains un écu fleurdelysé posé à la proue d’une nef où se détache le chapiteau de pierre, dit « bucrâne », qui orne la terrasse de la bastide du Chemin de paradis. Les vagues sont là pour rappeler la vocation de marin à laquelle Charles Maurras dut renoncer en raison de la surdité qui l’atteint à l’âge de quatorze ans. Elles battent contre un mur de pierres surmonté de « merlons », ceux du Mur grec de Saint-Blaise, près de Martigues, espace mystique qui fascina l’écrivain.

    Encadrée des armes de Provence et de Martigues, surmontée du ciel où brille la Grande Ourse en petits diamants, voici la bastide du XVIIe siècle, maison de famille de Maurras que gardent deux cyprès d’émeraude. Lui fait pendant, de l’autre côté, le château de Versailles surmonté, pour sa part, du Bouclier d’Orion, et flanqué des armes de France et de Versailles. Le fourreau de l’épée se termine par une élégante petite amphore grecque. »

    Tout est symboliquement représenté. Il y faudrait encore un commentaire ! Comme pour les poèmes de Maurras !

    Dans son discours de réception à l’Académie, Charles Maurras fit l’éloge de son prédécesseur, Henri-Robert, et de là il fit l’éloge de la France et à travers elle de la féminité – notre siècle en a bien besoin, on ne le sait que trop ! – et, au-delà, l’éloge de la Femme, et de la Femme bénie entre toutes les femmes, la Vierge Mère, Notre Dame. Car c’est en elle que se sublime, pour rejaillir en fontaine de vie, le culte de la France éternelle, dont la sève typiquement française se renouvelle d’âge en âge par la grâce de tant de femmes d’exception où se retrempe constamment, naturellement et surnaturellement, la singularité extraordinaire de cette sainteté française. Il vaut la peine de relire ce morceau d’anthologie ! Aucun discours d’académicien, même ecclésiastique, ne s’était risqué à une telle hymne. Et cet homme a été traité d’impie ! Non, son amour de la France était vrai, et vrai son amour de l’Église. En dépit de toute les condamnations. De son Martigues « plus beau que tout », où repose aujourd’hui son cœur de chair, il n’a point démérité. Jamais !

    Il l’a chanté avec la violence de l’indignation dans les jours sombres où des gens sans aveu qui se croyaient des juges, voulaient le « dénationaliser » et le « désimmortaliser ». Peine perdue ! Les feux de sa vérité de nature sont là, ceux qui lui ont brûlé le cœur, ainsi qu’il le clame,

     … et qui m’emportent l’âme,
    Pour la ravir de ciel en ciel,
    Partout où retentit sur un verdict infâme
    Le grand rire de l’Immortel !   

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  • Dans le monde et dans notre Pays légal en folie : revue de presse et d'actualité de lafautearousseau...

     

    Proposé par Cheyenne Caron (sur tweeter)... :

    "La princesse Leonor de Borbón y Ortiz, future reine d'Espagne. La magnificence de l'histoire européenne se poursuit."

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    ...et commenté par Noir Lys (toujours sur tweeter) :

    "Le saviez-vous ? Cette jeune blonde aux yeux clairs, du haut de ses 18 ans, a déjà plus d’expérience militaire que le chef des armées françaises."

     

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    1. Quand un humour de bon aloi accompagne la pertinence et profondeur de la réflexion... Excellente Gabrielle Cluzel, à propos de tous ces politiques au premier rang de la marche contre l’anti sémitisme qui se sont succédés au pouvoir :

    "...On dirait les représentants de la Seïta (fabriquant de cigarettes) à une marche contre le cancer..."

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    ILS SONT OU ONT ÉTÉ

    À LA TÊTE DU SYSTÈME :

    TOUS RESPONSABLES,

    TOUS COUPABLES !

     

    2. Le toujours très bon édito de Vincent Trémolet de Villers, sur Europe 1, reçu par le toujours très bon aussi Dimlitri Pavlenko :

    "On peut habiller les revirements présidentiels de "gaullisme", de "politique arabe de la France", de stratégie "singulière et centrale", la vérité est plus simple, plus grave aussi. Jusque dans sa politique étrangère, Emmanuel Macron est l’otage des fractures françaises."

    (extrait vidéo 3'53)

    https://x.com/vtremolet/status/1723971997313409531?s=20

     

    3. La fin de vie politique de Mélenchon, selon Philippe de Villiers, qui a raison, à notre très humble avis :

    "...Les Français ne sont plus dupes : le cordon sanitaire, c’est fini. Les gens fréquentables ne sont plus les mêmes. Les gens fréquentables, ce sont ceux qui ont raison et les gens infréquentables, ce sont ceux qui nous ont amenés là où nous en sommes aujourd’hui. Les hommes politiques qui ont fait en sorte que des parties du territoire échappent à la souveraineté française, à l’identité française, à la civilisation française, ne sont plus fréquentables. Jean-Luc Mélenchon refuse d’aller à la manifestation contre l'antisémitisme mais… a participé à celle contre l’islamophobie : il a choisi sa cause. Il a fait un choix de vie, un choix de fin de vie..."

    L'émission complète (43'59) :

     

    3 BIS. Et Gilles-William Goldnadel rajoute son toujours indispensable grain de sel :

    "Mal nommer les maux, c’est être condamné à ne pas savoir les vaincre. Je crève depuis des années pour qu’on sorte de ce non-dit sur qui est maintenant le vecteur principal de cet antisémitisme. Encore combien de manifestations et de morts pour parler d’antisémitisme islamiste ?"

    (extrait vidéo 1'19)

    https://x.com/GWGoldnadel/status/1723812862336922030?s=20

     

    5. "Choses vues à la manif", d'après Pierre Liscia... :

    "À la fin de la #Marchecontrelantisemitisme, j'ai refait le parcours en sens inverse pour aller récupérer mon vélo à Invalides. Sur le chemin, ni poubelle renversée, ni abribus cassé, ni vitrine fracassée, ni voiture brûlée. Pas même un papier par terre. Bref, une manif sans LFI."

     

    6. Une belle histoire (cela nous change un peu...) racontée dans Valeurs Régions... : L’église Saint-Rémi, à Laigneville, va pouvoir être rénovée grâce à un legs de 250 000 euros d’un couple d’habitants décédés dernièrement...

    https://www.valeursactuelles.com/regions/hauts-de-france/oise/no_agglomeration/societe/oise-une-eglise-bientot-renovee-grace-a-un-legs-de-250-000-euros-dun-couple-dhabitants-decede

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    Le couple a mentionné dans son testament sa volonté de léguer une partie de leurs biens à la commune afin d’entretenir les calvaires de la rue du Cimetière, et de rénover l’église Saint-Rémi, bien dégradée...

     

    7. Et l'on terminera cette série d'aujourd'hui par un sujet plus sérieux qu'il n'y paraît : la malfaisance des techno-bureaucrates de Bruxelles, qui ne s'occupent pas de ce dont ils devraient s'occuper; qui ne nous défendent pas de ce dont ils devraient nous défendre; qui nous imposent des choses qui vont à l'encontre du sens commun... et l'on n'en finirait pas d'énumérer les griefs contre cette caste bruxelloise complètement "hors-sol" et dont on se demande bien pour qui elle se prend, et de quel droit elle agit...

    https://www.bfmtv.com/societe/on-risque-de-perdre-le-cote-traditionnel-le-camembert-pourrait-bientot-etre-prive-de-sa-boite-en-bois_AV-202311120302.html#xtor=CS9-144-[twitter]-[BFMTV]

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    À DEMAIN !

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  • GRANDS TEXTES (46) : Du ralliement à la République, au ralliement au monde, par Hilaire de Crémiers.

    1A.jpgNouvelle Religion Républicaine contre Religion chrétienne : c'est le combat titanesque ouvert lors de la Révolution française, préparée par les Encyclopédistes, et par elle. 

    Hilaire de Crémiers propose ici une récapitulation aussi brillante que juste de ce conflit "à mort" engagée depuis maintenant près de deux siècles et demi.

    Nous n'avons évidemment rien à rajouter à ce qu'il dit, que nous approuvons totalement, bien entendu,. Nous signalerons seulement au lecteur qui chercherait d'autres détails sur tel ou tel point que quatre de nos Éphémérides traitent des rapports entre l'Église et la République idéologique française, en général, et des rapports entre l'Église et l'Action française en particulier :

    pour les rapports entre l'Église et la République idéologique française, voir l'Éphémeride du 16 février - sur le "Ralliement" - et celle du 18 novembre - sur le "toast d'Alger", qui préparait les esprits à ce "ralliement";

    pour les rapports entre l'Église et l'Action française, voir, notre Éphéméride du 29 décembre, sur les premières sanctions vaticanes contre l'Action française, et notre Éphéméride du 10 juillet, sur la levée des sanctions vaticanes par Pie XII...

    De Léon XIII à François, le cœur du problème est là, jamais abordé.

    Le pape Léon XIII en février 1892 décida, en publiant l’encyclique Au milieu des sollicitudes écrite en français et pour les Français, d’exhorter les catholiques de France à abandonner des querelles politiques jugées périmées, vaines et par nature diviseuses sur la question du régime et sur la forme du gouvernement.

    Selon le texte pontifical longuement mûri et habilement préparé depuis des1A.jpg années, notamment par le fameux toast d’Alger du cardinal Lavigerie (ci contre, ndlr), il fallait privilégier l’union de tous sans esprit de retour pour favoriser l’émergence d’une force politique qui s’installerait résolument dans le cadre des institutions existantes de la République que l’Église ne saurait doctrinalement condamner puisqu’elles constituaient l’ordre établi. Cette union souhaitée et attendue porterait le projet social de la paix civique, de la réconciliation nationale, de la concorde des cœurs grâce à un programme législatif ordonné au bien commun, non plus conçu dans une ambiance de guerre civile et de lutte anticléricale. Tel était le sens général de l’encyclique qui devait être reçu comme une consigne pour ainsi dire obligatoire.

    Cette façon nouvelle d’envisager la politique s’appuierait en conséquence sur la large majorité des croyants et des honnêtes gens. Elle ne pourrait que l’emporter. Quant aux partis républicains, ils perdraient par le fait même leur raison de refuser à l’Église de donner ses conseils et aux catholiques de parvenir aux affaires.

    Le calcul, en effet, était simple. La France de l’époque, essentiellement rurale et provinciale, était catholique à plus de 95 % : baptême, communion, mariage, enterrement. L’anticléricalisme agressif et obsessionnel était minoritaire, même s’il s’était répandu, lors de la Commune particulièrement, dans les couches populaires livrées à elles-mêmes ; il se concentrait en des cercles politiques restreints dont le but était en réalité la conquête du pouvoir. Conquête de tout le pouvoir et de tous les pouvoirs encore nombreux et diversifiés dans les provinces, par l’élimination systématique des adversaires cléricaux, monarchistes, conservateurs, catholiques sociaux, ou modérés en manque d’objectifs et de chefs.

    Il suffisait donc de se placer sur le même terrain et l’affaire, en quelque sorte, était mathématiquement gagnée. La France était une République parlementaire. L’évolution des institutions après 1875 et 1877 permettait d’envisager, a contrario de ce qui se passait, un choix démocratique favorable à un programme commun de bon sens que la seule évidence du bien imposerait dans les consciences des citoyens et, en conséquence, dans les résultats des votations. L’enchaînement des « donc » donnait au raisonnement de ceux qui prenaient parti pour un tel ralliement, l’allure d’une logique inaltérable.

    Les deux chambres dans un tel cas de figure majoritairement composées d’honnêtes gens puisqu’élus eux-mêmes par des honnêtes gens, ne produiraient que des « bonnes » lois ; et les gouvernements issus de telles majorités parlementaires veilleraient à imprimer une « bonne » direction à la politique. La France était encore sous le concordat de 1801. Elle reprendrait sa politique traditionnelle d’entente avec le Saint-Siège et de soutien de la papauté, illustrée encore sous la IIe République et même sous Napoléon III, quoique de façon beaucoup plus contradictoire et aléatoire en raison des principes qui déterminaient la politique extérieure de l’Empereur.

    1AAAAA.jpgLéon XIII (ci contre, ndlr) caressait même l’idée, comme l’a montré le professeur Roberto de Mattei dans son étude Le ralliement de Léon XIII, L’échec d’un projet pastoral (Les éditions du Cerf, 2016), de recouvrer les états pontificaux – au moins en partie – et d’assurer ainsi son pouvoir temporel auquel il ne renonçait pas. Dans une Europe dont la quasi-totalité des États était monarchiques – et presque tous, sinon tous, sous influence maçonnique –, Léon XIII imaginait une République française chrétienne qui serait la fille chérie du Saint-Siège dans la suite historique et mystique d’une France fille aînée de l’Église. En raison du renouveau catholique du XIXe siècle, la France était alors la grande pourvoyeuse de missionnaires à travers le monde. Elle rayonnait.

    Une manœuvre désastreuse

    D’origine libérale incontestable, mais expert en sciences ecclésiastiques et théologiques, restaurateur d’un thomisme universitaire de bon aloi en promouvant l’Aquinate au rang de docteur commun de l’Église, pape d’une doctrine parfaitement exacte tant de foi que de morale – que dirait-il aujourd’hui ? –, de plus homme de culture et latiniste distingué, écrivant lui-même ses encycliques d’un style précis et recherché à la Sénèque, il pensait – à l’inverse de son prédécesseur Pie IX, le pape du Syllabus – que l’Église n’avait rien à perdre à s’ouvrir aux temps modernes, y compris dans sa réflexion sur les institutions à propos desquelles il avait longuement disserté, tant sur la question sociale que sur les questions relatives à l’autorité, à la liberté et, d’une manière générale, au pouvoir. Il assumait cette puissante synthèse avec jubilation – cela se sent dans ses écrits et ses bons mots ; il était un homme d’esprit. Tout en poursuivant sa politique, il dénonçait la maçonnerie, prônait le rosaire et le culte du Sacré-Cœur.

    Il s’entourait d’hommes à sa dévotion. Son secrétaire d’État, le cardinal Rampolla,1A.jpg était dans sa mouvance et mettait son habileté diplomatique au service de son idée politique. De même Léon XIII écartait tout ce qui pouvait faire obstacle à sa conception. Le cardinal Pitra (ci contre, ndlr), bénédictin français renommé pour sa science et son érudition, avant même le ralliement de 1892, pour avoir émis des doutes sur la politique pontificale, subira la vindicte papale et devra se démettre de son chapeau. L’infaillibilité pontificale définie solennellement par Pie IX pour garantir le magistère spirituel du pontife romain, sortait des limites précises du dogme, tant dans la forme qui requérait un enseignement ex-cathedra, que dans le fond qui ne pouvait concerner que la foi et les mœurs.

    Un zèle imprudent doublé d’une passion politique inavouée fit de l’obéissance aux consignes pontificales une affaire de foi et de morale, ce que bien évidemment elles n’étaient pas. La religion était mise au service d’une politique, dans un confusionnisme qui n’était pas sans rappeler certains élans révolutionnaires de 1848 et les élucubrations prophétiques d’un Félicité de Lamennais. Alors apparurent les abbés démocrates qui, au nom de l’évangile, se mirent à vaticiner sur l’avenir d’une nouvelle société dont la perfection démocratique serait l’achèvement de la révélation chrétienne. Le salut était inversé.

    L’histoire pourrait être poursuivie, instructive plus qu’aucune autre. En bref, cette politique fut un échec total. Le catholicisme fut divisé plus que jamais. Les « ralliés » furent obligés d’entrer dans le jeu incessant des concessions républicaines. La coalition des honnêtes gens ne se forma jamais. Les élections furent toutes perdues dans leur ensemble. Les radicaux s’emparèrent peu à peu de la totalité de la République. L’Église fut persécutée, les congrégations chassées, l’enseignement fut pris en main par l’État républicain, les lois furent votées toujours dans le même esprit de destruction systématique des traditions nationales et chrétiennes. La démocratie chrétienne avait fonctionné en faveur de la démocratie – ou de ce qu’on mettait sous ce nom –, et non de l’œuvre divine de Jésus-Christ. En 1905, la rupture du concordat par la loi de Séparation, doublée de toutes les humiliations légales qui l’accompagnèrent, dont celle des Inventaires, fut l’aboutissement concret de cette politique. Le rêve de Léon XIII d’une république chrétienne à sa dévotion s’achevait dans une laïcisation générale de la société. Laïcité républicaine à laquelle l’Église de France après un siècle de combats et d’hésitations a fini par se rallier logiquement, en l’élevant au rang de principe cardinal de sa doctrine existentielle. La cause première et finale de son existence n’étant plus le Verbe incarné à qui appartient toute souveraineté, selon la parole de l’Apôtre, elle se contente d’être une concession de l’État républicain qui la tolère dans les limites de la vie privée. Et à la condition qu’elle soit sage et républicaine. Le président Macron aux Bernardins, il y a deux ans, a rappelé fermement cette doctrine à l’énoncé de laquelle les évêques de France n’ont pu qu’opiner.

    Une erreur magistrale

    Il y a une logique dans cette histoire dont Léon XIII se croyait affranchi par la supériorité de son esprit et de sa vision. La République n’était pas une simple forme de gouvernement. Elle s’érigeait elle-même depuis l’origine en Absolu, comme en font foi les discours des conventionnels. Il n’y a pas de place pour deux Absolus. En ralliant la République, l’Église institutionnelle ralliait une religion, et cette religion est par constitution exclusive : elle ne connaît que sa propre règle qu’elle décrète, de plus, universelle. Le compromis ne suffit pas, la soumission est exigée. Faut-il rappeler les paroles d’un Clemenceau ou d’un Viviani ? Aujourd’hui, ce qui pourrait s’appeler l’islam républicain – car au fond qu’est-ce d’autre que ce corpus doctrinal pseudo-révélé par les Grands Ancêtres ? – a réussi à réduire le catholicisme à la portion congrue de la dhimmitude, et il s’en flatte. Cependant il aura fort à faire dans les années qui viennent avec le Coran des islamistes ; il vient ainsi dans l’histoire des heures de vérité qui font éclater tous les sophismes. Coran républicain contre Coran islamiste, qui va gagner ?

    Lorsque Léon XIII meurt en 1903, la crise si manifeste en France s’est étendue au monde entier. L’Église est ravagée par deux idées qui tentent de la dominer : le ralliement au siècle oblige à repenser la religion dans son ensemble selon les critères de la modernité, philosophiques et scientifiques, en fait rationalistes, c’est ce qu’on appelle « le modernisme » ; le même ralliement pousse l’Église à épouser les forces sociales et politiques en gestation dans le monde pour animer de son esprit l’avènement d’une humanité nouvelle, c’est ce qu’on appelle « le progressisme ». L’Église du XXIe siècle n’a pas résolu la crise doctrinale et pastorale ouverte au début du XXe siècle par cette double tentation, plus prégnante de nos jours que jamais.

    1AA.pngPie X (ci contre, ndlr), avec la fermeté de sa foi, dénonça ce péril mortel. Il fulmina avec toute l’autorité du Magistère contre l’une et l’autre hérésie, la première dans son encyclique Pascendi en 1907, la seconde dans la lettre pontificale Notre charge apostolique, écrite en français, en 1910, qui condamnait ceux qui osaient « faire entre l’évangile et la Révolution des rapprochements blasphématoires. » La foi – et donc la charité – l’emportait sur les stratégies politiques !

    Avec Pie XI, après la Grande Guerre, la même ambiguïté que sous Léon XIII régna au Vatican. Le pape publiait encyclique sur encyclique où il exposait longuement la doctrine de l’Église, y compris sur la royauté du Christ, et, en même temps, il traitait avec les puissances séculières, avec la République française dès 1922, avec le Mexique persécuteur des Cristeros, avec Mussolini, avec Hitler, en sous-main avec l’Union soviétique ; il aurait dit qu’il était prêt à traiter avec le diable… évidemment pour le bien de l’Église !

    En France où il prétendait reprendre la main en politique avec son Action1AAAA.jpg catholique, il fut amené à condamner l’Action française, le journal et le mouvement de ce nom, au motif que le chef et le maître en était Charles Maurras qui n’avait pas la foi. Cette affaire politique constitue paradoxalement un chapitre essentiel de l’histoire contemporaine. Curieux, n’est-ce pas ? Comme l’a démontré définitivement Philippe Prévost dans son étude sur La condamnation de l’Action française, cette décision qui cassait le mouvement royaliste en plein essor, n’était que d’ordre politique. Les conséquences en furent incalculables comme celles du ralliement ; ce fut en fait un second ralliement où l’autorité pontificale, invoquée à tort et à travers et parée des vertus de l’infaillibilité qu’elle ne saurait revêtir en un tel domaine, servait de prétexte pour justifier une politique, pratiquement celle qui mena une décennie plus tard à la Deuxième Guerre mondiale et, pour la France, au désastre de 1940. Le plus grossier des sophismes consistait à accuser l’Action française de se servir de la religion pour renforcer sa politique, au moment précis où, en fait, sa condamnation religieuse entrait à l’évidence dans une stratégie politique. Le voleur crie au vol. L’honneur de Maurras fut, en revendiquant l’autonomie de la politique, de sauver ainsi l’indépendance de la religion. Un jour, ce sera dit et démontré !

    1A.jpgAlors, comme précédemment, le modernisme et le progressisme refleurirent de plus belle, entraînant des changements radicaux dans le clergé, avec sanction à l’appui. Le cardinal Billot (ci contre, ndlr), le théologien de Pie X, dut remettre son chapeau de cardinal. « Hora et potestas tenebrarum », murmura-t-il en sortant de l’audience pontificale.

    Pie XII releva la condamnation de l’Action française dès son élection en 1939. Il essaya de reprendre la tradition de Pie X qu’il éleva sur les autels. Mais le ver était dans le fruit.

    Lorsque le concile Vatican II fut convoqué en 1962 par Jean XXIII, la question se posa immédiatement de savoir s’il s’agissait d’un concile doctrinal dans la suite de Vatican I centré sur la foi de l’Église face aux erreurs modernes, marxisme et libéralisme entre autres, ou d’un concile pastoral d’ouverture au monde. Et immédiatement la réponse préparée d’avance par un groupe de connivence fut la révolution pastorale. « C’est notre révolution d’octobre », disait le dominicain Congar, expert au Concile.

    Le combat de la foi

    Quoiqu’on pense par ailleurs des textes du concile dont les formulations verbeuses et indéfiniment redondantes ne relèvent en rien, absolument

  • Après le colloque du 7 mai, le rendez-vous de Béziers : Défendre l'héritage

     La Galerie des Rois au portail de Notre-Dame

     

    Par François Marcilhac

    Cet article a été rédigé avant le colloque d'Action française du 7 mai dernier, à Paris. Il reste d'une parfaite actualité. Et clairement utile dans le contexte des débats préélectoraux en cours.  LFAR

     

    500021990.jpgNous sommes entrés dans une année périlleuse. Périlleuse pour le pays. Si les minorités, heureusement fort rares dans l’histoire de France, ont constitué la faiblesse de la royauté, dont nous n’avons jamais été les charlatans, rappelait Maurras, en revanche, parmi les nombreuses faiblesses, constitutives, elles, de la république, il y a les récurrentes années électorales dont le catastrophique Chirac, pour se faire réélire en 2002, a encore accru la fréquence en passant du septennat au quinquennat.  

    UN RÉGIME DÉSASTREUX

    Et si toutes les régences ne furent pas catastrophiques, toutes les années électorales, elles, le sont puisque même le président ne pense plus qu’à l’élection. Quand un pays ne connaît pas de crise économique ni ne souffre d’une dette abyssale, quand il a gardé toute sa souveraineté extérieure et intérieure, qu’il n’est soumis ni à un directoire étranger qui décide pour lui ni à la désagrégation de son peuple et de sa civilisation sous l’effet d’un raz-de-marée migratoire ordonné par ce même directoire et organisé par des élites « nationales » qui ont trahi, quand pâturage et labourage demeurent les deux mamelles de sa prospérité et que l’industrie assure indépendance économique et travail, quand l’Etat ne prémédite pas l’analphabétisation du peuple et, qu’enfin, les fondements de la société ne sont pas méthodiquement sapés au nom d’un individualisme pathologique devenue l’idéologie officielle, alors oui, il peut se payer le luxe de vivre en République, du moins pour un court laps de temps, car il finit rapidement par le payer.

    MENACES SUR LA COMMUNAUTÉ NATIONALE

    Mais nous qui y vivons depuis plusieurs générations et qui devons à ce régime l’état désastreux dans lequel se trouve la France, nous ne pouvons que voir se profiler avec angoisse cette nouvelle année électorale. Aux cadeaux qu’au prétexte d’une fausse reprise la majorité socialiste a commencé à faire à des électorats qui ne lui sont plus aussi fidèles qu’auparavant — fonction publique en général, enseignants —, à la baisse d’impôt annoncée pour 2017, aux reculades, comme sur la loi El Khomri, qu’Hollande pratique sous la menace du désordre orchestré par sa propre gauche, mais qu’il doit savamment doser aux exigences de la Commission européenne, de Merkel et du MEDEF pour lesquels ce projet de loi dans son état initial n’était qu’un minimum, à la soumission toujours accrue, mais rétribuée, de notre diplomatie, qui est discréditée, il est à craindre, comme le montrent de récentes campagnes racialistes, que nous évoquions dans le précédent numéro, que le pays légal n’ajoute une politique de fuite en avant envers la « diversité ». Ces communautés étrangères, encouragées par lui à la fois à s’installer sur notre sol et à ne pas s’assimiler, ne sont-elles pas appelées à devenir un électorat de substitution, génération après génération par le droit du sol mais immédiatement par le bradage organisé à grande échelle de la nationalité française ?

    ACTUALITÉ DE LA QUESTION INSTITUTIONNELLE : NOTRE COLLOQUE DU 7 MAI

    Autant dire que jamais la question institutionnelle — ramener l’héritier — n’a été plus actuelle et que jamais non plus conduire une politique de salut public pour sauvegarder l’héritage n’a été un devoir plus urgent. Or l’Action française, en ce mois de mai, ce double mois de Marie et de Jeanne, les deux patronnes de la France, sera sur les deux fronts.

    Nous serons tout d’abord sur le front institutionnel avec notre colloque du 7 mai, dont le thème est : « Je suis royaliste, pourquoi pas vous ? ». Question actuelle comme le montre, depuis plus d’un an maintenant, cette interrogation sur les « valeurs de la république », dont l’évocation telle des mantras ne peut plus que « saouler », effectivement, jusqu’aux patriotes républicains les plus sincères, dans la faillite de tout ce sur quoi la république a prétendu se fonder : une « liberté » qui est celle de la finance et des voyous, mais qui prive les citoyens de leurs droits fondamentaux : vivre en sécurité, s’exprimer sans crainte du juge, élever dignement ses enfants dans le respect des valeurs fondamentales de notre société ; une « égalité », qui tolère 5 millions de chômeurs, la préférence étrangère, et l’arrogance de l’oligarchie ; une « fraternité » où le gouvernement favorise le communautarisme le plus haineux et cherche à diviser les Français en promouvant un racialisme d’Etat ; la laïcité, enfin, quatrième mousquetaire de la trinité républicaine, pensée comme une arme de destruction massive des racines tant chrétiennes que gréco-romaines de la France. Complicité objective des mondialistes et des terroristes de l’Etat islamique qui se pense lui aussi comme mondial, dans cette guerre à mort déclarée au christianisme, dont les valeurs s’opposent radicalement tant au règne du consumérisme matérialiste qu’à l’enfer islamiste. D’un côté on massacre les « croisés », de l’autre on s’en prend à l’identité catholique de nos compatriotes en assimilant le prêtre au pédophile et en taisant les centaines d’actes antichrétiens commis en France, comme pour les banaliser.

    FAIRE ÉMERGER UNE PAROLE NATIONALE

    Les calomnies commanditées que ces mêmes media déversent toujours plus fréquemment depuis plusieurs mois sur l’Action française relèvent de la même haine idéologique et prouve que l’oligarchie nous a identifiés avec raison comme l’ennemi irréductible de tout ce qu’elle représente. Nous sommes en effet en France le seul lieu politique de débat véritable, comme le montre encore le riche éventail de nos invités à notre prochain colloque, ce que ne supportent absolument pas ceux qui veulent continuer, surtout à un an de la présidentielle, d’enfermer le débat politique dans ces échanges sans surprise entre politiciens de « gauche » et de « droite » d’accord sur l’essentiel : la France et les Français ont fait leur temps. Parce que notre seul souci est l’intérêt du pays — « Tout ce qui est national est nôtre » —, nous dialoguons avec tous ceux qui ont le courage de partager la même exigence. Certes, ce faisant, nous cherchons bien sûr à promouvoir nos solutions, que résume, sans l’y réduire, le retour du Roi, mais nous nous attelons aussi, en période de crise, à faire émerger une parole nationale riche de la diversité d’élites partageant un seul a priori  : le devoir sacré pour tout politique est de défendre exclusivement les intérêts de la France et des Français. On comprend que seuls les meilleurs acceptent de dialoguer avec nous, quand ils ne sont pas déjà chez nous.

    URGENCE DU COMBAT DE SALUT PUBLIC : PRÉSENT À BÉZIERS

    Actualité de la question institutionnelle, mais aussi urgence du combat de salut public. Robert Ménard, en organisant les rendez-vous de Béziers s’inscrit dans cette démarche de rassemblement, craignant à juste titre qu’un caporalisme étroit, contraire à l’esprit de débat, et qui n’est, bien souvent, que la manifestation d’un manque profond d’assurance, ne finisse par nuire à la victoire du camp national qui peut avoir sa chance en 2017. Cette tentative est nécessaire pour définir une stratégie de salut public : d’où ma présence. Depuis trois ans, dans les différentes couches de la population, même chez certains intellectuels de gauche, les yeux commencent à s’ouvrir. Une jeune génération est plébiscitée par les Français dès lors qu’elle affirme, sans complexe, des valeurs nationales et traditionnelles, faisant apparaître comme ringards des aînés qui en sont encore à courir après les derniers relents de Mai-68. Oui, nous vivons une époque formidable. Tout d’abord, évidemment, au sens étymologique : notre époque est terrifiante. Mais elle est aussi grosse de promesses exceptionnelles, si nous nous en donnons les moyens. 

    L’ACTION FRANÇAISE 2000

  • Feuilleton : ”Qui n 'a pas lutté n'a pas vécu”... : Léon Daudet ! (84)

     

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     (retrouvez l'intégralité des textes et documents de ce sujet, sous sa forme de Feuilleton ou bien sous sa forme d'Album)

    Aujourd'hui : Ils "étaient", ils "faisaient" l'Action française :

    Portraits (II) : Henri Vaugeois (2)...

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    ndlr : ce sujet a été réalisé à partir d'extraits tirés des dix livres de souvenirs suivants de Léon Daudet : Paris vécu (rive droite), Paris vécu (rive gauche), Député de Paris, Fantômes et vivants, Devant la douleur, Au temps de Judas, l'Entre-deux guerres, Salons et Journaux, La pluie de sang, Vers le Roi...

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    De "Vers le Roi", pages 11 à 15 :

    "...Qui n'a pas connu Henri Vaugeois n'a pas connu l'apôtre politique en fusion.
    De taille moyenne, brun, moustachu et barbu, avec des yeux sombrement dorés, comme ceux de certaines abeilles, des mains fines, une gesticulation ardente, une voix sonore, coupée de grands éclats de rire, il n'avait qu'on objet : le retour du Roi, que deux passions : le duc d'Orléans et Maurras.
    Extrêment cultivé, agrégé des lettres, dévoré de littérature et d'art, psychologue aigu et même retors, joignant la force à la nuance, généreux et subtil, à cause de son origine normande (il était né à Laigle, Orne), Vaugeois promenait avec lui, sous ses mèches noires et son regard enflammé, un orateur sans pareil, un animateur d'oeuvres de combat et un cosnpirateur audacieux et rusé.
    Quand les trois types marchaient à la fois, comme les grandes eaux de Marly, c'était magnifique.
    Sa puissance de sympathie était irrésistible. Ses adversaires, ses contradicteurs, au bout de peu de temps, le chérissaient et ne pouvaient plus se passer de lui.
    Ma femme l'avait baptisé "Frère Loup" à cause de sa véhémence hérissée, et ce surnom devait lui rester.
    Lancé sur la piste de guerre, je veux dire de propagande, il ne se laissait arrêter par aucun obstacle, ou plutôt il faisait de l'obstacle un tremplin majeur, à l'aide duquel il sautait plus loin.
    La vie matérielle n'existait pas pour lui. Il mangeait quand il pouvait, sans faire attention aux os, ni aux arêtes, détraquant son estomac dans des caboulots, pour amener à la monarchie des peintres, des étudiants, des cochers, buvant n'importe quel thé, ou quel vin, ou quel lait, dormant sur n'importe quel traversin, de chardon ou de papier, bercé par cet unique rêve : le retour du Roi.
    Sa peau, ses intérêts, son bonheur même lui étaient indifférents, pourvu que cet évènement historique se produisît et qu'il y assistât, fût-ce de loin, fut-ce de dessous terre, après y avoir tant contribué.
    Jamais je n'ai connu d'homme de haute valeur aussi profondément détaché de lui-même, aussi dénué d'ambition, de convoitise, d'égoïsme.
    Avec cela il comprenait, il admettait, en souriant, l'ambition, la convoitise, l'égoïsme d'autrui et s'en réjouissait même comme de moyens d'utiliser les valeurs.
    Ses colères, désintéressées et soudaines, duraient peu. Elles donnaient l'impression d'un orage, qui s'achève presqu'aussitôt dans un arc-en-ciel.
    Il prenait brusquement, comme Don Quichotte, la défense des faibles et des opprimés; mais, différent en cela de Don Quichotte, il ne confondait pas les chevaliers avec les moulins à vent, ni une fille d'auberge avec une princesse.
    Sa lucidité politique était surprenante. Il discernait, en bouton, les qualités et les défauts susceptibles de s'épanouir, les risques d'une entreprise, les avantages d'une concession. Impétueux et au besoin frénétique, il demeurait clairvoyant dans ses attaques et ses défenses, avec un fond de délicate bonté et d'humanité, qui lui attirait la sympathie universelle.
    Sa causerie était délicieuse et animait tout. Il sentait profondément et exprimait bien la grâce de la femme et de l'enfant, le charme d'un paysage, la magie d'un son, d'un souvenir, d'un parfum, d'un mot juste.
    Il appréciait la sincérité, ses crus et ses années, comme d'autres font pour le bourgogne, ou le bordeaux. Le mensonge et l'artifice le dégoûtaient, ainsi que le cabotinage.
    Nous revenions d'Avignon, ma femme, lui et moi, en chemin de fer. C'était la nuit. Aucune couchette n'étant plus disponible, nous dormions chacun dans un coin. Le compartiment était complet, sauf une place occupée par un sac. Arrive une dame, âgée et timide, cherchant humblement à se caser : "Complet", déclarent nos compagnons, deux commis-voyageurs à face de chiens, cossus et brutaux. "Comment, complet ! - rugit Vaugeois, sortant de sa somnolence. - Enlevez ce sac, votre sac, monsieur, et vous, madame, prenez la place libre !" Interloqué par le ton et le geste, le commis-voyageur obéit. La vieille personne se confond en remerciements effrayés. On se rendort. Le train entre en gare de Lyon, où la nouvelle venue avait entendu dire incidemment que son bienfaiteur devait descendre. Le bienfaiteur ronflait. "Monsieur, monsieur (j'entends encore cette voix chevrotante), monsieur, c'est Lyon. - Ah, nom d'une pipe, s'écrie Frère Loup, il n'y a pas à tortiller..." et saisissant sa valise dans le filet, il saute sur le quai de Perrache, nous laissant la reconnaissance émue, discrète, efficace, de la vieille dame casée par lui.
    Vaugeois avait été un des fondateurs de la Patrie Française avec Syveton et Dausset, mais il s'en était retiré quand il avait compris le salmigondis et son inefficacité.
    Il me disait : "Un organisme politique est un corps, cohésif et petit, qui doit grandir, par des apports successifs, sans perdre ni diluer sa doctrine, qui est sa raison d'être".
    Il disait de Maurras : "C'est l'esprit perpétuellement en mouvement, inventif et organisateur, le "noûs" grec".
    Il disait du duc d'Orléans : "Allez le voir et vous aurez le choc, et vous reconnaîtrez le souverain désigné pour le salut et le relèvement de la Patrie".
    Il se dépensait en conférences, en conversations, en articles, qu'il apportait avec retard à la petite revue grise, puis bleue, d'Action française, qui précéda le quotidien.
    J'allais bavarder avec lui, tantôt 42, rue du Bac, où était alors le siège, bien modeste, de la revue, tantôt chez lui, boulevard Edgard-Quinet, près du boulevard Raspail, tantôt chez Maurras, rue de Verneuil.
    Je lui posais mille questions, sur des points de doctrine, auxquelles il répondait avec une verve persuasive, et je m'étonnais de n'avoir jamais encore approfondi la solution si simple, si vraie, de toutes nos difficultés, de tous nos risques politiques : l'unité, la continuité du gouvernement par le Roi et l'hérédité.
    Je ne me dissimulais d'ailleurs nullement la difficulté de l'entreprise, irréalisable, si nous n'avions eu et senti parmi nous, à la direction des opérations le pilote génial, le guide uinque : Charles Maurras..."

  • Quelques réflexions sur ce qu'a écrit Théodore Zeldin, sur la Royauté...(1/2)

    PRENONS DONC UN PEU D ERECUL? UN ¨PEU DE HAZUTEUR ET A¨RES AVOIR PRIS EL TEMSO DE AL REFLEXION DISONS SIMPZEMNET CECI...        Dans Le Figaro Magazine du 22 avril 2011, Théodore Zeldin a répondu aux questions de Patrice de Méritens, qui l'interrogeait sur un certain nombre de sujets, et, bien sûr, sur le tout proche mariage princier.

            Théodore Zeldin, historien, sociologue et philosophe souhaitait "décrypter" la monarchie anglaise - du moins, c'est ce que promettait l'article - et répondre à ces trois questions : A quoi sert la monarchie ? Que représente-t-elle pour le Royaume-Uni et pour le reste du monde ? Quel est son avenir ?

            La vérité toute simple est que, dans cet entretien, Théodore Zeldin dit des choses qui nous paraissent justes, d'autres plus neutres, voire banales, sur lesquelles on ne s'attardera pas, et deux ou trois avec lesquelles - et c'est le moins que l'on puisse dire... - nous ne sommes pas d'accord.

            Il convient donc, tout simplement, de le noter et de dire pourquoi.....

            Dans la première partie de son entretien, et dans la catégorie des choses positives, Zeldin a évidemment raison de noter que "la monarchie est un symbole de permanence", que "les idéologies sont finies : le communisme est mort";  mais, première objection, il ne nous convient pas de se réfugier dans la monarchie par peur de l'avenir, comme le dit Zeldin : "les incertitudes de l'avenir poussent les gens vers le passé", "face à cette sorte de néant on réinvente le passé pour soutenir les esprits". Libre à ceux (les anglais, en l'occurrence, comme semble le dire Zeldin ?) qui ont cette réaction de peur de l'avenir de se tourner vers la royauté par inquiétude : nous, nous voulons un roi pour reconstruire une Société que les nuées et folies révolutionnaires ont détruite de fond en comble, et pas par nostalgie du passé ou par peur de l'avenir. Comme le disait Pierre Debray, aux Baux, nous voulons "une monarchie sans nostalgie et sans folklore, qui soit la flèche du progrès...". On est très loin du réflexe, pour tout dire, négatif, évoqué par Zeldin...

            Deuxième remarque à faire. Zeldin a raison, puisqu'il parle de la monarchie anglaise, lorsqu'il dit : "La force de la reine est de n'avoir pas de pouvoir...". Mais remarquons bien que ce propos ne pourrait en aucun cas s'appliquer à une royauté française ré-instaurée. Pourquoi ? Tout simplement parce que, aussi longtemps qu'il y a eu des rois en France - donc, jusqu'en 1848 - la tradition nationale a été que le Roi règne et gouverne, et qu'il ait de réels pouvoirs. En ceci, la royauté française s'est distinguée depuis des siècles des deux royautés voisines, l'anglaise et l'espagnole, dans lesquelles l'Histoire a fait que, très tôt pour la première (durant le Moyen-Âge), et à partir de la Renaissance pour la seconde, les Rois ont vus leurs pouvoirs réels fortement diminués par rapport aux Rois de France. Le processus s'engage dès la lutte avec leurs Barons pour les Rois d'Angleterre, et la fameuse Carta magna; quant à l'Espagne, dès l'arrivée des Habsbourgs, aux tous débuts du XVIème siècle, elle n'a plus de dynastie nationale et les rois, d'origine autrichienne d'abord, française ensuite, doivent composer avec des résistances "nationales" très fortes.

            Il est donc clair que les héritages historiques de ces trois royautés européennes (anglaise, espagnole et française) sont très différents et que, en ce qui nous concerne, si la Royauté était ré-instaurée, ce serait en conformité avec nos traditions : nous voulons, certes, un Roi arbitre et pacificateur, assurant le service de représentation et d'incarnation de la Nation; rôle que lui donnerait le temps long assuré par cet espace a-démocratique au-dessus des partis que nous appelons de nos voeux. Mais ce Roi devra être aussi acteur et moteur, et jouer un rôle décisif, dans la reconstruction totale de la Société à laquelle nous aspirons. Une société, comme l'a expliqué Pierre Boutang d'une façon limpide, dans laquelle "l'homme ne sera plus empêché de vivre naturellement". On voit bien que, par là, notre projet royal est fort différent, et fort éloigné, de ce que l'on peut voir actuellement en Espagne ou en Angleterre... 

            Mais il y a comme une sorte de deuxième partie dans les propos de Théodore Zeldin, que l'on ne peut réellement pas laisser passer sans réagir. Après une assez longue digression sur la famille et deux ou trois sujets d'intérêt -soyons francs - mineurs, il dit ceci :

            "Pourquoi n'y a-t-il pas de monarchie en France ? Votre destin est d'avoir eu des prétendants stupides qui n'ont pas su naviguer avec l'opinion..." et, juste après "...la France a inventé la notion de république moderne".

            Libre à Zeldin de considérer comme "moderne" notre Système idéologique qui a si mal vieilli, qui a échoué, et qui a recréé, hic et nunc, dans la France de 2011, une "société bloquée" (le mot est de Chaban-Delmas, et date des années soixante-dix !), dans laquelle pullulent Bastilles et privilèges, et l'arrogance des nouvelles féodalités qu'un État idéologique, obèse et impuissant a laissé se développer. C'est maintenant aussi, et encore, que nous sommes en 1789, paralysés et bloqués par les intérêts égoïstes des privilégiés, qui empêchent toute libération des énergies fécondes du peuple français, stérilisées par l'incurie du Système : cela, Zeldin ne le voit pas, et trouve même que c'est "moderne"; c'est son droit mais, à ce stade-là, nous ne pouvons rien pour lui....

            Venons-en maintenant à cette partie de son propos, que nous jugeons surprenante, concernant ces "prétendants stupides", et disons pourquoi nous la jugeons irrecevable. Pour ne prendre que ces deux exemples, ni Philippe VIII, ni Henri VI ne furent "stupides", pas plus que Maurras et l'Action française qui les ont toujours soutenus : tous ont sincèrement et réellement voulu la royauté, et voulu la faire, et oeuvré en ce sens. Ils se sont heurtés à la force des illusions et des nuées qui, bel et bien mortes aujourd'hui (Zeldin le dit, au début : "les idéologies sont finies : le communisme est mort"), étaient toute puissante à leur époque, au point de bloquer leur action; et, de plus, ce qu'oublie de dire Zeldin, c'est que la république gouverne mal mais se défend bien... Il est donc injuste et, tout simplement, faux, de prétendre, ou de sous-entendre, que l'échec de l'instauration de la Royauté en France s'expliquerait aussi et entre autre, finalement, par la stupidité des "prétendants", mot qui, du reste, et cela a été dit cent fois, ne convient pas et qui est absurde. Il y a des Princes, et une Famille de France, et un "Héritier des siècles" (le mot est de Chateaubriand) qui incarne et représente sur la durée et le temps long la réalité de cette Patrie charnelle qu'est notre France. Là aussi, on est très loin de la pauvreté, à tous les sens du terme, du mot "prétendant" qu'emploie Zeldin..... (à suivre...)

  • Zemmour/C News : esclavage, économie, Jaurès, Le Puy du Fou.

    1. Abolition de l'esclavage (après que 2 statues de Schoelcher aient été vandalisées aux Antilles). Un rappel bienvenu par Zemmour et toujours utile à répéter : l'esclavage a concerné toutes les civilisations mais son abolition n'est le fait que de l'Europe. Il se pratique encore couramment aujourd'hui en terres d'Islam mais là nos censeurs du politiquement correct ne disent rien....

    Eric Zemmour: "Le monde entier a pratiqué la colonisation"

    A Guy Bertran de Balanda, à l'origine de cette chronique télévisuelle"...

    2. Sur l'économie : il faudra bien en finir un jour avec ces ruineuses et stupides 35 heures. Ce sont elles qui ont désorganisé l'Hôpital, bien avant les coupes budgétaires insensées et les économies ruineuses des suppressions de lits... La question a une nouvelle fois été posée : où va donc notre argent puisque la France est le pays le plus taxé du monde ? Zemmour a raison : "c'est le Système qui organisé comme çà... Le Système donne à tout le monde"; et par "monde", il faut comprendre "étrangers" (rappel : il y a 2 millions de fausses cartes vitales en circulation...).

    3. Jaurès et ses nuées. Marc Menant a rendu hommage sans le nommer à l'Action française qui a fait "passer" la "loi des 3 ans". A l'époque, il y a 60 millions d'Allemande pour 40 millions de Français et le Kaiser arme à outrance. Sans cette "loi des 3 ans", la France n'aurait pas eu assez d'hommes à lui opposer. L'Action française jouait donc en fonction du Bien commun et de l'intérêt national, là où Jaurès, utopiste honnête mais inconscient, croyait dur comme fer que les ouvriers allemands empêcheraient Guillaume II de faire la guerre. Quelques semaines après son assassinat, l'Allemagne attaqua la France et les ouvriers allemands étripèrent allègrement les ouvriers français qui le leur rendirent bien. Marc Menant cite Maurras, qualifiant avec justesse Jaurès de dernier représentant de l'Humanité dépassée...

    4. Le Puy du Fou. Il est bon que ce lieu soit rouvert car il n'a rien à voir avec Disney land (qui ne l'est pas...) : Disney Land n'est qu'un parc d'attractions alors que le Puy du Fou est un lieu d'Education à la Culture, à l'Histoire, à nos Traditions et à notre Identité. C'est ce qui explique les hurlements de l'extrème gauche révolutionnaire qui veut du passé faire table rase. Pour une fois, Macron fait une bonne chose.

  • Feuilleton : ”Qui n 'a pas lutté n'a pas vécu”... : Léon Daudet ! (130)

     

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    Aujourd'hui : Loi des 3 ans : l'AF contre Jaurès...

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    ndlr : ce sujet a été réalisé à partir d'extraits tirés des dix livres de souvenirs suivants de Léon Daudet : Paris vécu (rive droite), Paris vécu (rive gauche), Député de Paris, Fantômes et vivants, Devant la douleur, Au temps de Judas, l'Entre-deux guerres, Salons et Journaux, La pluie de sang, Vers le Roi...

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    Cette photo est l'une de celles que l'on voit le plus souvent, lorsqu'il s'agit de Jaurès.
    On l'y voit haranguant la foule, au Pré-Saint-Gervais, dans la banlieue nord de Paris, le 25 mai 1913.
    Le thème du Rassemblement, et du discours, est simple et clair : "contre la loi des 3 ans !...".
    C'est donc à un affrontement direct entre l'Action française - soutenues par d'autres mouvements "patriotiques" - et le socialisme utopique de Jaurès que l'on assista à cette époque; affrontement qui se termina par la victoire de l'Action française, puisque le président Barthou promulgua - en 1913, justement - cette "loi des 3 ans".
    Cette loi, indispensable, nous permit de supporter le premier choc de la ruée allemande, et d'opposer aux troupes du Kaiser un nombre suffisant de soldats, sans lequel la disproportion entre les deux armées eût donné, d'office, la victoire aux allemands.
    Mais Jaurès, sincèrement convaincu - jusqu'à l'aveuglement... - des vertus de "l'internationale socialiste" avait fini par se convaincre lui-même que "les prolétaires n'ont pas de patrie" et que jamais les travailleurs allemands ne lèveraient leurs armes contre les travailleurs français.
    À peine plus de trois mois après ce meeting du Pré-Saint-Gervais, Jaurès était assassiné, et, comme un seul homme, la marée humaine allemande, bourgeois et prolétaires confondus sous le même uniforme, se ruait sur le peuple français, pour l'étriper allègrement, au cri de "Nach Paris !" : "la pluie de sang", pour reprendre l'image de Daudet, commençait, preuve supplémentaire - mais que Jaurès n'avait ni comprise, ni admise - que les réalités sont nationales, non idéologiques...

    De Michel Mourre, "Dictionnaire Encyclopédique d'Histoire", page 2415 :


    "...(Jaurès) Certains de ses adversaires, comme Barrès, reconnaissaient en lui une grande force spirituelle et savaient lui rendre justice, mais son opposition à la politique coloniale et surtout sa lutte inlassable pour une réconciliation franco-allemande lui valaient la haine d'autres nationalistes, tels que Maurras et Péguy, qui le considéraient comme une dupe, sinon comme un complice, de la politique allemande..."

  • Voici un Conte, mais qui sait ? : ”Et si demain”... par Hilaire de Crémiers

    (Voici l'analyse politique d'Hilaire de Crémiers parue dans le numéro 103 - de janvier - de Politique magazine; très originalement, il y adopte, cette fois-ci, la forme d'un Conte; mais, comme disait Maurras, "seul l'extraordinaire arrive...".... Hilaire de Crémiers ayant choisi, avec bonheur, de parler cette fois sur le ton de la fantaisie et de l'inattendu, non dénué d'humour, nous essaierons nous aussi de faire preuve d'imagination et de fantaisie dans l'illustration de ce Conte, dans sa profondeur : voici, pour l'illustrer, l'Allégorie de la fresque du Bon gouvernement, de Lorenzetti, à Sienne....  )

            Ce qui devait arriver, arriva. Les bons esprits de la planète terre l’avaient prévu. L’agence de notation française La Capétienne, célèbre dans le monde entier pour la rigueur de ses critères et l’impartialité de ses jugements, avait fini par dégrader la note de la Chine et avait corrélativement placé les États-Unis en perspectives négatives. Un système bancaire déplorable, des mœurs financières inacceptables, des procédés commerciaux qui ressortissaient à l’antique flibuste, étaient cause de ce gâchis. Des faux crédits à tout-va, des déséquilibres commerciaux insensés, tout aggravait de jour en jour la situation, jusque et y compris la monétisation, non déguisée, de toutes les dettes, instituée en système de paiement. Le monde en pâtissait ; les risques devenaient incalculables. La Capétienne s’était engagée à alerter les autres puissances et toutes les nations secondaires qui faisaient naturellement confiance à son jugement. 

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    La philosophie de l’humanisme civique a une expression picturale célèbre, la  fresque du bon gouvernement, peinte dans la salle du conseil (Salle des Neuf ou salle de la Paix) du Palazzo Pubblico de Sienne par Ambrogio Lorenzetti  vers 1338 : il s’agit d’une « mise en image » de la doctrine thomiste du Bien commun.

    La fresque est composée de trois parties : l’allégorie du bon gouvernement proprement dite, sur le mur nord, les effets du bon gouvernement, sur le mur est, et l’allégorie du mauvais gouvernement, du gouvernement tyrannique et les effets du mauvais gouvernement sur le mur ouest.

    1. Sur le mur Est (ci-dessus), on voit l'allégorie des effets du bon gouvernement : ces effets bienfaisants sont peints sous les couleurs les plus douces : les vertus dansent dans la ville où les citoyens et citoyennes se croisent et devisent, où les artisans s’affairent pendant que les écoliers étudient. La prospérité règne dans la campagne ; les portes de la ville sont ouvertes, les échanges peuvent se faire facilement.

            La France qui était encore, il y a quelques années, presqu’inconnue de l’Américain moyen et de l’Asiate innombrable, n’avait cessé de gagner en prestige. Cela faisait cinq ans qu’elle avait opéré un redressement spectaculaire. Un de plus qui se rajoutait à la liste de ceux qui avaient rythmé son histoire millénaire.

            Il faut dire qu’après les élections présidentielles de 2012, tout avait été catastrophique. La crise monétaire avait aggravé la crise économique qui avait provoqué la crise sociale qui avait déclenché la crise politique qui avait accéléré la crise institutionnelle. Faillites en série, chômage de masse, misères sociales et humaines, insécurité généralisée, saccages, administration en panne… Bref, le lot commun des pays qui ne marchent plus. Cela datait déjà d’avant 2012, puis avait soudainement empiré, et après, avait duré longtemps, trop longtemps… Et les Français s’étaient lassés. De ce mal avait surgi un bien. Plus aucune promesse électorale en ces temps-là ne les satisfaisait. Et le régime des partis qui, lui, prospérait dans cette chienlit, les écoeurait.

            Cependant était apparu un puissant courant de pensée qui profitait des moyens les plus modernes de diffusion et de communication. Là, dans ce courant, les leçons politiques tirées de l’histoire et de l’actualité s’exprimaient librement. Cette nouvelle liberté de l’esprit dont tout à coup les Français se rendaient compte que le régime partisan les avait totalement privés, leur faisait le plus vif des plaisirs et excitait leur juste fierté. Le régime dans le passé leur avait appris assidûment à se détester eux-mêmes et voilà que sans crainte aucune ils apprenaient maintenant à s’aimer, à aimer leur histoire, leurs arts, leur civilisation. 

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    2. Du côté opposé, sur le mur Ouest, L'allégorie du mauvais gouvernement montre le pouvoir tyrannique qui foule aux pieds la justice et dont les effets sur la vie commune sont la désolation et faim dans les campagnes et les massacres en ville. Le dirigeant démoniaque de la cour maléfique s’appelle Tyrannie : il tient prisonnière à ses pieds la Justice. Les effets qui en dérivent sont la misère, les abus, la destruction et la famine, dans une ville où le seul artisan est le forgeron qui fait les armes.

    Lorenzetti a inscrit lui-même les devises de sa loi sous les fresques du Mal Governe :
    I. Pour faire son bien sur la terre, la Tyrannie a soumis la justice : nul ne passe par là sans risque de la mort.
    II. Où est Tyrannie, Guerre, Vol et Dol prennent force près d’elle.
    III. La Tyrannie s’accorde avec tous les vices liés à la nature. 

     

            À un certain moment ce courant de pensée avait eu le courage de se dire enfin  "politique"… oui, politique ! Non plus une de ces œuvres de bienfaisance, d’ailleurs remarquables et nécessaires parmi tant d’autres, où des autorités intéressées essayaient constamment de les cantonner. De crainte que… "De crainte que quoi ?" s’étaient dit un jour ces Français-là ; et ils avaient ri du grand rire libérateur ! Pour en finir avec le régime des partis, ils avaient poussé la témérité, ces honnêtes gens, incapables de quelque mauvais coup que ce soit, oui, la témérité jusqu’à se proclamer, eux, "le parti des politiques", à l’instar de celui qui au xvie siècle avait mis fin aux querelles partisanes en imposant par l’intelligence et la douceur la seule solution nationale qui réponde à la question institutionnelle en France, la solution royale. 

            Il se trouva dans la même période qu’il y eut un prince de la dynastie nationale qui depuis un certain temps se faisait connaître. 

            Il fut évidemment reconnu pour ce qu’il était : le prince français, le prince chrétien. Il était marié ; il y avait une princesse ; ils avaient des enfants ; lui se préparait à ce qu’il appelait sa mission.

            Les choses se firent tout simplement par la rencontre d’un peuple et d’un prince. Selon une habitude française tellement immémoriale qu’elle en était inconsciente, ce fut Hugues Capet qui servit de modèle. Les Français avaient bien compris ce que leur histoire leur dictait. Hugues Capet lui-même, en son temps, ne s’était-il pas inspiré du modèle de Clovis, premier roi catholique et franc ? Ce modèle de Clovis avait été transfiguré par la légende que les archevêques de Reims, Hincmar et Adalbéron – des évêques courageux et intelligents, c’est toujours utile ! – avaient réussi à magnifier et à établir comme règle politique suprême. 

            Pendant mille ans, ce fut la règle d’or des institutions françaises ; il n’en était point d’autre. Depuis lors – et le "parti des politiques" avait bien insisté dans sa campagne sur cet ensemble de certitudes roboratives – sous les premiers Capétiens, sous les Valois, sous les Bourbons, tous les redressements français avaient obéi à la même loi. C’était tellement clair ! 

            Restauration de l’autorité, instauration concomittante du pouvoir du prince, sacralisation de ce principe souverain, rétablissement de l’ordre et de la sécurité, rénovation de la justice incarnée dans l’arbitre suprême, fin des querelles partisanes, le travail et les arts remis à l’honneur, vastes conceptions présidant à l’organisation et à la prospérité du royaume, habile politique étrangère assurant à la France sa liberté, sa prépondérance et son rayonnement dans le monde.

            Répété à chaque grand redressement dans l’histoire, cet enchaînement d’évidences si naturelles constituait le plus précis des programmes politiques. Pourquoi chercher ailleurs ?

            Ainsi, les Français avaient compris l’essentiel de leur histoire et de leur destin. La République en France, pour reprendre l’expression du vieux Bodin, ne pouvait être que royale. Dès que l’autorité de leurs rois avaient faibli pour une raison ou pour une autre, aussitôt les Français s’étaient divisés. À chaque fois, ils s’étaient jetés avec délectation et fougue, puis avec acrimonie, violence et haine dans la lutte des partis. Les expériences qui suivirent la Révolution le démontrèrent amplement. 

            Elles finirent toutes mal : banqueroute, défaite, désastre, effondrement politique jalonnent cette triste histoire, cependant encore brillante. Preuve a contrario de l’inaltérable loi française, à chaque fois que la République non royale voulut se sortir de ses impasses, elle se donna pour s’illusionner comme une imitation de pouvoir royal, le plus semblable possible à l’original mais qui avait le défaut essentiel de ne l’être pas. Ainsi des deux Bonaparte, des maréchaux, du général et de tous ces présidents de la Vème République qui, tout en se disant démocrates, ne pouvaient faire autrement que de se façonner sur la figure monarchique dont l’institution suprême portait le caractère indélébile. Ils voulaient faire les rois et ils ne l’étaient pas ! D’où les déconvenues ! 

            Eh bien, ces à peu-près, il n’en fut plus question. Les Français n’en avaient plus voulu. Ils s’étaient portés spontanément vers l’héritier naturel des lys. La règle d’or royale avait été institutionnalisée. Elle avait l’avantage d’être brève et suffisante.  Elle faisait l’unanimité.

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    3. Le mur Nord montre L’Allégorie du bon gouvernement, clairement divisée en deux parties, et qui se lit de gauche à droite : la partie gauche est dominée, en haut, par la « sapientia », la Sagesse nécessaire à la bonne organisation de la vie publique. Elle tient en main le livre de la sagesse, certainement un des livres de la Bible, connu aussi sous le titre La sagesse de Salomon, un livre qui commence par l’éloge de la justice et s’adresse à ceux qui veulent juger ici-bas. La dimension religieuse est évidente, mais on aurait tort de réduire la fresque à cela, et, du reste les deux fresques latérales concernent principalement la vie profane et le bon gouvernement se juge précisément à ses effets sur la vie quotidienne.

    La Sagesse ici est donc tout aussi bien la sagesse que cherchent les philosophes et elle s’inscrit parfaitement dans la tradition humaniste qui renoue le fil entre la tradition proprement chrétienne et l’antiquité gréco-latine, en l’occurrence principalement romaine.

    Du livre de la sagesse part un fil qui conduit, juste en dessous à la Justice, entourée des plateaux de la balance. Sur un plateau de la balance, un ange récompense les mérites et pose une couronne sur la tête d’un homme ; mais juste à côté, elle punit un autre homme qui a la tête tranchée avec une épée. Sur l’autre plateau, un ange semble donner ou recevoir un objet mal déterminé à deux personnages. L’ange de gauche, surmonté du mot DISTRIBVTIVA punit les coupables et récompense par les honneurs et la gloire ceux qui sont méritants. Ce que fait l’ange de droite, surmonté du mot COMUTATIVA n’est pas bien clair. L’un des deux personnages tient des objets qui pourraient ressembler à des piques, l’autre tient un coffre ou une balle de tissu, et serait peut-être un drapier.

    De la Justice le fil passe à la Concorde, figure féminine assise qui tient un rabot. Tout part de la justice : la concorde dépend d’elle. Le fil est alors pris par un groupe de vingt-quatre personnages, tous de même taille, qui constituent la partie inférieure de la fresque et se dirigent vers sa deuxième partie. En tenant le fil, les vingt quatre personnages sont liés, mais ils ne sont pas attachés. C’est volontairement qu’ils se lient entre eux par le fil de la concorde. Le rabot que tient la Concorde symbolise le nécessaire nivellement des citoyens : les conflits doivent être aplanis. Par opposition, dans le mauvais gouvernement, on a la figure de la Discorde qui tient la scie qui divise les citoyens et les pousse les uns contre les autres. Il est donc clair que la concorde est tout à la fois la condition et l’objectif de la vie commune et celle-ci dépend de la justice.....

     

            Le Prince régnait et gouvernait. Et les Français en étaient heureux. C’est qu’ils voulaient un vrai roi. Au fond cela faisait plus de deux cents ans qu’ils l’attendaient.

            Toutes les réformes avaient été expédiées sans inutiles atermoiements. La fiscalité avait été simplifiée, la justice rapprochée du citoyen, la politique pénale définie avec vigueur et humanité, et les familles avaient retrouvé leur liberté, les patrimoines étaient garantis, l’économie relancée par un encouragement constant à toutes les entreprises, les lois sociales réaménagées dans le souci du bien commun, les territoires restructurés selon l’histoire, la géographie et les liens économiques, les "pays" et les régions étaient devenus des collectivités réelles de plein exercice ; il n’y avait qu’une seule Alsace ainsi que l’avaient décidé les Alsaciens avant même les évènements, une seule Corse, une seule Normandie, une seule Bretagne, un seul Poitou, etc… La représentation qui fut le grand échec de la Révolution et de toutes les républiques à cause du caractère idéologique de la sélection, avait trouvé enfin son principe de réalité par l’incorporation de toutes les représentations sociales, professionnelles, associatives et territoriales.

            Les arts étaient remis à l’honneur. Le Palais des Tuileries avait été reconstruit et dans les jardins sous la façade les petits princes jouaient avec les enfants parisiens.

            Du coup, la France remplissait son rôle dans le monde. Ses armées dont le roi était le chef naturel avaient une place de choix au cœur de la nation. Le rayonnement de la France la resituait au centre des politiques mondiales. Avec un roi de France, l’Union pour la Méditerranée avait trouvé sa vraie raison d’être. La France avait parlé comme il convient au Moyen-Orient. Elle avait en Afrique une influence bienfaisante, loin des trafics et des horreurs qui avaient suivi la décolonisation. L’Europe n’était plus un conglomérat informe de technostructures inhumaines ; elle se reconnaissait avec sagesse dans un héritage et elle se réalisait dans des projets communs selon les affinités et les besoins. Point de totalitarisme économique, financier et politique. Les crises en avaient été naturellement apaisées. 

            Ne restait plus finalement que ce problème sino-américain : une rivalité qui ne cessait de s’exacerber. L’agence de notation La Capétienne était indépendante du roi de France ; mais elle en avait les principes. Et ces principes étaient hautement politiques. Cela se savait. Son intervention n’était point faite pour le plaisir de détruire, mais pour mettre en garde contre des entraînements funestes. Les Chinois eurent la sagesse de le comprendre : Confucius avait en Chine destitué Marx. La paix valait mieux que la guerre.

            Quant aux États-Unis, ils reçurent le roi de France en visite officielle. Il eut un entretien avec le Président et il s’adressa publiquement aux représentants des deux chambres. Il leur parla de Louis XVI, de la fondation des États-Unis, de la liberté des mers et de l’équilibre du monde. Le peuple américain est un peuple qui s’enthousiasme. L’enthousiasme fut tel que sa politique en changea. Enfin suffisamment pour que le monde continue…

            Moralité de ce conte : faisons tout pour avoir un jour une agence de notation à nous qui s’appelle La Capétienne. La France et le monde s’en porteront mieux. Sinon à quoi sert de gémir ? Crions plutôt Noël !  ■ 

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    La deuxième partie de l’allégorie est dominée par une imposante figure royale, dotée d’un sceptre et d’un bouclier. Au-dessus de cette figure, nous avons les allégories des vertus théologales, la foi, la charité et l’espérance, la charité occupant la position la plus élevée puisqu’elle est par excellence la vertu chrétienne : c’est finalement elle qui gouverne toutes les autres. Quittons maintenant le ciel pour descendre sur Terre. Aux côtés de la figure royale siègent les allégories des vertus cardinales, force, tempérance, prudence et justice ; on trouve aussi une allégorie de la paix et une autre de la magnanimité…

    La figure royale n’est pas le Bien Commun aristotélicien mais plutôt une représentation du pouvoir politique lui-même. Majestueuse et puissante, c’est la figure du pouvoir politique souverain, une représentation de la Seigneurie de Sienne ou du Conseil des Neuf lui-même, puisque la fresque était destinée à la salle où il se réunissait. Mais il faut préciser que ce pouvoir souverain n’est pas un pouvoir absolu. Si on lit la fresque de la gauche vers la droite en suivant le sens de la marche des citoyens (ou si on la lit comme un livre), le pouvoir souverain doit sa grandeur au fait qu’il est soumis lui-même à la Justice et aux exigences de la Concorde. La grandeur du pouvoir politique lui vient de ce qu’il est l’incarnation du pouvoir des lois.

    Dans la partie inférieure, on peut voir des hommes en armes qui veillent à la sécurité des citoyens, des prisonniers enchaînés – par opposition aux citoyens honnêtes qui tiennent volontairement le lien de la concorde, et encore des seigneurs qui viennent se soumettre à la Seigneurie siennoise et renoncent à leur pouvoir au profit de celui de la Commune.

  • Dans votre quotidien, cette semaine...

    LAFAUTEAROUSSEAU sans inscription.jpg        Mercredi, 15 août, racines chrétiennes obligent, comme pour le jour de Pâques et le jour de Noël, Lafautearousseau fait relâche à sa façon : en ne publiant aucune note, mais en offrant à ses lecteurs un document de qualité sur la Vierge Marie : cette année, Notre-Dame du Saint Cordon, de Valenciennes, accompagnée d'une strophe de Frédéric Mistral (provençal et français).

            Lundi et vendredi, poursuite de la publication de notre feuilleton de l'été : L'aventure France racontée par les Cartes... : lundi, fin de notre Moyen-Âge (de Philippe Auguste à Louis XI) et, vendredi, de François premier à Henri IV.

            Mardi un coup d'oeil sur la situation au Mali, ou comment les comportements erratiques de notre récente politique extérieure (?) ont, en fait, amené tout près de chez nous ce terrorisme à la mode de l'Afghanistan que nous étions  censés être allés combattre si loin... 

            Jeudi, la deuxième et dernière chronique de Jacques Bainville consacrée à Rousseau (la première est ici) dans L'Action française : avec le texte de Gérard Leclerc sur lui (Jean-Jacques, l'éternel incompris), que nous avons publié récemment, et le Grand Texte de Maurras (Jean-Jacques, faux prophète), qui sera suivi d'un second en septembre, Rousseau a, décidemment, de la chance que nous existions, car quasiment personne - en tout cas "d'officiel"... - n'a parlé de lui pour son tri-centenaire : sic transit...

             Plus une note courte chaque jour sur un aspect marquant de l'actualité (déclarations, faits et gestes importants, évènements marquants..)

             Et, bien sûr, en fonction de l'actualité qui prime, notre réaction immédiate, et à chaud, sur ce que la semaine nous réserve, et dont nous ne savons pas encore que nous allons parler.

            Bonne semaine à tous, et bonne lecture !