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  • Vous avez dit : « autrement » ?

     

    Il paraît que les résultats des élections régionales exigent que l’on fasse désormais de la « politique autrement ». A gauche et à droite, c’est plus qu’une promesse, c’est une certitude : « Plus rien ne sera comme avant », a-t-on répété à satiété, de Jean-Christophe Cambadélis à l’inénarrable Christian Estrosi, élu en PACA avec les voix de ses « adversaires » de la veille, socialistes et écologistes. Drôle d’« autrement » qui consiste à priver des millions de citoyens d’une victoire acquise le plus démocratiquement du monde en vertu d’une intimidation intellectuelle maquillée sans scrupule en « front républicain »…

    Si le procédé possède un air de déjà-vu, la nouveauté réside dans le fait qu’avec 6 millions de voix au premier tour, soit 27% des inscrits, un record historique pour lui, le FN est aujourd’hui le premier parti de France – celui des abstentionnistes étant hors catégorie. On s’en doutait, mais les régionales sont venues confirmer cette réalité désormais incontournable de la vie politique française. C’est le premier enseignement de ces élections.

    Deuxième enseignement : la corrélation entre le vote FN et le chômage, établi au soir du second tour, ne tient pas la route. Elle permet seulement aux commentateurs autorisés d’éviter d’aborder franchement les sujets qui fâchent, en particulier l’immigration qui est aujourd’hui une des principales préoccupations des Français. D’ailleurs, plus qu’un simple témoignage d’adhésion aux thèses frontistes, discordantes selon qu’on est au nord de la France ou au sud, le vote FN est un sursaut du pays réel face à ce qui est ressenti comme une dislocation de la société. Sursaut que l’opposition entre « patriotes » et « mondialistes » ne traduit qu’imparfaitement.

    Troisième enseignement. Dès lors qu’il est en position favorable au premier tour, le mouvement de Marine Le Pen se heurte à un « plafond de verre », c’est-à-dire que sa réserve de voix est insuffisante pour l’emporter au second tour. Ce qui devrait l’amener à se poser la question des alliances car personne ne peut gagner seul contre l’ensemble coalisé des forces politiques et médiatiques.

    Quatrième enseignement qui découle du précédent : le battage idéologique de l’entre-deux tours permet d’illustrer le mot de Jacques Julliard selon lequel la gauche détient en France, à travers les institutions étatiques, politiques et médiatiques, « le monopole de la parole légitime ». Un Laurent Wauquiez l’a compris qui ne s’embarrasse plus de gages à donner au politiquement correct. Mais il est bien isolé au sein de la droite dite « républicaine » où Nicolas Sarkozy tergiverse et ne semble plus savoir à quelle stratégie se vouer.

    Conclusion : le PS, bien que largement minoritaire, n’est écrasé ni par le FN, ni par Les Républicains. Au point qu’une victoire socialiste en 2017 redevient envisageable, et même probable. Pour le candidat de la gauche – mais il faudrait dire du « système » – le tout sera d’arriver jusqu’au second tour où, face à Le Pen quasiment certaine d’y être, il donnera la grosse artillerie de la « République en danger » et de la « politique autrement ». Les véritables gagnants de ce scrutin, Manuel Valls et François Hollande, s’y voient déjà. Ainsi, le piège imaginé par François Mitterrand, non seulement pour diviser la droite mais plus encore pour étouffer toute réaction à l’hégémonie culturelle de la gauche, continue de remplir sa fonction au-delà même de ce qui était imaginable. « Plus le Front national sera fort, plus on sera imbattable », disait Pierre Bérégovoy au début des années 90. C’était il y a presque trente ans… C’était hier. C’est toujours aujourd’hui. 

    Politique magazine - Editorial, janvier 2016

  • Terrorisme & Société • Attentats évités ? Le pire est à venir

     

    Une réflexion de Dominique Jamet

    Face aux menaces grandissantes, aux coups reçus, aux carnages subis, à la certitude de leur renouvellement, à la perspective de longues années de crainte où l'insouciance ne sera plus de mise, un peuple se soumet ou se ressaisit. Qu'en sera-t-il du peuple français ? Son Histoire plaide pour le sursaut. Mais se répétera-t-elle ? Le peuple français sera-t-il seulement capable de résistance et de réaction en l'état actuel de décomposition structurelle et mentale de la société civile ? N'est-il pas, d'autre part, trahi par ses élites, stérilisé par son système politique ? La France pourra-t-elle s'en sortir sans transformations radicales, sociétales, politiques et institutionnelles ? Telle est la troisième série de réflexions à laquelle nous conduisent celles, au nombre de deux, que développe ici Dominique Jamet avec son habituelle lucidité.   LFAR 

     

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    « Fusillade sur la Grand-Place de Bruxelles : cinq policiers et trois passants innocents tués »… « Carnage à Munich : trente-cinq morts dans les attentats-suicides de la gare principale »… « La bombe du tueur fou de New York fait vingt-trois victimes sur Time Square »… « Ankara : le massacre de la Saint-Sylvestre »… « Djakarta : le terrible bilan de la prise d’otages »…

    Autant de gros titres, autant d’éditions spéciales du journal télévisé, autant de faits divers sanglants, autant de nouveaux drames, autant de nouveaux deuils auxquels, s’il faut en croire les informations diffusées par les autorités des différents pays concernés, nous avons échappé de plus ou moins près, à la veille du Nouvel An, grâce aux précautions policières ou aux arrestations préventive qui ont fait échouer les plans des fanatiques. Partie remise ?

    Les attentats déjoués, les attentats évités – de justesse ou non – ne laissent pas plus de souvenirs dans les esprits que de traces de sang sur les trottoirs de nos villes, et c’est fort bien ainsi. Mais les alertes de cette fin d’année 2015 incitent à deux types de réflexion.

    On a abondamment et peut-être même surabondamment daubé les insuffisances et les ratages des services de renseignement occidentaux, et notamment français ou belges lorsqu’il est apparu que la quasi-totalité des auteurs des pires attaques perpétrées ces dernières années, de Khaled Kelkal aux frères Kouachi en passant par Mohammed Merah, Coulibaly, Abaaoud, Mehdi Nemmouche, étaient dûment repérés, signalés, fichés comme radicalisés, dangereux. Ces critiques étaient compréhensibles et probablement inévitables, après coup. On n’a pas toujours pris en compte le cloisonnement et le manque de moyens des services concernés, le manque de volonté et de directives au sommet des États, et les deux difficultés majeures que constituent d’une part la disproportion entre les effectifs disponibles pour la surveillance des suspects et le nombre de ceux-ci, d’autre part l’incompatibilité entre les contraintes propres aux régimes démocratiques et la mise hors d’état de nuire des criminels potentiels avant qu’ils ne soient passés aux actes. Autant de raisons qui appellent et justifient le renforcement des moyens humains et matériels des forces de l’ordre et l’adoption de mesures d’exception liées à des circonstances exceptionnelles. La moindre impartialité nous commande de prendre également en compte, dans la mesure du possible, les succès discrètement enregistrés par la police et la neutralisation d’un certain nombre d’assassins en fait ou en devenir, la partie immergée de l’iceberg.

    Deuxième réflexion : en difficulté, voire en recul sur le terrain, Daech redouble de nocivité et cherche à compenser ses échecs militaires par des attentats aussi spectaculaires que possible. Le groupe État islamique a donné clairement mission à ses adeptes, peu visibles et parfois même fondus dans la masse de la population, de frapper aussi fort et aussi souvent qu’ils le peuvent. Les serpents et les fauves ne sont jamais aussi dangereux que lorsque, blessés, acculés, ils se sentent perdus. Ce qui pourrait passer pour une démonstration de force n’est parfois que le sursaut du désespoir. Ne nous faisons pas d’illusions pour autant. Nous sommes encore loin de l’hallali. Le pire est encore à venir et il en sera ainsi, pour reprendre la citation bien connue où Brecht visait une autre malfaisance, tant que sera fécond le ventre d’où a surgi la bête immonde.  •

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      Journaliste et écrivain - Boulevard Voltaire
  • Nous ne sommes pas tous Charlie, nous sommes tous la France

     

    TRAVAUX DIVERS.jpgAu lendemain de la tuerie du 7 janvier, nous étions presque seuls parmi les médias à refuser de nous dire Charlie. La manœuvre de récupération, de déviation de toute réaction nationale qui eût été purement française, au profit de l'idéologie dominante, nous paraissait évidente. Il n'était pas question d'emboîter le pas à la stratégie imaginée par les cercles du pouvoir pour empêcher, stériliser, parer à un mouvement spontané du peuple français contre le terrorisme islamiste et contre ce Système qui le rend possible.    Sur les responsabilités, sur la déstabilisation profonde de la société française par la folie de notre politique migratoire des quarante dernières années, sur les risques tragiques qu'elle crée, sur notre refus d'ériger en absolu la liberté d'expression, de ne lui fixer aucunes règles ni limites, nous n'avons rien à retrancher de ce que nous écrivions le 8 janvier 2015 au matin. Hélas, on le sait, la situation n'a fait qu'empirer depuis.  LFAR

    Quand on laisse entrer chez soi, en un laps de temps relativement court, des millions d’immigrés venus d’un autre continent, nés d’une civilisation radicalement différente, guidés par les mirages d’un niveau de vie que leur misère originelle rend terriblement attrayants et qui n’ont que peu de sens et de respect de ce que sont les mœurs, les lois, les traditions du pays où ils arrivent, quand on en a soi-même largement perdu l’amour et la pratique, il n’ya pas de quoi être étonnés des troubles et des violences qui se produisent inéluctablement. C’est la première réflexion qui nous vient à l’esprit après les évènements tragiques d’hier, à Paris. Il y a longtemps, ici, en effet, que nous mettons en garde contre la politique d’immigration de la France, devenue plus périlleuse encore du fait de la crise économique et du laxisme de nos gouvernants. Du fait, aussi, d’un certain nombre de nos erreurs - de graves erreurs - en matière de politique étrangère. Il y a longtemps que nous signalons à quel point notre République vit sur une poudrière et qu’il peut arriver un temps où le travail de nos services de sécurité ne suffira plus à empêcher la multiplication des violences et des attentats. Ce temps est peut-être arrivé et il ne faut pas manquer d’en rechercher les causes, d’en marquer les responsabilités. Certes, tous les musulmans de France ne sont pas des terroristes. Loin de là. Nombre d’entre eux sont probablement en voie d’intégration. Et le réalisme devrait conduire, si nous en sommes capables, à les y aider, à les y encourager. Mais les risques de l’immigration massive demeurent ; elle est un terreau porteur de terribles dangers. Et, en tout cas, tous les terroristes qui menacent aujourd’hui la France le font au nom de l’Islam.    

    Notre seconde remarque est que la société de la liberté, de l’insolence et de l’irrespect que l’on nous prêche inlassablement depuis hier – mais liberté, insolence et irrespect factices et convenus qui cachent en réalité un profond conformisme et sont à sens unique – comporte en soi-même les germes de la dissolution et de la violence. Les médias, la pensée unique, ont immédiatement forgé, imposé le slogan « Nous sommes tous Charlie » et posé la « liberté d’expression » comme un absolu. Nous regrettons de dire que nous ne sommes pas de cet avis. Aucune liberté ne doit se considérer comme un absolu. Y compris la liberté d’expression, notamment celle de la presse qui ne devrait pas pouvoir manquer de s’imposer la règle, l’éthique, la déontologie qui donne à toute liberté sa définition et sa justification. C’est ce que Charlie Hebdo ne reconnaissait pas, ne s’imposait pas. L’on ne moque pas, selon nous, qui plus est de façon triviale, ce qui pour des milliards d’hommes, à tort ou à raison, constitue depuis des siècles des figures sacrées. Ainsi en est-il des figures de l’Islam, comme de celles du Christianisme. Les morts sont naturellement à regretter, leurs familles à plaindre. Mais – au risque de choquer – le coup porté à Charlie Hebdo ne nous paraît pas une perte de substance pour la France. 

    Nous ne sommes donc pas Charlie. Matteo Renzi, apportant le soutien de l’Italie, vient de déclarer : « On est tous la France ». C’est ce que, dans ces circonstances, il convient seul de dire et de penser.  •  Lafautearousseau

  • La reine et le président

     

    par Louis-Joseph Delanglade

     

    On peut reprocher à la monarchie britannique de n’être tout simplement pas une république ou, à l’inverse, de n’être guère plus qu’une sorte de démocratie couronnée. Il n’empêche… Jeudi 21 avril, M. Calvi consacre son émission quotidienne (« C dans l’air », France 5) à la Grande-Bretagne, fêtant ainsi à sa façon les quatre-vingt dix ans de la reine Elizabeth II. Un reportage parmi d’autres montre que l’éloge de la souveraine prononcé par M. Cameron à la Chambre des Communes soulève une approbation unanime : aucune opposition, même de la part des plus « républicains » des députés travaillistes. M. Calvi, (faussement ?) naïf, demande à ses invités si ce qui fascine de ce côté-ci de la Manche, ce n’est pas justement que les Britanniques, dans leur grande majorité et dans les grands moments de leur Histoire, se rassemblent ainsi autour de leur souverain(e), quand les Français ne font le plus souvent que se déchirer à propos de leur président.  

    On pourrait répondre à M. Calvi que désormais M. Hollande fait lui aussi (presque) l’unanimité, mais contre lui, son problème étant de prêter le flanc à toutes les critiques. Un reproche récurrent concerne son manque d’autorité, inquiétant pour un chef de l’Etat - même pas capable de se faire respecter par Mme Salamé, la journaliste mal élevée de l'émission « Dialogues citoyens » (France 2, 14 avril). De toute façon, ayant accédé à la fonction suprême en politicien démagogue du Parti socialiste, il a été bien évidemment incapable de tenir, dans presque tous les cas, ses fameuses promesses électorales (« Moi, président, je… »). Avec lui, ce n’est pas seulement un homme, c’est aussi le parti qui l’a mandaté et son idéologie qui font faillite sous nos yeux. 

    Mais pas seulement : tout un système donne l’impression d’être à bout. Il a souvent été reproché à la Ve République, par ses adversaires, d’être « monarchique ». Convenons que, par certains des pouvoirs qu’elle confère à son président et par son éloignement originel manifeste à l’égard des partis, elle a constitué un réel progrès par rapport aux IIIe et IVe Républiques. Cependant, trop faible dans ce qu’elle a de fort, elle aura été incapable de résister à la réappropriation du pouvoir par les grands partis. Le président élu aura au fond toujours été l’homme d’une faction, mais il est arrivé qu’il l’oublie; désormais, la mise en pratique d’une élection « primaire » a pour effet de favoriser et d’étaler au grand jour tous les calculs partisans, le résultat de l’élection elle-même y paraissant de fait subordonné : ainsi dit-on déjà que celui qui gagnera la primaire des « Républicains » sera élu contre Mme Le Pen au second tour ! 

    On peut se moquer des Britanniques et du charme désuet de leur monarchie. Ils se retrouvent pourtant en elle qui incarne, au delà des rivalités partisanes, l’unité du pays. Elle rassemble. « Notre » république peut bien proposer des concepts qui fleurent bon l’utopie (« Liberté, Egalité, Fraternité »), personne n’y croit. Elle reste le régime des partis, rien d’autre. Elle ne rassemble pas, elle oppose. 

     

  • Jacques Sapir : « Pour sortir de la situation de décomposition politique dans laquelle nous nous trouvons »

    Petit précis de décomposition politique

    Brexit, loi El Khomri, crise agricole, primaire…

    Sous ce titre, c'est une réflexion très intéressante que Jacques Sapir a donnée dans son blog [28.02], à la fois sur notre situation économique, sur la position de la France au sein de l'Europe, sur l'état de l'Union Européenne et de l'Euro, enfin sur le spectacle de décomposition accélérée qui affecte notre système politique. Et qui n'est d'ailleurs pas que spectacle, mais surtout réalité. L'analyse de Jacques Sapir nous intéresse à titre particulier. Nous aurions envie de dire qu'il la mène à la maurrassienne. Se défiant des partis, du Système, et en appelant en quelque sorte à la mobilisation du Pays réel, plutôt qu'à celle des politiques. A vrai dire, nous doutons beaucoup que le processus qu'il imagine et appelle de ses vœux pour que nous sortions « de la situation de décomposition politique dans laquelle nous nous trouvons » puisse réellement se développer dans le cadre du Système qui nous enserre. Pour nous, sans rupture avec notre actuel système de démocratie formelle, rien, en fait, ne se fera de décisif. Jacques Sapir ne va pas jusque là. Mais il y tend. Ce qui nous paraît déjà beaucoup.   LFAR    

     

    JacquesSapir.jpgLe désenchantement vis-à-vis du « rêve » européen perceptible sur l'ensemble du continent s'accompagne, en France, d'un spectacle de décomposition accélérée offert par le PS et Les Républicains.

    L’une des caractéristiques de la situation actuelle est le désenchantement vis-à-vis du « rêve » européen. L’Europe, et en particulier sous sa forme de l’Union européenne, ne fait plus rêver. Elle inquiète et elle fait même peur. Le « rêve » s’est transformé en cauchemar, d’Athènes à Paris, en passant par Rome, Lisbonne et Madrid. Les causes en sont multiples : chômage de masse, politiques d’austérité à répétition dont le poids est toujours porté par les mêmes, mais aussi montée des réglementations liberticides et des détournements de souveraineté, enfin des comportements scandaleux à l’échelle internationale comme on peut le voir dans la gestion calamiteuse de la question des réfugiés ou dans l’alignement sur la politique états-unienne avec le soutien apporté, de fait, aux néo-nazis qui sévissent à Kiev. Ce désenchantement se traduit par la montée des remises en cause de l’Union européenne, dont le débat sur une sortie possible de la Grande-Bretagne (ce que l’on appelle le « Brexit ») est l’un des exemples. Il provoque en retour la crise ouverte des élites politiques, et en particulier en France où la « construction européenne » avait depuis longtemps quitté le domaine de la raison pour entrer dans celui du dogme religieux. C’est ce qui explique le spectacle de décomposition accélérée que donnent les deux partis anciennement dominant de la vie politique française, le Parti « socialiste » et l’ex-UMP rebaptisé « Les Républicains ».

    Un PS incapable de faire le tri entre l’essentiel et l’accessoire

    Cette décomposition est aujourd’hui une évidence au sein du P« S ». La tribune co-signée par Mme Martine Aubry et quelques autres, tribune dont on a déjà parlé, en est l’un des symptômes [1]. Dans cette « rupture », qui semble bien aujourd’hui actée [2], entre deux lignes que pourtant tout rapproche et en particulier leur européisme, ce sont les querelles d’égo qui ont d’abord parlée. Et ceci est symptomatique d’une décomposition politique quand on n’est plus capable de faire le tri entre l’essentiel et l’accessoire, ou que l’on en vient à considérer les questions de personnes comme essentielles. De fait, la cohérence du gouvernement, et des partis qui le soutiennent, est déterminée par le vote du Traité sur la stabilité, la coopération et la gouvernance (le TSCG [3]), vote qui fut obtenu en septembre 2012 [4]. Ce Traité sur la stabilité, la coordination et la gouvernance, contient en réalité trois mensonges pour le prix d’un. Quelle stabilité, quand on voit dans le rapport récent du FMI [5] que les mêmes mécanismes qui ont été mis en œuvre depuis 2010 n’ont fait qu’aggraver la crise ? Quelle stabilité encore quand on voit la dépression que connaissent les pays en crise ? Parler de stabilité est ici un mensonge flagrant. Quelle coordination, encore, quand on sait qu’il n’y a de coordination qu’entre des agents libres et des Etats souverains, alors c’est à une autorité hiérarchique que l’on a affaire, et qu’il n’y a dans ce traité qu’asservissement à des agences dites indépendantes ? J’écrivais en octobre 2012 : « Ce Traité organise en fait le dépérissement de la démocratie en Europe avec la fin de l’autorité suprême des Parlements nationaux en matière budgétaire. Or, il faut s’en souvenir, c’est par le consentement à l’impôt que commence la démocratie. » [6]

    Quelle gouvernance, enfin, dans un Traité qui s’est avéré inapplicable et qui n’a pas eu d’autres fonctions que d’être violé à peine signé ? Mais ce traité désastreux a bien été l’inspiration des diverses mesures prises par François Hollande et ses divers gouvernements. C’était ce traité qu’il fallait combattre et non pas pleurer sur ses conséquences. Ceci ne rappelle que trop cette célèbre phrase de Bossuet qui s’applique, hélas, parfaitement à cette situation : « Mais Dieu se rit des prières qu’on lui fait pour détourner les malheurs publics, quand on ne s’oppose pas à ce qui se fait pour les attirer. Que dis-je ? Quand on l’approuve et qu’on y souscrit, quoique ce soit avec répugnance ». [7]

    Entre Fillon, Juppé, Le Maire et Sarkozy, où sont les différences ?

    Mais, la décomposition sévit aussi dans l’opposition. La « primaire » que les « Républicains » veulent organiser n’est pas seulement une injure aux institutions, dont ce parti devrait, de par ses origines, être le meilleur défenseur. Elle se traduit par une surenchère de petites phrases, des postures dont raffolent certains dirigeants politiques, le verbe haut et les coups bas. Car, entre MM. Fillon, Juppé, Le Maire et Sarkozy, où sont les différences ? Un peu plus ou un peu moins d’austérité ? Quelques cadeaux en plus ou en moins pour le Medef ? Le jeunisme brouillon contre la calvitie couverte d’erreurs ? Ce sera, toujours, le même alignement sur Bruxelles, sur l’Union européenne et sur l’Allemagne. Il faut espérer qu’une voix se lève pour faire entendre un autre discours. Mais, en attendant, nous avons droit au même spectacle que celui donné par les « Solfériniens ».

    Enfin, des histrions proposent des candidatures de fantaisies, comme celle de Nicolas Hulot, sans se soucier du programme qui pourrait la sous-tendre. Cette focalisation sur des personnalités est bien la preuve que nous sommes dans un espace politique complètement décomposé.

    Le dilemme européen : la déflation ou la disparition

    Pourtant, l’heure est grave. La situation de la France n’a d’égal que la crise que connaît l’Union européenne. Il suffit de lire ce qu’écrit un auteur « européiste », mais pourtant lucide, pour s’en convaincre [8]. Car cette crise qui perdure a une origine. Cette destruction de l’ensemble du cadre économique et social que nous connaissons en France vient de ce que l’euro favorise ou impose dans les différents pays membres. Mais, elle découle aussi du cadre politique implicite qui se met en place à propos de l’euro dans les pays de la zone euro. Aujourd’hui, la plupart des Européens sont désormais conscients des effets négatifs sur l’économie de la monnaie. On sait ce qu’elle entraîne, et ce qui était prévisible depuis près de dix ans [9] : croissance faible et montée du chômage. La crise de la zone euro est désormais une évidence, même pour les idéologues les plus bornés. Aucun des problèmes fondamentaux posés dès l’origine n’a été résolu, et leurs effets désormais s’accumulent. Les solutions partielles qui ont été proposées, et présentées comme des avancées historiques vers une Europe fédérale, posent en réalité bien plus de problèmes qu’elles n’en résolvent. La zone euro n’a plus d’autre choix que de s’engager toujours plus dans une politique de déflation, dont les conséquences cumulées sont redoutables pour les peuples des pays qui la composent, ou de disparaître.

    L’attractivité de l’euro mais aussi de l’Union européenne est en train de s’effacer. La faute en revient aux politiques d’austérité qui ont été mises en œuvres ouvertement pour « sauver » l’euro, c’est-à-dire pour résoudre la crise des dettes souveraines. Or, ces politiques ont plongé les pays qui les ont appliquées dans des récessions très profondes [10]. Il faudra que très rapidement les dirigeants des différents pays en prennent acte et soit trouvent des thèmes susceptibles de refonder cette attractivité, soit comprennent que l’on ne peut durablement faire vivre des institutions contre la volonté des peuples.

    Pour des Comités d’action de la révolte sociale

    Les quolibets et les insultes que le président de la République a subis au Salon de l’agriculture le matin du samedi 27 février sont exemplaires de l’exaspération d’une profession, mais au-delà des Français. Or, les problèmes de l’agriculture française, dont les sources sont multiples et où le rôle de la grande distribution est à signaler, seraient largement réduits si une différence de 40% s’établissait entre le franc retrouvé et le deutsche mark. Cela correspond à ce que donnent les calculs dans le cas d’une dissolution de la zone euro, soit une dépréciation de 10% pour le franc et une appréciation de 30% pour le DM. Notons encore que c’est l’Union européenne qui s’oppose à la signature d’accords garantissant les prix d’achat aux producteurs, au nom du sacro-saint respect de la « concurrence libre et non faussée ». Le gouvernement français aurait parfaitement les moyens de régler cette crise en jouant sur les prix et non par des suppressions de cotisations, qui ne sont que des palliatifs temporaires.

    La montée de l’exaspération populaire est aujourd’hui palpable, et sur l’ensemble des terrains. C’est ce qui explique le retentissement des manifestations du Salon de l’agriculture le 27 février. De la calamiteuse « loi Travail » à la situation dramatique des agriculteurs, de la révolte des enseignants contre la réforme du collège et le discours de l’Education nationale à la casse des services publics et de l’esprit public (avec son corollaire, la laïcité) sur l’ensemble du territoire, il est temps que ces diverses colères trouvent leur débouché politique. Ce débouché ne peut être qu’une position radicalement opposée à l’euro et renvoyant l’Union européenne à une réforme immédiate. Ce débouché doit prendre la forme d’un rejet immédiat des deux partis, le P« S » et les « Républicains » dont la cogestion de la France au sein de l’idéologie européiste a produit la situation actuelle. Cela impose de dire haut et fort que nous ne voterons en 2017 ni Hollande, ni Aubry, ni aucun des clones que nous produira cette « gauche » déshonorée, ni pour Juppé, ni pour Sarkozy, ni aucun de ces clowns issus de la matrice européiste.

    Cette convergence des luttes doit s’organiser, si possible avec l’aide des syndicats, ce qui serait naturellement souhaitable, mais s’il le faut sans eux. Un grand mouvement de Comités d’action de la révolte sociale est possible. Ces comités doivent avoir deux principes directeurs : la volonté de faire converger les luttes et le rejet clair et sans ambiguïté du cadre européen avec la volonté affirmé de retrouver notre solidarité. Telle pourrait être la meilleure sortie possible de la situation de décomposition politique dans laquelle nous nous trouvons. 

     

    1. Voir Sapir J., « L’indécence et l’impudence de la tribune de Martine Aubry » note publiée le 26 février in RussEurope, http://russeurope.hypotheses.org/4746
    2. http://www.lefigaro.fr/politique/le-scan/2016/02/28/25001-20160228ARTFIG00072-martine-aubry-et-ses-proches-annoncent-leur-retrait-de-la-direction-du-ps.php
    3. Voir le Traité sur la stabilité, la coordination et la gouvernance, dit TSCG, URL :http://www.consilium.europa.eu/media/1478399/07_-_tscg.en12.pdf
    4. Voir Sapir J., « Honneur au Soixante-dix », note publiée le 9 octobre 2012 sur RussEuropehttp://russeurope.hypotheses.org/266
    5. http://russeurope.hypotheses.org/253
    6. http://russeurope.hypotheses.org/266
    7. Bossuet J.B., Œuvres complètes de Bossuet, vol XIV, éd. L. Vivès (Paris), 1862-1875, p. 145. Cette citation est connue dans sa forme courte « Dieu se rit des hommes qui se plaignent des conséquences alors qu’ils en chérissent les causes ».
    8. Fazi T., « Why The European Periphery Needs A Post-Euro Strategy », 25 février 2016, https://www.socialeurope.eu/2016/02/bleak-times-ahead-for-the-european-periphery/
    9. voir J. Bibow, (2007), ‘Global Imbalances, Bretton Woods II and Euroland’s Role in All This’, in J. Bibow et A. Terzi (dir.), Euroland and the World Economy: Global Player or Global Drag?, New York (N. Y.), Palgrave Macmillan, 2007.
    10. Baum A., Marcos Poplawski-Ribeiro, et Anke Weber, (2012), « Fiscal Multipliers and the State of the Economy », IMF Working papers, WP/12/86, FMI, Washington DC. Blanchard O. et D. Leigh, (2013), « Growth Forecast Errors and Fiscal Multipliers », IMF Working Paper, WP/13/1, FMI, Washington D.C. 
  • Jean-Claude Juncker veut ouvrir les frontières en grand : alerte au fou !

     

    Par Gabriel Robin

    Pour répondre au terrorisme, monsieur Juncker a des idées novatrices. Gabriel Robin a raison de pointer ces dérives des dirigeants de fait de l'U.E. [Boulevard Voltaire, 27.12]. Nous sommes bien d'accord : le délire idéologique de ces gens-là est un danger pour la France et pour l'Europe. L'Europe dont nous pourrions être partisans n'est pas celle-là.   LFAR

     

    3933394905.jpg« E.T. téléphone Jean-Claude Juncker. Rentrer chez toi. » Message reçu cinq sur cinq par le meilleur ambassadeur de l’Union européenne auprès des planètes habitées du système solaire. Jean-Claude Juncker est connu pour ses fréquents excès éthyliques qui parviennent à conférer un peu de jovialité à ce morne fonctionnaire luxembourgeois. Après le réveillon de Noël, qu’il faudra rebaptiser pour complaire aux hiérarques dans son genre, gageons que le président de la Commission européenne n’a plus toute sa tête au bout de la troisième bouteille de schnaps pour sortir des bêtises pareilles… Il nous avait habitués au pire, mais il se surpasse pourtant à chaque fois.

    Pour répondre au terrorisme, monsieur Juncker a des idées novatrices : « Nos valeurs, notre façon de vivre ensemble en liberté et notre ouverture sont nos meilleurs moyens de lutter contre le terrorisme. » C’est tellement facile qu’on se demande bien pourquoi nous n’y avions pas encore pensé ! Bon sang, restaurer les frontières ne servirait à rien. Il faut les ouvrir en grand pour que cessent les attaques terroristes islamistes en Europe. Du génie pur. S’opposant à la « rhétorique de l’exclusion » qui prévaudrait dans les cénacles dangereux des nouveaux populistes européens, le champion des valeurs suprêmes des l’Union européenne pense que l’Europe doit, avant toute autre chose, continuer « à offrir un abri aux personnes qui fuient les zones de guerre ». Et à tous les autres, cela va sans dire.

    Anis Amri, auteur de l’attentat de Berlin, était un blédard psychopathe gagné au salafisme qui a quitté un pays en paix. 

    Il n’avait rien d’un « réfugié » ou d’un « exilé ». Pourtant, il était un « migrant » ; c’est du moins le nom que l’on donne désormais aux gens comme lui. « Envahisseur clandestin » me semblerait plus approprié, mais je ne suis pas un journaliste subventionné. Bref, comprenons que nous sommes dirigés par des fous dangereux. Ni plus, ni moins. 

    Un des arguments phares de la gauchosphère médiatique, propriétaire jalouse de la pensée dominante, serait que les Européens ne pouvaient pas voyager avant l’avènement des accords de Schengen. Évidemment, il s’agit d’une absurdité que dément l’Histoire. Lord Byron n’avait-il pas visité l’Europe, du Portugal à la Grèce en passant par l’Espagne et Malte ? Les Européens n’ont pas attendu l’Union européenne ou, plus grotesque encore, les accords de Schengen pour comprendre que leurs cultures procédaient d’un même fonds indivis. La seule différence est que les frontières filtraient les arrivants, chassant les terroristes, les malfaiteurs et les clandestins. En outre, l’Europe était jadis européenne.

    Pas un seul des dirigeants actuels de l’Union, nationaux comme supranationaux, n’est à la hauteur du défi qui nous attend, comparable aux invasions barbares des Ve et Ve siècles après Jésus-Christ, exception faite des membres du groupe dit de Visegrád. Les élections à venir, aux Pays-Bas, en Allemagne et en France, seront fondamentales. Avez-vous envie de vivre dans un pays qui ressemble à une blague ? 

  • Mesdames et Messieurs les candidats, n’oubliez pas les pauvres !

     

    Par Jean-Philippe Chauvin 

     

    1345578492.2.jpgLa question de la pauvreté contrainte est un sujet qui ne me laisse pas indifférent, et cela depuis fort longtemps, sans doute aussi parce que, en d'autres temps, j'en ai personnellement connu quelques aspects et quelques légères morsures... Lors des dernières élections européennes, au printemps 2014 et sous les couleurs de L’Alliance Royale, j'en avais même fait un de mes principaux thèmes de campagne, à la fois pour sensibiliser les électeurs à cette question toujours pendante mais souvent occultée, et pour proposer quelques pistes pour faire reculer cette insécurité sociale qui ronge nos sociétés et les affaiblit. Mais c'est un thème qui n'est pas assez électoralement porteur, sans doute, pour que les partis politiques et leurs dirigeants s'y intéressent, et il semble être « abandonné » aux associations comme le Secours catholique ou les Restos du cœur qui font, d'ailleurs, un travail important pour soulager, autant que faire se peut, la misère dans nos villes. Les royalistes du Groupe d'Action Royaliste, quant à eux, organisent régulièrement des « Soupes du Roi », et cela depuis presque dix ans, fidèles à leurs prédécesseurs du début XXe siècle mais aussi des siècles précédents, gardant en mémoire que, au Moyen âge, le Roi était « le père des pauvres ». 

    Pourtant, la pauvreté n’est pas un sujet mineur en France et les récents chiffres donnés par le Secours catholique la semaine dernière font plutôt froid dans le dos : « En 2000, on comptait 7,8 millions de personnes pauvres ; on en recense 8,8 millions aujourd’hui. Parmi ces personnes, entre 4 et 4,5 millions sont des jeunes de moins de 30 ans, ce qui devrait nous interpeller concernant l’impact de la pauvreté sur l’avenir de notre société », explique son secrétaire général Bernard Thibaud dans les colonnes de La Croix du jeudi 17 novembre dernier. Sans oublier que, selon Eurostat, 21,2 % des enfants de France sont menacés de pauvreté… 

    Bien sûr, il y a toujours eu des pauvres depuis que les sociétés humaines existent, mais elle est scandaleuse aujourd’hui au regard de toutes les richesses naturelles que nous exploitons et de toutes celles qui envahissent nos sociétés au risque de l’engloutir sous une débauche de produits marchands souvent inutiles : la démesure est dans cette invasion des objets qui semble nous faire oublier notre prochain, notre voisin. 

    Le politique ne peut ignorer ceux qui souffrent de « n’avoir pas assez » quand d’autres consomment sans compter. Il ne s’agit pas de dénoncer la richesse mais plutôt la démesure et l’égoïsme, et de rappeler, comme le fait régulièrement le pape François à la suite de tant d’autres princes de l’Eglise, la valeur du partage. 

    J’espère que cette question de la pauvreté contrainte sera abordée dans les prochains débats présidentiels, mais, au regard des jeux médiatiques actuels, je crains que cela ne soit pas le cas : « cachez ces pauvres que je ne saurais voir »… J’entends même quelques uns dire qu’en parler serait faire du « populisme » ! C’est dans ce genre de réaction stupide que l’on mesure le grand écart qu’il y a entre des élites mondialisées et le commun des mortels, mais aussi cette absence de compassion à l’égard des « perdants de la mondialisation » : est-ce la (triste) victoire de Benjamin Franklin ? Je préfère, en bon Français, l’exemple de saint Martin de Tours, de celui qui n’hésita pas à couper son manteau pour en donner la moitié à un malheureux transi de froid, un soir d’hiver de l’an 334… Et les candidats de 2017 pourraient bien y trouver quelque source d’une inspiration sociale bienvenue en ces temps d’incertitude… 

    Le blog de Jean-Philippe Chauvin

    Lire aussi dans Lafautearousseau ... 

    Inexorable montée de la pauvreté : le rapport du Secours Catholique, qui, même s'il s'en défend, accuse le Système...

  • Comment les Etats-Unis imposent leur loi

     

    par Ludovic Greiling

     

    506226741.2.jpgEmbargos, lois bancaires, lois anti-corruption… En dix ans, les États-Unis ont imposé de fait leur droit national à nombre de nations européennes. Pour le moment, les pays alliés suivent les procédures, et le payent très cher. 

    « Je trouve très difficilement des banques pour faire commerce avec l’Iran. Pas pour des raisons juridiques, qui ont en partie disparu suite à l’accord sur le nucléaire, mais parce qu’elles ont peur des incertitudes. Il faut que l’Europe trouve un moyen de faire contrepoint à l’hégémonie de la juridiction américaine quant à la régulation du dollar » , déclarait récemment le directeur financier de Peugeot lors d’un colloque organisé à la Banque de France. L’amende de 8,9 milliards de dollars appliquée à la BNP Paribas en 2014 est dans toutes les têtes. Comment une juridiction américaine a-t-elle pu infliger une punition à une banque française pour des opérations survenues au Moyen-Orient ?

    C’est le sujet d’un rapport d’enquête parlementaire publié en octobre dernier sur l’extraterritorialité de la loi américaine. En trente ans, les États-Unis ont monté une juridiction nationale visant à imposer leurs décisions économiques et géopolitiques aux autres nations du monde. Certaines lois sont le fruit d’une volonté locale, comme les lois anti-corruption, d’autres ont un caractère géopolitique défini, tels les embargos décrétés contre des puissances régionales mettant en cause la domination des États-Unis.

    Toutes sont désormais au service des intérêts de l’empire. « Un cercle assez étroit de diplomates, hauts fonctionnaires, universitaires et think-tankers est parfaitement conscient (beaucoup plus qu’en Europe et en France en particulier) que le droit a une portée internationale, qu’il peut être un instrument de la diplomatie et de la politique économique internationale, qu’il concourt au soft power. Les intéressés assument l’utilisation du droit extraterritorial comme élément de la puissance américaine » , indique le rapport. Pour ce faire, ils utilisent les zones grises du droit national et international et profitent souvent du monopole financier que leur a procuré l’après-Seconde Guerre mondiale.

    Une offensive économique et diplomatique

    Ainsi, parce qu’elle utilise 10% de matériel américain, la compagnie Airbus ne peut vendre ses avions à l’Iran, au risque de perdre ses entrées aux États-Unis. Dans le système financier, la situation est plus préoccupante : un transfert en dollars entre une banque française et une banque liée à un pays sous embargo américain entraînant une opération de compensation à Wall Street, toute entité effectuant ce type d’opérations peut subir les foudres de Washington.

    Ainsi de la BNP Paribas, laquelle risquait de se voir interdire l’accès aux circuits financiers en dollars en cas de non paiement de son amende. Une éventualité impossible à envisager pour un établissement mondial. Les différentes lois américaines étant très pointues sur la question (FCPA, FATCA, Patriot Act, etc.), toute entreprise étrangère ayant effectué de près ou de loin une transaction avec une entité violant la loi américaine peut être touchée.

    C’est particulièrement vrai des sanctions économiques, que le rapport parlementaire décrit comme un « outil alternatif » aux interventions militaires. Une armée de plus de 1000 agents spécialisés y veille, bénéficiant de l’entraide des différents services du renseignement américain. Depuis 2009, année d’une forte accélération des procédures, les entreprises européennes ont versé plus de 40 milliards de dollars de pénalités diverses aux administrations américaines en charge du droit extraterritorial. 

    Politique magazine

  • Société • Responsabilisation écologiste.

     

    par Jean-Philippe Chauvin

     

    arton8470-7b8cd.jpgLa cause écologiste est la grande oubliée de cette année 2016 après une COP 21 pleine de promesses et vide d'actes concrets, et elle ne jouera sans doute pas un grand rôle dans la détermination électorale de la prochaine présidentielle, surtout si Nicolas Hulot n'y participe pas et que Mme Duflot n'obtient pas (sauf manœuvre de la droite républicaine) les signatures d'élus nécessaires à toute candidature. Tout comme elle est la grande perdante de l'actuelle confrontation autour de la loi El Khomry... Bien sûr, il y a le référendum prochain du 26 juin sur le projet d'aéroport de Notre-Dame-des-Landes, mais il ne concernera que les électeurs de Loire-Atlantique et n'aura sans doute guère d'impact sur la suite des événements, chaque camp annonçant sa décision de ne pas respecter le résultat du vote s'il ne leur est pas favorable : échec programmé de la démocratie, et pas seulement locale ! 

    Et pourtant ! Jamais la cause écologiste n'a été aussi nécessaire et les échéances aussi proches sur le plan environnemental, mais qui, dans le monde politique ou dans la société, s'en soucie ? Même les participants à « Nuit debout » ne semblent guère motivés par le sujet, certains n'ayant pas hésité à chasser de leur lieu de rassemblement le seul philosophe médiatique à se préoccuper de la cause animale et à écrire (et parler) contre le système de concentration bovine initié par la ferme des mille vaches, c'est-à-dire Alain Finkielkraut. 

    De plus, la semaine dernière, la « pénurie » de carburant a montré à l'envi combien il est illusoire de demander aux consommateurs de refréner leur voracité énergétique, ceux-ci se précipitant vers les stations d'essence pour remplir des réservoirs parfois déjà presque pleins, comme s'ils avaient peur de manquer de leur dose quotidienne de pétrole : d'ailleurs, c'est cette ruée qui semblait parfois confiner à une panique irraisonnée qui a véritablement transformé la prédiction de pénurie en... pénurie ! Le quotidien breton Ouest-France évoquait une multiplication par cinq de la consommation à la pompe dans certains endroits, preuve de cet emballement dément. 

    Sans une responsabilisation de la population, la protection et pérennisation d'un environnement naturel favorable à l'homme et à la biodiversité restera un vœu pieux, pourra dire celui qui est seulement démocrate. Mais le royaliste ira plus loin et rappellera que sans un État digne de ce nom et conscient des devoirs des sociétés et des limites de notre planète, rien ne sera possible, concrètement. Un État lui-même responsable, non seulement devant les hommes du présent mais aussi devant les générations à venir... 

    Mais cet État, qui ne doit pas être obsédé par l'immédiateté ni par quelque popularité électorale (dont on sait que, souvent, elle ne dure que le temps que vivent les roses et que fanent les promesses), ne peut être « seulement démocratique » : il lui faut cette forme monarchique qui inscrit le politique dans la durée et la continuité, et cette spécificité royale qui fait du souverain un « père » soucieux de la santé et de l'avenir de sa famille, et qui s'effacera, le jour venu, devant son héritier en lui transmettant l'héritage  préservé et, éventuellement, agrandi et embelli. C'est cet État qui, lui-même hautement responsable devant l'histoire et les familles, pourra responsabiliser autrui, citoyens comme entreprises, autant par l'exemple que par la promotion d'un modèle de société « enraciné »... 

    Le blog de Jean-Philippe Chauvin

  • Patrice de Plunkett : Transfert de M. Barroso chez Goldman Sachs à Londres

     

    par Patrice de Plunkett 

    L'oligarchie financière défie ouvertement les peuples européens

     

    hqdefault.jpgLa nouvelle est d'une telle insolence qu'on a du mal à y croire. Président de la Commission européenne de 2004 à 2014 - deux mandats successifs -, José Manuel Barroso vient d'être nommé président-conseiller de Goldman Sachs International, branche  de la sulfureuse mégabanque américaine (installée à... Londres) !

    On sait que Goldman Sachs a joué un rôle infernal dans la crise de 2007-2008, puis dans la catastrophe de la Grèce ; et que M. Barroso a voué ses dix années de présidence bruxelloise à faire de l'UE ce que dénoncent aujourd'hui (un peu tard), nombre de commentateurs [1] : "le valet de la finance internationale".

    Sa mission maintenant ? Aider Londres à noyer le Brexit dans de la technocratie financière [2]... "José Manuel va apporter une analyse et une expérience immense à Goldman Sachs et notamment une profonde compréhension de l'Europe", déclare la mégabanque.

    L'expérience "immense" de "José Manuel" est pourtant l'une des raisons qui ont fait naître l'euroscepticisme - voire l'europhobie - parmi les populations du continent. Sa carrière est si symptomatique qu'on dirait une allégorie anticapitaliste au second degré : atlantiste inféodé à G.W. Bush et collaborateur de l'invasion US de l'Irak [3], donc installé à Bruxelles en juin 2004 sous l'impulsion de Tony Blair, M. Barroso devenu président de la Commission s'est opposé à toute régulation du système financier... Reconduit à la tête de la Commission en 2009 par les gouvernements européens (malgré la crise provoquée par la dérégulation financière), il engage l'UE dans le piège du traité transatlantique de libre-échange, qui se met en place inexorablement malgré la révolte croissante de l'opinion et quelques rodomontades de gouvernants...  Il faut ajouter à cela, par exemple, le fait que M. Barroso ait voulu imposer - au mépris des opinions nationales - la directive Bolkestein libéralisant les services. Ou sa pression obstinée en faveur de l'industrie biotechnologique. Ou l'aggravation constante des conflits d'intérêts dans les sphères "scientifiques" et dirigeantes de l'UE - censées rendre des arbitrages dans des domaines engageant la santé publique...

    3201445639.jpgL'indécence du transfert de M. Barroso chez Goldman Sachs "éclabousse toute l'Union", affirment nos médias. Mais ils admettent que ce transfert "n'a violé aucune règle" et que "c'est là le problème" [4].

    Ils devraient aller plus loin, et admettre que cette absence de règle révèle la véritable nature de l'UE. Loin d'un fédéralisme qui reste l'idéologie de moins d'1% des Européens, et encore plus loin de toute idée de politique économique, l'Union n'est qu'une technocratie au service de la dérégulation financière.

    Inutile d'objecter "l'idéal" ou "le rêve",  jamais concrétisés sinon dans des réalisations mineures (l'éternel argument Erasmus) ; réalisations qui eussent pu naître d'accords d'Etat à Etat... La véritable nature de l'UE est celle d'une utopie (le libre-échangisme absolu), imposée par la voie technocratique dans l'intérêt d'une oligarchie.

    Les faits sont là. Tant que nos commentateurs et nos dirigeants ne les reconnaîtront pas, ils verront s'amplifier ce qu'ils nomment "populisme" par un abus de langage qui ne trompe plus personne. Un "populisme" que l'indécence de M. Barroso va encore renforcer.  

    ________

    [1]  cf. p. ex. notre note d'hier.

    [2]  Notre note du 30/06.

    [3]  Premier ministre portugais, il avait mis ses aéroports à la disposition des vols secrets de la CIA transportant des "suspects" arrêtés au mépris du droit des gens.

    [4]  Jean Quatremer, liberation.fr, 9/07.

    Patrice de Plunkett, le blog

  • La BCE nous annonce des faillites bancaires à venir

     

    Par Marc Rousset

     

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    Mise à part l’erreur grotesque de Macron dans la fusion Alstom/Siemens, tout va toujours très bien en matière économique selon les médias… Cependant, une dépêche du 27 septembre de l’agence Reuters, retransmise par l’AGEFI (Agence économique et financière), nous informe « que le secteur bancaire européen est surdimensionné et pourrait avoir besoin d’une cure d’amaigrissement, probablement à travers des fusions ou des fermetures ».  

    Ces propos ont été tenus par madame Danièle Nouy, qui n’est autre que la responsable de la supervision bancaire au sein de la Banque centrale européenne. Et d’ajouter : « Au final, il semblerait que le secteur bancaire européen soit devenu trop gros. Et nous pouvons en voir au moins l’une des conséquences : de nombreuses banques dans la zone euro ne gagnent pas leurs coûts du capital. Il semble que beaucoup trop de banques se font concurrence pour attirer des clients. Il y a de bonnes chances que la taille du secteur bancaire doive en effet diminuer. » Propos de vérité mais propos lénifiants de haut fonctionnaire européen qu’il importe de traduire aux Européens : ça va « barder » dans le secteur bancaire, des faillites sont à venir. 

    Il suffit de voir la vérité en face et d’écouter son bon sens : pourquoi la directive BRDD de l’Union européenne qui permet de chypriser et de ponctionner les comptes des clients ? Pourquoi la loi Sapin 2, qui permet de bloquer les comptes de l’assurance-vie s’il n’y a pas des dangers imminents ou des risques d’incendie un de ces jours prochains à la demeure ? 

    Les premiers feux annonciateurs se sont, en fait, déjà subrepticement déclarés : la Deutsche Bank qui a été sauvée par des fonds d’investissement des pays du Golfe, des rumeurs de rachat de la Commerzbank par la BNP, le rachat de deux banques vénitiennes par Intesa Sanpaolo avec 4.000 suppressions d’emploi et 17 milliards d’euros d’engagements pour l’État italien, le sauvetage de Monte Paschi avec sa perte abyssale de trois milliards d’euros, les 350 milliards d’euros de créances douteuses dans les actifs des banques italiennes.

    En Espagne, Banco Popular avait renforcé à trois reprises son capital pour cinq milliards d’euros et cela n’a pas empêché son sauvetage en hâte par Banco Santander. Et voilà que maintenant, nonobstant les problèmes en Catalogne qui augmentent les risques économiques, bancaires et financiers, on parle de Liberbank comme d’une nouvelle banque en difficulté ! Or, Liberbank, créée en 2011, n’est rien d’autre que le mariage forcé de trois « cajas » (banques d’épargne) : Cajastur, Caja de Extremadura, Caja Cantabria. Le titre, qui valait encore 1,7 euro à fin août, ne vaut plus aujourd’hui que quelques centimes. 

    Quant à la Grèce, pays en faillite qui ne tient que par des prêts nouveaux européens, son système bancaire détient des titres de la dette souveraine grecque, ce qui fait que les banques grecques seraient immédiatement en faillite si l’État grec devenait insolvable.

    Le comble, c’est le Crédit agricole, qui a fait une expérience catastrophique en Grèce et a essuyé de très lourdes pertes pour se retirer à tout prix de ce pays. Attiré par l’appât du gain, il recommence la même erreur en Italie ! Il vient d’acheter, le 29 septembre 2017, trois caisses d’épargne italiennes pour 130 millions d’euros après que le Fonds interbancaire de garantie des dépôts italiens a décidé de prendre à sa charge trois milliards d’euros de créances douteuses.

    C’est Napoléon qui disait : « L’argent n’a pas de patrie ; les financiers n’ont pas de patriotisme et n’ont pas de décence ; leur unique objectif est le gain. »  41LRKbfMFHL._SL300_.jpg

    Économiste
  • Une victoire si amère que ça ?

    A la Une du Figaro d'hier lundi ... 

     

    En deux mots.jpgIl a fallu bien des années à Alain Minc pour s'apercevoir que les nations, comme les personnes, ont, selon son expression, un ADN. C'est ce que les élections allemandes viennent de nous rappeler. Et de nous démontrer avec la force de l'évidence. 

    Manifestement, Allemands et Français, nous ne sommes pas le même peuple. Nos ADN sont différents, parfois opposés. Malgré De Gaulle et Adenauer, malgré Giscard et Schmidt, Mitterrand et Kohl, malgré les avions, le TGV, Internet, Erasmus, les réseaux sociaux, les interdépendances de tous ordres, notamment économiques ou financières, etc. C'est comme si rien n'était de taille, malgré l'opinion courante, à gommer les différences. 

    Nous avons élu le président de la République il y a à peine un peu plus de trois mois. Mais Emmanuel Macron a surtout été choisi parce qu'il incarnait les apparences de la rupture : par l'âge, la culture, le maintien, l'allure et parce qu'il signifiait le « dégagisme ». C'est à dire l'éviction programmée et rapide de toute une caste honnie dont on ne voulait plus. En l'affaire, l'électorat d'avril dernier n'a pas cherché beaucoup plus loin. Un trimestre a suffi pour que la cote de popularité du Chef de l'Etat soit au plus bas. On sait qu'elle a perdu 24 points en juillet-août et, aujourd'hui, plus de 60% des Français se disent mécontents, dont 20% de « très » mécontents. La rue manifeste, les routiers font mine de bloquer les postes d'essence et Mélenchon invite les jeunes à se mettre « en mouvement ». Il joue son Bolivar ou son Lénine et agite les vieux rêves de la Révolution. 

    Dimanche dernier, les Allemands ont renouvelé le Bundestag qui pour la quatrième fois reconduira Angela Merkel â la chancellerie. S'il n'y en a pas de cinquième, elle y sera restée 16 ans. D'ailleurs, comme Helmut Kohl, son mentor.   

    Merkel gouvernera à la tête d'une coalition ; son parti, quoique largement en tête, ressort légèrement affaibli de la consultation de dimanche. Mais, c'est évident, elle a très largement l'estime et le soutien du peuple allemand. Au reste, l'on a trouvé, Outre-Rhin, les débats Merkel-Schulz terriblement ennuyeux, tant leurs programmes sont proches. L'Allemagne est un pays de consensus. En France, il est rare et éphémère. Amère victoire pour Merkel ? C'est surtout une vision française ...

    Bainville réfléchit dans son Journal, vers 1932-33, sur le « besoin d'être commandés » des Allemands, peut-être plus vif, chez eux, que chez la plupart des autres peuples. Commandés, ils le seront peu après sous une forme extrême, où l'hubris, le romantisme, l'exaltation, l'horreur et, pour finir, l'apocalypse suprême, affecteront, dans un unanimisme peu contestable, ce peuple, d'ordinaire raisonnable, sagement laborieux et uni.  

    Quatre-vingt-dix députés de l'AFD entreront bientôt au Bundestag, véritable lieu de la souveraineté allemande, ce qui brise un peu l'unanimisme dont nous avons parlé, ou, vu autrement, le reconstitue contre une AFD pour l'instant à 13%.  

    L'essor de l'AFD témoigne - et c'est une première - de l'ébranlement des tabous - ou des complexes - allemands d'après-guerre. Ce parti sera-t-il amené à constituer un jour autour de lui une unanimité de substitution ?  On ne peut jurer de rien. Mais dans cette grande et opulente maison de retraite  constitutive aujourd'hui pour partie de la nation allemande, brandir la menace d'une quelconque résurgence d'un mouvement ou d'un climat ayant une vraie parenté avec la période nazie, nous paraît relever d'une propagande de piètre niveau. 

    Rien ne dit si l'Allemagne de l'unanimisme, à tout le moins du consensus, de la stabilité et de la richesse, durera longtemps. Son effondrement démographique l’inquiète et l’affaiblit. Pour l'instant, elle est satisfaite de son sort et en sait gré à ses dirigeants. La guerre qu'elle mène aujourd'hui - c'en est une - est industrielle et économique. Et c'est une guerre lucrative celle-là qui lui rapporte bon an, mal an, 250 milliards.  

    Nous avons gardé notre légèreté, notre inconstance, - essentiellement en politique - et notre manie gauloise des divisions infinies. De sorte que nous vivons, avec les Allemands, de part et d’autre du Rhin, Gaulois et Germains, sous des systèmes non plus ennemis, mais antithétiques.  •

    Retrouvez l'ensemble de ces chroniques en cliquant sur le lien ci-dessous

    En deux mots, réflexion sur l'actualité

  • La lucidité impuissante : Quand Emmanuel Macron parle vrai....

    À cette intelligence il manque une solide formation 

     

    Par Yves Morel

     

    Emmanuel Macron ne cesse de nous surprendre par ses déclarations.

    Il y a deux ans, au cours d'un entretien accordé à l'hebdomadaire Le 1 du 8 juillet 2015, il affirmait que la France ne s'était jamais remise de la Révolution, et que « la démocratie comporte toujours une forme d'incomplétude ». « Il nous manque un roi », ajoutait-il. Et il présentait « les moments napoléonien et gaulliste » comme des succédanés désespérés de monarchie.

    Et voilà qu'il y a quelques jours, à Bucarest, le même Macron, devenu président de la République, déclare : « La France n'est pas un pays réformable... Les Françaises et les Français détestent les réformes. Dès qu'on peut éviter les réformes, on ne les fait pas ». Le propos n'est pas neuf et recouvre une vérité d'une criante évidence. Mais d'ordinaire, il est tenu par des intellectuels médiatiques ou des politiciens en fin de carrière. Cette fois, c'est un jeune président fraîchement élu qui le profère. Mais, lui, ne s'en tient pas là, et donne une justification morale à ce constat désabusé. Si les Français répugnent aux réformes, c'est parce que celles-ci se présentent comme de simples adaptations (« répondre à un chiffre, à une exigence extérieure »), alors qu'ils ont de leur nation une idée bien plus haute, consistant à livrer des « combats qui sont plus grands qu'elle ». La France n'a pas vocation à s'aligner, et « elle ne s'est jamais arrêtée à ses frontières, à ses défis propres, elle a toujours été mener les choses ailleurs, par sa diplomatie, son armée, son intelligence, ses talents ». C'est cette propension à s'imposer aux autres qui a fait sa grandeur. Aujourd'hui, l'occasion lui en est donnée par la menace qui pèse sur la civilisation occidentale. Elle peut trouver là un défi à sa mesure, « retrouver la capacité à emmener l'Europe vers de nouveaux projets ». « Notre société a besoin de récits collectifs, de rêves, d'héroïsme, afin que certains ne trouvent pas l'absolu dans les fanatismes ou les pulsions de mort », dit-il encore aux journalistes du Point, le 31 août dernier.

    Disons-le : notre président parle vrai, et il perçoit les causes du mal qui ronge la France depuis deux cent vingt-huit ans. La France n'est pas faite pour rentrer dans le rang, s'aligner sur des critères de convergence, donner libre cours au jeu du marché, tout en préparant le meilleur des mondes, peuplé de clones. Elle doit donner un exemple de grandeur, de générosité (c'est-à-dire de noblesse), d'élévation spirituelle. Or, celle-ci ne peut procéder que d'une foi en une réalité supranaturelle et en une conception religieuse de l'homme, qui, seule accorde l'individu à la communauté, l'esprit à la politique, et génère la justice et la reconnaissance de la dignité de la personne. La monarchie d'Ancien Régime, portant cette exigence au plus haut degré, avait fait de la France un modèle, « un concept spirituel », pour reprendre le terme par lequel Hugo von Hoffinanstahl qualifiait l'empire d'Autriche. Pour l'avoir reniée, la France contemporaine a été condamnée à se fonder sur les fausses et mortifères « valeurs » des « Lumières » aveuglantes du XVIIIe siècle, de la Révolution et de la république, et à se présenter comme la terre promise d'une démocratie idéale introuvable et destructrice, tout en s'essayant parfois à une impossible synthèse avec sa grandeur monarchique passée. Le problème de Macron, c'est qu'il se veut « en même temps » plus républicain que tous les républicains et monarque plus que les monarques.

    Oui, notre jeune président, par moment, ne manque pas de lucidité historique, mais cette intelligence, enkystée dans notre système républicain mortifère, demeurera sans effet et s'étiolera comme une plante dans un désert de pierre. 

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  • La Dizaine de MAGISTRO...

            Par-delà le discours dit de droite, dit de gauche ou d'ailleurs, il faut aller à l'essentiel ...
    du (bon) sens et des fondamentaux ... un choix de civilisation !

           
    MAGISTRO, une tribune libre et indépendante d'information civique et politique.  

            ( Liens : -  http://www.henrihude.fr/ )

     

    Denis TILLINAC Ecrivain  Christianophobie  "Pourquoi on tue des chrétiens dans le monde d’aujourd’hui."
    Chantal DELSOL  Membre de l'Institut  L’impatience féministe  Quarante ans après l’appel des "343" pour l’avortement, ...
    Hyacinthe-Marie HOUARD  Abbé, fondateur d e l'IRCOM d'Angers  La foi qui sauve  Comme un défi à l’Eglise, Staline ...
    Ivan RIOUFOL  Journaliste  Quelques effets du panurgisme  Panurgisme et conformisme ne sont pas …
    Eric ZEMMOUR  Journaliste  L'Europe des juges  En république, l'exécutif et le législatif font la loi et ...
    Ivan RIOUFOL  Journaliste  Illustration du déni des faits  S'il est un domaine où se lit avec le plus de clarté ...
    Denis TILLINAC  Ecrivain  Loin du peuple  Parmi les propositions émises par Villepin …
    Roland HUREAUX  EssayisteComment l'Europe divise les peuples  Est-il encore nécessaire de rappeler ...
    Roland HUREAUX  Essayiste 
    Libye : le retour du roi ?  Les hommes politiques de la Troisième République, …
    Yves-Marie LAULAN  Géopoliticien, démographe 
    Les prochaines guerres seront-elles démographiques ?  Voilà une réflexion qui ...
    Ivan RIOUFOL  Journaliste 
    L'élimination de Ben Laden, une victoire contre l'islamo-fascisme  Serait-ce le réveil des démocraties occidentales ?

    Extrait du Roland Hureaux, Comment l'Europe divise les peuples :

     

         


     


     

     

            Est-il encore necéssaire de rappeler les inconvénients économiques de l’euro ? La perte de compétitivité et la désindustrialisation rapide de la plus grande partie de l’Europe, des déséquilibres qui ne cessent de s’aggraver dans les échanges intra-européens, des finances publiques dégradées et impossibles à redresser, une austérité à l’allemande qui, si elle est appliquée, va plonger l’Europe dans la récession ; de cela, tous ceux qui savent un peu d’économie sont conscients : tous les prix Nobel vivants, la majorité des économistes des deux côtés du Rhin, la plupart des Anglo-Saxons. Le reste, soit l’essentiel de la classe dirigeante des pays continentaux, qui ne sait guère d’économie, l’ignore ou feint de l’ignorer : mais pouvait-on demander à la nomenklatura soviétique de reconnaître que le communisme était un système économique désastreux, du moins en public ? C’est le mystère de l’idéologie : personne n’ose dire que le roi est nu tant que tout le monde ne le dit pas.
    Mais il est un autre inconvénient, non économique, lui, qui apparait chaque jour un peu plus : l’expérience de l’euro dresse les peuples d’Europe les uns contre les autres.
            Nous n’en voulons pour preuve que le succès scabreux de l’expression PIIGS. Elle désigne, on le sait, les pays les plus en difficulté de la zone euro : Portugal, Irlande, Italie, Grèce, Espagne (Spain). Trois pays méditerranéens, trois pays latins, quatre pays catholiques - et un orthodoxe, ce qui, dans l’esprit de ceux qui se complaisent dans cette expression, ne vaut guère mieux. On n’attend que la France au  club : elle ne saurait tarder...."

  • Pour réintégrer Maurras dans le paysage politique français : l'inique condamnation de 1945 (5/5)...

    lafautearousseau se propose ici de vous faire découvrir Un patriote, nommé Maurras. Maurras est en effet inconnu du grand public, parce que volontairement ignoré par la conspiration du silence, entretenue par le Système pour lequel Maurras n'est pas "dangereux", mais "le seul dangereux", car il en a dénoncé les bases idéologiques et parce qu'il l'a remis en cause dans ses fondements révolutionnaires.

    C'est donc à une sorte de feuilleton, à la découverte de l'homme Maurras, que nous allons vous entraîner, d'ici les prochaines élections municipales.

    Celles-ci, nous l'avons dit, seront peut-être décisives pour l'avenir de la Maison du Chemin de Paradis, fermé aux Français aujourd'hui par le dernier Mur de Berlin d'Europe : celui, invisible, du sectarisme haineux de la Mairie communiste, qui préfère laisser fermée (en attendant qu'elle ne s'écroule ?) une belle demeure qui pourrait être intégrée au réseau des Maisons des Illustres, et devenir un centre national et international de recherches et débats intellectuels de haut niveau sur Maurras, sa vie, son oeuvre; un lieu culturel vivant et rayonnant...

    Aujourd'hui : l'inique condamnation de 1945 (5/5)...

    Nous sommes dans la semaine où l'on rappelle, dans nos Ephémérides, l'inique condamnation de 1945 : nous lui consacrerons donc les cinq notes de la semaine, jusqu'à vendredi inclus...

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    Le 28 janvier 1945, la cour de justice de Lyon déclare Maurras coupable de haute trahison et d'intelligence avec l'ennemi et le condamne à la réclusion criminelle à perpétuité et à la dégradation nationale...

    Nous avons vu avec quelle grandeur d'âme - par laquelle il s'agalait à Socrate - Maurras a réagi à "l'infâme verdict"...

    Il reste un point d'histoire à éclaircir pour nos jeunes lecteurs, et pour tous ceux qui n'ont, comme seule lumières, comme seule culture, que les grossiers mensonges de la pseudo vérité officielle, pseudo vérité mais vrai mensonge : le comportement de l'Académie française face à la brutalité de cette re-Terreur que fut l'Epuration.

    L'Académie se grandit deux fois, face à la force brute des terroristes, devant laquelle, évidemment, elle ne pouvait s'opposer, physiquement, en aucune façon : il lui restait l'habileté, grâce à laquelle elle sauva son honneur, et se grandit, on vient de le dire, par deux fois...

    D'abord, Maurras étant frappé d'indignité nationale, il était ipso facto exclu de l'Académie, et celle-ci devait donc lui trouver un successeur.

    Le premier février 1945, l'Académie fut bien obligée de l'exclure, mais elle refusa de le radier et de lui élire un remplaçant, déclarant simplement son siège vacant. Elle fit ainsi traîner les choses, refusant de fait d'organiser l'élection, et attendit, de cette façon, pendant sept ans, jusqu'à la mort de Maurras.

    A ce moment-là, elle pouvait, évidemment - et, même, elle devait, organiser une élection pour lui trouver un successeur : mais l'honneur était sauf, la loyauté et la liberté de l'auguste assemblée avait tenu tête à la force brute des terroristes...

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    Après ce premier pied de nez aux terroristes, l'Académie récidiva lorsque, le 20 novembre 1952, quatre jours à peine après la mort de Maurras, Jules Romains (ci-dessus), devant tous les académiciens debout, lui rendit un hommage solennel (seul Claudel se discrédita lui-même, en restant ostensiblement assis...).

    Jules Romain déclara, entre autre :

    "...Il a exercé une réelle influence sur la pensée de notre pays, précisément à une époque où la France en avait besoin pour se ressaisir elle-même..." 

    Deux mois plus tard, ce sera le duc de Lévis Mirepoix, le 29 janvier 1953, qui sera normalement élu comme successeur de Charles Maurras.

    Faisant, comme c'est la coutume, l'éloge de son prédécesseur, il allia habileté, humour et profondeur en disant que, "...comme Socrate, Maurras a connu la colère de la Cité..."

    Façon astucieuse et ô combien juste de déclarer, à la face des terroristes et de la terre entière que, comme Socrate, Maurras était, et reste... INNOCENT !

     

    http://www.academie-francaise.fr/discours-de-reception-du-duc-de-levis-mirepoix

     

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