1751 : Louis XV crée l'École militaire
1516 : De retour de sa victoire de Marignan, François Premier arrive à Marseille...
Il se rend au petit sanctuaire de la Colline de Notre-Dame, et ordonne plusieurs constructions. Notamment, un fort sur la colline (qui deviendra "de la garde") et la construction d'un fort sur la petite île d'Hypéa, de l'archipel du Frioul, dans la rade de Marseille : le château d'If.
Celui-ci jouera tellement bien son rôle de défense de la ville que Marseille, attaquée neuf fois auparavant, et souvent pillée, ne subira plus jamais d'attaque venue de la mer : en effet, depuis sa grosse tour ronde, les canons pouvaient tirer à vue sur 360°...
L'archipel du Frioul, à l'entrée de la rade de Marseille, se compose de trois îles seulement : l'île de Ratonneau, que les Grecs appelèrent tout naturellement "Proté" ("premier", en grec), car c'est la première que l'on rencontre en venant du large; les deux autres, il les distinguèrent par leur taille, et appelèrent "Mésé" ("moyenne") l'actuelle Pomègues, et "Hypea" ("la plus petite") l'actuelle île d'If.
Le roi arrive du sanctuaire de la Sainte-Baume, qu'il a visité la veille, et auquel il a fait un royal présent pour sa reconstruction, car il l'a trouvé "fort caduc et démoly" !...
Claude Camous, historien, raconte (dans La Provence, 24/1/2016) :
"...Le lendemain, auréolé de son triomphe de Marignan, le voici dans la cité phocéenne décorée. Les maisons arborent des motifs originaux dont des pommes de pins vertes mêlées au feuillage et des oranges qui allaient jouer un rôle déterminant dans cette visite.
François premier arrive par la route d'Aubagne, et, à la Porte Royale, reçoit des mains des consuls deux clés d'or nouées d'un "flot de soie". Il accueille l'hommage des premiers magistrats de Marseille et entre dans la ville au milieu du fracas des canons "dont on avait bordé les murailles en très grande quantité". Il est logé rive sud, au "Jardin du Roi", un ensemble de bâtiments appartenant à la couronne de France depuis 1490, non loin de l'arsenal des galères qui a commencé à se mettre en place progressivement dès la fin du XVème siècle.
Marseille accueillait déjà à cette époque de nombreux navires en provenance d'Espagne, chargés de ces fruits d'or appelés oranges. Les cargaisons étaient déversées à même le quai, avant d'être acheminées dans des sacs à dos d'homme. Une étrange coutume était née alors. Plutôt que de jeter les fruits invendables, les Marseillais, friands de manifestations festives, avaient pour habitude d'organiser des combats d'oranges qui opposaient des équipes ou un quartier de la ville à un autre, et au cours desquels on se bombardait de ces projectiles. Onze mille oranges furent utilisées pour cette circonstance exceptionnelle.
Le Roi-Chevalier est si enthousiasmé par cette singulière bataille qu'il ne se contente pas d'y assister, il veut y participer et n'hésite pas, sous le regard de la Cour, partagée entré l'étonnement et le rire, à se dépouiller de son pourpoint brodé de fils d'or pour se jeter au plus fort de la mêlée. Certes, François en prend plein sa royale figure, mais peu importe, il n'est pas le dernier à en distribuer, et il revient, sous les vivats de la foule en délire, ruisselant d'un jus poisseux comme s'il sortait d'un champ de bataille couvert de sang. Pour qu'il garde le meilleur souvenir possible de son séjour, les Marseillais le déclarent vainqueur..."
Le roi profita également de son séjour dans la ville, et de l'inspection qu'il fit de l'île d'If, pour aller voir un animal étrange et impressionnant, tant par sa forme que par sa force, et que l'Europe n'avait plus accueilli depuis l'Antiquité et la chute de l'Empire romain : un rhinocéros des Indes, à la peau découpée en plaques.
On était en plein hiver - mauvaise période pour la navigation... - et le galion qui transportait cet animal fabuleux fit une longue escale à Marseille. Ce galion se rendait à Rome, et le rhinocéros était un cadeau diplomatique offert au pape Léon X par le très catholique roi du Portugal, Emmanuel 1er, dit Le Grand. Mais le cadeau n'arriva jamais à bon port : après avoir repris la mer au printemps, le galion portugais fit naufrage au large de la côte ligure, en face de La Spezzia : on retrouva le rhinocéros, qui s'était noyé, échoué sur l'une des plages de la cité !
Il fut décidé d'envoyer tout de même le présent au pape, mais... empaillé !
"Le Rhinocéros de Dürer", gravure sur bois de 1515, l'artiste - qui n'a jamais vu de rhinocéros de sa vie... - s'étant contenté d'une description écrite et d'un bref croquis réalisé par un inconnu...
1592 : Naissance de Pierre Gassendi
Mathématicien, philosophe et astronome, il est le premier - en 1621... - à décrire scientifiquement le phénomène lumineux qu'il nomme "aurore boréale", en observant, le 12 septembre, près d'Aix-en-Provence, une aurore polaire exceptionnelle.
Le 7 novembre 1631, il observe un passage de la planète Mercure devant le Soleil.
https://www.gassendi.fr/
1703 : Naissance de Jean-Louis Orry, aux origines de la Manufacture de porcelaine de Sèvres
http://www.sevresciteceramique.fr/site.php?
1732 : Fermeture de la Cour des miracles (le cimetière parisien de Saint-Médard) par ordonnance royale
François Pâris, diacre de Paris, mort en 1727 à l'âge de 37 ans, finit sa vie dans la prière, la pénitence, l’aide aux nécessiteux et le travail manuel (il faisait des bas au métier pour les pauvres). Son frère lui ayant fait ériger un tombeau dans le petit cimetière de Saint-Médard, les pauvres qu'il avait secourus, mais aussi quelques personnes aisées qu'il avait édifiés et quelques femmes qu'il avait instruites, allèrent y faire leurs prières.
On prétendit qu’il y eut des guérisons : en tout cas il y eut de l’hystérie et des convulsions qu'on finit par trouver dangereuses. Les convulsionnaires de Saint Médard prétendaient qu’ils pouvaient résister à des coups qui, normalement, auraient dû les broyer; parler des langues ignorées par eux; lire dans les pensées d’autrui ou être capables d’improviser des discours sur la grâce, les maux de l'Église, la fin du monde, etc.
L'insensibilité physique produite par l'extase donna lieu à des scènes atroces. La folie alla jusqu'à crucifier véritablement des personnes à qui l'on faisait subir dans tous ses détails la Passion du Christ, et ces victimes, le fait est attesté par les témoignages les plus authentiques, sollicitaient les terribles tortures désignées chez les Convulsionnaires sous le nom de grand secours.
La guérison des malades s'opérait, soit par le simple attouchement de la pierre tombale du diacre Pâris, soit par la poussière qui se trouvait alentour et que l'on prenait dans une boisson, ou qu'on appliquait sur des ulcères….
Louis XV ordonna donc la clôture du cimetière, le 27 janvier 1732. Le lendemain, on put lire sur la porte l'inscription :
"De par le Roy, défense à Dieu de faire miracle en ce lieu."
En réalité cet épisode peut être considéré comme s’inscrivant dans le phénomène des Cours des miracles, et probablement comme le dernier d’entre eux
Il y eut plusieurs Cours des miracles à Paris, pendant de nombreuses années, et l'épisode de 1732 n'est que l'aboutissement d'une longue lutte entamée plusieurs décennies auparavant par la police contre les milieux interlopes et les fauteurs de troubles.
C'est Gabriel Nicolas de La Reinye (ci dessus), le premier Lieutenant général de police de Paris, qui s'attela à cette tâche et commença à en venir à bout.
D'origine modeste, il fut pressenti par Colbert, en 1667, pour inaugurer la nouvelle charge de lieutenant de police de Paris. Une charge qu’il assumera pendant trente ans, appliquant son principe de base :
"La police consiste à assurer le repos du public et des particuliers, à protéger la ville de ce qui peut causer des désordres".
1751 : Louis XV crée l'École militaire
Édit du Roy portant création d'une École royale militaire. Donné à Versailles au mois de janvier 1751.
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(retrouvez l'intégralité des textes et documents de ce sujet, sous sa forme de Feuilleton ou bien sous sa forme d'Album)
Aujourd'hui : Un jeune homme insouciant, potache, voyageur...
Un médecin, dégoûté et éloigné du Corps médical...
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ndlr : ce sujet a été réalisé à partir d'extraits tirés des dix livres de souvenirs suivants de Léon Daudet : Paris vécu (rive droite), Paris vécu (rive gauche), Député de Paris, Fantômes et vivants, Devant la douleur, Au temps de Judas, l'Entre-deux guerres, Salons et Journaux, La pluie de sang, Vers le Roi...
2. Un jeune homme insouciant, potache, voyageur...
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Illustration : Bas-relief dédié à Asclepios (Esculape), dieu de la Médecine (vers 325 avant J.-C. - Attique).
Dans un cadre rectangulaire délimité par des pilastres, est représenté à gauche, le dieu Asclépios, assis sur un trône ; derrière lui se dresse sa fille Hygie. Sous le trône du dieu est lové son animal symbolique, le serpent. Devant lui, en taille inférieure, selon la convention, est représenté le couple des dédicants, avec les membres de leur famille (4 enfants); à l’extrémité du relief, une servante porte sur la tête une grande "kisté" (caisse) contenant les offrandes aux deux divinités honorées.
Un médecin, dégoûté et éloigné du Corps médical...
Préface intégrale de "Devant la douleur", nouvelle Édition "achevée d'imprimer le 6 octobre 1931 par F. Paillart à Abbeville (Somme)".
Introduction à la nouvelle Edition.
"De 1885 à 1893, soit pendant neuf ans, j'ai étudié la médecine à la Faculté de Paris, séjourné dans les hôpitaux comme bénévole, externe, puis interne, provisoire.
Voici mes états de service :
Hôtel-Dieu, chez Tillaux, comme "roupiou" (étudiant remplaçant un externe dans un hôpital, hdlr), puis comme externe; hôpital Necker, puis Charité, chez Potain, comme externe; hôpital Cochin, chez Gouraud, puis chez Babinsky, comme interne provisoire; entre tant, j'avais suivi les services de Péan (Saint-Louis), de Charcot (Salpêtrière), de Besnier (Saint-Louis), de Budin (Maternité) et, assidûment, les cours de Farabeuf, de Mathias Duval et de Damaschino à l'Ecole de médecine, et les travaux pratiques de Broca (Auguste) et de Poirier; enfin, j'avais été élève d'Artaud, pendant un an, au laboratoire de Gréhaut, au Jardin des Plantes, ancien laboratoire de Claude Bernard.
C'est dire que j'avais sérieusement travaillé et passé mes examens et concours haut la main (ayant commencé ses études au Lycée Charlemagne, Daudet les poursuivit brillamment au Lycée Louis le Grand, et fut lauréat du Concours général, ndlr); et, en 1893, lors de mon premier mariage, par lequel j'entrai - pour en sortir vite - dans la famille de Victor Hugo, il ne me manquait plus que ma thèse. Je n'ai pas eu le temps, depuis, de la passer. Elle ne m'aurait servi de rien.
Alors arriva un évènement dont il reste un témoin : mon vieil ami Charles Nicolle, directeur de l'Institut Pasteur à Tunis.
J'avais eu, au concours de l'Internat, un sujet exceptionnel, auquel ni moi, ni mes camarades n'étions nullement préparés : "Muqueuse de l'utérus, diagnostic différentiel des métrarrhagies". C'était l'année où Arroux fut reçu le premier et Maurice Nicolle, frère de Charles, le second. Ma copie écrite avait été, comme chez tous les concurrents, médiocre. Mais ma question orale (innervation et irrigation de la main) fut très bonne et devait logiquement me rattraper. Comme nos professeurs et examinateurs dissertaient - dans un bureau de l'avenue Victoria - de nos mérites respectifs, je dis à Charles Nicolle : "Viens voir un peu comment ça se passe." Nous montâmes, à pas de loup, l'escalier de bois, dont j'entends encore les craquements humides, traversâmes deux salles encombrées de bancs et de pupitres, et arrivâme à la porte entr'ouverte de l'aréopage. Le moment était bien choisi : Albert Robin, agérégé de la Faculté, non encore professeur, avait la parole et disait ceci, que Charles Nicolle et moi écoutâmes pieusement :
"Daudet pourrait être titulaire, vu sa composition orale, qui a eu le maximum. Mais son ami, le fils du professeur X... étant recalé, nous ne devons l'admettre que comme provisoire, le premier, si vous voulez."
J'étais fixé. Je poussai le coude de Charles Nicolle, avec qui j'avais suivi, auprès de Leredde, le grand syphiligraphe, de Grandmaison et de Camescasse, les conférences d'internat, à l'hôpital des Enfants-Malades, rue de Sèvres, et nous redescendîmes l'ecalier moisi.
Dès le lendemain, indigné, je prenais ma plume, littéraire cette fois, et traçais le scénario des "Morticoles", paru chez Fasquelle en 1894, où j'exhalais, avec ma légitime rancune, ma colère de candidat laborieux, et sacqué pour une raison futile.
"Les Morticoles", aussitôt signalés par Séverine, Mirbeau et bien d'autres, eurent un vif succès. Trois ans plus tard, comme je faisais mes vingt-huit jours à Grenoble, en qualité de médecin-auxiliaire, puis d'aide-major (1897), mon supérieur immédiat me disait avec ravissement : "Vous avez un fameux toupet ! Mais ce que vous avez écrit est encore au- desous de la vérité."
On m'a dit cela toute ma vie. Je n'y ai d'ailleurs prêté aucune attention, n'ayant jamais été accessible ni aux compliments, ni aux blâmes. J 'écris ce que je pense, ce que je crois juste, et je me fiche des opinions aléatoires, oscillantes, éphémères, des uns et des autres.
La médecine, loyalement pratiquée, et en dehors des routines officielles, est une carrière magnifique, je dirai grandiose,, à laquelle il y a un portique de connaissance générale qui n'existe en aucune autre profession : l'internat des hôpitaux.
Cette institution mal connue - si ce n'est par son bal annuel, qui n'est pas pour les demoiselles - permet à une élite de jeunes gens - de vingt-deux à vingt-six ans (quatre ans de stage), sans compter la prolongation de la médaille d'or - d'acquérir un incomparable "thesaurus" organique, clinique, thérapeutique et, au bout du compte, philosophique.
Après trente-neuf ans écoulés, je me remémore, encore aujourd'hui, tel cancer, telle cirrhose, tel goître exophtalmique, tel kyste hydatique, tel anévrisme aortique, tel pneumothorax, que j'avais observés, tel lit, tel numéro, pendant l'explication des chefs de clinique, de Petit, Sapelier, Gilles de la Tourette, Babinsky, Foubert, Vaquez et autres.
Car le chef de clinique est très important, dans le service médical ou chirurgical. Suchard, maître en sa partie, m'a appris ce que je sais d'anatomie pathologique. Esbach, ce que je sais d'analogie. Mathias Duval m'a enseigné ce que je sais d'embryologie. Farabeuf m'a fait connaître l'anatomie et l'accouchement. Avec le génial Potain, j'ai compris ce qu'était un coeur et un rein. J'ai entrevu, aux leçons du mardi de Charcot, à la Salpêtrière, l'abîme béant du sytème nerveux.
Puis j'ai lu, énormément lu, dans les textes non expurgés, cherchant les changements de route de l'art médical, émerveillé du flux et du reflux des hypothèses scientifiques, de la candeur avec laquelle les professeurs de l'Ecole de médecine juraient s'en tenir au réel, ne rien ajouter, ne rien retrancher. Alors qu'ils pratiquaient le lit de Procuste, et dormaient, depuis trente ans, dans des draps semés de poux dogmatiques.
Nous connaissons les calamités issues des connaissances chimiques, mécaniques et autres. Nous connaissons moins, ou nous ignorons, les conséquences redoutables des erreurs de la physiologie humaine.
À côté des médecins et thérapeutes, qui cherchent à guérir, il y a les pontifes, mandarins et autres, qui ne cherchent qu'à donner le change, gagner des grades, des titres, et à faire de l'argent.
"Devant la douleur" avertit sur les uns et les autres.
Je n'ai, pour cette nouvelle édition, pas une ligne à changer, ni à retrancher.
Comme disent les marins bretons : "A Dieu Vat !"
Léon Daudet."
Faut-il regretter cette désillusion et cet éloignement de sa vocation première ? Elle lui a permis de devenir ce qu'il était : Léon Daudet...
On verra pourtant, dans les quatre documents suivants, que le jeune étudiant ulcéré par l'injustice, devenu par la suite le polémiste redoutable que l'on sait, savait admirer ce qui était admirable dans cet "ensemble" qu'il rejetait; et qu'il conserva toute sa vie un souvenir ébloui de plusieurs de ses anciens "maîtres"...