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Rechercher : Rémi Hugues. histoire & action française. Rétrospective : 2018 année Maurras

  • Médias • Débat Fillon-Juppé : Misère du journalisme politique ... Mutez-les au service des sports !

     

    Par David Desgouilles

    Qui pointe ici et moque avec talent la nullité du journalisme politique, tel que le dernier débat Juppé-Fillon l'a de nouveau démontré [Antidote, 25.11]. Si le débat entre les deux finalistes fut soporifique, ce n'est pas seulement parce que Juppé et Fillon ont été sur la défensive. La mise en scène grotesque du duel avait de quoi exaspérer. Le fait n'est pas anodin ou sans importance : l'inculture et la prétention des journalistes en lice pour de tels débats contribue à abaisser davantage encore s'il se peut le politique et ses acteurs. Théoriquement des hommes d'Etat, qui devraient se comporter et être traités comme tels. Ce n'est pas le cas. David Desgouilles a bien raison de le signifier aux uns et aux autres.  LFAR

     

    2504575220.pngDepuis quelques années, notre consoeur Natacha Polony fustige le journalisme politique qui tend à ressembler au commentaire sportif. Jamais elle n’aura eu autant raison qu’à l’occasion de ce débat. Tout y était. Pour ma part, j’étais sur France 2 et j’ai eu l’impression dès le début qu’on allait assister à la finale de coupe du monde. L’arrivée des joueurs au stade. Ouf, ils n’avaient pas leur casque sur les oreilles, les supporters n’aiment pas ça. La reconnaissance de la pelouse, c’est important. Les allers-retours avec le plateau, et les consultants qui nous expliquent qu’un tel a de l’avance sur l’autre au classement. Que le second doit « tout donner » pour faire son retard. On s’enquiert de la forme des joueurs. On s’interroge sur le rythme du match qui s’annonce. Viril ? Musclé ? Attentiste ? Un petit tour vers les reporters présents parmi les supporters des deux équipes. L’ambiance est là. Cela manque tout de même de drapeaux et de cornes de brume. Retour sur le plateau. Le vieux consultant FOG est là qui analyse le jeu des deux protagonistes. Si FOG est là, c’est que le match est sérieux. Du niveau d’un Brésil-Allemagne.

    Mais le débat commence, et on est déçu… Presqu’aussi ennuyeux que le premier match. Les équipes sont défensives. Quelques tacles virils mais corrects. L’avant-match nous avait promis une finale de coupe du monde, et on a droit à un Créteil-Belfort. D’un coup, on prend l’envie d’aller à la buvette. Et on épargne le résumé du match au lecteur. Parce qu’il va lire ce texte certainement de bon matin, et qu’il ne faut pas le rendormir.

    On en arrive donc à l’après-match. Des reporters partout, encore une fois. Au bord du terrain, pour recueillir les impressions des joueurs. Ont-ils le sentiment d’avoir bien joué ? Tel Didier Deschamps, ils esquivent les questions et font montre de langue de bois. Et retournent aux vestiaires. Formidable scoop : l’un des reporters parvient à obtenir la réaction de l’épouse d’un des deux joueurs vedettes. Isabelle a apprécié le jeu d’Alain, on s’en doute. Retour plateau. On refait le match, mais manque Eugène Saccomano. Il faut bien reconnaître que Nathalie Saint-Cricq n’a pas les qualités de l’ancien commentateur de RTL et Europe 1. Qui a bien joué ? Qui a gagné ? FOG cause tactique. Il appelle ça « méthode » mais c’est de la tactique.

    On en arrête là. On se demande si tous ces gens sont conscients du ridicule de leur mise en scène. Sont-ils dupes ? Qu’on se rende compte ! La moitié d’un journal télévisé, la suppression de « Parents mode d’emploi » qui a peiné ma fille cadette, pour un débat qui concerne quatre millions de personnes alors que 41 millions d’électeurs ont dédaigné cette primaire dimanche dernier. Ils vont faire quoi, lorsque ce sera la vraie finale de la vraie élection présidentielle, en mai prochain ? Prendre l’antenne à huit heures du matin ? Accompagner les joueurs dans leur échauffement ? Les interroger depuis leur salle de bain ? Aligner les débats à quatre, à cinq, à sept commentateurs en plateau, jusqu’au soir ? Suivre les véhicules des finalistes avec motos sous les vivas des supporteurs ? Sont-ils à ce point conscients du dédain qu’inspire la politique aujourd’hui, pour oser mise en scène si consternante ? Poser cette question, c’est y répondre. Le journalisme politique et le journalisme sportif ont aujourd’hui complètement fusionné.   

    David Desgouilles

    Blogueur et romancier. Il est membre de la rédaction de Causeur. Il a publié Le bruit de la douche, une uchronie qui imagine le destin de DSK sans l'affaire du Sofitel (éd. Michalon, juin 2015). Son prochain roman de politique-fiction, Dérapage, paraît le 11 janvier 2017 aux éditions du Rocher.

  • Lettre ouverte à Florian Philippot

     

    Par Pierre de Meuse

     

    4172691570.jpgVous voilà maintenant hors du front National. Ce n’est pas, en soi, un drame Mais si les développements de la crise qui vous a amené à en démissionner ont été regardés de l’extérieur en ce qui nous concerne, une analyse de notre part s’impose car le FN a dominé pendant 40 ans les choix des Français attachés au sort de leur patrie. 

    La question principale s’énonce ainsi : pourquoi avez-vous tant d’ennemis dans ce parti ?

    Résumons votre profil politique. Vous êtes antilibéral et patriote, et, répétez-vous, gaulliste. Pourquoi pas ? Vous auriez pu trouver au Front National de nombreux antilibéraux patriotes, pas tous gaullistes il est vrai.  Mais il aurait fallu jeter le regard sur une frange de la droite intellectuelle que vous n’aimez pas tellement : les contre-révolutionnaires, les identitaires et les catholiques sociaux. Ceux-là, croyez-le, ne portent pas dans leur cœur la finance mondialisée, les multinationales et la trilatérale chère à Macron. Il est vrai qu’ils sont minoritaires, mais après tout, vous aussi. Vous auriez pu dialoguer et vos propositions auraient pu être discutées, de façon amicalement critique.  Or, vous avez considéré que ces familles politiques ne méritaient même pas un regard. Lorsque vous avez été interrogé par un animateur de télévision, dans un type de dialogue où vous excellez, sur le sort à réserver au mariage prétendument « pour tous » si le Front gagnait les élections, vous avez répondu en rangeant cette préoccupation avec la « culture des bonzaï ». C’était une grave erreur, d’une part parce que la présidente s’était prononcée clairement sur le sujet, mais surtout parce que ceux qui avaient manifesté contre la loi Taubira et bravé les lacrymogènes pour cela vous ont classé au niveau de leur pire ennemi.

    Vous avez également pris une position fort audacieuse sur la monnaie européenne, soutenant comme une bonne part des économistes que l’euro n’était pas conforme aux intérêts français.  Techniquement, votre analyse était juste, mais elle n’a pas été appréciée par les électeurs, et c’est l’une des raisons pour laquelle le FN n’a pu atteindre le niveau de 40% auquel il pouvait prétendre.  Faut-il admettre que les français sont toujours enthousiasmés par le fédéralisme européen ? Certainement pas, mais votre argumentaire n’attaquait pas l’Europe dans sa conception ni dans ses méthodes, mais seulement son monétarisme. En bref, vous estimiez, comme Jacques Sapir, que la position de moindre productivité de la France exigeait des ajustements monétaires afin de conserver les emplois en France. Il aurait donc fallu dévaluer régulièrement afin d’ajuster la monnaie au marché. Vous proposiez donc implicitement de revenir à la politique de dévaluations qui a marqué la France de 1921 à la fin du XX° siècle.  Vous comprendrez cependant que la perspective de voir l’épargne et les revenus fixes fondre chaque jour un peu plus pouvait ne pas plaire à ceux de vos électeurs qui ont quelques Économies.  Surtout que dans le même temps le FN militait pour le retour de « la retraite à 60 ans ».

    Dans le même temps, vous recommandiez de mettre une sourdine à la dénonciation de l’immigration, dont vous estimiez qu’elle était « anxiogène ». Les premières semaines de campagne de Marine Le Pen ont été menées selon vos directives. Or les sondages firent apparaître un déclin constant des intentions de vote en faveur de la candidate. Il fallut donc redresser la barre pendant les quinze jours précédant le premier tour, faute de quoi elle aurait été éliminée.

    Cette stratégie était en effet absurde pour plusieurs raisons évidentes :

    D’abord elle visait à atteindre un électorat de gauche, grosso modo celui de Mélenchon, avec lequel vous désiriez nouer des contacts, repoussés d’ailleurs de manière blessante par les dirigeants de « La France Insoumise ». Tentative sans espoir parce que l’électorat de Mélenchon, en grande partie composé d’immigrés de la seconde génération, ne pouvait que rester étanche au FN, même « repenti ».

    Ensuite parce qu’elle ébranlait le pilier principal du FN, qui n’existerait plus depuis trente ans s’il n’avait pas su être et demeurer le seul parti politique s’opposant de face à l’immigration de masse.

    Enfin parce qu’au lieu de s’attaquer à la politique de soumission de l’Union européenne à l’égard de ces flux incontrôlés de population, source véritable du brexit, vous vous attaquiez à une question monétaire, sur laquelle les effets d’une rupture n’étaient guère prévisibles. Or cette politique d’ouverture systématique des frontières prônée par Bruxelles avait son origine, de manière très profonde, dans les principes fondateurs des institutions en question, et à l’influence des grands décideurs du capitalisme mondialisé. C’était donc à ces postulats qu’il fallait s’attaquer.

    Mais surtout elle était insensée parce que comme le dit très justement JY Le Gallou, le point nodal qui entraîne la « diabolisation » du FN est justement l’opposition à l’immigration. Et sur ce point, il ne suffit pas de nuancer dans les mots ou dans l’inflexion des phrases. Pour désarmer le parti-pris médiatique. Le système considérera le FN comme fréquentable seulement le jour où il se sera totalement soumis à la société indifférenciée. Autant dire le jour où il se sera suicidé sans retour. A quoi servirait une souveraineté de notre pays, d’ailleurs, si celui-ci n’existe plus ? Cette évolution était comprise par tous ceux qui, à l’intérieur ou à l’extérieur du FN, vous écoutaient et vous lisaient avec inquiétude, mais non par vous-même qui continuiez à incriminer les « rageux », animés par l’envie et la rancune.

    Le Gallou estime que la scission de Mégret n’est pas à comparer avec celle que vous auriez pu faire…si vous aviez eu plus de monde derrière vous. Je pense tout de même qu’il y a une similitude : ni Mégret ni vous ne savaient à quel genre de public ils avaient affaire. Ni sur les tempéraments, ni sur les idées, vous n’étiez averti de la mentalité et de l’héritage intellectuel des hommes dont vous sollicitiez le dévouement et le vote. Pire encore, vous les méprisiez ouvertement, reprenant à leur égard les mots dépréciatifs que les médias du système utilisent quotidiennement. Dès lors, votre sort lors du prochain congrès ne faisait pas de doute, et c’est pour éviter un investissement trop lourd en adrénaline que Louis Alliot et Marine Le Pen ont brusqué la décision en vous acculant à la démission.

    C’est dommage car beaucoup d’efforts ont été perdus. Le choix « ni gauche ni droite » n’était pas nécessairement une impasse, à la condition bien sûr de ne pas céder sur la pensée, y compris et surtout quand elle était frontalement en opposition avec la vulgate construite depuis 1945, et même bien avant. Il est évident en revanche que le modèle que vous cherchiez à imposer n’était qu’une illusion. Il n’y a plus de place en France pour un républicanisme sociétalement individualiste, politiquement étatiste et redistributeur, mais national. Ce rêve de technocrate keynésien avait 50 ans de retard. Philippe Séguin pouvait faire entendre sa voix dans les années 60 ; en 2017, il a atteint depuis longtemps la date de péremption.  •

  • Dialogue/débat avec nos lecteurs... : En réponse à deux lectrices : La Révolution et la république idéologique ? Le plus

            Une lectrice, qui a écouté l'entretien sur Radio Ville Marie ( http://vimeo.com/21013064 ) n'est pas d'accord, mais alors pas du tout, sur notre vision des choses.

            Au même moment, mais suite à notre note sur la République idéologique, ce nouvel Ancien régime, une autre lectrice nous a adressé un courriel plutôt amical, mais avec un brin d'ironie cependant; elle reconnaît qu'effectivement, bien des choses ne vont pas, mais nous demande, malgré tout, si nous n'en rajoutons pas, et conclut : "vous n'exagérez pas un tout petit peu ?..." 

                Nos deux lectrices, au "message" finalement assez voisn quant au fond, trouveront dans nos différentes Catégories les notes dans lesquelles nous avons traité des sujets que nous allons très rapidement reprendre avec elles....

                Oui, nous pensons - et nous maintenons ce que nous avons dit - que la république idéologique a terriblement mal vieilli; qu'elle n'a pas tenu ses promesses; qu'elle a échoué, tout simplement; et qu'elle est devenu un Sytème bloqué, le véritable Ancien régime d'aujourd'hui, avec ses abus innombrables, ses Bastilles par centaines, ses injustices et disparités par dizaines de milliers, ses privilégiés par centaines de milliers..... 

              S'agit-il des prisons (Catégorie "Justice") ? Elles sont dans un état de délabrement tel que le terme de sordide est celui qui convient dans la plupart des cas. Certes, quelques unes ont été rénovées, et certaines construites : elles sont l'arbre qui cache la forêt et, du reste, les syndicats de la Pénitentiaire les dénoncent comme trop vastes, trop impersonnelles et inhumaines. Camus ne disait-il pas qu'une Société se juge à l'état de ses prisons ?...

                S'agit-il de l'Enseignement (Catégorie "Éducation") ? Le Ministère de la des-Éducation nationale fabrique chaque année, à coup de dizaines de milliards d'euros, plus d'illétrés et de chômeurs que de jeunes diplômés prêts à affronter la concurrence internationale et à faire gagner la France.....

              S'agit-il de nos Armées (Catégorie "Défense nationale") ? Leur sous-équipement est, hélas, notoire, et - l'absence de crédits se portant aussi sur la formation des personnels - elles sont sous-entraînées. Donc insuffisamment préparées, dans un monde où les dangers, crises et tensions n'ont disparu que dans les esprits de doux rêveurs : vieille tradition de la République idéologique, cet aveuglement qui touche aux choses militaires....

             S'agit-il des impôts et de la fiscalité (Catégorie "Social, économie...") ? Qui ne voit l'archaïsme, l'injustice et, pour couronner le tout, l'inefficacité de la fiscalité actuelle ? Elle est devenue un grand monstre difforme, échappant à toute rationnalité, et dont la seule façon de procéder est de taxer toujours plus, tous azimuts. Il est naturel de payer des impôts, dans toute société saine et bien organisée, et c'est l'un des tous premiers devoirs des citoyens. Nous ne le remettons évidemment pas en cause. Nous dénonçons seulement la gabégie, l'injustice, l'archaïsme, l'inefficacité, les disparités d'un système auquel, de toutes façons, plus personne ne comprend plus rien....

              S'agit-il de la croissance folle du nombre des fonctionnaires ? (Catégorie "Social, économie..." encore) ? Ils sont 656 000 de plus qu’il y a dix ans. Si les effectifs particulièrement obèses de la Fonction publique d’État (2,4 millions) sont officiellement en baisse depuis peu, ceux de la Fonction publique territoriale (1,8 million) et ceux de la Fonction publique hospitalière (plus d’un million) ont spectaculairement augmenté par un des effets des lois dites de décentralisation de 2004. Lesquelles ont transféré aux collectivités locales (départements et régions) plus de 54.000 postes d’agents administratifs et techniques de l’Éducation nationale, de l’Équipement et de l’Environnement. Entre 1997 et 2007, par une dérive très socialisante, les collectivités locales ont, en outre, créé 340.000 emplois "hors transferts de compétences" ! Et le mouvement a continué, depuis....

              Et l'on pourrait prendre encore bien d'autres exemples, notamment en ce qui concerne notre démentielle sur-administration, qui à la fois nous étouffe, et nous ruine: en 2008, la France cumulait 10.500 lois et 127.000 décrets, plus 17.000 textes communautaires !...

              Alors, on éxagère ? Franchement, il nous arrive de penser... qu'on n'éxagère pas assez !.....

  • Et si nous étions en guerre économique ? par François Reloujac

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    Un Gouvernement qui renonce à la politique de la demande pour une politique de l’offre, une banque centrale qui troque un euro fort contre des « mesures non conventionnelles », un patronat déboussolé, une majorité politique qui se délite, des travailleurs en grève : le pays est en danger. Mais ne serait-ce pas la conséquence d’une véritable guerre économique ? 

    Malgré son attitude volontariste et son air martial, le Premier ministre ne l’avoue pas. Le seul slogan qu’il répète à son tour, comme tous ses prédécesseurs avant lui depuis plus de quarante ans, est : « il faut réformer ! » Mais de changements en réformes, d’alternance en volte-face politiques, le pays continue à s’enfoncer dans la crise sans que personne n’ose vraiment regarder la vérité en face. Faute de désigner clairement la cause des difficultés et faute d’adopter une stratégie cohérente et clairement définie pour y remédier, la situation se dégrade chaque jour un peu plus et l’unité nationale se trouve mise à mal tandis que le moral des populations flanche. Le président Mitterrand disait, il y a quelques années, qu’en matière de chômage « on avait tout essayé ». Depuis, de nouvelles mesures ont encore été imaginées et, pourtant, aucune amélioration sérieuse n’a jamais été enregistrée. Le point commun aux divers gouvernements, de droite ou de gauche, qui se sont succédé, est de n’avoir jamais conduit la politique économique du pays comme si la France était en guerre. Tous ont célébré à l’envi une paix universelle et éternelle, mettant en avant une harmonie de façade sans chercher à réduire les misères qu’elle cachait.

     

    Quel est le terrain ? 

    Quels sont les combattants ?

     

    Dans une guerre économique, le terrain sur lequel se livrent les combats est constitué par « les marchés ». C’est là que certains s’enrichissent alors que d’autres se ruinent ; c’est là que s’exercent désormais les pouvoirs. Sur ce terrain, les combattants sont les agents économiques. L’offensive est menée par les entreprises qui produisent les biens et services qui permettent de gagner des parts de marché tandis que la défense est assurée par les consommateurs, qui peuvent orienter leurs achats. S’ils achètent d’abord des produits nationaux, ils soutiennent leurs entreprises, et, par là-même, le niveau national de l’emploi. S’ils achètent d’abord des biens et services venant de « l’ennemi », ils affaiblissent les entreprises nationales, la richesse du pays et le niveau national de l’emploi. Ils renforcent les producteurs étrangers. Sur ce terrain – les marchés –, les entreprises multinationales apparaissent comme des mercenaires qui peuvent aussi bien prêter leur concours au pays dans lesquels elles opèrent que jouer le rôle de cinquième colonne au profit d’une autre puissance. Elles peuvent aussi se conduire en véritables « routiers » quand elles n’ont d’autre objectif que de se servir elles-mêmes sur le pays pour leur propre profit.   

     

    Quelles sont les armes ?

     

    Les armes utilisées sont les biens et services produits et la monnaie qui sert à les acquérir ainsi que les normes techniques qui permettent de privilégier telle production ou telle consommation plutôt que telle autre. Dans la mesure où la monnaie est surévaluée par rapport à celle des pays concurrents, elle permet d’acquérir le capital des entreprises de ces pays et, donc, de payer des « mercenaires ». Mais elle risque aussi de rendre particulièrement onéreuses les matières premières dont on a besoin pour forger des « armes » nouvelles. à l’inverse, une monnaie faible incite les consommateurs à acquérir des biens et services provenant de l’étranger et, donc, à favoriser le développement sur le terrain des troupes ennemies. Les pouvoirs publics pourraient lutter contre ces débordements par l’instauration de barrières douanières, mais ces remparts ne sont pas plus en honneur aujourd’hui que la ligne Maginot hier, par l’imposition de normes – sanitaires ou techniques – particulières comme le font si bien les Américains, par une fiscalité indirecte appropriée (augmentation de la TVA) ou par un dumping social, apanage des pays les moins développés. En effet, toutes ces mesures favorisent les exportations, c’est-à-dire la conquête de marchés étrangers et dissuadent les importations, c’est-à-dire protègent le marché intérieur. Dans le cadre d’une telle guerre économique, la croissance permet plus de mesurer l’augmentation de la production des munitions que l’accroissement du bien-être des populations.   

     

    Quelle stratégie développer ?

     

    Lorsque l’on privilégie une « politique de la demande » dans le cadre d’une guerre économique, on se place délibérément dans le cadre d’une stratégie défensive. Mais, dans ce cas, il ne faut pas, sur le plan monétaire, conduire une politique du « franc fort », ou aujourd’hui de l’« euro fort », car on incite alors les consommateurs à acheter des produits provenant de l’étranger et l’on ruine automatiquement les avantages que l’on serait en droit d’attendre d’un accroissement de la demande intérieure. Si, pour soutenir cette demande, on a de plus recours au crédit, on ne fait que s’affaiblir un peu plus sur un autre front, car on est obligé de soutenir la valeur de la monnaie par un endettement public plus important. Cela correspond en fait à une perte d’indépendance – une défaite – sur les marchés financiers. Lorsque, à l’inverse, on pratique une « politique de l’offre », c’est parce que l’on attend des entreprises nationales qu’elles gagnent des parts de marché au-delà des frontières : on applique alors une stratégie offensive. Pour qu’une « politique de l’offre » ne soit pas agressive, il faudrait qu’elle ait pour but de favoriser essentiellement la recherche et le développement, ce qui permettrait de créer de nouveaux marchés et non pas simplement de rapatrier sur le sol national la production de biens et services consommés dans le pays. Mais une politique non agressive en la matière suppose beaucoup de courage et de patience ; elle ne peut porter de fruits qu’à long terme.

     

    Dans le cadre d’une telle analyse, il reste une question primordiale : qui est l’ennemi ? Personne ne peut se battre en permanence contre tout le monde. Il faut savoir trouver des alliés et désigner clairement l’adversaire. Lorsque l’on met en commun des structures ou des politiques, encore faut-il être sûrs que les intérêts des uns et des autres sont bien liés. Si les intérêts des uns ne coïncident pas avec ceux des autres, la structure commune pourra être utilisée par l’un des protagonistes pour dominer ses partenaires. Enfin, un pays ne peut-il pas être tenté par la stratégie d’Horace pour défaire les Curiace ? Il commence par envahir le marché voisin qui semble le moins bien défendu afin d’accroître sa puissance économique. Puis, fort de son succès, il s’attaque à un adversaire plus véloce ou plus agile. En l’occurrence un marché plus important.

     

    Bien entendu, une telle analyse n’est que pure fiction.  u

     

    Source : Politique magazine

     

  • Sur le journal Le Monde : Ce qui va vraiment changer dans l’ère post-Brexit, qui commence ce soir à minuit

    Dans les faits, cette rupture géopolitique majeure n’aura aucune conséquence dans les mois à venir, ou presque.

    Vendredi 31 janvier, à 23 heures tapantes, heure de Londres – minuit, à Paris –, aura lieu le « Brexit ». Mille trois cent dix-sept jours après le vote des Britanniques plébiscitant, en juin 2016, une sortie de l’Union européenne (UE), l’interminable feuilleton prendra fin. Ou connaîtra, du moins, la fin de son premier acte.

    Car, dans les faits, cette rupture géopolitique majeure n’aura aucune conséquence dans les mois à venir. S’il quitte bel et bien l’UE, le Royaume-Uni entre dans une période de transition durant laquelle il restera soumis aux règles et obligations communautaires, et ce, jusqu’à la fin de l’année, le temps de négocier les termes de sa future relation avec les Vingt-Sept.

     

    Cette étape s’annonce évidemment complexe, puisqu’elle devra régler autant les contentieux commerciaux que la coopération en matière de sécurité et de renseignement, les standards pour l’aviation civile, l’accès aux eaux internationales pour la pêche, la participation au programme d’échange d’étudiants Erasmus, l’approvisionnement en électricité et en gaz, ou encore la réglementation des médicaments…

    Durant encore au moins onze mois – le premier ministre britannique Boris Johnson a exclu une extension de la période, mais Bruxelles a mis en garde contre ce calendrier particulièrement serré – le Royaume-Uni, deuxième contributeur net au budget de l’UE derrière l’Allemagne, continuera donc à payer son dû à l’institution européenne. Et à recevoir aussi des fonds européens. De leur côté, les citoyens britanniques et européens garderont une totale liberté de circulation, en attendant que les détails des droits réciproques soient négociés.

    C’est tout ? Oui, et non. Au-delà du symbole, quelques changements vont tout de même être observables à partir du 1er février.

     

    Pour l’Union européenne

     

    Avec le départ du Royaume-Uni, l’UE va pour la première fois perdre un Etat membre, qui plus est l’un des plus grands et des plus riches (15 % de sa puissance économique). Avec le départ de 66 millions d’habitants, l’UE verra sa population passer à quelque 446 millions. Son territoire diminuera de 5,5 %.

    A Bruxelles, le retrait de l’Union Jack devant le Parlement européen symbolisera un changement bien réel : le Royaume-Uni, pays membre depuis 1973, devient un « pays tiers ». Plus aucun des 73 eurodéputés britanniques élus en mai ne siégera dans l’hémicycle – 46 de ces sièges seront réservés pour de futurs Etats membres et 27 seront redistribués.

    En tant que citoyens d’un pays étranger, les Britanniques ne pourront plus prétendre à des postes de fonctionnaires à Bruxelles, même si nombre des personnes concernées avaient anticipé et acquis une double nationalité afin de pouvoir rester.

     

    Pour le Royaume-Uni

    MARY TURNER / AFP

    A partir du 1er février, Londres n’aura officiellement plus le droit de présenter un candidat à un poste de commissaire européen. Il n’y avait déjà plus de représentant britannique dans l’exécutif européen depuis le 1er novembre 2019, le premier ministre Boris Johnson ayant refusé d’en proposer un dans la nouvelle Commission. Le chef du gouvernement britannique ne sera d’ailleurs plus invité aux sommets européens, pas plus que les membres de son cabinet n’assisteront aux réunions ministérielles.

    Les Britanniques verront aussi apparaître une nouvelle pièce de cinquante pence dans leur porte-monnaie. Pour marquer l’événement, une obole a en effet été spécialement frappée, appelant à « la paix, la prospérité et l’amitié avec toutes les nations ».

     

    Pour les expatriés


    OLI SCARFF / AFP

    Selon les Nations unies (ONU), environ 1,2 million de citoyens britanniques vivent dans un pays de l’UE, principalement en Espagne, en Irlande, en France, en Allemagne et en Italie. Selon l’Office britannique des statistiques, 2,9 millions de ressortissants des vingt-sept pays de l’UE vivent au Royaume-Uni, soit quelque 4,6 % de la population.

    En vertu de l’accord de retrait, les expatriés installés de part et d’autre de la Manche avant la fin de la période de transition conserveront leurs droits de résider et de travailler dans leur pays d’accueil. Les citoyens européens résidant au Royaume-Uni doivent toutefois s’enregistrer pour bénéficier de ces droits. Pour les Britanniques vivant dans l’UE, les procédures diffèrent d’un pays à l’autre.

     

    Pour les touristes

     

    Rien, vraiment. Le droit de l’UE va continuer de s’appliquer au Royaume-Uni durant la période de transition. Cela signifie que les touristes pourront toujours se rendre outre-Manche avec une simple carte d’identité ou un passeport, attraper leur Eurostar ou leur ferry sans contrôle de sécurité supplémentaire, conduire des voitures sur le territoire britannique, ou encore acheter des produits anglais sans payer une taxe à l’importation.

    De même, les utilisateurs de téléphone mobile ne verront pas leur facture flamber – les frais d’itinérance perçus par les opérateurs pour des consommations à l’étranger resteront les mêmes.

     

    Pour les entreprises

     

    Egalement rien dans l’immédiat. Même s’il reste de nombreux dossiers à régler d’ici au 31 décembre 2020, les entreprises ne devraient pas voir de différence au réveil samedi 1er février.

    A plus long terme, au-delà du 31 décembre 2020, il en ira peut-être tout autrement, en fonction de la réussite, ou de l’échec, des tractations sur la relation future entre le Royaume-Uni et l’UE. Des négociations qui s’annoncent d’ores et déjà houleuses.

  • Le règne technocratique, de Frédéric Winkler.

    3317199700.jpg« Les dimensions de l'entreprise néo-radicaliste, avec ses ambitions, ses rouages, ses tentacules européennes, son arsenal financier, cette volonté de vampiriser les masses s'apparente beaucoup à une prise de pouvoir totalitaire » (Dominique de Roux). L'instabilité, l'hétérogénéité du personnel politique des IIIe et IVe Républiques ont en effet permis l'apparition d'une nouvelle classe dont la Ve République devait consacrer le règne et que Saint-Simon, au XIXe siècle, appelait de ses voeux : les « experts », les technocrates. Le changement régulier du personnel administratif, non seulement empêche une intégration locale de celui-ci mais rend le service parfaitement anonyme. Telle est l'origine du transfert progressif des pouvoirs aux techno¬crates. La planification devait les conduire à proposer un État apparemment plus fort et plus stable : ce fut l'origine de la Ve République.

    48148_500781593301674_1708701184_n.jpg Dans le même temps, le secteur privé devait suivre une évolu¬tion analogue avec la prise en main progressive des entreprises par les « managers ». Le capital privé, familial, dissous dans l'anonymat, leur laissait la place. Dès lors il n'y a plus de grandes différences entre les secteurs publics et privés, ni même entre les mentalités... Et l'on peut considérer avec Pierre DEBRAY qu'il n'y a qu'une bureau-technocratie qui se définit comme « le gouvernement collégial de commis irresponsables (au sens patrimonial du terme) choisis selon les critères de la compétence technique ou supposée ». Ainsi existe-t-il un groupe cohérent, puissant, permanent, privilégié, une caste dirigeante : « Le pouvoir est accaparé, la fonction publique asservie. » On ne saurait être plus clair, mais c'est le « Pays Réel » qui subit cet état de choses. L'Administration s'est substituée à ses organes et se comporte avec eux comme si elle avait affaire à des individus dotés chacun d'un conseil judiciaire, d'où le « maquis administratif et procéduriel » dans lequel l'État se débat et qui l'empêche finalement de jouer son rôle. En fait, cette mentalité technocratique se révèle radicalement opposée aux exigences de notre civilisation et de notre être national. Pierre DEBRAY le disait très bien : « La menta¬lité bureau-technocratique, qui fait passer le quantitatif avant le qualitatif, le rationnel avant le vital, le mécanique avant le volon¬taire, apparaît ainsi comme un obstacle principal au progrès humain. » Pour ce faire, on maintiendra parfois volontairement un niveau qualitatif bas de la production (voitures, pneus, immeubles...). On développera plus que de raison l'automation avec ses consé¬quences : déshumanisation du travail comme des travailleurs, seulement considérés comme « au service de la machine » (comme le remarquèrent Michelet et Bernanos), comme une variable d'ajustement. Les conséquences se déclinent facilement : ruine de l'artisanat comme de toute notion de propriété du métier, disparition de la satisfaction professionnelle, cause de profonds malaises (dépressions « burnout »), dégradation qualitative et quantitative des loisirs, etc. Enfin, le déracinement le plus inhumain est au programme. Les régions sous-développées et excen¬trées sont condamnées au dépérissement, ainsi que celles qui n'ont plus rien à offrir aux grandes industries parce que leur sous-sol est désormais vidé de ses richesses, selon la logique inévitable de la « sangsue » capitaliste. Ainsi assiste-t-on à une véritable prolétarisation de certaines régions, après jadis la Bretagne, la baie de la Somme ou le Nord par exemple, ou encore des professions toutes entières sont sacrifiées : agriculteurs, artisans, commerçants, etc. Mais « ... à vouloir tout niveler, on développe le complexe des minorités et on risque des réactions violentes », nous prévenait J.-F. GRAVIER dans « La Question Régionale ». Or la France est une Union de « minorités » et commu¬nautés où l'État dominé par la technocratie ne joue plus son rôle historique de trait d'union et de serviteur de la société : « Nous ne voulons plus être à la merci des bureaux parisiens », expliquaient les paysans qui barraient les routes. Sur les Côtes, grondent les pêcheurs contre les décisions du super-club technocratique de BRUXELLES, quand d’autres doivent changer de lieux de pêche parce qu’un gouvernement donne nos territoires aux Anglais ( Minquiers-Ecrehous ). Déjà, le 18 février 1971, cent mille viticulteurs des pays d'Oc avaient manifesté et l’un d'entre eux expliquait à Francis PANAZZA (du « MERIDIONAL- LA FRANCE ») les raisons du mécontentement, terriblement actuelles, voir visionnaires : « Le Marché Commun, n'est qu'une foire d'empoigne sans solidarité aucune, où on nous a fait entrer de force pour pouvoir signer un règlement financier qui profitait à d'autres ». Les opérations « escargots » autour de la capitale, des agriculteurs et des transporteurs routiers, dans les années 90 comme peut-être à nouveau demain, représentent les lassitudes professionnelles face à la destruction de notre économie par les financiers et hauts fonctionnaires de l'Europe. Celles-ci, aggravées par les règles imposé par la zone de libre-échange transatlantique. On pourrait ainsi passer en revue toutes les professions, y compris les professions libérales, toutes ont à souffrir de la bureaucratisation de l'État et nombreuses vivent sous la menace d'être elles-mêmes bureaucra¬tisées. Mais l’Etat semble malgré tout, rester sourd à une misère grandissante au sein de son propre peuple dont il demeure parfaitement déconnecté, un peu comme une classe en perdition avant 1789 ! Il existe donc en France des aspirations professionnelles comme il existe des aspirations fédéralistes étouffées par la centralisation de l'appareil jacobin de l'État, comme des aspirations universi-taires : défigurées par les excès minoritaires, elles n'en sont pas moins légitimes. Ces aspirations ont toutes un même but : obtenir des libertés concrètes, les arracher au pays légal, dans l'ordre traditionnel français. C'est regroupés derrière les drapeaux fran¬çais, et non derrière les drapeaux rouges, bleus, noirs ou verts de l'internationale, de l'Europe, de l'anarchie ou de l'écologie officielle (et si peu écologiste, en fait...), que défilaient les viticulteurs de BEZIERS : la leçon est à retenir, encore et toujours ! Les évènements des « Gilets jaune », montrent le climat de lassitude grandissant face à un système n’hésitant pas à réprimer des révoltes légitimes avec une répression qui ferait pâlir nombre de régimes dit « autoritaires » !
    FW (Projet de Société, à suivre...)

  • Pas de démocratie sans alternance !, par Christian Vanneste.

    L’alternance est le propre de la démocratie libérale, le signe indiscutable de son bon fonctionnement. Les Anglo-saxons, qui ont inventé ce système politique, le pratiquent depuis maintenant longtemps. Satisfaits de leurs gouvernants et de leurs élus, ils les reconduisent. Déçus, ils les virent, et les opposants arrivent au gouvernement avec de nouvelles propositions. Parfois, la continuité est plus forte que le changement.

    christian vanneste.jpgPlus un pays est capable de supporter des changements radicaux, plus il est proche de l’idéal démocratique qui permet à un peuple d’explorer les différentes possibilités et de retenir les meilleures. Ainsi, l’arrivée de Attlee et des travaillistes en 1945, malgré le rôle de Churchill dans la victoire des alliés, était un signe éminent de démocratie. La social-démocratie s’est installée au Royaume-Uni avec le modèle de l’Etat-Providence. Elle a perduré malgré une alternance régulière entre les travaillistes et les conservateurs jusqu’en 1979, où le peuple britannique a pris la mesure du déclin inexorable auquel le condamnait cette politique. Cette année-là eut lieu une véritable alternance, avec une majorité conservatrice décidée à réintroduire une politique résolument de droite fondée à la fois sur la primauté de la responsabilité individuelle et sur un patriotisme qui, dans la paix comme dans la guerre, ne cachait pas sa volonté de servir les intérêts britanniques. Cette ligne fut suivie pendant 18 ans, et laissa place à un nouveau changement de majorité lorsque les Britanniques eurent le sentiment que l’idéologie conservatrice allait trop loin et accentuait par trop les inégalités et la détérioration des services publics. Une monarchie symbolisant l’unité des « nations » qui composent le royaume, des élections uninominales à un tour par circonscription qui favorisent l’émergence de majorités de gouvernement claires et nettes, constituent les ingrédients d’une recette réussie, qui évite les révolutions, mais permet des évolutions importantes. Le système américain est plus complexe, d’abord en raison du fédéralisme étendu sur un large territoire et sur une vaste population qui créent des variations dans les orientations idéologiques des deux partis, ensuite par son souci primordial de l’équilibre des pouvoirs issus de processus démocratiques : l’exécutif, le législatif et le judiciaire. La limitation du pouvoir par le pouvoir, ce précepte cher à Montesquieu, est également un principe de la démocratie libérale, mais il modère les oscillations de la politique. Le fait que Trump, sur plusieurs points, change radicalement la politique des Etats-Unis est une excellente chose, mais c’est aussi la cause de l’opposition farouche qu’il rencontre.

    En dehors de ces deux exemples qui brillent par leur durée exceptionnelle, il y a d’autres solutions moins nettes. La Suisse compense la continuité du pouvoir fédéral, consensuel, par le poids des pouvoirs locaux et par l’usage constant du référendum. Les démocraties sans alternance de pays asiatiques comme le Japon correspondent à des mentalités « holistes » où le groupe l’emporte toujours largement sur l’individu. La démocratie libérale n’est pas un modèle universel. Elle a besoin d’un terreau mental, sociologique, historique, religieux. La France, pays catholique tenté par le protestantisme, est à mi-chemin des vieilles démocraties du nord et de celles plus récentes du sud. La Ve République l’a clairement orienté au nord, avec l’intention de consolider l’exécutif, de donner au législatif la clarté et la continuité que procurent les élections uninominales. Le bouleversement de 1981, s’il a été catastrophique pour le pays, a été la preuve que la France était devenue une démocratie libérale adulte. Malheureusement, depuis des modifications institutionnelles inutiles et dangereuses, ont enrayé la bonne marche du système. En 1986, le passage à la proportionnelle voulu par les socialistes a empêché l’alternance de porter ses fruits. Il a fallu attendre 1995 pour que Mitterrand quitte l’Elysée, et deux ans plus tard, les socialistes reprenaient le pouvoir à Matignon. On a cru mettre fin à cette incohérence des « cohabitations » avec le quinquennat, c’est-à-dire l’élection « conjointe » du Président et de l’Assemblée. C’était passer de Charybde en Scylla : on a instauré un régime, non pas présidentiel, mais personnel. Celui-ci était tempéré parce que la majorité gouvernementale était marquée idéologiquement et pesait sur les choix de l’exécutif. Avec l’arrivée de Macron et d’une majorité hétéroclite de rescapés du socialisme, de carriéristes qu’on croyait « de droite » et sans doute aussi de « yaka-fauquon » pleins de bonne volonté venus de la société civile, qui n’ont été élus que par l’adhésion à sa personne, la France a glissé sans s’en rendre compte dans une autocratie, un pouvoir personnel, qui n’est plus du tout une démocratie libérale.

    D’abord, il n’y a pas eu d’alternance en 2017, alors que le pouvoir en place était totalement discrédité. C’est une partie de ses membres qui a organisé la succession à travers le coup d’Etat médiatico-judiciaire qui a évincé le représentant de l’opposition, François Fillon, porteur d’une véritable alternative. Depuis, c’est la politique social-démocrate inspirée par Macron, au secrétariat général de l’Elysée puis au ministère de l’économie, sous Hollande, qui est poursuivie avec des dépenses publiques en augmentation et des prélèvements fiscaux excessifs freinés heureusement par la révolte des gilets jaunes. Des mesures techniques en faveur des entreprises et de l’investissement mobilier ainsi que des opérations de redistribution, dans les deux cas défavorables aux classes moyennes, ne sont en rien « libérales ». Par ailleurs, sur tous les autres sujets, c’est la gauche qui l’emporte : une politique de sécurité en berne avec une explosion de la délinquance, une poursuite du soutien à l’immigration, un progressisme sociétal qui introduit la PMA pour les lesbiennes comme Hollande avait instauré le « mariage gay ». Si on ajoute à cela une restriction de la liberté d’expression par la loi, une surprenante coïncidence des exigences des parquets avec les intérêts du pouvoir, une surexposition médiatique du président soutenue par des médias courtisans, on se rend bien compte que notre pays n’est plus une démocratie. Est-il normal que notre président se mêle des élections municipales parisiennes ? Est-il tolérable que la réponse de la majorité au naufrage de Griveaux soit de réduire la liberté des réseaux sociaux ? Est-il digne d’une démocratie que des « journalistes » se fassent les complices d’une telle politique ? Evidemment, non !

  • A la suite de notre note d'hier de Christian Vanneste : le commentaire de François Schwerer...

    (Voici le commentaire posté hier sur l'une de nos pages facebook par François Schwerer, en réaction à l'article de Christian Vanneste)...

     

    François Schwerer Notre Dame de Paris et les élections municipales

    Notre-Dame, comme chacun le sait, est l’âme de la France. C’est autour d’elle que les Français se réunissent et cela est bien normal puisque la France lui est consacrée. Comment ne pas en être conscient aujourd’hui quand on voit l’émotion qui a gagné tous les Français devant leur cathédrale en flammes ? Dans toutes leurs épreuves comme lorsqu’ils veulent partager leur joie, les Français se réunissent toujours aux pieds de Notre Dame. Si les divertissements bruyants prennent place sur les Champs-Elysées où s’agglutinent des masses bigarrées, les grandes émotions du peuple uni et solidaire ne peuvent s’exprimer que devant Notre Dame. Elle est notre Reine, mais aussi notre confidente. C’est pourquoi, en méditant sur la restauration de la cathédrale de pierres les Français doivent y puiser aussi un enseignement pour leur vie de citoyen. En effet, si le monument qui est le symbole de notre pays, est aujourd’hui bien abîmé, le pays lui-même, ouvert à tout vent, menace ruine.

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    La restauration de Notre-Dame

    Dès le soir même de l’incendie, une polémique, comme la France en a le secret, a opposé ceux qui voulaient la reconstruire encore « plus belle qu’avant » et ceux qui veulent d’abord lui redonner sa vocation et son âme. Tous cependant sont restés d’accord pour se rendre à l’évidence : on ne fera rien de bon en cherchant simplement à remettre en place les poutres calcinées, les pierres éclatées ou les ferrailles tordues. Ces éléments doivent être écartés sinon le rafistolage sera bancal et le monument restera défiguré et fragile. Les pierres à utiliser pour la réfection doivent être polies et ajustées, les poutres droites et fermes, les ferrailles solides et souples et chaque élément doit être rigoureusement à sa place, adapté à l’usage qu’on attend de lui pour former un tout cohérent et harmonieux.

    La polémique a divisé les Français à partir du moment où certains ont voulu utiliser des matériaux nouveaux, ayant peut-être des qualités propres, mais inadaptés à ce qui fait la raison d’être du bâtiment. Que des architectes imaginent des toits de verre ou des terrasses arborées pour tel ou tel centre touristique, nul n’y voit d’inconvénient, mais cela n’a pas sa place dans un lieu de culte et de prières. Dès lors, il est bien normal que les Français puissent l’exiger avec force sans pour autant que cela puisse être considéré comme une attaque contre la liberté des auteurs de ces projets inadaptés. Une terrasse marchande sous le parvis n’a pas non plus de raison d’être aux pieds de Notre-Dame ; elle serait aussi déplacée qu’une girouette qui aurait été substituée à une gargouille.

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    Ce qui est vrai pour la restauration de Notre-Dame est aussi vrai pour la restauration de la France. Chaque homme, chaque femme doit y être à sa place. Cela est vrai à tous les niveaux, y compris dans la vie politique. Cela signifie très clairement que chaque représentant élu doit être ferme dans ses conviction, droit dans son comportement, souple face à l’adversité, ajusté à sa fonction, poli vis-à-vis de ses électeurs, cohérent dans ses choix… Et les électeurs doivent s’en souvenir au moment de chacun de leurs divers votes sinon ce sont eux qui sont les premiers responsables des maux dont ils ne manqueront pas ultérieurement de se plaindre.

    Les enjeux électoraux.

    Les élections municipales approchent et les Français vont donc être confrontés à des choix importants dont les ressorts sont les mêmes que pour la restauration de Notre-Dame. Mais pour que leurs choix soient cohérents ils doivent commencer par apprécier tous les enjeux, sans aucune exception. Ils ne doivent pas s’arrêter à un aspect partiel de la mission confiée aux élus. De même qu’à Notre-Dame, la « forêt » avait deux fonctions : soutenir le toit qui protégeait la voûte et participer à l’équilibre des forces qui assurait la stabilité de l’édifice, de même les élections municipales ont deux enjeux principaux différents : un enjeu local et un enjeu national. Et aucun ne doit être sacrifié à l’autre au risque de fragiliser tout l’ensemble.

    L’enjeu local est celui auquel les électeurs se disent le plus sensible. Il s’agit tout d’abord de confier les destinées de sa commune à des personnes qui auront à la gérer pendant six années consécutives. Ils n’en seront pas, pendant toute la durée de leur mandat, ni les propriétaires ni même les locataires mais devront simplement en être les gestionnaires prudents et avisés. Autrement dit, ils n’auront pas à en jouir ni même simplement à profiter de ses fruits mais ils devront se mettre à son service. Ils devront consacrer leur énergie à la faire vivre et évoluer, selon son état comme on aurait dit autrefois. Les élus ne sont pas choisis pour faire de leur ville un champ d’expérience, ni un tremplin pour une autre fonction, ni même uniquement une vitrine de leur réussite individuelle mais pour permettre à leurs administrés d’y vivre au mieux. Dès lors les électeurs doivent accorder leur vote à une personne qui connaît sa ville (pas à un parachuté), qui l’aime vraiment et comprend ses besoins comme ses atouts et qui est ménager des deniers publics. De ce point de vue, ce qui compte le plus ce sont les qualités personnelles du candidat et l’on comprend qu’elles soient plus facilement mises en valeur dans les petites communes où il est plus aisé de connaître son voisin.

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    Mais il ne faut pas oublier que, derrière les municipales, se cache aussi un enjeu national, lequel prend deux aspects principaux : d’une part les élections sénatoriales et d’autre part les parrainages pour les élections présidentielles. Et, de ce point de vue, il est indispensable de prendre en considération les valeurs collectives auxquelles se réfèrent les candidats. La polémique résultant de la circulaire Castaner est un leurre car en s’attachant à la visibilité de la question elle occulte le fond. Comment une personne qui considèrerait certaines valeurs éthiques comme absolues pourrait-elle voter pour un candidat qui soutiendrait un parti favorisant l’abandon de ces valeurs ? Disons le tout de suite, elle perdrait alors moralement le droit d’aller manifester. Comment une personne opposée à la suppression des régimes spéciaux de retraite pourrait-elle apporter son suffrage à un candidat qui serait intimement convaincu que le régime doit être unifié ? Elle perdait aussitôt toute raison de faire grève. Comment une personne ayant des convictions fermes pourrait-elle soutenir un candidat qui aurait fait la preuve de « ses sincérités successives » ou qui déclarerait qu’il sépare ses convictions personnelles de ses responsabilités politiques ? Il n’aurait plus aucune légitimité pour critiquer ensuite le fait que, le vent ayant tourné, l’élu aurait changé d’opinion.

    En fait, la vie d’une personne est unique ; elle doit être cohérente. Nul ne peut prétendre avoir des convictions personnelles et faire consciemment des choix qui, à plus ou moins longue échéance, mettront en péril lesdites convictions. C’est en ce sens que certains sujets sont indiscutables car fondés sur des principes intangibles. Dans sa vie publique, comme dans sa vie privée, tout être humain doit se comporter de la même façon. S’il n’en était pas ainsi, non seulement d’un point de vue personnel il serait condamné à être toujours tiraillé entre deux idéaux contradictoires, mais de plus, d’un point de vue social, la cohésion du pays serait mise à mal. C’est pourquoi, avant de voter, tous les Français devraient simplement se tourner vers leur Reine afin qu’elle leur obtienne le discernement.

  • Nous sommes ballottés d’une peur à l’autre…, par Christian Vanneste.

    Voici revenues les grandes peurs… Evidemment, ce ne sont plus celles du Moyen-âge : ni le diable, ni les sorcières, ni les loups ne rodent plus dans l’imaginaire collectif en faisant trembler d’effroi les enfants. Mais quand même, la grande peste, celle de 1346, semble de retour. Elle avait décimé l’Europe, vidé certaines villes de leurs habitants, réduit les échanges commerciaux et ruiné définitivement les prospères foires de Champagne. La Renaissance a du attendre un siècle avant de franchir les Alpes. Certes, le Covid-19 est de son temps, un virus plus sournois que la bactérie de la peste, qui s’attaque à une humanité beaucoup mieux armée pour lutter contre les maladies et retarder la mort. La propagation est rapide et assez surprenante, mais les cas mortels demeurent très minoritaires.

    christian vanneste.jpgToutefois, on ne peut éviter deux réflexions. La première s’appuie sur le point commun entre la grande peste et le coronavirus : tous deux sont liés aux échanges, à la circulation des marchandises et des personnes. En l’absence de vaccin et de traitement sûr, la réponse à l’épidémie actuelle consiste avant tout à mettre en marche arrière le processus d’ouverture qui anime l’idéologie dominante de la planète. Faute de fermer les frontières nationales pour refouler l’immigration irrégulière, l’Italie a mis en place le confinement de certaines villes pour isoler les personnes éventuellement contaminées. Le tourisme et les pèlerinages sont davantage endigués. Les manifestations qui rassemblent les foules sont annulées. Bref, l’homo festivus, grand consommateur, grand voyageur et grand festoyeur, est prié de prendre garde à ce qu’il touche, à qui il rencontre, à veiller avec précaution à l’utilité et la destination de ses déplacements. La route de la soie qui ressuscitait, mais dans l’autre sens et à une autre échelle, le voyage de Marco Polo, devient la voie du doute, puis de l’effroi : c’est une fois de plus de l’Orient que vient le mal, et c’est en Italie qu’il prospère. Tous ceux qui sont allés dans les régions de ce pays touchées par le fléau, de même que ceux qui par leurs activités, dans les hôpitaux, par exemple, ont pu être en contact avec des porteurs, sont appelés à demeurer cloîtrés durant une quinzaine, la durée d’une incubation éventuelle. Si on constate l’exception réservée au match Lyon-Turin pour lequel plusieurs milliers d’Italiens on pu venir soutenir leur équipe dans la capitale des Gaules, c’est tout le mondialisme, ses échanges, ses bourses, et ses fêtes que le virus a fait pâlir. Il est vrai que là, les enjeux financiers d’un match de football, méritaient de courir le risque en exagérant la distance entre Milan et Turin. Après tout, au Heysel, en 1985, malgré 39 morts dans les gradins, on avait repris le match. On sent bien dans la vague d’inquiétude qui submerge les médias que c’est quelque chose d’essentiel à l’idéologie de notre époque qui est ici en cause : l’absence de frontière, la libre circulation, bref le mondialisme. Le Sida a aussi tenu longtemps une place privilégiée dans les préoccupations collectives, non parce qu’il concernait la majorité des gens, mais parce qu’il touchait à une idée considérée comme primordiale par la pensée dominante de notre temps, la liberté sexuelle.

    Mais, pour ceux qui ont connu les heureuses années pompidoliennes, celles où la France choisissait le nucléaire pour sauvegarder son économie, se réjouissait de sa croissance industrielle, et s’intéressait peu encore à l’hécatombe routière, ils ont le souvenir d’un moment de leur vie qui ignorait la peur, même s’il est maintenant envahi par les reproches. Au contraire, nous en sommes aujourd’hui à passer d’une crainte à une angoisse puis à une panique, comme si l’actualité ne pouvait se nourrir que des frayeurs qu’elle suscite en permanence. Le pauvre BHL tente de brandir à nouveau le masque du dictateur sanguinaire de Damas massacrant son peuple à plaisir, alors, soit-dit entre nous, qu’il essaie simplement de restaurer la circulation entre Damas, le littoral et Alep, la ville la plus importante du pays et dont celui-ci a besoin pour se redresser. Mais BHL se plaint du tintamarre fait autour du coronavirus, qui fait passer la situation en Syrie au second plan. On se souvient que le même avait réussi son coup en 2011 en participant aux cris de détresse qui conduisirent à l’intervention calamiteuse en Libye pour « sauver » Benghazi qu’un méchant dictateur voulait lui aussi détruire. Mais ensuite, le terrorisme est devenu la hantise de premier plan, sans qu’on veuille reconnaître que son caractère islamiste repose sur un lien indubitable avec la déstabilisation des pays musulmans, l’immigration et l’ouverture des frontières. Grâce à la pucelle du climat, c’est une autre peur encore qui a pris le relais : une bonne celle-là, celle du réchauffement climatique, appelant tout individu responsable à se vouloir un héros au service de la planète, un héros craignant de rouler trop vite, de manger trop, de consommer trop, de faire trop d’enfants…. Un chevalier plein de peurs et de reproches. Il y a chez Maupassant un personnage qui à force d’avoir peur d’un duel, finit par se suicider. N’est-ce pas l’état d’esprit qui domine, d’une peur à l’autre, plutôt que d’affronter la vie avec courage, confiance et espérance ?

  • Les totalitarismes : prendre une partie pour le tout (2e) (14), par Jeunesse si tu savais et Poussières d'étoiles.

    En contact avec les mouvements Jeunesse si tu savais et Poussières d'étoiles; voici les liens de leur page FB, de leurs sites officiels et de leur chaîne youtube :

     

    JEUNESSE SI TU SAVAIS

    https://www.facebook.com/jeunessesitusavais/

    https://www.jeunesse-si-tu-savais.fr/

     

    POUSSIERES D'ETOILES

    https://www.poussieresdetoiles.fm/

    https://www.youtube.com/channel/UCvYtt4Ws_Uc4Cj0LeLCoEJQ/videos

     

    Et voici le quatorzième article (aussi en vidéo/audio) qu'ils nous ont adressé, en attendant la suite...

    LES TOTALITARISMES : prendre une partie pour le tout (2e)

    QUAND UN ARBRE CACHE LA FORÊT appliqué au sexe...

    https://www.poussieresdetoiles.fm/uploads/newscast/0/0/77/e47f9201-44a3-413a-a75b-9f34323b6f5a.mp3

    3° le sexe : la lutte des sexes (homme/femme)

    Plus récemment avec Mai 68, certains féministes et révolutionnaires tirent du principe de « la lutte des classes », une « lutte des sexes ». homme/femme. Qui s’est développée grâce au féminisme d’abord, puis après avec l’idéologie du « lobby gay » ou de « la théorie du genre ». Déjà Simone de Beauvoir dans « Le deuxième sexe » était devenue la porte-parole d’un féminisme qui considérait que les femmes avaient été exploitées et dominées pendant des millénaires, qu’elles devaient se révolter pour changer la société. C’est une lutte pas uniquement politique, mais aussi sociale et sociétale qui était proposée la dans cette « lutte des sexes ».

    Il y a bien sûr des différences entre l’homme et la femme, mais il n’y a pas d’obligation que l’un domine l’autre ou exploite l’autre. Au contraire il y a nécessité d’une unité. D’une union entre l’homme et la femme pour porter du fruit. Là aussi c’est un arbre qui cache la forêt. Il peut y avoir un côté macho ou même violent dans certains hommes et en réaction une révolte de certaines femmes qui veulent s’affranchir d’une telle situation. Mais dans l’ordre naturel des choses, il y a une unité fondamentale entre un homme et une femme, tout en respectant leur différence. Et de cette union naît l’Amour et naît la Vie. Il n’y a pas de Vie sans Amour et de l’Amour naît habituellement justement cette Vie. Il y a une complémentarité entre l’homme et la femme. Il n’y a pas lutte entre l’homme et la femme pour une prétendue « égalité » ou pire pour une domination des uns sur les autres, ou des unes sur les autres. Plutôt qu’une lutte, une opposition entre le féminin et le masculin, on peut aussi prendre le chemin naturel de la réconciliation, de la complémentarité entre les deux faces de l’être humain. Là où est l’opposition, remettre l’unité, là où est la division, remettre l’Amour. Quoi de plus beau que de mettre l’Amour dans une relation entre un homme et une femme ; et c’est un Amour qui va porter du fruit, qui va donner la Vie.

     

    4° le sexe : la psychanalyse

    Bien d’autres totalitarismes – où l’on prend une partie pour le tout – se sont développés dans la pensée humaine. Voici un autre exemple : la psychanalyse. Là c’est le sexe qui est l’arbre qui cache la forêt, comme dans la lutte des sexes homme /femme. Freud a développé à la fin du XIXème siècle une doctrine qui s’est répandue dans toute la société et particulièrement dans cette ambiance des années 60 et de Mai 68. Selon lui, le tout de l’Homme est explicable par le sexe. Ses rapports avec sa mère, ses rapports avec son père, le rapport des uns et des autres. Tout est sexuel et sexué. C’est là encore un arbre qui cache la forêt. Bien entendu que la fonction sexuelle a une importance dans la vie des êtres humains, quels qu’ils soient, mais ce n’est pas le principal.

    Il y a bien d’autres moteurs dans la vie des hommes. Que ce soit le moteur de l’Amour que l’on reçoit avec le lait maternel, dans le berceau de la famille. Et qui va se perpétuer dans le don de la Vie et à nouveau l’Amour, conjugal cette fois, et la fondation d’une nouvelle famille (et pas seulement motivé par le seul instinct sexuel). Il y a le moteur de la réalisation personnelle, le moteur du développement des capacités intellectuelles, le moteur de la création - où l’on est créateur d’objets, d’œuvres matérielles ou intellectuelles. Sans oublier les moteurs associatifs, de dévouement, de bénévolat, d’organisation de la cité, de la politique, de la vie sociale et économique. Voir aussi de la recherche de la richesse, de la gloire ou du pouvoir. Il y a de nombreux points d’appui dans la vie des êtres humains qui n’ont rien à voir avec l’instinct sexuel. Qui est certes utile pour la transmission de la vie et l’unité d’un couple, mais qui n’est pas le seul et unique moteur de l’Homme. A moins de réduire ce dernier juste à une dimension matérialiste, purement biologique et à un jeu de soupapes et de pistons.

     

    En conclusion

    Dans le monde contemporain on pourrait citer bien d’autres totalitarismes dans la pensée, dans l’idéologie, voire dans la société. Il y a le totalitarisme du matérialisme et de la société de consommation où l’on ne voit l’être humain que sous l’aspect « homo economicus », que sous l’aspect de sa fonction de consommateur. Le totalitarisme de l’Argent qui est lié au précédent. On prend l’Argent comme seul moteur dans la société ; tout doit être axé sur le fait de gagner le plus d’argent possible au détriment des plus faibles, de ceux que l’on va pouvoir exploiter. Et aussi de la vie familiale et sociale.

    En résumé le totalitarisme aujourd’hui, c’est prendre une partie pour le tout, un arbre qui cache la forêt. Que ce soit la classe dans « la lutte des classes », la race dans « la lutte des races », le sexe dans « la lutte des sexes » ou la psychanalyse, l’argent dans la société de consommation. Voilà quelques-uns de ces totalitarismes des temps modernes.

  • Les conséquences économiques de la pandémie: qui va payer?, par Guillaume Bigot.

    Source : https://www.causeur.fr/

    Emmanuel Macron, face à un choix terrible, devra agir contre son électorat.

    Pour sauver l’économie, partout dans le monde, les États vont devoir « euthanasier les rentiers » (l’expression est de Keynes). Si l’euro y fait obstacle, la monnaie commune va sauter.

    Pour bien mesurer les enjeux économiques soulevés par le confinement, il faut distinguer les effets sur le passé et sur l’avenir de cette quasi mise à l’arrêt du pays et de l’essentiel de la production mondiale. 

    Le gel complet des trois quarts de l’activité exerce deux types d’effets. Prenons l’exemple de la France.

    Le premier effet, c’est d’empêcher une part importante de la richesse d’être produite (si le confinement dure trois mois, en fin d’année, près d’un quart de PIB va manquer). Le deuxième effet découle des mesures prises par l’État pour  éviter que les entreprises coulent ou que les ménages privés d’emploi plongent dans  la misère.  Qu’il s’agisse de garantir des emprunts, de ne pas encaisser des taxes ou encore de verser les salaires du privé (le chômage partiel), de facto la majeure partie de l’économie a été de facto nationalisée.

    Il est essentiel de comprendre que la majeure partie de cette richesse non produite sera définitivement perdue. Prenons l’exemple des cafés, une fois ré-ouverts, ils seront incapables de reconstituer le chiffre d’affaires perdu. Les Français ne vont pas boire trois tasses de café au lieu d’une, trois mois durant pour compenser l’effet confinement !

    Au lendemain d’une guerre, on doit reconstruire, ce qui stimule le PIB. Ici, il faut sortit de l’engourdissement. La reprise sera fastidieuse voire douloureuse. Elle le sera d’autant que le déconfinement ne sera pas synchrone et qu’une partie importante de la production (effet de la globalisation) et de la consommation (le tourisme et les exportations) vient de l’étranger. Si l’épidémie dure, les surcoûts engendrés par la production du matériel de protection, par le respect des distances sociales (qui suppose plus de M2 pour produire ou une production perlée) va rendre le déconfinement plus lent et plus difficile. Enfin, le Covid a déjà fait des victimes économiques et ce n’est pas terminé : faillites, mise au chômage ; etc.

    Une partie importante va se jouer dans la manière dont le gouvernement va considérer les dépenses publiques surtout dans notre pays qui, avant la pandémie, s’était déjà enfoncé dans la spirale de l’endettement : en étant obligé d’emprunter. Or, la BCE interdit aux banques centrales de financer directement les États, contrairement à ce que fait la Banque d’Angleterre, par exemple.

    Au lendemain du déconfinement, l’attitude de l’État peut être de deux types : soit il considère que de futurs impôts doivent financer les dépenses publiques, soit il décide que celles-ci ne sont pas des avances mais des dons.

    Dans le premier cas, le gouvernement brise les genoux du redressement avant même qu’il ait lieu. Dans le second cas, il favorise la production et la consommation. Ces deux solutions ne feront pas du tout les mêmes perdants et les mêmes gagnants. 

    Si les dépenses publiques ne sont pas remboursées, si les dettes sont effacées, à la manière de ce que recommande l’ancien testament avec la tradition du Jubilé qui prescrit, une fois tous les 49 ans, de passer en pertes toutes les créances, on appauvrit les épargnants. L’effacement des dettes découle généralement de l’inflation déclenchée par la création monétaire (il y a davantage de monnaie que de production) laquelle déprécie la richesse existante. On parle de « monétiser la dette » ou de « seigneuriage monétaire ». Garant de l’ordre social, l’État considère que l’on ne peut se permettre de ruiner la société dans son ensemble pour préserver les intérêts de ceux qui détiennent des créances (en fait, les riches et les vieux). En effaçant les dettes, le pouvoir politique rappelle aux institutions financières qui est le patron. À raison. La folie de la globalisation, son caractère cancéreux résidait dans le fait de soumettre le pouvoir politique au bon vouloir des puissances économiques. 

    Or, il ne peut y avoir de banques, de compagnies d’assurances, de fonds de pension, d’actionnaires, de riches ou de petits épargnants, pas même d’activité économique pérenne si l’État est ruiné. 

    Si la puissance publique, garante de l’intérêt général, fait endosser aux producteurs (salariés, entreprises) le remboursement des dettes par des taxes, il sacrifie la richesse future. Rembourser les dépenses publiques et la dette, c’est sacrifier le futur sur l’autel du passé. Le « jubilé », c’est « l’euthanasie de rentiers » (l’expression est de Keynes) au nom de l’avenir. L’électorat et la politique de Macron sont ceux de la défense des bas de laine. L’apôtre de la start-up nation risque d’être contraint de préférer les salariés aux actionnaires, l’intérêt général aux marchés et la France à l’Europe et à la globalisation.

    Une part importante des détenteurs d’obligations sont en effet étrangers (à 70%). De plus, non seulement les 27 ne veulent pas mutualiser les dettes mais les traités européens et notamment l’architecture de l’euro nous obligent à emprunter pour financer nos dépenses. Il y a donc un hiatus. Mourir Européen ou revivre Français ?

    On comprend pourquoi Macron est aussi mal à l’aise. Il va devoir se démettre ou se soumettre à l’intérêt du plus grand nombre et sacrifier les 30% de privilégiés qui l’ont élu.

     

    DG du groupe IPAG, politologue et essayiste. Son nouvel ouvrage "la Populophobie, le pouvoir de l’élite, par l’élite et pour l’élite", chez Plon, avril 2020. Retrouvez l’auteur sur Twitter @Guillaume_Bigot
  • La Révolution de 1968 (3), par Jeunesse si tu savais et Poussières d'étoiles.

    En contact avec les mouvements Jeunesse si tu savais et Poussières d'étoiles; voici les liens de leur page FB, de leurs sites officiels et de leur chaîne youtube :

     

    JEUNESSE SI TU SAVAIS

    https://www.facebook.com/jeunessesitusavais/

    https://www.jeunesse-si-tu-savais.fr/

     

    POUSSIERES D'ETOILES

    https://www.poussieresdetoiles.fm/

    https://www.youtube.com/channel/UCvYtt4Ws_Uc4Cj0LeLCoEJQ/videos

     

    Et voici le troisième article (aussi en vidéo/audio) qu'ils nous ont adressé, en attendant la suite...

    LA RÉVOLUTION de 1968

    ET VOICI UNE NOUVELLE VIDEO! la Révolution culturelle et sexuelle contre l’Homme (traditionnel) et l’Ordre naturel,
    au nom de la Liberté et de l’Égalité.
    Le 3e volet sur les Révolutions des temps modernes (après 1789 et 1917).

    https://www.poussieresdetoiles.fm/uploads/newscast/0/0/11/9824d5b4-3024-4566-9b17-bcd8a67e73fd.mp3

     

    C’est la Révolution de MAI 68.

    Une Révolution culturelle et sexuelle contre l’Homme traditionnel et l’ordre naturel, au nom de la Liberté et de l’Égalité, cette fois-ci. C’est une Révolution qui sera, dans les années 60, pas simplement le fait de l’Europe, mais elle concernera le monde entier. On verra des mouvements révolutionnaires culturels ou sexuels un peu partout en Occident. Même en Chine, c’est au nom de MAO (leader dont se réclameront les agitateurs de Mai 68, notamment en France) que se fera cette Révolution culturelle ; avec des millions et des millions de morts. Conséquence habituelle de ces Révolutions contemporaines.

    Dans les autres pays, les morts seront à plus long terme. C’est une Révolution sexuelle qui veut changer les mœurs. Là aussi au nom de l’Égalité, on veut instaurer une organisation différente des sexes. On considère que la lutte des classes sociales n’est pas suffisante pour faire la Révolution. On va transposer cette lutte des classes au niveau des sexes : lutte entre hommes et femmes. Homme considéré comme dominant depuis des millénaires ; femme comme dominée, exploitée et qui doit faire sa Révolution pour dominer le monde à la place des hommes, bien sûr au nom de l’Égalité homme-femme.

    Révolution avec le féminisme et après cela aussi avec le « lobby gay ». Puisque la norme n’existe plus, tout est devenu possible, la conclusion de ces théories au niveau sexuel est qu’il n’y a plus *ni homme, ni femme (au nom de l’Égalité) *et que chacun fait ce qu’il veut au moment où il le souhaite (au nom de la Liberté). Cette révolution génère aussi la volonté d’être maître de tout, d’être son propre dieu.

    L’Amour et la sexualité ne sont plus liés à la Vie.

    On se doit de séparer les deux. Ou même les trois. Il y a l’Amour, réduit au sentiment amoureux et à la passion, donc très volage ;

    la sexualité, réduite à la recherche effrénée du plaisir, même contre nature ;

    la transmission de la Vie, que l’on verrait bien se faire en laboratoire, avec banque du sperme et d’ovule, bébé-éprouvette, location de ventre, et en final, le must : la société vue dans MATRIX, où tout se fait, du début à la fin, de manière artificielle dans des usines à bébés.

    Les fruits de cette révolution sexuelle : la liberté sexuelle, l’union libre, la contraception artificielle pour vivre sa sexualité sans conséquence. Et en cas d’ « échec »,on a déjà trouvé la parade : on aura en France (comme dans bien d’autres pays occidentaux) la loi Veil (1975), la loi qui rend légal et encourage l’avortement. Et qui va occasionner- rien qu’en France- quelque 6 millions de victimes, de petits êtres humains innocents tués même avant leur naissance. Et des centaines de millions à travers le monde entier au nom de cette liberté sexuelle qui est de disposer de son corps et de tout être humain qui pourrait s’y trouver malencontreusement, si l’on peut dire.

    C’est une Révolution aussi qui introduit la liberté de mœurs. Conclusion quarante ans plus tard, c’est plus de la moitié des premiers enfants d’un couple qui nait hors mariage. La société n’est plus consciente de la valeur du Mariage comme protection et fondation de la Famille. Cet l’union libre qui est devenue la règle, le concubinage avec toutes ses conséquences l’instabilité (même les divorces ont explosé quand on s’est enfin marié) , les familles recomposées (ou décomposées) avec des enfants écartelés, voire même des « mariages homo » qui ne sont qu’une singerie du Mariage et que l’on cache sous le nom de « mariage pour tous ». Cette libération sexuelle était aussi associée à une volonté de révolution culturelle, de changer de Civilisation, (comme l’a reconnu Mme Taubira). De faire du passé table rase une fois encore, mais cette fois-ci au niveau de la culture pour instaurer une espèce d’Homme Nouveau, sans foi ni loi, sans Dieu, s’opposant à l’ordre naturel, devenant son propre dieu; un Homme Nouveau qui tourne le dos à la Civilisation et à l’altérité sexuelle, qui tourne le dos à la conception traditionnelle de l’Amour et de la Vie.

    EN CONCLUSION

    Du 18eme siècle à nos jours, nous avons fait un survol de ces grandes Révolutions des temps modernes qui toutes ont encore une influence sur le monde d’aujourd’hui. Elles sont filles les unes des autres et toujours réalisées au nom de la Liberté et de l’Égalité. Et de siècle en siècle avec toujours plus de larmes et sang, et toujours plus de morts.

    Et pour s’inspirer de la phrase de Mme Rolland : « O Liberté, O Égalité, que de crimes on commet en votre nom !»


  • Macron : le mensonge de trop, par Gregory Roose.

    Après avoir menti sur la dangerosité du coronavirus, sur les masques, sur les tests, après avoir infantilisé les Français, Emmanuel Macron a commis le mensonge en déclarant que le virus était « imprévisible ».

    Voici près d’un mois que la France entière est confinée. Seuls ceux qui font survivre le pays sont sommés de prendre le risque d’aller travailler, le plus souvent pour un maigre salaire. Hier, le Président de la République a annoncé au Français qu’ils étaient au milieu du gué : le confinement durera un mois de plus, marquant l’échec du pouvoir progressiste à les protéger autrement que par des moyens rudimentaires.

    Les conséquences pour notre économie seront catastrophiques, d’autant que d’autres pays d’Europe et du Monde, qui sont nous concurrents directs, sortiront de confinement plus rapidement. De nombreux Français se réveillent ce matin avec la gueule de bois. Seuls, reclus dans leur 16 m² au rez-de-Chaussée d’un immeuble défraîchi des années 80, il se sont levé tôt pour ne pas manquer les 25 minutes quotidiennes de soleil que laisse pénétrer les quatre imposantes colonnes minérales qui ferment la petite courette de cailloux qui prolonge l’unique fenêtre de leur studio. D’autres, entassés à cinq ou six dans leur appartement de 70 m² d’une ville de province, ne peuvent vraiment s’aérer ni pas profiter des paysages pourtant accessibles à 10 minutes de voiture. Des personnes âgées vivent seules chez elles, sans recevoir ni visite, ni courrier, ou si peu. Certaines sont peut-être mortes depuis des semaines dans la solitude et l’ignorance. Des infirmières, des médecins, des éboueurs, des caissières, des petits commerçants, artisans ou agriculteurs partiront ce matin au travail la boule au ventre, contraint et forcés d’aller travailler pour maintenir en vie un pays plongé dans un coma artificiel depuis près d’un mois…et pour un mois de plus.

    « Virus imprévisible ? » : la France était alertée en janvier des risques épidémiques liés au COVID-19

    A qui la faute ? Certainement pas la mienne, nous a dit Emmanuel Macron, qui s’en fendu d’un vague mea culpa censé reconnaître des « failles » collectives. Dans son discours, le président de la République a prononcé un mot de trop en déclarant que le virus est, « redoutable, invisible, imprévisible ». Imprévisible ? C’est le mensonge de trop. Emmanuel Macron et son gouvernement savaient depuis, au minimum, le 5 janvier 2020, qu’un nouveau virus potentiellement dangereux circulait en Asie du Sud-Est, date à laquelle l’Organisation mondiale de la santé (OMS) s’est fendu d’un communiqué par lequel il indique être informé depuis le 31 décembre 2019 « de cas de pneumonie de cause inconnue détectés dans la ville de Wuhan, dans la province du Hubei, en Chine ». Le communiqué poursuit en alertant sur « le fait que 44 cas de pneumonie nécessitant une hospitalisation soient survenus de façon aussi rapprochée dans l’espace et le temps devrait inciter à la prudence ». Le 10 janvier 2020, l’OMS publie un ensemble complet d’orientations techniques en ligne ainsi que des conseils à l’intention de tous les pays sur la manière de détecter, de dépister et de prendre en charge les cas potentiels. Fin janvier, elle déclare une urgence de santé publique internationale (USPPI). C’est à partir de cette date que le gouvernement aurait du, s’il ne l’avait pas déjà fait, des mesures concrètes pour anticiper les conséquences d’un risque pandémique fort.

    En l’absence de masques et de tests, le gouvernement va infantiliser et mentir aux Français

    C’est à ce moment précis que le gouvernement français devait reconstituer son stock de masques, prévoir une réquisition des industries capables de produire des respirateurs et matériels de protection en cas de besoin, élaborer des scénarios de réaction face au risque désormais très sérieux de pandémie, augmenter les moyens et accélérer la recherche sur ce virus encore méconnu mais sujet à de très vives inquiétudes au niveau international. Pourtant, il n’a pas pris toute la mesure du risque. Pis, il l’a minimisé, endormant les Français pendant de longues semaines sur sa viralité et sa dangerosité discriminante. L’ancienne ministre de la Santé déclarait, fin janvier que le risque de propagation du Coronavirus était « quasiment nul » en France. Quinze jours plus tard, alors qu’il fait son entrée en France, la même Agnès Buzyn abandonne le navire pour s’engager dans une course aussi vaine que désespérante à la mairie de Paris. Le 7 mars, Emmanuel Macron se rend au théâtre « pour inciter les Français à sortir malgré le coronavirus ». Une semaine plus tard, il annoncait les premières mesures drastiques de confinement à l’échelle nationale.

     

    Le gouvernement n’a pas pris toute la mesure du risque. Pis, il l’a minimisé, endormant les Français pendant de longues semaines sur sa viralité et sa dangerosité discriminante

    Grégory Roose

     

    Combien de contaminations auraient pu être évitées pendant ce laps de temps si les Français avaient été correctement informés et préparés au pire ? Le Gouvernement, par la voix de sa porte-parole, Sibeth Ndiaye, leur a assené que « les Français ne pourront pas acheter de masque dans les pharmacies, car ce n’est pas nécessaire si l’on n’est pas malade ». En réalité, la France n’avait plus de stock de masques. Le Gouvernement étant incapable d’en fournir aux Français, il choisi de les infantiliser, de leur mentir. Finalement, Macron déclarait hier soir que «  l’État, à partir du 11 mai, devra permettre à chacun de se procurer un masque » dont l’usage « pourra devenir systématique ». La même petite musique irresponsable a été entonnée concernant la politique des tests. Le gouvernement s’y est longtemps refusé, prétextant de divers motifs, par manque de matériel. Au même moment, chez nos voisins allemands, le test est pratiqué à grande échelle, ce qui permet aux autorités allemandes de détecter précocement les infections, même chez les patients asymptomatiques, de les isoler et de contenir la propagation de la maladie.

    Aucun gouvernement ne résiste à une « guerre » qu’il n’a pas su anticiper. Des comptes seront à rendre à la sortie de cette crise pour préparer le « monde d’après »… en l’absence des gouvernants du monde d’avant.

    Grégory Roose

     

    http://gregory-roose.fr/

  • Le virus se moque des mots et des chiffres !, par Christian Vanneste.

    Le Covid-19 a donc jusqu’à présent tué plus de 17 000 personnes en France. Notre pays se situe parmi ceux qui auront le plus mal résisté à la pandémie. Cette sinistre surprise devrait être pour les Français l’occasion d’une prise de conscience. Le système de santé que le monde nous enviait, l’Etat stratège, impérieux et omnipotent, censé nous protéger, n’ont pas été à la hauteur. La qualité de l’armée de ceux qui ont affronté le virus sur le terrain, leur savoir-faire et leur dévouement, ne sont pas en cause. Beaucoup sont allés au combat sans armes parce que l’Etat avait été imprévoyant. Et c’est bien ce rapport de la France charnelle avec son Etat qui doit être « réinventé », comme dirait notre bavard président.

    christian vanneste.jpgLe rapport entre le peuple et l’Etat en France n’est pas démocratique. La crise sanitaire actuelle le révèle cruellement. Une démocratie digne de ce nom repose sur le pluralisme, et sur la transparence de l’information. Or, le prétexte de l’urgence devant le péril a justifié au nom de l’union nationale, un accroissement inouï de la verticalité du pouvoir. La vie du pays semble rythmée par les allocutions présidentielles et les conférences de presse quotidiennes du Directeur Général de la Santé. Avec ce dernier, on comprend ce que Nietzsche voulait dire en parlant de « l’Etat, le plus froid des monstres froids » qui « ment froidement ». C’est chaque soir un long écoulement de chiffres. C’est ainsi qu’on apprend que le nombre élevé des décès ajoutés hier à la liste des victimes, 1438, s’expliquait par « une remontée des données », les 924 morts des Ehpad connues avec retard. Ainsi, les personnes âgées, décédées sans un adieu à leur famille, ne sont que des « données ». Pour l’Etat, les personnes ne sont que des statistiques, dont Churchill disait qu’il n’y croyait que lorsqu’il les avait lui-même falsifiées. Il faudrait s’interroger sur l’absence de « données » pour les décès à domicile. Le surprenant chassé-croisé entre la restriction de l’utilisation de la chloroquine et l’autorisation de la vente d’un puissant sédatif favorisant la « mort douce » chez soi, le « rivotril », soulève le doute quand on sait que plusieurs régions ont vu leurs capacités hospitalières saturées. Néanmoins, jour après jour, il s’agit pour la technostructure médicale de justifier les mesures prises par l’Etat, le confinement notamment, et les résultats positifs qu’elles engendrent. Pour l’instant, ceux-ci sont modestes : une décrue des réanimations d’abord, des hospitalisations ensuite. Il aurait été inquiétant qu’en restreignant les contacts entre les gens, l’épidémie ait poursuivi sa propagation à grande vitesse. En revanche, l’insuffisance des tests ne permet pas de mesurer le risque qui surgira à la fin du confinement.

    Le versant humain de l’Etat est, lui, incarné par le président. Celui-ci a déployé une humilité et une empathie dont la foule de ses flagorneurs médiatiques s’est félicitée. Mais au-delà de cette orchestration des médias dont bénéficie étrangement le régime actuel, sans doute pour la première fois dans la Ve République, personne ne semble s’inquiéter de la dérive autocratique de celui-ci. Depuis 2017, les crises n’ont pas manqué. A chaque fois, le pouvoir a remonté la pente parce que le président monopolisait la parole. On subit donc une alternance entre les faits, plus calamiteux les uns que les autres, affaire Benalla, protestation des gilets jaunes, grèves paralysantes contre la réforme des retraites, et les logorrhées macroniennes noyant les difficultés. Plus celles-ci sont rudes, plus l’occasion semble s’offrir d’un exploit oratoire. Le virus doit être pour Macron une sorte d’Austerlitz du verbe. La France n’était pas prête, le gouvernement a pris un retard qui a coûté des vies, le président a montré le mauvais exemple et pris des décisions absurdes comme les municipales la veille de la fermeture des écoles, mais tout cela est effacé parce que le grand déclamateur a dit que ça allait mieux et que les résultats étaient là. L’ennui, c’est qu’il a aussi fixé une date et annoncé la réouverture des crèches et des écoles, en même temps que la possibilité de tester les personnes à risques, le dépistage généralisé n’ayant pas de sens. Cette absurdité en aval fait écho à la précédente : les jeunes porteurs présentent moins de risques pour eux-mêmes que pour les adultes qu’ils vont côtoyer. Tester toute la population serait inutile, car une personne négative pourrait être contaminée l’instant d’après ? Certes, mais la « positive », elle, pourrait être isolée et traitée, ce qui comme l’usage généralisé du masque, serait plus intelligent qu’un confinement prolongé dont la logique ne répond qu’à la pénurie, de tests, de masques, de lits, de respirateurs, et même de chloroquine comme le souligne le Professeur Perronne.

    Face au technocrate plus politique que médical, le DGS Salomon, il y a le vrai médecin, qui continue à voir des malades, le professeur Raoult. Quant à l’autocrate, « grand causeux, et petit faiseux » comment le définir ? Napoléon flattant ses troupes ? Moïse guidant son peuple vers la terre promise du 11 Mai ? Non, Néron disant : « Quel grand artiste meurt en moi ! » On croyait avoir un énarque-banquier, « Mozart de la finance », et la France est à 100% du PIB de dette et passera à 118%… cette année. On croyait avoir le guide d’un peuple en marche et il l’a mis aux arrêts. En fait, on a un comédien, dont le narcissisme prend un évident plaisir à tenir les Français par le verbe. Leur réveil risque d’être terrible lorsque la réalité percera l’écran de la parole !

  • Vers l'aristocratie ouvrière, par Frédéric Poretti-Winkler.

    3834054413.45.jpgC’est dans un contexte de conflits et dans le but de la paix sociale que la rédaction des droits et devoirs par profession sera rédigé.

    La codification des corporations représenta à l’époque une grande avancée sociale et une conquête ouvrière…

    Ces organismes à la fois économiques et politiques, gérant l’organisation sociale dans la cité, représentaient un barrage aux gros entrepreneurs et aussi garantissaient les droits des ouvriers.

    frédéric winkler.jpgIl existait déjà de grandes industries qui employaient de nombreux ouvriers et celles-ci étaient tenues par de riches propriétaires bourgeois :
    « Toujours tisserons drap de soie,
    Jamais m’en serons mieux vêtues,
    Toujours serons pauvres et nues,
    Et toujours aurons faim et soif… » (Chrestien de Troyes 1170/1175)
    La terre de France voit s’élever les Cathédrales comme des champignons, symbolisant la richesse urbaine de l’époque. Les seigneurs féodaux et les villes organisent leur gouvernement à partir des cadres corporatifs présents, pour l’administration fiscale, militaire et électorale. C’est surtout dans les villes que les corporations jouent un rôle de premier plan, dans l’organisation politique et sociale, véritable chef d’œuvre économique des bourgeoisies du moyen-age. Imaginons comment une telle organisation pouvait tenir avec les difficultés qui pouvaient surgir ; guerres, pénuries, conflits sociaux…Les corporations sont des personnes féodales avec leurs droits et devoirs, blasons et gens d’armes. Les règles s’installaient et malgré quelques petites divergences, une harmonie s’établissait. On voit des seigneurs créer des communautés de travailleurs.L’abbé de St Denis(1175) garantie l’organisation de ses bouchers. Les rois auront toujours le soucis des travailleurs et seront qualifiés par eux de prince besogneux (Henri Ier,Philippe Ier,StLouis,Louis le Gros).Sous le règne de Philippe Auguste, la capitale compte 30 métiers organisés. Il laissa le gouvernement de Paris aux bourgeois pendant l’expédition en Terre Sainte. On trouve bien là, l’alliance peuple et Roi, chère à la vieille France. « Le bon roi Philippe »criaient les classes artisanales. Saint Louis, outre le fait d’organiser les métiers, voulut organiser la garde, l’approvisionnement des villes(le guet fut réorganisé en 1254) et tenu par des gens de métier…L’extension du marché international et la rigueur corporative fait apparaître le contrôle technique et cela pas seulement dans le domaine industriel des grandes entreprises mais dans le monde artisanal, agricole et littéraire(l’université parisienne, les ménestrels) .Les corporations jouèrent un rôle d’émancipation et les caractères analogiques avec l’université sont criants(bacheliers, doctorat, maîtrise de métier…).Quelle richesse alors dans les sciences d’art et métiers et quel gâchis quand on compare avec aujourd’hui. Mais encore une fois, attention, l’ancienne France n’avait rien d’uniforme mais un enchevêtrement de droits divers, de coutumes locales, un véritable canevas riche de multiples organisations complexes suivant les lieux…On est loin du gaufrier étouffant d’aujourd’hui… « Il y a, indéniablement, montée sociale des travailleurs manuels…le Registre de 1292 qui signale des cotes appréciables pour plusieurs valets…Autre indications :des maçons et des tailleurs de pierre qui travaillaient au couvent des Augustins dans les dernières années du XIIIème siècle étaient payés 20 deniers par jour ouvrable, leurs aides 14 deniers ; des travailleurs de l’habillement gagnaient de 24 à 36 deniers ; mais il semble que le salaire moyen de beaucoup de compagnons fût d’environ 18 deniers. Or, en 1312…un mouton valait 6 sous huit deniers (80deniers), un pourceau 14 sous 7 deniers (175 deniers).N’allons pas conclure à d’exceptionnelles conditions de vie : il y a des métiers dont nous ignorons les salaires…»
    De là l’extension des corporations malgré quelques zones de « franches aires » maintenant leurs privilèges en dehors du cadre corporatif. Cette multiplication, toujours à l’ombre du roi, permet aussi l’obtention de pouvoir comme l’élection des chefs de métier. En 1338, à Rouen, « les filassiers sont invités à se dire d’accord avec un règlement fait, sur leur demande, par le maire et ses pairs…»Entre le XIIIème et le XIVème siècle, le pouvoir qu’exerçait les capitouls de Toulouse sur les métiers, passe aux mains des jurés de ceux-ci.

    GREVE et CONFLITS
    Loin d'avoir tout inventer, comme nous essayons de le démontrer notre temps semble découvrir aujourd'hui ce qui hier était monnaie courante. La grève existait déjà sous Saint-Louis.Les organisations ouvrières s’organisent avec leurs Saints et fêtes chômés, leurs blasons avec privilèges et devoirs, leurs justice, police et coutumes.Quelques conflits naissent des rivalités entre maîtres et ouvriers car les premiers cherchent à se distinguer des seconds, nous sommes dans les temps dits classiques ou la bourgeoisie s’affirme, loin de l’humilité du Moyen-âge…
    _Maçons et ouvriers du bâtiment à Paris, 1660-62,
    _les papetiers en Auvergne, 1664 les garçons boulangers à Bordeaux, 1666-67 à Lyon…
    _Guerres et disettes en 1694.
    Plus tard il est important d’étudier les problèmes économiques liés aux temps de colères sociales comme l’inflation du système de Law de 1719 à 1721 et la déflation de 1724…
    Les artisans prennent l’habitude de se regrouper par profession et par rue (voir les noms de rues dans Paris…) présent. Un trafic intense se développe en Occident et l’aisance nouvelle permet à un marchand de St Omer de faire construire à lui seul, une Eglise…
    L’ascension des humbles se poursuit et certaines fois les consommateurs se liguent contre le monopole d’une corporation comme en 1267 à Pontoise avec les boulangers.
    _A Paris en 1250, les valets protestent contre les maîtres des foulons.
    C’est à la suite de ces divers conflits que St Louis demandera à Etienne Boileau de codifier les us et coutumes des métiers, jusqu’ici orales dans un livre. Cela n’empêchera pas d’autres conflits comme les tisserands contre les drapiers à Paris en 1270
    _ les valets contre les maîtres foulons en 1277-79.
    Frederic PORETTI - Winkler (Les Communautés de Métier, à suivre)