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Rechercher : Rémi Hugues. histoire & action française. Rétrospective : 2018 année Maurras

  • Regard sur l’écologie, par Frédéric Winkler.

    « J’ai pu constater la dégradation des fonds marins. Et l’on ne peut nier la réalité du réchauffement climatique, quelles qu’en soient les causes. J’en ai vu les effets dans l’Arctique, lors d’un voyage… La superficie de la banquise est aujourd’hui bien moindre qu’il y a cent ans et les glaces sont moins compactes.
    Le réchauffement du climat est évidemment un phénomène planétaire, mais la France peut faire entendre sa voix dans les enceintes internationales et prendre les mesures qui s’imposent à l’échelle du pays, en faveur du transport ferroviaire et des énergies renouvelables, par exemple » (Jean, Un Prince Français)

    frédéric winkler.jpgL’environnement est trop souvent saccagé pour le besoin de « l’utile » (selon les critères de l’idéologie économique libérale comme la logique de la société de consommation) : destruction de la biodiversité, des forêts, bétonnisation des littoraux et des espaces ruraux, pollutions maritimes par les marées noires, pollutions atmosphériques, etc. Quant aux pollutions auditives, ondes, visuelles qu’elles soient de constructions où insolemment publicitaires (harcèlement publicitaire, où est la parole du citoyen !), etc., elles sont parfois complètement oubliées par les pouvoirs publics (complice ?) mais pourtant bien réelles !

    Revenons à la nature qui nous offre tout sauf une société égalitaire, les espèces vivent dans un équilibre hiérarchique, complexe et réglé, dans des écosystèmes qu’il est délicat de bouleverser. Point de gâchis car tout (ou presque) y est mangé et biodégradable. Une autre règle régit la vie animale, c’est l’incontournable loi de l’espace de vie ou plus exactement le territoire d’évolution comme de survie de chaque espèce. On s’aperçoit selon certaines études que l’homme est aussi soumis à cette règle fondamentale. Ainsi chaque peuple est fait pour évoluer, vivre et prospérer dans un espace donné. Les études de l’ethnologue Konrad Lorenz ont apporté des lumières sur le comportement animal et humain : « Tout ce que l’homme vénère et révère par tradition, ne représente pas une valeur éthique absolue, mais n’est sacré que par rapport au cadre de référence de telle ou telle culture […] Si les normes sociales et les coutumes ne développaient pas leur vie et leur pouvoir autonomes particuliers, si elles n’étaient pas haussées à la valeur de fins sacrées en soi, il n’y aurait pas de vie commune basée sur la confiance, pas de foi, pas de loi ». Les théories cosmopolites détruisent l’identité des peuples, n’oublions pas que Dieu n’a pas voulu de Babel dans la Genèse :
     
    « Le contraire donne irrémédiablement des conflits et les cultures viennent s’affronter pour amener comme résultat la soumission du perdant. La lutte collective d’une communauté contre une autre existe lorsqu’elles comportent trop d’individus pour que ceux-ci puissent se connaître tous individuellement » (Konrad Lorenz).
     
    Eloignons-nous des dangereuses utopies intellectuelles.
     
    QUELLE POLLUTION ?
     
    « Ah, mes amis! levez les yeux, levez vite les yeux vers le ciel pendant qu’il est encore bleu. Touchez la terre avant qu’elle s’effrite. Courez boire à la source avant qu’on l’empoisonne, vous baigner dans la mer avant qu’elle soit infestée. Mais surtout regardez vos enfants jouer avant qu’ils tombent en langueur, avant que leur sang tourne, avant qu’ils brûlent à petit feu. Vous avez peur qu’ils se mouillent les pieds, pauvres petits! Vous avez peur qu’ils manquent leur examen, pauvres enfants ! Mais des plaies savantes que leur préparent les chipoteurs d’atomes, vous n’avez nul souci, n’est-ce pas ? »( Lanza Del Vasto).
     
    Les puanteurs des voitures, des usines, de nos rues sales présagent de futures drames écologiques. Nos sociétés de consommation vivent dans l’opulence, qui n’a pas déjà vu jeter des tonnes de fruits parce qu’ils étaient simplement mûrs, donc déjà impropres à la vente ! Qui ne constate à maintes occasions le gaspillage, le mauvais recyclage et finalement le gâchis généralisé de tout ? Sait-on que l’on produit déjà dans le monde de quoi nourrir 13 milliards de personnes mais que près de la moitié de cette production est pourrie ou détruite avant d’avoir eu le temps d’être consommée. Le bruit aussi est une forme de pollution et n’est pas le moindre de nos maux, portant sur la santé psychique des habitants des grandes villes. La pollution des éléments naturels qui nous environnent ne cesse d’augmenter : son degré déjà alarmant sera multiplié à l’infini, par le simple principe de la Croissance. D’autant que cette pollution revêt de multiples formes, menaçant dangereusement nos santés comme nos vies : pollution atmosphérique des villes, plus insidieuse avec le nucléaire ; polluants dans nos eaux de robinets, régulièrement dénoncés en Bretagne ; nourriture dépourvue du nécessaire vital pour notre corps et souvent bourrée de produits chimiques (le cancer du tube digestif fait son chemin, cultures intensives appauvrissant les sols et détruisant l’humus, usage massif de produits phytosanitaires qui entraînent aussi la disparition des pollinisateurs, en particulier des abeilles, artificialisation des terres).
    « Par écologie, nous entendons la totalité de la science des relations de l’organisme avec l’environnement, comprenant au sens large toutes les conditions d’existence » (Haeckel).
     
    Or, justement, que constate-t-on, qui met en péril nos conditions d’existence ?
    Les techniques modernes d’insecticides et de pesticides déshumanisent la terre et la vie
    – pour faire du blé, aujourd’hui, il faut passer de trois à quatre traitements. Notre terre est déjà gravement malade. Le sol comprend 80% de biomasse vivante mais 90% des terres en chimie sont déjà mortes… La plupart des sols sont compactés, imperméables, l’eau ruisselle. Un sol sain, laisse respirer la terre, c’est un foyer de vie. Les paysages, la culture, la langue, comme notre alimentation subissent une volonté de standardisation, de normalisation. Il en va de même du calibrage des fruits et légumes, alors que la diversité, fruit de notre longue histoire commune fait notre spécificité comme notre richesse. Même les semences anciennes sont aujourd’hui marginalisées en France, voire interdites dans certains cas… Le désert avance sur les terres appauvries comme sur des campagnes remembrées. Celles-ci, ont vu la disparition des haies, talus, fossés qui, pourtant, assuraient une meilleure circulation des eaux et les catastrophes écologiques suivent (inondations, érosion, éboulements de terrain, coulées de boue…). L’appauvrissement des sols entraine une baisse de la production faisant suite à l’agriculture intensive, écoutons Claude Bourguignon : « Nous essayons de maintenir vivantes des plantes qui ne demandent qu’à mourir, tellement elles sont malades… Nous ne gérons plus la culture en Europe mais la pathologie végétale ». On nous vante un marché libre, en fait aux mains de multinationales qui utilisent le système libéral pour éliminer les petits producteurs, commerces et agriculteurs. Le consommateur n’aura bientôt plus le choix pour son alimentation. Où sera la liberté de choisir, lorsque sur les étals, il n’y aura plus qu’une seule sorte de pomme, de poulet, juste déclinées de façon multiple mais sans réelle diversité ??? Il en est de même pour le « prêt à penser ».
     
    Frédéric Winkler 
  • La parole unique n’est jamais démocratique !, par Christian Vanneste.

    Les Français avaient cru élire un président, enfin s’étaient plutôt résignés à « choisir » celui que les médias leur désignaient. Et ils ont un homme de théâtre à l’Elysée qui leur a offert ce Lundi de Pâques un « One Man Show », comme il en raffole. Spectacle de qualité, même si l’on peut regretter le cabotinage du ton déploratif et compatissant, avec des ralentissements et des baisses de volume savamment calculés pour donner l’illusion de la proximité et de l’empathie. Big Brother parlait à ses petits frères dans l’affliction dont il promet de prendre le soin le plus attentif.

    christian vanneste.jpgSarkozy disait : « j’ai changé parce que les épreuves de la vie m’ont changé ». L’aveu était direct et personnel. Macron avec sa préciosité coutumière dans le choix des mots, et plus subtilement, parle de « se réinventer », mais il emploie le nous, et il glisse, l’air de rien, sa contrition dans une rédemption collective. L’arrogant se fait humble, le président des riches plus soucieux des personnes fragiles et vulnérables, le mondialiste plus déterminé à rétablir notre indépendance économique, le premier de cordée plus préoccupé des inégalités accrues. La transfiguration est telle, le monarque se place tellement au sein de ses sujets qu’il constate, comme eux des « ratés », des « failles », comme s’il n’y était pour rien alors qu’il est associé au pouvoir puis détenteur de celui-ci depuis 2012 ! L’humilité et la lucidité du « chef » laissent alors place à la fierté qu’il ressent devant le comportement de ses troupes, la première ligne des soignants, la seconde des activités essentielles et la troisième des confinés, le dévouement des uns, le courage des autres et la discipline des derniers. « Je suis fier de vous », voilà qui fait plaisir à chacun, et permet de braquer le projecteur sur l’avenir, histoire de laisser dans l’ombre les erreurs et manquements d’un passé très récent. Les Gaulois réfractaires sont redevenus une nation qui fait face, se tient debout et solidaire. Le peuple en marche vers la terre promise se voit même proposer une date où il va l’atteindre : le 11 Mai, l’Eden sera retrouvé, où les tests et les masques, les respirateurs et les lits d’hôpitaux seront en abondance, les crèches et les écoles réouvertes, lorsque les jours meilleurs poindront à l’horizon.

    Tous les soignants auront des masques, les Français pourront en disposer selon leurs besoins, les personnes présentant des symptômes pourront subir un test. Les Français auront retrouvé le goût du temps long et ils attendront quelques mois pour bénéficier d’un vaccin qui reste à trouver. L’avenir radieux se dessine comme une renaissance dans une société plus solidaire et généreuse, plus sobre, et plus forte à la fois. Le paradis du monde d’avant sera comme Notre-Dame encore plus beau repeint aux couleurs du monde d’après.

    Il faut imaginer Macron heureux dans ces jours sombres où il joue le rôle de sa vie. Il lui permet de donner la pleine mesure de son talent, de faire oublier ses erreurs, et plus encore la nullité de la plupart de ceux qui l’entourent, de son ministre de l’intérieur qui réquisitionne et verbalise à tour de bras, de son garde ses sceaux qui libère des détenus à la pelle, de son porte-parole qui multiplie les bourdes. Mais, cette autocratie médiatique n’affaiblit-elle pas notre démocratie avant même que le traçage ne morde sur nos libertés ? Dans une vraie démocratie, les Français n’auraient pas subi pour la troisième fois la parole univoque du président, ils auraient eu droit à un échange public entre celui-ci et de vrais journalistes qui lui auraient posé de vraies questions sur les ombres du discours. Le virus était imprévisible, et la France, surprise comme tous les pays du monde a fait face mieux que d’autres, en innovant ? Ses gouvernants se sont mobilisés pour acquérir le matériel nécessaire, pour résoudre les problèmes une fois identifiés ? Comment se fait-il alors que Mme Buzyn dit avoir prévenu le Président le 11 Janvier, et que rien n’ait été entrepris avant la mi-mars, c’est-à-dire au lendemain des élections municipales ? Pourquoi parler d’une disponibilité des masques pour les soignants et pour certains Français le 11 mai, comme d’une victoire, alors que leur absence actuelle est la cause principale du confinement ? Pourquoi présenter la possibilité de tester les personnes présentant des symptômes le 11 mai comme un succès alors que c’est déjà largement le cas en Allemagne ? Le confinement est la conséquence de la pénurie. Pourquoi celle-ci est-elle plus importante que chez plusieurs de nos voisins ? Pourquoi avoir comptabilisé à part, et récemment, les décès dans les Ehpad, et ne pas tenir compte des morts à domicile, qui représentent en moyenne le quart des décès ? Pourquoi ne pas être plus précis sur les traitements comme si la stratégie du Professeur Raoult n’avait pas fait ses preuves ? Pourquoi faire miroiter le vaccin alors que le dépistage, l’isolement des malades et les soins sont la voie la plus rapide ? Le calendrier de sortie de crise ne sera pas identique pour tous les pays. Beaucoup auront vraiment écarté la maladie et retrouvé l’activité quand la France qui connaît un plateau de l’épidémie, et non un recul, sera confrontée à un effondrement du tourisme et des loisirs, essentiels pour elle. Vous promettez des aides. Comment allez-vous les financer, alors que la dette de la France atteint les 100% du PIB et va mécaniquement exploser ?

    M. Macron a parlé de transparence. Rien de plus opaque qu’un écran occupé par un homme seul !

  • La grande imposture du macronisme par Christian Vanneste.

    En 2017, une majorité d’électeurs a cru faire un choix, et sans en prendre conscience, ils en ont fait un autre. Au second tour de l’élection présidentielle, beaucoup de Français ont cru repousser une idéologie dangereuse et un parti incapable de gérer efficacement le pays, cru choisir celui qu’ils imaginaient être le plus compétent.

    christian vanneste.jpgVenu de la gauche, son parcours, ses priorités, et sa capacité de rassembler des hommes et des femmes de gauche comme de droite, de la société civile, enfin (!), avaient fait naître la grande illusion d’un gouvernement qui allait privilégier le réel et l’intérêt général plutôt que l’idéologie et ses obsessions ou ses fantasmes. De nombreux électeurs de Fillon s’y sont laissés prendre et continuent parfois à baigner dans cette imposture entretenue par des médias complices. Or, rarement un pouvoir, dans notre pays, n’aura été autant pétri d’idéologie.

    Il ne s’agit pas de libéralisme comme certains le disent. Le libéralisme n’est pas une idéologie car il a trop de visages parfois opposés. Le libéral-conservatisme ou ordolibéralisme n’est pas le libertarianisme. Macron n’est pas libéral. Le maintien d’une dépense publique énorme, le choix de prélèvements obligatoires très élevés, le développement de lois restreignant la liberté d’expression et l’application de plus en plus sévère de celles-ci par la justice, l’absence de véritable séparation entre les pouvoirs, sont aux antipodes du libéralisme. Les cadeaux fiscaux faits aux très riches compensés par de la redistribution envers les plus « fragiles », mais au détriment des classes moyennes, c’est le contraire de la politique libérale la plus fréquente. Les Français, malgré eux ont installé une idéologie mortifère aux commandes de leur pays : le progressisme mondialiste, cette pensée qui ne correspond qu’à une caste aussi puissante qu’elle est faible en effectifs.

    Trois symptômes de la maladie sont faciles à reconnaître. Le premier est le plus bénin. C’est la priorité accordée dans les discours à l’écologie perçue sous l’angle réducteur de la responsabilité humaine dans le réchauffement climatique. Alors que la France en raison de sa taille et de sa production d’électricité par le nucléaire ne peut guère peser sur ce phénomène, le président en a fait son cheval de bataille pendant un certain temps. Evidemment, les mesures concrètes, contraires à la santé économique du pays, n’ont pas suivi et les écologistes ont pris leur distance, mais le but idéologique de la manoeuvre n’était nullement de réduire la production de gaz carbonique, mais de faire apparaître la nécessité d’un gouvernement mondial, seul à même de traiter un problème qui dépasse bien sûr les frontières. La confrontation complaisamment mise en avant par les médias entre l’icône mondialisée Greta Thunberg et l’homme du rétablissement des frontières, Donald Trump, montre bien, par sa disproportion, la volonté idéologique d’indiquer un chemin sans se soucier du réel.

    Le second est beaucoup plus pernicieux : c’est l’attaque sournoise mais systématique contre la nation. Elle est perceptible dans les propos aberrants et récurrents sur un passé colonial stigmatisé hors de toute mesure dans le seul but de susciter la repentance, cette pathologie qui dissout le lien entre les générations, parce qu’elle mine la fierté nationale fondée sur une histoire dont nous nous sentons les continuateurs. Le progressisme est européen avec enthousiasme parce que l’Europe n’est qu’un étape, une machine à broyer les nations sur le continent qui les a fait naître. Le succès du Brexit a montré que la démocratie n’avait sa légitimité que dans la mesure où il y a un peuple, un « démos » capable d’exercer sa souveraineté en choisissant son destin. Cela conduit à respecter davantage les peuples résistants de Hongrie et de Pologne, de même que les intérêts fondamentaux de notre pays déterminent une révision réaliste de nos rapports avec la Russie.

    Le troisième est le plus évident. L’idéologie absurde du « genre » est arrivée au sommet. C’est elle qui a suscité la récente extension de la PMA aux femmes seules ou homosexuelles. C’est de l’idéologie pure, c’est-à-dire la négation frénétique et délirante du réel. Elle impose son vocabulaire orwellien. Elle dispose de la loi. Pour elle, la nature n’existe pas, tout est construit par la volonté humaine. Le « meilleur des mondes » transhumaniste est en marche. C’est le président lui-même reprochant à une opposante de considérer que le père doit être un « mâle », comme si le mot « homme » était démodé. C’est le duo Belloubet-Buzyn se ridiculisant à l’Assemblée nationale en expliquant qu’un « homme qui décide de devenir une femme… à l’état-civil… peut accéder à la PMA avec une autre femme dans le cadre d’un couple homosexuel »… On croirait entendre les Shadoks : « pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué ? » Mme Belloubet s’emmêlera les pinceaux en tentant de « raisonner » (ou de déraisonner ?) : « une femme devenue homme, elle ne pourra pas »… L’excellent De Courson intervient : et si « elle-il » (?) le fait à l’étranger ? Silence des ministres noyées dans l’absurdité. Père et mère ne sont plus que des fonctions symboliques… On doit pouvoir décider de l’être quel que soit son sexe qu’on choisit aussi… Tout est construction sociale… on devrait attendre pour déterminer le sexe que l’enfant choisisse… La nature n’existe plus ! Etonnant chez des gens qui se disent aussi « écolos » ! Pourquoi pas trois parents puisque tout est construit et volontaire ? Un vent de folie parcourt les rangs de l’Assemblée. Est-ce vraiment ce que les Français avaient « choisi » ?

  • Vie privée et morale publique, un nouveau contrôle social ?, par Olivier Perceval.

    Il est intéressant de voir à quel point l’« affaire Griveaux » provoque un séisme, non seulement dans le monde politique, mais aussi dans le monde médiatique :

    ​ « Mais puisqu’on vous dit que, dans le domaine privé, n’importe qui peut faire n’importe quoi, n’importe comment ! » Telle pourrait être la teneur générale des propos sur les plateaux télé, fusse-t-on président du sénat, ministre ou candidat aux municipales…

    Olivier Perceval.jpgIl est vrai que les pantalonnades élyséennes ou ministérielles ne datent pas d’hier, et que les vieux et moins vieux caciques ont émaillé de leurs prouesses extraconjugales,les républiques qui se sont succédées. Élisabeth Lévy y voit une dimension romanesque de la vie publique avec ses alcôves. L’honnêteté oblige à dire que les rois ne se sont pas privés de quelques maitresses. Nous pouvons toutefois noter qu’ils les assumaient sans complexes.

    En l’espèce, tout de même, envoyer une vidéo de ses parties intimes par téléphone, alors qu’on est porte-parole du gouvernement, comme attitude romanesque, il y a mieux. Cela fait plutôt songer à un comportement adolescent…

    Quoi qu’il en soit, il fut un temps ou les comportements privés étaient soumis, plus particulièrement en province, à ce que les sociologues appellent « le contrôle social, ». Pour y échapper, les notables d’alors effectuaient des séjours à Paris pour s’encanailler dans l’anonymat de la capitale. « Pas vu, pas pris », résumé de la morale « bourgeoise » mais chacun savait les risques encourus…

    Plus le village (ou le quartier) était petit et plus les habitants cohabitant dans une grande proximité connaissaient les faits et gestes de chacun, ce qui donnait lieu parfois à des affaires de cloche merle qui ont fait le pain (béni ?) de nombreux auteursde Balzac à Chabrol. Si le contrôle social pouvait être difficileà supporter pour quelqu’un souhaitant un peu plus d’anonymat, il avait l’avantage aussi de faciliter une plus grande solidarité, car connaissant les malheurs des autres, on se sentait concerné et obligé de les prendre en compte.

    Aujourd’hui, nous assistons à la renaissance d’une forme de contrôle social à travers les réseaux sociaux, à la différence notable quand même que les informations personnelles que l’on livre en pâture à nos amis « FB » sont le plus souvent de notre seule responsabilité.

    « Vu et pris ! » : Benjamin Griveaux s’inscrit dans la lignée glorieuse des Felix Faure ou Joseph Caillaux ! Rien de nouveau sous le soleil… L’affaire sort fort opportunément mettant fin à une campagne municipale aux débuts déjà chaotiques. Bien sûr, comme l’auteur du forfait de publication est un réfugié (anti-régime) russe, déjà se profile l’ombre maléfique de Poutine qui ne fait rien que nous embêter (et c’est nous que l’on traite de complotistes !)

    Ce qui laisse perplexe, c’est le cœur des vierges mediatico-politiques scandalisées à l’idée qu’il puisse y avoir un jugement moral après la publication de cette imprudente correspondance. La démocratie serait en danger sous prétexte que quelqu’un aurait soulevé le coin du tapis ? Autrement dit,le tabou absolu c’est la morale.

    Pour résumer, on peut absolument tout faire dans le privé du moment que c’est légal.

    Puisque tout est permis, en quoi est-il gênant de le rendre public ?

    Sans doute parce qu’il existe un sens commun, et que les débordements les plus sordides dans lesquelles quelques élitesse complaisent, ne donnent pas nécessairement une image « romanesque » de cette petite société arrogante. L’électeur (car il faut bien en passer par lui) est encore capable d’être choqué, quoique sécularisé. Il faut donc lui expliquer qu’il a tord et que la morale est hors de propos. Mais qu’est-ce que la morale ? Le Larousse nous dit que c’est « l’ensemble des règles de conduite, considérées comme bonnes de façon absolue ou découlant d’une certaine conception de la vie » A qui veut-on faire croire que l’électeur dans le secret de l’isoloir va voter en faisant abstraction de ce qu’il est, de son histoire, de sa culture ? Certes, la morale peut changer selon le temps ou le lieu ! Hippocrate peut écrire au IVe siècle avant JC dans son fameux serment « Je ne remettrai à aucune femme un pessaire abortif » ; Matzneff peut écrire à la fin du XXe siècle ce qu’il ne peut plus écrire au XXIe et aujourd’hui Desproges ou Coluche n’écriraient plus les mêmes sketches … Pour autant, toute société s’interroge sur la morale et trouve un consensus qui lu permet de vivre ensemble… Et si ce consensus n’est pas trouvé, c’est bien la nation (et pas forcément la démocratie) qui est en difficulté.

    ​Tous les éditorialistes, à la presque unanimité, disent que Griveaux n’aurait pas dû démissionner de son rôle de candidat mal engagé, mais assumer cette information devant la face du monde. A l’heure des « coming out » de toutes sortes, il s’agit pour tous ces gens-là de plaider leur propre cause privée qui pourrait un jour devenir publique. N’y aurait-il pas un vent de panique sous couvert d’indignation ?

    Peut-être, qu’au-delà de la seule légalité, il y a encore en vigueur dans notre société, simplement des codes, hérités de notre culture judéo-chrétienne : Ceux-ci ont la vie dure et relèvent tout simplement de la « morale », mot devenu imprononçable, tant il évoque autre chose que la seule contrainte de l’état de droit. Il fait appel à un vieux concept ancré au fond de chacun de nous et qui s’appelle la conscience.

  • Le « césarisme » républicain à l’œuvre…, par Olivier Perceval.

    3408130272.3.jpegL’expérience du confinement permet, au bout de la troisième semaine, d’observer l’évolution de nos rapports sociaux en situation de crise.

    Il est d’abord piquant de constater à quel point nous sommes passés d’un mode individualiste, stimulé par la loi du marché libre, la publicité et toute une idéologie ambiante émancipatrice de toute forme de morale et d’appartenance à une histoire collective à, par la grâce du confinement, un autoritarisme des pouvoirs publics relayé avec zèle par les forces de l’ordre et accueilli très majoritairement par un large public. Se considérant les plus vertueux, certains sont même prêts à dénoncer les manquements de leurs contemporains jugés irresponsables.

    Olivier Perceval.jpgIl faut considérer que le confinement en soi est une atteinte à la liberté de circuler, plutôt violente en soi et finalement largement acceptée par le plus grand nombre au nom du combat contre le virus mortel.

    Mais il n’y a finalement qu’un pas entre le libéralisme matérialiste et le soviétisme collectiviste.

    Sans vouloir généraliser, il convient quand même d’attirer l’attention de nos compatriotes sur des excès d’autorité se drapant dans la vertu de la lutte sans merci que nous devons tous mener contre la pandémie.

    Parlons de ceux qu’Elisabeth Lévy appelle les «  maires fouettards  », ceux qui démontent par exemple les bancs dans les lieux publics non encore fermés pour interdire au citoyen de stationner. Il est tout de même étrange de préférer sanctionner l’ensemble de la communauté plutôt que les contrevenants…

    Les chaines d’informations applaudissent frénétiquement à cesmesures et couvrent d’opprobre ceux qui oseraient s’inquiéter de la montée de l’autoritarisme public.

    Non loin de chez moi, existe un petit circuit de deux kilomètres en pleine nature, appelé le chemin du tramway, très apprécié des amateurs de «  Jogging  ». Ce circuit a été fermé, à la demande certainement des riverains de la voie d’accès à ce lieu. Résultat, les amateurs d’exercice sont obligés de courir le long de la route départementale et de croiser tous ceux qui se rendent dans les centres d’achat, pharmacie et autres services nécessaires. J’ai assisté à un contrôle de police surréaliste inventoriant le sac de course d’une dame  : Le pandorereprochait à cette sexagénaire d’avoir acheté des articles qu’il ne jugeait pas de première nécessité lui faisant la morale par-dessus le marché. Enfin, un boulanger en colère dénonce sur les réseaux sociaux la verbalisation d’une cliente à la sortie de son commerce pour s’être déplacée pour l’achat d’une baguette. D’un peu partout nous viennent des témoignages d’autoritarisme, comme cette vidéo virale (cinq millions de vues) où des gendarmes s’en prennent à des travailleurs saisonniers vivant leur confinement dans leurs camions, pour les obliger à rentrer chez eux, alors qu’ils n’ont pas de domiciles autres que leurs véhicules  :


    Alors, quand on commence à nous parler de traceurs pour suivre nos déplacements, on est en droit de s’inquiéter. Il ne faudrait pas que la juste mobilisation collective contre la pandémie, devienne l’occasion, pour le pouvoir, d’écraser un petit peu plus le petit peuple et les classes moyennes pourtant, au départ, assez bien disposés à subir les contraintes nécessaires. Une forme de bien-pensance voudrait faire porter tout le poids de la faute originelle de la diffusion du COVID 19 à ce peuple décidément par trop indiscipliné. D’autant que chacun sait que la rigueur n’est pas la même partout. D’abord toutes les forces de l’ordre et tous les représentants des pouvoirs publics ne réagissent pas de la même manière. Dieu merci  ! Il y a encore de l’intelligence ici ou là. Ensuite, parce que des consignes très claires ont été données aux forces de l’ordre pour éviter les incidents en zones sensibles. Ainsi les dealers dans quelques quartiers ne connaissent ni confinement ni couvre-feu. La fermeté a ses limites  et l’on juge le pouvoir sur sa capacité d’exercer la justice, mais en l’occurrence  : Forts avec les faibles et faibles avec les forts.

    Au lendemain du «  déconfinement  », nous aurons à faire face à une période de redressement économique qui pourrait aussi être l’occasion de suppressions de libertés à titre provisoire. Il est à craindre que le provisoire s’éternise et que certains y trouvent tous les avantages d’une administration autoritaire du pays.

    Le grignotage, ici et là de nos libertés, au nom d’une juste cause certes, doit être surveillé de près, d’autant que nos gouvernants ne sont pas irréprochables dans la gestion de cette crise  !

  • Bioéthique : La France confrontée à une culture de mort (9), par François Schwerer

    Le sénat va connaître dans les jours à venir le projet de loi de bioéthique. Notre ami François Schwerer nous a adressé - avec un message de sympathie - l'ensemble des textes qu'il été amené à écrire sur cette question.

    Cet ensemble constitue une véritable somme, aussi bien par son importance que par son intérêt.

    Nous en avons commencé la publication le vendredi 10 janvier, et nous la poursuivrons du lundi au vendredi inclus, comme nous l'avons fait, par exemple, pour l'étude de Pierre Debray, Une politique pour l'an 2000.

    Et, pour suivre et retrouver ces textes plus commodément, nous regrouperons la totalité de cette étude, vu son importance, dans une nouvelle Catégorie : François Schwerer - Bioéthique : culture de mort : vous pourrez donc retrouver donc l'ensemble de cette chronique en cliquant sur le lien suivant :

    François Schwerer - Bioéthique : culture de mort...

    Voici le plan de l'étude (hors Annexes et textes divers, qui viendront ensuite); nous le redonnons chaque jour, afin que le lecteur puisse correctement "situer" sa lecture dans cet ensemble :

     

    1. Les étapes de la décadence
    • Un processus téléologique

    1/. « Qui n’avance pas recule »

    2/. De la pilule à la GPA : l’asservissement des femmes

    3/. La révolte des femmes et les mouvements féministes

    4/. Le transhumanisme, stade ultime de la destruction

    • La stratégie progressiste

    1/. La campagne médiatique préalable

    2/. La modification de la loi

    3/. Le recours à une novlangue

    4/. Le discrédit de l’adversaire

    5/. La politique des petits pas

    6/. Le viol de la conscience des enfants

    1. « Pour une nouvelle croisade »

    A - Une faible résistance

    1/. Des hommes politiques sans conviction

    2/. Des manifestations apparemment inefficaces

    3/. Un refus de mettre en danger son propre confort

    4/. Un faux respect de l’apparente liberté d’autrui

    5/. Si le Seigneur ne bâtit pas, c’est en vain que s’agitent les bâtisseurs

    B – Un combat dont l’enjeu dépasse le fonctionnement de la vie sociale

    1/. Il est plus facile de descendre une pente que de la remonter

    2/. Un combat ayant une dimension eschatologique

    lfar espace.jpg

     

    Schwerer.jpg4/. Le discrédit de l’adversaire

     

    Malheur à celui qui ose se mettre en travers de cette évolution ! Lorsqu’Agnès Thill, député de l’Oise, membre du groupe « La République en marche » (LREM), a osé écrire que la PMA conduisait inéluctablement à la GPA, que l’absence de genre dans le mot « parent » conduisait au développement des écoles coraniques et qu’il existait au sein de l’Assemblée nationale un « puissant lobby LGBT », personne ne lui a demandé de justifier ses affirmations ni n’a cherché à les discuter. Elle a simplement été clouée au pilori médiatique et exclue de son parti pour avoir tenu des propos « polémiques » et « pernicieux ». Celui qui n’est pas d’accord avec l’évolution imposée n’est même pas digne d’être écouté ; il ne peut pas y avoir de dialogue avec lui. Il est simplement discrédité, diabolisé.

    En ce qui concerne le cas d’Agnès Thill, on a bien eu soin de laisser passer quelques jours entre ses déclarations et la sanction, non pour lui permettre de se rétracter ou de discuter de ses arguments, mais pour ne pas interférer avec les élections européennes : « Virer des gens, ce n’est jamais positif », comme l’a avoué un des chefs du parti. Une telle exclusion aurait peut-être pu dissuader quelques chrétiens de soutenir le parti présidentiel lors des élections européennes. Et le Premier ministre aurait été beaucoup moins à l’aise pour annoncer, sitôt le scrutin passé, que la loi ouvrant la PMA aux couples de lesbiennes serait présentée juste avant l’été et votée dès la rentrée, histoire de ne pas faciliter la mobilisation des adversaires de la loi occupés, pendant cette période, à jouir de leurs vacances.

    Mais, la cause était entendue : Agnès Thill, en faisant de la « provocation », a montré son  « délire homophobe », comme l’a expliqué notre ministre de la cause féminine, Marlène Schiappa. Sa présence dans les rangs de la majorité ne pouvait donc que nuire à un « débat apaisé » ! Il fallait l’exclure. Ce que cache mal une telle procédure c’est que l’exclusion d’Agnès Thill du mouvement politique sous l’étiquette duquel elle a été élue lui interdira de prendre part à la discussion parlementaire ; elle pourra voter, mais ne pourra pas intervenir à la tribune.

    S’il s’agissait d’un cas isolé, concernant uniquement le parti du président, cela pourrait passer pour une péripétie. Mais, dans le même temps, les représentants du patronat refusaient d’inviter Marion Maréchal pour débattre avec eux et les députés du principal parti d’opposition, Les Républicains (LR) qui avaient osé dîner avec la « pestiférée » faisaient profil bas. Pour mieux aseptiser les meurs politiques, le Gouvernement faisait voter une loi pour faire interdire la diffusion d’informations qui n’iraient pas dans le sens souhaité en les appelant des « fake news »… ce qui ne l’empêchait pas de diffuser sans vergogne des images « retouchées » et des informations « orientées ».

    C’est la mise en œuvre pure et simple du slogan qui fleurissait sur les murs en mai 1968 : « Pas de liberté pour les ennemis de la liberté ».

  • Diversité culturelle et pensée unique : quelle cohérence ? par Christian Vanneste

    Notre pays collectionne les contradictions mortelles. Parmi celles-ci, il y a l’incroyable rencontre du multiculturalisme et de la pensée unique. La tradition cohérente de la France reposait sur l’idée inverse : la France a bien, contrairement à l’une des sottises proférées par Macron, une culture, un mode de pensée largement dominant et qui consiste à « cultiver » l’esprit critique, la souplesse intellectuelle autant que la raison, en évitant les fanatismes et les systèmes.

    3309368304.jpgPar un incroyable renversement, la caste intellectuellement décadente qui domine l’enseignement, la culture, les médias, et influence de manière déterminante la politique, promeut jusqu’à l’absurde la diversité communautaire et fait preuve de sectarisme à l’encontre de tout ce qui s’écarte du « politiquement correct », formule lénifiante qui ne désigne rien d’autre que son idéologie, c’est-à-dire le discours inconséquent et fallacieux qui n’a pour seul mérite que de légitimer son pouvoir, de même que la marxisme-léninisme justifiait la dictature soviétique.

    L’un des derniers exemples de ces incohérences affichées avec une arrogance sans bornes a été offert par la direction de l’Institut des Sciences Politiques de Lille. « L’Arène » y organise des conférences-débats. L’association qui rappelle avoir invité précédemment Fabrice Arfi, rédacteur en chef de Médiapart ou Agathe Auproux, ex-chroniqueuse de l’émission « Touche pas à mon poste » avait donc programmé Charles Consigny et Geoffroy Lejeune, directeur de la rédaction de Valeurs Actuelles. Un collectif gauchiste a aussitôt clamé son opposition à cette venue , déclarant : « À une époque où la crise climatique s’accélère gravement, que l’extrême droite tue en masse et que l’islamophobie atteint des sommets, il est scandaleux, irresponsable et dangereux de tenir cette conférence.  » Le directeur de Sciences-Po, la main sur le coeur,  prend alors position et publie un texte sur la page Facebook de l’établissement. «J’ai fait savoir aux organisateurs que… la participation de l’un des invités ne m’apparaissait pas souhaitable … le journal pour lequel il travaille a été condamné en 2015 pour des faits particulièrement graves après la publication d’un dossier dont il avait été l’un des auteurs. » C’est Geoffroy Lejeune qui est visé en référence à la condamnation  pour «provocation à la discrimination, la haine ou la violence envers les Roms» après la publication en 2013, dans Valeurs Actuelles d’un dossier intitulé «Roms, l’overdose», auquel il avait contribué. Le directeur ajoutait bien sûr qu’il agissait en responsable pour éviter les incidents.

    Cette affaire est un modèle du genre. On y trouve d’abord l’inégalité de traitement en faveur de la gauche : Médiapart, c’est possible, Valeurs Actuelles, non ; ensuite, un collectif associatif qui s’érige en inquisiteur de la pensée incorrecte, avec une menace à peine voilée par l’adjectif « dangereux », une outrance des propos qui devrait les disqualifier, car on se demande quelle est cette « extrême-droite » qui « tue en masse », et l’accent mis sur deux menaces étrangères l’une à l’autre, le climat et l’islamophobie, dont le caractère obsessionnel vise à saturer l’opinion publique ; enfin, il y a le censeur à la tartuferie ciselée qui va chercher une condamnation indirecte pour justifier au scalpel la position au marteau-pilon du collectif. Les positions politiques et les amitiés de ce personnage sont bien connues. Il est consternant que dans notre pays la formation politique soit tombée sous la coupe d’individus capables de participer à la réduction du débat et de la liberté d’expression. La loi n’a cessé de rétrécir le champ du politiquement correct, c’est-à-dire du prêt-à-penser obligatoire. Les « phobies » univoques, comme l’islamophobie, sont des signes alarmants de cette atteinte à la démocratie, c’est-à-dire au pluralisme des idées. La phobie est une peur pathologique qui relève de la psychiatrie. La méfiance voire l’hostilité raisonnée  envers une religion, appartient au domaine de la pensée de même que le refus de la présence importune, voire dangereuse d’une immigration insuffisamment contrôlée. C’est une position et une opinion politiques que les faits sont loin de démentir. Valeurs Actuelles avait été condamné pour le dossier sur les Roms, et peu avant pour « islamophobie », justement à cause d’une couverture présentant une femme voilée. La Cour de Cassation a annulé cette condamnation, dieu merci.

    Il faut noter que c’est aussi dans le Nord, à Lille, que François Hollande devait s’exprimer mardi 12 novembre à l’université de Lille 2 sur la crise de la démocratie, et n’a  pas pu le faire. En cause, l’irruption d’une cinquantaine de militants d’ultra-gauche qui a dégradé la salle et détruit les exemplaires du dernier livre que l’ancien président de la République venait présenter. Là encore, un haut lieu d’enseignement où la liberté de penser devrait régner en maître, a été victime de ce qu’on appelle à gauche le fascisme, quand il est « de droite »et appartient à l’histoire, mais qui est pardonné et même parfois sanctifié lorsqu’il sévit à gauche. Cette orientation idéologique systématique de la pensée est une véritable décérébration. Qu’elle se produise dans des institutions vouées à l’enseignement est terrifiant. Le racisme anti-blanc, la christianophobie, la francophobie sont niés. En revanche, l’antiracisme peut devenir un racialisme où l’affirmation de la couleur noire se déploie, l’islam peut affirmer sa fierté d’être une religion de paix et d’amour, ce que ni ses textes, ni ses pratiques n’étayent de façon probante, les étrangers peuvent exhiber leur identité nationale, sans restriction. Tandis que la mosaïque culturelle prospère, la pensée subit le joug du terrorisme intellectuel.

  • Santé et environnement, par Frédéric Poretti-Winkler.

    Un peuple drogué…
    Ecoutons Konrad Lorenz : « Dans la pensée occidentale, il est devenu courant de considérer comme étranger au monde des valeurs tout ce qui peut être expliqué par les lois de la nature. Être scientifiquement explicable équivaut à une dévalorisation ».
    Quel est l'impact réel de surconsommation de médicaments ?

    De nombreuses études tendent à prouver que l'utilisation élevée de calmants, dont la France est le 4ème consommateur mondial, rend les Français drogués, c'est-à-dire dépendants d'un certain nombre de substances pas forcément très naturelles. L'accoutumance et l'habitude, voir le phénomène de mode dans la prise régulière de certains traitements finit par transformer petit à petit la population en un monde de « zombies ». Quant à l'élevage agricole, des poissons aux bovins, celui-ci est aujourd'hui traité aux antibiotiques à grosses doses, au risque de provoquer des effets secondaires indésirables. Inutile de sortir des grandes écoles pour savoir que ces traitements se retrouvent dans nos assiettes et qu'ils sont ingérés pour être après retrouvés dans nos organismes.

    frédéric winkler.jpgLa dégradation de l'homme

    L'ingestion de ces viandes contenant de tels traitements rend les bactéries résistantes pour les patients humains obligeant ainsi la recherche médicale à trouver de nouveaux médicaments plus puissants jusqu'à ce que l'organisme humain ne puisse plus supporter une telle chimie. Ces bactéries ingérés par l'homme sont ensuite rejetées avec les déchets animaliers dans l'environnement, donc dans l'eau pour être ainsi retrouvées dans les animaux que nous consommons, bref dans nos assiettes… Rappelez-vous la « vache folle », et ces farines animales produites en dessous de la température nécessaire à l'éradication de certains virus, et cela pour plus de bénéfices mais n'éliminant plus suffisamment les bactéries. Voyez les conditions d'élevage en batterie et l'entassement d'animaux engraissés, cela pour satisfaire aux exigences de rentabilité de gigantesques firmes de l'agroalimentaire comme de la Grande distribution. Qu'importe la dégénérescence d'un peuple pour les hommes d'affaires qui nous gouvernent, mais ces hommes, eux, que mangent-ils ?
    C'est pourtant un problème de première importance pour un Etat pourtant responsable de la santé des citoyens !

    Mais qu'importe la santé publique pour la république ?

    Comme il lui importe peu, le taux de suicide des jeunes, des agriculteurs (un chaque jour, dans nos campagnes), des commerçants et autres professions, le mal vivre de nos concitoyens n'intéresse pas ceux qui nous gouvernent. L'élevage intensif est gros consommateur d'antibiotiques et de nombreux cheptels sont à la limite du tolérable. Les animaux sont traités comme jamais nous n'aurions accepté que soit traité un être humain. Les conditions d'élevage doivent être revues et les animaux ont droit à un minimum de respect dans un développement de vie naturel, même s'ils doivent finir dans nos assiettes. C'est une question d'éthique, l'entassement dans des hangars, la promiscuité, l'hygiène, voir la décence, bref de véritables camps de concentration animale, cela suffit !

    Le Problème de l'eau

    Une alarme fut lancée par de nombreux pays sur les dangers liés à la consommation de l'eau contenant des résidus de déchets humains. De nombreuses études font part des risques liés à la présence traces de pilules féminines retrouvées dans l'eau et le cycle alimentaire des poissons pour être finalement retrouvées dans nos verres. Je vous laisse imaginer ce que les résidus de pilules abortives donnent et donneront chez l'homme dans son cycle biologique sur plusieurs générations. L'eau, source de vie, or du XXIème siècle, est gravement menacée. Selon Hippocrate et plus près de nous, le docteur Carton, la première des médecines, reste notre nourriture. Nous vivons l'ère du tout médicament comme de l'alimentation produite à force d'engrais, d'insecticides, pesticides et fongicides, n'apportant plus le nécessaire vital à notre développement. Comme je l'avais écrit pour les déchets nucléaires comme de la radioactivité retrouvés jusque dans le pôle Nord, nous retrouvons dans les cours d'eau, lacs et fleuves des traces de métaux lourds, des déchets chimiques voir des hydrocarbures, sans compter les déchets humains, souvent bien voyants (plastiques et autres emballages…). Comment imaginer que nous ne puissions subir les conséquences de déchets comme le plomb ou le mercure, alors qu'il est prouvé que nous retrouvons 90% des antibiotiques dans notre eau domestique. Signalons au passage que les robinets des Côtes d'Armor déversent une eau bien trop chargée en nitrates à cause des engrais chimiques utilisés sur les champs !
    Que ce soit les produits pétrochimiques ou autres, ces diverses pollutions « bénignes » se retrouvent dans notre eau que nous absorbons, certes à faible quantité mais qui à terme endommagent nos reins, notre foie et déclenchent des maladies à plus ou moins brève échéance. Les diagnostiques, bien feutrées parleront, de vie surmenée, de nervosité, de manque d'activité sportive ou d’une alimentation mal équilibrée ! C'est un peu comme après le passage du nuage de Tchernobyl où l'augmentation des cancers de la tyroïde était un hasard !!!
    Quel sera l'impact sur les générations futures ?
    Mais dira-t on, on ne savait pas ? La nature est forte pour supporter et recycler naturellement bon nombre de nos extravagances, jusqu'à quel point ?
    Evitons de déshériter l'avenir, comme aurait dit de Bonald. Même si la dose absorbée reste infime, peut on réellement mesurer les dégâts biologiques pour l'avenir sur le plan environnemental dans le risque d'un enchaînement catastrophique de l'écosystème lorsqu'un composant de la chaîne alimentaire est irrémédiablement détruit ? Il y aura obligatoirement un point de non retour, car la destruction sera irrémédiable. Faut-il atteindre cette limite ?
    La présence d'hormones artificielles modifie la vie animale : on constate une augmentation des poissons cancéreux ou d'animaux devenus androgynes comme les ours et d'autres avec des malformations sexuelles : « On observe une forte dévirilisation des poissons mâles… ». Pas très rassurant pour la pérennité de la faune sauvage ! Sans oublier les risques que fait courir à la biodiversité florale comme animale l'usage des OGM et les contaminations par ceux-ci des espaces avoisinants. La société de consommation, en plus d'être énergivore, produit des tonnes de déchets et parmi eux bon nombre sont nocifs et difficilement recyclables. Dans les polluants que l'homme laisse dans la nature, il en est un qui petit à petit atteint la virilité même de l'homme. On a détecté plus de 200 polluants à dose toxique dans le cordon ombilical des nouveau-nés aux Etats-Unis !! Dangereux, non ?
    Bref, les médias comme l'histoire officielle ne sont que mensonges, au profit d’une caste de parvenus qui « sucent » l'énergie écologique, économique et financière de notre pays. Cela, au nom d’une trilogie mensongère : Liberté, Egalité et Fraternité. C'est ainsi en s'en réclamant, que la république berne le peuple auquel elle a enlevé toute volonté et pouvoirs concrets pour ne lui en laisser que l'apparence trompeuse. La solution reste dans la recherche d'un équilibre perdu, celui d'une société humaniste comme d'un élan que le système républicain a détourné de son but original, parce que celui-ci avait promis le bonheur du peuple et finalement l'entraîne dans l'abîme. Le royaliste Jean-Charles Masson disait : « Notre écologisme est construit autour de la tragédie de l'homme déraciné, et l'inhumanité des villes, le sac de la nature ne sont que les effets visibles de ce déracinement.... L'écologisme intégral est la défense de l'homme total tel que le définit la tradition latino-chrétienne ».
    F. PORETTI - Winkler (Projet de Société, à suivre)

  • Au cinéma, la chronique de Guilhem de Tarlé : Et les Mistrals gagnants.

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    En DVD : Et les Mistrals gagnants, un film (2017) de Anne-Dauphine Julliand, avec Ambre, Camille, Charles, Imad et Tugdual.

    guilhem de tarlé.jpgJe n’ai pas encore lu le dernier roman d’Anne-Dauphine Julliand, Jules – César, mais j’avais particulièrement aimé ses deux premiers Témoignages, sous-titre des livres Deux petits pas sur le sable mouillé et Une journée particulière. Dans des interviews imaginaires que j’avais rédigées, j’avais parlé à leur propos d’ « évangile de l’amour » ou « du bonheur »… Pardonnez-moi donc de me citer en reprenant ces expressions pour le merveilleux documentaire que nous offre la réalisatrice.

    Je n’avais pas eu l’occasion de voir ce film quand il est sorti en salles, n’étant jamais au bon endroit au bon moment, et il patientait sur un rayon de ma « DVDthèque » attendant sans doute ce Vendredi Saint confiné pour que mon épouse et moi-même trouvions le courage de l’affronter. Je dois effectivement avouer, malgré des arrière et arrière-arrière grands-pères médecins de la Marine, et des amis et des neveux et nièces dans le monde des « soignants » - comme on dit aujourd’hui – je dois donc confesser mon aversion pour tout ce qui est médical, ma frayeur à la simple vue d’une seringue…
    Ainsi, cette réalisation sur de jeunes malades me rebutait, je craignais d’y être très mal à l’aise ou pire – avec mon cœur de pierre – de m’y ennuyer…
    j’en demande humblement pardon à ces acteurs malgré eux, et à Anne-Dauphine.
    Ce film enseigne d’ailleurs d’abord l’humilité, à l’instar des Deux petits pas : « On dépend des autres ».
    Oui, Anne-Dauphine et ces cinq gamins, avec tout le personnel de santé – le même d’ailleurs que celui auquel actuellement nous rendons hommage tous les soirs en faisant carillonner à 20 H les cloches de l’église du village -  tous, ils m’ont infligé hier une véritable « correction fraternelle », différemment mais dans la suite des deux livres, une leçon d’amour et de bonheur.  Comme elle l’écrivait elle-même à propos de sa fille Thaïs, Anne-Dauphine est un « professeur d’amour ».

    Permettez-moi un barbarisme, ce film est un « film oxymore », qui coagule les contraires, il porte sur la souffrance de la maladie et met en scène des enfants, et des parents, heureux, qui rient, qui jouent, un film dont le sujet est le « malheur heureux » ou « le bonheur dans le malheur ». C’est là d’ailleurs l’un des enseignements d’ « une journée particulière » : le bonheur est « un choix quotidien (…) Nul ne choisit les épreuves de sa vie, mais nous pouvons choisir la façon dont nous allons les vivre ». Imad dit cela à sa manière : « Dans la vie, faut jamais se plaindre (…) La courage doit passer avant tout » ; de même Ambre : « On laisse tomber les choses qui nous tracassent » et Tugdual : « Quand on est malade, ça n’empêche pas d’être heureux »…

    Car, en effet, ces petits hommes et petite fille sont très conscients de leur maladie, ils la connaissent parfaitement et savent en parler comme des adultes… On est à ce sujet plein d’admiration devant les médecins et les infirmières qui prennent le temps de dire, d’expliquer à leurs jeunes patients ce qu’ils ont, comment ils sont, ce qu’ils vont leur faire.
    Non, et Anne-Dauphine l’avait déjà souligné dans son livre, ce n’est pas la maladie – comme je le craignais – qui est au cœur du document, mais le malade. Citons à ce propos le Professeur Jérôme Lejeune : « la médecine, c’est la haine de la maladie et l’amour du malade ».

    Comment ne pas évoquer pour conclure la « culture du déchet » qui caractérise notre époque en faisant la promotion de l’eugénisme et de l’euthanasie afin d’épargner au petit être à naître et au malade ou handicapé une vie dont on dit qu’ « elle ne vaut pas la peine d’être vécue » !
    Avec le diagnostic Prénatal (DPN) on avorte 96 % des enfants trisomiques 21 !
    Eh bien Mesdames et Messieurs les arbitres qui, au nom des « droits de l’Homme » décidez d’en juger vous-mêmes, Ambre, Camille, Charles, Imad et Tugdual sont là pour vous confondre et vous dire que toute vie mérite d’être vécue.

    Merci à Anne-Dauphine Julliand de leur avoir donné les moyens de l’exprimer, avec Renaud :

    Te raconter enfin qu’il faut aimer la vie
    Et l’aimer même si le temps est assassin
    Et emporte avec lui les rires des enfants
    Et les mistrals gagnants


    PS : vous pouvez retrouver ce « commentaire » et plus de 400 autres sur mon blog Je ciné mate.

    Pour mémoire : Pourquoi ne pas profiter de ce carême cinématographique avec un nouveau tableau récapitulatif donnant, dans le désordre, un « top ten » des films vus au cinéma depuis le 1er janvier

    Titre

    Réalisateur

    appréciation

    genre

    nationalité

    Date de sortie

    Dark Waters

    Todd Haynes

    Je recommande

    Biopic, drame

    américain

    Février 2020

    Le cas Richard Jewell

    Clint Eastwood

    Je recommande

    drame

    américain

    Février 2020

    La fille au bracelet

    Stéphane Demoustier

    Je recommande

    Drame, justice

    Français

    Février 2020

    de Gaulle

    Gabriel Le Bonin

    Un bon film, mais hagiographie

    Histoire

    Français

    Mars 2020

    Une vie cachée

    Terrence Malick

    Un bon film, discutable

  • Une « guerre » ne doit pas en cacher d’autres !, par Christian Vanneste.

    Platon a écrit que « la perversion de la Cité commence avec la fraude des mots ». La France est une Cité, une nation affaiblie par la corruption d’un vocabulaire miné par les manipulations idéologiques de laboratoires lexicaux destinés à la mutation des idées du peuple. Lorsque les mots changent, c’est la pensée qui change et la conscience collective qui constitue la réalité d’une nation parce qu’elle correspond à son identité.

    christian vanneste.jpgLorsque l’Etat de droit remplace subtilement la démocratie, que le mot populisme devient une marque de réprobation, que la culture ne s’écrit plus qu’au pluriel, que la discrimination positive justifie l’inégalité jusqu’à permettre la préférence étrangère, la mutation se produit : les défenses immunitaires s’effacent, et c’est tout un peuple qui peut mourir, qui peut subir une euthanasie, car il ne va même pas en avoir conscience puisque les moyens de le dire auront disparu. La mort d’une nation, d’une civilisation, est moins visible que celle d’un homme, parce qu’elle est plus lente et imperceptible, et pour cette raison, il faudrait être au moins aussi soupçonneux envers les laboratoires qui triturent les mots qu’à l’égard de ceux qui manipulent les virus.

    En 2017, les Français, dans un grand moment d’hébétude, ont élu un homme qui n’emploie jamais les mots au hasard, un homme qui est au premier rang de ceux qui véhiculent les mots qui tuent un peuple, un homme qui n’hésite pas à entretenir la repentance historique destinée à dégoûter les Français de leur histoire, en osant parler de crimes contre l’humanité, pour évoquer la présence de la France outre-mer, en oubliant l’oeuvre extraordinaire des médecins coloniaux français en Afrique et ailleurs. Cet homme est le chef de nos Armées, et récemment il a martelé que nous étions en guerre, en guerre contre le virus ! Rien n’est plus faux ! On ne fait pas la guerre à un tremblement de terre ou à une inondation catastrophique. On ne fait la guerre qu’à un ennemi humain qu’il faut avoir le courage de désigner. Un virus quelle que soit sa contagiosité, sa dangerosité pour la vie, n’est pas un ennemi, c’est une chose dont il faut limiter les effets, et qu’il faut tenter d’anéantir. Il est frappant de constater que lorsque les ennemis étaient bien des humains, on prétendait faire la guerre au terrorisme, c’est-à-dire à une abstraction sans oser la définir de manière explicite, en parlant d’islamisme.

    Dans le roman d’Orwell, 1984, qui est devenu une clef pour comprendre notre monde, la dictature de « Big Brother » règne par une surveillance quotidienne et pointilleuse des individus, une maîtrise de leur pensée par l’usage d’une « novlangue », et par la pression d’une guerre avec un ennemi lointain qu’on ne voit jamais. Celui que l’on voit, c’est le traître, l’ennemi intérieur. Ces menaces justifient la présence obsédante de « Big Brother » sur les écrans. Certes, le ton empathique et doucereux de M. Macron lors de sa dernière allocution semble disqualifier la comparaison… Et pourtant, si le style est différent, les avantages pour le pouvoir d’inventer une guerre imaginaire sont les mêmes. La guerre appelle à l’union nationale et contraint l’opposition à modérer ses ardeurs critiques. C’est d’autant plus utile quand on n’a pas préparé la prétendue guerre en réunissant les moyens du combat, lorsqu’on a refusé de fermer les frontières, en affirmant que le virus n’avait pas besoin de passeport. Cette formule absurde était inconsciemment révélatrice : le virus est un ennemi qui franchit la frontière, mais ce n’est pas un homme, comme s’il ne fallait pas un homme pour le porter avec lui… Mais, ce serait là un crime-pensée comme dirait Orwell, une pensée politiquement incorrecte, l’idée que l’ennemi puisse être un étranger franchissant une frontière européenne… L’autre avantage, c’est pour le pouvoir de se trouver comme seul à bord : les passagers sont enfermés dans leurs cabines, les coursives sont désertes, le ravitaillement et l’entretien de l’équipage et de tous ceux qui sont sur le navire dépendent entièrement du capitaine qui multiplie les annonces de distribution gratuites de vivres, en échange de la discipline et des efforts de chacun. L’idée de pourchasser les contestataires sur les réseaux sociaux ou celle de « tracer » les gens complètent cet idéal liberticide. Les vingt minutes de peur chiffrée quotidienne remplacent les deux minutes de haine de 1984…

    La différence est que le bateau en guerre accostera un jour, en conservant peut-être certains de ses occupants en quarantaine. Or, le rivage sera celui du monde réel, celui où les ennemis sont des hommes, ceux qui dans de nombreux quartiers vivent déjà en dissidence, et entretiennent les braises d’une guerre civile, dont les médias taisent la virulence potentielle, ceux qui livrent à notre pays une guerre réelle de l’autre côté de la Méditerranée, ceux aussi qui sont nos concurrents économiques que nous refusons de voir, contre l’évidence, comme de vrais ennemis. Lorsque la parenthèse du virus se refermera, il faudrait que les Français se rendent compte qu’il sont en guerre et contre de véritables ennemis.

  • Le 9 Mai des Russes et celui des Européens, par Christian Vanneste.

    Le 9 Mai correspond à un double anniversaire. C’est pour la Russie le jour de la victoire à l’issue de la Grande Guerre Patriotique menée contre l’Allemagne nazie et ses alliés. La Russie, à un jour près, cultive sa différence, mais il ne s’agit plus de l’URSS de Staline, le bloc communiste rival menaçant pour les anciens alliés occidentaux. Désormais, la Fédération de Russie a perdu le contrôle des pays de l’Est de l’Europe, et a reconnu l’indépendance des anciennes républiques socialistes soviétiques dont certaines lui sont devenues hostiles.

    christian vanneste.jpgLa brutalité de cette situation, le rôle des Occidentaux, Etats ou groupes de pression, dans cette évolution ont créé une tension superflue et périlleuse avec des pays comme la Géorgie et surtout l’Ukraine. La Russie est jalouse de son identité fondée sur l’histoire d’un peuple qui est toujours parvenu à sauvegarder son indépendance, souvent au prix d’énormes sacrifices contre les Tartares, les Teutoniques, les Suédois, les Français et les Allemands. Par ailleurs, cette identité s’appuie sur une culture d’une extraordinaire richesse, où l’occident chrétien l’a emporté sur les influences orientales. Elle est toujours une grande puissance grâce à son potentiel militaire qui a fait ses preuves en Syrie, à son immensité et aux richesses de son sous-sol. Dans un monde où la Chine et les Etats-Unis sont devenus les deux principaux acteurs, il n’y avait aucune raison pour l’Europe de traiter la Russie en ennemie sinon pour obéir à une stratégie américaine discutable à Washington, et absurde à Bruxelles. La Russie défend son influence sur des Etats qui ont été russes durant des siècles, et qui sont habités par de nombreux russophones, souvent russes d’ailleurs. Tenter de les opposer à la Russie en les intégrant à l’Union Européenne ou à l’Otan est une provocation inutile et dangereuse. La Russie actuelle n’est plus une menace pour les démocraties occidentales. Sa stratégie emprunte deux axes : d’une part, protéger les populations russes dans les Etats indépendants voisins ; d’autre part, intervenir pour soutenir ses alliés. Le premier objectif explique l’annexion parfaitement justifiée de la Crimée. Le second s’est exprimé dans une intervention en Syrie qui a sauvé le pouvoir baasiste de Damas. Face aux Frères Musulmans et autres islamistes, ce sont les Russes qui avaient fait le bon choix, et les occidentaux, le mauvais. Le soutien à Maduro au Vénézuela est plus discutable : il replace la Russie dans les pas de l’URSS, sans doute par volonté de rétorsion contre les empiétements occidentaux dans sa sphère d’influence légitime. Néanmoins, on retrouve là la rivalité entre un régime socialiste aberrant soutenu par la Russie et une opposition démocratique et libérale soutenue par les Etats-Unis et leurs alliés. Ce retour en arrière est d’autant plus consternant que la Russie d’aujourd’hui n’incarne plus ni le socialisme, ni le progressisme de l’URSS. Au début du défilé de ce jour sur la Place Rouge, le Ministre de la défense s’est signé selon le rite orthodoxe. La Russie se veut chrétienne, conservatrice, et patriotique. Ses ressources naturelles en font le complément de l’Europe non l’adversaire.

    Mais, contre tout bon sens, nombre de responsables européens brandissent une idéologie et des valeurs qui conduiraient à faire de l’Europe l’ennemie de la Russie, comme si la domination économique des Américains et des Chinois n’était pas un problème plus préoccupant. On trouve dans cette attitude le signe persistant de ce que Philippe de Villiers dénonce dans « J’ai tiré sur le fil du mensonge et tout est venu. » Le 9 Mai, c’est aussi l’anniversaire de la déclaration lue le 9 Mai 1950 devant les journalistes par Robert Schuman dans le salon de l’Horloge du Quai d’Orsay et qu’on a élevée au rang d’acte fondateur de la « construction européenne ». Ce texte devait peu à Schuman. C’est Jean Monnet qui l’a inspiré avec une note écrite de sa main, et on sait que « Mister Monnet of Cognac » était vraiment très, très proche des Américains. Qui plus est, Dean Acheson, le secrétaire d’Etat américain est venu à Paris le 8 Mai pour relire et corriger le projet. Autrement dit, ce que certains commémorent aujourd’hui, c’est un énorme mensonge et une imposture qui ont fait croire aux Européens qu’ils allaient construire une puissance indépendante et démocratique, face au bloc totalitaire de l’Est, capable d’imposer la paix. Or l’Europe n’est pas indépendante. Elle continue à être pilotée par les Etats-Unis notamment en raison du prétendu danger que constituerait la Russie. Il n’est pas interdit de penser que la priorité donnée par Trump à l’intérêt immédiat des Etats-Unis ne libère d’une certaine manière les Européens de cette dépendance. Par ailleurs, l’Europe est de moins en moins démocratique, puisque l’abandon progressif des souverainetés nationales au profit de la technocratie bruxelloise liée aux oligarchies des pays membres, est évidemment un recul du pouvoir des peuples, accusés de « populisme » dès qu’ils renâclent. C’est Delors qui vendit la mèche en 1999 : « Cette construction à l’allure technocratique, progressant sous l’égide d’un despotisme éclairé… » L’Europe est un engrenage auquel il est difficile d’échapper qui entraîne les peuples vers un destin qu’ils n’ont pas choisi. Est-ce qu’il s’agit de faire leur bonheur malgré eux ? Rien n’est aujourd’hui moins sûr ! Les Russes ont raison de fêter le 9 Mai. Pour les autres européens, la question se pose !

  • Affronter rationnellement les dangers, mais se libérer de la peur !, par Christian Vanneste.

    « La seule chose dont nous devons avoir peur est la peur elle-même, l’indéfinissable, la déraisonnable, l’injustifiable terreur qui paralyse les efforts nécessaires pour convertir la déroute en marche en avant. » Ces mots prononcés par F.D. Roosevelt le 14 Mars 1933 mériteraient d’être répétés aujourd’hui, car la peur n’est plus seulement la crainte d’une crise économique qui a tué la confiance, détruit les entreprises, volatilisé les valeurs monétaires et réduit des foules entières au chômage comme lors de la crise de 1929. Roosevelt est l’élu de la crise après trois présidents républicains « libéraux ».

    christian vanneste.jpgIl introduira de la planification, du contrôle, et une supervision de l’Etat et des Etats fédérés dans les domaines économique et social, bien loin toutefois de la dérive socialiste. Mais ce qui est le plus important en amont de cet interventionnisme qui a marqué l’histoire, c’est l’enveloppe éthique qui l’entoure. Elle est conservatrice, et même réactionnaire. Que dit Roosevelt ? « Nous devons rendre ce temple de notre civilisation aux anciennes vérités. » Il y en a trois : d’abord « la fausseté de la richesse matérielle en tant qu’étalon du succès », ensuite « notre véritable destinée n’est pas d’être secourus mais de nous secourir nous-mêmes, de secourir nos semblables », enfin, « la confiance… ne prospère que sur l’honnêteté, sur l’honneur, sur le caractère sacré des engagements… » Supériorité des valeurs spirituelles et morales sur les biens matériels et l’argent, responsabilité personnelle, confiance collective fondée sur des hommes intègres et responsables…

    Il n’est pas difficile de voir à quel point le monde dans lequel nous vivons est aux antipodes de celui que dessinait le président Roosevelt le jour de son investiture. Si nous nous trouvons devant une situation économique angoissante, non seulement en raison de la panne imposée à une grande partie de l’économie mondiale par le confinement, mais aussi à cause du caractère de plus en plus factice de la prospérité fondée sur la création monétaire et la consommation qu’elle facilite, la peur ne semble pas la conséquence de la crise, qu’elle entretient, mais sa cause première. Or, cette peur n’est pas accidentelle. Elle est, sous différentes formes, la marque principale de notre époque. La peur de la mort, raisonnable, et transcendée par les croyances spirituelles, est devenue irrationnelle dans nos sociétés matérialistes. C’est ce qui explique que des responsables politiques du monde entier ont pu imposer des contraintes sans précédent face à une épidémie inquiétante, certes, mais qui n’égale pas, et de loin, certaines qui l’ont précédée. Dans les Etats de culture occidentale, dont la population est vieillissante, le virus a suscité une panique que n’a pas diminuée l’idée que la mort fauchait davantage des personnes que leur âge approchait déjà d’une fin inéluctable. En Europe, cette crainte a suivi celle qui était née du terrorisme islamiste capable à tout moment d’assassiner à la kalachnikov, au camion ou au couteau, n’importe qui, n’importe où. En France, la peur du désordre et des violences liés à des manifestations avait été, entre deux, entretenue savamment par le pouvoir, et sur la planète, mais toujours en Occident plus qu’ailleurs, c’est la frayeur écologiste identifiée désormais à Greta Thunberg qui sévissait depuis un bon moment, soutenue par des dirigeants politiques, des instances internationales, et de nombreux médias… Difficile d’avoir peur de la peur dans un monde qui passe d’une peur à une autre comme on change de mode…

    Le résultat c’est la disparition de la confiance pourtant indispensable au bon fonctionnement d’une économie libérale et de pays démocratiques. La peur, loin d’engager à accroître la responsabilité des citoyens les conduit à se tourner vers l’Etat protecteur, à accepter les contraintes qu’il impose et bien sûr, non sans raison, à ressentir méfiance et suspicion devant l’inefficacité de ses dirigeants. La déception suscitée par les Etats engendre deux mouvements qui ne sont qu’en apparence contradictoires : déplacer les espérances de l’Etat vers les organisations non gouvernementales, réputées moins corrompues et plus éthiques, ou vers un gouvernement mondial, sauveur suprême. La vraie solution était celle de Roosevelt : ce sont les nations et leurs Etats qui doivent éteindre la peur et ils ne peuvent le faire que par l’exemplarité morale de leurs élus. On se rend compte à quel point le président français par effraction du printemps 2017 offre le contre-exemple du discours de Roosevelt… La richesse matérielle est bien pour lui l’étalon du succès, face aux gens qui ne sont rien : » Il faut des jeunes Français qui aient envie de devenir milliardaires » avait-il lancé comme si la réussite se résumait à de l’argent plutôt qu’à l’inventivité ou à la créativité qui peuvent de surcroît rendre riche sans que ce soit l’essentiel. La France a besoin de savants, d’ingénieurs, de chercheurs, de médecins etc… L’exemple de ces derniers montre que l’on peut réussir en exerçant le mieux possible son métier plutôt qu’en s’associant à de riches et « généreux » laboratoires. La réussite modeste et sereine du Professeur Raoult qui a fait face au péril sanitaire en soignant, et en contredisant ceux qui entretenaient la panique, est un excellent exemple ! Quant à la responsabilité et à la confiance, elles ont laissé place à une infantilisation systématique du peuple français, sur lequel on va faire tomber des milliards pour faire oublier les pénuries causées par l’imprévoyance du pouvoir, mais que l’on va aussi surveiller et contrôler davantage, et dont on va museler la liberté d’expression !

    « La seule réelle prison est la peur et la seule vraie liberté est de se libérer de la peur » disait Aung San Suu Kyi. Aux Français de méditer cette pensée et de se délivrer de ceux dont le règne les fait passer d’une peur à l’autre.

  • Les communautés de métier, diversité, par Frédéric Poretti-Winkler.

    On parle aujourd’hui de reflexe « CORPORATIF » pour indiquer une défense identitaire professionnelle, en général ce terme est devenu péjoratif mais autrefois on entendait : confrérie, ghilde, maîtrise, charité, hanse, collège, fraternité, jurande…
    Il reste difficile de donner une définition définitive tant les disparités existaient entre lieux, époque et professions…
    Devons nous parler du Moyen-âge ou du XVIème siècle ?
    « Vous avez le choix entre huit siècle d’histoire et entre plusieurs dizaines de provinces…D’une ville à l’autre et, dans chaque ville, d’une profession à la profession voisine, elles diffèrent plus que les amples bliauts du XIIIème siècle et les justaucorps collants du XVIème, que les draps riches et lourds des communes du Nord et les tissus légers du Midi moderne.»(E.Coornaert)

    frédéric winkler.jpgCelles-ci sont de vrais petites républiques autonomes dont les différences sont accentuées encore par le fait qu’elles soient réglés ou libres, c'est-à-dire jurés ou non. L’uniformisation n’est pas de rigueur. Les métiers jurés font des assemblées, le devoir du chef-d’œuvre, de la juridiction professionnelle, du droit du sceau, du contrôle de la production, avec plus de discipline…La différence essentielle entre juré et libre ne réside pas dans les conditions de travail mais dans les rapports avec l’Etat. « La réglementation est une garantie contre les excès de la concurrence, un gage de solidarité pour les producteurs.L’autorité en fait aussi le plus souvent une garantie pour les consommateurs, pour la collectivité.Mais elle y ajoute un autre gage de sécurité pour les premiers en élevant leurs communautés au dessus du droit privé, en leur donnant une personnalité juridique, d’ailleurs plus ou moins parfaite selon les cas, et en leur conférant une autorité propre sur leurs membres. » (E.Coornaert)
    On peut d’ailleurs faire un parallèle avec l’organisation territoriale entre ville franches et communes libres. Les métiers libres sont quelquefois plus contraignants que les métiers réglés. L’organisation autonome fonctionne par serment, qui à l’époque est respecté…Les métiers libres sont sous contrôle des pouvoirs publics ou religieux et leurs recettes sont versés sur un compte municipal ou à l’Eglise. Les chefs plaident avec un échevin ou un agent urbain. Il faut toujours se garder de prendre ses indications pour une stricte observance générale, on dira que ce sont les grandes lignes.Toute organisation dans l’ancienne France reste sur le modèle de la famille élargie avec le principe d’autorité…
    On trouve quelques révoltes sociales, les tisserands, les foulons et autres travailleurs de la laine, au XIIIème et XIVème siècle dans les Flandres. En France, grève des bouchers d’Evreux en 1244 (confrères de St Jacques) sous Charles VI au temps de Caboche et avec les canuts lyonnais en 1744…
    La France était alors hérissé de libertés bien réelles (devoirs avec droits et privilèges), on avait pas besoin alors de le marteler sur les mairies pour y croire. Nous sommes loin alors de l’univers gris des conflits incessants d’aujourd’hui…
    « Ne parlons pas de l’université parisienne du XIIIème siècle :maîtres et étudiants de la Montagne Sainte-Geneviève formaient alors une authentique corporation. Mais, au cours de l’ancien régime, on reunit parfois avec les corps de métiers, sous les mêmes noms de corps et communautés, les universités, collèges, chapitres, monastères et confréries et on tend, aujourd’hui, à allonger cette liste autrefois limitée : ensemble disparate, où les artisans pouvaient trouver, au vrai, des parentés inattendues à nos regards modernes. Leurs groupements sont confondus ainsi plus ou moins avec les « corps intermédiaires » qui contribuaient à assurer à la société d’autrefois hiérarchie et organisation. Ainsi associés à d’autres communautés, ils se rattachent, plus intimement encore qu’il ne paraît à première vue, à un aspect général de la société d’ancien régime, à ses tendances sociales, si différentes de l’individualisme du XIXème siècle. Ils témoignent bien de la place qu’elle accordait à l’homme, de l’idée qu’elle se faisait de la liberté, des rapports qu’elle établissait entre l’économie et les autres formes de la vie collective. »

    « Nous parlions, il y a un instant, des différences provinciales : elles imposent une discipline plus étroite dans le Nord, elles laissent plus de jeu à la liberté dans le Midi ;Toulouse et Montpellier en sont largement pourvues dès le XIIIème siècle ;Bordeaux, Nimes, Marseille se défendront encore au XVIIème siècle contre l’établissement de jurandes ; très tôt, les « chonffes » de Montbéliard, qui empruntent leur nom aux Zünfte, participeront étroitement à la vie artisanale allemande ; la vie corporative ne s’implantera en Franche-Comté qu’au XVIIème siècle. Au vrai, c’est d’une ville à la ville voisine que le décor change : de Saint-Omer, par exemple, à Abbeville, qui en est distante d’une vingtaine de lieues seulement, on passe d’un milieu industriel à un autre, d’une ville riche de traditions, de sève et de vigueur, et de libertés efficaces, à une ville longtemps médiocre où les corporations ont poussé plus tard, et moins librement. Mieux encore, dans la même ville, c’est successivement, métiers par métiers, que l’ambition est née parmi les travailleurs de constituer des corps autonomes ou que le moyen leur en a été procuré : à Lyon, où quelques communautés sont organisées dès la fin du XIIème siècle, c’est au XVème et au XVIème seulement que se propage la conquête corporative ; à Poitiers, c’est de la façon la plus irrégulière au cours de deux ou trois siècles, du XVème au XVIIème, qu’elle gagnera la plupart des professions. » (E.Coornaert)
    C’est un sujet très vaste et ces deux citations sont là pour expliquer qu’il ne faut pas systématiser la structure sociale de l’ancien régime.

    GREVE et CONFLITS
    Loin d'avoir tout inventer, comme nous essayons de le démontrer notre temps semble découvrir aujourd'hui ce qui hier était monnaie courante. La grève existait déjà sous Saint-Louis.Les organisations ouvrières s’organisent avec leurs Saints et fêtes chômés, leurs blasons avec privilèges et devoirs, leurs justice, police et coutumes.Quelques conflits naissent des rivalités entre maîtres et ouvriers car les premiers cherchent à se distinguer des seconds, nous sommes dans les temps dits classiques ou la bourgeoisie s’affirme, loin de l’humilité du Moyen-âge…
    _Maçons et ouvriers du bâtiment à Paris, 1660-62,
    _les papetiers en Auvergne, 1664 les garçons boulangers à Bordeaux, 1666-67 à Lyon…
    _Guerres et disettes en 1694.
    Plus tard il est important d’étudier les problèmes économiques liés aux temps de colères sociales comme l’inflation du système de Law de 1719 à 1721 et la déflation de 1724…
    Les artisans prennent l’habitude de se regrouper par profession et par rue (voir les noms de rues dans Paris…) présent. Un trafic intense se développe en Occident et l’aisance nouvelle permet à un marchand de St Omer de faire construire à lui seul, une Eglise…
    L’ascension des humbles se poursuit et certaines fois les consommateurs se liguent contre le monopole d’une corporation comme en 1267 à Pontoise avec les boulangers.
    _A Paris en 1250, les valets protestent contre les maîtres des foulons.
    C’est à la suite de ces divers conflits que St Louis demandera à Etienne Boileau de codifier les us et coutumes des métiers, jusqu’ici orales dans un livre. Cela n’empêchera pas d’autres conflits comme les tisserands contre les drapiers à Paris en 1270
    _ les valets contre les maîtres foulons en 1277-79.
    Frederic PORETTI - Winkler (Les Communautés de Métier, à suivre)

  • Avantages du désastre, par Radu Portocala.

    Source : https://www.politiquemagazine.fr/

    Le monde d’après, promesse ou une menace ?

    Le monde d’après. Ces mots qu’on prononce de plus en plus souvent, avec une sorte de révérence presque religieuse, sont-ils une promesse ou une menace ? Ils prétendent se dresser comme une porte entre les temps : il y a eu celui d’avant la maladie et il y aura celui d’après la maladie, de même que nous parlons d’un avant et d’un après le déluge. Ils donnent à ce mal éphémère la signification d’un cataclysme qui a brisé l’histoire.

    radu portocala.jpgLe monde d’après… L’humanité a été placée sur son lit de mort et, à son chevet, des faux prêtres aux yeux luisants susurrent inlassablement ces mots, telle une extrême-onction dévoyée. À ceux qui se demandent si le moribond sera voué à l’enfer ou au paradis, il faut répliquer par une autre question : y aura-t-il désormais une vraie différence entre les deux ? N’oublions tout de même pas qu’au fil du temps, des visionnaires ont déjà proposé, ici et là, des paradis infernaux, et que nous sommes encore, bien trop souvent, harcelés par des prophètes à l’inspiration douteuse.

    De cette maladie est peut-être censé naître le Monde nouveau qui agite depuis trois ans les rêves d’Emmanuel Macron – ce monde où, nous assure-t-on avec sévérité, plus rien ne sera comme avant.

    Nous entrons, donc, dans un temps qui sera fait de rigueurs. « La confiance n’exclut pas le contrôle » annonçait Christophe Castaner, citant – peut-être même sans le savoir, ce qui ne fait qu’augmenter la violence du propos – une des pensées glaçantes de Lénine. Il y a là une absurdité et une misère. Atteint d’une affection rare, qui lui fait voir les choses à l’envers, le pouvoir nous informe par la voix de son ministre de l’Intérieur qu’il nous fait confiance. Après trois ans à la tête de l’État, ces gens n’ont pas compris que ce n’est pas à eux de nous faire confiance, mais à nous de leur accorder la nôtre, et que si, par erreur, ils ont gagné celle d’une minorité, ils sont en train de la perdre. Voilà pour l’absurdité – qui, sous-entendant que le peuple est le subordonné du pouvoir, frôle une arrogance à la fois insupportable et dangereuse.

    Pour ce qui est de la misère, elle est et sera multiple. Le contrôle, d’abord – cette obsession primordiale d’Emmanuel Macron et des siens. Un pouvoir sans intelligence, assis sur une légitimité bancale, ne peut tenir que par l’encadrement de la société. Après les lois de censure, la maladie semble avoir été offerte comme un don inattendu à nos chefs. Elle leur a permis, d’abord, de mesurer les limites de notre obéissance. Entre prohibitions et contraintes, l’expérience leur a donné satisfaction. Ils sont contents de nous.

    « Cette maladie a mis le monde à genoux », disent-ils, pour pouvoir ensuite prétendre : « Maintenant, nous allons le reconstruire à notre idée ». Pourtant, le monde n’a pas vacillé à cause de la maladie ni des 300 000 morts enregistrés dans 187 pays (en 2017, la grippe et les maladies respiratoires qu’elle entraîne ont fait quatre fois plus de victimes), mais par la faute des décisions ineptes qui ont été prises, faites de mensonges, d’entêtements, d’incohérences, de cafouillages – et, par-dessus tout, d’une formidable incompétence. Le Monde nouveau, si nous le laissons advenir, sera le résultat de ces ratages et portera leur marque.

    Une mystique de la catastrophe

    En France, le pouvoir a profité de la maladie pour concevoir une étrange mystique de la catastrophe. De ce malheur qu’il affirme sans pareil, il peut nous ramener à la lumière – mais ce sera sa lumière, et il nous faudra suivre la voie qu’il nous indiquera d’autorité. Il se démène pour notre bien – tout système autoritaire le clame et s’en justifie –, nous pouvons donc, au moins, lui faire témoignage de notre reconnaissance en nous pliant à ses injonctions.

    Dans le Monde nouveau il faudra avoir peur, car la peur est l’acolyte le plus précieux des régimes qui cherchent à soumettre. Les chefs la prescrivent, les fonctionnaires de presse la propagent et l’entretiennent – les résultats de l’essai, ces derniers mois, sont probants. Il faudra aussi se laisser surveiller, et puisque la bonne cause sera invoquée, peu s’aviseront à protester au risque du châtiment et de l’opprobre. Chaque alarme, fût-elle fausse, conduira à des restrictions, auxquelles nous nous habituerons à tel point qu’il sera difficile de s’apercevoir quand elles deviendront définitives. En fin de compte, nous serons toujours en faute : contre les règles sanitaires, contre les oukases écologiques, contre les normes de plus en plus rigides du politiquement correct, contre la vérité officielle – et nous serons heureux quand le pouvoir magnanime omettra, de temps en temps, de nous punir. Car le Monde nouveau sera austère et implacable.

    C’est par ces moyens seulement que la prophétie qui veut que plus rien ne demeure comme avant pourra se réaliser. Il aura fallu une maladie pour que nous fassions un pas de plus vers l’étouffant Bien total.

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  • Gilets jaunes : cette fois c’est différent. Reportage de Politique Magazine au coeur de l'actualité

     

    photo-14-450x600.jpgNotre reportage dans la manifestation Gilets jaunes du 24 novembre le prouve : c’est la France profonde qui s’est montrée ce jour-là. Une France qui durcira sa contestation car elle n’a plus le choix. 

    Ils sont venus de toute la France pour montrer leur ras-le-bol. Leur but ? Obtenir gain de cause. Hors de question, pour cette France qui bosse et a du mal à boucler ses fins de mois, de faire machine arrière. « S’il le faut on reviendra », nous ont dit plusieurs manifestants. Peu de Parisiens dans le cortège de samedi, mais des Jurassiens, des Tarnais, des Auvergnats, etc. (Photo : « Macron, rends-nous notre pognon ».)

    L’un d’eux est arrivé avec deux amis la veille au soir et a dormi dans un hôtel Formule 1. Il explique que, dans sa région, les bus cessent de fonctionner à 19h. Lui part au travail à 21h.

    « C’est pas comme à Paris ou les grandes métropoles, ici vous avez tout. Nous, on est obligé de prendre la voiture. »

    À elle seule, l’essence lui coûte désormais plus de 100 euros par mois. « C’était la goutte d’eau. Les médias ne parlent que de l’essence, ils nous font passer pour des beaufs, mais c’est un tout ».

     

    Paris est verrouillé.

    « J’ai vu mes parents galérer toute leur vie. Et moi je continue à galérer. Il y en a marre », nous a dit un jeune habitant d’un petit village. Un peu plus tard, dans un abri protégé des gaz lacrymogènes incessants, un homme originaire de Brioude montrera avec fierté sur son téléphone les blocages organisés par les gens restés au pays. Des barrages en pleine campagne, là où les populations sont livrées à elles-mêmes.

    Ce que nous avons vu samedi, ce sont les difficultés, voire la détresse, de cette France rurale et périphérique. Une France abandonnée par nos gouvernants au profit du commerce avec la Chine, au profit de la finance mondialisée, au profit des banlieues immigrées aussi. Une France qui bosse et qui ne peut plus s’en sortir. Une France manuelle qui paye la désindustrialisation, le retrait des services publics, la concentration du travail et du capital dans les grandes métropoles. Mais une France qui vit, une France souriante malgré tout, une France qui dégage beaucoup de dynamisme.

     

    La révolte des campagnes sur les Champs-Elysées. 

    Ce que nous avons compris, c’est que le mouvement va se durcir. Car cette France-là a de moins en moins à perdre. La froideur inflexible de l’exécutif, de plus en plus perçue comme de l’arrogance, n’a rien arrangé. Dans le cortège, nous pouvions sentir du dégoût envers le président de la République. Du dégoût aussi pour l’accueil musclé qui leur a été réservé, avec des centaines de camions de CRS, des grenades assourdissantes et des canons à eau. « Vous êtes payés avec nos impôts ! » avons-nous entendu des dizaines de fois. « Vous êtes fiers de vous ?! Vous attaquez le peuple ! », criaient en bon nombre des manifestants qui découvraient ce type de rapport de force.

     

    Les Gilets jaunes dressent des barricades. 

    Des « casseurs », ces Gilets jaunes ? Ben voyons… Certains médias industriels mettent en avant des incidents qui ont eu lieu à 21h ou plus tard, alors que la manifestation était terminée. Mais tout observateur présent lors du grand chamboulement des Champs-Elysées (les forces de gendarmerie ont usé de gaz lacrymogène dès 11 heures du matin) a pu constater qu’aucune vitrine n’a été cassée, qu’aucune voiture n’a été visée. Il a vu les pompiers se faire protéger par des Gilets jaunes. Oui, nous avions bien affaire à une France habituellement sans histoires.

     

    « Ils plieront ».

    Elle était venue pour se montrer près du palais présidentiel, pour descendre les Champs-Élysées, et pour obtenir gain de cause. En face, les forces de l’ordre avaient pour mission d’effacer leur visibilité et de faire évacuer les lieux. Le face-à-face a été musclé. Six heures durant, les CRS ont usé de gaz hyper-irritants à forte dose, balancé des grenades assourdissantes dans le public, usé de canons à eau jusqu’à plus soif, et même utilisé quelques fois des flash-ball. Pendant ce temps, les manifestants et quelques habitués de la castagne ont tenté d’avancer, ont mis le feu à leurs barricades, ont jeté des projectiles pour défendre leurs positions.

     

    Paris, 24 novembre. L’affrontement s’intensifie.

    Cette journée du 24 novembre laissera des traces. Car l’on voit mal le gouvernement se protéger derrière de tels barrages de CRS tous les week-ends. On le voit mal accepter de voir « la plus belle avenue du monde » en feu un samedi de fréquentation. Surtout, on le sent vulnérable aux pertes associées aux blocages des grandes chaines de magasin – les Sephora, les Casino, les Carrefour, les H&M et autres textiles fabriqués à 3 euros en Thaïlande – presque tous détenus par des fonds financiers situés aux Etats-Unis, au Qatar, en Chine, à la Barbade, aux îles Caïmans… La seule journée de blocage du 17 novembre avait provoqué des manques à gagner de plusieurs millions d’euros pour ces multinationales. Celles-là même qui influent tant sur la politique de l’Union européenne et auprès desquelles le président Macron porte une oreille très attentive.

     

    Les forces de l’ordre tirent des gaz irritants dans les petites rues adjacentes aux Champs-Elysées.

    L’écart entre le vécu des populations locales et les conséquences des choix politiques actuels est désormais trop grand. Qu’importe la forme que prendra la contestation à l’avenir. Qu’importent les amendes astronomiques et les peines de prison. Sans inflexion du gouvernement, cette France continuera de se montrer. Car elle est ne veut pas mourir à petits feux.  

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    Reportage de Louis Anders

    La « plus belle avenue du monde » : de la fumée s’élève des Champs-Elysées (depuis l’esplanade des Invalides).