UA-147560259-1

Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Rechercher : Rémi Hugues. histoire & action française. Rétrospective : 2018 année Maurras

  • PRESSE • L'analyse de Jean-Claude Lauret, dans Boulevard Voltaire, du livre de Benjamin Dormann : Ils ont acheté la pres

     couv_dec.jpg

    Benjamin Dormann nous a donné, hier, sur le thème très actuel de la liberté de la presse, un article reprenant quelques uns des points forts de son ouvrage - dont il vient de publier une édition actualisée - Ils ont acheté la presse. Une excellente analyse en a été faite par Jean-Claude Lauret, dans Boulevard Voltaire. Nous croyons utile de la publier nous aussi, en recommandant la lecture du livre ! Lafautearousseau  

    Une analyse solidement documentée qui s’avère à la fois édifiante et consternante. Liberté, je crie ton nom !

    Jean-Claude Lauret Journaliste, critique littéraire. 

    Ils ont acheté la presse, telle est la provocante affirmation de Benjamin Dormann et qui sert de titre à son ouvrage. Ces « ils » sortent vite de l’anonymat. Ils s’appellent Serge July, Laurent Joffrin, Denis Olivennes, Matthieu Pigasse, Pierre Bergé.

    Benjamin Dormann, qui fut journaliste dans la presse financière et a été trésorier d’un parti politique « divers gauche », n’est pas un néophyte. Il sait ce dont il parle et va le montrer dans cet ouvrage, véritable bouquet de révélations. Elles sont tour à tour déroutantes, surprenantes, déconcertantes. L’auteur nous invite à passer de l’autre côté du miroir. On part en sa compagnie explorer les méandres souvent obscurs de Mediapart, des Inrockuptibles, du Nouvel Observateur, de Libération et du Monde. Une plongée dans la presse de gauche.

    On considère la presse comme étant le quatrième pouvoir. Théoriquement, cette affirmation suppose qu’elle est objective, un lieu de réflexion, d’analyse et, naturellement, de contestation. Elle aurait donc la noble fonction d’informer le citoyen et, au besoin, d’alerter l’opinion publique des dérives du pouvoir en place. Aujourd’hui, l’idée même d’une presse indépendante, autrement dit libertaire, tient de l’utopie.

    À la fin de la Seconde Guerre mondiale, la France s’est libérée de l’occupant. Les journaux furent, eux, emprisonnés dans le carcan de plus en plus étroit d’une idéologie où l’œil de Moscou veillait. Il ne fallait pas trop s’écarter d’une certaine vision de l’histoire. Il s’agissait de marcher droit et de penser à gauche.

    En analyste rompu aux subtilités du monde financier, Benjamin Dormann constate que la presse écrite, dans son ensemble, se trouve dans une situation économique désastreuse. Certains titres friseraient le dépôt de bilan. L’auteur relève là un singulier paradoxe. Les bilans de nombreux titres devraient faire fuir tous les investisseurs conséquents, assurés qu’ils sont de ne jamais pouvoir retrouver leur mise. Il n’en est rien. Au contraire, ils s’empressent, Pierre Bergé en tête, et sortent leur carnet de chèques. L’auteur nous donne les raisons d’une telle démarche. Les équipes rédactionnelles sont de plus en plus emportées par le militantisme politique. Du fait de leur engagement, les journalistes perdent toute crédibilité. La prétendue objectivité disparaît, avalée par les brumes du combat idéologique. Les journalistes partisans se transforment en agents de publicité et les titres deviennent insidieusement des agences de communication.

    Benjamin Dormann étaye ses analyses et ses démonstrations d’exemples concrets. Avec une ironie mordante, il épluche le dossier de la lamentable affaire DSK. Il n’est pas original de constater que le satyriasisme du directeur du FMI était connu de l’ensemble des médias. Les plus effrontés en faisaient des gorges chaudes. Tout le monde savait, mais tout le monde se taisait. Ah, la sacro-sainte atteinte à la vie privée ! Les gardiens si sourcilleux de l’éthique avaient moins de scrupules lorsqu’il s’agissait de raconter les frasques érotiques d’un Berlusconi.

    Une nouvelle étape allait bientôt être franchie. Le quatrième pouvoir agonisant est remplacé par un cinquième pouvoir, selon l’auteur. On est insensiblement passé de l’ère de la communication à celle de la manipulation, puis à celle du mensonge délibéré. Les frontières entre ces genres, théoriquement incompatibles, deviennent chaque jour plus ténues.

    Benjamin Dormann met à mal bien des idées reçues. À des médias qui crient famine, il montre (chiffres à l’appui) que l’État subventionne avec une constante régularité les grands organes de presse. Celle-ci se complaît fort bien de cet assistanat étatique.

    Pour reprendre le sous-titre de l’ouvrage, « aujourd’hui, la presse se tait, étouffe, ou encense ». Il ne faut pas s’étonner qu’elle se trouve de plus en plus coupée de l’opinion. Voici une analyse solidement documentée qui s’avère à la fois édifiante et consternante. Liberté, je crie ton nom !  •

     

    « Ils ont acheté la presse »,

    Editions Jean Picollec, 23,00 €

    sortie 13 janvier 2015 

     

  • Affaire Ménard : un lynchage stalinien, par René Tallavigne*

     

    Les règles de la tragédie classique ont été respectées ; le psychodrame s’est joué en trois actes :

    - 1er acte : le lundi 4 mai aux environs de 23h, Robert Ménard, maire de Béziers, participe à une émission télévisée. Il évoque, en terminant, le pourcentage d’enfants d’origine musulmane présents dans les écoles de sa ville, pourcentage qu’il déduit de la lecture des listes qui lui sont communiquées par le Rectorat, comme cela se pratique pour tous les maires. A priori rien d’extraordinaire. Personne, sur le plateau, ne s’étonne ni ne proteste.

    Le lendemain, chez Bourdin (BFMTV), il confirme qu’avec des taux de 80 % d’enfants d’origine musulmanes dans certaines écoles, toute tentative d’intégration est impossible et qu’il est important de connaître les réalités pour pouvoir intervenir, dans le propre intérêt de ces enfants.

    C’était sans compter sur la surveillance des bien-pensants, « républicains » donneurs de leçons.

    - 2ème acte : dès le début de la matinée du lendemain, toutes les radios et télévisions annoncent, à la une de leur journaux, l’ouverture d’une enquête judiciaire. La nuit n’a pas manqué d’être agitée place Vendôme ! Et de fait, dans l’après-midi, des inspecteurs de la police judiciaire de Montpellier, dont un spécialiste des nouvelles technologies, perquisitionnent certains services de la mairie et fouillent les disques durs. Pour des faits d’une telle gravité, il était évidemment impératif de déployer des moyens exceptionnels. La forte délinquance constatée dans la région et la sécurité des braves gens pouvaient attendre !

    Le président de la République, en visite au Qatar, modèle de libertés et de tolérance religieuse comme l’on sait, y va de son couplet sur la discrimination ethnique. Ce non incident était, n’en doutons pas, une préoccupation essentielle de la politique extérieure de la France.

    A l’Assemblée, Cécile Duflot demande ni plus ni moins la destitution du maire de Béziers. Au nom du premier ministre, Najat Vallaud-Belkacem, sentant le mauvais procès, tout en s’indignant avec des propos convenus sur « les valeurs de la République », répond à côté.

    - 3ème acte : le mercredi dans la matinée, le maire est entendu dans les locaux du SRPJ de Montpellier. La Licra, le MRAP, la Maison des potes sont plein d’espoir, le scandale prend de la consistance.

    Mais, soudain, le ciel s’effondre sur tout ce petit monde politico-médiatique : le procureur de Béziers laisse entendre que les perquisitions n’ont rien donné et que l’on s’oriente vers une absence de poursuite …
    Brusquement la presse nationale, déchaînée la veille, n’évoque plus le sujet. Seuls quelques journaux locaux tentent de maintenir la mobilisation et d’éviter le ridicule. Jusqu’au député UMP, battu aux précédentes municipales, qui déposera la gerbe du 8 mai en marge de la cérémonie officielle « pour ne pas créer d’ambiguïté ». Là, manqué, le ridicule sera atteint.

    Devant cet échec annoncé, une technique bien connue va prendre le relai. Les provocateurs professionnels, appuyés par des éléments extérieurs à la ville, tentent la mobilisation des quartiers difficiles, ceux où depuis plusieurs décennies les gouvernements dits de droite ou de gauche ont regroupé les immigrés … et où Robert Ménard a résidé à son retour d’Algérie ; des quartiers qui ont voté majoritairement pour les candidats qu’ils soutenaient lors des dernières élections. Là encore rien n’y fait ; deux ou trois petites centaines de personnes déambulent tristement dans la ville.

    Le soufflet s’est effondré

    L’épisode est cependant instructif. Le mot fichier n’a jamais été employé par le maire de Béziers mais a été repris à satiété, aucun propos discriminatoires n’a été prononcé mais « les heures les plus sombres de notre histoire » ont sans cesse été évoquées. Le représentant du Front de gauche au conseil municipal arborait au veston une étoile et un croissant jaune.

    Les déclarations de Manuel Valls qui, en 2009 dans sa ville de Vitry, souhaitait qu’on rajoute « quelques blancs, quelques whites, quelques blancos » et envisageait de déposer un projet de loi pour favoriser les statistiques ethniques, estimant que « c’est l’absence de mesures concrètes qui est à craindre », étaient oubliées, de même que l’article de Libération qui, pour mesurer la diversité, indiquait le 30 mai 2012 avoir employé la méthode « utilisée par l’Observatoire des discriminations, consistant à répertorier les prénoms non francophones ».

    Et que dire des propos de Georges Felouzis, sociologue, auteur de plusieurs ouvrages sur les inégalités scolaires, qui, étudiant la situation de 144 000 élèves, écrivait « pour construire un indicateur nous permettant d’accéder aux élèves étrangers et issus de l’immigration, nous avons pris en compte deux éléments significatifs : la nationalité et le prénom de l’enfant ».

    Ah ! si on avait pu prendre en défaut ce maire dont les décisions courageuses, toujours blâmées, déformées, triturées, manipulées, ne cessent de porter leurs fruits.

    Manipulation indécente de l’opinion, lynchage stalinien parfaitement mis en œuvre, tentative d’intimidation, opération de déstabilisation, tous ces procédés orchestrés par ceux qui constatent avec horreur que la France se réveille, semblent devenir la méthode préférée de gouvernement. 

    Addendum : le tribunal administratif de Montpellier a rejeté, le 11 mai, la saisi de la Coordination contre le racisme et l’islamophobie (CIR) qui demandait l’interdiction du fichage des enfants musulmans de Béziers. 

     

     Politique magazine

  • Ran Halevi : « Trump, par-delà la démagogie, l'expression d'une aspiration politique »

     

    Par Ran Halevi

    L'élection de Donald Trump comme candidat du Parti Républicain à l'élection présidentielle américaine est un événement politique de première importance.  Par ce qu'elle révèle de l'actuelle aspiration politique des peuples. Laquelle ? Ce que Régis Debray appelle « un ressourcement identitaire »*. Nous ne disons pas, ici, autre chose. [Cet article est paru sur Figarovox le 24.07]  LFAR

     

    C'est une première dans l'histoire de la démocratie américaine. Le Parti républicain vient d'introniser comme candidat à l'élection présidentielle de novembre un homme dépourvu de toute expérience politique, qui n'avait jamais figuré dans ses rangs, ne partageait pas son credo conservateur, le désavouait même publiquement pour en faire le ressort de son succès : il a tourné les électeurs républicains contre leurs élus, emporté 37 primaires et rallié 14 millions de voix, un record, en dégommant ses 16 concurrents et en ébranlant au passage les fondations du parti qui aujourd'hui le couronne.

    La nomination de Donald Trump est un événement politique de première importance, par ce qu'elle révèle des procédés, des passions, mais aussi des défaillances qui affectent aujourd'hui la marche de nos démocraties. Elle consacre le populisme d'un type nouveau, très mobilisateur et… passablement dépolitisé, où l'ignorance politique semble constituer un atout électoral. Voici un cas d'école sur l'efficacité des rhétoriques incendiaires, de l'aplomb démagogique, des outrances verbales, des mystifications et des promesses extravagantes, acclamées non parce qu'on les croit réalisables mais parce qu'on se plaît à les entendre exprimer.

    M. Trump ne s'embarrasse pas d'exhiber son ignorance encyclopédique, y compris de la Constitution des États-Unis, que, dans l'hypothèse de sa victoire, il prêtera serment de « préserver, protéger et défendre ». Le rapport très libre qu'il entretient avec la vérité, désormais abondamment documenté, est facilité par son indifférence assumée aux frontières qui séparent le vrai du faux - on ne compte plus les entreprises, au cours de sa longue carrière, qui n'aient entraîné des inculpations en raison d'engagements piétinés, de combinaisons frauduleuses, de manquements et de dérobades.

    La convention qui vient de s'achever à Cleveland aura été bien à son image. Improvisations, chahuts, fronde d'une minorité de délégués vite étouffée, huées à l'adresse des orateurs rétifs à clamer publiquement leur soutien, dissentiments sur des questions essentielles entre le candidatet son colistier… - le tout rythmé par une parade continue de narcissisme. Cette kermesse, boudée par deux anciens présidents, des ex-candidats à la Maison-Blanche et une brochette de gouverneurs, de sénateurs, de représentants, a vu, faute de mieux, défiler à la tribune ceux de la tribu Trump susceptibles de prononcer un discours. Celui de l'épouse ayant révélé quelques surprenantes similitudes avec l'allocution de Mme Obama à la convention démocrate de 2008, le conseiller en chef de M. Trump criait au complot, aussitôt attribué à… Hillary Clinton.

    Le prodigieux exploit de Donald Trump représente un défi vivant à la science politique. À sa devise conquérante - « rétablir la grandeur de l'Amérique » - répond en écho le tableau apocalyptique d'un pays cassé, sapé par l'immigration, rongé par le crime et assiégé de périls. L'Amérique d'aujourd'hui est plus prospère et paisible qu'elle n'a jamais été : la Bourse bat des records, le chômage baisse, les violences urbaines reculent même si elles restent spectaculaires, les salaires modestes commencent à décoller… Pourtant, les Américains sont comme happés par une morosité nationale - le pressentiment d'une perte de repères, d'une dérive des institutions, de menaces imminentes, qu'entretient et aggrave une polarisation politique endémique.

    Ce malaise, qui ne se limite pas à la seule Amérique, renvoie, on le sait, aux sentiments de précarité économique et de dépossession identitaire produits par la mondialisation et les mouvements migratoires incontrôlés. Mais il s'alimente à d'autres sources encore. Nos démocraties sont devenues le théâtre d'un vent insurrectionnel, démultiplié par les réseaux sociaux, contre les autorités traditionnelles. L'usure et le discrédit des « élites » tendent à exacerber une forme de nihilisme politique, fait de rage, de frustrations, de peurs, dont M. Trump est à la fois le symptôme et le bénéficiaire.

    Le vrai ressort de cette insurrection est un puissant besoin de nation, si obstinément nié, tenu en suspicion, ringardisé - cette idée, pourtant triviale, longtemps abandonnée aux tribuns populistes, qu'une communauté nationale a le droit, et le devoir,de mettre en avant les intérêts et les valeurs des siens et de préserver l'intégrité culturelle de son être ensemble.

    Donald Trump l'avait compris avec un instinct infaillible. « Les gens veulent apercevoir des frontières », a-t-il récemment déclaré. Toute sa campagne, aussi incohérente qu'elle ait été par ailleurs, exploitait sans vergogne la question nationale, pendant que les caciques du Parti républicain continuaient à dénoncer l'« obamacare », le trop d'État, la protection sociale, en voyant les primaires leur échapper régulièrement. Ils paient aujourd'hui le prix des chimères idéologiques que leur propre électorat a congédié dans les urnes. Les voici contraints soit à soutenir cet encombrant intrus soit à le désavouer, deux manières d'attester le naufrage d'un parti aujourd'hui fracturé et exsangue.

    La seule chose qui lie M. Trump à l'establishment républicain est une hostilité partagée envers Hillary Clinton. Ce n'est pas, certes, un programme électoral, mais les sondages les plus récents les portent, à défaut de s'entendre, à tout miser sur cette cible : la cote de Mme Clinton continue de baisser et l'avance qu'elle conserve sur son adversaire républicain est trop ténue pour autoriser un pronostic.

    Quant à savoir ce que peut donner l'accession d'un Donald Trumpà la magistrature suprême du plus puissant État de la planète, personne ne peut prétendre en avoir une idée claire, à commencer par l'intéressé. 

    Ran Halevi

    Ran Halevi est directeur de recherche au CNRS et professeur au Centre de recherches politiques Raymond-Aron.

    * A voir dans Lafautearousseau ...

       Régis Debray est il réactionnaire ? Débat avec Alain Finkielkraut

  • En finir avec le règne du hashtag mobilisateur et de la résonance émotionnelle

     

    Par Anne-Sophie Letac

    Une très belle réflexion, dans une tribune d'hier sur Figarovox, qui confirme en termes vivants et avec profondeur ce que nous-mêmes écrivions ce 18 juillet. Anne-Sophie Letac y constate que les médias en général et davantage encore les réseaux sociaux servent de caisse de résonance aux attentats. Le risque est alors grand de suivre la « voie étroite et faussement vertueuse de l'indignation et de l'émotion collective ». Nous n'avons rien à ajouter à cette très exacte analyse.  LFAR   

             

    duel_2.jpgEn 1973, le premier film de Steven Spielberg, le thriller allégorique Duel, mettait en scène un camion semi-remorque personnifié par ses gros phares globuleux, qui poursuivait sans visage ni raison la voiture d'un voyageur de commerce au nom métaphorique, David Mann, afin de l'écraser. Mann, l'Homme, faible et sans défense, se trouvait confronté à une version déshumanisée et arbitraire du mal, dont il finissait par triompher dans une confrontation directe avec la machine, le David à la petite voiture rouge acceptant le duel et projetant dans l'abîme le Goliath de tôle et d'acier. Dans l'attaque terroriste de Nice, le camion criblé de balles et l'homme abattu ne sont en revanche qu'un triomphe piteux sur la machine aveugle, puisque le camion frigorifique, version quatre saisons et maraîchage niçois de Duel, lancé par la volonté démoniaque d'un conducteur parfaitement identifié, Mohamed Lahouaiej-Bouhlel, a réussi à broyer les os de 84 êtres humains. Pourtant, Duel a quelque chose à voir avec cette épouvante. Le choix du camion relève certes en partie d'un terrorisme «artisanal», d'une réponse à l'injonction de l'Etat islamique de tuer les «méchants et sales Français» de « n'importe quelle manière », y compris en les égorgeant au couteau ou en les écrasant en voiture. Mais sa transformation en machine de mort prouve aussi que le terrorisme islamiste appartient pleinement à la civilisation technologique et déshumanisante que dénonçaient Spielberg dans Duel ou Georges Lucas dans l'un de ses premiers films, THX1138. La machine porteuse de progrès retournée contre l'homme, voici ce qu'incarne l'attentat de Nice.

    Si la technologie nourrit généreusement le terrorisme, celui-ci est aussi enkysté comme un parasite dans une civilisation de l'image dont nous maîtrisons aussi mal les conséquences que celles du nucléaire. L'attentat terroriste est conçu pour être vu et filmé, ou du moins pour que ses effets le soient, et nous obéissons docilement à cette injonction implicite. Les journaux sont pleins d'images de badauds qui « smartphonent » l'horreur. Le téléphone qui filme un être humain en train de mourir ou une panique de rue pose la question morale de l'obscénité du geste, la question juridique de la non-assistance à personne en danger, mais aussi plus froidement la question de la complicité inconsciente de toute une civilisation. Le rituel d'après attentat est sinistrement bien rodé : les réseaux sociaux transmettent rapidement les informations, partagent les vidéos amateurs, les avis de recherche et autres safety check, laissant les médias traditionnels pédaler derrière. L'onde de choc se propage, générant l'effroi et son corollaire, l'empathie, la résonance compassionnelle, le règne du hashtag mobilisateur.

    En effet, la compassion est mise en scène selon un rituel qui crée, à peine les traces de sang effacées, des lieux de mémoire instantanés. L'émotion collective est canalisée par des fleurs et des bougies, des cellules psychologiques, des marches blanches. L'exigence d'immédiateté conduit au pire : les journalistes interviewent des gens qui viennent de perdre leur enfant, on emploie l'horrifiante expression « commencer à faire son deuil » associée à « se reconstruire » quelques heures après le drame, ou celui de « tragédie » (qui renvoie à une situation indépendante de la volonté humaine) au lieu de l'approprié « crime de masse ». De manière révélatrice, on confond systématiquement le choc immédiat et le traumatisme, syndrome de longue durée et imperceptible dans l'instant. Parce que c'est télégénique, les victimes se doivent d'être immédiatement « traumatisées », alors que le vrai traumatisme ne survient, que le vrai deuil ne se vit, on le sait fort bien, que des mois plus tard, dans l'indifférence générale. L'obscénité des intérêts financiers est à peine masquée : un représentant des hôteliers de Nice affirme ainsi que continuer à faire du tourisme est un acte citoyen, des experts psychiatres crédibilisent l'inanité de l'analyse instantanée. Les grandes chaînes d'information bavardent, relayant sans filtre le frère tunisien qui dédouane le meurtrier, les voisins plus sceptiques mais pas plus crédibles, ou l'avocat de l'épouse commis d'office pour la défendre.

    L'omniprésence de l'image, la cacophonie de la parole nous intiment de regarder l'événement comme on visionnerait un film d'horreur, et de le mettre à distance aussi rapidement qu'il nous a été présenté. Il ne nous laisse, si nous ne nous en défendons pas, que la voie étroite et faussement vertueuse de l'indignation et de l'émotion collective. Assuré que l'indignation est « unanime », que l'hommage est « pudique », que les badauds sont « bouleversés » et que la terreur « n'épargne pas ceux qui l'ont côtoyée » (sic), le spectateur flotte dans une téléréalité impitoyable qui empêche de nommer l'ennemi. Ainsi, encore plus téléréel que nous, encore plus immédiat, vient d'apparaître sans crier gare le fast muslim, le radicalisé à grande vitesse, qui à peine la dernière pute baisée et le dernier verre avalé, rachète instantanément sa vie par un meurtre de masse. 

    GaTm7Zpn.jpg

    Anne-Sophie Letac

    Agrégée d'histoire, ancienne élève de l'Ecole normale supérieure, Anne-Sophie Letac enseigne la géopolitique en classes préparatoires au Lycée Lavoisier et à Intégrale. Elle anime le blog La passoire et les nouilles et tient une chronique sur FigaroVox.      

    Lire aussi dans Lafautearousseau ...

    Il faut en finir avec les pleurs, les fleurs, les peluches, les bougies et mobiliser la nation pour la lutte !

  • Les mérites du rapport de Malek Boutih sur la « génération radicale »

     

    Nous avons déjà évoqué (vendredi 10 juillet) les analyses de la radicalisation islamiste de Malek Bouth, en publiant le fort pertinent article que Pascal Bories leur a consacré dans Causeur. Un autre commentaire s'y ajoute aujourd'hui : celui de Chantal Delsol.

     

    Le point de vue de Chantal Delsol

     

    Chantal_Delsol.jpgL'ancien président de SOS-Racisme ne craint pas d'arriver aux mêmes conclusions que des observateurs classés à droite, d'où la hargne qu'il suscite dans sa famille politique, explique Chantal Delsol*.

    Le rapport Malek Boutih pose le problème des causes émotionnelles et sociales des phénomènes extrémistes : les fanatiques du djihadisme (on pourrait dire aussi bien: du nazisme et du communisme) sont-ils de véritables croyants, ou plutôt des gens mal à l'aise dans leur propre vie ? Nous savons bien que les sentiments et les émotions jouent un rôle dans les engagements. Pourtant, la frustration sociale, l'échec personnel peuvent-ils suffire à expliquer le succès de Daech dans les pays occidentaux ? Et peut-on nier qu'il s'agisse là d'un courant de pensée, même s'il nous apparaît incroyablement fruste et barbare ? Au début, quand Daech s'appelait al-Qaida, nos observateurs avaient tendance à voir dans ses adeptes des gens analphabètes frustrés de n'avoir pas fait d'études - tant est grand chez nous le préjugé selon lequel seul l'ignorant est intolérant. Mais on s'est aperçu que les poseurs de bombes et autres kamikazes étaient souvent des gens tout à fait évolués intellectuellement - ce que corrobore la grande maîtrise de la communication et de l'informatique dont ils font preuve. Et puis quelques-unes de nos certitudes sont encore tombées quand nous avons vu que les candidats au djihad peuvent partir avec bien peu de connaissances de l'islam, comme s'il ne s'agissait là que d'une occasion.

    Malek Boutih met en valeur autre chose encore que la rancœur personnelle d'un élève en échec, autre chose encore que le fanatisme religieux : la rupture avec la culture ambiante, le désaveu de la société républicaine à laquelle la foi ne s'attache plus. « Monsieur, j'ai écouté votre cours et l'ai appris soigneusement pour obtenir une bonne note, mais tout ce que vous avez dit était faux » : voici ce qu'entend, effaré, cet enseignant du secondaire dans un lycée difficile. Signe qu'une partie de la jeunesse a littéralement mis les voiles. Et, dès lors, tout est possible.

    De notre côté, la stupéfaction est totale : comment peut-on ne pas aimer d'amour pur la république et la démocratie, parangons de l'égalité et de la liberté, désirables sur toute la terre ? C'est que le jeune lycéen voit la réalité là où nous vivons sur la fiction. Il voit que le discours officiel - l'épanouissement et le bien-être pour tous - ne s'applique à aucun moment, et qu'il lui faut non seulement subir les portes fermées et la galère, mais en plus entendre toute la journée des discours flamboyants sur les bienfaits du système. En lieu et place de cette utopie inappliquée et tributaire du mensonge, on lui propose un bon vieux rêve qui ne risque pas l'affrontement au réel, et dans lequel il jouera au moins un vrai rôle, fût-il barbare. C'est l'occasion d'exister.

    Le rapport Boutih indique que les deux tiers des personnes impliquées dans les filières jihadistes ont moins de 25 ans. Naturellement, un chœur bien-pensant s'écrie : en disant cela, on discrimine la jeunesse ! (Sous-entendu : dissimulez cette vérité insupportable.) Pourtant, cela peut servir pour mieux comprendre, d'autant que ce ne serait pas la première fois. L'histoire montre que les terroristes révolutionnaires, ceux qui détruisaient le vieux monde avec allégresse et qui tuaient le mieux, étaient souvent des hommes jeunes. L'instauration de la première terreur d'État, dans la France de 1793, s'organise par la main de fanatiques qui ont à peine plus de 30 ans, voire moins. Au XIXe siècle en Russie, ces jeunes hommes en rupture de ban étaient les « hommes de trop » qui jetaient des bombes noires sur les calèches des ministres. Pour le XXe siècle, Stéphane Courtois dressait dans un de ses ouvrages une liste impressionnante, qui commence ainsi : Heydrich avait 35 ans au début de la guerre et Himmler, 39 ; le fondateur et premier chef du goulag, Matveï Berman, avait 28 ans ; le maître d'œuvre de la Grande Terreur, Nicolas Ejov, était âgé de 35 ans, etc. Le désespoir et l'utopie font bon ménage avec la barbarie, qui n'est autre qu'une abolition des limites, et réclame pour ses basses œuvres des êtres incomplets encore, qui n'ont pas dressé la carte du réel. Il faut être jeune et fou pour marcher sur une plage avec sous le bras la tête de son ennemi. Et nous savons que les vieux idéologues sont en réalité de vieux bébés.

    Comment manifester sa colère contre Malek Boutih et son enquête si peu conforme aux exigences républicaines ? En récusant sa méthode. Une partie de la presse s'indigne aussitôt de voir figurer parmi la trentaine de personnes interrogées l'éducateur Jean-Paul Ney (trop à droite pour pouvoir réclamer une quelconque légitimité à parler) ou encore Frigide Barjot, organisatrice il y a deux ans de la Manif pour tous (trop catholique pour avoir droit de cité). Boutih est-il assez naïf pour croire qu'il faut interroger tous ceux qui ont réfléchi au sujet ? N'a-t-il pas compris que certaines personnes sont satanisées et donc personae non gratae ? On a plutôt envie de croire qu'il a l'esprit libre à l'égard de son propre camp, ce qui le rend bien sympathique: on comprend qu'il cherche la vérité.

    Boutih, qui est à la fois socialiste et d'origine algérienne (double légitimité pour parler de ce sujet), dérange les préjugés et tabous de la gauche, et surtout déstabilise cette volonté permanente de la gauche de taire les vérités élémentaires. Si l'on veut qu'un rapport de ce genre soit à la solde d'un courant politique, au fond le rapport Boutih est fait pour un courant de droite, puisqu'il ose annoncer que la menace est réelle et importante, ce qui est peu prisé par son camp - d'où le mécontentement de ceux auxquels il s'adresse.

    Alors on l'accuse de généraliser. Tous les jeunes de banlieues « issus de la diversité », comme on a le droit de dire pudiquement, ne sont pas destinés au djihad ! Tous les jeunes interdits de boîtes de nuit ne finiront pas jihadistes ! Et ce n'est en aucun cas ce qu'il a dit. Il met en garde contre la montée importante, et préoccupante, du nouvel extrémisme dont nos gouvernants prétendent qu'il ne touche qu'une petite poignée. Il écrit que la barbarie est une offre intéressante quand on est jeune et qu'on déteste la société dans laquelle on vit - les jeunes ancêtres de Kouachi, qui il y a si peu de temps portaient tantôt un brassard à croix gammée et tantôt la casquette étoilée des komsomols, avaient compris cela. 

    * Membre de l'Institut.

    Chantal Delsol  - Le Figaro

  • Black M : la victoire de Verdun ... vue par Elisabeth Lévy

     

    L’antiracisme obsédé par les races ...

    Si le concert de Black M prévu pendant la commémoration de la bataille de Verdun a finalement été annulé, c'est uniquement parce que ce rappeur s'est permis d'insulter la France. Seuls ses défenseurs, antiracistes autoproclamés, convoquent sa couleur de peau dans le débat.

    C'est ce qu'Elizabeth Lévy expose dans l'article qui suit, paru sur Causeur le 16.05. Il nous arrive de ne pas partager tous ses points de vue, même si nous aimons toujours son talent, sa liberté et son agilité d'esprit, ses analyses au scalpel. Elle aborde ici différents thèmes. Avec grande pertinence et nous sommes d'accord !    LFAR 

     

    XVMe933985c-fe71-11e5-87d4-6c3fbefd54db.jpgLa première fois une tragédie, la deuxième fois une farce. Et la troisième – ou en l’occurrence la centième –, comment la qualifier ? Une énorme galéjade ? Le canular du siècle ? Je l’avoue, la nouvelle poussée de fièvre antifasciste, à propos de l’annulation du concert de Black M à Verdun, me tire des larmes de rire. À chaque nouvelle déclaration indignée pour défendre un chanteur de variété rap pour ados qui, dans sa jeunesse, chantait sa détestation de son pays de kouffars, je n’en crois pas mes oreilles : là, ils le font exprès, ça ne peut pas être sérieux. Ces gens bien habillés, de gauche (ou de la bonne droite qui n’a pas tardé à rallier cette croisade hautement comique), ne peuvent pas croire aux fadaises qu’ils débitent au kilomètre. Pour l’instant, ma préférée, c’est la ministre de la Culture qui a parlé d’ « ordre moral nauséabond », on notera une certaine recherche dans l’assemblage des mots-clés. Juste après, arrive le secrétaire d’Etat aux Anciens combattants, dont on aimerait savoir ce qu’il avait fumé quand il a déclaré : « C’est  le début du totalitarisme et je dis que c’est vraiment le fascisme qui nous attend »… Mais entre Jack Lang, Christiane Taubira, Benoist Apparu et quelques autres, la compétition pour la plus grosse énormité sur le sujet est serrée.

    Faire la fête à Verdun, il fallait l’inventer

    On dirait bien que tout ce monde ne touche plus terre, en tout cas, pas celle de France, pour ne pas comprendre à quel point l’invitation du rappeur heurtait la décence commune et la mémoire des poilus, et ceci, bien au-delà du FN, et même de la droite – sauf à considérer que Natacha Polony ou Régis de Castelnau soient de droite. Beaucoup de Français de toutes origines et de tous horizons ont le cœur serré quand on évoque les soldats sacrifiés de Verdun. « Faire la fête » à Verdun, il fallait l’inventer. Et après ce sera quoi, le festival d’Auschwitz ? Rave à Austerlitz ? (Ah non, c’est vrai, on ne commémore pas les victoires…) Mais qu’en plus, on choisisse un artiste qui exprime pour son pays des sentiments aussi délicats que Black M montre en quelle estime on tient la nation que l’on prétend honorer et rassembler. Il est proprement scandaleux que la Mission du centenaire, bras armé et financier de l’Etat pour les célébrations, ait accordé 67 000 euros de subventions à un événement qui n’a strictement rien à voir avec l’histoire.

    Significativement, notre Voltaire du 9-3 n’a trouvé, pour mobiliser ses partisans, qu’un argument : « Venez, on va bien s’amuser ! ». Sans doute a-t-on eu peur d’ennuyer les jeunes gens (Français et Allemands) conviés pour leur édification, et pour incarner en quelque sorte un devoir de transmission, avec trop de discours et trop de gravité. Tout ce passé, sans la moindre touche festive, cela devait sembler atrocement ringard aux organisateurs.

    Antifas de tréteaux

    C’est une classique, plus nos antifas de tréteaux se sentent minoritaires, plus ils enragent, trépignent et insultent. Tout en rivalisant de dinguerie dans la dénonciation de la « haine raciste » qui les aurait obligés à annuler le concert, ses initiateurs se rejettent la responsabilité de l’idée les uns sur les autres. Le maire de Verdun, Samuel Hazard jure qu’elle vient de Paris, la Mission du centenaire qu’elle émane de l’agglomération du Grand Verdun et la rumeur parisienne que l’Elysée n’y est pas étranger. C’est pas moi, c’est l’autre. Face à une bronca qui ne vient évidemment pas de la seule extrême droite, ils ont prudemment – et sagement – capitulé en rase campagne mais bien sûr, ils n’assument ni l’invitation, ni son annulation. Et pour noyer le poisson de leur défaite, ils traitent tous leurs contradicteurs de fascistes. N’empêche, peut-être se sont-ils dits qu’une manif d’anciens combattants au milieu des célébrations, ce ne serait pas génial pour la photo.

     

    Le plus désopilant, comme me le souffle l’ami Gérald Andrieu, c’est que ces antiracistes de choc sont en réalité des racialistes primaires. Parmi les détracteurs de Black M, pas un seul n’a évoqué la couleur de sa peau. Tous se sont référés à ses chansons et déclarations. En revanche, ses défenseurs ne voient pas en lui un chanteur passible de critique, mais un Noir, et seulement un Noir – donc une victime.  Et comme ils ne voient que cela, ils croient que tout le monde est comme eux et que ceux qui attaquent Black M sont forcément des racistes. Au fait, qui est obsédé par la race ?

    La lâcheté a gagné

    En réalité, ces éructations qui visent à masquer leur défaite en rase campagne n’ont plus la moindre importance et du reste, nos résistants ne semblent pas avoir pris de mesures particulières pour combattre le fascisme qu’ils voient à nos portes (si ça devait vraiment se produire, mieux vaut ne pas trop compter sur eux). La bonne nouvelle, en plus de leur capitulation elle-même, c’est qu’ils ont réussi à démonétiser complètement les invectives qu’ils aiment le plus. Etre traité de facho, ça fait maintenant rigoler tout le monde. Et tant pis si, à Verdun, ce n’est pas le bon sens, mais la lâcheté qui a gagné. En attendant, en fait de reconquête, nos honorables gouvernants ont surtout réussi à montrer qu’ils n’avaient pas la moindre idée de qui sont ceux qu’ils gouvernent.   

    Elisabeth Lévy
    fondatrice et directrice de la rédaction de Causeur.

  • Riposte laïque : « En disant le réel, Hollande a appuyé sur le bouton, tout va sauter…»

     

    Par Marcus Graven

    Une recension - fût-elle partielle - qui en dit long à la fois sur le réalisme privé de François Hollande et sa duplicité publique. Il faut lire ces citations qui font douter de l'équilibre mental du président de la République. Ou font conclure à un suicide politique. Cet article publié par Riposte laïque [13.10] offre ici une sélection époustouflante de citations extraordinaires et livre en conclusion de fort justes réflexions. Lafautearousseau ne peut que s'y associer. « Et si le roi est fou ? » est une très ancienne question-objection faite aux royalistes. Ils en ont l'habitude. On voit ici qu'elle ne devrait plus leur être réservée ...  LFAR 

     

    images.pngUn Président ne devrait pas dire ça…, le livre d’entretiens de Hollande avec deux journalistes du Monde, Fabrice Lhomme et Gérard Davet, fait quelques remous que la caste va tenter de faire disparaître le plus rapidement possible.

    Hollande n’est pas encore qualifié de déséquilibré, mais cela ne devrait pas tarder. Pour l’instant, ses « amis » parlent de suicide politique.

    Pourtant, les propos de Hollande devraient être loués, puisque pour la première fois, un homme politique dit la réalité.

    Que dit le petit François ?

    Sur la justice : « Cette institution est une institution de lâcheté… Parce que c’est quand même ça, tous ces procureurs, tous ces hauts magistrats, on se planque, on joue les vertueux… On n’aime pas le politique. La justice n’aime pas le politique… ».

    Sur la crise identitaire : « Quand on lit Finkielkraut, Zemmour, Houellebecq, qu’est-ce que ça charrie ? Toujours la même chose, la chrétienté, l’histoire, l’identité face à un monde arabo-musulman qui vient… C’est ça qui fait que les gens basculent, ce n’est pas parce qu’ils ont perdu 3 % de pouvoir d’achat - qu’ils n’ont pas perdu d’ailleurs ! - ou parce qu’ils sont chômeurs. Il y a des choses qui les taraudent, ils arrivent dans un train, ils voient des barbus, des gens qui lisent le Coran, des femmes voilées…»

    « L’insécurité culturelle » n’est pas un sentiment.

    Sur l’intégration: « Il y a à la fois des choses qui marchent très bien et l’accumulation de bombes potentielles liées à une immigration qui continue. Parce que ça continue. »

    Sur l’équipe de France de football : elle est en proie à une « communautarisation, une segmentation, une ethnicisation ». « Il n’y a pas d’attachement à cette équipe de France. Il y a les gars des cités, sans références, sans valeurs, partis trop tôt de la France. »

    Sur les footballeurs : « Ils sont passés de gosses mal éduqués à vedettes richissimes, sans préparation. Ils ne sont pas préparés psychologiquement à savoir ce qu’est le bien, le mal. » « La Fédération, c’est pas tellement des entraînements qu’elle devrait organiser, ce sont des formations. C’est de la musculation de cerveau. »

    Sur Benzema : « Moralement, ce n’est pas un exemple »

    Sur l’immigration : « Je suis convaincu que, quand on interroge les Français, ils sont majoritairement sur sa position (celle de Nadine Morano). (…) Ils pensent : “ On est plutôt des Blancs, il y a plus de Blancs que d’autres. ” »

    « Je pense qu’il y a trop d’arrivées, d’immigration qui ne devrait pas être là. »

    « On ne peut pas continuer à avoir des migrants qui arrivent sans contrôle, dans le contexte en plus des attentats. »

    Sur les classes remplies de gamins issus de l’Afrique noire et du Maghreb : « C’est Sisyphe ! On les fait parler français, et puis arrive un autre groupe, et il faut tout recommencer. Ça ne s’arrête jamais (…). Donc, il faut à un moment que ça s’arrête. »

    Sur l’islam: « Qu’il y ait un problème avec l’islam, c’est vrai. Nul n’en doute. »

    Sur les zones de non-droit : « Comment peut-on éviter la partition ? Car c’est quand même ça qui est en train de se produire : la partition. »

    Sur les écolos : « Des cyniques et des emmerdeurs »

    Sur les frondeurs : « Une agrégations de gens intelligents peut faire une foule idiote »

    Pour toutes les bonnes âmes de gauche, du centre, de droite, pour tous les politicards, pour tous les journaleux, la parole « libérée » de Hollande est un vent mauvais.

    Elle met en lumière leurs mensonges permanents, leur volonté de tromper le peuple français.

    Elle est l’aveu qu’une fois à l’abri des regards, derrière les murs du pouvoir, la caste connaît très bien la situation dramatique du pays.

    Elle prouve que la prétendue fachosphère a des analyses pertinentes de la situation, que sa dénonciation du discours hypocrite des gouvernants et de leurs domestiques médiatiques est juste, que sa critique de la magistrature est fondée.

    Elle dit que la vertu proclamée des élites est un masque, que de refuser sciemment le réel est la seule possibilité de se maintenir au pouvoir pour ces « petits hommes », tous bâtis sur le même modèle, tous clamant les mêmes bobards : pas de « zone de non-droit », « l’islam n’est pas le problème », « les migrants sont une chance pour la France ».

    Et quand l’un d’eux, comme Hollande, dit le réel (sans peut-être le vouloir), ils resserrent les rangs, regardent ailleurs, apportent un démenti.

    Mais le barrage commence à céder, le bourrage de crâne perd en puissance, la désinformation s’écaille.

    Espérons que les Français iront jusqu’au réveil complet. 

    Merci à Yves BOULON de nous avoir signalé ce texte.

  • Catalogne : Mariano Rajoy deviendra-t-il Mariano Kerenski ?

     

    Par Javier Portella

    Nous avons dit presque par accro, aussitôt après l'attentat islamique de Barcelone [Cf. Lien ci-dessous] ce que nous pensons fondamentalement de la question catalane. Sur la situation née du référendum de dimanche dernier, qui, bien-sûr intéresse la France et l'Europe, Javier Portella donne ici une analyse où rien ne manque : connaissance de la situation, clarté et hauteur de vue [Boulevard Voltaire, 2.10]. Nous ne pensons pas autrement que lui, même si, d'un point de vue français, nous ne nous serions sans-doute pas exprimés avec la même radicalité. En tout cas, le point est fait, les justes appréciations sont portées.   LFAR

     

    77dae4cee53d71a6de676a118bdb1379.jpeg.jpgIl y a quelque chose de fascinant, je vous assure, à suivre sur le terrain, à chaud – je me trouve ces jours-ci à Barcelone -, les prolégomènes d’une révolution. Certes, c’est on ne peut plus déchirant et angoissant de voir comment ton pays est en train d’être dépecé avant de tomber dans l’abîme. Mais ce qui devient fascinant, c’est de voir, de constater, jour après jour, le degré absolu de bêtise et de traîtrise de la part des Kerenski sans la collaboration desquels il ne pourrait jamais y avoir aucune révolution.

    En l’occurrence, leur claudication remonte à très loin : à quarante ans, lorsque le nouveau régime dit démocratique, craintif et espérant amadouer le fauve, a entrepris la cession la plus complète des ressorts du pouvoir : depuis la police jusqu’à l’enseignement et l’endoctrinement médiatique. Sans oublier l’argent : c’est à 55 milliards d’euros que s’élève, à l’heure actuelle, la dette de la Generalitat envers l’État espagnol. Si celui-ci fermait le robinet, pas un seul policier, pas un seul fonctionnaire, pas un seul des dirigeants de la sédition n’aurait touché, ce 30 septembre, son salaire. En espagnol, on appelle ça « ser, tras cornudo, apaleado ». En français, être cocu et content.

    Les résultats obtenus par tous les collabos objectifs de la sécession – depuis Juan Carlos 1er et son fiston jusqu’à l’ensemble des dirigeants de droite, de gauche et du centre – sont maintenant là : une région, la Catalogne, irréconciliablement, mortellement scindée en deux ; et une nation, l’Espagne, vieille de plusieurs siècles, qui risque d’être démembrée. C’est ainsi qu’elle deviendrait le premier État-nation européen à périr. 

    « Mort à l’État-nation ! », « Vive l’Europe des mille petites régions ! », vont s’écrier certains, tandis que d’autres – les mondialistes qui souhaitent et le Grand Remplacement et le Grand Éparpillement conduisant à la mort des peuples et des nations – vont se frotter les mains. Il faut, certes, œuvrer pour la grande Europe, pour l’Europe vécue en tant que patrie charnelle, puissante, grande, belle. Mais cette Europe, qui passe certainement par la reconnaissance des particularités et les droits de ses régions, ne passe nullement par la dissolution de ces grandes unités de langue, de culture et d’histoire que sont les peuples devenus nations depuis des siècles. 

    Que va-t-il se passer maintenant en Catalogne ? La révolution gronde, c’est évident. Mais non seulement la révolution sécessionniste. L’autre aussi : celle commandée par les gauchistes et les communistes de CUP, Podemos et Esquerra Republicana, qui voient dans l’indépendance le premier pas vers la dissolution du pays et la révolution totalitaire de leurs rêves. Plus les eaux seront troubles, plus et mieux pourront-ils y pêcher. Or, il s’agit d’une révolution d’un type nouveau. Non pas la révolution des prolétaires (ou prétendus tels), mais celle des bobos. La première révolution du XXIe siècle, la révolution 2.0, celle du « dernier homme », que dirait Nietzsche, la révolution de l’Homo festivus, que dirait Philippe Muray.

    La grande question est, dès lors : les enfants de l’angélisme, les bobos à l’esprit Bisounours qui ont, dans un air de fête, occupé tout le week-end les écoles pour rendre possible la tenue, dimanche, d’un simulacre de référendum, les révolutionnaires de ce prétendu « populisme de gauche » qui recueille le plus grand nombre de voix dans les seuls quartiers huppés, en un mot tous ces gens si gentils et charmants, vont-ils être capables de dresser des barricades et d’y laisser vaillamment, s’il le faut, leur peau ?

    On peut en douter. Tout comme on peut douter que, lorsque lundi ou mardi la République indépendante de Catalogne sera proclamée, Mariano Rajoy ose prendre les mesures que la loi commande et le moindre bon sens exige : état d’urgence, suspension de l’autonomie de la Catalogne et arrestation du président Carles Puigdemont et des principaux dirigeants du coup d’État.  

    Écrivain et journaliste espagnol

     

    A lire dans Lafautearousseau ...

    En deux mots : Barcelone : « No tinc por »

  • La Dizaine de MAGISTRO...

            Par-delà le discours dit de droite, dit de gauche ou d'ailleurs, il faut aller à l'essentiel ...
    du (bon) sens et des fondamentaux ... un choix de civilisation !

           
    MAGISTRO, une tribune libre et indépendante d'information civique et politique.  

            ( Liens : -  http://www.henrihude.fr/ )

    Christine SOURGINS  Historienne d'art  Piss-Christ : le piège Le Piss-Christ, photo montrant un crucifix ...
    Marie-Noëlle TRANCHANT  Journaliste culturelle
      Rembrandt et la figure du Christ  L’exposition Rembrandt et la figure du Christ ...
    Roland HUREAUX  Essayiste La question du multiculturalisme en France et en Europe  La question du multiculturalisme ...
    Ivan RIOUFOL  Journaliste
      Et voici l'effondrement de la pensée unique Des croyances tombent en miettes : ...
    Roland HUREAUX  Essayiste
      France-Algérie : cinquante ans de douleur  L’indépendance de l’Algérie ...
    Denis TILLINAC  Ecrivain
      De l'antisarkozysme  Il y a quinze jours, c’était Borloo.
    Eric ZEMMOUR  Journaliste
      L'Europe des juges 

            Extrait du Sourgins, Piss-Christ, le piège, (début) :

            "Le Piss-Christ, photo montrant un crucifix dans de l’urine, a été détruit dimanche par des individus armés d’objets percutants.
            L’art contemporain cherche non pas la beauté mais le scandale et Piss Christ est emblématique à ce sujet : la photo diffuse une chaude lumière orangée, qu’on pourrait qualifier de belle tant qu’on ignore la teneur de ce bain lumineux : urine agrémentée de sperme. Voilà une beauté scandaleuse, l’équivalent du baiser de Judas, signe d’amitié au premier abord, trahison en réalité. La tension entre esthétisation et intention déviée, fait partie de la construction de l’œuvre comme piège, selon les principes de l’art dit duchampien.
            Que Serrano se dise chrétien ne devrait donc tromper personne : on ne s’autoproclame pas chrétien tout seul, mais on rentre dans une communauté enracinée dans l’histoire, dans une famille ; cracher sur qui vous accueille n’est pas le meilleur moyen de se faire reconnaître.
            Pourquoi ce goût du scandale ? Le but de l'exposition actuelle est de " faire événement", à tout prix, donc le carême est la période indiquée, de même la ville d‘Avignon, ville des Papes ! Car engranger des retombées médiatiques fait monter les cotes de l’art financier qui excelle à récupérer l’indignation. Voir l’exemple plus ancien de "La nona ora" de Cattelan, montrant Jean-Paul II écrasé par une météorite (un don du ciel !) : exposée en Pologne elle déclencha la colère des catholiques. En salle des ventes elle atteignit alors des sommes astronomiques… l‘œuvre avait "trouvé son public" … sic.  
    Les naïfs qui se sont attaqués à la photo, ont été les jouets du système sans le savoir. Ils s’apercevront vite qu’ils n’ont rien détruit du tout, car l’œuvre est conceptuelle, ce qui compte c’est l’idée. Et une photo appartient à l’ordre du multiple…il y a fort à parier que le Piss Christ va renaître encore plus prisé qu’avant. L’opération est en cours, Libération nous apprend que le musée rouvrirait ses portes dès mardi matin avec les "œuvres détruites montrées telles quelles". C’est donc l’œuvre martyrisée (et une pièce voisine) avec les stigmates de l’agression qui sera exhibée. L’Œuvre sera christifiée, suivant les méthodes habituelles de l‘AC.

    Récupération et discrimination 


            En revanche, cet acte violent va être récupéré par le politiquement correct pour diaboliser tous les chrétiens blessés par Sérrano. Et tout futur protestataire sera suspect d‘intégrisme. Avant même de connaître l’identité des meneurs, la presse dénonce "un commando catholique" , terme militaire qui permet de mettre tout le monde dans le même sac, avec les islamistes. Pourtant les différences avec l’affaire des caricatures de Mahomet sont criantes...."

        Par une délibération unanime du mardi  8 avril, le Conseil municipal de notre Capitale à tous a donc décidé de donner prochainement à l'une des artères de la cité le nom de Mohamed Bouazizi. Le maire -né lui-même en Tunisie - justifie cela en expliquant qu'il est bon que le peuple tunisien sente la présence à ses côtés du peuple français, et que le-dit Mohamed est un martyr etc... etc....

        C'est peu de dire que, dicté par des impératifs probablement idéologiques, pour une bonne part, et certainement émotionnels, ce choix est typique - et révélateur... - de l'air du temps, dans tout ce qu'il a de plus détestable. Tout le monde s'occupe des affaires de tout le monde, n'importe qui se croit autorisé à émettre des jugements sur n'importe quoi, et chacun a son idée bien arrêtée sur tout, jugement péremptoire et définitif a la clef !... 

paris rue bouazizi.jpg

Pour lui, c'est pour bientôt...

        Pourtant, il est bien permis de penser que, en soi, le triste sort personnel de Mohamed Bouazizi ne concerne en rien la Capitale de la France, en tant que telle. Qu'il mérite compassion et respect, comme tout homme sur terre dont la dignité est bafouée, certes; mais, en soi, son suicide et ce qui l'a provoqué, n'est pas notre affaire, et ni nous ni le Conseil municipal de Paris n'avons le moindre titre à nous immiscer dans les affaires intérieures d'une État souverain. Il n'y aura de toutes façons pas assez d'artères à Paris - ni dans toute la France... - pour rendre hommage (?) à toutes les personnes qui, de par le vaste monde et dans les infinités de situations injustes et choquantes qui y prévalent, manifestent leur révolte de telle ou telle façon, plus ou moins acceptables du reste...

        Un qui, par contre, et même si l'on a donné son nom au Parvis de Notre-Dame, attend toujours pour voir sa statue enfin dignement installée dans la Capitale, c'est Jean-Paul II ! Et là, le moins que l'on puisse dire, est que le Conseil municipal de Paris ne fait pas preuve de la même célérité que pour Mohamed Bouazizi. Bizarre, bizarre....

jean paul II statue paris.jpg

...mais pour Jean-Paul II !  Le Pape n'a eu droit qu'à une attribution a minima dans la nomenclature de la voirie parisienne, et sa statue attend toujours d'être installée dignement dans la capitale.  

        Pourtant Jean-Paul II, venu plusieurs fois en France et, à Paris, meneur de l'immense rassemblement des JMJ et de Longchamp, se trouve très certainement, et - cela va sans dire.. - beaucoup plus que Mohamed Bouazizi, lié de fait à l'une des pages importantes de l'histoire de cette grande cité : plus d'un million de jeunes réunis à Longchamp pour la Messe de clôture des inoubliables JMJ de 97, à Paris, justement. Ne serait-ce que pour ce fait là, cette réalité extra-ordinaire, on en conviendra, Jean-Paul II mérite bien ce petit quelque chose, non (1) ?

         Rappelons que cette statue de 3,6 mètres de haut, réalisée et offerte par Zourab Tsereteli, Président de l'Académie des Beaux-Arts de Russie attend toujours l'accord des autorités parisiennes pour trouver sa place définitive à Paris. A la proposition de l'installer sur le site de l'église polonaise, la Mairie a répondu que c'était... trop près de la Cour des Comptes ! Si, si, c'est vrai, n'allez pas croire qu'on en rajoute... Nouvelle proposition : l'installer au Champ de Mars, en souvenir, justement, des grandioses JMJ de 1997 (c'est là que, le samedi après-midi, fut chanté un "Oh, happy day" d'anthologie, par Barbara Hendricks...). Nouveau refus, et devinez pour quel motif : le Champ de Mars est le lieu de la Fête de la Fédération, au début de la Révolution !

        On croit rêver, mais, non, on ne rêve pas !...

        En attendant (c'est le cas de le dire !...) Jean-Paul II doit se contenter de l'attribution a minima que lui a chichement accordée une Mairie plus généreuse et, surtout, plus rapide, dans d'autres cas...

(1) :  Pour ceux qui veulent se remémorer cet évènement grandiose :

        http://recherche.aol.fr/aol/imageDetails?s_it=imageDetails&query=JMJ+1997+PARIS+messe+longchamp&img=http%3A%2F%2Fwww.ina.fr%2Fimages_v2%2F105x78%2FCAC97124611.jpeg&site=&host=http%3A%2F%2Fwww.ina.fr%2Fnotice%2FvoirTouteVideoSimilaire%2FidNotice%2FCAB00044185&width=84&height=63&thumbUrl=http%3A%2F%2Fimages-partners-tbn.google.com%2Fimages%3Fq%3Dtbn%3An-gUTy5oR6fjaM%3Awww.ina.fr%2Fimages_v2%2F105x78%2FCAC97124611.jpeg&b=image%3Fquery%3DJMJ%2B1997%2BPARIS%2Bmesse%2Blongchamp%26page%3D1%26s_it%3Dtopsearchbox.imageDetails%26oreq%3Df3b6f81d9e7b319e%26imgsz%3D%26s_dc%3D20%26oreq%3Db3f7bcab87a454fd&imgHeight=78&imgWidth=104&imgTitle=24%2F08%2F1997+-+01min40s&imgSize=2808&hostName=www.ina.fr 

bouazizi,paris,jean-paul ii,jmj,longchamps

Près d'un million cinq cent mille jeunes à Longchamp, pour la Messe de clôture des JMJ 97...

  • La Face cachée de l’Affaire « Mila », par Christian Vanneste

    Le parquet de Vienne a renoncé à la procédure contre Mila pour incitation à la haine envers un groupe tandis que Mme Belloubet subissait à juste titre une avalanche de critiques à l’encontre de l’étonnante égalité qu’elle avait instaurée entre les menaces de mort portant évidemment atteinte à la liberté d’expression et les propos injurieux, qui auraient, selon elle, mis en péril la liberté de conscience.

    3309368304.jpgOn peut donc se féliciter que Voltaire se soit réveillé pour réintroduire un peu de raison dans notre pays. Si l’on veut pointer, toutefois, la cause première de cette polémique, on se rend compte à quel point elle révèle la dérive suicidaire de notre société. Le problème se situe dans un signe « égal » dont on abuse jusqu’à l’absurde. Toute société est fondée sur des distinctions, des discriminations, des échelles de valeurs, des hiérarchies : l’égalitarisme forcené qui règne dans les discours politiques et dans l’évolution du droit est une idéologie mensongère qui mène à des impasses comme celle de l’affaire Mila. L’égalité de tout, l’interchangeabilité de tous, c’est la confusion des esprits assurée !

    C’est une réaction de bon sens qui a restauré des distinctions dans cette polémique opposant une jeune « lesbienne » injuriant l’islam et des musulmans outragés et évidemment hostiles à « l’orientation sexuelle » de l’adolescente de seize ans. Il est plus grave de menacer de mort une personne que d’injurier une religion et un dieu qui sont des abstractions, des pensées. Mais derrière cette façade fraîchement repeinte de la liberté d’expression, on voit apparaître des ombres : imagine-t-on la même levée de boucliers si les propos injurieux s’étaient adressés non à une religion, mais à une « orientation sexuelle » ? La loi s’est plu à établir une égalité intellectuellement folle entre des races, des religions, des comportements sexuels, alors que ces catégories ne sont pas comparables. Cette confusion du droit ne pouvait conduire qu’aux inepties proférées par Mme Belloubet. En revanche, la riposte sociale laisse apparaître bien des inégalités qui montrent le fossé qui sépare l’évolution du droit de la réalité de notre société. On proclame l’égalité entre les « communautés » raciales, religieuses, sexuelles, en oubliant d’ailleurs que ces communautés n’ont aucune légitimité dans la République des citoyens, mais on voit bien que les groupes de pression à quoi elles correspondent n’ont pas du tout le même pouvoir notamment en raison de leur présence plus ou moins forte dans la politique ou les médias. L’insulte envers l’islam provoque une levée de boucliers mais mal comprise et rejetée par la majorité de la population parce que, pour l’instant, les musulmans sont encore marginalisés dans la sphère des pouvoirs. On constatera que la faiblesse des réactions quand on injurie le Christ ou les curés sur une chaîne du service prétendument public montre que la religion qui a été au coeur de notre histoire est bien davantage marginalisée, encore. En revanche, qu’on en soit scandalisé ou amusé, on constatera qu’il est plus difficile à Zemmour qu’à Mila de dire ce qu’il pense de l’islam, et que « l’homophobie » est mieux en cour que « l’islamophobie », plus facile à invoquer devant les tribunaux.

    Une société civilisée repose sur des distinctions et des hiérarchies. Le progrès ne consiste pas dans leur nivellement, mais dans leur plus grande légitimité, intellectuelle et sociale. Sont-elles fondées rationnellement ? Correspondent-elles au bien commun ? Voilà les questions qu’il faudrait se poser. On pourrait ainsi considérer que l’injure, la critique, la discrimination envers une race ou un sexe sont infondées car elles touchent des individus qui subissent un déterminisme naturel dont ils ne sont nullement responsables, qui suppose des différences, non des inégalités notamment au plan du droit. Mais ici, cette égalité devrait s’accompagner de réciprocité : le racisme anti-blanc, les manifestations sexistes excluant les hommes devraient être également condamnés. Ce n’est pas le cas. La religion, elle, appartient au domaine de la pensée. Des comparaisons peuvent donc s’établir, des jugements se formuler, des choix s’opérer. Toutefois, il faudrait tout faire pour que la violence des propos qui envahit les débats soit refrénée, que la force d’un argument l’emporte sur la vulgarité de l’injure. Des rappeurs aux humoristes, c’est à qui sera le plus vulgaire, le plus ordurier, et cela conduit à la manière de s’exprimer de Mila. Il n’y a pas à s’en féliciter. Où, dans ce tableau, placer les « orientations sexuelles », ces comportements privés, intimes même, qui peuvent d’ailleurs varier au cours d’une vie ? Evidemment, les militants exigent que l’orientation sexuelle soit reconnue comme « naturelle », innée en quelque sorte, alors que rien ne le prouve. Cela la placerait du côté de la race. Guy Hocquenghem avait réalisé un film engagé dans ce sens : « La race d’Ep ». Mais si c’est un choix personnel que chacun doit assumer, alors le débat et la critique devraient être ouvertes, ce qui est devenu impossible. Pourrais-je encore dire que l’existence de familles stables fondées sur le mariage entre un homme et une femme ayant trois enfants est, sinon un idéal, tout au moins, ce qu’il y a de préférable pour notre pays ? Je n’en suis pas sûr….

    Derrière le sursaut et la petite victoire de la liberté d’expression, on devine trop la confusion qui règne dans notre société. Celle-ci devrait connaître une profonde révolution, une révolution conservatrice, si elle veut survivre.

  • La France : un Etat « illibéral » sans le peuple !, par Christian Vanneste.

    Lorsque le concept de « démocratie illibérale » est arrivé au centre du débat européen, on pouvait discerner deux conceptions et deux « champions » pour les incarner. Il y avait d’un côté, l’idée que ce qui fait la démocratie, c’est le « démos », le peuple, la nation, son identité, sa souveraineté, et que les libertés individuelles, les « droits humains », notamment ceux de étrangers, des non-citoyens, sans être ignorés, ne peuvent prévaloir contre l’intérêt supérieur du pays ni contre la volonté générale exprimée par le vote populaire, en espérant bien sûr que les deux se confondent.

    christian vanneste.jpgCe conservatisme tempéré de christianisme était incarné par le Premier Ministre hongrois Viktor Orban. Macron s’était alors proclamé le défenseur de l' »Etat de droit », qui considère que la démocratie repose avant tout sur la protection des individus et des minorités grâce à la séparation des pouvoirs, à l’indépendance de la justice, à la liberté d’expression et des médias en particulier.

    Par une belle ironie de l’histoire, il est aujourd’hui facile de montrer qu’il n’y a peut-être pas en Europe de démocratie plus illibérale que la France. Au moment même où François Fillon et son épouse sont confrontés à la justice, le Premier Ministre met un terme au débat parlementaire en faisant appel au 49-3. En 2017, l’intervention brutale et ultra-rapide du Parquet National Financier, après un article dénonciateur dans la presse, avait bousculé le processus électoral et permis d’abord l’élection inattendue de Macron, et ensuite celle d’une majorité macronienne pléthorique. Lors du début du procès, une charge violente du Parquet est allée jusqu’à évoquer la pendaison sous l’Ancien Régime des condamnés pour détournement d’argent public. Cet excès envers un homme innocent jusqu’à preuve du contraire, et au plus coupable d’avoir fait dans le cadre du pouvoir législatif, ce que de nombreux autres faisaient aussi, est la pointe émergée d’un iceberg : celui d’une justice instrumentalisée en fonction des élections, cette fois, comme par hasard, en prélude aux municipales. Cette justice intervient sur le territoire du pouvoir législatif, et le Président de l’Assemblée participe à la curée alors que lui-même est poursuivi pour détournement de fonds, mais d’une manière infiniment plus lente. Le Parquet de Brest l’avait même d’autorité disculpé, là-aussi, comme par hasard. Qui peut parler d’indépendance de la justice ? Qui peut évoquer l’égalité des individus et de leurs droits devant les tribunaux ? Suivant la position ambiguë de Mme Belloubet sur le blasphème, le Parquet de Vienne avait ouvert une enquête à l’encontre de Mila pour incitation à la haine, avant de la clore précipitamment lorsque le Garde des Sceaux avait du se livrer à une retraite précipitée sur des positions non préparées. Certes, c’est le Siège qui juge, mais c’est le Parquet qui déclenche le hallali médiatique !

    Le 49-3 est un dispositif constitutionnel qui dans l’esprit de la Ve République donne l’avantage à l’exécutif sur le législatif afin d’échapper à la discontinuité propre à la IVe République. C’est un moyen d’exception dont l’emploi abusif est à l’évidence une entorse à la démocratie libérale. Lorsque une opposition interne à la majorité parlementaire fragilise celle-ci et donc son soutien au gouvernement sur un sujet particulier, ce dernier engage sa confiance c’est-à-dire met la majorité au pied du mur : veut-elle pour autant faire tomber le gouvernement, et risquer la dissolution ? On se rend bien compte que la situation est toute différente. La majorité demeure écrasante et aurait pu vaincre l’opposition en y mettant le temps… celui de la démocratie. Elle aurait pu d’ailleurs opter pour un temps programmé, dès le départ. On en arrive donc à cette situation d’un pouvoir exécutif qui contourne totalement le pouvoir législatif pour aller vite. Depuis l’instauration du quinquennat, l’Assemblée n’est plus que la projection démultipliée de la Présidence. Encore cette dernière n’a-t-elle plus la patience que l’opposition résiduelle puisse s’y exprimer. Qui pourrait encore parler de séparation des pouvoirs ? En France, il n’y en a qu’un, d’ailleurs omniprésent dans les médias et qui, texte après texte, rogne la liberté d’expression partout où elle peut encore subsister, notamment dans les réseaux sociaux. Très symbolique de cette ambiance quasi-totalitaire a été l’intervention du ministre de la culture tentant de dissuader le jury des Césars de décerner un prix à Polanski : de quel droit ?

    Si on met dans la perspective de cette note la brutalité très sélective des forces de police contre les Gilets Jaunes, et le coup manqué par le Ministère de l’Intérieur de modifier les résultats apparents des élections municipales, au profit du « parti », on se dit qu’effectivement, s’il y a un Etat « illibéral », c’est bien le nôtre, sauf que lui n’a pas le soutien populaire dont bénéficient les gouvernements hongrois ou polonais. Un Etat illibéral non populiste ? Ce n’est pas grand chose : ce devrait même n’être rien !

  • L’Europe, vieille dame indigne de son passé ?, par Christian Vanneste.

    L’Union européenne est une vielle dame un peu gâteuse envahie par une foule de commissaires, d’élus et de fonctionnaires inutiles qui vivent à ses crochets. Veuve depuis très longtemps d’un homme entreprenant et courageux, l’Européen, dont le moule semble cassé, elle se contente de se mettre en scène et de compenser par une générosité aveugle son impotence. Deux images de ce triste tableau se télescopent : pendant que la Turquie exerce un odieux chantage aux migrants sur l’Europe, la commission européenne reçoit une gamine de 17 ans venue donner une leçon d’écologie à des commissaires européens qui poussent la démagogie jusqu’à la traiter comme une personnalité alors qu’elle n’est qu’une créature médiatique inventée par le groupe de pression écologiste.

    christian vanneste.jpgQue cette idéologie soit le faux-nez du mondialisme et de son aspiration à un gouvernement mondial, il n’est qu’à voir l’empressement des « machins » qui jalonnent le chemin vers cette utopie, l’ONU, l’Union Européenne, à la mettre en valeur, au-delà de toute proportion, pour s’en convaincre.

    Son discours de quelques minutes pouvait-il apprendre quoi que ce soit à ses auditeurs ? On peut le résumer en quelques mots : La loi climat est une capitulation. Il faut atteindre la neutralité carbone au plus vite. On reconnaît là l’idéologie écologiste qui culpabilise l’Europe, laquelle, par rapport à d’autres, comme la Chine, les Etats-Unis, et l’Inde, est plutôt sage. Mais cette idéologie fait partie de toutes celles qui se fédèrent pour abattre « l’homme européen » porteur de tous les vices et malheurs du monde. Ensuite, vient la Science, unique et implacable, comme le sont celles auxquelles se réfèrent les idéologies. Quelle est cette « science » dont parle cette écolière qui a abandonné ses études ? Curieusement, elle ne contient pas le critère de toute science véritable qui est de pouvoir être mise en cause et de devoir prouver sa véracité. Doit-on souffler à la donzelle que ceux qui ont écrit son texte semblent ignorer que la réponse des sciences aux grands défis de l’humanité a toujours consisté non à renoncer, mais au contraire à surmonter ? L’énergie nucléaire ne produit pas de carbone. Enfin, il y a la démagogie : elle est une enfant d’apparence fragile et elle interpelle les Européens sur le tort qu’ils infligent à leurs enfants. Et chacun de battre sa coulpe. Mais leur plus grand tort, c’est sans doute de ne plus faire d’enfants, de condamner l’Europe à s’effacer, et à être remplacée par l’immigration de populations qui n’auront pas la même civilisation : la maison ne brûle pas, mais elle se dépeuple et elle est envahie. Voilà le vrai danger bien plus perceptible au quotidien ! Même en Suède ! Si les Européens « trahissent leurs enfants », c’est bien en n’en faisant plus, et en ne garantissant pas à ceux qui naissent d’être encore chez eux dans une génération. Les traîtres, ce sont ceux qui détournent l’attention de ce danger immédiat et massif, au profit d’un risque virtuel contre lequel les Européens ne peuvent pas grand chose. Le sommet de cette colossale bêtise qui submerge l’occident est atteint lorsqu’un illuminé jure de sauver la planète en ne donnant pas naissance à de nouveaux « pollueurs atmosphériques », bref à des enfants. Yves Cochet a atteint cette altitude !

    Pendant ce temps, la Turquie dont la démographie est positive comme tout pays islamique, et qui se soucie peu d’écologie, furieuse d’avoir manqué son coup d’imposer les Frères Musulmans à son voisin syrien, réclame le soutien de l’Europe contre celui-ci. Son argument ? Le chantage : « si vous ne m’aidez-pas, je déverse des flots de migrants sur votre continent, et en particulier sur ce petit pays que j’ai passé une bonne partie de l’histoire à martyriser : la Grèce. » Les Turcs conduisent donc les migrants jusqu’à la frontière afin de déborder la résistance grecque, et même elle oppose à celle-ci un millier de policiers qui doivent empêcher les Grecs de repousser les migrants illégaux. La souveraineté et le droit international comptent peu dans l’esprit de M. Erdogan. A ses yeux ne compte que la force. C’est d’ailleurs pour ça que le seul homme à savoir le manoeuvrer est Vladimir Poutine. Mais les Européens n’aiment ni la force ni la ruse, et préfèrent tempérer. Tout en reconnaissant les « efforts importants » réalisés par la Turquie, l’UE « rejette fermement l’usage de la pression migratoire à des fins politiques ». S’il faut traduire : nous ne pouvons accepter de nous soumettre au chantage, mais nous acceptons de partager le fardeau. Cela va se traduire par une aide financière accrue à la Turquie, et par des moyens pour accélérer les procédures de demandes d’asile. Cette bonne Mme Von der Leyen a déjà promis 700 millions d’Euros. La France va envoyer dix experts. On ne laissera pas entrer les foules devant les caméras, mais on fera passer d’abord les fameux enfants isolés, puis des quotas par pays. La France a déjà promis d’accueillir 400 demandeurs d’asile… Si le franchissement illégal ne sera pas toléré, le franchissement légal sera accéléré… Là aussi les ONG se bousculent pour accuser les Européens de tous les maux !

    Si l’Europe n’était pas cette vieille dame indigne et désespérante, qu’on accuse de tout et qui l’accepte, si elle voulait bien se souvenir qu’elle a conquis le monde en lui apportant son progrès scientifique et technique, elle dirait aux Turcs de garder leurs Afghans et de cesser d’alimenter une guerre en Syrie, elle dirait à Erdogan que s’il continue à jouer les sultans ottomans, il devra garder chez lui les produits d’une économie en difficulté et ne plus compter sur le moindre euro. Il y a des Grecs qui se battent contre la mollesse européenne. La Grèce est la mère de l’Europe. Il faut encourager et soutenir sa fermeté face à l’invasion !

  • La démocratie est l’expression de la Volonté générale ! par Christian Vanneste

    Le vote des Britanniques a l’immense mérite de remettre les pendules à l’heure sur plusieurs sujets. Le premier est l’exercice de la démocratie. Pour qu’une démocratie fonctionne bien, il faut qu’il y ait un peuple, et que la volonté générale de celui-ci puisse s’exprimer. L’unité du peuple fondée sur la conscience de son identité est donc primordiale. Ensuite, il faut qu’il puisse effectuer des choix soit directement, soit grâce à des représentants qu’il aura élus.

    3309368304.jpgLe sursaut conservateur de la dernière élection législative illustre l’importance de ces conditions. Le Royaume-Uni est comme son nom l’indique composé de plusieurs nations, dont la principale est l’Angleterre. C’est elle qui avait choisi le Brexit (53,4%) les Gallois y étaient Légèrement moins favorables (52%), les Ecossais (38%), et les Irlandais du Nord (44,2%), hostiles. Encore faut-il préciser que c’est le vote catholique qui en Irlande avait fait pencher la balance en faveur du maintien dans l’Union Européenne. Si l’Angleterre avait connu un résultat devenu habituel dans les pays développés opposant les périphériques aux métropolitains, le populisme des premiers au mondialisme des seconds, l’Ecosse avait exprimé l’opinion d’un autre peuple, et l’Irlande avait vu s’affronter deux peuples qui coexistent mal. Les élections législatives ont confirmé ce tableau : avec une grande intelligence politique, ce sont les Anglais qui ont mis fin aux incertitudes, et ils ont transformé l’essai du référendum en offrant à Boris Johnson la large victoire qui lui était nécessaire pour mettre en oeuvre le Brexit.

    On conteste souvent le caractère démocratique du mode électoral des Britanniques. Il s’agit d’un vote par circonscription à un tour où est député celui qui arrive en tête. Certains prétendent que le vote proportionnel est plus représentatif. Mais représentatif de quoi ? Chaque député élu dans une circonscription au scrutin uninominal est bien LE représentant des habitants de sa circonscription, et s’il ne donne pas satisfaction, les électeurs peuvent en changer la fois suivante. En revanche, l’élection à la proportionnelle ne permet pas ce lien entre l’élu et l’électeur. Les candidats sont sélectionnés par le parti qui les place sur une liste de telle sorte que certains auront de grandes chances d’être élus, et d’autres beaucoup moins. La répartition des voix se fera de manière abstraite dans la mesure où le choix se fera non pour une personne mais vaguement pour une couleur politique de laquelle l’électeur croira plus ou moins être proche au moment du vote. Une fois le résultat connu, il faudra tenter de former une majorité. Si l’élection uninominale à un tour tend à limiter le nombre des partis, deux, le plus souvent, la proportionnelle les multiplie et conduit plus d’une fois à deux impasses : soit il est impossible de construire une majorité, comme en Israël, soit sa construction suppose des alliances improbables qui éloignent la politique menée du choix initial de l’électeur, comme en Belgique, par exemple. L’éparpillement des voix et des partis dissout littéralement la volonté générale. Celle-ci parle clairement dans un référendum, mais devient cacophonique à la proportionnelle. Un tel mode d’élections aurait empêché le Royaume-Uni de parvenir au Brexit. Le référendum contraire à la fatalité européenne aurait comme d’habitude avorté, ce qui s’est produit au Danemark, aux Pays-Bas et en France. Il est d’ailleurs remarquable que le vote privilégié par l’Union Européenne pour son parlement soit la proportionnelle, ce faux-nez de la démocratie. Les résultats des élections européennes au Royaume-Uni, si on les transposait aux législatives n’auraient pas rendu le Brexit possible. En revanche, après un référendum au résultat clair, si on met entre parenthèses les différences régionales déjà évoquées, les dernières législatives avec un glissement de voix modéré, ont traduit la volonté générale des Anglais et des Gallois de sortir de l’impasse, de rouvrir l’avenir et de redonner au pays sa dignité. Maintenant, les électeurs écossais ont également exprimé une volonté générale en élisant 48 députés nationalistes sur 59. Il est probable que ce résultat incite Nicola Sturgeon à exiger un nouveau référendum sur l’indépendance de l’Ecosse avec la perspective d’un retour à l’UE. Comme au Quebec, il n’est pas dit que la majorité soucieuse d’autonomie soit favorable à une indépendance, qui créerait autant de difficultés que le Brexit sans que le retour à l’UE soit automatique. Il sera long, compliqué et sans doute impossible en raison de la situation de la Catalogne par rapport à l’Espagne, ou de la Flandre par rapport à la Belgique. Ces deux pays s’opposeront à l’adhésion de l’Ecosse.

    L’autre apport considérable du vote britannique c’est d’avoir démontré que la politique du cliquet qui sous-tend le progressisme, l’idée qu’il y a un sens de l’Histoire, laquelle ne posséderait pas de marche-arrière, peut être démentie. Lorsqu’on s’est trompé, il doit toujours être possible de revenir sur ses pas pour prendre un autre chemin. Il est d’ailleurs cocasse de voir qu’en France, un gouvernement qui n’hésite pas à revenir, sans doute avec raison parfois, sur les avantages acquis, considère en revanche la « construction européenne » comme une mécanique irréversible. Il faut souhaiter que lors des prochaines présidentielles et législatives, les Français voyant à quel point ils se sont trompés, expriment la volonté générale du pays, un pays uni lui, en faisant un tout autre choix que celui de 2017 !

  • La Souveraineté est inséparable de l’Identité ! Macron n’a rien compris ! par Christian Vanneste

    Ainsi donc, M. Macron se veut un spectateur engagé et a tenu à faire part de ses analyses à The Economist…. « Spectateur engagé » est le titre donné à un livre d’entretiens avec Raymond Aron, justifié puisque celui-ci commentait avec pertinence et profondeur l’actualité, sans être neutre ni inféodé à un pouvoir. Le problème de M. Macron est qu’il est président de la République, et que son plaisir narcissique évident de montrer qu’il a une lecture intelligente et lucide de la réalité fait de lui un acteur dégagé, pour l’instant au sens que l’on donne à un regard d’en haut, vaguement méprisant, condescendant pour les erreurs des autres à qui on ne veut pas donner de leçons, tout en en donnant sans avoir fait soi-même ses preuves. La fin du spectacle pourrait bien se résumer d’ailleurs dans un autre sens du mot « dégagé ».

    3309368304.jpgSelon lui, l’Otan est en état de mort cérébrale et l’Europe au bord du gouffre. La Turquie, membre de l’Otan, intervient en Syrie contre les alliés kurdes d’autres membres de l’organisation, et les Etats-Unis qui depuis Obama se tournent davantage vers le Pacifique laissent faire. Montreraient-ils encore leur solidarité pour protéger l’Europe ? Celle-ci est déchirée entre le Nord et le Sud sur la politique économique et entre l’Est et l’Ouest sur les migrations, elle se réfère à des critères budgétaires dépassés, et continue à vouloir s’élargir quand elle devrait s’approfondir. L’Europe doit être une puissance plus qu’un marché, construire une souveraineté militaire et technologique. Enfin, il faut renouer avec cette pauvre Russie : c’est l’intérêt réciproque de l’Europe et de la Russie. Bref, tous les autres se trompent….

    Si on résume, il commence par dire qu’il veut comprendre le monde, et montre ensuite que, seul parmi tous les chefs d’Etat à l’avoir compris, il souhaiterait que les autres s’alignent. Cette condescendance, involontaire tellement elle est inséparable du personnage, l’amène à juger Poutine : celui-ci a choisi un « projet politique conservateur orthodoxe », « donc, ça ne marche pas ». Le Président russe a été heureux de l’apprendre ! Compte tenu du territoire, il devait ouvrir les vannes de l’immigration…. et sans doute aussi du communautarisme progressiste, les deux connaissant bien-sûr une réussite exemplaire chez nous… Cette incroyable suffisance d’un dirigeant qui tient mal la barre de son pays depuis deux ans face à celui qui a redressé le sien depuis vingt ans dans un océan de difficultés dévoile le personnage. Les Français ont élu un homme sans expérience qui plaque sur la réalité un savoir livresque plein de stéréotypes aussi idéologiques qu’ils paraissent faussement intellectuels. Saupoudrés des mots précieux qu’il affectionne, comme « grammaire », « architecture », et « impensé », ses propos alternent les présupposés et les contradictions.

    Il y a d’abord les « impensés » du technocrate. La souveraineté est un objectif. Un haut fonctionnaire voit à peu près ce que cela signifie pour un Etat d’être maître de ses décisions, mais l’identité, il ne connaît pas. Il parle des peuples, mais sans penser que ce qui fait le peuple, ce n’est pas son territoire mais son identité. Ce n’est pas étonnant qu’il ait du mal à comprendre les Polonais, et qu’il ose proposer aux Russes se se laisser envahir pour se développer ! » Compte tenu de la grandeur du territoire, il aurait pu y avoir un levier de croissance formidable avec une politique migratoire. » Tel est le conseil qu’il donne à Vladimir Poutine ! Le roi est nu : devant une carte, il faut jouer avec les hommes et ne viser à l’horizon qu’un résultat économique. La spécificité des peuples, leur identité culturelle sont absentes de sa vision, et cela ne l’empêche pas de vouloir une Europe qui soit une puissance politique davantage qu’un marché… mais fondée sur quoi ? Sur une vague idéologie binaire : le progressisme, c’est bien, le conservatisme, c’est mal ! « L’Europe des Lumières, l’économie de marché, les libertés des individus et le progrès des classes moyennes » avec une pincée d’humanisme pour la décoration, tel est l’idéal qui doit fédérer l’Europe ! Les deux adversaires sont renvoyés dos à dos : les régimes autoritaires et l’islam politique radical. Il considère que la première solution est insoutenable en raison des tensions que cela crée dans le peuple… Sans doute n’a-t-il pas remarqué de tensions au sein du peuple français…. Mais il a perçu les signes avant-coureurs en Hongrie de la fragilité des pays qui tournent le dos à la démocratie libérale. Dans cet entretien, il voulait être lucide…

    Quant à l’islamisme politique radical, ce n’est manifestement pas l’ennemi principal et il ne semble pas voir le rapport entre cet ennemi et la plupart des conservatismes identitaires, l’horreur à ses yeux, qui se développent, face à l’immigration des musulmans, en Europe, mais aussi en Inde, en Chine et en Russie en raison de la présence de minorités musulmanes. De même, son regard si sagace semble ignorer que les leçons ainsi distribuées en vue d’une Europe plus politique, plus souveraine et plus puissante, venant d’un pays dont les résultats ne sont guère exemplaires, ne peuvent qu’agacer et lui susciter peu d’adhésions. Il veut aussi que l’Europe soit plus démocratique, mais avec une plus grande place donnée à la majorité qualifiée des Etats… L’Europe n’est pas qu’une carte dont on puisse effacer les frontières construites par l’histoire : elle est constituée de peuples qui perdent leur souveraineté si on les confond en un seul. La souveraineté est inséparable de l’identité : voilà ce que les Russes et beaucoup d’autres ont compris ! Lui, non…