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Feuilleton : "Qui n 'a pas lutté n'a pas vécu"... : Léon Daudet ! (208)

 

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 (retrouvez l'intégralité des textes et documents de ce sujet, sous sa forme de Feuilleton ou bien sous sa forme d'Album)

Aujourd'hui : 2 janvier 1930 : Léon est de retour !

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ndlr : ce sujet a été réalisé à partir d'extraits tirés des dix livres de souvenirs suivants de Léon Daudet : Paris vécu (rive droite), Paris vécu (rive gauche), Député de Paris, Fantômes et vivants, Devant la douleur, Au temps de Judas, l'Entre-deux guerres, Salons et Journaux, La pluie de sang, Vers le Roi...

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De "L'Action française racontée par elle-même", d'Albert Marty (pages 277 à 283, fin du chapitre XVII, extraits) :

"...Dans "Une Histoire de la Littérature française, M. Kléber Haedens a pu écrire, à propos de Léon Daudet : "son évasion de la Santé a été le seul moment savoureux dans l'histoire de la IIIème République, le seul moment où la France entière put éclater de rire sans arrière-pensée"...
(ndlr : "évadé" le 25 juin 1927, Daudet fit d'abord une halte au château de Vigny puis passa quelques jours dans l'Artois, rencontrant, entre autres, Géo London; le 31 juillet, portant une barbe, il franchissait la frontière belge...)
...Ce que fut la vie de Léon Daudet en Belgique, il l'a dit admirablement dans "Vingt-neuf mois d'exil" :

1. "Réfugié à Bruxelles le 1er août 1927, j'y fus rejoins, le surlendemain, par ma femme et mes deux jeunes enfant.
Après quelques jours passés à l'hôtel Gallia, boulevard des Arts, à la fois familial et grandement confortable - dont l'aimable propriétaire, M. Navyr, nous fit les honneurs avec beaucoup de bonne grâce, nous nous installions à la porte de Tervueren, au quartier dit d'Etterbeek, dans un hôtel mis à notre disposition par une grande dame belge, la gracieuse et bienveillante Madame de Radigues, descendante des Marnix de Sainte-Aldegonde. Pendant deux ans et demi nous avons séjourné en cette vaste demeure, remplie de tableaux et d'objets précieux, ayant, devant nos larges baies vitrées, les arbres majestueux du parc du Cinquantenaire, dans une atmosphère de tranquillité et de labeur, qui m'a permis d'écrire une dizaine de volumes, de préparer trois séries de conférences et aussi de connaître ce merveilleux peuple belge que je n'avais vu jusqu'alors qu'en passant..." (page 9).

2. "...Rien ne vaut l'expérience personnelle et ce qu'on ne connaît - comme disait mon père - que par "les récits de voyageurs" demeure, dans le sensible, à l'état vague.
Les Grecs assuraient que la connaissance vient par la souffrance "pathémata, mathémata" (nos souffrances sont nos leçons, ndlr).
Avant d'avoir passé deux semaines en prison, je ne savais ce qu'était la prison, en dépit de nombreuses visites à des prisonniers.
Avant d'avoir été deux ans et demi en exil, je n'avais de l'exil qu'une idée confuse, à travers les plaintes d'Ovide, les clameurs de Roméo et les poèmes de Victor Hugo.
Cependant il m'avait été donné d'approcher le magnanime duc d'Orléans, demeuré quarante ans en exil, et dont le docteur Récamier, son ami et son médecin, a tracé un si beau et inoubliable portrait.
Chaque fois, en quittant ce grand Prince, j'avais lu, dans ses yeux, une mélancolie profonde, vaste et amère, comme l'Océan.
Quand à mon tour j'ai passé par là, dans des conditions d'iniquité et d'infâmie qui stigmatisent à jamais la magistrature républicaine, j'ai compris..." (page 210).

Mais Daudet n'avait pas que des ennemis...
Dès le printemps 1929, Daniel Halévy, Roland Dorgelés, Georges Duhamel et les frères Tharaud entraînèrent la Société des Gens de Lettres (6.000 auteurs) à voter, sans débat, une motion priant Gaston Doumergue, président de la République, d'user de son droit de grâce.
En vain.
La demande fut réitérée, toujours en vain.
Fernand Vandérem, dans Candide, entama alors une campagne de protestation, relayée par Pierre Benoît et Georges Lecomte, de l'Académie française; des pétitions commencèrent à circuler.
"Le Figaro", "Le Soir", et "Le Temps" en appelaient à la clémence pour "le père", suivis d'une pétition rassemblant, entre autres, Anna de Noailles, Paul Valéry, Henri Bernstein, Paul Bourget...
Enfin, le jeudi 19 décembre 1929, MM. Marin, Mandel, Herriot et Daladier allèrent demander à André Tardieu, ministre de l'Intérieur, le retour de Léon Daudet.

Dans "Vingt-neuf mois d'exil", page 273, Daudet écrit :
"Un beau matin de décembre... en ouvrant la Nation belge, je lus, troisième page, dernière heure, que Marin, Mandel, Herriot et Daladier étaient allés demander à Tardieu ma rentrée en France. Je dis à ma femme : "Cette fois, ça y est, tu peux commencer à faire les paquets".
Je connais Mandel de longue date. Il est, de loin, le plus intrépide et en même temps le plus adroit des hommes politiques de sa génération et de la République; le plus adroit parce que le plus intrépide.
Clemenceau qu'il amena au pouvoir, avec une patience et une finesse extraordinaire, et qui connaissait bien les hommes, avait été bien inspiré en mettant en lui sa confiance.
Du moment qu'il prenait ma cause en mains, celle-ci devait triompher. Le tour de force, c'était d'avoir amené Herriot et Daladier à se joindre à lui..." 

Le 2 janvier 1930, ce fut le retour triomphal de Léon Daudet à Paris. La veille, de nombreux amis étaient allés le chercher à Bruxelles...

De "Vingt-neuf mois d'exil" (page 278) :

"...Le lendemain matin, zou, en route pour Paris ! Mon coeur bondissait dans ma poitrine. Mais je lui disais : tiens-toi un peu, que diable ! On nous regarde, et les photographes sont là..."
Au départ de la gare du Midi, à Bruxelles, de nombreux amis nous attendaient et nous firent des "au revoir" (non des adieux, juste ciel !) bien touchants.
À Aulnoy, des délégations nombreuses de la région du Nord, venues avec des bouquets fleuris, entonnèrent en coeur l'émouvant "Vivat semper".
Je refoulais mes larmes tant bien que mal...
Puis ce fut l'arrivée épique à la gare du Nord , avec ma femme bien-aimée à mon bras...
Une vraie descente dans le Maëlstrom, parmi des dizaines de milliers de royalistes et de patriotes, qui poussaient de véritables hurlements.
Je me faisais l'effet d'un bouchon sur les vagues de la pointe du Raz"
Quelques minutes plus tard, Léon Daudet se retrouvait, après tant de mois, devant le tombeau, abondamment fleuri, de Philippe et, nous dit-il, "je pouvais prier près de mon enfant".

 

Dans notre Catégorie "Grandes "Une" de L'Action française", voir :

Grandes "Une" de L'Action française : sur l'évasion de Léon Daudet, puis son exil volontaire en Belgique (4/4)...

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