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Feuilleton : "Qui n 'a pas lutté n'a pas vécu"... : Léon Daudet ! (45)

 

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 (retrouvez l'intégralité des textes et documents de ce sujet, sous sa forme de Feuilleton ou bien sous sa forme d'Album)

Aujourd'hui : Courteline, "tel sur le papier qu'à la bouche..."

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ndlr : ce sujet a été réalisé à partir d'extraits tirés des dix livres de souvenirs suivants de Léon Daudet : Paris vécu (rive droite), Paris vécu (rive gauche), Député de Paris, Fantômes et vivants, Devant la douleur, Au temps de Judas, l'Entre-deux guerres, Salons et Journaux, La pluie de sang, Vers le Roi...

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De "Devant la Douleur", pages 136 à 141 (extraits) :

"...C'est un personnage de contes de fée que Georges Courteline, avec sa petite taille, son teint de papier mâché, ses yeux mobiles, ses paletots aux manches trop longues et sa grosse serviette...
Il a la fureur de persuader et la constance de démontrer.
Il est bon comme le pain, vif comme l'argent, aigu comme un couteau, gai comme un verre d'Anjou blanc, ou mélancolique comme un capitaine de gendarmerie, calé sur le Code comme un huissier de campagne, noctambule comme un chat de Montmartre, amical, blagueur et délicieux.
Ne pas avoir connu Courteline est une lacune grave dans le plaisir d'une existence.
Ne pas l'apprécier est un signe de maladie du foie.
Ne pas admirer sa fantaisie, bridée de classique, est un manque de goût littéraire.
Car sa folle drôlerie n'est que l'envers d'une tapisserie aux nuances harmonieuses et il vend la logique tantôt dans des verres de coco, tantôt dans de petites boîtes, cocassement ciselées.
Mon père, qui le chérissait et savait par coeur "Le Train de 8h47", me disait souvent : "Comment attirer Courteline ? Les salons l'embêtent..."
...j'étais chargé de relancer Courteline... :
- Courteline, j'ai un mot à vous dire.
- Mais comment donc, cher ami.
- Mon père vous supplie, vous conjure, vous adjure de venir dîner jeudi prochain chez lui. Vous êtes libre ?...
...Le lendemain, à partir de sept heures et demie, Alphonse Daudet, qui, lui, n'avait pas oublié, me demandait, non sans inquiétude : "Tu es sûr que Courteline va venir ?
- Ah ! papa, j'ai fait de mon mieux. Il m'a promis d'être exact, mais avec lui..." (et Courteline, d'une distraction hors du commun, ne venait pas...)
...La vérité est que son amour de l'indépendance lui rend le sédentaire d'une soirée extrêmement pénible.
Il m'a conté souvent que son plaisir consiste à prendre un train pour une petite ville de province, de préférence un samedi soir, et à se mêler, par une consommation offerte à point, par le billard, les cartes ou autrement, à la vie locale, aux habitudes des gens.
C'est ainsi, en écoutant le tiers et le quart, qu'il s'est formé son excellente syntaxe, laquelle colle à la réalité comme le maillot au torse du coureur.
"Tel sur le papier qu'à la bouche", a dit Montaigne de ce style-là, et je sais qu'il prévoyait Courteline. Mais s'il l'avait invité à dîner chez lui, Courteline, que les châteaux embêtent autant que les salons, lui eût certainement fait faux bond..."

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