Au cinéma : Le théorème de Marguerite, par Guilhem de Tarlé
Cannes 2023 : Le Théorème de Marguerite, un film d’Anna Novion, avec Jean-Pierre Darrousin (le professeur Laurent Werner), Ella Rumpf et Julien Frison (les étudiants Marguerite et Lucas).
Mathématiques quand tu nous tiens !
Après avoir passé difficilement mon Bac Mathélem (« je vous parle d’un temps… »), j’ai décidé d’en finir définitivement avec les sciences et de me tourner vers le Droit. A bien y réfléchir j’ai eu tort : j’aime les règles écrites (les articles) et déteste la jurisprudence de la même façon que j’aime les postulats et les théorèmes mais déteste les sciences expérimentales, chimie et physique, qui constituaient le « panier garni » de ce deuxième Bac.
C’est d’ailleurs une question qui me revient souvent : quelles études voudrais-je faire si je devais repartir à O ? Histoire ? Lettres ? Mathématiques ? et même tout simplement comptabilité ?
Il se trouve qu’il y a quelques jours j’ai suivi avec intérêt une vidéo sur YouTube qui traitait du calcul d’une hauteur à partir de 2 triangles, et j’ai été particulièrement déçu de constater que j’avais tout oublié des sinus et des cosinus. J’ai aussi lu cet été le Claudine à l’école de Colette, et comme je ne savais plus rien je me suis surpris à rechercher les cours d’arithmétique pour faire, comme Claudine, les exercices préparatoires à l’École Normale d’Instituteurs. J’ai ainsi retrouvé les nombres entiers et les nombres premiers avec les PGCD et autres PPCM…
C’est aussi sur les nombres premiers que planche Marguerite, au niveau cette fois-ci de l’École Normale Supérieure, pour tenter de démontrer la conjecture de Goldbach selon laquelle « tout nombre entier pair supérieur à 2 peut s’écrire comme la somme de deux nombres premiers ». inutile d’écrire qu’avant Marguerite, Je n’en avais jamais entendu parler.
Mathématiques, quand tu nous tiens… C’est donc le sujet du film et précisément parce que celui-ci peut paraître rébarbatif, Anna Novion a réalisé une œuvre curieuse et, au sens propre, « extraordinaire ». Même mon épouse a beaucoup aimé, alors que le seul mot « chiffre » lui hérisse le poil et qu’elle cauchemarde encore sur les robinets qui fuient, les baignoires qui débordent et les trains qui se suivent à des vitesses différentes. Ce film, véritablement pour tous, plaira évidemment particulièrement aux étudiants et aux anciens des prépas et des grandes écoles qui y retrouveront la peinture de la vie qu’ils vivent ou qu’ils ont vécue. Il paraît même que les mathématiciens peuvent faire des arrêts sur l’image pour vérifier que tout ce qui est écrit au tableau noir est juste.
Comme avec les nombres, même premiers, nous sommes dans le domaine de l’infini, il ne me paraît pas possible de donner une note / 20 à ce long-métrage, mais avec les Félicitations du jury, on peut sans doute écrire le commentaire contraire à celui que je lisais sur mes livrets scolaires : « Ne peut pas mieux faire ».