Feuilleton : Chateaubriand, "l'enchanteur" royaliste... (46)
Anne-Louis Girodet, Portrait de Chateaubriand,
Saint-Malo, musée d’Histoire de la Ville et du Pays Malouin.
(retrouvez l'intégralité des textes et documents de cette visite, sous sa forme de Feuilleton ou bien sous sa forme d'Album)
Aujourd'hui :
• Fidélité...
• La Révolution ouvre sur le Néant...
• Contre les cuistres et les pédants...
2 Fidélité...
"...La royauté légitime constitutionnelle m'a toujours paru le chemin le plus doux et le plus sûr vers l'entière liberté. J'ai cru et je croirai encore faire l'acte d'un bon citoyen en exagérant même les avantages de cette royauté, afin de lui donner, si cela dépendait de moi, la durée nécessaire à l'accomplissement de la transformation graduelle de la société et des moeurs..." (Mémoires d'Outre-Tombe, La Pléiade, tome II, p.700)
La Révolution ouvre sur... le néant !
"...Après Alexandre, commença le pouvoir romain; après César, le christianisme changea le monde; après Charlemagne, la nuit féodale engendra une nouvelle société; après Napoléon, néant : on ne voit venir ni empire, ni religion, ni barbares.
La civilisation est montée à son plus haut point, mais civilisation matérielle, inféconde, qui ne peut rien produire, car on ne saurait donner la vie que par la morale; on n'arrive à la création des peuples que par les routes du ciel : les chemins de fer nous conduiront seulement avec plus de rapidité à l'abîme..." (Mémoires d'Outre-Tombe, tome II, p.261)
Contre les cuistres et les pédants...
"...Les diverses combinaisons abstraites ne font que substituer aux mystères chrétiens des mystères encore plus incompréhensibles...
Le ton tranchant dont quelques uns parlent de tout cela révolterait, s'il ne tenait au défaut d'études: on se paye de mots que l'on n'entend pas, et l'on se figure être des génies transcendants. Que l'on se persuade bien que les Abailard, les Saint Bernard, les Saint Thomas d'Aquin ont porté dans la métaphysique une supériorité de lumières dont nous n'approchons pas; que ce que l'on nous donne pour des progrès et des découvertes sont des vieilleries qui traînent depuis quinze cents ans dans les écoles de la Grèce et dans les collèges du moyen âge...".
(Mémoires d'Outre-Tombe, La Pléiade, Tome I, pages 463/464)