Un krach boursier d’ici fin 2022 pire qu’en 1929 ! par Marc Rousset
Alors que tous les indices d’actions chutent fortement dans le monde entier, depuis le jeudi noir du 24 octobre 1929 ce mois a une sinistre réputation en Bourse. Selon les médias toujours très optimistes, même à la veille d’une catastrophe, le fameux TINA (« There is no alternative ») doit laisser la place au TARA (« There are reasonable alternatives »), mais en fait le TARA va bientôt laisser la place plus vite que prévu en bon français à « Sauve qui peut, chacun pour soi et Dieu pour tous, fuyez les marchés ! ».
Un graphique du Dow Jones depuis 2003 donne le sentiment qu’après une lente et longue progression vers le sommet en 2022, ce dernier a déjà commencé sa descente aux enfers. Il en est de même pour un graphique du CAC 40 qui vient de commencer depuis septembre un superbe canal baissier ininterrompu vers l’abîme. Quant aux obligations, les moins rentables et toutes celles souscrites à taux négatifs ou à des taux proches de zéro, elles chutent d’environ 20 % depuis début 2022. Un portefeuille autant investi en actions qu’en obligations à Wall Street voit sa valeur fondre de 20 %, sur les 9 premiers mois de l’année, alors que le PER de Shiller(coefficient cours des actions / bénéfices) est encore très élevé à 28,90, après avoir très légèrement diminué. De même l’indice Vix qui mesure la volatilité du marché à Wall Street s’élève à 30,43, ce qui n’est toujours pas très loin du plus haut du 7 mars 2022 (36,46).
Les taux à 10 ans devraient atteindre bientôt 4% en France et 5,5% en Italie. Les obligations dont le prix évolue en sens inverse du rendement plongent et entraînent les actions dans leur chute car la hausse des taux renchérit aussi le coût de la dette pour les entreprises et pèse sur la rentabilité des investissements. Les Bourses sont donc une véritable poudrière ; le double krach boursier des actions et des obligations a en fait déjà commencé partout dans le monde !
Le taux d’inflation a atteint un niveau record de 10 % sur un an en septembre 2022 dans la zone euro. Les prix de l’énergie ont grimpé de 41 % et ceux de l’alimentation de 12 %. En Estonie, Lettonie Lituanie, les taux d’inflation sont respectivement de 23,2 %, 21,3 % et 20,9 %. L’annonce d’une inflation à 10,9 % en Allemagne selon la norme européenne IPCH, et d’un bouclier énergétique de 200 milliards d’euros, du jamais vu en Allemagne depuis les années 1920, a provoqué un choc dans l’opinion et plongé le pays dans l’inconnu. L’Allemagne, tout comme la France, va probablement basculer dans la récession et devenir un « homme malade » de plus en Europe, tout en bénéficiant d’un endettement peu élevé, contrairement à la France et l’Italie ! La hausse des taux d’intérêt par les banques centrales et sur les marchés obligataires est générale partout dans le monde. Les Etats-Unis, avec une dette colossale de 31 000 miliards de dollars, payent 1 milliard de dollars par jour en intérêts !
Bruno le Maire manque d’argent pour boucler son budget, mais pas de toupet, lorsqu’il affirme que « la France est à un euro près ». Le déficit budgétaire en 2023, bien que nous ayons déjà 2 millions de fonctionnaires en trop, s’élèvera à 158 miliards d’euros avec 10 800 fonctionnaires en plus, soit 45 % des recettes d’un Etat en faillite ! La France va contracter un emprunt record supplémentaire de 270 milliards d’euros en 2023, avec un coût moyen de 2,5%. La charge des intérêts, hors remboursement du principal, de la dette publique en 2023, en augmentation constante suite à la montée inexorable des taux d’intérêts, atteindra 60 milliards d’euros en 2023, soit un montant équivalent au budget de « l ’inéducation nationale », premier budget de l’Etat, et à 150% du budget de notre Armée d’échantillons avec des munitions pour une semaine de combat !
Quant au déficit du commerce extérieur français de 156 milliards d’euros en 2022 et de soi-disant 154 miliards d’euros en 2023, c’est la débâcle car la crise énergétique provoquée par les stupides sanctions suicidaires des bien-pensants envers la Russie, n’explique pas tout. Nos parts de marché mondial à l’exportation de biens industriels, de l’ordre de seulement 2,5%, diminuent de plus en plus car la France pressure ses entreprises, tout comme les classes moyennes, pour financer ses dépenses publiques démentielles. Les entreprises industrielles françaises délocalisent ou font faillite car le pays est dirigé par des élites socialistes, technocratiques, irresponsables, irréalistes, énarchiques, qu’elles soient de droite ou de gauche ! Seule une révolution libérale conservatrice, animée par un grand Homme d’Etat fort et courageux, peut sauver la France et l’économie française !
L’euro dégringole, tout comme la livre sterling, face au dollar, valeur refuge provisoire, suite aux mouvements de capitaux. Selon la banque Nordéa, ce que nous avons déjà écrit ces dernières années sur Bd Voltaire et RL, l’existence même de l’euro est remise en cause ! L’indice du dollar affiche à ce jour une hausse de près de 20% en 2022, une variation énorme s’agissant de taux de change. La livre sterling a perdu 14 % en 6 mois, le yen japonais 25 % et le yuan chinois 13% en un an (sa pire année depuis 1994), tandis que l’euro est tombé pour la première fois depuis 2002 sous la parité avec le dollar. Mais le paradoxe, c’est que le dollar-roi surévalué d’un pays en faillite fait aussi trembler l’Amérique ! L’administration Biden parle de plus en plus d’une action internationale concertée pour faire baisser le billet vert, action qui serait similaire aux fameux accords du Plaza en 1985 ! Autrement dit ça sent la poudre, l’anxiété et l’explosion à venir dans tous les coins, pas seulement dans les pays émergents endettés en dollars ! L’or est la seule valeur refuge qui aura le dernier mot !
Un premier sérieux coup de semonce nous est venu d’Angleterre ! Les marchés financiers britanniques ont été secoués par le trop onéreux plan budgétaire de 150 milliards de livres du gouvernement de Liz Truss, d’autant plus que l’inflation approche déjà 10 %. La Banque d’Angleterre a dû réagir pour éviter une crise financière. Alors que les taux évoluaient autour de 3,5 %, ils sont brusquement passés à 5,14 %, pour retomber ensuite à 4,47 %, après les annonces de la Banque d’Angleterre. Le taux d’emprunt d’Etat britannique se rapproche de celui de l’Italie (4,54 %).
Tout le monde parle de la récession à venir : Paul Krugman, Prix Nobel d’économie, Jerome Powell, Président de la Fed américaine qui se déclare incapable d’en mesurer la gravité. L’OCDE prévoit également la récession en 2023 pour l’Allemagne, l ’Italie, le Royaume Uni et de nombreux pays de la zone euro puisque la croissance globale de la zone ne devrait être que de 0,3 % en 2023.
Le plus grave, alors que les dirigeants de l’UE et les médias n’ont d’yeux que pour le remplissage des réserves de gaz en vue de l’hiver prochain, quel que soit le coût faramineux et inacceptable du gaz naturel liquéfié et du gaz de schiste américain, c’est que les derniers lambeaux de l’industrie européenne non délocalisée jusqu’à ce jour, sont en cours de destruction massive ! Les prix payés par les vaches à lait européennes sont tellement élevés que les Chinois achètent du GNL américain contractuel pour le revendre en Europe au prix fort ! L’énergéticien allemand VNG, troisième importateur de gaz en Allemagne, appelle à son tour, après Uniper, l’Etat à l’aide tandis que les Européens hésitent à plafonner les tarifs du gaz russe. La ponction exceptionnelle sur les revenus des producteurs d’électricité à bas coût semble faire consensus, ce qui n’est pas une bonne nouvelle pour EDF, déjà en faillite ! Tous les dirigeants européens s’accordent pour agir, mais pas sur la manière ! « Nous avons déjà perdu sept mois » s’écrie Mario Draghi qui dénonce la sourde et silencieuse catastrophe industrielle en cours !
Plusieurs entreprises européennes gourmandes en énergie ont déjà dû déposer le bilan à cause de la hausse des prix de l’électricité et du gaz. Dernier dépôt de bilan en date, celui du fabricant de papier toilette allemand Hakle. La coopérative céréalière française Blocer menace de fermer ses portes car, sur un an, sa facture énergétique a augmenté de 400 % ! Le maire de Neuilly sur Marne dénonce le « racket organisé » et sa facture d’électricité qui a été multipliée par 32 ! La société multinationale française Lactalis pourrait payer jusqu’à un milliard d’euros de surcoûts en 2023, suite à la flambée de l’énergie ! Plus d’un patron français sur dix envisage de réduire ou d’arrêter sa production en raison de l’envolée des factures de gaz et d’électricité ! Selon le patronat européen très inquiet, le « mur des faillites » se rapproche dangereusement !
70 % de la production européenne d’engrais a été arrêtée ou ralentie tandis que 50% de la capacité totale de production d’aluminium a été perdue. Il existe un réel danger que les entreprises, et plus particulièrement les industries à forte intensité énergétique, se délocalisent définitivement en dehors de l’Europe », s’inquiète « Business Europe ». Les industries allemandes sont tentées par une fuite vers le Sud des Etats-Unis ! Aluminium Dunkerque, le plus gros producteur d’aluminium primaire en France, compte réduire sa production de 22% au quatrième trimestre 2022. Arcelor Mittal, de son côté, prévoit une baisse de sa production d’acier de 1,5 millions de tonnes au quatrième trimestre 2022 en Europe par rapport à l’année précédente ! Selon Engie, les 30 % déjà réalisés de la baisse de consommation de gaz en France, ce ne sont pas des économies ; ce sont des entreprises qui ferment et cessent de produire ! La seule différence entre le Titanic et l’UE bien-pensante va -t- en guerre contre la Russie, c’est que lorsque le Titanic a coulé, il avait encore de l’électricité !
D’où le désir du gouvernement allemand de plafonner les prix du gaz et des ménages pour la modique somme de 200 miliards d’euros par an ! Sinon l’industrie allemande s’effondrera en 6 mois faute d’énergie ! Et le bouquet, c’est qu’en pleine crise de l’énergie, le nucléaire divise encore ‘Allemagne, pour la fermeture ou non des trois derniers malheureux réacteurs nucléaires toujours branchés à ce jour !
Les Etats européens patinent complètement sur le prix du gaz, sans parvenir à se mettre d’accord, alors qu’ils ont déjà dépensé 500 milliards d’euros pour protéger les ménages et les entreprises. Depuis l’été 2021, le prix du gaz sur le marché européen a été multiplié par 10 ! Bref, que ce soit en Allemagne, Belgique, Royaume-Uni, France…la colère monte en Europe, tandis que des Italiens au chômage brûlent leurs factures à Naples ! Merci Macron, Merci Scholz, Merci Von der Leyen, Merci l’UE pour sacrifier gratuitement notre industrie et les ménages européens, tout cela pour les beaux yeux de l’Amérique et du protectorat militaire de l’OTAN, tout en accroissant notre dépendance énergétique vis-à-vis des Etats-Unis et du Moyen-Orient.
La situation est donc pire qu’en 1929 ! L’erreur gravissime des marchés jusqu’à présent a été de raisonner dans le cadre des structures économiques et politiques actuelles qui vont bientôt exploser ! Nous allons tout droit vers le krach du siècle des siècles et si, par miracle, ce n’est pas en 2022, ce sera alors en 2023 ! Ce n’est pas le moment de se précipiter sur les actions et les obligations ainsi que sur les « jeunes pousses » du manipulateur Macron ! C’est plutôt le moment d’acheter de l’or qui, évalué en euros, a déjà augmenté de 9% depuis début 2022 tandis que les actions et les obligations dégringolaient. Mark Twain affirmait déjà en son temps : « Octobre est un mois très dangereux pour spéculer en Bourse ». Réjouissons-nous que, malgré le sabotage des gazoducs par les Etats-Unis, Poutine n’ait pas encore décidé de couper un câble internet à 6000 mètres de profondeur dans l’Atlantique !
Marc Rousset, Auteur de « Comment sauver la France / Pour une Europe des nations avec la Russie »